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Le détachement, voie initiatique

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Message  Aube-Aurore Mer 03 Juin 2009, 23:07

Chaleureuses salutations à tous ! Ensoleillé

La plupart des religions et des philosophies enseignent que le monde matériel n’est pas l’essentiel, que ce n’est même qu’une illusion née du fait que nos consciences sont incarnées dans des corps matériels. C’est pourquoi, enseigne-t-on, la spiritualité n’est possible que grâce à un détachement par rapport au confort matériel, aux richesses, aux avoirs.

Pourtant, une amie m’a fait m’interroger sur ces éléments que je prenais pour acquis, car elle soutient que le détachement vis-à-vis des choses matérielles est une théorie pour riches. Son argumentation tient en peu de mots : pour elle, il n’est pas possible de s’intéresser à la spiritualité ou à la philosophie si on est accablé de soucis matériels.

Elle développe son idée en disant que les périodes de crises qui génèrent le chômage, la pauvreté, et parfois la famine, obligent les gens qui en sont les victimes à se consacrer entièrement à leurs besoins primaires. Ce n’est pas lorsqu’on ne peut plus payer les études des enfants, lorsqu’on ne dispose même plus des moyens de se soigner ou de se nourrir correctement qu’on peut se permettre de se fournir en livres spirituels. Pas de méditation possible quand on a le ventre creux et que les gosses crient famine.

J’avoue que son argumentation me déstabilise un peu. Peut-être que celui qui vit seul peut se permettre une retraite faite de privations et de simplicité, mais comment mener une quête spirituelle lorsqu’on a charge de famille et que l’avenir qui était radieux se transforme soudain en cauchemar à cause de licenciements massifs, de pertes de revenus qui génèrent l’endettement, la paupérisation, ou la perte du logement ?

Amitiés. Fleur
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Message  Charly Alverda Jeu 04 Juin 2009, 00:46

Bonjour à tous

Ravi de retrouver ce forum ! Je vais essayer d'apporter des éléments de réponse à Aube-Aurore.

Ayant vécu 3 licenciements collectifs, je peux confirmer avec d'autres chercheurs que votre amie a raison : " il n’est pas possible de s’intéresser à la spiritualité ou à la philosophie si on est accablé de soucis matériels.... Pas de méditation possible quand on a le ventre creux et que les gosses crient famine. "

Il ne faut cependant pas confondre pauvreté et misère, le dépouillement forcé m' a fait prendre conscience que l'absence de responsabilités dans les "sociétés", de rôle à jouer parmi mes "semblables", me laisse tout le temps de me consacrer à l'essentiel, ce qui est un luxe sous nos climats ! Et comme l'a dit Louis Cattiaux qui vécut dans une extrême pauvreté :

" La misère dans le froid n'est que pauvreté au soleil. "

Il dit encore :
" Le travail qui augmente les besoins est vain.
Celui qui les diminue est sacré.
Le monde pratique le premier.
Les sages aident au second."

Et :
" La multitude des biens engendre la multitude des soucis, et trop de choses dérangent de la quête de l'Unique; mais la pauvreté n'est possible que là où le ciel et la terre sont généreux et doux. "

Je ne suis pas certain que votre formulation soit juste dans ce qui suit :

" La plupart des religions et des philosophies enseignent que le monde matériel n’est pas l’essentiel, que ce n’est même qu’une illusion née du fait que nos consciences sont incarnées dans des corps matériels. C’est pourquoi, enseigne-t-on, la spiritualité n’est possible que grâce à un détachement par rapport au confort matériel, aux richesses, aux avoirs."

Selon moi, une philosophie ou une religion digne de ce nom mettra en évidence que ce que nous appelons : monde matériel est non pas illusoire mais provisoire. Il vaut mieux traduire la "maya" du Vedanta par ce terme pour rendre son vrai sens.
Mais ceci est sous-tendu dans notre culture judéo-chrétienne : " Je suis, ce qui est éternel ton Dieu, tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. " Or, rien dans ce qui tombe sous les sens - le visible - n'est éternel, de plus, tout système reposant sur la "foi", nous avons placé notre foi dans l'esprit rationnel et son progrès, bien qu'on le dénonce !
Nous n'avons pas à nous détacher du confort matériel, qui se détacherait ? l'égo ! Les désirs ne sont pas à nier non plus, c'est seulement l'attachement aux désirs qui pose problème et crée la souffrance.

Ensuite, ce que nous appelons : être humain, n'est qu'un robot, bien plus agit qu'agissant, vécu que vivant. Le problème est l'identification à ce corps provisoire. Nous ne pouvons pas connaître l'amour et le bonheur que nous pressentons dans l'éphémère.
Ramana Maharshi dit : " Dès la conception dans le ventre de la mère, les grandes lignes de l'existence sont tracées ", et il ajoute " la seule liberté que vous ayez est de vous identifier ou non à ce corps ". Ce qui est énorme, car ce qui permet ou non cette identification est la conscience... et la conscience est libre ! Tout ce que nous voyons est fonction de la conscience qu'on en a, et seules les expériences changent notre conscience, ainsi nous ne devons croire que ce que nous expérimentons, ce qui s'avère vite limité !

Vous dites : " Mais comment mener une quête spirituelle lorsqu’on a charge de famille et que l’avenir qui était radieux se transforme soudain en cauchemar à cause de licenciements massifs, de pertes de revenus qui génèrent l’endettement, la paupérisation, ou la perte du logement ?"

Comment un avenir pourrait-il être radieux, puisqu'il n'existe pas encore ! De plus, l'égo qui n'est qu'une collection de pensées, de par le mental ne peut fabriquer qu'un avenir qui est un passé bricolé, nous n'avons que très très rarement accès au présent, qui seul EST. La quête spirituelle est elle-même une illusion basée sur la fausse identification à ce corps qui cependant pressent sa vraie nature. En d'autres termes, je suis déjà ce que je cherche, mais ce bonheur qu'aucune expérience sensorielle ne me fera approcher, fait que selon ma religion ou philosophie, je vais prier, méditer... jusqu' à ce que l'identification tombe et que je réalise (conscience) que je ne suis pas cette existence avide de sensations, mais la Vie qui anime cette existence. Cette vie "éternelle" est notre vraie nature, bonheur/amour qui ne mesure pas, ne juge rien.

Connaître celà est la grâce que je nous souhaite !

Pour ceux que cela intéresse, il y a à ma connaissance un véritable "éveillé" en France, qui n'enseigne pas, car il n'a plus de rôle à tenir, mais porte témoignage de son expérience, il s'appelle Bernard et un CD de ce témoignage est édité aux Deux Océans : Un après-midi chez Bernard ( CheminCroisé ). Je ne comprends qu'intellectuellement (guère plus !) ce qu'il dit et vit !
Cordialement,

C...a

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Message  Garfield Jeu 04 Juin 2009, 18:19

Je suis aussi content de la fin de la période «d’intériorisation».
Charly, j’aime bien cette notion de monde matériel «provisoire» plutôt que «illusoire», car le monde matériel nous apparaît bien comme réel. Néanmoins, le mot «provisoire» fait référence au temps, et le temps est lui-même un concept intrinsèquement imbriqué dans l’espace-temps qui est à son tour caractéristique de l’univers matériel. Il y a là tout un débat à mener.

Pour ma part, Aube-Aurore, il me semble que le détachement des choses matérielles est une condition sine qua non de l’aboutissement à Soi. Mais il faut chercher à bien se comprendre, et à l’invitation de Charly, j’ai envie de rebondir sur la citation de Ramana Maharshi qui dit : "la seule liberté que vous ayez est de vous identifier ou non à ce corps". Si je devais faire un choix entre les deux verbes auxiliaires qui s’opposent, je dirais qu’on ne peut pas à la fois avoir et être. L’Être profond qui est notre essence propre, ontologiquement, est ce qui reste lorsqu’on s’est dépouillé de tous nos «avoirs». Tout ce que notre société matérielle et dirigiste considère comme notre «identité», à savoir notre nom, notre nationalité, notre langue, notre religion, nos références culturelles, nos rapports sociaux (conjoints, parents, enfants, amis), notre parcours historique, notre profession, tout cela, au fond, ce n’est pas réellement notre Être, mais notre «Avoir» : on «a» un nom, on «a» une histoire, on «a» une nationalité, etc. Si j’étais né quelques kilomètres ou quelques centaines de kilomètres plus loin, «j’aurais» une autre nationalité, une autre culture, d’autres parents, d’autres relations, un autre métier, et ainsi de suite. Tout ça, c’est relatif à l’Avoir, pas à l’Être. Donc, pour tenter de retrouver son Être véritable, pour se reconnecter avec le divin, il y a nécessité de tendre à se déconnecter de tous nos «avoirs», et donc de rechercher le dépouillement par rapport à tous ceux-ci, et à tous ceux que notre société commerçante cherche à nous accoler. Je trouve que tu as bien choisi ton titre, parce que le détachement me paraît une authentique voie initiatique.
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Message  Laposse Jeu 04 Juin 2009, 19:14

Dans le temps, ma mère utilisait un très bon détachant. Existait en poudre, en gel et en spray.
Ah si le détachement matériel était aussi simple ! Tire-langue (1)

Bon. Rire, c’est bien, mais ce sujet est aussi un sujet sérieux ! Neutre
L’amie d’Aube-Aurore a effectivement soulevé un lièvre. Ça mérite réflexion... Scratch

Je connais un jeune homme né de père inconnu, fils d’une prostituée décédée très tôt, abandonné à la rue très jeune, certes recueilli mais étranger partout. Sans formation faute de scolarité adéquate, il ne connaît que la débrouille pour survivre et de temps à autre un petit emploi manuel. Et si lui je le connais, je sais qu’il existe des centaines de milliers de jeunes comme lui dans les banlieues des grandes cités d’Europe et d’Amérique, dans les bidonvilles brésiliens, dans les bordures des capitales africaines ou indiennes. Vivant parfois de petits larcins ou poussés à la prostitution (par des malfrats ou par nécessité), ou poussés vers la drogue, ou tentés à sombrer dans la dépendance à la télé ou aux jeux vidéos, comment imaginer que ces jeunes puissent se forger un itinéraire spirituel ?
Très triste
Lorsque les préoccupations constantes sont de l’ordre du ‘comment survivre jusqu’à ce soir ?’, difficile de développer des sentiments altruistes et de poser des questions sur la nature et le sens de l’univers.

Bien sûr, les religions (et les sectes) sont très présentes dans les milieux défavorisés. Elles sont susceptibles d’apporter des idées, de proposer un avenir meilleur (après la mort), et aussi de promouvoir l’entraide, la solidarité et la prière, mais ce sont aussi des instruments de docilité sociale prisés des puissants, des promesses de beaux jours conditionnés à une soumission à la loi de la productivité.
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Message  Abbé+Pierre Jeu 04 Juin 2009, 20:30

Bonjour.

Je ne suis que moyennement d’accord avec Laposse, parce que la misère ou la pauvreté n’empêchent pas l’évolution spirituelle.

Oh bien sûr il est vrai que l’accès à un certain confort matériel apporte une sécurité psychologique, ce qui permet à ceux qui le souhaitent de se consacrer sereinement à l’introversion, à la méditation, à la prière. Et s’il y a des moyens financiers, il y a par conséquent la possibilité d’accéder à la culture, aux livres aux écrits.

Et pourtant, il y a des siècles et des siècles que des gens intéressés par le contact avec le divin ont choisi de se faire moine ou ermite et de vivre dans la simplicité, parfois même dans la pauvreté, ou, plus extrême encore, dans le dénuement total. Nombreux parmi eux ont fait délibérément ce choix de vie, en pleine conscience.
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Message  Sherlock Ven 05 Juin 2009, 06:34

Hum hum...

J’en conviens, AB+ΠR. En particulier pour les ermites, même si on pourrait parfois suspecter que leur isolement volontaire soit parfois teinté de misanthropie. Quant aux moines, on trouve parmi eux une grande variété d’obédiences. Les catholiques trappistes, par exemple, sont en effet un exemple de retraite totale, mais il ne leur manque aucun moyen de subsistance essentiel puis qu’ils disposent de vêtements, d’un toit, et de nourriture. Dans d’autres ordres, l’Histoire fourmille d’exemple où la richesse et l’opulence étaient la norme. Il fut un temps où les familles riches se disputaient pour placer un fils à la tête d’une abbaye, vu les abondants revenus que cette « charge » générait !

Cependant, ermites ou moines, tous ces gens ont – en principe – fait leur choix sans que ce dernier n’affecte l’existence d’autrui. Que le choix de l’érémitisme se fasse à la fin de l’adolescence ou tardivement à la suite d’un veuvage, ce sont là des choix de simplicité ou de pauvreté qui n’affectent pas une famille. Une fuite vers le monachisme n’est pas possible pour les individus intégrés dans le tissu social !

On raconte que le Bouddha (Siddârtha Gautama / Sâkyamuni) a abandonné femme et enfants pour sa quête ; est-ce moral ? Je ne dénigre en rien le personnage (que j’admire, d’ailleurs), mais si lui a pu tout quitter sans laisser personne dans la pauvreté vu la richesse de sa famille, peut-on citer sa démarche en exemple et inciter à tout plaquer ? On dit que Ramana Maharshi, le vendeur de cigares de (XXX) a abandonné femme et enfants pour vivre sa quête ; recherche de spiritualité (quête de Soi) ou… fuite des responsabilités ?
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Message  Garfield Ven 05 Juin 2009, 17:46

Grosso-modo, l’humanité s’est plutôt bien débrouillée pendant des siècles sans confort matériel, non ? Je dirais même que c’est le matérialisme qui empêche toute spiritualité. J’en viens même parfois à soupçonner que l’expansion croissante de la sphère commerciale jusque dans le moindre détail de la vie privée de chacun procède autant d’une collusion avec les dirigeants des différentes nations que de la simple recherche du profit, et je serais prêt à parier que cette situation qui a pour effet de réduire les accès à la spiritualité, au détachement et à la liberté arrange très bien certains gouvernants. De là à suggérer que cette situation puisse être souhaitée...
Ou peut-être même provoquée...
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Message  Abbé+Pierre Sam 06 Juin 2009, 08:20

Qu’on observe soit les religions, soit les sectes, soit les mouvements philosophiques ou spiritualistes non confessionnels, on s’aperçoit que pratiquement tous ces groupements font souvent passer leur fonction religieuse (= de re-connection avec le divin) au second plan et privilégient l’action sociale.

Ceci a du sens, puisque :
a) la foi sans les œuvres est une foi morte (on ne peut pas être spiritualiste sans que cela ne finisse par pousser à l’altruisme);
b) les pauvres n’auront que difficilement accès à la spiritualité si on ne les aide pas à se donner les moyens de résoudre d’abord leurs problèmes matériels basiques ;
c) par pragmatisme, il y a lieu de gérer les problèmes par ordre d’urgence, et donc de d’abord soulager la misère avant d’aider à l’ouverture spirituelle.

Malheureusement, l’investissement dans le seul rôle social finit par pervertir les religieux en ce sens qu’ils finissent par oublier le sens premier de leur engagement spirituel initial : la re-connection au divin, la quête de Soi, cet épanouissement personnel qui pourrait paraître égoïste si on ne savait pas qu’il importe de d’abord se stabiliser soi avant de prétendre aider les autres à se stabiliser. Paradoxalement, on pourrait dire que l’engagement social constitue pour plusieurs religieux une forme de dérive vers une autre forme d’attachement se posant en obstacle de la réalisation spirituelle personnelle.
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Message  Henri Schersch Sam 06 Juin 2009, 12:12

Bonjour.

L’actualité judiciaire de ces derniers jours montre qu’il faut rester vigilant à ne pas tomber dans les pièges des sectes et des escrocs de toutes sortes qui, sous prétexte d’aider au détachement matériel afin d’accéder à la spiritualité, à l’épanouissement, à la santé, ou au bonheur, sont en réalité très intéressés à gérer vos bien à votre place.

Accédez au dépouillement : donnez-moi votre argent !

Les arguments habituels sont qu’on a qu’une vie, qu’on n’a rien sans rien, qu’il faut mériter son bonheur, que l’argent ne fait pas le bonheur etc. Mais plus prosaïquement, derrière la propagande se cache un racket organisé et délibéré.
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Message  Montaléchel Sam 06 Juin 2009, 21:57

Comme d’une drogue, se détacher de la préoccupation des besoins fondamentaux n’est pas simple !

Je ne parle évidemment pas de ne pas subvenir à ses besoins, évidemment, parce qu’il reste indispensable de se procurer de la nourriture et un abri pour dormir et des conditions de vie saines et hygiéniques, mais de l’inquiétude de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins dans le futur proche. C’est de cette peur de la disette du lendemain que naît le besoin de constituer des provisions, de défendre un territoire, de prévoir de stocks, de capitaliser, de thésauriser, plus et encore plus, jusqu’à l’excès. L’opulence vient de cette tendance au stockage, et le confort s’ensuit. Confort auquel on s’attache et qu’on a, à son tour, tendance à vouloir conserver, défendre, accroître. De cette manie du «toujours plus» naît le désir de conquête, la prédation. Tout ceci a l’air bien naturel car ce schémas de comportement se perpétue depuis l’apparition de la vie dans les océans.

Ces schémas comportementaux s’inscrivent en nous dès le plus bas âge. Ils se renforcent au fur et à mesure qu’on les reproduit, tel un sentier en forêt qui s’élargit si on le parcourt souvent. Là derrière agissent discrètement des mécanismes biochimiques qui finissent par nous formater le cerveau, en particulier par le biais de la dopamine et de mécanismes qui stimulent les zones cérébrales du plaisir en récompense de comportements jugés satisfaisants. On voit donc combien il peut être difficile de faire preuve de choix et de volonté face à des mécanismes biochimiques qui se sont enracinés en nous au cours des millénaires. Lutter contre eux afin d’exercer son libre-arbitre n’a rien d’évident !

Ces habitudes de comportement font tellement partie de notre quotidien qu’on ne s’aperçoit plus que ce sont des habitudes qui n’ont peut-être plus de raison d’être. De nécessaires au départ, ces comportements reproduits par habitude n’ont parfois plus rien de pertinent. Mais comme il est difficile de désapprendre !

Notre peur de la disette du lendemain est tellement intégrée en nous que tenter de s’en détacher est perçu par notre inconscient comme une perte de repères, et même parfois comme une perte identitaire ! Normal alors que notre inconscient se trouve toutes sortes de raisons pour s’opposer à tout détachement quel qu’il soit.
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Message  Charly Alverda Dim 07 Juin 2009, 00:11

Mon cher Montalechel

Voila un post frappé au coin du bon sens ! J'applaudis des deux mains, car quel est le son d'une seule main ? ( CheminCroisé koan zen ). Celui qui répond à cette question a "gagné" sa vie !

Cordialement,

C...a

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Message  Sakado Wan Dim 07 Juin 2009, 11:42

Chinois Konnichiwa !

Je vous prie d’excuser ici l’intervention de mon méprisable ego, mais il me semble que la plupart des honorables participants à ce forum centrent leurs interventions sur le seul détachement matériel et pas assez sur un autre aspect qui me paraît bien plus essentiel et qui est le détachement émotionnel. Le premier n’est rien sans le second. Le dénuement matériel est sans effet s’il n’y a pas d’abord un détachement émotionnel vis-à-vis non seulement des objets mais aussi vis-à-vis des gens et des événements.

Ce qui importe n’est pas tant un détachement par rapport à des choses extérieures mais par rapport à tout ce qui n’est pas l’Être profond dont parlait Garfield CheminCroisé ici plus haut.

Le détachement bien compris n’a du sens que s’il s’applique aussi aux peurs, aux souvenirs, aux échecs, aux bonheurs, aux amitiés comme aux inimitiés, aux souvenirs, à l’angoisse du lendemain, à la crainte d’être mouillé s’il va pleuvoir, à la faim ou la soif ou le froid, à l’inquiétude de ne pas arriver à l’heure au boulot ou de rater un train ou le début d’un film, à l’énervement d’un stylo ou d’un photocopieur qui lâche au mauvais moment, à la maladie ou à la douleur. Le détachement, c’est être capable de laisser partir son enfant vivre sa vie malgré l’incertitude de ce qu’il pourrait lui arriver, être capable de rester serein lors du décès d’un proche, c’est accepter de voir s’en aller un être aimé qui a choisi un autre avenir, accepter sereinement de rester immobilisé par la neige ou une grève s’il n’est pas possible de faire autrement. Le détachement, c’est admettre son propre passé, quel qu’il fut, comme c’est aussi accepter que les événements se déroulent autrement que prévus. Le détachement n’est pas l’oubli de ses échecs passés ou de ses hontes passées, mais c’est l’art de tirer humblement les enseignements de ce qui advint sans se laisser psychologiquement attacher par les entraves qui pourraient en découler. Le détachement, c’est pouvoir accepter l’accident qui survient, comme c’est aussi accepter de n’être qu’un simple mortel susceptible de ne plus être vivant dans l’heure qui vient, tout en continuant à bâtir des projets comme si on devait encore vivre 100 ans de plus. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi l’infinité de situations que chacun peut rencontrer sur son chemin.

Car seul importe de vivre intensément le moment présent.
Par rapport à cette attitude, richesse matérielle ou dénuement, n’est-ce pas un débat secondaire ?

Chinois Sayônara.
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Message  Aube-Aurore Jeu 11 Juin 2009, 21:28

Bonjour ! Ensoleillé

Je vous remercie tous chaleureusement pour tous ces développements.

Amitiés. Fleur
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Message  Henri Schersch Lun 22 Juin 2009, 18:10

A la lecture de tous vos posts, j’admets que le détachement soit une voie d’évolution, mais pas une voie initiatique au sens où le Marcheur en donnait une définition dans ce fil : CheminCroisé Définition de l'initiation. En tout cas pas dans l’idée d’une grande initiation, puisqu’il n’y a pas à proprement parler de bref et transcendant processus de mort suivi d’une résurrection.

Tout au plus pourrait-on évoquer une succession de petites morts symboliques si on envisage chacune des petites pertes subies lorsqu’on se détache peu à peu de ce à quoi on s’était attaché, mais ce serait alors un peu galvauder le mot initiation, ce qui ne me paraît pas souhaitable.
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Message  Trinity Lun 22 Juin 2009, 22:20

Pas d’accord avec Henri, parce que le détachement peut être vu comme une voie d’évolution personnelle pouvant conduire à la transcendance au bout d'un certain parcours.

C'est vrai qu'ici il s’agit d’un processus lent fait d’exercices répétés de très nombreuses fois, à petites doses, cas par cas. Ce n’est effectivement pas la même chose que la prise de conscience fulgurante, intense mais brève, dramatique mais marquante, qui caractérise la Grande Initiation. Il s’agit ici plutôt d’un travail sur soi à accomplir de façon répétitive au cours de l’existence.

Pourtant, comme on le voit aussi dans plusieurs voies initiatiques, la Grande Initiation n’a pas lieu au premier jour et résulte souvent d’une progressive transformation par petites touches. Et c’est bien d’un tel processus qu’il est question ici : une évolution pas à pas sur un chemin, jusqu’à une porte. Un jour, celle-ci s’ouvre brusquement, et toutes les pièces du puzzle se mettent en place, tout le travail accompli porte ses fruits. Ne sommes-nous pas ici face à une voie typiquement initiatique ?
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Message  Christian Hersey Sam 12 Sep 2009, 19:52

Je vois le détachement comme une capacité à ne pas se laisser obnubiler par des éléments périphériques, non essentiels. En gros, je rejoins les points de vue exprimés par Sakado Wan et Montaléchel, mais aussi par Erik Sablé, auteur dont je viens de lire "La Pierre des Sages (ou Essai sur l'Alchimie Spirituelle)" – Dervy, 1997 – où j'ai découvert cet extrait intitulé "L'abandon" qui décrit assez finement, avec des exemples, comment le moi (l'ego) se pose en antagoniste du détachement libératoire :
. . . . . . . . . « Ne vous souciez pas du lendemain »… est-il écrit dans l'Evangile… Et pour Tauler comme pour les auteurs rosicruciens « l'abandon à la Providence divine » est, au même titre que l'humilité, le centre de l'œuvre christique de régénération spirituelle. Johann Arndt parle dans son « livre sur le vrai christianisme », de s'abandonner à la volonté du Seigneur, quels que soient les événements traversés, bonheur ou malheur, pauvreté ou richesse, grâce ou désespoir. Christophe Besold enseigne lui aussi cette acceptation des épreuves qu'il appelle la « Taille de la vigne ». Quant à Tauler, il va jusqu'à dire : « J'ai moi-même un prieur, un provincial, un maître général, j'ai le pape et l'évêque. Tous sont au-dessus de moi; s'ils me voulaient du mal au point de devenir tous comme des loups acharnés à me mordre, je voudrais m'incliner et souffrir avec un vrai abandon et en toute soumission »…
.
. . . . . . . .
Mais faire la « volonté de Dieu », ce n'est pas vivre dans la crainte d'un despote tout-puissant qui trône là-haut dans quelque ciel mais couler avec la vie, être en phase avec ce pouvoir qui déploie sans cesse des formes, fait croître les fleurs, les arbres, et mène tous les êtres vers leur épanouissement naturel»…
.
. . . . . . . .
Cette attitude intérieure d'abandon résume en fait toute sagesse : humilité, patience, foi, confiance, se résument dans ce simple regard abandonné, qui est la clef de la sérénité. Car c'est le réflexe égotique et les préoccupations qu'il engendre qui cassent ce rythme de la vie. Il l'empêche de s'épanouir en nous comme il s'épanouit derrière toute chose»…
.
. . . . . . . .
Fondamentalement, le « moi » oscille entre le désir et la crainte, l'espoir et l'anxiété. Il veut réaliser ses ambitions et éviter ce qui lui semble des épreuves. Il aime et il n'aime pas»…
.
. . . . . . . .
Or, ces projets ne coïncident pas forcément avec les événements de la vie. Il veut autre chose que ce qui se présente et il essaie de faire correspondre les situations ou les êtres de son entourage à ses désirs ou ses volontés. »…
.
. . . . . . . .
Il entre donc en conflit avec le monde et devient une « volonté divergente » qui n'est plus en accord avec l'univers»…
.
. . . . . . . .
En acceptant les événements tels qu'ils se présentent, on coupe donc la racine du « moi ». Nous cessons de l'alimenter en voulant toujours autre chose que ce qui est et les conflits s'effacent puisqu'il n'y a plus d'opposition entre la volonté personnelle et la destinée. »…
.
. . . . . . . .
Cette acceptation est la grande leçon de l'existence, l'or que l'on doit extraire du devenir. Car le but est ultimement, après avoir tout vécu, tout compris, de tout accepter et finalement de tout aimer de cet univers particulier dans lequel nous sommes plongés. »…
.
. . . . . . . .
C'est pourquoi nous devons vibrer avec les saisons de l'âme à mesure qu'elles se présentent en les accueillant de la même manière, indifférent au plaisir et à la peine, ne plus nous révolter contre les difficultés mais en comprendre le sens; ne plus vivre dans la crainte de la douleur, car nous savons que toutes choses sont parfaitement à leur place jusqu'au plus infime détail.
Comme quelqu'un tombé à l'eau, se débattre accroît le problème jusqu'à la noyade, alors que le calme serein et un peu de patience ramènent nécessairement la personne en surface. Si, comme le dit Laposse dans CheminCroisé L'écologie, religion de demain ? "Le monde est un théâtre où nous sommes incarnés pour apprendre. Apprendre à gérer, apprendre à nous gérer nous-mêmes.", alors, les épreuves sont de la mise en scène pour nous faire évoluer. Les refuser conduit à un rejet d'évoluer, ce qui est contraire au but de notre présence sur terre; les accepter, s'y abandonner, adopter une attitude de renoncement envers nos pulsions égotiques va dans le sens de l'apprentissage, de la leçon retenue. Et l'épreuve n'ayant plus d'objet, celle-ci disparaît.

Difficile à admettre par ceux qui vivent une souffrance, cette conception paraîtra insensée à tous ceux qui rejettent leurs malheurs sur autrui ou sur l'univers entier, mais par contre ceux qui ont déjà essayé de vivre selon ce principe ont pu expérimenter la réalité de cette loi et savent combien son application est finalement très simple.
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Message  Charly Alverda Sam 12 Sep 2009, 22:58

Bonjour

Bonjour, j'ai fait dans le Message une recherche d'occurences avec le critère : "sans objet".

"Le renoncement sans objet nous ramènerait à l'inconscience et à la dissolution des limbes mouvants, tandis que le renoncement avec l'objet, nous mènera à la conscience et à la coagulation de la création fixe."

" La correction du malheur est sans objet pour celui qui va au plus court vers Dieu.
Celui là éprouve volontairement par la pensée toutes les joies et toutes les souffrances des hommes.
Il a une immense bonne volonté envers Dieu et se confie à lui totalement.

Le Message Retrouvé de Louis Cattiaux

Dans le Message, Dieu est : " Lui, le feu secret qui sucite les Univers, qui les entretient, et qui les consume. "

Du point de vue des religions """dualistes""", tel le catholicisme officiel, la pratique consiste à supplier l'Instance suprême de "sauver" le pêcheur. Pour Cattiaux, rejoignant la pensée d'Erik Sablé, il faut tout accepter et ainsi apprendre à flotter sur la "grande eau" :

" Nous devons commencer par demander le secours de Dieu sans trop nous occuper de l'état dans lequel nous sommes, car il mettra lui-même de l'ordre dans sa maison si nous le laissons faire à sa guise sans l'entraver par nos efforts aveugles. L'observance de ses lois nous deviendra alors une oeuvre légère au lieu de nous être un fardeau insupportable, et nous nagerons naturellement dans sa sainteté sans effort et sans fatigue comme celui qui flotte dans la grande eau.

Connaître tous les noms de l'eau ou se baigner dans la grande eau sont deux choses bien différentes.

0348
L'Univers est le cadre de l'homme, et l'homme est le cadre de Dieu.

0348'
Le centre du centre est comme le feu au milieu de la grande eau.

ll nage sur la grande eau, le vivant d'éternité, l'Unique.

Le vivant est obéi par tout l'Univers, et la grande eau même est sa servante.

La grande eau alimente l'Univers et demeure entière. Le grand feu sauve le monde et repose dans sa propre unité.

Le vivant qui pénètre la grande eau flotte et vogue sans effort.

Se convertir, c'est se retourner dans la grande eau et contempler la lumière du ciel face à face.

0761'
La connaissance ultime s'exercera au-dedans et au-dehors, car elle rejoindra un lieu unique comme le feu divin, qui se meut dans le temps infini de la grande eau."

Notons que pour l'Advaïta Vedanta, la "grande initiation" consiste à ne plus s'identifier au corps/mental et ainsi être libéré de la souffrance (non de la douleur) et de la mort.


Cordialement,

C...a

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Message  Sakado Wan Jeu 17 Déc 2009, 19:46

Chinois Konnichiwa !

L'importance du détachement se marque essentiellement lors d'un combat. "Combat" voulant éventuellement dire "bataille sanglante" ou "duel", mais aussi "joute verbale", "dispute", "conflit juridique" ou "partie d'échecs". Un sens large, donc.

Le combat ne doit pas être recherché; au contraire, selon la philosophie que j'ai épousée, éviter d'en arriver au combat, c'est mieux. Souvent, le lâcher-prise, l'humilité, l'absence d'orgueil de vouloir avoir le dernier mot, aident à ce qu'un combat ne surgisse pas. Il y a là un premier niveau de renoncement : renoncer à avoir le dernier mot, renoncer à paraître vainqueur, renoncer à l'argument définitif qui pourrait nous donner raison pour de bon mais qui engendrerait rancœur, vindicte, et autres sentiments aigres. A terme, ces sentiments génèrent à leur tour des actes disharmonieux, donc autant ne pas les laisser s'épanouir. Un dicton dit que si quelqu'un vient à toi et te traite en ennemi, s'il te cause du tort ou te traite par violence, ne cherche pas à te venger. Va t'asseoir au bord de la rivière et attends. Tôt ou tard, tu y verras flotter son cadavre…La violence entretient la violence. Le dicton nous fait comprendre qu'il n'y a pas lieu de rechercher la justice pour soi, mais qu'il vaut mieux viser la sérénité et l'harmonie avec l'univers, et c'est ce dernier qui se charge d'appliquer sa justice, à son rythme, au moment le plus pertinent, selon des critères transcendants bien plus généraux que les nôtres, et en fonction de paramètres dont la plupart nous échappent. A notre niveau le détachement et la confiance dans l'univers doivent rester nos principales lignes directrices.

Mais il arrive que le combat, bien que non recherché, soit inévitable : la dispute tourne à l'engueulade, à l'incommunicabilité, à l'incident, au divorce, au pugilat, à l'escarmouche, au combat, au conflit, à la guerre. Et il y a aussi la délinquance ordinaire ou meurtrière qui peut croiser nos pas. Dans ce cas, le combat peut ne pas être évité. Car ne pas rechercher le combat ne signifie pas qu'il faille se coucher devant n'importe quelle arrogance, ni accepter la dictature, ni subir le vol, le viol, la persécution, sans se défendre ! Il y a là un deuxième niveau de renoncement : renoncer à son propre idéal lorsque la réalité du moment impose un autre comportement.

Et celui qui accepte le combat accède alors logiquement à un troisième niveau de renoncement : la possibilité de perdre le combat, de perdre la vie, de perdre ce qu'on défend. Et donc d'accepter la mort. Je ne parle pas ici de la conception de l'honneur des samouraïs, lesquels allaient jusqu'à préférer la mort au déshonneur, un peu comme dans Le Cid, de Corneille (cette conception n'a pas court dans l'Occident actuel, donc laissons ce point). Non, je veux dire que si le combat est accepté, alors la mort qui en est une issue éventuelle doit être aussi acceptée. Et le combattant qui accepte de renoncer à soi pour s'investir entièrement dans la cause pour laquelle il s'engage, est libéré des peurs liées à l'instinct de survie, à la peur du lendemain. Paradoxalement, cette liberté lui offre un avantage psychologique sur tout adversaire empêtré dans ses propres peurs.

Dans tout conflit, je suggère donc de choisir prioritairement le détachement. En vous souhaitant que ce soit toujours le détachement du premier niveau, celui qui consiste à se murmurer, in petto:"C'est ça, mon gars; c'est ça… cause toujours… braille tant que tu veux… Insulte, vocifère, menace… Pour ma part, je tends vers l'harmonie avec l'univers. C'est toi qui, par ta violence, te coupes de la source de la Vie, et qui devra en assumer les conséquences. Je fais ce que j'ai à faire; je vais là où je dois aller; tes gesticulations bruyantes te donneront peut-être un semblant de succès auprès de tes suiveurs, mais s'attaquer à l'univers me semble tellement dérisoire…"

Dans toutes vos agressions subies, petites ou grandes, je vous propose d'adopter cette attitude de détachement.

Chinois Sayônara.
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Message  Aube-Aurore Sam 25 Sep 2010, 09:18

Bonjour ! Ensoleillé

A la lecture de ce fil sur le détachement, il m'est revenu en tête cette chanson déjà ancienne, qui raconte comment Max, tellement il est devenu libre dans sa tête, tellement il s'est détaché de tout ce qui nous bride et nous entrave, mène une vie formidable, et même certains disent l'avoir vu voler !

Il est libre, Max
Hervé Cristiani

Il met de la magie, mine de rien, dans tout c'qu'il fait
Il a l'sourire facile même pour les imbéciles
Il s'amuse bien, il n'tombe jamais dans les pièges
Il n's'laisse pas étourdir par les néons des manèges
Il vit sa vie sans s'occuper des grimaces
Que font autour de lui les poissons dans la nasse

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.

Il travaille un p'tit peu quand son corps est d'accord
Pour lui, n'faut pas s'en faire, il sait doser son effort
Dans l'panier d'crabes, il n'joue pas les homards
Il n'cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.

Il regarde autour de lui avec les yeux de l'amour
Avant qu't'aies rien pu dire, il t'aime déjà au départ
Il n'fait pas de bruit, il n'joue pas du tambour
Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.

Et bien sûr toutes les filles lui font leurs yeux de velours
Lui, pour leur faire plaisir, il leur raconte des histoires
Il les emmène par-delà les labours
Chevaucher les licornes à la tombée du soir

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.

Comme il n'a pas d'argent pour faire le grand voyageur
Il va parler souvent aux habitants de son coeur
Qu'est-ce qu'ils s'racontent ? C'est ça qu'il faudrait savoir
Pour avoir, comme lui, autant d'amour dans l'regard

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.
Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.

Il est libre, Max, il est libre, Max
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.


Pour l'écouter : Audio1

Amitiés Fleur
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Message  Chèvre Ven 22 Oct 2010, 15:03

salut

Je suis tombé sur ce texte de Lee Lozowick. Certains disent que c'est un gourou (dans le mauvais sens du terme) et j'avoue que je n'en sais rien. Cependant, le texte qui suit me semble sonner juste, sur la nuance entre l' "acceptation" et la "résignation"...

Certains d'entre vous pensent certainement qu'ils acceptent ce qui est parce qu'ils ne peuvent le nier, mais ils ne l'acceptent pas pour autant. Dans votre mental, vous dites : j'accepte ce qui est, oui, oui, oui, mais je ne veux pas que ce soit comme ça, je voudrais que ce soit autrement. Par exemple : je fais tel métier, je gagne tant d'argent et j'habite dans telle maison, c'est ce qui est et j' "accepte" pleinement mais je n'aime pas ce travail, j'aimerais gagner plus d'argent, je n'aime pas cette maison, j'aimerais vivre ailleurs. Cela, c'est voir ce qui est mais ce n'est pas "accepter". Je peux tenter de modifier la situation mais, pour l'instant, ici et maintenant, c'est ainsi. Un aspect de l'acceptation, c'est l'absence de plaintes, l'absence de jugements. Voyez par vous-mêmes : au fur et à mesure que nous vieillissons, des petites douleurs commencent à apparaître, le dos devient moins souple, on entend ou on voit moins bien. Souvent, tout cela est incontournable et nous pensons que, simplement parce que nous admettons qu'on ne peut rien y faire, nous "acceptons". Extérieurement, nous disons: «Tout le monde vieillit, c'est comme ça» mais, en fait, nous sommes furieux, nous détestons ces handicaps, alors que l'acceptation de ce qui est, tel que c'est, sous-entend par définition l'équanimité. Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas changer les choses mais que, les choses étant ce qu'elles sont, nous les acceptons et que, si elles changent pour le meilleur ou pour le pire, nous l'acceptons aussi. Il y a donc une distinction très importante entre percevoir ce qui est et accepter ce qui est.

Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.43
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Message  Charly Alverda Ven 22 Oct 2010, 17:55

Bonjour,

Je ne connais pas ce Lee Lozowick. Mais il y a un critère de discernement (intellectuel) pour distinguer un “éveillé” du citoyen lambda, ce dernier parle toujours en terme de “développement personnel “, de modification possible des “choses”. Évidemment ressentir les paroles d’un éveillé comme la reconnaissance de l’amour, en nous, est PREMIER.

Que veut dire ce L. L. ?

“ Certains d'entre vous pensent certainement qu'ils acceptent ce qui est parce qu'ils ne peuvent le nier, mais ils ne l'acceptent pas pour autant. Dans votre mental, vous dites : j'accepte ce qui est, oui, oui, oui, mais je ne veux pas que ce soit comme ça, je voudrais que ce soit autrement... Cela, c'est voir ce qui est mais ce n'est pas "accepter".

Je peux tenter de modifier la situation mais, pour l'instant, ici et maintenant, c'est ainsi.

... Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas changer les choses mais que, les choses étant ce qu'elles sont, nous les acceptons et que, si elles changent pour le meilleur ou pour le pire, nous l'acceptons aussi. Il y a donc une distinction très importante entre percevoir ce qui est et accepter ce qui est.”

Du point de vue de la non-dualité, il est impossible de changer quelque chose, car nous sommes entièrement programmés, depuis le ventre de notre mère. Nous interprétons (presque) toujours négativement (à cause du raisonnement discursif) le programme de la Vie qui anime cette existence qui par une distraction fatale dit : “ moi, je “.
“ Temps “ que nous pensons, nous n’avons pas accès à la réalité, au présent, le fameux ici et maintenant, mais à une actualisation de la mémoire, le mental est la touche F5 du clavier ! Miracle de la conscience, nous pouvons changer notre vision du monde, mais pas ce monde : conscience-énergie, que nous percevons à l’extérieur. A l’extérieur de quoi est déjà une bonne question.

Mais il est de loin préférable que je m’efface devant les paroles d’une “éveillée” telle que Nicole Montineri ! :

“ L'acceptation n'est pas la résignation. C'est l'accueil joyeux !
En accueillant ainsi, nous reflétons exactement ce que la Vie nous propose. Et chaque événement est saturé d' Amour....
Dans cet accueil, il y a une subtile attention, une fine observation : c'est ce que nous sommes, conscience - accueil - silence....
C'est ce "vivre en conscience", afin que l'énergie ne se disperse pas dans un mental fragmenté et que la Réalité se révèle dans chaque instant du quotidien.

C'est dans cet espace de conscience que nous nous percevons substantiellement, reliés.
Juste accueil, juste silence. Le silence est si créatif.... il nous révèle notre unité.
Lorsque vous vous laissez absorber par la Nature, il se crée une interconnexion qui est celle de tout le vivant. Vous disparaissez dans votre contemplation, et la Nature aussi.
Plus de dualité projetée par la pensée. Une seule Réalité.... Nous connaissons alors la véritable nature de l'univers.
La Réalité est une. Le voir, c'est cela, s'éveiller à la Réalité.

Nous sommes cette unicité, et la vision de cette unicité.
Il s'agit pour l'être humain de comprendre en profondeur que la dualité est inhérente à l'expression terrestre de la vie, que les pôles ne sont pas opposés mais complémentaires.
En réalité, la dualité est trois, avec le lien qui unit, le centre, le moyeu de la roue, toujours immobile....
... La lumière ne peut être un objet d'expérience, à l'instant où elle est vue.
Dés que le mental s'en saisit et le transforme ainsi en expérience, une séparation se crée, l'absorption dans l'espace lumineux se perd.
Se tenir en ce fond est liberté....
Ce fond est vide supramental, silence substantiel, observation pure.
C'est cette observation, - qui est accueil -, qui demeure lorsque le corps disparaît.
Le sens de notre cheminement terrestre est de reconnaître ce fond comme étant l'essence de notre nature véritable.

Il n'est pas question de se libérer de quoi que ce soit.... Nous sommes déjà libres, au-delà des apparences. “

Dire MOI, je, c'est donc déja être paranoïaque, seul un éveillé n’est pas parano, ce n'est pas une consolation ! “ chaque événement est saturé d' Amour”, comment le mental pourrait-il accepter cela, c’est-à-dire faire confiance à ce que la Vie nous propose, lui qui la masque ?
Une chance de Salut (!) est de montrer à ce mental - pour qu’il reprenne sa place d’éxécutant - qu’il ne pourra jamais “savoir”, “réaliser”, le mystère de l’Amour créateur, la Vie, qui l’a fait émerger si provisoirement.
Ainsi accepter chaque situation pour être le reflet de la Vie, pour finalement et par grâce uniquement, fusionner ce reflet dans sa source est notre part humaine.

“ Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de renvoyer les images ! (Jean Cocteau)

Cordialement,

C...a

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Message  Chèvre Sam 27 Nov 2010, 15:20

"L'acceptation n'est pas la résignation."

C'est bien cque j'avions dit, et Lee Lo. et Nicole sont d'accord sans user beaucoup de salive... Une formulation courte et claire comme de l'eau fraîche, sur ce point souvent obscur, qui pourtant nous concerne tous.

On y retrouvera certains épisodes religieux, bibliques en particulier. Mieux encore, on y retrouvera ses pieds, avec leurs oignons.
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Message  Laposse Sam 27 Nov 2010, 17:35

C'est assez proche d'un des sens du mot "mektoub", cher à la philosophie arabe : "c'était écrit..."
Studieux
Pas une résignation fataliste, mais une acceptation de ce qui dépasse de loin notre capacité à agir.

Moralité : quand "ça doit", ça se produit; quand "ça ne doit pas", tu peux lutter tant que tu veux contre vents et marées, ça ne se produira pas. Il y a lieu alors de s'inscrire dans le sens du courant Flèche Flèche Flèche décidé par le Très-Haut (béni soit-il), et d'accepter.
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Message  Charly Alverda Sam 27 Nov 2010, 18:51

Bonjour

Je reviens sur le sujet/objet initial le détachement. " le sens du mot "mektoub", cher à la philosophie arabe : "c'était écrit..." ne concerne que l'évènementiel. Nous ne sommes pas l'évènementiel, et si nous sommes en recherche, alors le karma - et les horoscopes - ne nous concernent plus.

" La cartomancienne puise encore dans ce qui la concerne qu'elle projette sur l'autre. A l'opposé d'elle se tient le prophète capable, lui, de voir ce que l'autre concerne et non ce qui concerne l'autre.
Qualitativement, le prophète contient le terme, il est lui, capable de voir au-delà de ce qui est ici et maintenant vécu. Ce qui nous concerne, c'est la voyance ; ce que nous concernons, c'est la prophétie." (Jean Carteret - Le Tarot, une ordonnance du Verbe)

Quant à la prophétie, là évidemment, mon très cher Carteret est en retard de quelques pétasecondes ! Il ne peut y avoir "d'au-delà de ce qui est ici et maintenant vécu". Aller au delà d'un au-delà au delà duquel on peut encore aller (sourire !), n'est qu'une fuite (des plus subtile) de la réalité ici-maintenant où l'évènementiel se dissous.

Accueillir l'évènementiel, seconde après seconde, sans jugement, évite de "gauchir" le miroir que celui-ci nous tend. Ainsi nous pouvons refléter "exactement ce que la Vie nous propose. Et chaque évènement est saturé d' Amour...." Paraît-il !

Ah ! Cueillons la rose sans la laisser faner.

Charly Alverda

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