Chercheur d'Or
2 participants
Page 1 sur 1
Chercheur d'Or
.
Voici une romance faite en alexandrins.
C’est toi qu’elle interpelle, toi qui cherches de l’or.
Parfois le texte est clair, mais parfois sibyllin.
Quel que soit le mystère, compte sur Toi d’abord...
. . . . . . . . . . . . . . . .
Voici une romance faite en alexandrins.
C’est toi qu’elle interpelle, toi qui cherches de l’or.
Parfois le texte est clair, mais parfois sibyllin.
Quel que soit le mystère, compte sur Toi d’abord...
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Avant que l’Univers soit matérialisé,
Brûlant des mille feux de ses astres parfaits,
Ce que nous nommons Temps ne pouvait exister.
Dans le vide quantique, la Conscience était.
Elle était par elle-même, sans référence à rien,
Frémissante de Vie, d’Energie contenue.
Gorgée d’un Bonheur débridé de tout lien,
Heureuse d’exister à fond sans retenue.
. . . . . . . . . . . . . . . .
Brûlant des mille feux de ses astres parfaits,
Ce que nous nommons Temps ne pouvait exister.
Dans le vide quantique, la Conscience était.
Elle était par elle-même, sans référence à rien,
Frémissante de Vie, d’Energie contenue.
Gorgée d’un Bonheur débridé de tout lien,
Heureuse d’exister à fond sans retenue.
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Après que l’Univers fut matérialisé,
Brûlant de tous ses feux les mondes qui naissaient,
Ce que nous nommons Vie commença d’exister.
Divertie de cantiques, la Conscience veillait.
Elle était la Lumière pour les myriades d’yeux
Frémissant du désir de se refondre en Elle.
Gérant les harmonies pour que tout soit au mieux,
Harpes et voix d’anges structuraient terre et ciel.
Il apparut des hommes qui se tinrent debout,
Joignant la terre au ciel par le biais de leurs corps
Karmiquement inscrits dans le Temps et sa roue,
Libres d’être des dieux mais l’ignorant encore…
. . . . . . . . . . . . . . . .
Brûlant de tous ses feux les mondes qui naissaient,
Ce que nous nommons Vie commença d’exister.
Divertie de cantiques, la Conscience veillait.
Elle était la Lumière pour les myriades d’yeux
Frémissant du désir de se refondre en Elle.
Gérant les harmonies pour que tout soit au mieux,
Harpes et voix d’anges structuraient terre et ciel.
Il apparut des hommes qui se tinrent debout,
Joignant la terre au ciel par le biais de leurs corps
Karmiquement inscrits dans le Temps et sa roue,
Libres d’être des dieux mais l’ignorant encore…
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Derrière sa charrue, derrière son cheval,
John, le cultivateur, conduisait le travail.
Le soc remuait la terre, retournant tout le val,
Sillon après sillon, rocaille après rocaille.
Il était jeune encore, et tenace à la tâche.
Le sol était à lui, en ayant hérité.
On l’avait incité : « travaille-le sans relâche ;
Un trésor gît dedans : de l’or, en vérité ! »
« De l’or ? C’est merveilleux ! » se disait-il, heureux.
Car on lui prétendait qu’avec un tel trésor
Il pourrait se marier, faire naître un gosse ou deux,
Vivre sans trop de peines ainsi jusqu’à la mort.
Mais les années passaient, et onques ne vit de l’or.
Sans se décourager, le jeune laboureur
Se mit à réfléchir, méditant sur son sort,
Tout en continuant son labeur avec cœur.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Connaissant La Fontaine, il se doutait fort bien
Du fait que son trésor n’était pas matériel,
Ressortissant plutôt, comme disait son voisin,
D’un ordre plus élevé, d’un plan spirituel.
En son for intérieur, il souhaitait pourtant
Découvrir du vrai or sonnant et trébuchant
Plutôt que labourer toute sa vie durant
Et s’enrichir, c’est vrai, mais en esprit seulement.
Et d’un autre côté, il n’était pas nigaud :
Découvrir un trésor est assez rarissime,
Alors qu’il est aisé de supporter ses maux
en traversant la vie aidé d’une maxime.
« Qu’importe », pensait-il, « que l’or qu’on m’ait promis
Soit du beau métal jaune ou un autre trésor
Telle la satisfaction du labeur bien fini ;
L’important, en ce monde, est d’accepter l’effort. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Mais il disait cela pour calmer sa conscience,
Car il entendait bien, au plus profond de lui,
Une voix lui confirmer que la persévérance
Est de grande valeur, mais point but de la vie !
Michel et Bernard, eux, étaient un jour partis.
On leur avait prédit que des trésors plus grands
Attendent ceux qui osent vivre leur propre vie
Sans prêter attention aux racontars des gens.
Mais Michel était fou, et Bernard était sot,
A ce qu’il paraissait, d’après ce qu’on disait.
Et pourtant, ces deux-là, étaient-ils des idiots ?
Ils avaient l’air sûrs d’eux, instruits et avisés...
Mais John, lui, n’osait pas. Qu’aurait-on dit de lui ?
Il ne croyait plus fort au trésor dans son champ,
Mais le système social et les us qui nous lient
L’empêchaient de partir et de vivre autrement.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Un beau jour de printemps, alors qu’il travaillait,
Marchant après la herse sans relever la tête,
Il entendit une voix qui du ciel émanait
Et semblait le narguer et se payer sa tête !
Levant les yeux aux cieux, John aperçut là-haut
Un grand oiseau tout blanc muni d’un bec crochu
Tournoyant en criant des mots très peu cordiaux,
Disant qu’il était bête et son cerveau fichu !
John rétorqua, choqué : « Qui prétends-tu donc être
Pour oser de la sorte importuner un homme
Qu’on dit intelligent et qui demain peut-être,
Si le hasard le veut, sera riche comme personne ? »
« Je suis un goéland, de passage en ce lieu.
Tu crois donc au hasard, ce dieu créé par l’homme
Pour retirer à l’Homme la foi en le vrai Dieu ?
Etre couvert par l’or, est-ce donc là le summum ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John se sentit piqué, mais aussi intrigué.
Un oiseau orateur est déjà peu banal,
Mais qu’il en sache autant et veuille philosopher,
Voilà un fait étrange pour un simple animal !
« Oiseau, qui que tu sois, apprends donc qu’ici-bas,
Si l’on veut vivre heureux et se tailler une place,
Il faut amasser l’or jusqu’en avoir des tas,
Travailler dur et fort, plus que ceux de sa classe.
On m’a confié ce sol, mes pairs ont cru en moi ;
Je dois le retourner, y faire pousser le blé
Pour nourrir les enfants, les pauvres et les rois.
Quand j’ai bien travaillé, je suis alors comblé.
Quant à mes idéaux de justice ou de paix,
Je délègue aux experts bien plus spécialisés
La défense de ces thèmes car je suis occupé :
J’ai mon labour à faire, et sans m’éterniser ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Certes », reprit l’oiseau ; « C’est là bien bel ouvrage;
Mais est-il bien celui pour lequel tu est né ?
Mon intuition me dit que tu rêves d’être mage,
Philosophe et artiste, guérisseur entraîné… »
« Tu dis vrai, volatile, mais que vont raconter
Les amis, les voisins, si je m’en vais demain ?
Comme Bernard et Michel, ne vont-ils pas tenter
De me dissuader de suivre ce chemin ?
Et si je pars céans, que deviendra ma terre ?
Je ne sais même pas quelle est la direction
Qu’il me faudrait choisir pour franchir les barrières
Et mener à son terme ma supposée mission.
Si je quitte ce sol, que deviendra ma vie ?
Pourrai-je me nourrir et vivre sans soucis ?
Peut-on tout sacrifier, ses biens comme ses amis,
Pour courir l’aventure sans un but très précis ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
L’oiseau le rassura sur les jours à venir,
Lui montrant qu’il est vain de tout vouloir prévoir,
Qu’il faut vivre au présent sans soucis d’avenir,
Et qu’un jour à la fois coule entre matin et soir :
« Vis donc intensément l’instant qui s’offre à toi
Sans penser à demain car moi, pour me nourrir,
je trouve ma pitance, quand j’ai faim, à chaque fois,
Et notre Père des cieux y pourvoit sans faillir.
A quoi bon s’inquiéter de ce qu’il adviendra
Alors que nul n’est sûr que demain surviendra ?
Sans être pessimiste, qui sait qui survivra
Au sommeil de la nuit ou au prochain repas ?
Il est plus important de te réaliser,
De devenir celui que tu aspires à être,
Plutôt que t’inquiéter de telles billevesées
Et contrarier les buts du Dieu qui te fit naître. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Cette vision mystique parut un peu simpliste
Au jeune agriculteur distrait de son labour.
Il voulut rétorquer en termes réalistes,
Mais déjà l’oiseau blanc reprenait son discours :
« Ainsi donc, dans ton sol, tu recherches de l’or.
Je pourrais t’en montrer : du plus beau, du plus pur.
Il gît en Occident, un peu plus vers le Nord,
Dans la lointaine Irlande, où travailler est dur.
Dans ce pays sauvage pousse un grand rosier
Dont les fleurs sont en or, avec dessus, gravés,
Les noms des valeureux que leur intégrité
A permis à leurs yeux d’aller le contempler.
Ton nom s’y trouve inscrit ; j’ai pu le vérifier.
Une rose est pour toi, si tu veux la cueillir.
Et Michel et Bernard m’envoient pour t’initier
A ce secret mystère que je viens de te dire. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Que dis-tu là, oiseau ? Ces deux non-conformistes
Vilipendés par tous et vivant en hippies,
Rejetés de partout comme des écologistes,
Auraient trouvé de l’or sans rien en avoir dit ?
Si j’étais dans ce cas, je ne parviendrais point
A taire éternellement une telle fortune !
Si ton histoire est vraie, n’auraient-ils pas au moins
Evoqué ce secret un soir au clair de lune ? »
Face à John stupéfait, l’oiseau prit l’air peiné.
Dans son regard troublé passait comme un nuage,
Comme si des souvenirs vieux de plusieurs années
Encombraient sa mémoire de bien tristes images.
Etait-il donc si vieux, ce curieux animal,
Pour abriter en lui autant de souvenirs ?
Avait-il donc connu tant de bien, tant de mal,
Et vu tant de bonheurs, et tant d’êtres souffrir?
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Lorsque le goéland quitta cette expression
Et sembla émerger de son étrange absence,
Il inclina le bec et d’un air polisson
Déclara ce qui suit sur ton de confidence :
« Tous les secrets du monde ne sont pas bons à dire.
L’or fait couler le sang de ceux qui parlent trop.
D’autant plus que ces roses cèlent un secret bien pire :
Elles dotent leurs cueilleurs de pouvoirs très spéciaux.
Je ne peux t’en dire plus : c’est à toi à chercher.
Si tu le veux vraiment, n’attends plus, écoute-moi.
Pars donc vers l’aventure, cesse de tergiverser,
Va-t’en quérir ta Rose ; fais comme moi : envole-toi ! »
Et l’oiseau prit son vol en direction de l’Ouest,
Montant vers le soleil, tout droit vers la lumière.
Il laissa John pantois, incapable d’un geste,
Se demandant longtemps ce qu’il avait à faire…
. . . . . . . . . . . . . . . .
John, le cultivateur, conduisait le travail.
Le soc remuait la terre, retournant tout le val,
Sillon après sillon, rocaille après rocaille.
Il était jeune encore, et tenace à la tâche.
Le sol était à lui, en ayant hérité.
On l’avait incité : « travaille-le sans relâche ;
Un trésor gît dedans : de l’or, en vérité ! »
« De l’or ? C’est merveilleux ! » se disait-il, heureux.
Car on lui prétendait qu’avec un tel trésor
Il pourrait se marier, faire naître un gosse ou deux,
Vivre sans trop de peines ainsi jusqu’à la mort.
Mais les années passaient, et onques ne vit de l’or.
Sans se décourager, le jeune laboureur
Se mit à réfléchir, méditant sur son sort,
Tout en continuant son labeur avec cœur.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Connaissant La Fontaine, il se doutait fort bien
Du fait que son trésor n’était pas matériel,
Ressortissant plutôt, comme disait son voisin,
D’un ordre plus élevé, d’un plan spirituel.
En son for intérieur, il souhaitait pourtant
Découvrir du vrai or sonnant et trébuchant
Plutôt que labourer toute sa vie durant
Et s’enrichir, c’est vrai, mais en esprit seulement.
Et d’un autre côté, il n’était pas nigaud :
Découvrir un trésor est assez rarissime,
Alors qu’il est aisé de supporter ses maux
en traversant la vie aidé d’une maxime.
« Qu’importe », pensait-il, « que l’or qu’on m’ait promis
Soit du beau métal jaune ou un autre trésor
Telle la satisfaction du labeur bien fini ;
L’important, en ce monde, est d’accepter l’effort. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Mais il disait cela pour calmer sa conscience,
Car il entendait bien, au plus profond de lui,
Une voix lui confirmer que la persévérance
Est de grande valeur, mais point but de la vie !
Michel et Bernard, eux, étaient un jour partis.
On leur avait prédit que des trésors plus grands
Attendent ceux qui osent vivre leur propre vie
Sans prêter attention aux racontars des gens.
Mais Michel était fou, et Bernard était sot,
A ce qu’il paraissait, d’après ce qu’on disait.
Et pourtant, ces deux-là, étaient-ils des idiots ?
Ils avaient l’air sûrs d’eux, instruits et avisés...
Mais John, lui, n’osait pas. Qu’aurait-on dit de lui ?
Il ne croyait plus fort au trésor dans son champ,
Mais le système social et les us qui nous lient
L’empêchaient de partir et de vivre autrement.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Un beau jour de printemps, alors qu’il travaillait,
Marchant après la herse sans relever la tête,
Il entendit une voix qui du ciel émanait
Et semblait le narguer et se payer sa tête !
Levant les yeux aux cieux, John aperçut là-haut
Un grand oiseau tout blanc muni d’un bec crochu
Tournoyant en criant des mots très peu cordiaux,
Disant qu’il était bête et son cerveau fichu !
John rétorqua, choqué : « Qui prétends-tu donc être
Pour oser de la sorte importuner un homme
Qu’on dit intelligent et qui demain peut-être,
Si le hasard le veut, sera riche comme personne ? »
« Je suis un goéland, de passage en ce lieu.
Tu crois donc au hasard, ce dieu créé par l’homme
Pour retirer à l’Homme la foi en le vrai Dieu ?
Etre couvert par l’or, est-ce donc là le summum ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John se sentit piqué, mais aussi intrigué.
Un oiseau orateur est déjà peu banal,
Mais qu’il en sache autant et veuille philosopher,
Voilà un fait étrange pour un simple animal !
« Oiseau, qui que tu sois, apprends donc qu’ici-bas,
Si l’on veut vivre heureux et se tailler une place,
Il faut amasser l’or jusqu’en avoir des tas,
Travailler dur et fort, plus que ceux de sa classe.
On m’a confié ce sol, mes pairs ont cru en moi ;
Je dois le retourner, y faire pousser le blé
Pour nourrir les enfants, les pauvres et les rois.
Quand j’ai bien travaillé, je suis alors comblé.
Quant à mes idéaux de justice ou de paix,
Je délègue aux experts bien plus spécialisés
La défense de ces thèmes car je suis occupé :
J’ai mon labour à faire, et sans m’éterniser ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Certes », reprit l’oiseau ; « C’est là bien bel ouvrage;
Mais est-il bien celui pour lequel tu est né ?
Mon intuition me dit que tu rêves d’être mage,
Philosophe et artiste, guérisseur entraîné… »
« Tu dis vrai, volatile, mais que vont raconter
Les amis, les voisins, si je m’en vais demain ?
Comme Bernard et Michel, ne vont-ils pas tenter
De me dissuader de suivre ce chemin ?
Et si je pars céans, que deviendra ma terre ?
Je ne sais même pas quelle est la direction
Qu’il me faudrait choisir pour franchir les barrières
Et mener à son terme ma supposée mission.
Si je quitte ce sol, que deviendra ma vie ?
Pourrai-je me nourrir et vivre sans soucis ?
Peut-on tout sacrifier, ses biens comme ses amis,
Pour courir l’aventure sans un but très précis ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
L’oiseau le rassura sur les jours à venir,
Lui montrant qu’il est vain de tout vouloir prévoir,
Qu’il faut vivre au présent sans soucis d’avenir,
Et qu’un jour à la fois coule entre matin et soir :
« Vis donc intensément l’instant qui s’offre à toi
Sans penser à demain car moi, pour me nourrir,
je trouve ma pitance, quand j’ai faim, à chaque fois,
Et notre Père des cieux y pourvoit sans faillir.
A quoi bon s’inquiéter de ce qu’il adviendra
Alors que nul n’est sûr que demain surviendra ?
Sans être pessimiste, qui sait qui survivra
Au sommeil de la nuit ou au prochain repas ?
Il est plus important de te réaliser,
De devenir celui que tu aspires à être,
Plutôt que t’inquiéter de telles billevesées
Et contrarier les buts du Dieu qui te fit naître. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Cette vision mystique parut un peu simpliste
Au jeune agriculteur distrait de son labour.
Il voulut rétorquer en termes réalistes,
Mais déjà l’oiseau blanc reprenait son discours :
« Ainsi donc, dans ton sol, tu recherches de l’or.
Je pourrais t’en montrer : du plus beau, du plus pur.
Il gît en Occident, un peu plus vers le Nord,
Dans la lointaine Irlande, où travailler est dur.
Dans ce pays sauvage pousse un grand rosier
Dont les fleurs sont en or, avec dessus, gravés,
Les noms des valeureux que leur intégrité
A permis à leurs yeux d’aller le contempler.
Ton nom s’y trouve inscrit ; j’ai pu le vérifier.
Une rose est pour toi, si tu veux la cueillir.
Et Michel et Bernard m’envoient pour t’initier
A ce secret mystère que je viens de te dire. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Que dis-tu là, oiseau ? Ces deux non-conformistes
Vilipendés par tous et vivant en hippies,
Rejetés de partout comme des écologistes,
Auraient trouvé de l’or sans rien en avoir dit ?
Si j’étais dans ce cas, je ne parviendrais point
A taire éternellement une telle fortune !
Si ton histoire est vraie, n’auraient-ils pas au moins
Evoqué ce secret un soir au clair de lune ? »
Face à John stupéfait, l’oiseau prit l’air peiné.
Dans son regard troublé passait comme un nuage,
Comme si des souvenirs vieux de plusieurs années
Encombraient sa mémoire de bien tristes images.
Etait-il donc si vieux, ce curieux animal,
Pour abriter en lui autant de souvenirs ?
Avait-il donc connu tant de bien, tant de mal,
Et vu tant de bonheurs, et tant d’êtres souffrir?
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Lorsque le goéland quitta cette expression
Et sembla émerger de son étrange absence,
Il inclina le bec et d’un air polisson
Déclara ce qui suit sur ton de confidence :
« Tous les secrets du monde ne sont pas bons à dire.
L’or fait couler le sang de ceux qui parlent trop.
D’autant plus que ces roses cèlent un secret bien pire :
Elles dotent leurs cueilleurs de pouvoirs très spéciaux.
Je ne peux t’en dire plus : c’est à toi à chercher.
Si tu le veux vraiment, n’attends plus, écoute-moi.
Pars donc vers l’aventure, cesse de tergiverser,
Va-t’en quérir ta Rose ; fais comme moi : envole-toi ! »
Et l’oiseau prit son vol en direction de l’Ouest,
Montant vers le soleil, tout droit vers la lumière.
Il laissa John pantois, incapable d’un geste,
Se demandant longtemps ce qu’il avait à faire…
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Au matin d’un lundi, il se mit en chemin.
Il partit sans bagage et sans dire au revoir,
Tournant dos au passé, sans penser à demain,
Et sans se retourner, et le cœur plein d’espoir.
Vêtu de simple bure, n’emportant qu’un bâton,
Il marcha bien des lieues sans beaucoup s’arrêter,
N’emportant ni valise, ni besace, ni cruchon,
Jugeant qu’à tout moment il pourrait tout trouver.
Car il avait la foi : la foi en Dieu, d’abord ;
Surtout foi en lui-même : il avait bien compris
Que d’avant d’entreprendre, il faut se sentir fort,
Etre très sûr de soi et croire en l’Infini.
Il marcha plusieurs temps, tout droit vers le Couchant
Où la lumière s’enfouit dès qu’un jour a vécu.
C’est toujours plein d’espoir qu’il aboutit, chantant,
En une vieille auberge blottie auprès d’un ru.
C’est en cet intérieur qu’il fit la connaissance
D’un vieux monsieur barbu à l’air plein d’expérience.
A la lueur du feu, dans une chaude ambiance,
Le soir de leur rencontre, ils évoquèrent la chance.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« La chance et le hasard », lui dit le bon vieillard,
« Ne sont que vues d’esprit et n’ont pas d’existence ;
Rien n’est accidentel, rien n’est aléatoire,
Tout est bien orchestré de par la Providence. »
- « Et pourtant », lui dit John, « si nous sommes là ce soir,
C’est à cause du hasard, et non par volonté;
Il était difficile de savoir, de prévoir,
Que dans cette hostellerie je puisse te rencontrer ».
- « Crois-le ou refuse-le, tel est pourtant le fait !
Il est rare que je sois assis à cette table.
Je t’ai vu arriver dans un songe que j’ai fait.
Curieux, j’ai voulu vérifier ; c’était inévitable.
Et voilà que ce soir, à mon grand étonnement,
Tu entres en ce lieu pour y trouver couvert,
Et comme dans mon songe, ou presqu’exactement,
Voici que tu surviens, tout couvert de poussière.
De tels rêves sont rares, et je ne viens ici
Que deux ou trois fois l’an, exceptionnellement.
C’est donc dû au destin, et au Bon Dieu aussi,
Que nous voici tous deux ensemble discourant ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Il n’y aurais jamais, si j’acquiesce à tes dires,
Ni fortune ou ennui qui ne soit coup du sort ;
Tout serait bien réglé, le meilleur et le pire,
Les joies comme les malheurs, et la vie, et la mort ? »
- « C’est bien ce que je dis, mais ne crois pas mes mots :
Plutôt que d’accepter ce que disent les gens,
Vis donc tes expériences, contrôle les ragots,
Rejette le préconçu qui trop souvent nous ment ».
- « Je vérifierai tout ce que l’on ramage.
A propos de ragot, pourrais-tu m’éclairer ?
Un goéland m’a dit (et il avait l’air sage)
Qu’en Irlande poussait le plus beau des rosiers. »
- « J’ai ouï, dans le temps, tenir pareil langage
Par un gars du pays qui se prenait pour mage.
Prétendant revenir paré d’un équipage,
Il est parti un jour en clamant ce message :
« Quand j’aurai trouvé l’or, je serai votre maître;
« Je serai comme Dieu, commandant l’univers.
« A mes pouvoirs fameux vous devrez vous soumettre,
« Car contre ma maîtrise vous ne pourrez rien faire ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’était là pure folie : il n’avait point compris
Que l’or de ce rosier n’était pas monnayable.
Il n’a pas pu trouver l’arbuste d’or fleuri ;
Il est revenu fou, mourant et pitoyable ».
- « Alors, donc, selon toi, n’y a-t-il point de rose
Qui réponde à l’espoir qui anime mon cœur ?
L’oiseau au blanc plumage aurait-il, par sa prose,
Sous l’action du Démon, menti au laboureur ? »
- « Je n’en puis rien te dire : c’est à toi à savoir.
Pourrais-je deviner la valeur des propos
De cet étrange oiseau dont tu parles ce soir
Sans avoir pu moi-même ouïr ses propres mots ?
Pourtant, te conseiller demeure en mon pouvoir :
Je peux te certifier que pour la mériter,
Il te faut, pour ta Rose, un cœur très pur avoir.
N’envie pas la richesse ; cherche la vérité ».
- « Merci, sage vieillard. Tes conseils sont précieux.
Je m’en vais sans retard et me remettre en route
Pour vérifier l’histoire de ce rosier fameux.
Je veux trouver ma Rose, et ce, quoi qu’il m’en coûte ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et c’est ainsi que John se remit en chemin,
Arpentant moultes voies et traversant bosquets,
Errant durant des lunes, parcourant son destin,
Jusqu’à enfin sentir un air un peu frisquet.
« Je suis sur la bonne voie », se dit-il à lui-même ;
« Je hume l’air marin empli de sel d’iode.
J’approche de la mer, et ma vie de bohème
bientôt s’achèvera, ainsi que mon exode.
Dès la mer traversée, une fois sur la lande,
Il ne me restera qu’à trouver mon rosier,
S’il se trouve caché sur la terre d’Irlande,
Et j’acquerrai alors les pouvoirs d’un sorcier.
Non pas que je désire la gloire et la fortune
Ni escroquer les gens en les mystifiant,
Mais guérir et soigner en consultant les runes
Semble souvent magie aux yeux des ignorants.
Mon vœu le plus fervent est d’acquérir la science,
(Qu’elle soit occulte ou non, là n’est pas la question)
Pour aider mon prochain, soulager les consciences
Et apporter l’espoir aux âmes en perdition ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Arrivant au rivage, au bord de l’océan,
John vit venir vers lui un bien curieux cortège.
C’était une société collectant de l’argent.
On la disait puissante, jeteuse de sortilèges !
Un monsieur très bien mis, vêtu comme un ministre,
Conduisait les adeptes qui se disaient tous frères.
« Venez ! », dit-il à John, prenant l’air d’un bourgmestre,
« Votre place est ici, au milieu de vos pairs.
Marchez donc avec nous vers la prospérité.
Nous sommes vos pareils, nous visons le même but :
Vivre bien plus heureux, en toute sérénité,
En restant solidaires, en évitant les chutes.
Entrez donc dans nos rangs, gardez-y votre place,
Et vous verrez demain, si vous travaillez bien,
Si vous payez l’écot, vous fondant dans la masse,
Comme vous vivrez heureux et sans manquer de rien ! »
- « Très joli », lui fit John, « mais moi, très cher monsieur,
Je n’ai besoin de rien, et le but de ma vie
N’est pas d’avoir des biens, ni de me loger mieux,
Mais de suivre ma voie, même si l’on me décrie ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Comment !» s’indigna l’autre. «Seriez-vous marginal ? »
Refuseriez-vous donc d’adhérer au système ?
Vivre sans protections, ça c’est original !
Réfléchissez un peu ! Du bon sens, tout de même !
Nous vous offrons ici cent possibilités :
Crèches et orphelinats, voiries et syndicats,
Assurances et pensions, cliniques, maternités…
J’en passe, et des meilleures ! Et vous en faites grand cas !
En vivant bien groupés, en agissant en ordre,
Nous construisons bien plus, avec moins de ducats.
Notre modèle social protège des désordres.
Sergent ! Dites-en plus à ce sujet ingrat ! »
Un homme en uniforme fit un pas en avant
Et d’un air militaire se planta devant John :
« Ainsi donc, mon gaillard, d’après ce que j’entends,
Tu objectes au bon sens et puis tu déraisonnes ?
La patrie te protège, notre armée te défends,
Et si besoin te forme ; et toi, jeune inconscient,
Au lieu de t’enrôler, pour tout remerciement,
Tu fuis comme un voleur, en Irlande, lâchement ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Jamais, à la patrie, je n’ai rien demandé ;
C’est elle qui, tout de go, répliqua John, vexé,
A décrété soudain ma nationalité,
M’a soumis à ses lois lorsque j’étais bébé.
Je suis devenu grand et je sais me défendre,
Et tous vos grands conflits, passés ou à venir,
Sont fruits de vos pensées racistes et bonnes à pendre !
Pourquoi vouloir s’armer et craindre l’avenir ?
Votre belle société a certes des mérites ;
Je ne peux le nier, j’en ai bénéficié ;
Mais une fois pour toutes, que la chose soit dite :
J’ai apuré mes dettes ; mon choix est régulier.
Moi, je pars en Irlande, je vais cueillir ma Rose.
Je n’ai besoin de vous que pour évoluer.
Le rôle d’un protecteur n’est pas, non (et pour cause !)
De produire un esclave, mais un homme libéré ! »
- « Ça alors ! C’est trop fort ! », proféra le sergent.
« Regardez-moi ce sot, objecteur de conscience ! »
Homme d’église, aidez-nous ! Dites à ce mécréant
Combien est important l’esprit d’obéissance ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« C’est vrai ! », dit un homme noir vêtu en clergyman.
« Notre Seigneur l’a dit : rendez donc à César
Ce qui lui appartient ; personne ne vous condamne,
Mais respectez au moins notre armée et ses arts.
Il est hautement moral, eu égard aux bontés
Qui vous sont témoignées de par la Société,
Qu’en retour vous offriez la vie et la santé
A défendre nos causes avec célérité.
Comme tout être humain, vous rêvez de survie.
L’accès au paradis, dès après votre mort,
Ne vous sera permis qu’en fonction de la vie
Que vous aurez menée en servant Dieu très fort.
Et comment le servir sinon en respectant
Les dogmes et les lois édictés par nos soins ?
Ces préceptes divins sont des plus importants
Pour comptabiliser un maximum de points.
Car Dieu sait tout de nous, observe nos actions,
Et sa miséricorde est accordée à ceux
Qui suivent les principes avec joie et passion
Et consacrent leurs jours aux actes les plus pieux ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Il partit sans bagage et sans dire au revoir,
Tournant dos au passé, sans penser à demain,
Et sans se retourner, et le cœur plein d’espoir.
Vêtu de simple bure, n’emportant qu’un bâton,
Il marcha bien des lieues sans beaucoup s’arrêter,
N’emportant ni valise, ni besace, ni cruchon,
Jugeant qu’à tout moment il pourrait tout trouver.
Car il avait la foi : la foi en Dieu, d’abord ;
Surtout foi en lui-même : il avait bien compris
Que d’avant d’entreprendre, il faut se sentir fort,
Etre très sûr de soi et croire en l’Infini.
Il marcha plusieurs temps, tout droit vers le Couchant
Où la lumière s’enfouit dès qu’un jour a vécu.
C’est toujours plein d’espoir qu’il aboutit, chantant,
En une vieille auberge blottie auprès d’un ru.
C’est en cet intérieur qu’il fit la connaissance
D’un vieux monsieur barbu à l’air plein d’expérience.
A la lueur du feu, dans une chaude ambiance,
Le soir de leur rencontre, ils évoquèrent la chance.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« La chance et le hasard », lui dit le bon vieillard,
« Ne sont que vues d’esprit et n’ont pas d’existence ;
Rien n’est accidentel, rien n’est aléatoire,
Tout est bien orchestré de par la Providence. »
- « Et pourtant », lui dit John, « si nous sommes là ce soir,
C’est à cause du hasard, et non par volonté;
Il était difficile de savoir, de prévoir,
Que dans cette hostellerie je puisse te rencontrer ».
- « Crois-le ou refuse-le, tel est pourtant le fait !
Il est rare que je sois assis à cette table.
Je t’ai vu arriver dans un songe que j’ai fait.
Curieux, j’ai voulu vérifier ; c’était inévitable.
Et voilà que ce soir, à mon grand étonnement,
Tu entres en ce lieu pour y trouver couvert,
Et comme dans mon songe, ou presqu’exactement,
Voici que tu surviens, tout couvert de poussière.
De tels rêves sont rares, et je ne viens ici
Que deux ou trois fois l’an, exceptionnellement.
C’est donc dû au destin, et au Bon Dieu aussi,
Que nous voici tous deux ensemble discourant ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Il n’y aurais jamais, si j’acquiesce à tes dires,
Ni fortune ou ennui qui ne soit coup du sort ;
Tout serait bien réglé, le meilleur et le pire,
Les joies comme les malheurs, et la vie, et la mort ? »
- « C’est bien ce que je dis, mais ne crois pas mes mots :
Plutôt que d’accepter ce que disent les gens,
Vis donc tes expériences, contrôle les ragots,
Rejette le préconçu qui trop souvent nous ment ».
- « Je vérifierai tout ce que l’on ramage.
A propos de ragot, pourrais-tu m’éclairer ?
Un goéland m’a dit (et il avait l’air sage)
Qu’en Irlande poussait le plus beau des rosiers. »
- « J’ai ouï, dans le temps, tenir pareil langage
Par un gars du pays qui se prenait pour mage.
Prétendant revenir paré d’un équipage,
Il est parti un jour en clamant ce message :
« Quand j’aurai trouvé l’or, je serai votre maître;
« Je serai comme Dieu, commandant l’univers.
« A mes pouvoirs fameux vous devrez vous soumettre,
« Car contre ma maîtrise vous ne pourrez rien faire ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’était là pure folie : il n’avait point compris
Que l’or de ce rosier n’était pas monnayable.
Il n’a pas pu trouver l’arbuste d’or fleuri ;
Il est revenu fou, mourant et pitoyable ».
- « Alors, donc, selon toi, n’y a-t-il point de rose
Qui réponde à l’espoir qui anime mon cœur ?
L’oiseau au blanc plumage aurait-il, par sa prose,
Sous l’action du Démon, menti au laboureur ? »
- « Je n’en puis rien te dire : c’est à toi à savoir.
Pourrais-je deviner la valeur des propos
De cet étrange oiseau dont tu parles ce soir
Sans avoir pu moi-même ouïr ses propres mots ?
Pourtant, te conseiller demeure en mon pouvoir :
Je peux te certifier que pour la mériter,
Il te faut, pour ta Rose, un cœur très pur avoir.
N’envie pas la richesse ; cherche la vérité ».
- « Merci, sage vieillard. Tes conseils sont précieux.
Je m’en vais sans retard et me remettre en route
Pour vérifier l’histoire de ce rosier fameux.
Je veux trouver ma Rose, et ce, quoi qu’il m’en coûte ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et c’est ainsi que John se remit en chemin,
Arpentant moultes voies et traversant bosquets,
Errant durant des lunes, parcourant son destin,
Jusqu’à enfin sentir un air un peu frisquet.
« Je suis sur la bonne voie », se dit-il à lui-même ;
« Je hume l’air marin empli de sel d’iode.
J’approche de la mer, et ma vie de bohème
bientôt s’achèvera, ainsi que mon exode.
Dès la mer traversée, une fois sur la lande,
Il ne me restera qu’à trouver mon rosier,
S’il se trouve caché sur la terre d’Irlande,
Et j’acquerrai alors les pouvoirs d’un sorcier.
Non pas que je désire la gloire et la fortune
Ni escroquer les gens en les mystifiant,
Mais guérir et soigner en consultant les runes
Semble souvent magie aux yeux des ignorants.
Mon vœu le plus fervent est d’acquérir la science,
(Qu’elle soit occulte ou non, là n’est pas la question)
Pour aider mon prochain, soulager les consciences
Et apporter l’espoir aux âmes en perdition ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Arrivant au rivage, au bord de l’océan,
John vit venir vers lui un bien curieux cortège.
C’était une société collectant de l’argent.
On la disait puissante, jeteuse de sortilèges !
Un monsieur très bien mis, vêtu comme un ministre,
Conduisait les adeptes qui se disaient tous frères.
« Venez ! », dit-il à John, prenant l’air d’un bourgmestre,
« Votre place est ici, au milieu de vos pairs.
Marchez donc avec nous vers la prospérité.
Nous sommes vos pareils, nous visons le même but :
Vivre bien plus heureux, en toute sérénité,
En restant solidaires, en évitant les chutes.
Entrez donc dans nos rangs, gardez-y votre place,
Et vous verrez demain, si vous travaillez bien,
Si vous payez l’écot, vous fondant dans la masse,
Comme vous vivrez heureux et sans manquer de rien ! »
- « Très joli », lui fit John, « mais moi, très cher monsieur,
Je n’ai besoin de rien, et le but de ma vie
N’est pas d’avoir des biens, ni de me loger mieux,
Mais de suivre ma voie, même si l’on me décrie ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Comment !» s’indigna l’autre. «Seriez-vous marginal ? »
Refuseriez-vous donc d’adhérer au système ?
Vivre sans protections, ça c’est original !
Réfléchissez un peu ! Du bon sens, tout de même !
Nous vous offrons ici cent possibilités :
Crèches et orphelinats, voiries et syndicats,
Assurances et pensions, cliniques, maternités…
J’en passe, et des meilleures ! Et vous en faites grand cas !
En vivant bien groupés, en agissant en ordre,
Nous construisons bien plus, avec moins de ducats.
Notre modèle social protège des désordres.
Sergent ! Dites-en plus à ce sujet ingrat ! »
Un homme en uniforme fit un pas en avant
Et d’un air militaire se planta devant John :
« Ainsi donc, mon gaillard, d’après ce que j’entends,
Tu objectes au bon sens et puis tu déraisonnes ?
La patrie te protège, notre armée te défends,
Et si besoin te forme ; et toi, jeune inconscient,
Au lieu de t’enrôler, pour tout remerciement,
Tu fuis comme un voleur, en Irlande, lâchement ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Jamais, à la patrie, je n’ai rien demandé ;
C’est elle qui, tout de go, répliqua John, vexé,
A décrété soudain ma nationalité,
M’a soumis à ses lois lorsque j’étais bébé.
Je suis devenu grand et je sais me défendre,
Et tous vos grands conflits, passés ou à venir,
Sont fruits de vos pensées racistes et bonnes à pendre !
Pourquoi vouloir s’armer et craindre l’avenir ?
Votre belle société a certes des mérites ;
Je ne peux le nier, j’en ai bénéficié ;
Mais une fois pour toutes, que la chose soit dite :
J’ai apuré mes dettes ; mon choix est régulier.
Moi, je pars en Irlande, je vais cueillir ma Rose.
Je n’ai besoin de vous que pour évoluer.
Le rôle d’un protecteur n’est pas, non (et pour cause !)
De produire un esclave, mais un homme libéré ! »
- « Ça alors ! C’est trop fort ! », proféra le sergent.
« Regardez-moi ce sot, objecteur de conscience ! »
Homme d’église, aidez-nous ! Dites à ce mécréant
Combien est important l’esprit d’obéissance ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« C’est vrai ! », dit un homme noir vêtu en clergyman.
« Notre Seigneur l’a dit : rendez donc à César
Ce qui lui appartient ; personne ne vous condamne,
Mais respectez au moins notre armée et ses arts.
Il est hautement moral, eu égard aux bontés
Qui vous sont témoignées de par la Société,
Qu’en retour vous offriez la vie et la santé
A défendre nos causes avec célérité.
Comme tout être humain, vous rêvez de survie.
L’accès au paradis, dès après votre mort,
Ne vous sera permis qu’en fonction de la vie
Que vous aurez menée en servant Dieu très fort.
Et comment le servir sinon en respectant
Les dogmes et les lois édictés par nos soins ?
Ces préceptes divins sont des plus importants
Pour comptabiliser un maximum de points.
Car Dieu sait tout de nous, observe nos actions,
Et sa miséricorde est accordée à ceux
Qui suivent les principes avec joie et passion
Et consacrent leurs jours aux actes les plus pieux ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
À cet acte de foi, John ne put rétorquer.
Sous couvert de logique, le discours du prêcheur
Visait évidemment à déstabiliser.
Unir armée et foi déplut au laboureur :
- « Je vous respecte tous, vous mes frères humains,
Mais si votre discours cherche à m’aliéner,
De secouer ce joug vous me verrez contraint.
C’est par même idéal que Moïse fut mené. »
- « Mais que viennent ici faire Moïse et les Hébreux ?
Je vous parle de loi, de morale rédemptrice.
La liberté nous vient de l’espoir mis en Dieu.
Mériter le salut vaut bien des sacrifices ! »
- « Je n’ai que peu envie d’attendre après la mort
pour vivre librement sans chaînes ni entraves.
La foi en Dieu, je l’ai ! Et plus que vous encore !
Car vous le trahissez, et c’est ça le plus grave !
Vous incitez les gens à gober sans jugement
Vos paroles sensées être bel Évangile,
Alors que vos experts déforment sciemment
Les textes les plus saints sans même se faire de bile ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Le voici qui blasphème ! Qu’il soit déshonoré !
Il vient là d’affirmer que les grands exégètes
Ne sont que des menteurs ou se sont parjurés !
J’en appelle aux juristes ! Je réclame sa tête ! »
- « Je n’ai vraiment que faire », le coupa alors John,
De vos lois, de vos codes, et de vos artifices ;
La loi de Dieu, elle seule, et tout ce qu’elle ordonne,
Suffit à bien m’instruire et m’éloigner du vice ! »
- « Laissez-moi m’occuper de cet énergumène ! »
Dit un vieil homme en blanc déguisé en savant.
« Je m’en vais vérifier si la folie le mène ;
L’avis d’un médecin est un besoin urgent. »
- « Je ne veux », siffla John, « ni potions, ni médecines ;
Je ne crois plus du tout aux mots des charlatans.
Je pars quérir ma Rose bien loin de vos combines.
J’estime avoir le droit de vivre différent. »
« Nous vous retrouverons, vil indiscipliné !
Partout où vous irez nous vous surveillerons !
Le monde tout entier nous est subordonné !
Jamais vous n’échapperez aux yeux de nos espions ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et John dut se sauver, courant le plus qu’il put,
Pour échapper aux cris, aux vociférations,
Jusqu’à ne plus ouïr aucun individu
De cette société riche d’aliénations.
Il fut longtemps ému par autant de critiques,
Et par autant de cris, et tant d’intolérance.
Il voulait être lui, non une mécanique
Qu’on aurait exploité, selon toute évidence.
Il poursuivit la route courant à travers dunes
Et atteignit la côte battue par les vents.
C’est alors qu’il cherchait un bateau de fortune
Qu’il se trouva soudain face à un goéland.
- « Bonjour, bel oiseau blanc », dit John en souriant ;
« J’en ai vu du chemin depuis notre entrevue !
J’ai compris que la Rose dont tu me parlas tant
N’a rien d’une légende, quoique restant peu vue.
Je sais qu’elle est réelle, et qu’elle est magnifique.
Je devine qu’elle peut, à ceux qui la méritent,
Offrir vie allongée et maints pouvoirs magiques.
Hélas ! Bien peu de gens comprennent ce qui m’habite… »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« C’est bien ! », lui dit l’ailé. « Tu as bien progressé.
Maintenant, es-tu prêt à poursuivre ta route,
À purifier ton cœur de ce qui l’a blessé
Et à persévérer malgré ce qu’il en coûte ? »
- « Oh oui, mon goéland ! Je veux, je te l’assure,
Aller cueillir ma Rose en l’ayant méritée,
Puis toujours, de ma vie, et malgré les coups durs,
Me montrer digne d’elle et de sa renommée. »
- « Tu ne peux ignorer que cette Rose-là
Peut offrir des pouvoirs que certains croient magiques
Alors qu’ils sont au plus l’application de lois
Mises en exercice à force de pratique.
Cette fleur qui t’attends pourra t’attribuer
Non pas simple savoir mais Connaissance Totale !
A travers l’Univers tu pourras voyager,
Et capter les pensées sera pour toi banal. »
« Oh oui ! Oui ! Bel oiseau ! Mène-moi en Irlande,
Que je puisse accéder le plus vite possible
A l’objet de mes rêves ; accède à ma demande,
Guide donc mon chemin vers ce pays paisible ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Ne t’emballe pas tant, ami impétueux,
Car de si grands pouvoirs ne sont pas pour les sots,
Mais pour les pacifiques, les bons, les vertueux,
Qui feront bon usage de ce si beau cadeau.
Que sais-tu des pouvoirs dont l’Univers regorge
Sinon qu’ils sont réels et à l’usage de tous ?
Vouloir tout maîtriser te fait enfler la gorge.
Maîtrise et modestie jamais ne se repoussent.
Pour mériter sa Rose, il faut montrer la preuve
De vouloir servir Dieu et toute noble cause,
Car ces pouvoirs fameux en aucun cas ne peuvent
Tomber en viles mains qui gâcheraient les choses.
Mais si tu te sens prêt à renoncer à toi,
A assister les pauvres, à secourir les veuves,
A protéger les faibles, je te montre la voie.
Marche ! Sois sans peur ! Et surmonte l’épreuve ! »
- « Oh oui, grand oiseau blanc ! Conduis-moi en Irlande !
Que j’y puisse prouver à Dieu comme aux humains
A quel point je suis digne du Rosier qui me mande,
Car c’est lui qui m’appelle à fouler les chemins. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Puisqu’ici je te trouve en telles dispositions,
Je t’aide à franchir ce bras de mer immense.
Accroche-toi à moi et tiens la position,
Je t’emporte dans l’air à travers l’éther dense. »
Et l’oiseau pris son vol entraînant avec lui
Le quémandeur de Rose ravi et ébahi,
Et l’ancien laboureur se sentit réjoui
De voir la mer, la côte, et le sol si petits.
- « Merveilleux ! Formidable ! La terre vue d’en haut
Est semblable aux merveilles dont nous parlent les contes,
Et je n’ai jamais vu un horizon plus beau
Que celui qu’aujourd’hui, goéland, tu me montres.
Les hommes, tout en bas, sont comme des fourmis,
Courant dans tous les sens, sujets au désespoir ;
Malgré leurs philosophes, n’ont-ils donc pas compris,
Comme la Bible dit, que d’en haut vient l’espoir ? »
- « Non, ils ne le savent pas, car ce que tu peux voir
Est réservé aux sages, aux chercheurs de savoir,
Aux amateurs de sciences qui sans se faire valoir
Désirent la vérité, la clarté dans le noir. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John se sentit flatté par ces mots généreux,
Se découvrant placé au rang très élevé
Des plus grands initiés et des maîtres fameux
Alors qu’il était jeune et si peu cultivé.
Et d’un autre côté, il ressentait en lui
Un doute l’assaillir et l’orgueil s’en aller,
Car mériter la Rose et tout ce qui s’ensuit
Semblait à l’opposé du désir de fierté.
Comment donc concilier au plus profond de soi
La fierté légitime du beau geste accompli
Avec la modestie qui est de bon aloi
Lorsqu’au service du bien on s’était investi ?
- « Je serais donc en fait un grand privilégié ?
Et très peu avant moi auraient pu contempler
Les beautés qu’avec toi je puis, là, admirer ?
Les humains auraient-ils donc tous démérité ? »
- « Ne les juge donc pas, car ils sont les victimes
D’un système étouffant qui tous les conditionne.
Quand tu tiendras ta Rose, tu combattras ce crime,
T’opposant aux tyrans qui droguent tous les hommes ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Lorsque j’aurai ma Rose, grâce à tous ses pouvoirs,
Je combattrai l’injuste et réaliserai
Mon vœu tant désiré de renverser l’Histoire
Et d’offrir aux gentils la Justice et la Paix.
Tu verras, mon oiseau, tu seras fier de moi !
Mais avant toute chose, il faut que je découvre
Par les livres et les sciences et l’écoute des Voix
Le lieu sur cette Terre où ma Rose s’entrouvre.
Car je sens qu’elle éclôt et qu’elle m’attire vers elle.
L’or qui me fit partir me paraît aujourd’hui
Un but bien dérisoire et d’un ennui mortel
Par rapport à la quête qui ici m’a conduit.
Je cherchais la fortune parce qu’on m’avait dit
Qu’elle est obligatoire pour vivre et réussir ;
Aujourd’hui je ne veux ni argent ni crédit,
Rêvant d’offrir à l’Homme un plus bel avenir.
La grande Société aujourd’hui rencontrée
M’a fortement déçu par tous ses illogismes,
Ses vaines prétentions, ses suspectes visées,
Ses attaques envers moi, et son hégémonisme ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Apaise donc ton cœur et oublie ce tracas.
Rien ne sert de t’aigrir contre ces gens chagrins.
Suis ton propre chemin et ne t’inquiète pas.
C’est la paix intérieure qui te rendra serein.
Apprends donc à aimer ceux qui te déprécient.
Leurs certitudes aveugles ne peuvent t’affecter
Si tu cherches sans fin la paix et l’harmonie
Et adoptes en tout lieu l’esprit de pureté.
Les autres ont leur destin et leur propre avenir.
Tu peux les éclairer, leur prêter assistance,
Mais non point les forcer à éviter le pire
Si c’est là où conduit leur stupide imprudence.
Voici le bord de l’île où pousse ton rosier.
Le territoire est vaste ; à toi de bien chercher.
C’est ici, mon ami, que je vais te poser.
Prends donc bien garde à toi ; je pars à l’opposé. »
Et de son vol parfait, le goéland partit,
Laissant John et sa quête et la Terre et ses lois,
Filant droit vers l’azur dans l’espace infini,
Quittant ce vert pays où une Rose croît.
. . . . . . . . . . . . . . . .
Sous couvert de logique, le discours du prêcheur
Visait évidemment à déstabiliser.
Unir armée et foi déplut au laboureur :
- « Je vous respecte tous, vous mes frères humains,
Mais si votre discours cherche à m’aliéner,
De secouer ce joug vous me verrez contraint.
C’est par même idéal que Moïse fut mené. »
- « Mais que viennent ici faire Moïse et les Hébreux ?
Je vous parle de loi, de morale rédemptrice.
La liberté nous vient de l’espoir mis en Dieu.
Mériter le salut vaut bien des sacrifices ! »
- « Je n’ai que peu envie d’attendre après la mort
pour vivre librement sans chaînes ni entraves.
La foi en Dieu, je l’ai ! Et plus que vous encore !
Car vous le trahissez, et c’est ça le plus grave !
Vous incitez les gens à gober sans jugement
Vos paroles sensées être bel Évangile,
Alors que vos experts déforment sciemment
Les textes les plus saints sans même se faire de bile ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Le voici qui blasphème ! Qu’il soit déshonoré !
Il vient là d’affirmer que les grands exégètes
Ne sont que des menteurs ou se sont parjurés !
J’en appelle aux juristes ! Je réclame sa tête ! »
- « Je n’ai vraiment que faire », le coupa alors John,
De vos lois, de vos codes, et de vos artifices ;
La loi de Dieu, elle seule, et tout ce qu’elle ordonne,
Suffit à bien m’instruire et m’éloigner du vice ! »
- « Laissez-moi m’occuper de cet énergumène ! »
Dit un vieil homme en blanc déguisé en savant.
« Je m’en vais vérifier si la folie le mène ;
L’avis d’un médecin est un besoin urgent. »
- « Je ne veux », siffla John, « ni potions, ni médecines ;
Je ne crois plus du tout aux mots des charlatans.
Je pars quérir ma Rose bien loin de vos combines.
J’estime avoir le droit de vivre différent. »
« Nous vous retrouverons, vil indiscipliné !
Partout où vous irez nous vous surveillerons !
Le monde tout entier nous est subordonné !
Jamais vous n’échapperez aux yeux de nos espions ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et John dut se sauver, courant le plus qu’il put,
Pour échapper aux cris, aux vociférations,
Jusqu’à ne plus ouïr aucun individu
De cette société riche d’aliénations.
Il fut longtemps ému par autant de critiques,
Et par autant de cris, et tant d’intolérance.
Il voulait être lui, non une mécanique
Qu’on aurait exploité, selon toute évidence.
Il poursuivit la route courant à travers dunes
Et atteignit la côte battue par les vents.
C’est alors qu’il cherchait un bateau de fortune
Qu’il se trouva soudain face à un goéland.
- « Bonjour, bel oiseau blanc », dit John en souriant ;
« J’en ai vu du chemin depuis notre entrevue !
J’ai compris que la Rose dont tu me parlas tant
N’a rien d’une légende, quoique restant peu vue.
Je sais qu’elle est réelle, et qu’elle est magnifique.
Je devine qu’elle peut, à ceux qui la méritent,
Offrir vie allongée et maints pouvoirs magiques.
Hélas ! Bien peu de gens comprennent ce qui m’habite… »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« C’est bien ! », lui dit l’ailé. « Tu as bien progressé.
Maintenant, es-tu prêt à poursuivre ta route,
À purifier ton cœur de ce qui l’a blessé
Et à persévérer malgré ce qu’il en coûte ? »
- « Oh oui, mon goéland ! Je veux, je te l’assure,
Aller cueillir ma Rose en l’ayant méritée,
Puis toujours, de ma vie, et malgré les coups durs,
Me montrer digne d’elle et de sa renommée. »
- « Tu ne peux ignorer que cette Rose-là
Peut offrir des pouvoirs que certains croient magiques
Alors qu’ils sont au plus l’application de lois
Mises en exercice à force de pratique.
Cette fleur qui t’attends pourra t’attribuer
Non pas simple savoir mais Connaissance Totale !
A travers l’Univers tu pourras voyager,
Et capter les pensées sera pour toi banal. »
« Oh oui ! Oui ! Bel oiseau ! Mène-moi en Irlande,
Que je puisse accéder le plus vite possible
A l’objet de mes rêves ; accède à ma demande,
Guide donc mon chemin vers ce pays paisible ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Ne t’emballe pas tant, ami impétueux,
Car de si grands pouvoirs ne sont pas pour les sots,
Mais pour les pacifiques, les bons, les vertueux,
Qui feront bon usage de ce si beau cadeau.
Que sais-tu des pouvoirs dont l’Univers regorge
Sinon qu’ils sont réels et à l’usage de tous ?
Vouloir tout maîtriser te fait enfler la gorge.
Maîtrise et modestie jamais ne se repoussent.
Pour mériter sa Rose, il faut montrer la preuve
De vouloir servir Dieu et toute noble cause,
Car ces pouvoirs fameux en aucun cas ne peuvent
Tomber en viles mains qui gâcheraient les choses.
Mais si tu te sens prêt à renoncer à toi,
A assister les pauvres, à secourir les veuves,
A protéger les faibles, je te montre la voie.
Marche ! Sois sans peur ! Et surmonte l’épreuve ! »
- « Oh oui, grand oiseau blanc ! Conduis-moi en Irlande !
Que j’y puisse prouver à Dieu comme aux humains
A quel point je suis digne du Rosier qui me mande,
Car c’est lui qui m’appelle à fouler les chemins. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Puisqu’ici je te trouve en telles dispositions,
Je t’aide à franchir ce bras de mer immense.
Accroche-toi à moi et tiens la position,
Je t’emporte dans l’air à travers l’éther dense. »
Et l’oiseau pris son vol entraînant avec lui
Le quémandeur de Rose ravi et ébahi,
Et l’ancien laboureur se sentit réjoui
De voir la mer, la côte, et le sol si petits.
- « Merveilleux ! Formidable ! La terre vue d’en haut
Est semblable aux merveilles dont nous parlent les contes,
Et je n’ai jamais vu un horizon plus beau
Que celui qu’aujourd’hui, goéland, tu me montres.
Les hommes, tout en bas, sont comme des fourmis,
Courant dans tous les sens, sujets au désespoir ;
Malgré leurs philosophes, n’ont-ils donc pas compris,
Comme la Bible dit, que d’en haut vient l’espoir ? »
- « Non, ils ne le savent pas, car ce que tu peux voir
Est réservé aux sages, aux chercheurs de savoir,
Aux amateurs de sciences qui sans se faire valoir
Désirent la vérité, la clarté dans le noir. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John se sentit flatté par ces mots généreux,
Se découvrant placé au rang très élevé
Des plus grands initiés et des maîtres fameux
Alors qu’il était jeune et si peu cultivé.
Et d’un autre côté, il ressentait en lui
Un doute l’assaillir et l’orgueil s’en aller,
Car mériter la Rose et tout ce qui s’ensuit
Semblait à l’opposé du désir de fierté.
Comment donc concilier au plus profond de soi
La fierté légitime du beau geste accompli
Avec la modestie qui est de bon aloi
Lorsqu’au service du bien on s’était investi ?
- « Je serais donc en fait un grand privilégié ?
Et très peu avant moi auraient pu contempler
Les beautés qu’avec toi je puis, là, admirer ?
Les humains auraient-ils donc tous démérité ? »
- « Ne les juge donc pas, car ils sont les victimes
D’un système étouffant qui tous les conditionne.
Quand tu tiendras ta Rose, tu combattras ce crime,
T’opposant aux tyrans qui droguent tous les hommes ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Lorsque j’aurai ma Rose, grâce à tous ses pouvoirs,
Je combattrai l’injuste et réaliserai
Mon vœu tant désiré de renverser l’Histoire
Et d’offrir aux gentils la Justice et la Paix.
Tu verras, mon oiseau, tu seras fier de moi !
Mais avant toute chose, il faut que je découvre
Par les livres et les sciences et l’écoute des Voix
Le lieu sur cette Terre où ma Rose s’entrouvre.
Car je sens qu’elle éclôt et qu’elle m’attire vers elle.
L’or qui me fit partir me paraît aujourd’hui
Un but bien dérisoire et d’un ennui mortel
Par rapport à la quête qui ici m’a conduit.
Je cherchais la fortune parce qu’on m’avait dit
Qu’elle est obligatoire pour vivre et réussir ;
Aujourd’hui je ne veux ni argent ni crédit,
Rêvant d’offrir à l’Homme un plus bel avenir.
La grande Société aujourd’hui rencontrée
M’a fortement déçu par tous ses illogismes,
Ses vaines prétentions, ses suspectes visées,
Ses attaques envers moi, et son hégémonisme ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Apaise donc ton cœur et oublie ce tracas.
Rien ne sert de t’aigrir contre ces gens chagrins.
Suis ton propre chemin et ne t’inquiète pas.
C’est la paix intérieure qui te rendra serein.
Apprends donc à aimer ceux qui te déprécient.
Leurs certitudes aveugles ne peuvent t’affecter
Si tu cherches sans fin la paix et l’harmonie
Et adoptes en tout lieu l’esprit de pureté.
Les autres ont leur destin et leur propre avenir.
Tu peux les éclairer, leur prêter assistance,
Mais non point les forcer à éviter le pire
Si c’est là où conduit leur stupide imprudence.
Voici le bord de l’île où pousse ton rosier.
Le territoire est vaste ; à toi de bien chercher.
C’est ici, mon ami, que je vais te poser.
Prends donc bien garde à toi ; je pars à l’opposé. »
Et de son vol parfait, le goéland partit,
Laissant John et sa quête et la Terre et ses lois,
Filant droit vers l’azur dans l’espace infini,
Quittant ce vert pays où une Rose croît.
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Plusieurs mois s’écoulèrent, et nous retrouvons John,
Toujours vêtu de bure, son bâton à la main,
Bravant intempéries, voleurs, fleuves et faune,
Mais inlassablement poursuivant son chemin.
Il n’avait point encore vu trace de sa Rose,
Mais il persévérait et purifiait son cœur
Sachant qu’il gagnerait un certain jour sa cause
D’après ses qualités lorsque viendrait son heure.
Il pénétra des bois qui entravaient sa route.
Il en traversa maints d’aspect plus agréable :
Les fûts plus clairsemés semblaient comme à l’écoute
Du voyageur errant sous chênes et érables.
La lumière adoucie filtrant sous le feuillage
Coulait entre les troncs, descendait en douceur,
Glissait sur le chemin, effleurant au passage
Un gland, une noisette, une pierre, une fleur.
John rencontra un lac, un beau matin d’automne.
L’eau était lisse et calme, et sur l’herbe humide
Flottaient des brins de brume, lourds, blancs et monotones.
L’air était immobile, silencieux, et comme vide.
L’atmosphère était fraîche et tout n’était que brume,
Et le jour juste né chassait bien mal la nuit.
Tout était détrempé, suscitant l’amertume.
Des nappes de brouillard incitaient à l’ennui.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’est dans ce matin pâle et figé dans le temps
Que John vit s’approcher un chevalier d’antan.
Son cheval fatigué portait un harnachement
Encore plus usé que l’armure du venant.
L’homme semblait harassé, chevauchant avec peine.
Son armure était vieille et couverte de boue.
Et pourtant, par l’allure, malgré fatigue et gêne,
Se révélaient en lui noblesse et bon goût.
Le long de son côté pendait sa longue épée,
Ebréchée d’éclats tout le long du tranchant,
Tordue de la garde à la pointe émoussée,
Patinée par la vie autant que par le temps.
Jadis son attirail eut dû étinceler,
Alors qu’il était jeune, ardent et batailleur.
Mais il était peu fier et prêt à s’effondrer
Au jour de sa rencontre avec le laboureur.
Dans la pâleur de l’aube étouffée de brouillard,
Les deux hommes avançaient de leurs pas fatigués,
Approchant l’un de l’autre et croisant leurs regards,
S’arrêtant à dix pas dans l’herbage trempé.
Durant un bref instant, ils s’entreregardèrent,
Intrigués l’un par l’autre, se jaugeant à distance.
Puis mourut la méfiance, et ils se rapprochèrent,
Puisqu’ils semblaient tous deux condamnés à l’errance.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Bonjour, noble seigneur », fit John, compatissant.
« Quelle est la grande quête qui vous porte en ces lieux ?
Est-elle si lassante pour qu’ici languissant
Je vous trouve errant par ce temps peu radieux ? »
- « Eh oui, mon pauvre ami. Mon nom est Lancelot.
Mon histoire est très longue et pleine de douleurs.
Il y a bien longtemps, quand j’étais jeune et beau,
J’avais de bons amis, tous très chers à mon cœur.
Avec eux et leurs hommes, nous menâmes combat,
Vainquant traîtres et fourbes, unifiant l’Angleterre
Sous une seule bannière, sous une unique loi,
Et d’Arthur, notre roi, nous étions tous très fiers.
Quand la paix fut venue sur tout le territoire,
Nous convînmes chacun d’aller quérir le Graal
Qui pouvait apporter, selon moult histoires,
La Justice et l’Amour, nous délivrant du mal.
Hélas, je le confesse, mon amour pour Guenièvre,
Dont je suis seul coupable, m’attira maints ennuis.
Et je perdis surtout, à cause de cette fièvre,
De très précieux instants, d’où le point où j’en suis.
On dit par le pays qu’un de mes compagnons,
Bien éclairé par Dieu et guidé par sa foi,
Aurait trouvé le Graal, mais j’ignore son nom.
Où donc a-t-il son gîte ? A-t-il parlé au roi ? ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
- « Moi, je cherche une Rose, et tout autant que toi,
Je poursuis ma recherche en conservant espoir.
Ma quête est certes autre, mais je n’ai point de toit.
J’erre depuis des mois comme dans la nuit noire ».
- « Nos quêtes coïncident, car le Graal ou la Rose,
Ou bien la Toison d’Or, ou bien la Sainteté,
Le Grand Œuvre Alchimique, sont une même chose
Qui sous des noms divers se montre aux initiés.
La Vérité est Une ; nombreux sont ses visages.
C’est pourquoi tant d’humains se prétendent les Bons
Mais refusent les thèses de gens pourtant très sages.
De là l’intolérance, les bûchers, l’oppression.
Toi qui cherches la Rose, apprends l’humilité.
Ecoute donc les autres, considère leurs idées :
Chacun détient en soi des parts de vérité.
Mais méfie-toi des mots des bouches mal informées ».
- « Selon toi, Lancelot, quel est le bon moyen
Pour distinguer le vrai de ce qui ne l’est pas
Sans sombrer dans l’erreur comme tout citoyen
Qui ignore les buts de qui croise ses pas ? »
- « La seule vérité est celle qui dort en toi.
Le vrai Dieu qui te guide t’apprend ce qui est bon
Si tu sais l’écouter et lui accorder foi :
L’intuition te dira où sont les fanfarons ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et dès lors qu’il se tut, ce fut l’émerveillement !
Il disparut soudain, laissant John stupéfait !
Un écriteau surgit au même emplacement !
Une flèche, vers l’Est, le mot « Rose » indiquait !
Etait-ce là magie, ou tour de charlatan ?
Ce Lancelot du Lac était-il virtuel ?
Une image hologramme ? Un fantôme d’antan ?
Et d’où donc provenait l’écriteau actuel ?
- « Voilà un fait étrange ! Est-ce ma solution ?
C’est la première fois que mes pas sont fléchés !
Serait-ce un nouveau leurre ? Je vais faire attention…
Quelle est cette lueur au loin près des rochers ? »
John marcha quelque peu sur un sentier damé
A l’air entretenu quoique peu fréquenté.
Il s’arrêta au pied d’un haut mur élancé.
Au centre, une poterne, pont-levis relevé.
Le site était étrange et fort bien hermétique.
Sur la gauche du porche clamait un écriteau :
« Société de la Rose, ancienne, et mystique,
Offrant à ceux qui osent le plus beau des cadeaux ».
John était transporté, car il touchait au but.
Le cœur léger et pur, il se mit à crier,
Afin qu’en ce domaine il puisse être reçu.
Le pont lui fut baissé et il put pénétrer.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Grande fut sa surprise lorsqu’il vit devant lui
Une haute muraille, pire que la précédente.
Entre les deux remparts, l’espace était réduit,
Jonché d’armures brûlées lors de combats récents.
Le haut mur devant lui fuyait à l’infini.
Une étroite poterne barrait certes la sente,
Mais il eut beau hurler, oncques ne lui ouvrit.
Et commença alors une très longue attente.
La nuit vint doucement pour couvrir de ses ailes
Un laboureur inquiet de se voir esseulé,
Se demandant en plus pourquoi rester fidèle
Au sévère idéal qui l’avait isolé.
L’obscurité gagnait l’espace entre les murs
Lorsque John entendit un fracas de métal.
Il lui fallut du temps avant d’en être sûr :
Une épée avait chu, semblable à Durandal.
Qui donc du haut des murs lui voulait quelque mal ?
Pourquoi cette belle arme gisait-elle à ses pieds ?
En ramassant la lame à l’allure fatale,
Il crut voir un halo de la lame irradier.
A la lueur blafarde émanant du tranchant,
Il décrypta des mots gravés dedans la garde.
« Michel » était inscrit, sur le manche, à l’avant.
Après suivaient aussi : « Pour toi » et « Dieu te garde ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« S’agit-il de Michel, jadis de mon village,
Qui partit sur les routes errer en vagabond,
Consacrant à la Rose le reste de son âge,
En entraînant Bernard, son joyeux compagnon ?
Y a-t-il donc là haut, outre le Créateur,
Des amis qui me veillent, guidant ma destinée,
Protégeant mes errances, écartant les malheurs
Et dirigeant mes pas à longueur de journée ? »
John n’eut plus l’occasion de raisonner ainsi,
Car d’entre les murailles approchait à grand bruit
Un monstre terrifiant troublant de ses grands cris
La froide atmosphère et l’air vif de la nuit.
Dans un vacarme horrible s’illumina le ciel
D’un immense éclair rouge sorti droit de la gueule
De l’animal géant dont l’aspect démentiel
Faisait croire à cent bêtes alors qu’elle était seule !
- « Horreur ! Que vois-je là ? Un démon ? Un dragon ?
Enflammé, chevelu, bruyant et terrifiant,
Cet être inconnu est-il fruit de l’union
De céleste comète et de fils de Satan ?
L’animal inconnu paraît très belliqueux.
Mais où donc m’abriter en cette arène nue ?
Devrais-je batailler contre cet être affreux,
Renonçant à la Paix que j’érige en vertu ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Est-il bien raisonnable d’ainsi tergiverser
Alors que l’existence est en pareil danger ?
John reprit ses esprits, se tint prêt à lutter.
N’ayant nul lieu où fuir, il devait batailler.
En son for intérieur livraient aussi combat
Son instinct de survie et son désir de paix ;
Lui qui cherchait la Rose non pas pour les tournois
Mais pour la Connaissance et la Sérénité !
Et d’un autre côté, c’était aussi la guerre
Entre l’envie de fuir et l’honneur de rester,
Entre la peur du monstre à l’horrible crinière
Et la confiance en lui qu’il devait cultiver.
Se rappelant ce point, John se souvint soudain,
L’espace d’un instant, dans son mental en feu,
Qu’il était lui aussi créé par le Divin,
Parcelle d’Univers façonnée par Dieu.
Puisque tel il était, pourquoi donc s’inquiéter ?
Si Dieu le souhaitait, il sortirait vainqueur ;
Ou il Le rejoindrait, dans le cas opposé…
John résolut dès lors de frapper en plein cœur.
Ce qu’il advint alors, nul ne peut le comprendre.
L’épée devint brillante autant que cent soleils !
Un éclair en jaillit et transforma en cendres
Le dragon maléfique, tué par cette merveille.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Toujours vêtu de bure, son bâton à la main,
Bravant intempéries, voleurs, fleuves et faune,
Mais inlassablement poursuivant son chemin.
Il n’avait point encore vu trace de sa Rose,
Mais il persévérait et purifiait son cœur
Sachant qu’il gagnerait un certain jour sa cause
D’après ses qualités lorsque viendrait son heure.
Il pénétra des bois qui entravaient sa route.
Il en traversa maints d’aspect plus agréable :
Les fûts plus clairsemés semblaient comme à l’écoute
Du voyageur errant sous chênes et érables.
La lumière adoucie filtrant sous le feuillage
Coulait entre les troncs, descendait en douceur,
Glissait sur le chemin, effleurant au passage
Un gland, une noisette, une pierre, une fleur.
John rencontra un lac, un beau matin d’automne.
L’eau était lisse et calme, et sur l’herbe humide
Flottaient des brins de brume, lourds, blancs et monotones.
L’air était immobile, silencieux, et comme vide.
L’atmosphère était fraîche et tout n’était que brume,
Et le jour juste né chassait bien mal la nuit.
Tout était détrempé, suscitant l’amertume.
Des nappes de brouillard incitaient à l’ennui.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’est dans ce matin pâle et figé dans le temps
Que John vit s’approcher un chevalier d’antan.
Son cheval fatigué portait un harnachement
Encore plus usé que l’armure du venant.
L’homme semblait harassé, chevauchant avec peine.
Son armure était vieille et couverte de boue.
Et pourtant, par l’allure, malgré fatigue et gêne,
Se révélaient en lui noblesse et bon goût.
Le long de son côté pendait sa longue épée,
Ebréchée d’éclats tout le long du tranchant,
Tordue de la garde à la pointe émoussée,
Patinée par la vie autant que par le temps.
Jadis son attirail eut dû étinceler,
Alors qu’il était jeune, ardent et batailleur.
Mais il était peu fier et prêt à s’effondrer
Au jour de sa rencontre avec le laboureur.
Dans la pâleur de l’aube étouffée de brouillard,
Les deux hommes avançaient de leurs pas fatigués,
Approchant l’un de l’autre et croisant leurs regards,
S’arrêtant à dix pas dans l’herbage trempé.
Durant un bref instant, ils s’entreregardèrent,
Intrigués l’un par l’autre, se jaugeant à distance.
Puis mourut la méfiance, et ils se rapprochèrent,
Puisqu’ils semblaient tous deux condamnés à l’errance.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« Bonjour, noble seigneur », fit John, compatissant.
« Quelle est la grande quête qui vous porte en ces lieux ?
Est-elle si lassante pour qu’ici languissant
Je vous trouve errant par ce temps peu radieux ? »
- « Eh oui, mon pauvre ami. Mon nom est Lancelot.
Mon histoire est très longue et pleine de douleurs.
Il y a bien longtemps, quand j’étais jeune et beau,
J’avais de bons amis, tous très chers à mon cœur.
Avec eux et leurs hommes, nous menâmes combat,
Vainquant traîtres et fourbes, unifiant l’Angleterre
Sous une seule bannière, sous une unique loi,
Et d’Arthur, notre roi, nous étions tous très fiers.
Quand la paix fut venue sur tout le territoire,
Nous convînmes chacun d’aller quérir le Graal
Qui pouvait apporter, selon moult histoires,
La Justice et l’Amour, nous délivrant du mal.
Hélas, je le confesse, mon amour pour Guenièvre,
Dont je suis seul coupable, m’attira maints ennuis.
Et je perdis surtout, à cause de cette fièvre,
De très précieux instants, d’où le point où j’en suis.
On dit par le pays qu’un de mes compagnons,
Bien éclairé par Dieu et guidé par sa foi,
Aurait trouvé le Graal, mais j’ignore son nom.
Où donc a-t-il son gîte ? A-t-il parlé au roi ? ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
- « Moi, je cherche une Rose, et tout autant que toi,
Je poursuis ma recherche en conservant espoir.
Ma quête est certes autre, mais je n’ai point de toit.
J’erre depuis des mois comme dans la nuit noire ».
- « Nos quêtes coïncident, car le Graal ou la Rose,
Ou bien la Toison d’Or, ou bien la Sainteté,
Le Grand Œuvre Alchimique, sont une même chose
Qui sous des noms divers se montre aux initiés.
La Vérité est Une ; nombreux sont ses visages.
C’est pourquoi tant d’humains se prétendent les Bons
Mais refusent les thèses de gens pourtant très sages.
De là l’intolérance, les bûchers, l’oppression.
Toi qui cherches la Rose, apprends l’humilité.
Ecoute donc les autres, considère leurs idées :
Chacun détient en soi des parts de vérité.
Mais méfie-toi des mots des bouches mal informées ».
- « Selon toi, Lancelot, quel est le bon moyen
Pour distinguer le vrai de ce qui ne l’est pas
Sans sombrer dans l’erreur comme tout citoyen
Qui ignore les buts de qui croise ses pas ? »
- « La seule vérité est celle qui dort en toi.
Le vrai Dieu qui te guide t’apprend ce qui est bon
Si tu sais l’écouter et lui accorder foi :
L’intuition te dira où sont les fanfarons ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Et dès lors qu’il se tut, ce fut l’émerveillement !
Il disparut soudain, laissant John stupéfait !
Un écriteau surgit au même emplacement !
Une flèche, vers l’Est, le mot « Rose » indiquait !
Etait-ce là magie, ou tour de charlatan ?
Ce Lancelot du Lac était-il virtuel ?
Une image hologramme ? Un fantôme d’antan ?
Et d’où donc provenait l’écriteau actuel ?
- « Voilà un fait étrange ! Est-ce ma solution ?
C’est la première fois que mes pas sont fléchés !
Serait-ce un nouveau leurre ? Je vais faire attention…
Quelle est cette lueur au loin près des rochers ? »
John marcha quelque peu sur un sentier damé
A l’air entretenu quoique peu fréquenté.
Il s’arrêta au pied d’un haut mur élancé.
Au centre, une poterne, pont-levis relevé.
Le site était étrange et fort bien hermétique.
Sur la gauche du porche clamait un écriteau :
« Société de la Rose, ancienne, et mystique,
Offrant à ceux qui osent le plus beau des cadeaux ».
John était transporté, car il touchait au but.
Le cœur léger et pur, il se mit à crier,
Afin qu’en ce domaine il puisse être reçu.
Le pont lui fut baissé et il put pénétrer.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Grande fut sa surprise lorsqu’il vit devant lui
Une haute muraille, pire que la précédente.
Entre les deux remparts, l’espace était réduit,
Jonché d’armures brûlées lors de combats récents.
Le haut mur devant lui fuyait à l’infini.
Une étroite poterne barrait certes la sente,
Mais il eut beau hurler, oncques ne lui ouvrit.
Et commença alors une très longue attente.
La nuit vint doucement pour couvrir de ses ailes
Un laboureur inquiet de se voir esseulé,
Se demandant en plus pourquoi rester fidèle
Au sévère idéal qui l’avait isolé.
L’obscurité gagnait l’espace entre les murs
Lorsque John entendit un fracas de métal.
Il lui fallut du temps avant d’en être sûr :
Une épée avait chu, semblable à Durandal.
Qui donc du haut des murs lui voulait quelque mal ?
Pourquoi cette belle arme gisait-elle à ses pieds ?
En ramassant la lame à l’allure fatale,
Il crut voir un halo de la lame irradier.
A la lueur blafarde émanant du tranchant,
Il décrypta des mots gravés dedans la garde.
« Michel » était inscrit, sur le manche, à l’avant.
Après suivaient aussi : « Pour toi » et « Dieu te garde ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
« S’agit-il de Michel, jadis de mon village,
Qui partit sur les routes errer en vagabond,
Consacrant à la Rose le reste de son âge,
En entraînant Bernard, son joyeux compagnon ?
Y a-t-il donc là haut, outre le Créateur,
Des amis qui me veillent, guidant ma destinée,
Protégeant mes errances, écartant les malheurs
Et dirigeant mes pas à longueur de journée ? »
John n’eut plus l’occasion de raisonner ainsi,
Car d’entre les murailles approchait à grand bruit
Un monstre terrifiant troublant de ses grands cris
La froide atmosphère et l’air vif de la nuit.
Dans un vacarme horrible s’illumina le ciel
D’un immense éclair rouge sorti droit de la gueule
De l’animal géant dont l’aspect démentiel
Faisait croire à cent bêtes alors qu’elle était seule !
- « Horreur ! Que vois-je là ? Un démon ? Un dragon ?
Enflammé, chevelu, bruyant et terrifiant,
Cet être inconnu est-il fruit de l’union
De céleste comète et de fils de Satan ?
L’animal inconnu paraît très belliqueux.
Mais où donc m’abriter en cette arène nue ?
Devrais-je batailler contre cet être affreux,
Renonçant à la Paix que j’érige en vertu ? »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Est-il bien raisonnable d’ainsi tergiverser
Alors que l’existence est en pareil danger ?
John reprit ses esprits, se tint prêt à lutter.
N’ayant nul lieu où fuir, il devait batailler.
En son for intérieur livraient aussi combat
Son instinct de survie et son désir de paix ;
Lui qui cherchait la Rose non pas pour les tournois
Mais pour la Connaissance et la Sérénité !
Et d’un autre côté, c’était aussi la guerre
Entre l’envie de fuir et l’honneur de rester,
Entre la peur du monstre à l’horrible crinière
Et la confiance en lui qu’il devait cultiver.
Se rappelant ce point, John se souvint soudain,
L’espace d’un instant, dans son mental en feu,
Qu’il était lui aussi créé par le Divin,
Parcelle d’Univers façonnée par Dieu.
Puisque tel il était, pourquoi donc s’inquiéter ?
Si Dieu le souhaitait, il sortirait vainqueur ;
Ou il Le rejoindrait, dans le cas opposé…
John résolut dès lors de frapper en plein cœur.
Ce qu’il advint alors, nul ne peut le comprendre.
L’épée devint brillante autant que cent soleils !
Un éclair en jaillit et transforma en cendres
Le dragon maléfique, tué par cette merveille.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Le reste de la nuit passa sans incident.
John ne put cependant, malgré tout son désir,
Trouver aucun sommeil, tant son trouble était grand,
A cause de la bête qu’il avait dû occire.
Il médita longtemps, ressassant son passé,
Repensant à sa quête, aux murs, ou à la Rose,
Au monstre, à Michel, et parfois à l’épée,
Ainsi, jusqu’au matin, quand la rosée se pose.
La lumière de l’aube proposa à sa vue
Une porte immense incrustée dans le mur.
Sept chevaliers armés, droits dans la lumière crue,
Lui barraient le chemin vers la Rose si pure.
Chacun était planté, revêtu d’une armure,
Enveloppé de blanc, tenant un bouclier,
Le heaume empanaché portant peu d’ouvertures.
De rouges croix pattées les disaient Templiers.
Immobiles dans l’aube, les sept preux chevaliers,
Debout dans la prairie, mains posées sur l’écu,
Semblaient attendre John qui se faisait prier.
Au loin leurs sept montures broutaient le trèfle dru.
L’atmosphère était lourde, à couper au couteau.
Pas un souffle de vent n’osait remuer l’air.
Les naseaux des chevaux exhalaient leur air chaud,
Et la rosée luisait en enrobant les pierres.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Un des sept militaires prit enfin la parole,
Mais John n’aurait pu dire lequel avait parlé,
Car les heaumes et la brume masquaient à tour de rôle
Les lèvres des hérauts, et John en fut troublé.
- « Approche, laboureur. Te voici arrivé.
Voici l’entrée du Temple où les maîtres officient.
Te sens-tu dignes d’eux et prêt à t’impliquer,
A œuvrer pour la Rose sans peur ni jalousie ? »
- « Certes oui, Messeigneurs », répondit alors John.
« Laissez-moi voir ma Rose, et je pars derechef
Pour défendre sa cause et tout ce qu’elle ordonne,
Prenant sa loi pour mienne, sans choisir d’autre chef. »
- « Noble est ton idéal, jeune chercheur de Rose,
Mais l’heure n’est pas venue d’aller cueillir ta Fleur.
Nous t’acceptons chez nous, c’est déjà belle chose ;
Mais il faut mériter, par ton zèle, cet honneur.
Paie un écu d’or à l’adresse du Temple
Pour l’entretien des murs et notre nourriture.
Cet argent, pour les pauvres, est juste, dans l’ensemble,
T’enseigne le partage et paie ta nouvelle bure.
Car dès cet instant-ci, tu deviens l’un des nôtres,
Et nous t’offrons le gîte, le couvert et le nom :
Tu es Frère de la Rose, et tel un jeune apôtre,
Tu suivras un des Maîtres, un sage, juste et bon.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’est là un grand honneur, valeureux chevaliers,
Mais il me reste encore à découvrir ma Rose.
Après combien de temps pourrai-je contempler
L’objet qui, dans ma vie, cette quête m’impose ? »
- « Cela dépend du zèle que tu veux déployer
Pour atteindre le but que tu t’étais fixé.
Entre six et neuf ans de travail acharné
Me semblent un bon terme pour très bien te former. »
- « Sept, huit ou neuf années avant l’aboutissement ?
C’est là bien long chemin pour toucher au Rosier.
Et je ne détiens point l’écu pour le paiement.
Comment pourrais-je alors à votre Ordre accéder ? »
- « Si tu es sans le sou, tu pourras travailler,
Afin de mériter, comme en contrepartie,
Le toit et le coucher, le boire et le manger,
Pour t’en aller sans dettes une fois ta quête finie.
Franchis donc le portail et sois le bienvenu
Dans le cercle extérieur nommé Second Degré.
Tes frères t’aideront à gagner tes écus,
A moins que tu nous quittes si tel est ton bon gré.
John topa le marché, se disant qu’après tout,
Si telle était la voie qui conduisait au but,
Il devait l’emprunter, quel qu’en fût le haut coût.
Elle ne menait quand même pas droit vers Belzébuth !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John franchit le portail et atterrit alors
Devant une muraille pareille aux précédentes.
Elle n’avait pas de porte, tel un bon château fort.
Entre les murs vaquait une foule élégante.
Ces messieurs et ces dames avançaient en tout sens,
Parcourant les cent pieds séparant les parois.
Ils erraient, devisant, et bénissaient la chance
De s’être affranchis des esprits trop étroits.
- « Quelle est donc votre quête ? », s’enquit John auprès d’eux.
- « Nous recherchons la Rose, tout comme vous, mon frère.
En ce second degré, nous sommes tous envieux
De trouver l’ouverture menant au sanctuaire.
Les murs sont circulaires et parallèles entre eux.
Des passages secrets devraient les faire franchir.
A nous de les trouver, et aussi d’aider ceux
Qui tentent avec nous d’aussi y parvenir.
Dans le cercle central sont les Maître initiés
Qui dispensent leur science à ceux qui les rencontrent.
Leur connaissance est telle que si vous l’appreniez,
Le temps ne serait plus pour vous tel qu’il se montre.
Vous vous affranchiriez des terrestres contraintes
Et vous accéderiez au savoir archaïque.
Mais il nous faut d’abord abolir les astreintes
En libérant l’Esprit de nos corps trop physiques.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Vaincre espace et temps, toucher à l’Infini,
C’est mon vœu le plus cher et le but de ma vie.
J’attends avec ardeur le grand moment béni
Ou je verrai enfin la Rose tant chérie. »
- « C’est simple, en vérité ; étudiez avec nous
Les moyens d’accéder au suivant des degrés.
Ceci vous permettra, moyennant quelques sous,
De franchir ce rempart plus dense que le grès. »
- « En cet endroit encore on reparle d’argent ?
N’êtes-vous pas encore affranchis de ce bien ?
Pourquoi payer encore ? Pour voir de sages gens
Me dire que faire de plus… pour aboutir à rien ?
Toujours parler d’argent devient paradoxal
Pour de futurs élus en quête d’absolu.
Votre attitude cupide me paraît anormale
Alors que vous prêchez morale et vertu.
J’en ai marre de vos dires, de vos sous, de vos Roses !
Je veux sortir d’ici et retourner chez moi !
Vos épreuves sans fin conduisent à la névrose,
Et j’ai perdu labours, terre, temps, amis et toit ! »
- « Gardez votre sang-froid et restez donc serein ;
Rien ne sert de pleurer et de vous lamenter.
Les épreuves sont là non pas en tant que frein
Mais pour nous stimuler vers le but mérité. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Je conçois aisément qu’il faille faire ses preuves
Et peiner quelque peu pour obtenir son dû.
Et j’ai compris aussi qu’il faut aux idées neuves
Des mois pour bonifier dans les cerveaux obtus.
Vos propos ont du sens, mais vos années d’épreuves
Me semblent bien long temps pour toucher l’objectif.
Je veux trouver ma Rose, qu’il vente ou qu’il pleuve.
J’ai du courage à vendre et ne suis point craintif.
Vos beaux enseignements sont utiles à beaucoup,
Mais je me sens pressé, car le Mal n’attend pas :
Je veux offrir mon bras pour combattre partout
Où règne l’injustice, même en risquant trépas.
J’apprécie votre œuvre et voudrais vous aider,
Mais je ne peux tarder tant d’années et de mois.
Je vous salue bien bas, car je vais m’en aller.
Si vous trouvez les Maîtres, remerciez-les pour moi. »
A ce moment précis surgit de la nuée
Un grand oiseau tout blanc qui fondit sur les frères,
Passa au ras des têtes à l’allure d’une fusée,
Emportant au passage John dedans les airs.
C’était le goéland qui avait entendu
La prière de John et venait l’exaucer :
Après avoir cherché par maints sentiers perdus
John était enfin digne d’accéder au Rosier.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Avant qu’il soit remis de l’effet de surprise,
John se vit déposé au pied d’un grand arbuste
Portant millions d’épines, feuilles vertes et grises,
Et Roses faites d’or sur ses branches robustes !
Certaines étaient écloses, et d’autres en bourgeons.
Certaines encore manquaient : celles qui furent cueillies.
Mais sur plusieurs pétales, toutes portaient des noms :
Ceux de tous les humains souhaitant la Vraie Vie.
Car tout être pensant est fils de l’Univers.
Chacun est appelé à s’unir au divin.
Tous n’y parviennent pas, cumulant les revers ;
Certains autres y arrivent, aidés par le destin.
John s’approcha enfin du fameux végétal,
Cause de son errance depuis de nombreux mois,
Parcourant du regard les fleurs de fin métal,
Le cœur battant très fort, excité par l’émoi.
Bien des fleurs demeuraient non encore décloses,
Portant les nombreux noms de tant de citoyens ;
Mais rien qu’une d’entre elles s’épanouissait en Rose :
Le nom de John, sur l’or, s’y retrouvait gravé !
Il étendit le bras afin de la toucher.
Le moment du contact fut extraordinaire :
L’arbuste disparut, aussitôt remplacé
Par un jeune barbu habillé de lumière !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Ébloui par l’exploit, John tomba à genoux
Aux pieds de l’Homme en blanc apparu devant lui.
Il entendit alors, croyant devenir fou,
L’entité le nommer puis dire ce qui suit :
- « La paix soit avec toi, John-le-Persévérant.
Crois-tu être arrivé au bout de ta recherche ?
En vérité, te dis-je, c’est un commencement,
Car la Rose impose de rester sur la brèche.
Le chemin te fut dur, mais c’était nécessaire :
Par tous tes renoncements, tu gagnas en sagesse ;
Les multiples épreuves forgèrent ton caractère,
Bien que ton idéal ait connu la faiblesse.
C’est moi qui t’appelais, comme j’appelle tout Homme.
Merci pour ton effort ; reçois ta récompense.
Je t’offre les étoiles, et l’Univers, en somme :
Accède au savoir de tout être qui pense.
Acquiers la connaissance du cœur de la matière ;
Apprends comment l’esprit modifie les formes ;
Maîtrise ton ego ; aime la Terre entière ;
Puis va porter aux Hommes tout ton savoir énorme.
Va désormais sans crainte : Je te donne ma Vie.
Deviens mon missionnaire : va donc trouver nos frères ;
Eveille-les au mieux, guide-les dans leurs vies.
Ne crains pas les démons : tu portes la Lumière… »
. . . . . . . . . . . . . . . .
John ne put cependant, malgré tout son désir,
Trouver aucun sommeil, tant son trouble était grand,
A cause de la bête qu’il avait dû occire.
Il médita longtemps, ressassant son passé,
Repensant à sa quête, aux murs, ou à la Rose,
Au monstre, à Michel, et parfois à l’épée,
Ainsi, jusqu’au matin, quand la rosée se pose.
La lumière de l’aube proposa à sa vue
Une porte immense incrustée dans le mur.
Sept chevaliers armés, droits dans la lumière crue,
Lui barraient le chemin vers la Rose si pure.
Chacun était planté, revêtu d’une armure,
Enveloppé de blanc, tenant un bouclier,
Le heaume empanaché portant peu d’ouvertures.
De rouges croix pattées les disaient Templiers.
Immobiles dans l’aube, les sept preux chevaliers,
Debout dans la prairie, mains posées sur l’écu,
Semblaient attendre John qui se faisait prier.
Au loin leurs sept montures broutaient le trèfle dru.
L’atmosphère était lourde, à couper au couteau.
Pas un souffle de vent n’osait remuer l’air.
Les naseaux des chevaux exhalaient leur air chaud,
Et la rosée luisait en enrobant les pierres.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Un des sept militaires prit enfin la parole,
Mais John n’aurait pu dire lequel avait parlé,
Car les heaumes et la brume masquaient à tour de rôle
Les lèvres des hérauts, et John en fut troublé.
- « Approche, laboureur. Te voici arrivé.
Voici l’entrée du Temple où les maîtres officient.
Te sens-tu dignes d’eux et prêt à t’impliquer,
A œuvrer pour la Rose sans peur ni jalousie ? »
- « Certes oui, Messeigneurs », répondit alors John.
« Laissez-moi voir ma Rose, et je pars derechef
Pour défendre sa cause et tout ce qu’elle ordonne,
Prenant sa loi pour mienne, sans choisir d’autre chef. »
- « Noble est ton idéal, jeune chercheur de Rose,
Mais l’heure n’est pas venue d’aller cueillir ta Fleur.
Nous t’acceptons chez nous, c’est déjà belle chose ;
Mais il faut mériter, par ton zèle, cet honneur.
Paie un écu d’or à l’adresse du Temple
Pour l’entretien des murs et notre nourriture.
Cet argent, pour les pauvres, est juste, dans l’ensemble,
T’enseigne le partage et paie ta nouvelle bure.
Car dès cet instant-ci, tu deviens l’un des nôtres,
Et nous t’offrons le gîte, le couvert et le nom :
Tu es Frère de la Rose, et tel un jeune apôtre,
Tu suivras un des Maîtres, un sage, juste et bon.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
C’est là un grand honneur, valeureux chevaliers,
Mais il me reste encore à découvrir ma Rose.
Après combien de temps pourrai-je contempler
L’objet qui, dans ma vie, cette quête m’impose ? »
- « Cela dépend du zèle que tu veux déployer
Pour atteindre le but que tu t’étais fixé.
Entre six et neuf ans de travail acharné
Me semblent un bon terme pour très bien te former. »
- « Sept, huit ou neuf années avant l’aboutissement ?
C’est là bien long chemin pour toucher au Rosier.
Et je ne détiens point l’écu pour le paiement.
Comment pourrais-je alors à votre Ordre accéder ? »
- « Si tu es sans le sou, tu pourras travailler,
Afin de mériter, comme en contrepartie,
Le toit et le coucher, le boire et le manger,
Pour t’en aller sans dettes une fois ta quête finie.
Franchis donc le portail et sois le bienvenu
Dans le cercle extérieur nommé Second Degré.
Tes frères t’aideront à gagner tes écus,
A moins que tu nous quittes si tel est ton bon gré.
John topa le marché, se disant qu’après tout,
Si telle était la voie qui conduisait au but,
Il devait l’emprunter, quel qu’en fût le haut coût.
Elle ne menait quand même pas droit vers Belzébuth !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
John franchit le portail et atterrit alors
Devant une muraille pareille aux précédentes.
Elle n’avait pas de porte, tel un bon château fort.
Entre les murs vaquait une foule élégante.
Ces messieurs et ces dames avançaient en tout sens,
Parcourant les cent pieds séparant les parois.
Ils erraient, devisant, et bénissaient la chance
De s’être affranchis des esprits trop étroits.
- « Quelle est donc votre quête ? », s’enquit John auprès d’eux.
- « Nous recherchons la Rose, tout comme vous, mon frère.
En ce second degré, nous sommes tous envieux
De trouver l’ouverture menant au sanctuaire.
Les murs sont circulaires et parallèles entre eux.
Des passages secrets devraient les faire franchir.
A nous de les trouver, et aussi d’aider ceux
Qui tentent avec nous d’aussi y parvenir.
Dans le cercle central sont les Maître initiés
Qui dispensent leur science à ceux qui les rencontrent.
Leur connaissance est telle que si vous l’appreniez,
Le temps ne serait plus pour vous tel qu’il se montre.
Vous vous affranchiriez des terrestres contraintes
Et vous accéderiez au savoir archaïque.
Mais il nous faut d’abord abolir les astreintes
En libérant l’Esprit de nos corps trop physiques.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Vaincre espace et temps, toucher à l’Infini,
C’est mon vœu le plus cher et le but de ma vie.
J’attends avec ardeur le grand moment béni
Ou je verrai enfin la Rose tant chérie. »
- « C’est simple, en vérité ; étudiez avec nous
Les moyens d’accéder au suivant des degrés.
Ceci vous permettra, moyennant quelques sous,
De franchir ce rempart plus dense que le grès. »
- « En cet endroit encore on reparle d’argent ?
N’êtes-vous pas encore affranchis de ce bien ?
Pourquoi payer encore ? Pour voir de sages gens
Me dire que faire de plus… pour aboutir à rien ?
Toujours parler d’argent devient paradoxal
Pour de futurs élus en quête d’absolu.
Votre attitude cupide me paraît anormale
Alors que vous prêchez morale et vertu.
J’en ai marre de vos dires, de vos sous, de vos Roses !
Je veux sortir d’ici et retourner chez moi !
Vos épreuves sans fin conduisent à la névrose,
Et j’ai perdu labours, terre, temps, amis et toit ! »
- « Gardez votre sang-froid et restez donc serein ;
Rien ne sert de pleurer et de vous lamenter.
Les épreuves sont là non pas en tant que frein
Mais pour nous stimuler vers le but mérité. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Je conçois aisément qu’il faille faire ses preuves
Et peiner quelque peu pour obtenir son dû.
Et j’ai compris aussi qu’il faut aux idées neuves
Des mois pour bonifier dans les cerveaux obtus.
Vos propos ont du sens, mais vos années d’épreuves
Me semblent bien long temps pour toucher l’objectif.
Je veux trouver ma Rose, qu’il vente ou qu’il pleuve.
J’ai du courage à vendre et ne suis point craintif.
Vos beaux enseignements sont utiles à beaucoup,
Mais je me sens pressé, car le Mal n’attend pas :
Je veux offrir mon bras pour combattre partout
Où règne l’injustice, même en risquant trépas.
J’apprécie votre œuvre et voudrais vous aider,
Mais je ne peux tarder tant d’années et de mois.
Je vous salue bien bas, car je vais m’en aller.
Si vous trouvez les Maîtres, remerciez-les pour moi. »
A ce moment précis surgit de la nuée
Un grand oiseau tout blanc qui fondit sur les frères,
Passa au ras des têtes à l’allure d’une fusée,
Emportant au passage John dedans les airs.
C’était le goéland qui avait entendu
La prière de John et venait l’exaucer :
Après avoir cherché par maints sentiers perdus
John était enfin digne d’accéder au Rosier.
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Avant qu’il soit remis de l’effet de surprise,
John se vit déposé au pied d’un grand arbuste
Portant millions d’épines, feuilles vertes et grises,
Et Roses faites d’or sur ses branches robustes !
Certaines étaient écloses, et d’autres en bourgeons.
Certaines encore manquaient : celles qui furent cueillies.
Mais sur plusieurs pétales, toutes portaient des noms :
Ceux de tous les humains souhaitant la Vraie Vie.
Car tout être pensant est fils de l’Univers.
Chacun est appelé à s’unir au divin.
Tous n’y parviennent pas, cumulant les revers ;
Certains autres y arrivent, aidés par le destin.
John s’approcha enfin du fameux végétal,
Cause de son errance depuis de nombreux mois,
Parcourant du regard les fleurs de fin métal,
Le cœur battant très fort, excité par l’émoi.
Bien des fleurs demeuraient non encore décloses,
Portant les nombreux noms de tant de citoyens ;
Mais rien qu’une d’entre elles s’épanouissait en Rose :
Le nom de John, sur l’or, s’y retrouvait gravé !
Il étendit le bras afin de la toucher.
Le moment du contact fut extraordinaire :
L’arbuste disparut, aussitôt remplacé
Par un jeune barbu habillé de lumière !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Ébloui par l’exploit, John tomba à genoux
Aux pieds de l’Homme en blanc apparu devant lui.
Il entendit alors, croyant devenir fou,
L’entité le nommer puis dire ce qui suit :
- « La paix soit avec toi, John-le-Persévérant.
Crois-tu être arrivé au bout de ta recherche ?
En vérité, te dis-je, c’est un commencement,
Car la Rose impose de rester sur la brèche.
Le chemin te fut dur, mais c’était nécessaire :
Par tous tes renoncements, tu gagnas en sagesse ;
Les multiples épreuves forgèrent ton caractère,
Bien que ton idéal ait connu la faiblesse.
C’est moi qui t’appelais, comme j’appelle tout Homme.
Merci pour ton effort ; reçois ta récompense.
Je t’offre les étoiles, et l’Univers, en somme :
Accède au savoir de tout être qui pense.
Acquiers la connaissance du cœur de la matière ;
Apprends comment l’esprit modifie les formes ;
Maîtrise ton ego ; aime la Terre entière ;
Puis va porter aux Hommes tout ton savoir énorme.
Va désormais sans crainte : Je te donne ma Vie.
Deviens mon missionnaire : va donc trouver nos frères ;
Eveille-les au mieux, guide-les dans leurs vies.
Ne crains pas les démons : tu portes la Lumière… »
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
Tout disparut alors aux alentours de John.
Il se vit dans le noir, plongeant dans un tunnel
Cerclé de lueurs vives à dominantes jaunes ;
Il voyait luire au bout une gloire nouvelle.
Il se trouva soudain baigné d’une clarté
Qu’il ne put définir malgré sa belle science !
Tout devint différent : la luminosité
N’était pas que lumière, mais une Omniprésence !
Il vit, sans voir vraiment, le présent, le passé,
L’avenir, d’autres temps ; des êtres inconnus.
Il était centurion par légions pourchassé,
Et à la fois larron crucifié presque nu.
Il était prisonnier, agonisant de faim,
Argentin torturé par plus pauvres que lui,
Maghrébin exilé et traité de vaurien,
Dissident rêvassant au pays qu’il a fui.
Il était à la fois à Bruxelles, à Paris,
A New York, à Java, à Smolensk, à Venise ;
Il était sur la terre devant un ciel tout gris
Et flottait dans les airs, léger comme chemise.
Il était les Etoiles, la Lune et le Soleil,
Traversant galaxies, amas, constellations
Plus vite que l’éclair dont l’éclat émerveille ;
Il était odeur, son, couleur, émanation !
Il était toi et moi, Il était l’Univers,
Il était un atome, Il était notre Terre !
Il savait tout sur tout, sur demain, sur hier,
Se trouvait en tout lieu, en mer ou dans les airs !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Rien de tout ce qui est n’échappait à ses sens !
Aucune information issue de l’espace-temps
Ne se cachait à lui, quelle que fut son essence !
Il était Force et Paix, combattant mais aimant !
Il était l’Energie, mais aussi la Matière ;
Il voyait tout, partout, sur Mars ou Jupiter ;
Il comprenait les mots des langues de la Terre,
Et même de celles qu’on parle ailleurs dans l’Univers !
Il aperçut Michel terrassant le dragon,
Frappant d’Excalibur pour occire ce démon !
Il sentait Christ présent, et Jean, son compagnon,
Et Moïse et Bouddha, Mahomet, et les Bons !
Tous les êtres au monde se retrouvaient en lui
Et Lui les ressentait et vibrait par leurs sens !
Diverses étaient les formes, nombreux étaient les cris ;
Mais unique est l’Esprit animant toute essence.
Le temps n’existait plus dans cet enchantement,
Sinon comme instrument d’enchaînement des faits,
Mais non point responsable de nos vieillissements.
Seul était le présent, infini à jamais.
John était Joie immense et Bonheur éternel !
Simple est la Vérité ! Bien plus qu’on la disait !
Pourquoi donc la chercher ? Rien n’est plus proche qu’Elle !
John se vit presque Dieu ! ! ! Enfin, bref : Il Etait !
Demandons-nous d’ailleurs pourquoi encore parler
En usant d’imparfait alors qu’est éternelle
La Vérité si pure que John a rencontrée :
C’est au présent qu’Elle est, cette Unité si belle !
. . . . . . . . . . . . . . . .
Il se vit dans le noir, plongeant dans un tunnel
Cerclé de lueurs vives à dominantes jaunes ;
Il voyait luire au bout une gloire nouvelle.
Il se trouva soudain baigné d’une clarté
Qu’il ne put définir malgré sa belle science !
Tout devint différent : la luminosité
N’était pas que lumière, mais une Omniprésence !
Il vit, sans voir vraiment, le présent, le passé,
L’avenir, d’autres temps ; des êtres inconnus.
Il était centurion par légions pourchassé,
Et à la fois larron crucifié presque nu.
Il était prisonnier, agonisant de faim,
Argentin torturé par plus pauvres que lui,
Maghrébin exilé et traité de vaurien,
Dissident rêvassant au pays qu’il a fui.
Il était à la fois à Bruxelles, à Paris,
A New York, à Java, à Smolensk, à Venise ;
Il était sur la terre devant un ciel tout gris
Et flottait dans les airs, léger comme chemise.
Il était les Etoiles, la Lune et le Soleil,
Traversant galaxies, amas, constellations
Plus vite que l’éclair dont l’éclat émerveille ;
Il était odeur, son, couleur, émanation !
Il était toi et moi, Il était l’Univers,
Il était un atome, Il était notre Terre !
Il savait tout sur tout, sur demain, sur hier,
Se trouvait en tout lieu, en mer ou dans les airs !
. . . . . . . . . . . . . . . . . +
Rien de tout ce qui est n’échappait à ses sens !
Aucune information issue de l’espace-temps
Ne se cachait à lui, quelle que fut son essence !
Il était Force et Paix, combattant mais aimant !
Il était l’Energie, mais aussi la Matière ;
Il voyait tout, partout, sur Mars ou Jupiter ;
Il comprenait les mots des langues de la Terre,
Et même de celles qu’on parle ailleurs dans l’Univers !
Il aperçut Michel terrassant le dragon,
Frappant d’Excalibur pour occire ce démon !
Il sentait Christ présent, et Jean, son compagnon,
Et Moïse et Bouddha, Mahomet, et les Bons !
Tous les êtres au monde se retrouvaient en lui
Et Lui les ressentait et vibrait par leurs sens !
Diverses étaient les formes, nombreux étaient les cris ;
Mais unique est l’Esprit animant toute essence.
Le temps n’existait plus dans cet enchantement,
Sinon comme instrument d’enchaînement des faits,
Mais non point responsable de nos vieillissements.
Seul était le présent, infini à jamais.
John était Joie immense et Bonheur éternel !
Simple est la Vérité ! Bien plus qu’on la disait !
Pourquoi donc la chercher ? Rien n’est plus proche qu’Elle !
John se vit presque Dieu ! ! ! Enfin, bref : Il Etait !
Demandons-nous d’ailleurs pourquoi encore parler
En usant d’imparfait alors qu’est éternelle
La Vérité si pure que John a rencontrée :
C’est au présent qu’Elle est, cette Unité si belle !
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Chercheur d'Or
La splendeur s’atténue, pour enfin s’en aller…
John relève la tête qu’il avait sur le sol.
Il pleure d’émotion, ne cessant de trembler,
Soulevant son corps lourd tombé sur la terre molle.
Se dressant à grand peine, ravalant sa salive,
John brûle encore de la joie entrevue.
Il revient à ce monde, paré de forces vives,
Animé de sagesse et d’espérance peu vues.
Il revoit le Rosier réapparu soudain.
La Rose au nom de John n’est plus dessus sa tige.
Mais John sait désormais qu’Elle vit dedans son sein,
Animant tout son être délivré du vertige.
Tournant dos à l’arbuste, John reprend son bâton,
Puis quitte le lieu saint sans un regard arrière.
Il reprend le chemin, et en clamant « Partons ! »,
Il retourne vers l’Est y porter la Lumière…
. . . . . . . . . . . . . . . .
John relève la tête qu’il avait sur le sol.
Il pleure d’émotion, ne cessant de trembler,
Soulevant son corps lourd tombé sur la terre molle.
Se dressant à grand peine, ravalant sa salive,
John brûle encore de la joie entrevue.
Il revient à ce monde, paré de forces vives,
Animé de sagesse et d’espérance peu vues.
Il revoit le Rosier réapparu soudain.
La Rose au nom de John n’est plus dessus sa tige.
Mais John sait désormais qu’Elle vit dedans son sein,
Animant tout son être délivré du vertige.
Tournant dos à l’arbuste, John reprend son bâton,
Puis quitte le lieu saint sans un regard arrière.
Il reprend le chemin, et en clamant « Partons ! »,
Il retourne vers l’Est y porter la Lumière…
. . . . . . . . . . . . . . . .
© 1982
Joker de Carreau- Nombre de messages : 23
Date d'inscription : 25/09/2008
Re: Chercheur d'Or
Cher Joker
" Sans mentir si votre plumage se rapporte à votre ramage..." ! Vous êtes un merveilleux conteur de merveilleux. Faîtes nous encore réver avec vos vieilles légendes si initiatiques par ailleurs !
Jonathan Livingstone le Goéland, le laboureur de La Fontaine et Lancelot sur fond de mythologie rose-croix, il faut publier. La "terre gaste" a besoin de cette rosée vivifiante. Les "sociétés" intiatiques n'ont pas toutes comme mot de passe : CAC40 !
Amitiés
" Sans mentir si votre plumage se rapporte à votre ramage..." ! Vous êtes un merveilleux conteur de merveilleux. Faîtes nous encore réver avec vos vieilles légendes si initiatiques par ailleurs !
Jonathan Livingstone le Goéland, le laboureur de La Fontaine et Lancelot sur fond de mythologie rose-croix, il faut publier. La "terre gaste" a besoin de cette rosée vivifiante. Les "sociétés" intiatiques n'ont pas toutes comme mot de passe : CAC40 !
Amitiés
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum