Kabbale et Alchimie
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Re: Kabbale et Alchimie
Êtes-vous donc incapable de lire un post en entier ? Je remets donc... pour la dernière fois ! Calcédoine écrit : “D'une part, nous essayons de ne pas mélanger les sujets. C'est une manière d'être didactique, clair, méthodique. De plus, en sériant au mieux les sujets, nous offrons autant de portes d'entrée à des lecteurs qui se sentent particulièrement en affinité avec l'un d'eux. Le raccord avec les autres sujets s'effectue par l'insertion de liens pointant vers les sujets connexes.”
Et je réponds : “Pour cette “part” afin d’aborder l’autre (part) sans ambiguïté, il me paraît indispensable de définir un vocabulaire tenant compte compte du glissement sémantique du vocable “Qabal” “
Aussi votre assertion est sans objet dans cet unique cadre “analytique” traité par mes soins. De plus j’ai écrit “La kabbale juive, à la Renaissance, est utilisée par les chrétiens pour leur fins propres.” Or vous déformez mon propos en TRADUISANT : “La cabale ne se laisse pas «utiliser» à des «fins propres» par qui que ce soit”
Vous ne saissisez pas la nuance ? Vous n’avez donc pas lu Pic, Giorgi, Reuchlin et Postel, moi si !
Idem pour cette autre : “
“Ne confondez-vous pas le don de Dieu avec des connaissances intellectuelles qui, quant à elles, peuvent se limiter effectivement à des rudiments? Cependant, même sur le plan intellectuel, il est assez évident, pour celui qui connaît un peu la littérature rabbinique, qu'elle était familière aux alchimistes chrétiens.”
Je dis bien, à minima des “rudiments”, j’ai pesé mes mots et vous invite à faire de même. Avez-vous lu les catalogues des libraires de Paris, Anvers et Frankfort fin XVIe et XVIIe siècle ? Moi oui ! Et c’est fastidieux ! mais c’est à ce prix que l’on écrit pas n’importe quoi !
Selon les lieux et les temps les grammaires d’hébreu (et de grec) étaient interdites sous peine de mort. Et il n’eut pas que Dolet brulé vif ! Vous ne semblez pas connaître les grands libraires et leurs réseaux, ni leur codes secrets ? Il est affligeant de poser des jugements péremptoires sur ce que vous ignorez manifestement !
Il serait bon que vous expliquassiez votre conception du Donum Dei ! J’y répondrais, si possible !, dans un cadre “analogique”.
Mais nul doute qu’avec Vaughan vous y verrez plus clair, excellent choix de texte ! Ce livre est-il un livre de kabbale selon vous ?
C...a
Et je réponds : “Pour cette “part” afin d’aborder l’autre (part) sans ambiguïté, il me paraît indispensable de définir un vocabulaire tenant compte compte du glissement sémantique du vocable “Qabal” “
Aussi votre assertion est sans objet dans cet unique cadre “analytique” traité par mes soins. De plus j’ai écrit “La kabbale juive, à la Renaissance, est utilisée par les chrétiens pour leur fins propres.” Or vous déformez mon propos en TRADUISANT : “La cabale ne se laisse pas «utiliser» à des «fins propres» par qui que ce soit”
Vous ne saissisez pas la nuance ? Vous n’avez donc pas lu Pic, Giorgi, Reuchlin et Postel, moi si !
Idem pour cette autre : “
“Ne confondez-vous pas le don de Dieu avec des connaissances intellectuelles qui, quant à elles, peuvent se limiter effectivement à des rudiments? Cependant, même sur le plan intellectuel, il est assez évident, pour celui qui connaît un peu la littérature rabbinique, qu'elle était familière aux alchimistes chrétiens.”
Je dis bien, à minima des “rudiments”, j’ai pesé mes mots et vous invite à faire de même. Avez-vous lu les catalogues des libraires de Paris, Anvers et Frankfort fin XVIe et XVIIe siècle ? Moi oui ! Et c’est fastidieux ! mais c’est à ce prix que l’on écrit pas n’importe quoi !
Selon les lieux et les temps les grammaires d’hébreu (et de grec) étaient interdites sous peine de mort. Et il n’eut pas que Dolet brulé vif ! Vous ne semblez pas connaître les grands libraires et leurs réseaux, ni leur codes secrets ? Il est affligeant de poser des jugements péremptoires sur ce que vous ignorez manifestement !
Il serait bon que vous expliquassiez votre conception du Donum Dei ! J’y répondrais, si possible !, dans un cadre “analogique”.
Mais nul doute qu’avec Vaughan vous y verrez plus clair, excellent choix de texte ! Ce livre est-il un livre de kabbale selon vous ?
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Kabbale et Alchimie
M'inclinant sincèrement devant votre science chèrement acquise, je vous prie de bien vouloir excuser mon ignorance pour ainsi dire totale. Vous avez certainement raison d'un bout à l'autre. Je n'aurais d'ailleurs pas l'audace ni l'outrecuidance d'affronter le destin d'un Dolet. Au plaisir de vous relire.Charly Alverda a écrit:Vous n’avez donc pas lu Pic, Giorgi, Reuchlin et Postel, moi si! Avez-vous lu les catalogues des libraires de Paris, Anvers et Frankfort fin XVIe et XVIIe siècle? Moi oui! Et c’est fastidieux! Vous ne semblez pas connaître les grands libraires et leurs réseaux, ni leur codes secrets? Il est affligeant de poser des jugements péremptoires sur ce que vous ignorez manifestement!
Scénon- Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 28/05/2011
Re: Kabbale et Alchimie
Ah non, c’est un peu court !
J’avais parlé des allusions à la kabbale chez les alchimistes les plus connus en France, vous évoquez un anglais traducteur du plus célèbre manifeste R + C qui lui aussi fait ces allusions, excellent ! Vos commentaires ont spécialement toute leur place dans ce fil. Personnellement je ne vois pas plus de références à la kabbale que chez Valois par exemple, non plus que de différence entre son (ses) livre(s) et ceux des autres alchimistes de l’époque, mais expliquez-nous en quoi il est kabbalistique.
Et puis expliquez-nous pourquoi vous écrivez : “En réalité, la cabale, c'est-à-dire le don divin, permet de reconnaître l'intention des auteurs sacrés, et donc de commenter en connaissance de cause.” Y-a-t’il, comme en alchimie, plus qu’une voie mystique ?
Quant aux libraires/imprimeurs brûlés en terres catholiques (du moins en France et pas à Grenoble !) ils avaient de la chance ! En récitant une petite prière à la Vierge, ils étaient étranglés sur le bûcher avant qu’on n’y mette le feu, en terres protestantes... hélas !
Cordialement,
C...a
J’avais parlé des allusions à la kabbale chez les alchimistes les plus connus en France, vous évoquez un anglais traducteur du plus célèbre manifeste R + C qui lui aussi fait ces allusions, excellent ! Vos commentaires ont spécialement toute leur place dans ce fil. Personnellement je ne vois pas plus de références à la kabbale que chez Valois par exemple, non plus que de différence entre son (ses) livre(s) et ceux des autres alchimistes de l’époque, mais expliquez-nous en quoi il est kabbalistique.
Et puis expliquez-nous pourquoi vous écrivez : “En réalité, la cabale, c'est-à-dire le don divin, permet de reconnaître l'intention des auteurs sacrés, et donc de commenter en connaissance de cause.” Y-a-t’il, comme en alchimie, plus qu’une voie mystique ?
Quant aux libraires/imprimeurs brûlés en terres catholiques (du moins en France et pas à Grenoble !) ils avaient de la chance ! En récitant une petite prière à la Vierge, ils étaient étranglés sur le bûcher avant qu’on n’y mette le feu, en terres protestantes... hélas !
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Kabbale et Alchimie
Bonjour à tous,
Réveillé en sursaut par l'apparition de ce fil mirobolant, j'en profiterai donc pour m'adonner à mon petit plaisir favori que toutes vos caballes (enfin !) justifient : mettre des lettres bout à bout, kilométriquement et dans un désordre approximatif et énervant... Fallait pas commencer !
Les méandres du labyrinthe ne m'ayant octroyé qu'une très lègère teinture kabbalistique, et d'un presque rien coté chymique, je ne peux me rabattre que sur ma contemporaine nullité (passe-partout à présent reconnu d'utilité publique) pour oser prendre votre suite.
Kabbale et alchimie; par quel bout prendre l'amphysbène ? Le milieu peut-être...
« La kabbale, avec ses sefirot abstraites, nous apparaît comme une variante métaphysique de l'astrologie. Elle joue également le rôle subtil de lien entre Dieu et les hommes, entre le spirituel et le matériel. »
Le même Alleau n'hésitant pas à affirmer que l'alchimie et l'astrologie « représentent les deux colonnes du temple antique des sciences de l'Univers et de la Nature », on peut s'interroger sur le rôle qu'a pu jouer chez les hermétistes du passé la « variante » d'une de ces colonnes.
Assez proche de nous (quelques courtes générations), la Famille de Charité sera peut-être la dernière manifestation collégiale de cette superposition inspirée, à la fois hasardeuse et providentielle, entre Livre M et livres révélés.
Non point que les Roses-croix allemands du XVIIIème, d'Or ou d'Asie, ne soient du même accabit, mais dès cette pré-modernité les amants de la Sagesse émigrent, nécessité oblige, en des catacombes induisant, tôt ou tard, des effets pervers. Du mystère, on verse dans les secrets; de la sapience on ne retient que son ombre portée : l'occulte; de l'aristocratie du coeur on passe à des grades et titres ronflants; et de Melkisedek... au Fantasia de Walt Disney. Peau de chagrin, fin des « transports » en commun.
On verra plus loin que cette « lecture » par transparence remonte au moins au grand ancètre, le Trismégiste et son corpus, et que notre Aesch Mézareph (en passant : sa première composition et angloise édition date de 1714...par un Philalethes anonyme) n'est que la partie ultimement émergée de l'iceberg.
En ma fin est mon commencement ?
Juste avant d'entrevoir (grâce à P.Duval surtout) les accointances, sur fond de « grecquitude » alexandrine, entre traditions alchimiques archaïques et gnose juive, on signalera toutefois que malgrè la rareté de ses traces, l'intérêt pour l'alchimie par des juifs pratiquants, voire kabbalistes, est bien antérieure à l'Aesch Mézaref, (A. Schwartz surtout pour ce bottin).
Dans son traité Magen Avot, Simon ben Shemah Duran (1361- 1444) met l'accent sur le fait que le véritable domaine de l'alchimie est la connaissance conjointe de l'homme et de la nature. De même, il y émet un point de vue sur les transmutations métalliques, effectuées par avidité, similaire au « Pouah, de l'or ! » asséné par Charly ici et là.
Le maître kabbaliste de Pic de la Mirandole, Yohanan Alemanno (1435-1504), dans son Sefer sha`ar ha-heshek, s'y attarde, (à partir de la double acception du verbe l'sharef : raffiner et combiner), à associer alchimie et science des lettres. Jabir ibn Hayyan, déjà au paradis depuis l'an 815, devait en ronronner d'aise.
Joseph Taitazak (1477-1535) ira jusqu'à qualifier l'alchime de science divine. Pour lui, si « le mystère de l'Or et de l'Argent d'en haut est à distinguer de ceux d'en bas », il n'en demeure pas moins que « celui qui comprend dans leur ensemble le mystère du monde d'en bas et le mystère de l'or et de l'argent d'en bas et d'en haut, accèdera à la Grande Sagesse ».
Abraham ben Ezra (1092 -1167), qui n'hésite pas à affirmer, en mode très hermésien, que « Quand la partie connait le Tout et s'attache au Tout, le Tout peut alors produire des signes et des prodiges », était manifestement en relation avec l'auteur supposé de ce qu'il est convenu d'appeler la Turba Gallica (voir P.Duval).
Bien que plus discret que son faux jumeau, la Turba Latina, ce texte est fondateur de l'alchimie occidentale. Ses références pré-socratiques déconcertent mais ravissent, B. le Trévisan en tout cas. Bref, on y rencontre une énigme d'importance puisqu'elle concerne « l'arbre aux fleurs blanches et aux fruits rouges ». Les nombres 100, 80, 10 et 180 y sont distribués dans le récit, qu'ils articulent.
P. Duval de démontrer qu'une seule tradition, contemporaine de ce texte, est apte à fournir le sens de ces chiffres dans la direction proposée : c'est la tradition (pré-)kabbalistique du Bahir. Ben Ezra, et ses carrés magiques en rapport, cautionnant la solution.
(P.S. À l'attention de Charly : il est surprenant de voir, en l'Espagne mozarabe, une même cons-piration de traducteurs, d'imprimeurs, et amoureux de science qu'à Anvers ou Venise quelques siècles plus tard.)
Mais bien avant, en une Alexandrie également grouillante de rats de bibliothèque, plus ou moins gymnosophistes... on trouvait déjà ceci :
Dans le livre mystique de Zozime le Thébain on peut lire, en effet : « Il y a deux sciences et deux sagesses : celle des égyptiens et celle des hébreux ».
De son coté Olympiodore explique pourquoi les anciens sages ont dû parler avec autant d'obscurité : « Etant amis des rois d'Egypte et s'honorant d'occuper le premier rang en dignité parmi les prophètes, comment auraient'ils pu révéler au public des connaissances contraires aux intérets des rois et donner à d'autres le pouvoir dominateur de la richesse ? Quand même ils l'auraient pu, ils ne l'auraient pas fait; car ils étaient jaloux de leur science.
Les juifs seuls parvinrent à en connaître les pratiques ainsi qu'à décrire et exposer ces choses clandestinement. Voilà comment nous trouvons que Théophile, fils de Théogène, a parlé de toute la description topographique des mines d'or; il en est de même de la description des fourneaux par Marie et des écrits des autres juifs ».
Avant de poursuivre, juste quelques mots sur le point de vue d'un Scholem (explorateur si méritant par ailleurs) visant la kabbale chrétienne : c'est lamentablement nationaliste ! L'air de son temps sans doute... On y voit presque, en filigranne, la sempiternelle condescendance envers le Rabbi Jésus, tombé de la Loi, et à l'origine d'un malentendu excessivement... productif.
Sa « productivité d'un malentendu », outre qu'elle ne nous informe en rien sur l'étrange (éliaque ?) sym-pathie disposant certains kabbalistes juifs à accueillir, instruire religieusement, des goys (Georges Phléton dans les 1er connus !) ne mène qu'à l'impasse, la sienne. Représentative de notre époque.
Jugement aussi dévitalisé que celui d'un Botéro « prouvant » que le judaïsme n'est qu'un pot pourri mal fagotté de traditions mésopotamiennes antérieures. Idem des « historiques » savants du christianisme; etc. C'est laborieusement vrai, mais seulement pour une conscience « prise » dans l'Histoire et son affligeante usine à gaz !
De l'indigente complicité des pétomanes ?
Et le hamster dans sa roue de s'autovalider, alors que grâce à la qualité du support de ses ruminations il venait d'avoir la chance de s'affranchir du moyeu, son nombril ! Zut...
Bref, après on fait quoi ? Faute d'aptitude à percevoir l'éternelle actualité de la Kabbale traditionnelle, on file s'inventer une kaballe « moderne » dans une arrière boutique rosicrucienne de plus ? Pour changer de roue ?
Le plus marrant serait de tenter la même « réduction de tête » (à défaut de coeur) avec l'herméneutique actuelle (l'universitaire et ses recyclages ésotérisant), montrer qu'elle n'est qu'un malentendu parfois productif, dérivé applati de certaines « lectures » traditionnelles du sacré. G. Gusdorf en a déjà fourni les matériaux, y a pu qu'à rectifier avec quelques gouttes de vitriol et, porter le coup de grâce... Fastoche, mais aussi vain qu'injuste.
Rapporté par Charly : « Pour la Kabbale, c’est beaucoup plus simple, dans le contexte alchimique il n’y a de référence qu’à la kabbale chrétienne qui apparaît avec Pic de la Mirandole, Giorgi, Reuchlin et Postel. Le but de ces derniers, initiés à la tradition juive, consistait à prouver que la présence de la Trinité et du Christ était dans la Thora. Par le jeu des permutations de lettres, ils ajoutèrent le SHIN hébraïque, symbole du feu et du Verbe, au Tetragrammaton imprononçable (4 consonnes sans voyelles), pensant ainsi pouvoir le prononcer. »
Ce procès d'intention laisse supposer une candide ou infantile tentative de résoudre (?) un Mystère, moyennant une simplette pirouette alphabétique. Or, une fréquentation, même superficielle, des plus profonds de ces kabbalistes chrétiens montre que la « prononciation » en question, est celle, perpétuelle, devinée-entendue entre le coeur de l'être qu'ils sont et celui qu'ils a-paraissent, et simultanément entendue au coeur de l'alpha et omega du Monde qu'ils perçoivent.
Ce « et » est le WAW, situé dans la brèche (sa crèche) : cette rupture manifeste entre le MA et le MI de Shama-ïm. Il est à la fois le fruit de la réunion, des nôces, de ces deux; la source en Aïn Soph de ce tout où deux pôles rèvent de se distinguer; et la brèche, l'intervalle, qui semble mettre Terre et Ciel dos à dos, faisant de la prime distinction comme une sorte de division (mystère d'iniquité).
Pas facile à résoudre...même en sortant un gros Shin du chapeau. Il ne s'agit pas de prestidigitation mais de théurgie (sans l'égo si possible...).
« Quand les kabbalistes traitent de la langue hébraïque, ils traitent en fait de la langue en général, en tant qu'elle est appel et appellation sacrée de tout ce qui est créé. Sans doute derrière le signe (seul pris en compte dans l'effort de « prononciation » précédant), le kabbaliste découvre l'idéogramme, et c'est bien comme tel que valent pour lui les lettres hébraïques. Les sons créateurs élémentaires décrits dans « la Source de la Sagesse » sont aussi bien des idées que des énergies existentiatrices ». (Ch. Mopsik).
(Merci Charly pour ce merveilleux témoignage sur l'abbé Boon...).
Dommage pour Scholem de ne pas avoir au moins supposé que l'accomplissement (micro et macrocosmique) du paradoxal commandement originel : « deviens ce que tu es », nommé par eux (en eux), Christ... ne relève pas du mal-entendu, bien au contraire. On a l'oreille qu'on peut...(Ubu).
Les kabbalistes juifs entendent également cette voie de fin silence, même s'ils n'en nomment pas vraiment l'énonciateur (quoiqu'Hénockh-Métatron, voire Elie... y postulent souvent), ils la laissent ouverte; hologrammiquement et fractalement répartie par-Tout à partir de son Rien. Et inversement. Sans doute un effet (de modestie) de leur « devekut », tenue à bonne et réglementaire distance par la Rigueur...
Aboulafia (malgrè sa mysogynie) a exploré jusqu'aux confins du dicible cette anthropomorphique « matrice »; on y adjoindra avec profit les méditations d'Ibn Arabi via Corbin (in « Face de Dieu, face de l'homme »). Et pourquoi pas celles de Stephen Jourdain sur la 1ère personne...?
En revanche, quoiqu'en suggère la science des cycles (trop souvent appréhendée par ses circonférences plutot que par son centre absent), il ne me semble pas que cet accomplissement, entrevu-vécu comme « toujours-déja-imminent », (car intensément immanent au Créé), laisse supposer une résolution futuriste, historisciste, du X (ou Khî) de l'équation Temps + Eternité... qu'ils (kabbalistes et adeptes) incarnent, éprouvent, avec l'intensité requise. Seule « solution » permettant, si Dieu le feu, de passer le mur du Son... au bon moment : maintenant.
Que certains se soient pris les pieds dans la lettre (tentation bien illustrée par le sabbatéisme et sa rédemption par le péché... allant chercher dans les fèces ce que seule l'alchimie peut y trouver)
puis dans un calendrier messianique plaqué sur celui offert par les PTT, n'invalide pas la gourance.
J'aurai bien aimé éplucher le 3ème tome, retiré, des Fulcanelli, pour en confronter l'Apocalypse avec celle, indubitablement au Présent, Donum Dei, des « Dialogues avec l'ange ».
« Le messie ne viendra pas le dernier jour, mais le lendemain », disait Kafka avec une abyssale ironie.
Que le problème tient peut-être à la difficulté de (se) formuler, chanter, intelliger cette intensité, vécue comme une « tension-vers », du Présent sourdant de nos présences retrouvées.
De prendre localement conscience de ce jaillissement d'être, perçu comme allant croissant; de ce renouvellement-révélation qu'il propage alentour... sans recourir avant terme au futur !
Messie, Grand Soir, Apocalypse, Fête de la Musique, Croix d'Hendaille, tirage du Loto, etc...
Bas-culer hativement « en avant » pour cause d'une once de retard sur l'éternité, c'est dommage.
Car, une ultime mort plus loin (fana du fana du soufisme), il n'y a plus qu'Apocastase à perte de vue ! Les spires temporelles résorbées en leur axe y somnolent gentiment, et les « comme » : au service de la seule poèsie, enfin ! Comme dit Alleau, « l'alchimie n'est pas allégorique, mais exégèse »; et : « l'intelligible s'articule à l'indicible ».
Dans sa foulée, quoique moults étages plus bas pour ce qui nous concerne ici, le gros du problème provient de la perception de ces dévoilements « littéraires » par des ceusses n'habitant que la temporalité commune et, surtout : n'en imaginant pas (humblement) d'autres. Là, les malentendus prolifèrent inévitablement... souvent dotés d'une assurance con-fondante; surtout de nos jours où les sages se tiennent loin du micro.
La façon qu'à Alambic de se représenter le sujet est intéressante en ce qu'elle est emblématique des approches « contemporaines ». (Rien de perso dans mon constat).
« Pour moi, je vois que mon approche de ces deux disciplines se rejoindront… plus tard, pour l'instant, je n'arrive pas à les intégrer dans un système cohérent »
Disciplines, système ? Même si à vue de nez cette terminologie semble utilisable, elle est redoutablement incapacitante et réductrice, car objectivante. Car, au fond du fond, éprouvés idoinement via un effacement ponctuel ou durable de moi-m'aime (sujet se penchant sur l'objet d'étude), il apparaît que ces « systèmes » nous pensent, nous vivent, plus qu' « on » ne les pense ou pratique. En faire un système, c'est comme disséquer un cadavre pour y chercher l'emplacement de la vie... On croit revoir en boucles Youri Gargarine, sans les anges, se tripotant l'athéisme devant son hublot !
Pour finir, on attend d'un bon système qu'il soit clos car gérable donc rentable; or ici l'architectonique relève de la cohérence du Vivant d'une part, et, d'autre part son vortex est ouvert à la fois « en bas » et « en haut ». Aussi, que des mini golems aspirent à le gérer du « dehors » (c'est où ???), maitriser, circonvenir, est d'une prétention hillarante dans la plupart des cas, tragique pour quelques uns, théurges de traviole.
Ne pas être à même d'imaginer, à défaut de percevoir, que ces jardins du Sens s'inventent par Révélation (re-trouvée par coïncidence, dans le noir, des coeurs mico et macrocosmiks) et non par raison raisonnante est rhédibitoire. On n'attend pas de ces édifices qu'ils soient vrais, au sens commun ou scientiste du terme, mais Vrai-semblables : qu'ils soient en phase avec le Réel.
Plus que parfaits... d'où le fait que, ça et là dans leur trame, se devinera toujours l'imperfection d'origine. Alleau, après Fulcanelli, a charitablement insisté sur ces vases communicants par Grâce, et sur l'inefficience de la systémique perfection : « ex perfecto nihil fit... ».
(En passant, et dans le même ordre d'idée, il se pourrait que les cathédrales « rêvées » par Fulcanelli soient de nature imaginale donc d'un degrè de Réalité n'ayant rien à envier à celle de leurs homologues empierrés. Le même est autre... d'où les couacs relevés par Charly, mais qui me semblent sans grande conséquence.
Mélusines : à la fois art de mémoire et tremplin vers l'anamnèse; pas plus mais surtout pas moins.
Si le coeur y est, ça funambulise entre fixe et volatil, tout et rien. Bref, « templum », au sens dévoilé par Corbin in « Temple et contemplation »).
Mais continuons, dans le sillage d'Alambic.
« Pour l'alchimie, entre Hermès et Fulcanelli, il s'est passé tellement de choses qu'il est devenu impossible maintenant de s'entendre sur une définition… »
Mouais, sauf qu'entre Hermès et tous les adeptes, de jadis et de demain, il ne se passe, somme toute, que le miracle d'une seule chose; et qu'il est fâcheux ne pas pré-sentir qu'Hermès est, avant toute descendance... une « hypostase » du Logos herméticos. Laquelle « épiphanie » s'actualise, à nouveau (Vita nuova), quelle qu'en soit la vêture, au coeur de chaque nouvel adepte. Hermes redivivus...
Bref, pour en finir avec l'illusion d'un « progrès » en alchimie, (prétexte à caser je ne sais quelle « largesse » d'opinion plurielle) oyez : « Ce qui se formule sur ces sujets d'un individu à l'autre, d'un livre à l'autre, d'un symbole ou d'un monument à l'autre en alchimie, le relais étant de pierre, depuis des siècles, quelque soit le pays et la religion, n'a jamais varié ». ( le « Grand Oeuvre dévoilé » de Trojani).
Why that ? Car, dit-il, « ils ont interrogé la Nature, et dans cette nature, ce qui est en bas, la matière, pour comprendre ce qui est en haut et établir une médiation accessible entre le haut et le bas ». Avantage : la dite matière, « malgré son aspect frustre et sa simplicité, ne peut pas mentir. Elle ne peut être que ce qu'elle est. »
A ce niveau, la Base fondamentale, (Terre et Ksâ tattva du tantrisme shivaïte), l'avenir n'a pas de passé autre que celui de la Genèse. Onto et psychogenèse, internellement superposées; vu qu'Il nous fit à Son image. Qu'est-ce à dire ? Un léger détour par une exotique physiologie d'outre-tombe nous permettra de tomber plus avant vers le haut, pour frôler le centre.
Dans le corpus gravitant autour et à partir du « livre des morts tibétains », se trouvent quelques infos-pépites, fondements de leur médecine d'une part et, d'un « yoga » déconcertant puisqu'il n'y a rien à « faire » ou si peu. Juste percevoir... à partir de l'état d'éveil d'étranges « phosphènes » occasionnés, non par des troubles visuels ou l'Ignorance, mais par la Vue la plus limpide, celle du Soi.
Nommés « thiglés », ils sont pures manifestations des Eléments fondamentaux, (en rien des visualisations !) dont nous sommes tissés comme tout le « reste ». On notera en passant que la couleur bleue y pré-domine, tout comme en kabbale pour le Luz, cité ou corps-bleu.... Les quatres autres « couleurs » ou éléments naissant de ce bleu himalayen.
Dans un magistral traité, « le miroir du coeur », il est révélé que deux thiglés, un blanc et un rouge (comme dans l'allégorie de Merlin, par exemple), s'unissent au moment de la conception d'un humanoïde et... « piègent le principe conscient » de l'être à naître.
Du Vide, mais néanmoins « piégé », voilà qui suggère d'en finir avec un advaïta simpliste... complice du néant, de ces ténèbres extérieures qui n'en finissent plus d'envahir la planète.
« L'ensemble de ces trois forme une quintessence énergétique, sans substance quoique formelle, et support de la Vue-Claire Lumière », habituellement perçu après le décès mais néanmoins déjà présente sous l'égo.
« De ce nucleus va naître l'ensemble des canaux subtils où circuleront les « souffles » (loung ou prana), qui sont les véhicules actifs de l'esprit et dont les mouvements conditionnent la venue des pensées discursives et des émotions. Ces souffles animent également tous les mouvements internes du corps indispensables à la vie de celui-ci ». (Ph. Cornu).
Il peut être utile de mentionner aussi qu'à quelques jours de marche de cette sapience, on en trouve une fort voisine au Kashmir. Comme sa consoeur, elle ne dissocie pas macro et microcosme à ce niveau de jaillissement, ni ensuite du reste... Mais sa perspective peut contribuer à éclairer notre scène originelle. Comme sa consoeur, son énoncé n'est qu' une description, la plus fidèle possible de « ce qui est »; rien de dogmatique, de supposé ou à croire ici, c'est ainsi...et à vérifier. Réalisme total, pragmatisme poussé au rouge, même si on peut en rendre compte autrement comme on le verra plus loin, surtout à la fin de ce post.
« La kundalini du souffle de vie précède l'émanation proprement dite, dont émergent les niveaux de réalité (tattva). Située à l'orée du déploiement cosmique elle n'est encore que l'ébranlement de la manifestation objective, simple tendance à s'extérioriser (...) pointe tournée vers l'origine, à savoir la manifestation de l'univers ».
« Ksemaraja indique comment la Conscience se transforme en énergie vitale. Bien qu'elle soit la Réalité la plus intime et l'universelle fondement, la suprême Conscience, cachant sa véritable essence au stade de l'illusion (maya), s'extériorise toujours d'avantage et quand elle atteint le point (bindu) son mouvement prend fin : elle s'est alors déployée en prana, selon la parole célèbre : « d'abord la Conscience s'est développée en souffle de vie ». (Lilian Silburn).
Souffle pour les uns, vapeur chez d'autres... « Son état originel est pour ainsi dire une vapeur ou un bouillonnement du grand mystère du Verbe exprimé qui, en tous lieux réexprimé, représente à chaque fois qu'il résonne à nouveau une figure de lui-même, un être selon l'esprit. » . Ainsi, poursuit J. Boehme, chaque chose ou être, ne forment qu'un centre unique, « et c'est une racine unique de laquelle tout provient et elle ne se distingue que par la manière plus ou moins compacte dont elle est coagulée ».
Profitons de ce vaporeux carrefour à Vierge noire, de ces subtils souterrains pour, en douce, quitter l'Histoire et voir ce que ça fait. Soit, une autre approche privilégiant le versant « signifiés » ; (si possible une fois digérée l'approche historienne repérant les mésaventures du signifiant; pour bien faire dans le pot et pas à coté) :
- de Quoi ou de Qui k' ça cause, (et à qui ?) grâce et/ou malgré telle ou telle perspective culturo-religieuse et sa trâme de symboles. L'affaire y est beaucoup plus délicate, car au prime abord menacée par les « fantaisies » d'une subjectivité mal épurée; mais une fois ce danger écarté ou réduit, il est possible que les connaissances courtisées, approchées, se renversent en co-naître, Grâce aidant. Un WAW y éclot... langé, irrigué, boosté par la nébuleuse sephira Daath. Shekinah portative... Trop mieux !
Il peut en résulter ce fait déconcertant : l'objet d'étude s'y révèle Sujet, et la carte : territoire. Au présent, sans faire d'Histoire ! ... Comment k'cé t-y possible ?
Il se pourrait que certains « sujet-objet » d'études induisent, instaurent, attirent beaucoup plus que d'autres cette possibilité réellement initiatique. Disant cela, j'ai bien conscience de prendre l'escalator métaphysique contemporain (védantin...) à contresens, mais pourquoi pas. Rien n'y pousse, hormis des fantomes s'égosillant sur le peu de réalité de... leur auditoire.
Une phénoménologie de la perception, plus honnête et plus fine que celle récupérable par la Publicité et la Comm, pourrait asseoir à la même table (ronde) l'épistémologie d'Eddington, le Tzim-tzoum d'Issac Luria, le thögal du Dzogchen et les versions imprimés du Rebis de notre alchimie. Sans bla-bla, juste pour y rêver autrement et gazouiller des hypothèses éprouvables charnellement... (Voir les deux sens du verbe « connaître », dans la Genèse).
Bref, un club échangiste mais juste pour ceux qui, d'une manière ou d'une autre, pré-sentent que la matière est de la lumière ralentie; pour lesquels la « distinction » pointée entre ces deux serpents (caducée), irradie, tourbillonne et déploie notre universion à partir d'un non-lieu présentant d' Un-pensables accointances avec la conscience, le vide... à commencer par celui qui nous noyaute.
Ibn' Arabi, un des rares (avec Abhinavagupta) à avoir scruté, sans faillir, ni gommer ni réduire ni disloquer, ce Mésocosme nous en désigne le secret, en rapport avec ce qu'il appelle l'imagination théophanique, perpétuelle origine de l'univers par son souffle de compatissance (Nafas Rahmânî) :
« Le monde est représentation pure (motawahham), il n'a pas d'existence substancielle; c'est cela le sens d'Imagination. Comprends alors qui tu es, comprend ce qui est ton ipséité, quel est ton rapport avec l'Etre Divin; prends conscience par quoi tu es Lui, et par quoi tu es autre que Lui, le monde ou quel que soit le mot que tu préfères. »
Alors, entre émerveillement et effarement, son irradiance éprouvée (par le coeur via l'intellection pourquoi pas / « des sens au Sens » dit Alleau) ce silence murmure, vibrionne des idées-forces, témoigne d'une présence heureusement plus convaincante que la nôtre... même si cette dernière semble y participer, (de force plus que de grè).
Le paradoxe, en ces matières intellectives (comme en celles se rapportant au vrai corps-sensation, articulé par du sémantique pur, non-humain mais musical) étant qu'il faut apprendre pour oublier l'erreur (la « nôtre »), puis...refaire Ses gammes pour participer directement au goût du Tout. Sans se perdre dans un inventaire crispé ou totalitaire de ses articulations (impensables diffractions du Vide médian), ni les nier ou minimiser. Art de musique ?
« Chacun des cinq sens est une marche. D'abord la matière – et c'est la main qui touche. Puis l'eau qui dissout, et c'est le goût. L'air – matière fine, c'est l'odeur. C'est une matière encore plus fine que transmet l'oreille. La lumière - qui traverse l'oeil - est le cinquième. Et les cinq ENSEMBLE sont le sixième, le LIEN. Le septième est la Graîne. Instant créateur ! Lorsque les sept n'absorbent pas - mais DONNENT. « Que ta volonté soit faite là haut et ici bas ! ». Entre le haut et le bas se trouve votre tâche : le LIEN. La Co-naissance, l'élément humain, l'élément créateur ». (Dialogues avec l'ange).
Art Royal ? P'têt ben, mais sans jamais oublier ceci :« Nous ne pouvons porter que peu de chose, à peine une couronne de papier doré » (Ph. Jacottet).
Pour ceux qui, du fait de leur « sensiblité » ou de leurs « intérêts », n'y verrait que prise de choux plutôt qu' Idées-forces (toujours actuelles) à éprouver corporellement.... ces deux propositions de F. Trojani comme un préambule ou une aspirine :
« Généralement on croit voir, alors que l'on pense. On croit percevoir, alors qu'en réalité on conçoit. On a des sensations alors que l'on croit comprendre. On croit se vivre alors qu'on se lit. On croit expérimenter alors qu'en réalité on symbolise. On affirme, alors qu'il s'agit tout au plus de narration, etc. »
Bref, ça craint velu...
Remède possible ? Ben oui, faut refaire le parcours en sens inverse pour annuler l'hallu, surtout si l'on se pense concerné par une rando menant dans le « milieu des choses secrètes », comme disait Dante. Soit, une voie requérant la totalité de nos attributs humains (moins l'orgueil), et non la seule propension à barbotter, décervelé, dans un « sentiment océanique »; ou autres moyens de moyenner pris pour une fin en Soi.
Médoc :
« Qu'en est-il de la science d'Hermès et en quoi se distingue-t'elle de ces universels schémas ? (...) Elle invite à un ensemble de délocalisations et de relocalisations successives, dans un antérieur ou un intérieur d'elle-même et de la pensée pétrifiée : « moi ». J'entends, par une remontée de cette pensée locale à celles d'idées plus vastes et générales. Puis de ces idées à des symboles qui en affinent encore le sens et lui permettent une approche de l'Universel. Puis enfin, en continuant encore son parcours, de ces symboles à une matrice archétypale originelle. Le fameux je suis pour les uns, Dieu pour les autres, et atome primitif ou big-bang pour la science, c'est à dire un centre, d'où tout, pensées, spéculations, matière, chair, temps et espace, ont jailli. »
Quant à la kabbale, elle ira encore plus oultre (faute de lab-oratoire ?) dans ce Sens, mais sans brûler les roses (ce qui est remarquable), n'hésitant pas à affirmer, via une météorologie des plus chymiques, ceci :
« Sache que, lorsque les eaux d'une source coulent d'un endroit élevé vers un endroit situé plus bas, il se trouve une force capable de faire remonter ces eaux vers un autre endroit aussi élevé que celui d'où elles proviennent.
Il est aussi connu des cabalistes que la pensée humaine est issue du lieu de l'ame intellectuelle, car elle procède des réalités supérieures, or la pensée a la force de se dépouiller, de s'élever et de parvenir jusqu'à l'endroit d'où elle a émergé.
En rejoignant sa source, elle s'attache alors à la lumière supérieure d'où elle est émanée, et elles deviennent, cette pensée et cette lumière, une seule chose.
Lorsque la pensée recommence à s'épancher du haut vers le bas, le tout devient tel une unique ligne, et cette lumière supérieure procède vers le bas par la force de la pensée qui l'attire en bas, la Chekinah est ainsi présente en bas.
Alors la lumière éclatante se déverse et se répand dans le lieu même où celui qui a émis cette pensée réside. Ainsi les mystiques des temps anciens attachaient leur pensée aux réalités supérieures et attiraient la lumière suprème vers le bas, à partir de quoi les choses surabondaient et foisonnaient selon la force de la pensée.
C'est le secret de l'huile d'Elisée ainsi que de la poignée de farine et de la jarre d'huile d'Elie. »
- Prélevé dans la « Lettre sur la sainteté », admirablement traduite et présentée par Mopsik. (L'ayant une fois croisé, je n'oublierai jamais ses yeux de feu...Qu'il voyage éternellement en première classe sur Le Char !).
P.S. à l'intention du camarade Logos : tu remarqueras que cet usage de l'intellection présente beaucoup d'affinités avec celui valorisé par le shivaïte traité sur « La reconnaissance du coeur », dont nous bavâssames jadis ici.
Et, en reponse à Calcédoine, je crains qu'aucun kabbaliste juif digne de ce nom ne vienne « échanger » (Quoi avec Qui ?) sur un forum. Un simple survol de leurs textes montre qu'ils n'ont pas pour habitude d'étaler leur ressenti... préférant le déguiser en théories. Soit, ce qui, à l'évidence répugne à une majorité inquiétante de postulants au titre d'éveillé. Sans doute une préjudiciable confusion entre ce qu'ils pensouillent de la pensée et, ce qu'on en peut co-naître, passée l'épreuve du mouroir aux alouettes.
On peut, faute de grives, se rabattre sur les nombreux ouistitis qui, de nos jours, batifolent bruyamment sur l'Arbre de leurs Sephirot, mais je crains qu'ils ne soient hors Sujet...car sans foi ni loi. Ces deux piliers latéraux du dit Arbre, montants en esquissant l'accès... faisant seul passer de la copie à l'original.
Ne doutant plus qu'une colombe puisse parfois survoler notre bassine à neurones, je vais donc continuer à étayer ou contrarier (gentiment...) vos propositions sur ce fil, en commençant par suivre le fil d'Ariane déroulé par Alleau.
Dans une étude intitulée « Hypnos et Thanatos », se livrant à l'éxégèse d'une oeuvre de Campanella où, après nous avoir montré que la première tétractys phytagoricienne qui y figure est signe de reconnaissance des initiés aux mystères de l' « Art Royal », il en vient à nous informer que cette filiation pythagoricienne rattache l'artiste à l'Eglise de Jean (et non, de Pierre), soit « l'Eglise intérieure » de cette « pré-maçonnerie » mystérieuse dit-il et, qui interresse tant frère Charly.
L'éxégèse en question, tournant autour d'un jeu de mains entre un compas et une étrange balance chargée de nombres culmine par la découverte du 26; « nombre sacré par excellence des kabbalistes car il répond à la valeur numérique du nom même de Dieu : Iod, Hé, Vav, Hé ».
Et Alleau de conclure : « Un peu de réflexion suffit à découvrir que celui qui tient le compas dont les pointes désignent le 1 et le 0, est aussi Celui qui, seul, peut concilier l'Unité, le Tout et le Rien, ces trois points métaphysiques, au centre de son propre coeur ».
Avec un peu de flair, on devine là le parfum qui régne en cette Eglise intérieure, et qui, bien inhalé, favorise la réception du sens, aide à reconnaître l'intention des auteurs sacrés, voir de l'Auteur par excellence du seul livre écrit directement par Dieu : la Nature.
Le problème avec Alleau (et quelques rarrissimes autres), c'est qu'il n'y en a pas. Il sait vraiment de quoi il parle... ne projette rien de perso sur ce qu'il dé-chiffre; ça y était déjà disposé tel quel. Trans-mission. Bref, son alchimie et/ou sa cabale n'a pas grand chose à voir avec celle de tout un « chacun », façon Alambic, adepte des rapprochements insignifiants...mais sensibles. Why not; y a des maisons pour ça...
Notre inconvertible s'invitant à une définition (reportée ?) des deux termes, kabbale et alchimie, et mentionnant le cristallin Bahir, on pourrait, à défaut de dé-finir, s'aventurer (en mode poético-intellectuel, chouette !) à patauger dans les eaux-mère de l'Histoire (du Bahir et de La Tourbe entre autre), des fois qu'en ses arcanes on y trouve plus que Calcédoine concernant la complicité entre les deux minières en cause.
Au prochain épisode donc (si ça interresse only...), un bouquet vite fait mal fait de ce qu'on peut pêcher dans cet antérieur. Il se pourrait même que la machine à remonter ce temps nous projette avant lui (horloge photonique ?) : sur le perchoir où les Veilleurs du Livre d'Hénoch (et de Zozime le Panapolitain, tiens tiens) se tataient le plumage, avant de descendre nous apprendre quelques sciences « maudites »...
En attendant, je partage ce propos de Scénon (dont je salue la venue en notre modeste château de cartes) :
“Les alchimistes s'avèrent souvent connaître admirablement bien les Ecritures saintes, ou pour être plus précis, leur interprétation cabalistique. C'est comme s'ils nous suggéraient que l'étude de l'alchimie ne peut absolument pas être séparée de celle des Ecritures...”
Je note que Trojani aussi pense, qu'outre le grec emplumé (limite empoulé, je trouve) de Fulcanelli, « un cryptage différent, mais tout aussi subtil, existait avec le latin et la kabbale hébraïque »; et, dit-il, « on peut en retenir pour preuve la première et dernière planche du Mutus Liber ».
J'en suis, même si je déplore l'absence de considération, chez nos herméneutes, pour la bande-son. La trompette (ou sophar du Zohar) pourrait y donner des strideurs « traversières » façon Rimbaud, eschatologiques à souhait. Pas si muet que ça, le Livre...quand il s'ouvre dans le noir, entre le rayon violet d'Omega et l'Alpha !
Nos anciens amoureux de Science localisaient de même le coup d'envoi ou coup de foudre, sur l'ourobouros à la jonction Poissons-Bélier. L'ange des dialogues confirme : « L'homme créé est situé entre le commencement et la fin. L'homme créateur se situe entre la fin et le commencement. Entre le commencement et la fin est le temps. Entre la fin et le commencement est l'éternité. »
« La porte de la voie étroite est Omega - Alpha ».
Regardant ce sujet, (au pied de l'échelle angélique : Jacob en son « lieu terrible »), cautionné par un charitable passage du dernier Trojani :
« les textes qui exposent le Grand Oeuvre ondoient, entrelacent volontairement les uns avec les autres, en ne respectant pas les hiérarchies habituelles d'exposition. Croyant décrypter une « formule », selon toute apparence on ne peut plus pragmatique et opérationnelle, on est parfois en pleine métaphysique et inversement. Ici, toujours, l'exposition des choses du ciel s'entrelace avec celle de la terre, le subtil avec l'épais, la lumière avec l'ombre et l'abime, la vie avec la mort ».
... je me permets maintenant de soumettre à vos augustes attentions un vrai morceau de kabbale (et non une bribe errante, en rupture de van, comme le craindrait le sourcilleux Calcédoine).
Il provient du Zohar Hadash; est considéré comme le dernier message du midrash de Rabbi Shim'on bar Yohai. Mon petit doigt me dit qu'il nous invite aussi à plonger DIRECTEMENT dans les mystères de Cérès, où, semble t'il le tout gît dans son rien. On devine que les traffics d'influence entre alchimie et kabbale s'y originent. Qu'ils sont, en dernière instance, anté-diluviens... Arcane ?
Il se pourrait que cette chymique variante du Bardö Thödol soit « terriblement » au diapason (par son zoom sur le titanesque) des débuts de l'Oeuvre. Luz y es-tu ?. Soit, non seulement avec ce qui s'passe « dessous terre », mais avec le vécu, é-prouvé, conjointement par l'orant. Faute de quoi on reste chez Lavoisier.
Comme dans le « Miroir de coeur » cité plus haut, ce qui y est décrit comme vu l'est parce que vécu, pas pré-vu...même si pour accéder au soupirail on a eu recours à des symboles et universaux dont les teintures et proportions sont signés par un environnement « culturel » particulier.
En revanche, les « couleurs » ou idées-forces-percepts sous jacentes (et qui en SONT l'efficience) ne relèvent pas de l'humain trop humain... comme disait W. Reich. En ce sens, elles sont pure « objectivité »... d'un Sujet sans objets. Ainsi, ce lieu est terrible, son « expérience » annulant benoîtement mais surement... l'expérimentateur. La kabbale l'associe à la « terreur d'Isaac » et, Alleau y insista souvent, ça n'a rien d'une métaphore même si ça peut s'évoquer joliemment :
« Une hache dans le coeur... Dans ma voix se réveille la belle « Non-Etre », et elle arrache les mauvaises herbes ». (tantrika).
« Tu ne vois pas qui tu es, car tu es mais non toi ». (soufi).
Lire, épouser ces « couleurs », (Noms divins du soufisme ou kalis vacuitantes du Krama cashmirien), malgrè et grâce aux baggages d'une tradition donnée, c'est accèder à la vraie langue des oiseaux, parlée aussi bien par les cailloux que par les étoiles, mais seulement chantée à mi chemin. Par Qui ?
Ainsi que le dit Charly, « Le : “Prie, lis, lis, lis, relis, travaille...” du Mutus Liber n’invite pas premièrement à lire des traités d’alchimie, encore moins les cours de la bourse.
Ce sont bien des versets de la Genèse qui sont mis en exergue du livre et c’est bien le miroir de la Sagesse qu’il faut pour les LIRE, ou celui qui permet de “voir toute la Nature à découvert ».
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« Le juif commença son explication (sur Dt 32, 10) en citant le verset (Gen 1, 2) : Et la terre était tohû. Qu'y a t'il de commun entre la terre d'en haut et d'en bas ?
C'est que dans les deux cas : la terre était tohû.
Que signifie tohû ? C'est la ligne verdâtre qui ceint le monde entier; elle s'appelait la ligne du tohû; puisqu'il est écrit (Is 34, 11) : Il étendra sur lui les lignes de tohû et les pierres de bohû.
Comme nous l'avons appris, les pierres de bohû sont des pierres trempées qui sont enfoncées dans l'abîme, les eaux jaillissent à partir d'elles. Sur ce point tout le monde est d'accord, mais maintenant il faut concentrer son attention sur le mot tohû, qui est la ligne verdâtre !
Que signifie la ligne verdâtre (yaroq) ?
En réalité nous avons trouvé la réponse à cela dans le livre du médeçin Quirtina (– son nom est Jûdan de Césarée; on le surnomme « le médeçin Quirtina » car il est le plus grand parmi tous les médeçins, doué d'une sagesse glorieuse-), qui avait dit :
(Gen 1,2) la terre était tohû. Que signifie tohû ? C'est la ligne verdâtre qui ceint le monde entier. Mais qu'est-ce que c'est ? C'est l'écorce de la noix ('egoz). C'est la couche extérieure de l'écorce qui est verdâtre. A l'intérieur, c'est bohû; ce sont ces pierres trempées à partir desquelles les eaux jaillissent. En l'homme, à partir de tohû émanent la peau et la chair; à partir de bohû émanent les os de l'intérieur. Quant à l'obscurité (Gen 1,2) c'est de là qu'émane le peuple d'Esaü.
Si tu formules l'objection suivante : « ils émanent de tohû ? », vraiment c'est ainsi. Car tohû dépend de l'obscurité (hoshekh) ? »
Non, en réalité, les pierres trempées pénètrent dans le noyau central à partir duquel émanent les os, comme nous l'avons dit. L'obscurité est une émanation ténue d'où procède à son tour Esaü. Et l'esprit de 'Elohim (Gen 1,2) est la moëlle de la noix, à partir de laquelle émane Jacob, le parfait.
A l'image de cette noix, il est écrit (Ez 1,4) Voici qu'un vent de tempête (rûah se'arah) vient du septentrion : cela correspond à tohû;
en son intérieur il y a une grande nuée (Ez 1,4) qui correspond à bohû;
en son intérieur il y a le feu qui s'enflamme, qui correspond à l'esprit d'Elohim (Gen 1,2);
en son centre il y a une sorte de métal plongé dans le feu (hashmal, Ez 1,4), qui correspond à ce qui se mouvait au-dessus des eaux : c'est l'esprit de 'Elohim d'en haut, qui se meut au-dessus de l'Univers.
Et Jacob, le parfait, est vraiment la moelle de la noix, et le Saint, béni soit-il, (Dt 32,10) l'a trouvé dans une terre déserte, dans une solitude (tohû), vraiment. Ensuite, il imposa l'obéissance à toutes ces écorces (qelipot).
C'est jusqu'ici que cela était écrit dans le livre du médecin Quirtina. »
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Cordialement votre.
aliboron, croque-morts pédagogue.
Réveillé en sursaut par l'apparition de ce fil mirobolant, j'en profiterai donc pour m'adonner à mon petit plaisir favori que toutes vos caballes (enfin !) justifient : mettre des lettres bout à bout, kilométriquement et dans un désordre approximatif et énervant... Fallait pas commencer !
Les méandres du labyrinthe ne m'ayant octroyé qu'une très lègère teinture kabbalistique, et d'un presque rien coté chymique, je ne peux me rabattre que sur ma contemporaine nullité (passe-partout à présent reconnu d'utilité publique) pour oser prendre votre suite.
Kabbale et alchimie; par quel bout prendre l'amphysbène ? Le milieu peut-être...
« La kabbale, avec ses sefirot abstraites, nous apparaît comme une variante métaphysique de l'astrologie. Elle joue également le rôle subtil de lien entre Dieu et les hommes, entre le spirituel et le matériel. »
Le même Alleau n'hésitant pas à affirmer que l'alchimie et l'astrologie « représentent les deux colonnes du temple antique des sciences de l'Univers et de la Nature », on peut s'interroger sur le rôle qu'a pu jouer chez les hermétistes du passé la « variante » d'une de ces colonnes.
Assez proche de nous (quelques courtes générations), la Famille de Charité sera peut-être la dernière manifestation collégiale de cette superposition inspirée, à la fois hasardeuse et providentielle, entre Livre M et livres révélés.
Non point que les Roses-croix allemands du XVIIIème, d'Or ou d'Asie, ne soient du même accabit, mais dès cette pré-modernité les amants de la Sagesse émigrent, nécessité oblige, en des catacombes induisant, tôt ou tard, des effets pervers. Du mystère, on verse dans les secrets; de la sapience on ne retient que son ombre portée : l'occulte; de l'aristocratie du coeur on passe à des grades et titres ronflants; et de Melkisedek... au Fantasia de Walt Disney. Peau de chagrin, fin des « transports » en commun.
On verra plus loin que cette « lecture » par transparence remonte au moins au grand ancètre, le Trismégiste et son corpus, et que notre Aesch Mézareph (en passant : sa première composition et angloise édition date de 1714...par un Philalethes anonyme) n'est que la partie ultimement émergée de l'iceberg.
En ma fin est mon commencement ?
Juste avant d'entrevoir (grâce à P.Duval surtout) les accointances, sur fond de « grecquitude » alexandrine, entre traditions alchimiques archaïques et gnose juive, on signalera toutefois que malgrè la rareté de ses traces, l'intérêt pour l'alchimie par des juifs pratiquants, voire kabbalistes, est bien antérieure à l'Aesch Mézaref, (A. Schwartz surtout pour ce bottin).
Dans son traité Magen Avot, Simon ben Shemah Duran (1361- 1444) met l'accent sur le fait que le véritable domaine de l'alchimie est la connaissance conjointe de l'homme et de la nature. De même, il y émet un point de vue sur les transmutations métalliques, effectuées par avidité, similaire au « Pouah, de l'or ! » asséné par Charly ici et là.
Le maître kabbaliste de Pic de la Mirandole, Yohanan Alemanno (1435-1504), dans son Sefer sha`ar ha-heshek, s'y attarde, (à partir de la double acception du verbe l'sharef : raffiner et combiner), à associer alchimie et science des lettres. Jabir ibn Hayyan, déjà au paradis depuis l'an 815, devait en ronronner d'aise.
Joseph Taitazak (1477-1535) ira jusqu'à qualifier l'alchime de science divine. Pour lui, si « le mystère de l'Or et de l'Argent d'en haut est à distinguer de ceux d'en bas », il n'en demeure pas moins que « celui qui comprend dans leur ensemble le mystère du monde d'en bas et le mystère de l'or et de l'argent d'en bas et d'en haut, accèdera à la Grande Sagesse ».
Abraham ben Ezra (1092 -1167), qui n'hésite pas à affirmer, en mode très hermésien, que « Quand la partie connait le Tout et s'attache au Tout, le Tout peut alors produire des signes et des prodiges », était manifestement en relation avec l'auteur supposé de ce qu'il est convenu d'appeler la Turba Gallica (voir P.Duval).
Bien que plus discret que son faux jumeau, la Turba Latina, ce texte est fondateur de l'alchimie occidentale. Ses références pré-socratiques déconcertent mais ravissent, B. le Trévisan en tout cas. Bref, on y rencontre une énigme d'importance puisqu'elle concerne « l'arbre aux fleurs blanches et aux fruits rouges ». Les nombres 100, 80, 10 et 180 y sont distribués dans le récit, qu'ils articulent.
P. Duval de démontrer qu'une seule tradition, contemporaine de ce texte, est apte à fournir le sens de ces chiffres dans la direction proposée : c'est la tradition (pré-)kabbalistique du Bahir. Ben Ezra, et ses carrés magiques en rapport, cautionnant la solution.
(P.S. À l'attention de Charly : il est surprenant de voir, en l'Espagne mozarabe, une même cons-piration de traducteurs, d'imprimeurs, et amoureux de science qu'à Anvers ou Venise quelques siècles plus tard.)
Mais bien avant, en une Alexandrie également grouillante de rats de bibliothèque, plus ou moins gymnosophistes... on trouvait déjà ceci :
Dans le livre mystique de Zozime le Thébain on peut lire, en effet : « Il y a deux sciences et deux sagesses : celle des égyptiens et celle des hébreux ».
De son coté Olympiodore explique pourquoi les anciens sages ont dû parler avec autant d'obscurité : « Etant amis des rois d'Egypte et s'honorant d'occuper le premier rang en dignité parmi les prophètes, comment auraient'ils pu révéler au public des connaissances contraires aux intérets des rois et donner à d'autres le pouvoir dominateur de la richesse ? Quand même ils l'auraient pu, ils ne l'auraient pas fait; car ils étaient jaloux de leur science.
Les juifs seuls parvinrent à en connaître les pratiques ainsi qu'à décrire et exposer ces choses clandestinement. Voilà comment nous trouvons que Théophile, fils de Théogène, a parlé de toute la description topographique des mines d'or; il en est de même de la description des fourneaux par Marie et des écrits des autres juifs ».
Avant de poursuivre, juste quelques mots sur le point de vue d'un Scholem (explorateur si méritant par ailleurs) visant la kabbale chrétienne : c'est lamentablement nationaliste ! L'air de son temps sans doute... On y voit presque, en filigranne, la sempiternelle condescendance envers le Rabbi Jésus, tombé de la Loi, et à l'origine d'un malentendu excessivement... productif.
Sa « productivité d'un malentendu », outre qu'elle ne nous informe en rien sur l'étrange (éliaque ?) sym-pathie disposant certains kabbalistes juifs à accueillir, instruire religieusement, des goys (Georges Phléton dans les 1er connus !) ne mène qu'à l'impasse, la sienne. Représentative de notre époque.
Jugement aussi dévitalisé que celui d'un Botéro « prouvant » que le judaïsme n'est qu'un pot pourri mal fagotté de traditions mésopotamiennes antérieures. Idem des « historiques » savants du christianisme; etc. C'est laborieusement vrai, mais seulement pour une conscience « prise » dans l'Histoire et son affligeante usine à gaz !
De l'indigente complicité des pétomanes ?
Et le hamster dans sa roue de s'autovalider, alors que grâce à la qualité du support de ses ruminations il venait d'avoir la chance de s'affranchir du moyeu, son nombril ! Zut...
Bref, après on fait quoi ? Faute d'aptitude à percevoir l'éternelle actualité de la Kabbale traditionnelle, on file s'inventer une kaballe « moderne » dans une arrière boutique rosicrucienne de plus ? Pour changer de roue ?
Le plus marrant serait de tenter la même « réduction de tête » (à défaut de coeur) avec l'herméneutique actuelle (l'universitaire et ses recyclages ésotérisant), montrer qu'elle n'est qu'un malentendu parfois productif, dérivé applati de certaines « lectures » traditionnelles du sacré. G. Gusdorf en a déjà fourni les matériaux, y a pu qu'à rectifier avec quelques gouttes de vitriol et, porter le coup de grâce... Fastoche, mais aussi vain qu'injuste.
Rapporté par Charly : « Pour la Kabbale, c’est beaucoup plus simple, dans le contexte alchimique il n’y a de référence qu’à la kabbale chrétienne qui apparaît avec Pic de la Mirandole, Giorgi, Reuchlin et Postel. Le but de ces derniers, initiés à la tradition juive, consistait à prouver que la présence de la Trinité et du Christ était dans la Thora. Par le jeu des permutations de lettres, ils ajoutèrent le SHIN hébraïque, symbole du feu et du Verbe, au Tetragrammaton imprononçable (4 consonnes sans voyelles), pensant ainsi pouvoir le prononcer. »
Ce procès d'intention laisse supposer une candide ou infantile tentative de résoudre (?) un Mystère, moyennant une simplette pirouette alphabétique. Or, une fréquentation, même superficielle, des plus profonds de ces kabbalistes chrétiens montre que la « prononciation » en question, est celle, perpétuelle, devinée-entendue entre le coeur de l'être qu'ils sont et celui qu'ils a-paraissent, et simultanément entendue au coeur de l'alpha et omega du Monde qu'ils perçoivent.
Ce « et » est le WAW, situé dans la brèche (sa crèche) : cette rupture manifeste entre le MA et le MI de Shama-ïm. Il est à la fois le fruit de la réunion, des nôces, de ces deux; la source en Aïn Soph de ce tout où deux pôles rèvent de se distinguer; et la brèche, l'intervalle, qui semble mettre Terre et Ciel dos à dos, faisant de la prime distinction comme une sorte de division (mystère d'iniquité).
Pas facile à résoudre...même en sortant un gros Shin du chapeau. Il ne s'agit pas de prestidigitation mais de théurgie (sans l'égo si possible...).
« Quand les kabbalistes traitent de la langue hébraïque, ils traitent en fait de la langue en général, en tant qu'elle est appel et appellation sacrée de tout ce qui est créé. Sans doute derrière le signe (seul pris en compte dans l'effort de « prononciation » précédant), le kabbaliste découvre l'idéogramme, et c'est bien comme tel que valent pour lui les lettres hébraïques. Les sons créateurs élémentaires décrits dans « la Source de la Sagesse » sont aussi bien des idées que des énergies existentiatrices ». (Ch. Mopsik).
(Merci Charly pour ce merveilleux témoignage sur l'abbé Boon...).
Dommage pour Scholem de ne pas avoir au moins supposé que l'accomplissement (micro et macrocosmique) du paradoxal commandement originel : « deviens ce que tu es », nommé par eux (en eux), Christ... ne relève pas du mal-entendu, bien au contraire. On a l'oreille qu'on peut...(Ubu).
Les kabbalistes juifs entendent également cette voie de fin silence, même s'ils n'en nomment pas vraiment l'énonciateur (quoiqu'Hénockh-Métatron, voire Elie... y postulent souvent), ils la laissent ouverte; hologrammiquement et fractalement répartie par-Tout à partir de son Rien. Et inversement. Sans doute un effet (de modestie) de leur « devekut », tenue à bonne et réglementaire distance par la Rigueur...
Aboulafia (malgrè sa mysogynie) a exploré jusqu'aux confins du dicible cette anthropomorphique « matrice »; on y adjoindra avec profit les méditations d'Ibn Arabi via Corbin (in « Face de Dieu, face de l'homme »). Et pourquoi pas celles de Stephen Jourdain sur la 1ère personne...?
En revanche, quoiqu'en suggère la science des cycles (trop souvent appréhendée par ses circonférences plutot que par son centre absent), il ne me semble pas que cet accomplissement, entrevu-vécu comme « toujours-déja-imminent », (car intensément immanent au Créé), laisse supposer une résolution futuriste, historisciste, du X (ou Khî) de l'équation Temps + Eternité... qu'ils (kabbalistes et adeptes) incarnent, éprouvent, avec l'intensité requise. Seule « solution » permettant, si Dieu le feu, de passer le mur du Son... au bon moment : maintenant.
Que certains se soient pris les pieds dans la lettre (tentation bien illustrée par le sabbatéisme et sa rédemption par le péché... allant chercher dans les fèces ce que seule l'alchimie peut y trouver)
puis dans un calendrier messianique plaqué sur celui offert par les PTT, n'invalide pas la gourance.
J'aurai bien aimé éplucher le 3ème tome, retiré, des Fulcanelli, pour en confronter l'Apocalypse avec celle, indubitablement au Présent, Donum Dei, des « Dialogues avec l'ange ».
« Le messie ne viendra pas le dernier jour, mais le lendemain », disait Kafka avec une abyssale ironie.
Que le problème tient peut-être à la difficulté de (se) formuler, chanter, intelliger cette intensité, vécue comme une « tension-vers », du Présent sourdant de nos présences retrouvées.
De prendre localement conscience de ce jaillissement d'être, perçu comme allant croissant; de ce renouvellement-révélation qu'il propage alentour... sans recourir avant terme au futur !
Messie, Grand Soir, Apocalypse, Fête de la Musique, Croix d'Hendaille, tirage du Loto, etc...
Bas-culer hativement « en avant » pour cause d'une once de retard sur l'éternité, c'est dommage.
Car, une ultime mort plus loin (fana du fana du soufisme), il n'y a plus qu'Apocastase à perte de vue ! Les spires temporelles résorbées en leur axe y somnolent gentiment, et les « comme » : au service de la seule poèsie, enfin ! Comme dit Alleau, « l'alchimie n'est pas allégorique, mais exégèse »; et : « l'intelligible s'articule à l'indicible ».
Dans sa foulée, quoique moults étages plus bas pour ce qui nous concerne ici, le gros du problème provient de la perception de ces dévoilements « littéraires » par des ceusses n'habitant que la temporalité commune et, surtout : n'en imaginant pas (humblement) d'autres. Là, les malentendus prolifèrent inévitablement... souvent dotés d'une assurance con-fondante; surtout de nos jours où les sages se tiennent loin du micro.
La façon qu'à Alambic de se représenter le sujet est intéressante en ce qu'elle est emblématique des approches « contemporaines ». (Rien de perso dans mon constat).
« Pour moi, je vois que mon approche de ces deux disciplines se rejoindront… plus tard, pour l'instant, je n'arrive pas à les intégrer dans un système cohérent »
Disciplines, système ? Même si à vue de nez cette terminologie semble utilisable, elle est redoutablement incapacitante et réductrice, car objectivante. Car, au fond du fond, éprouvés idoinement via un effacement ponctuel ou durable de moi-m'aime (sujet se penchant sur l'objet d'étude), il apparaît que ces « systèmes » nous pensent, nous vivent, plus qu' « on » ne les pense ou pratique. En faire un système, c'est comme disséquer un cadavre pour y chercher l'emplacement de la vie... On croit revoir en boucles Youri Gargarine, sans les anges, se tripotant l'athéisme devant son hublot !
Pour finir, on attend d'un bon système qu'il soit clos car gérable donc rentable; or ici l'architectonique relève de la cohérence du Vivant d'une part, et, d'autre part son vortex est ouvert à la fois « en bas » et « en haut ». Aussi, que des mini golems aspirent à le gérer du « dehors » (c'est où ???), maitriser, circonvenir, est d'une prétention hillarante dans la plupart des cas, tragique pour quelques uns, théurges de traviole.
Ne pas être à même d'imaginer, à défaut de percevoir, que ces jardins du Sens s'inventent par Révélation (re-trouvée par coïncidence, dans le noir, des coeurs mico et macrocosmiks) et non par raison raisonnante est rhédibitoire. On n'attend pas de ces édifices qu'ils soient vrais, au sens commun ou scientiste du terme, mais Vrai-semblables : qu'ils soient en phase avec le Réel.
Plus que parfaits... d'où le fait que, ça et là dans leur trame, se devinera toujours l'imperfection d'origine. Alleau, après Fulcanelli, a charitablement insisté sur ces vases communicants par Grâce, et sur l'inefficience de la systémique perfection : « ex perfecto nihil fit... ».
(En passant, et dans le même ordre d'idée, il se pourrait que les cathédrales « rêvées » par Fulcanelli soient de nature imaginale donc d'un degrè de Réalité n'ayant rien à envier à celle de leurs homologues empierrés. Le même est autre... d'où les couacs relevés par Charly, mais qui me semblent sans grande conséquence.
Mélusines : à la fois art de mémoire et tremplin vers l'anamnèse; pas plus mais surtout pas moins.
Si le coeur y est, ça funambulise entre fixe et volatil, tout et rien. Bref, « templum », au sens dévoilé par Corbin in « Temple et contemplation »).
Mais continuons, dans le sillage d'Alambic.
« Pour l'alchimie, entre Hermès et Fulcanelli, il s'est passé tellement de choses qu'il est devenu impossible maintenant de s'entendre sur une définition… »
Mouais, sauf qu'entre Hermès et tous les adeptes, de jadis et de demain, il ne se passe, somme toute, que le miracle d'une seule chose; et qu'il est fâcheux ne pas pré-sentir qu'Hermès est, avant toute descendance... une « hypostase » du Logos herméticos. Laquelle « épiphanie » s'actualise, à nouveau (Vita nuova), quelle qu'en soit la vêture, au coeur de chaque nouvel adepte. Hermes redivivus...
Bref, pour en finir avec l'illusion d'un « progrès » en alchimie, (prétexte à caser je ne sais quelle « largesse » d'opinion plurielle) oyez : « Ce qui se formule sur ces sujets d'un individu à l'autre, d'un livre à l'autre, d'un symbole ou d'un monument à l'autre en alchimie, le relais étant de pierre, depuis des siècles, quelque soit le pays et la religion, n'a jamais varié ». ( le « Grand Oeuvre dévoilé » de Trojani).
Why that ? Car, dit-il, « ils ont interrogé la Nature, et dans cette nature, ce qui est en bas, la matière, pour comprendre ce qui est en haut et établir une médiation accessible entre le haut et le bas ». Avantage : la dite matière, « malgré son aspect frustre et sa simplicité, ne peut pas mentir. Elle ne peut être que ce qu'elle est. »
A ce niveau, la Base fondamentale, (Terre et Ksâ tattva du tantrisme shivaïte), l'avenir n'a pas de passé autre que celui de la Genèse. Onto et psychogenèse, internellement superposées; vu qu'Il nous fit à Son image. Qu'est-ce à dire ? Un léger détour par une exotique physiologie d'outre-tombe nous permettra de tomber plus avant vers le haut, pour frôler le centre.
Dans le corpus gravitant autour et à partir du « livre des morts tibétains », se trouvent quelques infos-pépites, fondements de leur médecine d'une part et, d'un « yoga » déconcertant puisqu'il n'y a rien à « faire » ou si peu. Juste percevoir... à partir de l'état d'éveil d'étranges « phosphènes » occasionnés, non par des troubles visuels ou l'Ignorance, mais par la Vue la plus limpide, celle du Soi.
Nommés « thiglés », ils sont pures manifestations des Eléments fondamentaux, (en rien des visualisations !) dont nous sommes tissés comme tout le « reste ». On notera en passant que la couleur bleue y pré-domine, tout comme en kabbale pour le Luz, cité ou corps-bleu.... Les quatres autres « couleurs » ou éléments naissant de ce bleu himalayen.
Dans un magistral traité, « le miroir du coeur », il est révélé que deux thiglés, un blanc et un rouge (comme dans l'allégorie de Merlin, par exemple), s'unissent au moment de la conception d'un humanoïde et... « piègent le principe conscient » de l'être à naître.
Du Vide, mais néanmoins « piégé », voilà qui suggère d'en finir avec un advaïta simpliste... complice du néant, de ces ténèbres extérieures qui n'en finissent plus d'envahir la planète.
« L'ensemble de ces trois forme une quintessence énergétique, sans substance quoique formelle, et support de la Vue-Claire Lumière », habituellement perçu après le décès mais néanmoins déjà présente sous l'égo.
« De ce nucleus va naître l'ensemble des canaux subtils où circuleront les « souffles » (loung ou prana), qui sont les véhicules actifs de l'esprit et dont les mouvements conditionnent la venue des pensées discursives et des émotions. Ces souffles animent également tous les mouvements internes du corps indispensables à la vie de celui-ci ». (Ph. Cornu).
Il peut être utile de mentionner aussi qu'à quelques jours de marche de cette sapience, on en trouve une fort voisine au Kashmir. Comme sa consoeur, elle ne dissocie pas macro et microcosme à ce niveau de jaillissement, ni ensuite du reste... Mais sa perspective peut contribuer à éclairer notre scène originelle. Comme sa consoeur, son énoncé n'est qu' une description, la plus fidèle possible de « ce qui est »; rien de dogmatique, de supposé ou à croire ici, c'est ainsi...et à vérifier. Réalisme total, pragmatisme poussé au rouge, même si on peut en rendre compte autrement comme on le verra plus loin, surtout à la fin de ce post.
« La kundalini du souffle de vie précède l'émanation proprement dite, dont émergent les niveaux de réalité (tattva). Située à l'orée du déploiement cosmique elle n'est encore que l'ébranlement de la manifestation objective, simple tendance à s'extérioriser (...) pointe tournée vers l'origine, à savoir la manifestation de l'univers ».
« Ksemaraja indique comment la Conscience se transforme en énergie vitale. Bien qu'elle soit la Réalité la plus intime et l'universelle fondement, la suprême Conscience, cachant sa véritable essence au stade de l'illusion (maya), s'extériorise toujours d'avantage et quand elle atteint le point (bindu) son mouvement prend fin : elle s'est alors déployée en prana, selon la parole célèbre : « d'abord la Conscience s'est développée en souffle de vie ». (Lilian Silburn).
Souffle pour les uns, vapeur chez d'autres... « Son état originel est pour ainsi dire une vapeur ou un bouillonnement du grand mystère du Verbe exprimé qui, en tous lieux réexprimé, représente à chaque fois qu'il résonne à nouveau une figure de lui-même, un être selon l'esprit. » . Ainsi, poursuit J. Boehme, chaque chose ou être, ne forment qu'un centre unique, « et c'est une racine unique de laquelle tout provient et elle ne se distingue que par la manière plus ou moins compacte dont elle est coagulée ».
Profitons de ce vaporeux carrefour à Vierge noire, de ces subtils souterrains pour, en douce, quitter l'Histoire et voir ce que ça fait. Soit, une autre approche privilégiant le versant « signifiés » ; (si possible une fois digérée l'approche historienne repérant les mésaventures du signifiant; pour bien faire dans le pot et pas à coté) :
- de Quoi ou de Qui k' ça cause, (et à qui ?) grâce et/ou malgré telle ou telle perspective culturo-religieuse et sa trâme de symboles. L'affaire y est beaucoup plus délicate, car au prime abord menacée par les « fantaisies » d'une subjectivité mal épurée; mais une fois ce danger écarté ou réduit, il est possible que les connaissances courtisées, approchées, se renversent en co-naître, Grâce aidant. Un WAW y éclot... langé, irrigué, boosté par la nébuleuse sephira Daath. Shekinah portative... Trop mieux !
Il peut en résulter ce fait déconcertant : l'objet d'étude s'y révèle Sujet, et la carte : territoire. Au présent, sans faire d'Histoire ! ... Comment k'cé t-y possible ?
Il se pourrait que certains « sujet-objet » d'études induisent, instaurent, attirent beaucoup plus que d'autres cette possibilité réellement initiatique. Disant cela, j'ai bien conscience de prendre l'escalator métaphysique contemporain (védantin...) à contresens, mais pourquoi pas. Rien n'y pousse, hormis des fantomes s'égosillant sur le peu de réalité de... leur auditoire.
Une phénoménologie de la perception, plus honnête et plus fine que celle récupérable par la Publicité et la Comm, pourrait asseoir à la même table (ronde) l'épistémologie d'Eddington, le Tzim-tzoum d'Issac Luria, le thögal du Dzogchen et les versions imprimés du Rebis de notre alchimie. Sans bla-bla, juste pour y rêver autrement et gazouiller des hypothèses éprouvables charnellement... (Voir les deux sens du verbe « connaître », dans la Genèse).
Bref, un club échangiste mais juste pour ceux qui, d'une manière ou d'une autre, pré-sentent que la matière est de la lumière ralentie; pour lesquels la « distinction » pointée entre ces deux serpents (caducée), irradie, tourbillonne et déploie notre universion à partir d'un non-lieu présentant d' Un-pensables accointances avec la conscience, le vide... à commencer par celui qui nous noyaute.
Ibn' Arabi, un des rares (avec Abhinavagupta) à avoir scruté, sans faillir, ni gommer ni réduire ni disloquer, ce Mésocosme nous en désigne le secret, en rapport avec ce qu'il appelle l'imagination théophanique, perpétuelle origine de l'univers par son souffle de compatissance (Nafas Rahmânî) :
« Le monde est représentation pure (motawahham), il n'a pas d'existence substancielle; c'est cela le sens d'Imagination. Comprends alors qui tu es, comprend ce qui est ton ipséité, quel est ton rapport avec l'Etre Divin; prends conscience par quoi tu es Lui, et par quoi tu es autre que Lui, le monde ou quel que soit le mot que tu préfères. »
Alors, entre émerveillement et effarement, son irradiance éprouvée (par le coeur via l'intellection pourquoi pas / « des sens au Sens » dit Alleau) ce silence murmure, vibrionne des idées-forces, témoigne d'une présence heureusement plus convaincante que la nôtre... même si cette dernière semble y participer, (de force plus que de grè).
Le paradoxe, en ces matières intellectives (comme en celles se rapportant au vrai corps-sensation, articulé par du sémantique pur, non-humain mais musical) étant qu'il faut apprendre pour oublier l'erreur (la « nôtre »), puis...refaire Ses gammes pour participer directement au goût du Tout. Sans se perdre dans un inventaire crispé ou totalitaire de ses articulations (impensables diffractions du Vide médian), ni les nier ou minimiser. Art de musique ?
« Chacun des cinq sens est une marche. D'abord la matière – et c'est la main qui touche. Puis l'eau qui dissout, et c'est le goût. L'air – matière fine, c'est l'odeur. C'est une matière encore plus fine que transmet l'oreille. La lumière - qui traverse l'oeil - est le cinquième. Et les cinq ENSEMBLE sont le sixième, le LIEN. Le septième est la Graîne. Instant créateur ! Lorsque les sept n'absorbent pas - mais DONNENT. « Que ta volonté soit faite là haut et ici bas ! ». Entre le haut et le bas se trouve votre tâche : le LIEN. La Co-naissance, l'élément humain, l'élément créateur ». (Dialogues avec l'ange).
Art Royal ? P'têt ben, mais sans jamais oublier ceci :« Nous ne pouvons porter que peu de chose, à peine une couronne de papier doré » (Ph. Jacottet).
Pour ceux qui, du fait de leur « sensiblité » ou de leurs « intérêts », n'y verrait que prise de choux plutôt qu' Idées-forces (toujours actuelles) à éprouver corporellement.... ces deux propositions de F. Trojani comme un préambule ou une aspirine :
« Généralement on croit voir, alors que l'on pense. On croit percevoir, alors qu'en réalité on conçoit. On a des sensations alors que l'on croit comprendre. On croit se vivre alors qu'on se lit. On croit expérimenter alors qu'en réalité on symbolise. On affirme, alors qu'il s'agit tout au plus de narration, etc. »
Bref, ça craint velu...
Remède possible ? Ben oui, faut refaire le parcours en sens inverse pour annuler l'hallu, surtout si l'on se pense concerné par une rando menant dans le « milieu des choses secrètes », comme disait Dante. Soit, une voie requérant la totalité de nos attributs humains (moins l'orgueil), et non la seule propension à barbotter, décervelé, dans un « sentiment océanique »; ou autres moyens de moyenner pris pour une fin en Soi.
Médoc :
« Qu'en est-il de la science d'Hermès et en quoi se distingue-t'elle de ces universels schémas ? (...) Elle invite à un ensemble de délocalisations et de relocalisations successives, dans un antérieur ou un intérieur d'elle-même et de la pensée pétrifiée : « moi ». J'entends, par une remontée de cette pensée locale à celles d'idées plus vastes et générales. Puis de ces idées à des symboles qui en affinent encore le sens et lui permettent une approche de l'Universel. Puis enfin, en continuant encore son parcours, de ces symboles à une matrice archétypale originelle. Le fameux je suis pour les uns, Dieu pour les autres, et atome primitif ou big-bang pour la science, c'est à dire un centre, d'où tout, pensées, spéculations, matière, chair, temps et espace, ont jailli. »
Quant à la kabbale, elle ira encore plus oultre (faute de lab-oratoire ?) dans ce Sens, mais sans brûler les roses (ce qui est remarquable), n'hésitant pas à affirmer, via une météorologie des plus chymiques, ceci :
« Sache que, lorsque les eaux d'une source coulent d'un endroit élevé vers un endroit situé plus bas, il se trouve une force capable de faire remonter ces eaux vers un autre endroit aussi élevé que celui d'où elles proviennent.
Il est aussi connu des cabalistes que la pensée humaine est issue du lieu de l'ame intellectuelle, car elle procède des réalités supérieures, or la pensée a la force de se dépouiller, de s'élever et de parvenir jusqu'à l'endroit d'où elle a émergé.
En rejoignant sa source, elle s'attache alors à la lumière supérieure d'où elle est émanée, et elles deviennent, cette pensée et cette lumière, une seule chose.
Lorsque la pensée recommence à s'épancher du haut vers le bas, le tout devient tel une unique ligne, et cette lumière supérieure procède vers le bas par la force de la pensée qui l'attire en bas, la Chekinah est ainsi présente en bas.
Alors la lumière éclatante se déverse et se répand dans le lieu même où celui qui a émis cette pensée réside. Ainsi les mystiques des temps anciens attachaient leur pensée aux réalités supérieures et attiraient la lumière suprème vers le bas, à partir de quoi les choses surabondaient et foisonnaient selon la force de la pensée.
C'est le secret de l'huile d'Elisée ainsi que de la poignée de farine et de la jarre d'huile d'Elie. »
- Prélevé dans la « Lettre sur la sainteté », admirablement traduite et présentée par Mopsik. (L'ayant une fois croisé, je n'oublierai jamais ses yeux de feu...Qu'il voyage éternellement en première classe sur Le Char !).
P.S. à l'intention du camarade Logos : tu remarqueras que cet usage de l'intellection présente beaucoup d'affinités avec celui valorisé par le shivaïte traité sur « La reconnaissance du coeur », dont nous bavâssames jadis ici.
Et, en reponse à Calcédoine, je crains qu'aucun kabbaliste juif digne de ce nom ne vienne « échanger » (Quoi avec Qui ?) sur un forum. Un simple survol de leurs textes montre qu'ils n'ont pas pour habitude d'étaler leur ressenti... préférant le déguiser en théories. Soit, ce qui, à l'évidence répugne à une majorité inquiétante de postulants au titre d'éveillé. Sans doute une préjudiciable confusion entre ce qu'ils pensouillent de la pensée et, ce qu'on en peut co-naître, passée l'épreuve du mouroir aux alouettes.
On peut, faute de grives, se rabattre sur les nombreux ouistitis qui, de nos jours, batifolent bruyamment sur l'Arbre de leurs Sephirot, mais je crains qu'ils ne soient hors Sujet...car sans foi ni loi. Ces deux piliers latéraux du dit Arbre, montants en esquissant l'accès... faisant seul passer de la copie à l'original.
Ne doutant plus qu'une colombe puisse parfois survoler notre bassine à neurones, je vais donc continuer à étayer ou contrarier (gentiment...) vos propositions sur ce fil, en commençant par suivre le fil d'Ariane déroulé par Alleau.
Dans une étude intitulée « Hypnos et Thanatos », se livrant à l'éxégèse d'une oeuvre de Campanella où, après nous avoir montré que la première tétractys phytagoricienne qui y figure est signe de reconnaissance des initiés aux mystères de l' « Art Royal », il en vient à nous informer que cette filiation pythagoricienne rattache l'artiste à l'Eglise de Jean (et non, de Pierre), soit « l'Eglise intérieure » de cette « pré-maçonnerie » mystérieuse dit-il et, qui interresse tant frère Charly.
L'éxégèse en question, tournant autour d'un jeu de mains entre un compas et une étrange balance chargée de nombres culmine par la découverte du 26; « nombre sacré par excellence des kabbalistes car il répond à la valeur numérique du nom même de Dieu : Iod, Hé, Vav, Hé ».
Et Alleau de conclure : « Un peu de réflexion suffit à découvrir que celui qui tient le compas dont les pointes désignent le 1 et le 0, est aussi Celui qui, seul, peut concilier l'Unité, le Tout et le Rien, ces trois points métaphysiques, au centre de son propre coeur ».
Avec un peu de flair, on devine là le parfum qui régne en cette Eglise intérieure, et qui, bien inhalé, favorise la réception du sens, aide à reconnaître l'intention des auteurs sacrés, voir de l'Auteur par excellence du seul livre écrit directement par Dieu : la Nature.
Le problème avec Alleau (et quelques rarrissimes autres), c'est qu'il n'y en a pas. Il sait vraiment de quoi il parle... ne projette rien de perso sur ce qu'il dé-chiffre; ça y était déjà disposé tel quel. Trans-mission. Bref, son alchimie et/ou sa cabale n'a pas grand chose à voir avec celle de tout un « chacun », façon Alambic, adepte des rapprochements insignifiants...mais sensibles. Why not; y a des maisons pour ça...
Notre inconvertible s'invitant à une définition (reportée ?) des deux termes, kabbale et alchimie, et mentionnant le cristallin Bahir, on pourrait, à défaut de dé-finir, s'aventurer (en mode poético-intellectuel, chouette !) à patauger dans les eaux-mère de l'Histoire (du Bahir et de La Tourbe entre autre), des fois qu'en ses arcanes on y trouve plus que Calcédoine concernant la complicité entre les deux minières en cause.
Au prochain épisode donc (si ça interresse only...), un bouquet vite fait mal fait de ce qu'on peut pêcher dans cet antérieur. Il se pourrait même que la machine à remonter ce temps nous projette avant lui (horloge photonique ?) : sur le perchoir où les Veilleurs du Livre d'Hénoch (et de Zozime le Panapolitain, tiens tiens) se tataient le plumage, avant de descendre nous apprendre quelques sciences « maudites »...
En attendant, je partage ce propos de Scénon (dont je salue la venue en notre modeste château de cartes) :
“Les alchimistes s'avèrent souvent connaître admirablement bien les Ecritures saintes, ou pour être plus précis, leur interprétation cabalistique. C'est comme s'ils nous suggéraient que l'étude de l'alchimie ne peut absolument pas être séparée de celle des Ecritures...”
Je note que Trojani aussi pense, qu'outre le grec emplumé (limite empoulé, je trouve) de Fulcanelli, « un cryptage différent, mais tout aussi subtil, existait avec le latin et la kabbale hébraïque »; et, dit-il, « on peut en retenir pour preuve la première et dernière planche du Mutus Liber ».
J'en suis, même si je déplore l'absence de considération, chez nos herméneutes, pour la bande-son. La trompette (ou sophar du Zohar) pourrait y donner des strideurs « traversières » façon Rimbaud, eschatologiques à souhait. Pas si muet que ça, le Livre...quand il s'ouvre dans le noir, entre le rayon violet d'Omega et l'Alpha !
Nos anciens amoureux de Science localisaient de même le coup d'envoi ou coup de foudre, sur l'ourobouros à la jonction Poissons-Bélier. L'ange des dialogues confirme : « L'homme créé est situé entre le commencement et la fin. L'homme créateur se situe entre la fin et le commencement. Entre le commencement et la fin est le temps. Entre la fin et le commencement est l'éternité. »
« La porte de la voie étroite est Omega - Alpha ».
Regardant ce sujet, (au pied de l'échelle angélique : Jacob en son « lieu terrible »), cautionné par un charitable passage du dernier Trojani :
« les textes qui exposent le Grand Oeuvre ondoient, entrelacent volontairement les uns avec les autres, en ne respectant pas les hiérarchies habituelles d'exposition. Croyant décrypter une « formule », selon toute apparence on ne peut plus pragmatique et opérationnelle, on est parfois en pleine métaphysique et inversement. Ici, toujours, l'exposition des choses du ciel s'entrelace avec celle de la terre, le subtil avec l'épais, la lumière avec l'ombre et l'abime, la vie avec la mort ».
... je me permets maintenant de soumettre à vos augustes attentions un vrai morceau de kabbale (et non une bribe errante, en rupture de van, comme le craindrait le sourcilleux Calcédoine).
Il provient du Zohar Hadash; est considéré comme le dernier message du midrash de Rabbi Shim'on bar Yohai. Mon petit doigt me dit qu'il nous invite aussi à plonger DIRECTEMENT dans les mystères de Cérès, où, semble t'il le tout gît dans son rien. On devine que les traffics d'influence entre alchimie et kabbale s'y originent. Qu'ils sont, en dernière instance, anté-diluviens... Arcane ?
Il se pourrait que cette chymique variante du Bardö Thödol soit « terriblement » au diapason (par son zoom sur le titanesque) des débuts de l'Oeuvre. Luz y es-tu ?. Soit, non seulement avec ce qui s'passe « dessous terre », mais avec le vécu, é-prouvé, conjointement par l'orant. Faute de quoi on reste chez Lavoisier.
Comme dans le « Miroir de coeur » cité plus haut, ce qui y est décrit comme vu l'est parce que vécu, pas pré-vu...même si pour accéder au soupirail on a eu recours à des symboles et universaux dont les teintures et proportions sont signés par un environnement « culturel » particulier.
En revanche, les « couleurs » ou idées-forces-percepts sous jacentes (et qui en SONT l'efficience) ne relèvent pas de l'humain trop humain... comme disait W. Reich. En ce sens, elles sont pure « objectivité »... d'un Sujet sans objets. Ainsi, ce lieu est terrible, son « expérience » annulant benoîtement mais surement... l'expérimentateur. La kabbale l'associe à la « terreur d'Isaac » et, Alleau y insista souvent, ça n'a rien d'une métaphore même si ça peut s'évoquer joliemment :
« Une hache dans le coeur... Dans ma voix se réveille la belle « Non-Etre », et elle arrache les mauvaises herbes ». (tantrika).
« Tu ne vois pas qui tu es, car tu es mais non toi ». (soufi).
Lire, épouser ces « couleurs », (Noms divins du soufisme ou kalis vacuitantes du Krama cashmirien), malgrè et grâce aux baggages d'une tradition donnée, c'est accèder à la vraie langue des oiseaux, parlée aussi bien par les cailloux que par les étoiles, mais seulement chantée à mi chemin. Par Qui ?
Ainsi que le dit Charly, « Le : “Prie, lis, lis, lis, relis, travaille...” du Mutus Liber n’invite pas premièrement à lire des traités d’alchimie, encore moins les cours de la bourse.
Ce sont bien des versets de la Genèse qui sont mis en exergue du livre et c’est bien le miroir de la Sagesse qu’il faut pour les LIRE, ou celui qui permet de “voir toute la Nature à découvert ».
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« Le juif commença son explication (sur Dt 32, 10) en citant le verset (Gen 1, 2) : Et la terre était tohû. Qu'y a t'il de commun entre la terre d'en haut et d'en bas ?
C'est que dans les deux cas : la terre était tohû.
Que signifie tohû ? C'est la ligne verdâtre qui ceint le monde entier; elle s'appelait la ligne du tohû; puisqu'il est écrit (Is 34, 11) : Il étendra sur lui les lignes de tohû et les pierres de bohû.
Comme nous l'avons appris, les pierres de bohû sont des pierres trempées qui sont enfoncées dans l'abîme, les eaux jaillissent à partir d'elles. Sur ce point tout le monde est d'accord, mais maintenant il faut concentrer son attention sur le mot tohû, qui est la ligne verdâtre !
Que signifie la ligne verdâtre (yaroq) ?
En réalité nous avons trouvé la réponse à cela dans le livre du médeçin Quirtina (– son nom est Jûdan de Césarée; on le surnomme « le médeçin Quirtina » car il est le plus grand parmi tous les médeçins, doué d'une sagesse glorieuse-), qui avait dit :
(Gen 1,2) la terre était tohû. Que signifie tohû ? C'est la ligne verdâtre qui ceint le monde entier. Mais qu'est-ce que c'est ? C'est l'écorce de la noix ('egoz). C'est la couche extérieure de l'écorce qui est verdâtre. A l'intérieur, c'est bohû; ce sont ces pierres trempées à partir desquelles les eaux jaillissent. En l'homme, à partir de tohû émanent la peau et la chair; à partir de bohû émanent les os de l'intérieur. Quant à l'obscurité (Gen 1,2) c'est de là qu'émane le peuple d'Esaü.
Si tu formules l'objection suivante : « ils émanent de tohû ? », vraiment c'est ainsi. Car tohû dépend de l'obscurité (hoshekh) ? »
Non, en réalité, les pierres trempées pénètrent dans le noyau central à partir duquel émanent les os, comme nous l'avons dit. L'obscurité est une émanation ténue d'où procède à son tour Esaü. Et l'esprit de 'Elohim (Gen 1,2) est la moëlle de la noix, à partir de laquelle émane Jacob, le parfait.
A l'image de cette noix, il est écrit (Ez 1,4) Voici qu'un vent de tempête (rûah se'arah) vient du septentrion : cela correspond à tohû;
en son intérieur il y a une grande nuée (Ez 1,4) qui correspond à bohû;
en son intérieur il y a le feu qui s'enflamme, qui correspond à l'esprit d'Elohim (Gen 1,2);
en son centre il y a une sorte de métal plongé dans le feu (hashmal, Ez 1,4), qui correspond à ce qui se mouvait au-dessus des eaux : c'est l'esprit de 'Elohim d'en haut, qui se meut au-dessus de l'Univers.
Et Jacob, le parfait, est vraiment la moelle de la noix, et le Saint, béni soit-il, (Dt 32,10) l'a trouvé dans une terre déserte, dans une solitude (tohû), vraiment. Ensuite, il imposa l'obéissance à toutes ces écorces (qelipot).
C'est jusqu'ici que cela était écrit dans le livre du médecin Quirtina. »
---------------------------------------------------
Cordialement votre.
aliboron, croque-morts pédagogue.
aliboron- Nombre de messages : 208
Age : 67
Date d'inscription : 15/07/2009
Re: Kabbale et Alchimie
L'extrait du Zohar hadash, cité à la fin de votre message, est extraordinaire! Je vous remercie d'avoir pris la peine de le transcrire.
Manifestement, l'alchimiste Thomas Vaughan a connu ce passage.En l'homme, à partir de tohû émanent la peau et la chair; à partir de bohû émanent les os de l'intérieur.
Or en tout homme, le problème c'est qu'Esaü étouffe Jacob.L'obscurité est une émanation ténue d'où procède Esaü. L'esprit d'Elohim (Gen. 1, 2) est la moelle de la noix, à partir de laquelle émane Jacob, le parfait.
De ce hashmal, ou electrum, les alchimistes ont beaucoup parlé, surtout Paracelse semble-t-il.En son centre il y a une sorte de métal plongé dans le feu (hashmal, Ez. 1, 4).
Scénon- Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 28/05/2011
Re: Kabbale et Alchimie
De rien, honorable Scénon.
Que Vaughan ait connu ce passage ne m'étonnerait point, voyez cet article :
http://www.beyaeditions.com/montano.pdf
Concernant le "hashmal" (electrum), ceci qui, d'un point de vue asin, relève d'un niveau d'inspiration devenu trop rare...
http://magick-instinct.blogspot.com/2009/04/sepher-ha-hashmal-1.html
Cordialement
a-ron
Que Vaughan ait connu ce passage ne m'étonnerait point, voyez cet article :
http://www.beyaeditions.com/montano.pdf
Concernant le "hashmal" (electrum), ceci qui, d'un point de vue asin, relève d'un niveau d'inspiration devenu trop rare...
http://magick-instinct.blogspot.com/2009/04/sepher-ha-hashmal-1.html
Cordialement
a-ron
aliboron- Nombre de messages : 208
Age : 67
Date d'inscription : 15/07/2009
Re: Kabbale et Alchimie
Bonjour,
“faire un système, c'est comme disséquer un cadavre pour y chercher l'emplacement de la vie... On croit revoir en boucles Youri Gargarine, sans les anges, se tripotant l'athéisme devant son hublot !”
“Nom d’un p’tit Président, j’entends l’Aliboron qui r’débaroule, Carlita monte le son de la téloche.” (un enfant de science)
Maître post l’ami ! Quel style et quelle culture, j’y verrais presque plus d’intrigue(s) que dans la Princesse de C... !
Cordonnier mais pas au-delà de la chaussure ! Je ne peux guère déborder de mes alchimiques borborygmes, mais je privilégierai ce jourd’huy quelques axes principaux couvrant l’ensemble de ce fil.
De prime, pour résumer voire recadrer le débat, je rappellerai (Alleau ?) que la dizaine (onze ?) de textes d’alchimie moyenâgeuse provient comme son nom l’indique (fort bien) des arabes ayant traduit des manuscrits coptes et grecs - ne semblant guère dépasser le niveau de la chrysopée canselieresque - en leur ajoutant quelques joliesses métaphysiques. Je veux encore (et toujours !) souligner l’importance de l’alchimie en Islam du moins (+ !) chîite: “l’alchimie est soeur de la prophétie”, cette importance n’a pu laisser indifférente les deux soeurs rivales. L’aperçu que nous a livré Al’ Lib Oron sur les roues séphirotiques (et hamstérielles) semble suffisant à notre instruction, la soeur chrétienne s’avérant singulièrement à la traîne à l’époque des Pic et Reuchlin.
Contrairement à ses soeurs tribales, la religion chrétienne est une religion urbaine, aussi ne critiquât-elle ici et là que les excès des (faux) alchimistes car elle avait relativement conscience de son extrême indigence de compassion devant l’autre face de la création, la nature. Certes pour des peuples de pasteurs il suffisait qu’il n’y ait que des animaux dans l’Arche symbolique, pas de graines ni de plantes ! Le culte de la Nature Mère et Vierge reprendra peu à peu quelques droits avec la tardive reconnaissance d’une “immaculée conception”, seule l’alchimie assuma ce déséquilibre en affirmant pour l’homme une voie de connaissance du créateur par celle des trois règnes de sa création, l’influence des astres et la (re)connaissance de nos “frères lépreux”: les métaux.
Mais pour revenir à nos premiers diffuseurs de la kabbale chrétienne, il faut bien tenir compte de l’ignorance crasse du plus ou moins bas clergé de l’époque qui était souvent l’objet de la risée populaire. Beaucoup de membres de ce clergé (dans “les Allemagnes”) ignoraient qu’il y eut deux testaments ! et c’était un coup (mauvais) à se faire remarquer de leur tenir de tels propos !hérétiques ! Bien que Luther avec son livre: Jésus, “Juif de naissance” paru en 1523, défendit les juifs : “ Si j’avais été Juif et que j’eusse vu le christianisme inspirer des actes si iniques, j’aurais mieux aimé être un pourceau qu’un chrétien.” ! Reuchlin (oui, il est mort en 1522 !) était aussi antisémite que ses contemporains, mais sa curiosité d’humaniste (salut Capnion) le conduisit à apprendre l’hébreu par lui même puis par un maître juif qu’il protégea. Il faut imaginer ses démêlés avec les Men In Black de l’époque dont le chevalier Ulric Von Hutten ridiculisa le plus extrémiste.
Ceci pour resituer le contexte des interrogations ultra positives de Aliboron quant à mes propos (pour une fois) exotériques ! :
« Le but de ces derniers (kabbalistes chrétiens), initiés à la tradition juive, consistait à prouver que la présence de la Trinité et du Christ était dans la Thora. Par le jeu des permutations de lettres, ils ajoutèrent le SHIN hébraïque, symbole du feu et du Verbe, au Tetragrammaton imprononçable (4 consonnes sans voyelles), pensant ainsi pouvoir le prononcer. »
Aliboron répond, avant de savantes exégèses : “Ce procès d'intention laisse supposer une candide ou infantile tentative de résoudre (?) un Mystère, moyennant une simplette pirouette alphabétique.”
Des recherches ne m’ont amené à voir en cela qu’un rideau de fumée à destination de la Sorbonne, de l’Inquisition, de... selon les temps et les lieux ! Si l’on songe au choc ressenti par Ficin en traduisant les textes hermésiens, les procédés kabbalistiques des juifs durent fasciner les humanistes y ayant accès, songeons au cas extrême d’un Postel.
Tout le processus vient d’Italie (avec Giorgi) et ce qui se termine à Venise et Florence va commencer quelques mois, quelques années plus tard , à Lyon, puis à la Sorbonne et gagner “les Allemagnes”. Même de grands voyageurs se firent brûler pour entrer par mégarde à quelques jours près dans un pays, Agrippa puis Dee surent jongler grâce aux réseaux secrets des imprimeurs, mais Giordano Bruno, Servet... ... ...
Il n’y avait officiellement aucun juif en Angleterre à cette époque ! Aussi pour divorcer et entraîner ce qu’on sait, Henry VIII eut recours aux connaissances de Giorgi, car les juifs étaient les “docteurs de la Loi” !
Je suis quand même étonné que personne dans ce fil n’ait répondu à ma proposition de cerner les trois acceptions du vocable “cabale/kabbale” ! ce qui aurait peut-être eut le mérite de faire comprendre cette étrange assertion (étrange parce que non étayée) de Scénon :
“ Sur l'origine cabalistique de l'alchimie, voici quelques précieux vers de La Fontaine des amoureux de science de Iehan de la Fontaine:
“Science si est de Dieu don,
Qui vient par inspiration.
Ainsi est science donnée
De Dieu, et en l'homme inspirée.”
Glarg ! Faut-il maîtriser (comme le fait à merveille Scénon !), le verbe hooghvorstien pour comprendre ?
Le Maître du-dit Scénon, fin hermétiste qui enseignait la kabbale hébraïque a énoncé en effet : “il n’y a pas d’alchymie sans cabale” (j’ai respecté le Y)
Je réponds: certes, mais les textes alchimiques ne traitent pas “vraiment” de kabbale hébraïque ou musulmane, mais de la “leur”), chaque sphère de connaissance utilise des formulations différentes.
Pour expliciter quelque peu, considérons les 22 triomphes du Tarot et les 22 lettres de l’alphabet hébraïque, les Maçons ont voulu faire coincider chaque carte du Tarot avec une lettre, le résultat est catastrophique !
Tarot et alphabet hébraïques appartiennent au centre unique du cercle de 360 ° déterminant 22 polygones réguliers, mais ces 22 expressions symboliques du Verbe, selon qu’on les visualise comme lettres ou comme images seront deux matrices de langage différents n’ayant rien en commun à leur périphérie : “car tout s’oppose par les extrêmes mais se rejoint par les milieux” (Règne de l’Esprit Pur)
Que les trois religions du Livre nécessitent le Don de Dieu pour “se dirent” révélées, je n’en doute pas ! Leur “intérieur” ont centre commun, dans tous les sens du terme (5 puis 6), et “cela” s’appelle Alchymie par quelques uns, dont l’accés (Introitus apertus) au Palais Fermé nécessite évidemment le Donum Dei, le don de la Sagesse.
C’est la grâce que je nous souhaite !
Cordialement,
C...a
“faire un système, c'est comme disséquer un cadavre pour y chercher l'emplacement de la vie... On croit revoir en boucles Youri Gargarine, sans les anges, se tripotant l'athéisme devant son hublot !”
“Nom d’un p’tit Président, j’entends l’Aliboron qui r’débaroule, Carlita monte le son de la téloche.” (un enfant de science)
Maître post l’ami ! Quel style et quelle culture, j’y verrais presque plus d’intrigue(s) que dans la Princesse de C... !
Cordonnier mais pas au-delà de la chaussure ! Je ne peux guère déborder de mes alchimiques borborygmes, mais je privilégierai ce jourd’huy quelques axes principaux couvrant l’ensemble de ce fil.
De prime, pour résumer voire recadrer le débat, je rappellerai (Alleau ?) que la dizaine (onze ?) de textes d’alchimie moyenâgeuse provient comme son nom l’indique (fort bien) des arabes ayant traduit des manuscrits coptes et grecs - ne semblant guère dépasser le niveau de la chrysopée canselieresque - en leur ajoutant quelques joliesses métaphysiques. Je veux encore (et toujours !) souligner l’importance de l’alchimie en Islam du moins (+ !) chîite: “l’alchimie est soeur de la prophétie”, cette importance n’a pu laisser indifférente les deux soeurs rivales. L’aperçu que nous a livré Al’ Lib Oron sur les roues séphirotiques (et hamstérielles) semble suffisant à notre instruction, la soeur chrétienne s’avérant singulièrement à la traîne à l’époque des Pic et Reuchlin.
Contrairement à ses soeurs tribales, la religion chrétienne est une religion urbaine, aussi ne critiquât-elle ici et là que les excès des (faux) alchimistes car elle avait relativement conscience de son extrême indigence de compassion devant l’autre face de la création, la nature. Certes pour des peuples de pasteurs il suffisait qu’il n’y ait que des animaux dans l’Arche symbolique, pas de graines ni de plantes ! Le culte de la Nature Mère et Vierge reprendra peu à peu quelques droits avec la tardive reconnaissance d’une “immaculée conception”, seule l’alchimie assuma ce déséquilibre en affirmant pour l’homme une voie de connaissance du créateur par celle des trois règnes de sa création, l’influence des astres et la (re)connaissance de nos “frères lépreux”: les métaux.
Mais pour revenir à nos premiers diffuseurs de la kabbale chrétienne, il faut bien tenir compte de l’ignorance crasse du plus ou moins bas clergé de l’époque qui était souvent l’objet de la risée populaire. Beaucoup de membres de ce clergé (dans “les Allemagnes”) ignoraient qu’il y eut deux testaments ! et c’était un coup (mauvais) à se faire remarquer de leur tenir de tels propos !hérétiques ! Bien que Luther avec son livre: Jésus, “Juif de naissance” paru en 1523, défendit les juifs : “ Si j’avais été Juif et que j’eusse vu le christianisme inspirer des actes si iniques, j’aurais mieux aimé être un pourceau qu’un chrétien.” ! Reuchlin (oui, il est mort en 1522 !) était aussi antisémite que ses contemporains, mais sa curiosité d’humaniste (salut Capnion) le conduisit à apprendre l’hébreu par lui même puis par un maître juif qu’il protégea. Il faut imaginer ses démêlés avec les Men In Black de l’époque dont le chevalier Ulric Von Hutten ridiculisa le plus extrémiste.
Ceci pour resituer le contexte des interrogations ultra positives de Aliboron quant à mes propos (pour une fois) exotériques ! :
« Le but de ces derniers (kabbalistes chrétiens), initiés à la tradition juive, consistait à prouver que la présence de la Trinité et du Christ était dans la Thora. Par le jeu des permutations de lettres, ils ajoutèrent le SHIN hébraïque, symbole du feu et du Verbe, au Tetragrammaton imprononçable (4 consonnes sans voyelles), pensant ainsi pouvoir le prononcer. »
Aliboron répond, avant de savantes exégèses : “Ce procès d'intention laisse supposer une candide ou infantile tentative de résoudre (?) un Mystère, moyennant une simplette pirouette alphabétique.”
Des recherches ne m’ont amené à voir en cela qu’un rideau de fumée à destination de la Sorbonne, de l’Inquisition, de... selon les temps et les lieux ! Si l’on songe au choc ressenti par Ficin en traduisant les textes hermésiens, les procédés kabbalistiques des juifs durent fasciner les humanistes y ayant accès, songeons au cas extrême d’un Postel.
Tout le processus vient d’Italie (avec Giorgi) et ce qui se termine à Venise et Florence va commencer quelques mois, quelques années plus tard , à Lyon, puis à la Sorbonne et gagner “les Allemagnes”. Même de grands voyageurs se firent brûler pour entrer par mégarde à quelques jours près dans un pays, Agrippa puis Dee surent jongler grâce aux réseaux secrets des imprimeurs, mais Giordano Bruno, Servet... ... ...
Il n’y avait officiellement aucun juif en Angleterre à cette époque ! Aussi pour divorcer et entraîner ce qu’on sait, Henry VIII eut recours aux connaissances de Giorgi, car les juifs étaient les “docteurs de la Loi” !
Je suis quand même étonné que personne dans ce fil n’ait répondu à ma proposition de cerner les trois acceptions du vocable “cabale/kabbale” ! ce qui aurait peut-être eut le mérite de faire comprendre cette étrange assertion (étrange parce que non étayée) de Scénon :
“ Sur l'origine cabalistique de l'alchimie, voici quelques précieux vers de La Fontaine des amoureux de science de Iehan de la Fontaine:
“Science si est de Dieu don,
Qui vient par inspiration.
Ainsi est science donnée
De Dieu, et en l'homme inspirée.”
Glarg ! Faut-il maîtriser (comme le fait à merveille Scénon !), le verbe hooghvorstien pour comprendre ?
Le Maître du-dit Scénon, fin hermétiste qui enseignait la kabbale hébraïque a énoncé en effet : “il n’y a pas d’alchymie sans cabale” (j’ai respecté le Y)
Je réponds: certes, mais les textes alchimiques ne traitent pas “vraiment” de kabbale hébraïque ou musulmane, mais de la “leur”), chaque sphère de connaissance utilise des formulations différentes.
Pour expliciter quelque peu, considérons les 22 triomphes du Tarot et les 22 lettres de l’alphabet hébraïque, les Maçons ont voulu faire coincider chaque carte du Tarot avec une lettre, le résultat est catastrophique !
Tarot et alphabet hébraïques appartiennent au centre unique du cercle de 360 ° déterminant 22 polygones réguliers, mais ces 22 expressions symboliques du Verbe, selon qu’on les visualise comme lettres ou comme images seront deux matrices de langage différents n’ayant rien en commun à leur périphérie : “car tout s’oppose par les extrêmes mais se rejoint par les milieux” (Règne de l’Esprit Pur)
Que les trois religions du Livre nécessitent le Don de Dieu pour “se dirent” révélées, je n’en doute pas ! Leur “intérieur” ont centre commun, dans tous les sens du terme (5 puis 6), et “cela” s’appelle Alchymie par quelques uns, dont l’accés (Introitus apertus) au Palais Fermé nécessite évidemment le Donum Dei, le don de la Sagesse.
C’est la grâce que je nous souhaite !
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
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