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Saint Christophe

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Message  Abbé+Pierre Mar 21 Fév 2012, 15:06

Saint Christophe est un saint peu mis en avant dans l'hagiographie chrétienne, sinon sous forme de petits médaillons à apposer dans les voitures parce qu'il est réputé être le saint patron protecteur des voyageurs. Or, le symbolisme rattaché à ce personnage est tout sauf anodin, puisque son nom découle de l'association de deux mots grecs : Kristos (Χριστος = Christ = l'Oint, celui qui a reçu l'Onction) et phoros (φόρος = celui qui porte). Christophe n'est donc rien moins que celui qui porte le Christ, l'Initié.

Saint Christophe 120221030720385009467685
Saint Christophe, peint par Claude Bassot en 1607
Eglise de Jésonville (Vosges, France)
. . .Saint Christophe 120221030720385009467686
Saint Christophe
(source perdue, collection de photos personnelle)

N'est-ce là qu'un rôle de mulet ? Que nenni ! La légende raconte que ce solide géant servait de passeur pour aider les voyageurs à traverser un gué en les portant sur ses épaules. Un jour, il fut amené à transborder le "petit Jésus" (le Christ, sous la forme d'un enfant); un jeu d'enfant pour lui mais qui faillit tourner au tragique lorsque l'enfant commença à peser de plus en plus lourd.

Cette histoire mythique explique pourquoi ce saint est invoqué par les voyageurs, mais, plus fondamentalement, il se rapproche d'un mythe bien plus ancien, celui du "passeur d'âmes" présent dans plusieurs cultures, celui qui aide la conscience d'un mort à franchir l'obstacle fluant qui sépare les mondes pour les conduire dans l'Au-delà. En Egypte ancienne, c'est le dieu Anubis qui pesait les âmes des défunts et les guidaient dans l'autre monde. Dans la mythologie gréco-romaine, le nautonier Charon, dans sa barque, permettait aux âmes défuntes de rejoindre l'autre rive du fleuve Styx. De nos jours, bien des témoignages d'expériences au seuil de la mort (NDE) font état de la présence d'un être qui se présente soit pour conseiller au presque-défunt de retourner achever sa vie, soit pour l'accompagner au-delà.

Bien entendu, l'Eglise exotérique voile ce fondement ésotérique en proposant une explication tarabiscotée : "Des chrétiens ont été martyrisés vers l'an 250 en Asie Mineure pour avoir porté la parole du Christ, porté le Christ (Christos-phoros en grec), d'où la personnification d'un saint de ce nom et la légende qui y est associée."

Pour ceux qui ne connaîtraient pas les anecdotes teintées de merveilleux concernant ce saint, voici in extenso ce qu'en raconte Jacques de Voragine dans sa "Légende Dorée" :
. . . Christophe, avant son baptême, se nommait Réprouvé, mais dans la suite il fut appelé Christophe, comme si on disait : qui porte le Christ, parce qu'il porta le Christ en quatre manières : sur ses épaules, pour le faire passer; dans son corps, par la macération; dans son cœur, par la dévotion et sur les lèvres, par la confession ou prédication.

. . . Christophe était Chananéen ; il avait une taille gigantesque, un aspect terrible, et douze coudées de haut: D'après ce qu'on lit en ses actes, un jour qu'il se trouvait auprès d'un roi des Chananéens, il lui vint à l’esprit de chercher, quel était le plus grand prince du monde, et de demeurer près de lui. Il se présenta chez un roi très puissant qui avait partout la réputation de n'avoir point d'égal en grandeur. Ce roi en le voyant l’accueillit avec bonté et le fit rester à sa cour. Or, un jour, un jongleur chantait en présence du roi une chanson où revenait souvent le nom du diable ; le roi, qui était chrétien, chaque fois qu'il entendait prononcer le nom de quelque diable, faisait de suite le signe de croix sur sa figure. Christophe, qui remarqua cela, était fort étonné de cette action, et de ce que signifiait un pareil acte. Il interrogea le roi à ce sujet et celui-ci ne voulant pas le lui découvrir, Christophe ajouta : « Si vous ne me le dites, je ne resterai pas plus longtemps avec vous. » C'est pourquoi le roi fut contraint de lui dire : « Je me munis de ce signe, quelque diable que j'entende nommer, dans la crainte qu'il ne prenne pouvoir sur moi et ne me nuise. » Christophe lui répondit : « Si vous craignez que le diable ne vous nuise, il est évidemment plus grand et plus puissant que vous ; la preuve en est que vous en avez une terrible frayeur. Je suis donc bien déçu dans mon attente ; je pensais avoir trouvé le plus grand et le plus puissant seigneur du monde ; mais maintenant je vous fais mes adieux, car je veux chercher le diable lui-même, afin de le prendre pour mon maître et devenir son serviteur. » Il quitta ce roi et se mit en devoir de chercher le diable. Or, comme il marchait au milieu d'un désert, il vit une grande multitude de soldats, dont l’un, à l’aspect féroce et terrible, vint vers lui et lui demanda où il allait. Christophe lui répondit : « Je vais chercher le seigneur diable, afin de le prendre pour maître et seigneur. » Celui-ci lui dit : « Je suis celui que tu cherches. » Christophe tout réjoui s'engagea pour être son serviteur à toujours et le prit pour son seigneur. Or, comme ils marchaient ensemble, ils rencontrèrent une croix élevée sur un chemin public. Aussitôt que le diable eut aperçu cette croix, il fut effrayé, prit la fuite et, quittant le chemin, il conduisit Christophe à travers un terrain à l’écart et raboteux, ensuite il le ramena sur la route. Christophe émerveillé de voir cela lui demanda pourquoi il avait manifesté tant de crainte, lorsqu'il quitta la voie ordinaire, pour faire un détour, et le ramener ensuite dans le chemin : Le diable ne voulant absolument pas lui en donner le motif, Christophe dit : « Si vous ne me l’indiquez, je vous quitte à l’instant. » Le diable fut forcé de lui dire : « Un homme qui s'appelle Christ fut attaché à la croix ; dès que je vois l’image de sa croix, j'entre dans une grande peur, et m’enfuis effrayé. » Christophe lui dit : « Donc ce Christ est plus grand et plus puissant que toi, puisque tu as une si grande frayeur en voyant l’image de sa croix ? J'ai donc travaillé en vain, et n'ai pas encore trouvé le plus grand prince du monde. Adieu maintenant, je veux te quitter et chercher ce Christ. »

. . . Il chercha longtemps quelqu'un qui lui donnât des renseignements sur le Christ; enfin il rencontra un ermite qui lui prêcha J.-C. et qui l’instruisit soigneusement de la foi. L'ermite dit à Christophe : « Ce roi que tu désires servir réclame cette soumission : c'est qu'il te faudra jeûner souvent. » Christophe lui répondit : « Qu'il me demande autre chose, parce qu'il m’est absolument impossible de faire cela. » « Il te faudra encore, reprend l’ermite, lui adresser des prières. » « Je ne sais ce que s'est, répondit Christophe, et je ne puis me soumettre à cette exigence. » L'ermite lui dit : « Connais-tu tel fleuve où bien des passants sont en péril de perdre la vie ? » « Oui, dit Christophe. L'ermite reprit : « Comme tu as une haute stature et que tu es fort robuste, si tu restais auprès de ce fleuve, et si tu passais tous ceux qui surviennent, tu ferais quelque chose de très agréable au roi J.-C. que tu désires servir, et j'espère qu'il se manifesterait à toi en ce lieu. » Christophe lui dit ; « Oui, je puis bien remplir cet office, et je promets que je m’en acquitterai pour lui. » Il alla donc au fleuve dont il était question, et s'y construisit un petit logement. Il portait à la main au lieu de bâton une perche avec laquelle il se maintenait dans l’eau ; et il passait sans relâche tous les voyageurs. Bien des jours s'étaient écoulés, quand, une fois qu'il se reposait dans sa petite maison, il entendit la voix d'un petit enfant qui l’appelait en disant : « Christophe, viens dehors et passe-moi. » Christophe se leva de suite, mais ne trouva personne. Rentré chez soi, il entendit la même voix qui l’appelait. Il courut dehors de nouveau et ne trouva personne. Une troisième fois il fut appelé comme auparavant, sortit et trouva sur la rive du fleuve un enfant qui le pria instamment de le passer. Christophe leva donc l’enfant sur ses épaules, prit son bâton et entra dans le fleuve pour le traverser. Et voici que l’eau du fleuve se gonflait peu à peu, l’enfant lui pesait comme une masse de plomb ; il avançait, et l’eau gonflait toujours, l’enfant écrasait de plus en plus les épaules de Christophe d'un poids intolérable, de sorte que celui-ci se trouvait dans de grandes angoisses et craignait de périr. Il échappa à grand peine. Quand il eut franchi la rivière, il déposa l’enfant sur la rive et lui dit : Enfant, tu m’as exposé à un grand danger, et tu m’as tant pesé que si j'avais eu le monde entier sur moi, je ne sais si j'aurais eu plus lourd à porter. » L'enfant lui répondit : « Ne t'en étonne pas, Christophe, tu n'as pas eu seulement tout le monde sur toi, mais tu as porté sur les épaules celui qui a créé le monde : car je suis le Christ ton roi, auquel tu as en cela rendu service; et pour te prouver que je dis la vérité, quand tu seras repassé, enfonce ton bâton en terre vis-à-vis ta petite maison, et le matin tu verras qu'il a fleuri et porté des fruits. » A l’instant il disparut. En arrivant, Christophe ficha donc son bâton en terre, et quand il se leva le matin, il trouva que sa perche avait poussé des feuilles et des dattes comme un palmier. Il vint ensuite à Samos, ville de Lycie, où il ne comprit pas la langue que parlaient les habitants, et il pria le Seigneur de lui en donner l’intelligence. Tandis qu'il restait en prières, les juges le prirent pour un insensé, et le laissèrent. Christophe, ayant obtenu ce qu'il demandait, se couvrit le visage, vint à l’endroit où combattaient les chrétiens, et il les affermissait au milieu de leurs tourments. Alors un des juges le frappa au visage, et Christophe se découvrant la figure : « Si je n'étais chrétien, dit-il, je me vengerais aussitôt de cette injure. » Puis il ficha son bâton, en terre en priant le Seigneur de le faire reverdir pour convertir le peuple. Or, comme cela se fit à l’instant, huit mille hommes devinrent croyants. Le roi envoya alors deux cents soldats avec ordre d'amener Christophe par-devant lui ; mais l’ayant trouvé en oraison ils craignirent de lui signifier cet ordre ; le roi envoya encore un pareil nombre d'hommes, qui, eux aussi, se mirent à prier avec Christophe. Il se leva et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Quand ils eurent vu son visage, ils dirent : « Le roi nous a envoyés pour te garrotter et t'amener à lui. » Christophe leur dit : « Si je voulais, vous ne pourriez me conduire ni garrotté, ni libre. » Ils lui dirent : « Alors si tu ne veux pas, va librement partout où bon te semblera, et nous dirons au roi que nous ne t'avons pas trouvé. » « Non, il n'en sera pas ainsi, dit-il ; j'irai avec vous. » Alors il les convertit à la foi, se fit lier par eux les mains derrière le dos, et conduire au roi en cet état. A sa vue, le roi fut effrayé et tomba à l’instant de son siège. Relevée ensuite par ses serviteurs, il lui demanda son nom et sa patrie. Christophe lui répondit : « Avant mon baptême, je m’appelais Réprouvé, mais aujourd'hui je me nomme Christophe. » Le roi lui dit : « Tu t'es donné un sot nom, en prenant celui du Christ crucifié, qui ne s'est fait aucun bien, et qui ne pourra t'en faire. Maintenant donc, méchant Chananéen, pourquoi ne sacrifies-tu pas à nos dieux ? » Christophe lui dit : « C'est à bon droit que tu t'appelles Dagnus [1], parce que tu es la mort du monde, l’associé du diable ; et tes dieux sont l’ouvrage de la main des hommes. » Le roi lui dit : « Tu as été élevé au milieu des bêtes féroces ; tu ne peux donc proférer que paroles sauvages et choses inconnues des hommes. Or, maintenant, si tu veux sacrifier, tu obtiendras de moi de grands honneurs, sinon, tu périras dans les supplices. » Et comme le saint ne voulut pas sacrifier, Dagnus le fit mettre en prison; quant aux soldats qui avaient été envoyés à Christophe, il les fit décapiter pour le nom de J.-C. Ensuite il fit renfermer avec Christophe dans la prison deux filles très belles, dont l’une s'appelait Nicée et l’autre Aquilinie, leur promettant de grandes récompenses, si elles induisaient Christophe à pécher avec elles. A cette vue, Christophe se mit tout de suite en prière. Mais comme ces filles le tourmentaient par leurs caresses et leurs embrassements, il se leva et leur, dit : « Que prétendez-vous et pour quel motif avez-vous été introduites ici ? » Alors elles furent effrayées de l’éclat de son visage et dirent : « Ayez pitié de nous, saint homme, afin que nous puissions croire au Dieu que vous prêchez. » Le roi, informé de cela, se fit amener ces femmes et leur dit : « Vous avez donc aussi été séduites. Je jure par les dieux que si vous ne sacrifiez, vous périrez de malemort. » Elles répondirent : « Si tu veux que nous sacrifiions, commande qu'on nettoie les places et que tout le monde s'assemble au temple. » Quand cela fut fait, et qu'elles furent entrées dans le temple, elles dénouèrent leurs ceintures, les mirent au cou des idoles qu'elles firent tomber et qu'elles brisèrent ; puis elles dirent aux assistants : « Allez appeler des médecins pour guérir vos dieux. » Alors par l’ordre du roi, Aquilinie est pendue ; puis on attacha à ses pieds une pierre énorme qui disloqua tous ses membres. Quand elle eut rendu son âme au Seigneur, Nicée, sa sœur, fut jetée dans le feu ; mais comme elle en sortit saine et sauve, elle fut tout aussitôt après décapitée. Après quoi Chritophe est amené en présence du roi qui le fait fouetter avec des verges de fer ; un casque de fer rougi au feu est mis sur sa tête ; le roi fait préparer un banc en fer où il ordonne de lier Christophe et sous lequel il fait allumer du feu qu'on alimente avec de la poix. Mais le banc fond comme la cire, et le saint reste sain et sauf. Ensuite le roi le fait lier à un poteau et commande à quatre cents soldats de le percer de flèches : mais toutes les flèches restaient suspendues en l’air, et aucune ne put le toucher. Or, le roi, pensant qu'il avait été tué par les archers, se mit à l’insulter ; tout à coup une flèche se détache de l’air, vient retourner sur le roi qu'elle frappe à l’œil, et qu'elle aveugle. Christophe lui dit : « C'est demain que je dois consommer mon sacrifice ; tu feras donc, tyran, de la boue avec mon sang ; tu t'en frotteras l’œil et tu seras guéri. » Par ordre du roi on le mène au lieu où il devait être décapité ; et quand il eut fait sa prière, on lui trancha la tête. Le roi prit un peu de son sang, et le mettant sur son œil, il dit : « Au nom de Dieu et de saint Christophe. » Et il fut guéri à l’instant. Alors le roi crut, et porta un édit par lequel quiconque blasphémerait Dieu et saint Christophe serait aussitôt puni par le glaive. — Saint Ambroise parle ainsi de ce martyr dans sa préface : « Vous avez élevé, Seigneur, saint Christophe, à un tel degré de vertu, et vous avez donné une telle grâce à sa parole, que par lui vous avez arraché à l'erreur de la gentilité pour les amener à la croyance chrétienne, quarante-huit mille hommes. Nicée et Aquilinie qui depuis longtemps se livraient publiquement à la prostitution, il les porta, à prendre des habitudes de chasteté, et leur enseigna à recevoir la couronne. Bien que lié sur un banc de fer, au milieu d'un bûcher ardent, il ne redouta pas d'être brûlé par ce feu, et pendant une journée entière, il ne put être percé par les flèches de toute une soldatesque. Il y a plus, une de ces flèches crève l’œil d'un des bourreaux, et le sang du bienheureux martyr mêlé à la terre lui rend la vue et en enlevant l’aveuglement du corps, éclaire son esprit : car il obtint sa grâce auprès de vous et il vous a prié avec supplication d'éloigner les maladies et les infirmités [2]. »


[1] Damné ? Danger ? Dague ?

[2]  Ces derniers mots nous expliquent le motif pour lequel saint Christophe est représenté avec des proportions gigantesques principalement aux portails des églises. On se croyait à l’abri des maladies et des infirmités dès lors qu'on avait vu la statue du saint, de là ces vers :
. . . . . . . . . . . .Christophore sancte, virtutes sunt tibi tantae,
. . . . . . . . . . . .Qui te mane vident, nocturno tempore rident.
. . . . . . . . . . . .Christophore sancte, speciem quicumque tuetur,
. . . . . . . . . . . .Ista nempe die non morte mala morietur.
. . . . . . . . . . . .Christophorum videas, postea tutus eas.
Comme vous pouvez le constater, ce nom de "Légende dorée" est approprié ! Cette histoire est remplie de merveilleux, de fantastique, d'invraisemblances… à la manière de ce que nous voyons de nos jours à la télé ! Est-ce à dire que les gens des temps anciens prenaient à la lettre un tel récit ? Pas nécessairement plus que les gens ne prennent aujourd'hui pour vrais les films avec effets spéciaux. Croyez-vous vraiment que des voitures volent dans l'espace, vont sous l'eau, ou échappent à de gigantesques monstres comme le montrent les pubs ? Croyez-vous que les agents secrets disposent d'autant de compétences variées, d'autant de veine, d'autant de gadgets spécifiques précisément au bon moment, que James Bond ? Bien sûr que non : c'est de la "Légende dorée" moderne. De même, l'invraisemblable histoire des flèches tirées par les soldats vers Christophe attaché au poteau ressemble plus à une scène de CheminCroisé Matrix qu'à un fait historique.

La tragique histoire de Christophe se veut didactique plus que réaliste. Elle était destinée à faire comprendre au peuple que "la foi soulève les montagnes", que celui qui croit peut accomplir des prodiges, avec l'aide de Dieu. Certes, au travers de cette légende, on voit aussi la propagande à l'œuvre, mais il y a fort à parier qu'un esprit un peu éclairé pourra faire le tri entre le fantastique et les messages qu'il porte. Parmi ceux-ci, je me contenterai d'en mettre un seul en exergue : la quête démarre le jour où un jongleur fait apparaître que le roi que servait Christophe n'est pas aussi puissant qu'il lui semblait. Voyez-vous une analogie avec CheminCroisé Le Bateleur du Jeu de Tarot ? Est-il anodin que ce soit ce bouffon du roi qui déstabilise les certitudes du futur saint et soit à l'origine de sa mise en route ? Est-ce par hasard qu'il va croiser CheminCroisé Le Diable et, un temps, se laisser hypnotiser par sa puissance ? Est-ce coïncidence si c'est un CheminCroisé Hermite (le 'H' est ajouté par moi) qui lui demande s'il connaît « tel fleuve où bien des passants sont en péril de perdre la vie ? »
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Message  Gamaioun Ven 02 Mar 2012, 00:57

Bonjour à tous,

C'est mon 1er message sur ce forum que je découvre avec ravissement : autant de pistes à creuser ! La plupart des sujets abordés ici ont une forte résonance avec les questions que je me pose et mon cheminement personnel, certains plus que d'autres. Les saints céphalophores (ceux qui portent leur tête coupée au niveau du coeur) en font partie. La liste est longue et on les retrouve à différentes époques, chacun portant aussi un symbolisme alchimique évident. Le lien avec saint Christophe n'est pas direct, c'est sûr, mais c'est une porte d'entrée...
Gamaioun
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Message  Trinity Ven 02 Mar 2012, 19:23

Bonjour Gamaioun ; bienvenue ici.
Effectivement, ces saints céphalophores interpellent, et mériteraient un sujet à part dans cette rubrique.


Information : postérieurement à cet échange,
le sujet
CheminCroisé Saints céphalophores a été
ouvert dans la rubrique
CheminCroisé Hagiographie.
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Message  Nelly Foulcat Dim 06 Juil 2014, 16:37

St-Christophe, le "Porteur de Christ" ?
Ici interviendrait peut-être la  LangueDesOiseaux1  Langue des Oiseaux, car Fulcanelli nous propose une autre piste, issue de la tradition ésotérique, jouant sur la presque équivalence phonétique entre les mots grecs Christos (Christ) et Chrysos (Or). Dans "Le Mystère des Cathédrales", en fin d'introduction (seulement trois pages avant le début du chapitre intitulé "Paris"), l'auteur signale que devant la cathédrale Notre-Dame se dressait une pierre géante (immense comme St-Christophe), un très ancien monolithe sacré usé par les siècles nommé par les anciens Phœbigène (engendré du soleil, ou de l'or), fils d'Apollon. Le peuple l'appela plus tard "Maître Pierre" (= Pierre maîtresse), "pierre de pouvoir", ou encore "Messire Legris" (gris signifiait feu, comme dans grisou).

Fulcanelli a écrit:Cette pierre fut enlevée en 1748, quand on agrandit la place du Parvis-de-Notre-Dame.

Vers la même époque, le chapitre de Notre-Dame reçut l'ordre de supprimer la statue de saint Christophe. Le colosse, peint en gris, s'adossait au premier pilier de droite, en entrant dans la nef. Il avait été érigé en 1413 par Antoine des Essarts, chambellan du roi Charles VI. On voulut l'enlever en 1772, mais Christophe de Beaumont, alors archevêque de Paris, s'y opposa formellement. Ce ne fut qu'a sa mort, en 1781, qu'il fut traîné hors de la métropole et brisé. Notre-Dame d'Amiens possède encore le bon géant chrétien porteur de l'Enfant-Jésus, mais il ne doit d'avoir échappé à la destruction que parce qu'il fait corps avec la muraille : c'est une sculpture en bas-relief. La cathédrale de Séville conserve aussi un saint Christophe colossal et peint à fresque. Celui de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie périt avec l'édifice, et la belle statue de la cathédrale d'Auxerre, qui datait de 1539, fut détruite, par ordre, en 1768, quelques années seulement avant celle de Paris.

Pour motiver de tels actes, il est évident qu'il fallait de puissantes raisons. Bien qu'elles nous paraissent injustifiées, nous en trouvons cependant la cause dans l'expression symbolique tirée de la légende et condensée, — trop clairement sans doute, — par l'image. Saint Christophe, dont Jacques de Voragine nous révèle le nom primitif : Offerus, signifie, pour la masse, celui qui porte le Christ (du grec Christophoros) ; mais la cabale phonétique découvre un autre sens, adéquat et conforme a la doctrine hermétique. Christophe est mis pour Chrysophe : qui porte l'or. Dès lors, on comprend mieux la haute importance du symbole, si parlant, de saint Christophe. C'est l'hiéroglyphe du soufre solaire (Jésus), ou de l'or naissant, élevé sur les ondes mercurielles et porté ensuite, par l'énergie propre de ce Mercure, au degré de puissance que possède l'Elixir. D'après Aristote, le Mercure a pour couleur emblématique le gris ou le violet, ce qui suffit à expliquer pourquoi les statues de saint Christophe étaient revêtues d'un enduit du même ton. Un certain nombre de vieilles gravure conservées au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale, et représentant le colosse, sont exécutées au simple trait et d'une teinte bistre. La plus ancienne date de 1418.

On montre encore, à Rocamadour (Lot), une gigantesque statue de saint Christophe, élevée sur le plateau Saint-Michel, qui précède l'église. A côté, on remarque un vieux coffret ferré, au-dessus duquel est fiché dans le roc, et retenu par une chaîne, un grossier tronçon d'épée. La légende veut que ce fragment ait appartenu à la fameuse Durandal, l'épée que brisa le paladin Roland en ouvrant la brèche de Ronceveaux. Quoiqu'il en soit, la vérité qui se dégage de ces attributs est fort transparente. L'épée qui ouvre le rocher, la verge de Moïse qui fait jaillir l'eau de la pierre d'Horeb, le sceptre de la déesse Rhee, dont elle frappe le mont Dyndime, le javelot d'Atalante sont un seul et même hiéroglyphe de cette matière cachée des Philosophes, dont saint Christophe indique la nature et le coffre ferré le résultat.

Nous regrettons de n'en pouvoir dire plus sur le magnifique emblème à qui la première place était réservée dans les basiliques ogivales. Il ne nous reste pas de description précise et détaillée de ces grandes figures, groupes admirables par leur enseignement, mais qu'une époque superficielle et décadente fit disparaître sans avoir l'excuse d'une indiscutable nécessité.
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Message  Christian Hersey Dim 06 Juil 2014, 19:33

Ce bout de texte que Nelly Foulcat a retrouvé chez Fulcanelli souligne une tendance iconoclaste qui déborde largement le contexte indiqué par cet auteur.

D'une manière générale, toute puissance dominante expansionniste tend toujours à acculturer les populations qu'elle soumet à son autorité. Cela passe par l'imposition de la langue de l'occupant comme première langue officielle, la propagande au quotidien, et - bien sûr - la réécriture de l'histoire.

Fulcanelli nous montre que la destruction de l'iconographie rattachée à St-Christophe participe d'une volonté délibérée d'effacer les traces d'un savoir. Qu'on ne s'y trompe pas : cette stratégie a toujours cours à l'heure actuelle, dans bien des domaines.

Ce qui justifie pleinement l'existence, sur notre BlogForum, d'une section CheminCroisé Histoire occulte, pour que puissent remonter à la conscience de tous l'histoire effacée, celle qui gêne ceux qui veulent diriger les pensées des populations dans une direction précise. Une direction qui les arrange, et qui n'est pas compatible avec la liberté de penser.
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