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Super Ego

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Message  Logos Lun 11 Jan 2010, 06:30

Super Ego... Comme Alain Minc j'ai opté pour une philosophie sans complexes

Je peux comprendre ce besoin de faire cautionner à tout prix notre pauvre singularité (la liberté : pourquoi faire ? nous demandait Bernanos), mais j'ose supposer que, passée l'adolescence, le problème peut être en bonne partie résolu.
Donc je me demande comment on peut concilier l'engagement dans le monde phénoménal avec la disparition de l'ego ?

(Quand je parle de Super Ego je parle d'un Moi transcendantal transfiguré... Ce qui est transfiguré c'est le Moi-Un, règne du quantitatif, de la mesure (le Un comme unité de mesure), et de la répétition (répétition des schémas de survie, l'animal parlant)... Où le "et" est une répétition (666) // Transfiguré en un Moi-Deux... Le Sujet Amoureux... Le "et" devient ici conjonction, l'individu entre dans la composition d'un Sujet qui le dépasse... Je est un autre... Bien sûr cette transfiguration est la conséquence de ce que les athées appellent Evénement - les croyants la Grâce - autrement dit elle est accessoire...)

Sinon Aliboron, tu dois connaître Badiou (puisque tu sembles te préoccuper de sa renommée internationale), qu'en penses tu ?

Il ne s'agit pas de sauver à tout prix mon libre arbitre je te rassure... Au contraire puisque le Sujet dont je parle est saisi plus qu'il ne saisit
Il s'agit plutôt de faire cesser la farce de la démolition de l'ego assistée par ordinateur... La blague qui consiste à causer d'une expérience (non intellectuelle) alors qu'il n'y a personne pour faire l'expérience ; s'il n'y a personne il n'y a pas d'expérience possible... Du sommeil profond on ne fait pas l'expérience... C'est comme si je venais dire que le sommeil profond est Amour... What the fuck, comment pourrais je le dire ?
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Message  aliboron Lun 11 Jan 2010, 14:04

Bonjour à tous
et en particulier à Logos,

Le "sujet" abordé par ce nouveau fil nécessite un recadrage minimum à mon sens, d'une part because il se développe sur un site consacré peu ou prou au... sacré ou à ce qui en reste, et deuzio parce que, comme pour entendre la musique (même nulle) d'un instrument à cordes, il faut non seulement des cordes, mais aussi une caisse de résonnance plus ou moins adhoc.
Faute de quoi, on obtient tout juste un.... gratouillis.

Bref, une caisse (une "âme", en terme de lutherie, voir d'armurerie...), aussi je crois utile de commencer par examiner, de plus près, l'absence d'Âme que nous impose le Vedanta... et ses VRP plus ou moins new-age.

Pour se faire, je vous propose les élucubrations que j'avais commises (il y a peu) sur un autre site; mon interlocuteur favori y étant Charly, ceci explique la suite; bien sûr, je répondrai par la suite plus directement aux propositions de Logos.

Être, exister, présence... ICI et maintenant... si possible.
Alors, autant commencer par , fin du début...

« Sortir du , rentrer, passer à l’intérieur, et en passant à l’intérieur, se retrouver paradoxalement au dehors; c’est revenir chez soi, car c’est désormais le lieu qui réside dans l’âme ». (Corbin).

Et le Zohar d’en rajouter une belle couche : « Dieu est le lieu de l’univers; on l’appelle donc « le lieu » ha makom ».

Gravité que je me dois d’aussitôt atténuer, des fois qu’on me suppose au faîte… en cette matière, en citant Karl Kraus (une sorte de Pierre Dac, en plus méchant) : « dieu n’est pas croyant »…

Que celui qui a des oreilles, n’entende pas.

J’ai cru comprendre en atterrissant ici, sur un des sous forums, que tu t’étais fais la belle, jadis…
Le « compte-rendu » que tu en fis sonne agréablement à mes oreilles de poète raté… et compensant donc par la lecture, parfois attentive, des autres mon infirmité.

Jadis… veut dire « toujours-déjà », je crois. Comme une rivière souterraine laissant entendre son grondement, (ou ronronnement) perpétuellement, sous nos pas… dès qu’on arrête de décliner sous toutes ses variantes notre mantra favori : « moi ». Non pas qu’il soit faux, mais peut être mal prononcé…

En hommage à "la belle", ceci :
« Si sa coupe a rougi le creux de votre main, vous irez droit la nuit : cette main tient l’étoile ».

Aussi, je m’étonne que que pour en désigner « l’emplacement », tu aies recours à ce qui (vu d’avion) ressemble au Vedanta pur et dur. Excuse par avance mon « ingérence » en ces choses, elle n’est dû qu’au plaisir d’échanger.

Son point de vue, intransigeant en apparence, étant d’emblée contredit par… les apparences (inévitables) de ceux qui l’énoncent, fussent-elles des plus abouties, ou spectrales, me donne à penser ceci.

Primo: s’il est juste, la quête philosophale, même « spéculative », n’a pas lieu d’être.
Les idées-forces qui la sou tendent étant aussi illusoires que les prétendus sujets qu’elles traversent, « on » serait en pleine fiction. Sans même parler de ce qui, à 1ère vue, ressemble à des objets. Les pauvres, eux, seraient moins que… rien.

ON… : soit au bout du compte, le « il » de …il pleut, (par ex); vu le contexte. C’est-à-dire personne.

Enfin, le caillou final-philosophal, vu du coté de l’Atman, serait ni plus ni moins caillou-illusoire que les autres.

Donc, en résumé : un petit rien situé nulle part pigerait d‘un coup qu‘il participe (poisson soluble) du grand Rien originel, prêtant illusoirement quelque consistance à ce qui n‘en a pas… Tout ça pour rien.

Lequel rien étant tout de même à doter d’une majuscule (la seule), vu qu’il est le Tout. Un tout sans parties…
Diablement compliqué d’être aussi… simple !

La thèse ne me parait pas consonner avec l’effarante prodigalité de la vie. Et les lignes de sens qu’elle manifeste ici et là.
Et la transmutation philosophale ne peut se réduire à une galipette méta-physique périssant de son triomphe même.
Je ne suppose pas un instant que ce soit ce que tu en penses, juste que la cohabitation vedanta-philosophie de la nature, me parait problématique.

Aussi, fiction pour fiction, autant en inventer une autre dont l‘ouroboros se morde la queue pour du vrai, comme disent les enfants.
Et qui ne s’arrête pas aux effets d’évidence du vedanta.
Effets auxquels ne peuvent être assujettis que ceux qui sont dans l’illusion… évidemment.

« Les éveillés approchent la vacuité comme l’origine même de toutes perspectives, mais ceux qui en font une perspective ne sauraient être sauvés ».

Bref, « ceci n’est pas une pipe ». C’est ballot !
Parce que, vue « notre » situation d’un point de vue vedantin, c’est inévitablement mal parti, car faute d’éveil (partiel ?) on ne peut que partir dans la mauvaise direction. Mais qu’importe en fait, vu qu’au fond rien ne bouge. Ni ne se transmute.
L’éveil : un mini spasme dans un grand vide néanmoins placide ?

Je connais la rhétorique utilisée pour faire taire ce type d’insolence, elle opère en boucles assez frustres.
Là où je suis plus perplexe, c’est quand je la vois en œuvre, son versant bienveillant… chez des êtres (tel Maharshi) en réponse à ceux qui venaient chercher auprès d‘eux.
Maharshi, dont la vie, la façon de tenir compte des lieux et des êtres, (et des rites ! ), débordait copieusement du cadre imposé par ce… credo.
Leur charisme, dû à une indubitable sagesse, valide en quelque sorte une théorie qui ne la sert pas.
Le fait est fréquent, pas seulement en inde. ( Je vois de cette pataphysique jusque chez nos Chymistes parfois).

Pourtant, Shankara lui-même, (auteur de cette approche) a reconnu n’avoir « obtenu » l’éveil que suite à sa rédaction (enthousiaste) d’hymnes à la déesse…
Mais les maîtres vedantins se font rares et de plus en plus remplacés par des instructeurs bien de chez nous, comme on doit dire à présent… car la réceptivité occidentale à ce point de vue "pasteurisé" persiste. Trop souvent du fait de malentendus (un peu similaires à ceux qui ont favorisé l’essor du yoga). D’apparence non religieux, etc…

Je n’ai rien contre leur fond de commerce, c’est mieux que rien, (?), mais toutes traditions et voies confondues, il n’a jamais été dit qu’avoir entrevu la Merveille conférait, du même coup, l’aptitude à la transmettre. Mais c’est un autre débat.

Quoiqu’il en soit, il n’en reste pas moins que replacé dans les 2500 ans d’expérience indoue, comme tu dis, cet upaya (moyen salvateur, parmi d’autres) reste, d’une part, minoritaire et d’autre part a été implacablement contredit et dépassé (le mot est faible) par un courant fraîchement (une trentaine d‘années) découvert en occident : le shivaîsme du cachemire.

Il remonte à notre moyen age, tout au moins en sa forme écrite et allie une liberté et une intelligence que je n’ai rencontré ailleurs. Sans doute le climat indien, moins omnubilé par le dogme, la pensée unique qu‘en zones monothéistes. Aussi, les maîtres en cette voie ont une envergure qui laisse stupéfait.
De plus, et c’est surtout pour ça que je t’en parle, le ciel métaphysique qu’ils tendent au-dessus d’une physique qui ressemble fort à notre philosophie naturelle (telle que la dite nature la chuchote malgré Aristote et consort) me semble remarquablement ajusté.

Ce qui m’a poussé à mentionner cette adéquation, c’est la fin de la phrase de Louis Cattiaux que tu cites : « goûter la moelle nourrissante du créateur de toute chose ». En effet, pour ces shivaîtes, le sens du toucher est en haut du podium, et comme chez certains soufis, on parle essentiellement du « goût de l’Un », sans jamais le restreindre à un empyrée accessible via le… suicide, quel qu’en soit la modalité plus ou moins symbolique.

Je ne peux en dire plus sur ce shivaîsme, me sentant vraiment en culottes courtes face à ces géants.

Voilà. Fin de mon indigne contribution à la démolition de ce qui, bien que n'existant pas...(sacré vingt-dieu), se présente comme une évidence soft en apparence, mais des plus mortifères à mes yeux.

Cordialement
boron.
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Message  Logos Lun 11 Jan 2010, 14:26

Merci

Je suis tout à fait d'accord...

Sauf que pour moi l'ego c'est "être là", "être relié", le Dasein de Heidegger... L'ego ne désigne donc pas une construction mentale mais un témoin qui transcende l'intellect... Être relié qui cadre parfaitement avec une vision du Sujet comme étant en relation (entrer dans la composition d'un Sujet), un Nous...

Le souci avec le Védanta c'est que sa logique non duelle est parfaitement duelle en séparant Être et Apparaître (Avoir)... Autrement dit il crée un arrière monde.

Au contraire Nietzsche dit qu'il n'y a pas d'arrière monde, le Moi est un work in progress, un être-devenir... Deviens ce que tu es...
Il n'y a que de la volonté de puissance qui se perfectionne, qui se crée des yeux pour voir et pour sentir, qui cherche à se transfigurer en utilisant des outils qu'ils soient philosophiques ou méditatifs...

"La philosophie est l’activité vécue, réflexive, opérative et transfigurante du Moi transcendantal dans son rapport simultané avec les concepts et les choses." - Abellio

Dans cette optique je pense donc que l'ego ne peut qu'être transfiguré (par l'Evénement badiousien, c'est à dire la Grâce) et jamais démoli, puisqu'il constitue la seule chose à partir de laquelle on cause... L'ego n'est absolument pas mortifère... Ce qui est mortifère c'est une forme faible de l'ego, qui correspond au règne de la quantité (ou le "et" répète au lieu d'être conjonction... Comme la différence entre la religion qui répète et la religion qui relie)

Forme suprême de l'ego (ahankâra) est celle qui est associée à cette compréhension : "Je suis tout cet univers. Je suis le Soi suprême impérissable. Il n'y a rien d'autre"

Et donc cette forme suprême de l'ego c'est ce que j'ai appelé le Moi-Deux : être en relation... Tantrix

"Le rejet du souvenir du proto-duel fait naître une disposition générale à de mauvaises constitutions de succédanés.
On oublie comment l'on trouve lorsque l'image de ce que l'on recherche est détruite...
Les gens qui sont le mieux immunisés contre les relations malignes sont ceux qui entretiennent une relation discrète avec leur jumeau occulte
....
Ce qui se considère comme individu n'est que le reste rétif d'une structure de couple excavée ou échouée.
Les hommes n'existent que comme particules ou comme pôle de sphères, il n'existe que des couples et leur extension"

(Sloterdijk)

Et cette forme du Moi est bien sûr parfaitement tantrique (les Sens sont divins) et engagé dans le monde phénoménal
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Message  Logos Lun 11 Jan 2010, 15:26

Et bien sûr on pourrait tout aussi bien écrire :

*toute activité pour débrancher le mental* est l’activité vécue, opérative et transfigurante du Moi transcendantal dans son rapport simultané avec les concepts et les choses. - Abellio remix

La philosophie, le Tarot, le koan zen (et même la drôôôgue) sont des outils, des armes pour se rendre disponible à l'Evénement (se rendre disponible et non pas provoquer car la Grâce ne se provoque pas puisqu'elle vient du Vide)...

Ils sont des tremplins vers la transfiguration, mais ne parlent en aucun cas de "vérité"... Personne ne détient la vérité car c'est elle qui tient par les couilles

*

Sinon pour développer un peu cette histoire d'Evénement, dans la philosophie de Badiou, c'est cet Evénement qui vient faire rupture avec la chaîne des répétitions et du temps linéaire (Un+Un+Un...) et fait passer dans le domaine de la relation et du qualitatif... Le domaine de la conjonction et donc du temps messianique... La fidélité à cet Evénement est l'autre nom de l'ascèse, ascèse qui est mort de tous nos petits désirs de merde (les satisfactions du Moi-Un) mais ouverture sur le Désir Tantrique (désir qui n'est pas interrompu par le plaisir)... Voilà donc on est loin de l'idée d'une ascèse qui soit détachement du corps... Très très loin

*

Et enfin ce paradigme de la Volonté de Puissance exclut le questionnement sur le libre arbitre, qui devient une fausse question.
Je suis libre dans la mesure où je suis saisi par le Dehors (le Vide)... Nécessité du hasard...
(Le seul qui peut se demander s'il est libre c'est le Moi-Un qui n'est pas saisi par ce processus)
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Message  Logos Jeu 14 Jan 2010, 06:27

Abellio qui parle de la mécanique de la distanciation... Qu'il qualifie fort à propos "d'initiatique", car c'est bien cette mécanique qu'ouvre le cycle des mystères... Mise en place dès le baptême de l'eau de l'arcane 12 du Tarot qui s'achève avec la pleine conscience distanciée de l'arcane 21...

Abellio : L’émergence du « Je » transcendental.

Extrait du texte de Raymond Abellio, au livre de Paul Serant, "Au seuil de l’ésotérisme"

Le problème de la conscience de conscience, c’est-à-dire de la conscience auto-intensificatrice de soi, se pose d’une façon générale en liaison avec celui de l’intériorisation conscientielle de toute science « séparée » ou « objective » se transfigurant en connaissance ineffable. Lorsque, dans l’attitude « naturelle » qui est celle de la totalité des existants, je « vois » une maison, ma perception est spontanée, c’est cette maison que je perçois, non ma perception même. Au contraire, dans l’attitude transcendentale, c’est ma perception même qui est perçue. Mais Husserl a raison de faire remarquer que cette perception de ma perception altère radicalement l’état primitif. La phénoménologie husserlienne s’oppose ici absolument à la phénoménologie cartésienne et la subvertit en l’accomplissant. L’état vécu, d’abord naïf, perd sa spontanéité précisément du fait que la nouvelle réflexion prend pour objet ce qui était d’abord état et non objet, et que, parmi les éléments de ma nouvelle perception, figurent non seulement ceux de la maison en tant que telle mais ceux de la perception elle-même en tant que flux vécu. Et ce qui importe essentiellement dans cette altération, c’est que cette spontanéité perdue, qui ne fut qu’une spontanéité primaire, le produit d’un réflexe, ne disparaît que pour laisser place à une spontanéité seconde infiniment mieux contrôlée, plus riche, plus experte, et celle-ci présente à soi, qui n’a pas seulement le caractère d’un réflexe mais d’un pouvoir. Le passage du réflexe au pouvoir marque tout ce qui, en l’homme, est initiatique. Il faut rendre à ce dernier mot, aujourd’hui discrédité, le sens révolutionnaire qui s’attache au phénomène capital qu’il évoque : la vision concomitante que j’ai dans cet état bi-réflexif de la maison qui fut mon motif originel, loin d’être perdue, éloignée ou brouillée par cette interposition de « ma » perception seconde devant « sa » perception primaire, s’en trouve paradoxalement intensifiée, plus nette, plus vivace, et comme chargée de plus de réalité objective qu’avant. Je sais, dans l’instant même, que ma vision du monde est bouleversée, et que jamais plus je ne pourrai me contenter de l’ancienne vision naïve. C’est une autre maison que je vois, bien que ce soit la même maison. Elle est aussi différente de l’ancienne maison que la chaise peinte par Van Gogh l’est de la chaise banale qui lui servit de modèle. En quoi cette nouvelle maison, cette nouvelle chaise, sont-elles « autres » ? Et surtout, pour qui le sont-elles ?

Prenons un exemple plus précis. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours su reconnaître les couleurs, le bleu, le rouge, le jaune. Mon œil les voyait, j’en avais l’expérience latente. Certes, mon œil ne s’interrogeait pas sur elles, et comment d’ailleurs eût-il pu se poser des questions ? Sa fonction est de voir, non de se voir en train de voir, mais mon cerveau lui-même était comme en sommeil, il n’était pas du tout l’œil de l’œil, mais un simple prolongement de cet organe. Aussi disais-je seulement, et presque sans y penser : ceci est un beau rouge, un vert un peu éteint, un blanc brillant. Un jour, il y a quelques années, me promenant dans les vignes vaudoises qui surplombent en corniche le lac Léman et qui composent un des plus beaux sites du monde, si beau même que le « Je » à force d’y être dilaté, s’y sent dissous et, brusquement, se ressaisit et s’exalte, un événement soudain et pour moi extraordinaire se produisit. L’ocre du versant abrupt, le bleu du lac, le violet des monts de Savoie, et au fond les glaciers étincelants du Grand-Combin, je les avais vus cent fois, je sus pour la première fois que je ne les avais jamais regardés. Je vivais là pourtant depuis trois mois. Et ce paysage, certes, depuis le premier instant, manquait de me dissoudre, mais ce qui lui répondait en moi n’était qu’une exaltation confuse. Certes, le « Moi » du philosophe est plus fort que tous les paysages. Le sentiment poignant de la beauté n’est qu’un ressaisissement par le « Moi », qui s’en fortifie, de cette distance infinie qui nous sépare d’elle. Mais ce jour-là, brusquement, je sus que je créais moi-même ce paysage, qu’il n’était plus rien sans moi : « C’est moi qui te vois, et qui me vois te voir, et qui en me voyant te fais. » Ce cri intérieur est celui du démiurge lors de « sa » création du monde. Il n’est pas seulement suspension d’un « ancien » monde, mais projection d’un « nouveau ». Et dans l’instant en effet le monde fut recréé. Jamais je n’avais vu de pareilles couleurs. Elles étaient cent fois plus nuancées, plus intenses, plus « vivantes ». Je sus que je venais d’acquérir le sens des couleurs, que j’étais revirginisé aux couleurs, que jamais, jusque-là, je n’avais réellement vu un tableau ou pénétré dans l’univers de la peinture. Mais je sus aussi que, par ce rappel à soi de ma conscience, par cette perception de ma perception, je tenais la clef de ce monde de la transfiguration qui n’est pas un arrière-monde mystérieux mais le vrai monde, celui dont la « nature » nous tient exilés. Rien de commun avec l’attention. La transfiguration est pleine, l’attention ne l’est pas. La transfiguration se connaît dans sa suffisance certaine, l’attention se tend vers une suffisance éventuelle. On ne peut pas dire, bien entendu, que l’attention est vide : au contraire, elle est a-vide. Mais l’avidité n’est pas la plénitude. Quand je rentrai au village, ce jour-là, les gens que je croisai étaient pour la plupart « attentifs » à leur travail : cependant ils me parurent tous des somnambules. Dans ses Fragments d’un Enseignement inconnu, le philosophe russe Ouspensky raconte des expériences analogues : elles sont pour lui la base de toute transformation initiatique. C’est cette même transformation que vise la connaissance yoghique lorsqu’elle parle de la discrimination du spectateur et du spectacle. Cette discrimination n’est pas naturelle mais transcendentale. Et c’est un fait significatif que l’homme « naturel », si on lui parle de cet état, le banalise et le ramène à un état courant d’attention dont il ne retient que la forme vide ou la formule : « C’est moi qui... ».

Mais le « Je » transcendental présent à la transfiguration n’est pas seulement une forme grammaticale, mais un contenu, il n’est pas seulement un opérateur syntaxique commun qu’on peut engager dans une spéculation philosophique à la troisième personne aussi bien qu’à la première, il est un acte volontaire absolu et premier, un acte principe où l’être même est saisi et qui déborde d’emblée la critique de la connaissance, une expérience vécue qui fait de la phénoménologie husserlienne non seulement une théorie mais une praxis. Il ne faut pas dire ici que cet acte est à la portée de n’importe qui : ce n’est pas vrai. Il reste dépendant d’un certain niveau gnosique de conscience, d’une certaine ascèse faisant affleurer ce niveau et le décapant, le rendant « corrosif » à l’égard de l’ancien mode de vision du monde. Les universitaires qui, par essence, enseignent, et ont par conséquent besoin de transformer toute analyse en pensée spéculative, la seule qui soit indistinctement communicable, achoppent là à un seuil. Dans la mesure même où la phénoménologie transcendentale est devenue occupation d’universitaires, elle s’est heurtée à ce seuil, qui est pour elle faille existentielle, et il est trop clair qu’elle ne le franchit pas : il est dans son essence de ne pas le franchir.
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Message  Logos Jeu 14 Jan 2010, 08:35

Et pour l'écho au texte d'Aliboron... La dissolution est un naufrage, une ligne de mort... Le monstre de Nietzsche
Jette des roses dans l'abîme et dis : "voici mon remerciement pour le monstre qui ne m'a pas dévoré"

"Exclusive de toute spiritualité effective"... C'est pas un tendre, lui non plus...

Comme le dit Guénon, ce danger est présent dans toute école "qui induit l'être à "se fondre", nous dirions plus volontiers et plus exactement à "se confondre" ou même à "se dissoudre", dans une sorte de "conscience cosmique" exclusive de tout "transcendance", donc de toute spiritualité effective". Les diverses théories théosophiques sur le "dépassement de l'illusion de la séparativité", la "Vie une" et ainsi de suite, avec leurs corollaires, l'humanitarisme et l'égalitarisme, sont presque toujours les indices de cette tendance, qui constitue un véritable "développement inversé". Il convient de citer de nouveau Guénon : "Nous avons eu ailleurs l'occasion de signaler le symbolisme initiatique d'une "navigation" s'accomplissant à travers l'Océan qui représente le domaine psychique, et qu'il s'agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n'aurait d'autre aspiration que de s'y noyer? C'est là, très exactement, ce que signifie cette soi-disant "fusion" avec une "conscience cosmique" qui n'est en réalité rien d'autre que l'ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s'imaginer, n'ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles, même s'il arrive qu'elles les imitent plus ou moins dans quelques-unes de leurs manifestations extérieures (car c'est là le domaine où la "contrefaçon" s'exerce dans toute son ampleur, et c'est pourquoi ces manifestations "phénoménales" ne prouvent jamais rien par elles-mêmes, pouvant être tout à fait semblables chez un saint et chez un sorcier). Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des "Eaux supérieures" et des "Eaux inférieures"; au lieu de s'élever vers l'Océan d'en haut, ils s'enfoncent dans les abîmes de l'Océan d'en bas; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit "spirituel", ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile(qui est bien ce qui correspond aussi exactement qu'il est possible à la conception de la "réalité" bergsonienne), sans se douter que ce qu'ils prennent pour une plénitude de "vie" n'est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour".
(Auteur inconnu... Je manque de certaines références pour juger de l'ensemble mais ça me semble cohérent... C'est au sujet de la contre-initiation de Julius Evola)

La plénitude de vie est alors le lieu d'une paix indifférenciée (repos éternel de la mort)... Qui s'oppose à la plénitude de vie "tantrique" dont le théâtre est la différence (engagement dans le monde phénoménal), l'intensité (violence) et l'Amour
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Message  aliboron Dim 17 Jan 2010, 13:03

Je persiste à vouloir "situer" ce débat; à refuser de prendre le train en route, sans avoir quelques idées d'où il vient, et où il va.

N'ayant rien à imposer, pour ma part je placerais mes (seules) propositions et réponses, obstinément, dans le schema triple des anciens; corps ame esprit.
Rien de "traditionnaliste" là dedans, (juste la conviction que cette grille de lecture est la plus englobante)... aussi il me paraitrait opportun de profiter des observations "modernes" sur l'individu, telles celles de Louis Dumont (essais sur l'individualisme), J.C. Kaufmann (l'invention de soi), ou A.R. Damasio (le sentiment même de soi) etc... avant de philosopher.

Autrement je crains que ce ne soit qu'un échange "d'opinions", chacun brandissant ses fanions sans quitter sa position. Bref, rien. Super Ego 608531

En vis à vis, pour chapeauter (sans boucher la cheminée), pourquoi ne pas se risquer vers les définitions paradoxales, mais résultantes "d'expérimentations" extrèmes, que proposent le bouddhisme d'un Nagarjuna, ou les shivaîtes du Kashmir; etc...

Les deux extremes (corps-esprit) étant de connivence et ceci ayant fait l'objet d'attention soutenue et de "verification" chez les anciens, je propose que nous commencions par explorer cette accointance, même si elle frole souvent l'indicible. L'aveuglant d'évidence...

En conclusion, le terme median etant "in progress" (devenir ce que l'on est, etc), je ne m'appuierai pas trop dessus pour commencer. la proposition ci-dessus présente l'avantage de circonscrir un champ.
Meme si pour finir, on aboutirait comme tu le postules avec humour à un "super égo".
Des extrapolations plus "aventureuses", telles celles de Jung sur le processus d'individuation, ou encore celles d'Evola (dans "tradition hermétique") ou d'autres explorateurs alliant hypothèses et explorations vécues sur la structure "atomique" de l'individu, me semblent aussi inévitables, que discutables.


Or, la plupart des auteurs que tu cites, pour etayer ton intuition, partent certes plus ou moins de "vérités" vérifiées par d'autres (rarement par eux meme, ou à peine entrevues) et se livrent ensuite à des acrobaties où le compliqué et le simplisme s'entrelacent sur fond d'a peu près.
Bref, ils partent d'où se situent leur hygiaphone : ce milieu, desesperement "in progress"; accottement non stabilisé malgrè les vanités éditoriales, universitaires ou sectaires qui rodent dans les parages.

L'absence de "cosmos" (templum) résultante du Progrès collectif...où inscrire leurs hypotheses, leur confere en apparences une liberté, une virulence, forçant parfois la conviction.
Mais, sauf rares exceptions : sans aucune conséquences. Comme dans l'art content-pour-rien qui prolifère actuellement...
Dans le fond, ça n'engage à rien, ne dégage de rien, ou si peu...

L'ivresse resultante du fait de se regarder pedaler, emballée par la magie du "donc", fait vite perdre le nord, et pour ma part, j'ai souvent bcp de mal à saisir de "quoi" ils causent , au fond.

Le doigt qui designe leur lune rebique un peu trop vite, involontairement mais surement, vers le "moi-je" qui débite ces abstractions.
Il y a certes quelques pépites ici et là, mais dont le rayonnement me parait desservi, voilé (comme une roue de velo) par la gangue autour.

Je crains que la logique à l'oeuvre ne soit (au bout du compte) que celle, subie, de la syntaxe et de la grammaire, de leur langue "natale" (malgrè les arabesques deployées avec ou sans virtuosité ), et de leurs conditionnements "intellectuels";
ils ne chevauchent pas ce "tigre" (de papier, comme dirait Mao), aussi peu de chance de le faire "servir".
Pas de monture, même pas une rossinante... on fait donc du sur-place au lieu de prendre le chemin de Compostel.

Or l'intuition, la Grace, la science infuse, la comprenette décisive, etc... ne sont compatibles qu'avec cette réelle ouverture, "aventure" : comme dans le conte du Graal.
Dessiner une fenètre, en trompe l'oeil, demande quelques talents certes, mais elle risque de ne jamais s'ouvrir. Super Ego 784380

D'où, sans doute, cette apologie plus ou moins explicite, inéluctable point de fuite.... vu leur point d'appui initial : du sur-homme; contresens parfait.
Ex perfecto nihil fit.
Ou, plus cinglant, de Karl Kraus : "quand le soleil descend sur l'horizon, même les nains projettent de grandes ombres".

Evola la commettait, lui, en connaissance de cause. Malgrè tout, je prefère. Il sait de quoi il cause.

Abellio, ou Guenon, sont plus carrés, voir cubiques (surtout le 2eme)... plus aptes aux effet d'evidences, auréolées de"méta" (-physic; -histoire;-etc) mais comme en physique, la corpuscule examinée ne doit pas faire oublier son versant ondulatoire, faute de quoi la demi verité bascule vite vers l'erreur complete... d'appreciation.

Le premier a tort de n'avoir que... raison; le second, engoncé dans sa vocation de justicier masqué, évolue un étage plus haut mais abuse de la Rigueur au point de transformer les ésotérismes (sauvés du bourbier occultiste) en exoterismes. La lettre tue... Excès de fixe !
Le volatil, refoulé, se venge. Et passe, avec armes et bagages, au new age... au sujet duquel le texte cité dans ton post ci-dessus semble légiférer. Or, tout bien pesé, les chances de sortir (vers la vraie Vie, comme disait Rimbaud) de cette dernière "couveuse", sont supérieures; on y reste plus proche des questions que des réponses.
Ces dernières, comme le rappelle un proverbe dogon, vieillissant plus vite que les questions.

Divorce, (dia-boleïn) on n'a plus que des demi-portions qui se tournent le dos.
Sym-bolisons, si possible... sans se perdre au milieu dans le cadavre de la philosophie d'où s'échappent plus de guèpes que d'abeilles...

Cordialement.
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Message  Logos Dim 17 Jan 2010, 14:09

Concernant ta critique, tu as peut être raison (?) tout ce que j'observe c'est que ça me donne du grain à moudre... Plus spécifiquement Deleuze et Badiou, je dois dire, dont je vois de "quoi" ils causent...
Je ne prétends pas que la philosophie universitaire soit initiatique ; en revanche la philosophie antique est une pratique rigoureuse, exigeante, avec souvent des techniques corporelles, respiratoires, un art d'aimer et de mourir (et donc pas une "théorisation interminable") : le cocktail pour Compostel ?
Donc je crois vraiment que tu te trompes quand tu parles de "sur-place"...
En tout cas je compte davantage sur la philosophie que sur des poèmes tantriques (merveilleux par ailleurs) pour pouvoir intégrer certaines expériences... Tout dépend de ton type de tracé

La fréquentation des textes (et de leurs auteurs qui n'auraient rien entrevu) n'est qu'un aspect de la philosophie et seule son inclusion dans une pratique permet au philosophe de modifier ses structures... Intégration de structures de plus en plus souples qui permet à la vie de couler toujours avec plus d'intensité... Je crois que le sentier est toujours affaire de bricolage, qu'on utilise l'outil philosophique, alchimique, ou tarologique... Qui sont toujours des pratiques avant d'être des "enseignements"...
"Philosophia c'est amour de la sagesse et l'amour est un acte, le plus sublime des actes, la plus juste des praxis"

D'où, sans doute, cette apologie plus ou moins explicite, inéluctable point de fuite.... vu leur point d'appui initial : du sur-homme; contresens parfait.

Tu peux développer ?
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Message  aliboron Lun 18 Jan 2010, 11:53

Bonjour,

D'accord avec toi sur la philosophie antique (Hadiot par exemple en a bien mis en relief la portée existentielle, notemment concernant Plotin, Proclus, and co); en revanche on observe par la même occasion que la mise en application chez Platon, ne fut possible que dans sa dimension collective, via le tyran de Syracuse... Etrange, isn't it ?

Par ailleurs je n'ai rien contre les universitaires, même que j'ai tendance à penser que, concernant les matières abordées ici et là sur des sites tels que celui-çi, ils peuvent s'averer beaucoup plus stimulants que moults "ésotérisants" rabachant leur bulgi-bulga.
Les énigmes ne sont pas le mystère... même si (parfois) ils le frangent. Bien que, étrangement, ce que nous tenons plus ou moins péjorativement pour le "quotidien", en est beaucoup plus proche.
Mais c'est une autre histoire...

Louis Lavelle, Husserl+Fink, C. Rosset, H. Corbin, F. Yates, A. Chareyre-Mejan, J.F. Marquet, etc... la liste est longue de ceux qui apporte leur bouquet à Dame Sophia, surtout si l'on y rajoute les "orientalistes" et consorts.

Mais plus précisémment, ce que j'ai tendance à reprocher aux post-modernes que tu cites, c'est qu'ils sortent de leurs contextes tels ou tels pépites tombées de l'arche de Noé (explosée sur nos récifs, il est vrai), pour commettre des exercices de style... parfois brillants je te l'acccorde, mais sans vertu transmutatoire autre que d'en détourner l'aura sur les cogitations annexes qu'ils y adjoignent, inutilement.
La majorité des ésotérisants fait de même, avec de plus une absence de talent proportionnelle à leur vanité.
Le mouvement de soutainement devrait etre inverse !

En soufisme, on distingue le hâl, état passager sans grande conséquence, et le maqam, la "station", qui signe une étape "acquise".

Par ailleurs, leurs traités sont conçus comme des symphonies, rosaces en mouvements, spiralés le plus souvent d'où les redondances apparentes.
Le sens y chemine en mode organique, ce qui lui confère une "audience" juqu'aux racines du psycho-somatique.
Ainsi, il ne suffit pas de parler du corps, de la vie, d'en prendre la défense, etc... il convient de le faire d'une manière en phase avec le sujet. Ce qui suppose qu'on le connaisse intimement... puisque nous n'en sommes alors que les porte-voix.Plus ou moins fidèles...

D'où mon insistance sur l'adéquation minimum entre ce qu'on écrit et ce qu'on en vit. Rien d'autre ! (La vie privée comme publique de Tartempion me laisse indifférent).

Comme si tu extrayais, d'une musique qui te transporte, les trois notes faisant culminer un mouvement sublime... pour les disséquer dans ta cuisine. Au propre....
Alleau et d'autres attirent l'attention sur ceci : une des causes d'échec chez les alchimistes contemporains est le fait que croyant bien faire, ou par facilité, ils utilisent des substances raffinnées, "purifiées" (industriellement). Or, c'est la combinaison de ce que nous tenons pour "inutile", la gangue, avec la part porteuse des propriétés souhaitées, qui fait fonctionner le truc.

Ainsi, rejeter comme d'emblée inutile, dépassée, etc... l'exotérique d'une tradition, c'est s'oter la possibilité d'en assimiler la quintessence.
Il n'est pas question de devenir bigot pour autant, ou de porter la burqa, juste de vérifier l'adéquation fond-forme pour la renouveler.
Avec notre propre substance... La dimension collective des messages ne nous concerne pas... il y a bien assez d'opportunistes sur ce marché.

De même, observation peu mentionnée, on remarque que les voies initiatiques efficientes (et accoucheuses des plus sublimes métaphysiques), sont celles qui ont pour terreau une religion dite "populaire" : plutot paienne, animiste, magique... bref qui fait intellectuellement désordre mais qui a encore des tripes !
Aussi, dès que ces lotus perdent contact avec la "boue", précieux compost, on est dans le formol.

Le thème, plus que rabaché, de Saint Michel-et-le-dragon, ne désigne pas autre chose. La bète n'est pas mise à mort par sa lance, mais bien au contraire, fixée, in-formée, reliant ainsi le tellurique à l'ouranique. Faute de quoi, rien ne se passe... Jacob peut reffiler son échelle, impropre à la circulation, à Emaüs ou à la philosophie.

"Il s'agit plutôt de contrer la force des représentations fausses par de représentations adéquates. La conscience se méprend sur elle-même, elle doit à présent se reconnaitre."

Dubois, commentateur inspiré du "traité sur la Reconnaissance", qui porte sur l'usage initiatique de la raison (dont j'ai esquissé la portée sur le fil "de l'abandon") y rappelle, en long et en large, ce que les anciens savaient d'expérience : il est des idées-forces.

Et leur ex-pression, pour abstraites (intello) qu'elles nous semblent, n'a pas besoin d'etre boostée, électrocutée artificiellement (comme s'y emploit "tes" philosophes) pour nous traverser jusqu'au noyau.
Leur efficience tient à leur nature-surnature. C'est la vraie vie qui les pond; à nous par contre de les couver jusqu'à éclosion.

Le discernement des esprits, conseillé par Saint Paul, commence là, modestement. Fructueusement....

On ne prend pas sa température avec un double-décimètre, au prétexte qu'il est gradué... Ce n'est pas Rabelais qui dirait le contraire. Super Ego Icon_clown

Cordialement

aliboron.
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Message  Logos Lun 18 Jan 2010, 13:58

Par ailleurs, leurs traités sont conçus comme des symphonies, rosaces en mouvements, spiralés le plus souvent d'où les redondances apparentes.

La philosophie moderne n'arrive pas à la cheville des traités anciens (que je ne connais pas bien), sur un plan transmutatoire : oui, tout porte à le croire. Je pense que des concepts modernes, en dehors de l'énonciation qu'en font leur auteur, sont néanmoins susceptibles d'être inspirants (mais pas plus) en parallèle des outils transmutatoires : à défaut de prétendre au rôle d'une base opérative, ils peuvent en constituer des extensions langagières et esthétiques, des ramifications secondaires.
Merci
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Message  Logos Ven 02 Avr 2010, 13:57

Ne pas diaboliser l'ego

"Toutes les opérations y compris la coagulation passent d'abord par la dissolution préalable. Le but étant ici de pouvoir absorber, appréhender, connaître, saisir l'esprit de notre science qui est aussi la quintessence de la matière, il faut donc dissoudre le représentant, la synthèse de notre matière grave, notre ego. Ne vous inquiétez pas, cet ego dissout se recoagule automatiquement, car il est cet aimant, cette force d'attraction et de coagulation propre au soufre attractif ; Lors de sa dissolution et sublimation il pourra se lier, s'amalgamer avec cette quintessence ou esprit qu'il entraînera avec lui (capturera), lorsqu'il se recoagulera. Cet ego est comme le métal liquéfié qui se resolidifie automatiquement dès qu'on arrête de chauffer. Les auteurs ont donc raison lorsqu'ils déclarent qu'il faut d'abord dissoudre les métaux pour capturer les esprits metalliques afin de les réincruder (rendre cru)." (Pascal Bouchet)

Autrement dit, comme "matérialiser l'esprit" sans "ego" : sans "moi"... ? Alors donc je parle de super-ego comme un Moi noble... de Puissance et non de puissances (ou pouvoirs), et du Désir (demeuré désir) qui naît dans l'ascèse

Le froid change l’eau en glace ou neige.
Le discernement montre que les trois états
Ne sont pas réellement différents.
Quand brille le soleil de la conscience,
La pluralité se dissout dans l’unité.
L’univers semble empli de Shiva.
Quand j’étais attaché au moi,
Tu me restais inconnu.
Le temps passait alors que je te cherchais.
Quand je t’ai vu au-dedans,
Toi et moi étions unis dans l’extase.
Traversant seule le champs du vide,
Moi, Lalla, perdis conscience de moi-même.
Une fois trouvé le secret de mon Moi,
Un lotus fleurit dans la boue pour Lalla
(Lalla, tantrisme cachemirien)

"Jésus dit : Si la chair s'est produite a cause de l'esprit, c'est un miracle.
Mais si l'esprit s'est produit à cause du corps, c'est un miracle de miracle"
(Evangile de Thomas- Logion 34)
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Message  Logos Mar 27 Avr 2010, 17:00

"La volonté de puissance, même si elle s'exprime chez un être borné, recèle toujours une aspiration légitime à la toute-puissance qui est l'essence de Dieu. Ce dont il faut se débarrasser à tout prix, ce sont des limites ou disons de l'amour-propre tel qu'il est déterminé par l'idéologie religieuse commune."

Il ne faut pas renoncer au moi mais à ses limites

(David Dubois)
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Message  Charly Alverda Ven 14 Oct 2011, 22:18

L’égo selon not’ gars Christophe, l’informatichien fou !

Bon, lundi matin...
.
Un peu de stress parce qu'on a un problème avec un patch qui peut avoir contaminé plusieurs clients, je pense avoir réglé le problème vendredi soir mais je ne suis pas totalement sûr. D'où prise de tête ce matin.
.
Du coup impossible de penser à autre chose et de me laisser aller à être ici et maintenant.
.
C'est l'heure de la douche : et pof c'est reparti avec la lumière : j'en ramasse une tonne dans la tête.
.
Je résume encore au mieux un échange qui part de pensées pas vraiment formulées et de réponses instantanées d'en haut.
.
(non structurées avec des phrases : j'obtiens la connaissance directement.)
.
Donc moi je fais un dialogue avec, mais ça n'en est pas un, une fois encore : le sens général y est par contre, mais bon, dit avec mon Ego.
.
(bon y'a des chances que ce soit la merde ce matin au bureau donc on va se détendre avant d'y aller)
- "Tu n'as pas la foi : c'est pour ça que ton Ego te bouffe ce matin."

.
(je vois pas en quoi la foi va résoudre le problème de mes clients)
.
- "Tout est parfait et si ce problème est arrivé tu sais pour quelle raison et ce que ça va faire alors pourquoi tu continues à douter?"
.
(je sais parfaitement pourquoi ce pb a eu lieu et la leçon à en tirer mais le savoir n'empêche pas mon Ego de continuer à pédaler.)
- "Parce que tu t'attaches encore à des choses futiles et sans intérêt: tu n'as rien et ne possèdes rien ; pourquoi t'attacher à des choses qui de toute façon ne pourront durer ? C'est ton Ego qui te fait prendre des vessies pour des lanternes."

.
(oui je sais, il essaie de contrôler, prédire et juger d'après Deepack Chopra et c'est vrai que toutes mes pensées vont dans ce sens depuis ce matin :
j'ai dû me faire au moins trois scénarios catastrophes, réfléchir à 10 manières de résoudre le problème et m'accabler et accabler les autres 100 fois au moins pour l'apparition de ce problème.)

.
- "Parce que ton Ego fonctionne ainsi. L'Ego est l'inverse de la foi.
Tu remarqueras qu'il essaie de contrôler mais ne contrôle jamais rien, qu'il essaie de prédire mais prédit toujours n'importe quoi et qu'il passe son temps à te juger et juger les autres : ce qui est tout sauf de l'amour et t'amène à en vouloir à des gens pour des problèmes qui n'existent pas et qu'ils n'ont pas créés.

.
C'est le pire incompétent qui soit : toute personne un peu saine d'esprit l'aurais déjà virée avec perte et fracas comme le pire des conseillers. Tant que tu ne savais pas que l'esprit pouvait se substituer à lui tu avais peur qu'il s'en aille... bon passe encore.
.
Mais maintenant que tu sais qu'au delà de tes pensées, je suis là pour guider tes moindres actes, mais tu continues à te référer à lui : tu ne penses pas qu'il y a comme un bug, là ?"
.
(c'est vrai je n'y avais pas songé comme ça : mais pourquoi je n'arrive pas à le lâcher?)
- "Parce que tu as peur : peur parce que lui te dit d'avoir peur !
Et puis tu es habitué à fonctionner comme ça depuis que tu es né, tout le monde te dit qu'il faut réfléchir encore et toujours, tout le monde te dit que tu aurais du prévoir tel ou tel truc, tout le monde te dit qu'il ne faut pas faire ci ou ça et que les autres ne doivent pas faire ci ou ça.

.
Alors tu fais pareil : tu t'es construit un mental qui beugle toute la journée en disant connerie sur connerie juste pour faire comme les autres."
.
(Il faut vraiment que je me rééduque entièrement c'est vrai. Mais bon j'avoue que j'ai encore du mal à aimer les autres ou à m'aimer. Pourquoi je n'y parviens pas?)
- "Parce que tu as beau savoir que Dieu est en tout et partout, tu ne le vis pas.
Si tu le vivais réellement tu ne verrais que Dieu en te voyant dans le miroir et tu ne pourrais critiquer ce que tu vois : car c'est ainsi et c'est parfait.
Tu ne verrais que Dieu dans les autres et tu ne pourrais plus les juger mais seulement les aimer car ils sont tels que Dieu les a voulus et sont parfaits.

.
Tu ne verrais que le bras de Dieu dans ta voiture qui refuse de démarrer : dans ta maison qui a brûlé , dans tout ce qui a changé dans ta vie : et tu comprendrais que si c'est fait ainsi c'est pour ton plus grand bien.
.
Tu réaliserais que lorsque tu manges tu ne manges que le corps de Dieu et lorsque tu bois tu ne bois également que le corps de Dieu.
.
Que le papier toilette qui te torche le matin n'est autre que Dieu lui même : alors si Lui-même peut s'abaisser à te torcher les fesses dans tout son amour et sa gloire alors qui pourrait simplement songer à ne pas tout donner aux autres?"
.
(Torcher les autres je suis pas prêt... je peux faire quoi à mon niveau moi?)
.
- "Eh bien lâche ton Ego un bon coup : cesse de faire ces trois choses.
N'essaie pas de contrôler : la vie est imprévisible et ne peut être contrôlée.
N'essaie pas de prédire : tu crées ta vie ici et maintenant dans le moment présent et nulle part ailleurs, il n'y a nul futur à explorer pour toi.
N'essaie pas de juger : personne n'est assez sage pour juger qui que ce soit quelles que soient ses capacités. Contente toi d'aimer.

.
Danse avec la vie : se débarrasser de l'Ego c'est embrasser la foi.
.
La foi n'est pas un concept abstrait vide de sens.
La foi se vit à chaque instant, à chaque seconde .
La foi, c'est se jeter dans l'inconnu; sauter dans l'abîme qui s'ouvre devant toi les yeux fermés, et découvrir à chaque instant que loin de tomber dans l'enfer que tu t'étais imaginé tu n'atterris que dans les bras de l'univers pour pouvoir mieux danser avec lui la danse de la vie.

.
C'est ça la foi.
C'est s'en remettre à l'univers corps et âme, pas seulement 5 minutes par jour ou à chaque fois que tu vois venir un problème : c'est à chaque seconde.
A chaque seconde tu meurs à toi-même en te jetant les yeux fermés dans l'abîme et tu renais en atterrissant dans les bras de l'univers : ni plus ni moins."

.
(c'est tellement éloigné de ce qu'on m'a enseigné, c'est pas gagné d'y arriver.)
- "Et pourtant je t'assure que si tu m'écoutes tu y arriveras.
Nul ne peut partir d'ici tant que cette leçon n'est pas entièrement assimilée : car contrairement à ce que tu crois, il n'est possible de quitter la dualité que lorsqu'on l'aime d'un amour divin qui dépasse largement ce que l'Ego peut donner.

.
Alors choisis ton conseiller : moi ou ton Ego."
.
Ce matin j'arrive au travail et sur mon bureau je trouve un mail qui confirme que le problème à été réglé vendredi soir et qu'il n'y a plus de souci à ce sujet.
.
Bravo l'Ego.


http://evolutionspirituelle.over-blog.com/130-index.html


Ah ! J’allais oublier son “pote Pascal” :

“... Pascal qui a des facilités avec la clairaudiance et l'enfant interieur parle avec tout depuis un moment.
Ce matin il parle avec sa bagnole, puis il se dit, tiens : je vais dire bonjour aux boulons aux pédales etc...

.
et un boulon lui répond :
"Pense aussi à te dire bonjour à toi même également sinon tu pourrais croire que tu n'es pas nous toi aussi..."

.
La réalité est très simple mais peu de gens veulent l'entendre directement :
Nous sommes un seul et même être et il n'y a aucune séparation, donc quand on parle à quoi que ce soit, on parle à soi-même ou à Dieu : le boulon n'a pas de bouche, pas de forme pensée, mais a un niveau plus haut : il peut répondre.

.
La connexion en haut permet simplement d'accéder au grand tout dont on peut retirer un certain nombre de choses liées à notre égo.
.
C'est aussi simple que ça et totalement inacceptable pour beaucoup


Bon, et ben pin-pon, hein !
Sourire

Cordialement,

C...a

Charly Alverda

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Message  Calcédoine Sam 15 Oct 2011, 10:23

Bonjour à tous.

Je suis amusé de lire aujourd'hui le texte ci-dessus, qui implique un débat entre un informaticien et son égo, précisément au moment où je préparais un texte sur le parallélisme entre l'égo et les OS.

Pour les informaticiens, un OS (Operating System), c'est le programme essentiel qui permet de faire fonctionner un ordinateur. C'est lui qui permet de convertir le langage utilisé par le processeur (uniquement des groupes de valeurs binaires, 0 ou 1) en un langage pratiquement utilisable par un humain. De nos jours, les OS les plus connus sont Windows, McOS, Linux, et, pour les moins jeunes, DOS et BASIC.

J'ai eu la chance de vivre l'évolution de l'informatique personnalisée depuis le début. Mon premier ordinateur, un ZX81, possédait une mémoire interne de... 1 Ko ! (extensible à 4 Ko, mais c'était budgétairement hors de porté). La mise en œuvre était simple : raccorder la machine à un téléviseur et mettre la prise, et l'image apparaissait. Au moyen d'un minuscule clavier sans pièces mobiles, il était possible de réaliser de petits programmes. Il n'était pas nécessaire d'attendre quelque chargement initial de quoi que ce soit : l'Operating System (OS, donc) était tout entier gravé sur une puce implantée à proximité du processeur, et gérait toute la machine.

Chez l'humain, l'ego sert un peu à la même chose : c'est le programme de base, le minimum nécessaire pour faire communiquer la machinerie biologique avec son environnement. Car un nouveau-né n'est pas pleinement opérationnel : il n'a pas encore téléchargé Language.exe, et ses deux webcams ne seront actives qu'après plusieurs jours. Dès après sa fabrication, le nouveau-né n'est livré qu'avec quelques programmes basiques, rudimentaires : Ego (l'Operating System qui va permettre sa croissance en attirant l'affection d'autrui sur lui), un logiciel de gestion d'alimentation ergonomique (doté des seules fonctions Respirer, Téter, Régurgiter, Digérer, Chier/Pisser), et d'une carte son plutôt puissante. Ce n'est que plus tard, grâce à Ego, son OS basique, qu'il va pouvoir se construire une personnalité, une image de lui (pour lui-même, et à usage d'autrui), et acquérir de nouvelles fonctionnalités, de nouveaux modules, de nouvelles extensions. La mise en en œuvre des deux webcams puis l'acquisition d'un programme de gestion des extensions robotiques (bras et jambes) vont permettre le développement de nouvelles fonctionnalités : Curiosité et Exploration.

Pour les ordinateurs, l'évolution a été un peu similaire. L'évolution technologique a permis l'émergence de nouvelles possibilités, ce qui a engendré de nouvelles machines, et de nouveaux OS, plus performants, mais aussi plus gourmands (+ de place en mémoire, + de consommation électrique). La firme Tandy popularisa son TRS80; Commodore construisit des machines dotées d'une mémoire interne de 16 ko, puis 64 ko, gérant jusqu'à 16 couleurs (en fait : seulement 8, clignotantes ou non), et une mémoire externe permettait d'enregistrer des programmes sans être obligés de les réencoder entièrement à chaque fois. Mémoire externe ? En réalité, il s'agissait de stocker des sons criards sur cassette grâce à un petit enregistreur audio !

Parallèlement, chez le jeune enfant, son OS Ego 2.0 réclamait lui aussi un enregistreur à cassettes pour diffuser des sons criards (et des posters correspondants, à punaiser aux murs de la chambre) : la personnalité s'affirmait (Research&Development) , se voulant originale (copyright), tout en copiant néanmoins la concurrence (spyware). Cependant, insidieusement, la construction de la personnalité se doublait d'un effet pervers : la confusion entre l'image identitaire et le Soi ! Bug dans le programme ? Pas nécessairement : l'Ego (OS) a son plein rôle à jouer, seulement, étant installé d'usine (un peu comme Norton), et ayant prouvé son efficacité (pas comme Norton), il a tendance à garder le pouvoir et à éviter de passer la main. Il en va de même des vieux dictateurs qui trouvent tous les prétextes pour ne pas se trouver de successeurs compétents. L'Ego fonctionne comme une nomenklatura : il tend à empêcher l'éclosion de nouveaux talents qui pourraient entrer en compétition avec lui et menacer sa propre pérennité.

Tout humain évolue (bébé > enfant > adolescent > adulte...). En informatique aussi, tout évolue : de nouveaux outils émergent, de nouveaux besoins se font sentir, et pour gérer efficacement tout cela, il est nécessaire de revoir périodiquement la conception des Operating Systems. Les anciennes machines dotées de processeurs 8 bits sont incapables de gérer les flux multimédias proposés aujourd'hui sur le Net. C'est normal : à l'époque le Net n'existait pas; l'outil correspondait aux besoins de l'époque. Apparurent alors de nouveaux outils et de nouveaux besoins : disques durs externes (NB: Atari en proposait), connexions rapides, cartes son au lieu de beepers, cartes vidéo fluides au lieu d'une sortie vidéo analogique directe, puissance de calcul démultipliée, besoin d'espaces de stockage…

Aujourd'hui, les processeurs gèrent 64 bits en parallèle, et non plus 8. C'est pourtant toujours un Operating System qui gère la communication entre le processeur et les périphériques qui interagissent avec le monde extérieur. Mais, tout comme l'Ego, les OS ont tendance à vouloir tout régenter par eux-mêmes ! Si vous voyiez l'espace mémoire nécessaire pour stocker Windows Seven ! On est bien loin de la petite EPROM qui, en 1980, contenait tout l'essentiel, était opérationnel endéans la seconde, et qui laissait ensuite la main à l'utilisateur pour faire ce qu'il souhaitait. Aujourd'hui, les programmes se croient intelligents, au point de décider eux-mêmes ce qui est bon pour vous, croient deviner ce que vous allez faire, et anticipent vos actions ou restreignent vos choix ! Suite au récent décès d'un proche de la famille (mon PC m'a définitivement lâché la semaine dernière), je découvre Windows Seven. Comme d'hab,., il m'a d'abord fallu d'urgence virer l'égotique Norton, malgré ses protestations et menaces répétées, pour le remplacer par un ami à moi. Et depuis une semaine, je cherche dans tous les coins des cases à décocher pour désactiver des tas d'automatismes idiots, proposés par défaut, qui m'empêchent de faire ce que j'ai à faire !

Décidément, l'inflation de Windows, son désir pathologiquement obséquieux à vouloir prévenir mes moindres désirs, c'est vraiment similaire à l'égo humain : inflationniste, dirigiste et, prétend-il, obsessionnellement serviable.
Bref : utile, oui, mais casse-pieds !
D'où la nécessité, comme pour Windows, de tenir fermement en laisse ce sacré égo, et lui montrer Qui est le patron !
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Message  Charly Alverda Dim 16 Oct 2011, 06:00

L. O. Calcédoine !

Ex-informaticien moi-même, il m’est aussi apparu très vite que nous ne savions (de mieux en mieux) que dupliquer nos “composants” !
Le problème de contrôler le “software”, alors qu’on ne peut le faire avec le “harqware” (à peine la respiration !), est “diablement” plus complexe pour l’être humain que pour Windaube, car cette fois le “programmeur” est à la fois au coeur du système (kernel) et dans son “alimentation” : conscience-énergie qui est partout ; et dans cet énoncé :

“D'où la nécessité, comme pour Windows, de tenir fermement en laisse ce sacré égo, et lui montrer Qui est le patron !”

Qui demande “de tenir fermement en laisse ce sacré égo” ?
Et, qui est le patron ? Qui ?
Sourire



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Message  Ludivine Dim 12 Fév 2012, 20:41

Quelle ne fut ma surprise en découvrant aujourd'hui sur Facebook une discipline dont je n'avais jamais entendu parler : la ravepsychologie. Intriguée, je contacte l'auteur du post pour en apprendre plus. Il me répond :
Jacques Chapoutot a écrit:C'est une spécialisation appartenant au système du design humain ; cela veut dire qu'on a suivi une formation spécifique (en l'occurrence pour moi, avec le fondateur du système) qui donne la capacité de donner des analyses sur ce qu'on appelle "le non-soi mental" ; celui-ci est constitué de l'ensemble des stratégies de protection autour desquelles la personnalité d'un individu se construit, depuis très tôt dans l'enfance jusqu'à la trentaine. Ce "non-soi mental" est ce petit caporal qui a fait un coup d'état, se nomme général, et veut tout contrôler ; ce dictateur qui n'a aucune capacité à nous guider dans la direction correcte pour nous (en accord avec notre destinée de vie)
Pensant reconnaître là la définition de notre Super Ego dont question sur cette page du forum, je lui pose la question. Il me détrompe sans tarder :
Jacques Chapoutot a écrit:Non, l'égo est une nécessaire force de condensation de la conscience ; il a sa place au sein de la construction, de la matrice humaine. Par contre, le petit dictateur (cet ensemble de stratégies de protection) sait très bien utiliser l'égo comme agent manipulateur. L'égo dans une matrice individuelle alignée sur son guide intérieur est fonctionnel ; par contre, si l'individu subit l'influence de son propre non-soi mental – ce qui aura pour effet de l'éloigner de son guide intérieur – alors, l'égo devient dysfonctionnel. L'individu se met à croire qu'il lui faut absolument prouver quelque chose : sa valeur, sa compétitivité, sa fidélité, la confiance qu'on peut avoir en lui, etc.
Donc, selon ce point de vue, il y a l'égo, qui est un outil au service de la construction de notre personnalité, et il y a "autre chose", que Jacques Chapoutot appelle "le petit dictateur", qui peut détourner l'égo de sa raison d'être, et… lui faire porter le chapeau !

Tout ceci est très subtil, et est un indice de plus dans notre recherche de vérité et d'unité, en cherchant la cause de la cause de la cause de ce qui ne tourne pas rond en ce monde. Accuser l'égo n'est pas erroné, mais si le prendre sous contrôle semble une bonne stratégie, vouloir l'annihiler pourrait être une erreur, et nous focaliser sur lui pourrait nous empêcher de voir quels mécanismes le manipulent par derrière.

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Message  Logos Lun 13 Fév 2012, 07:35

Salut divine(s)

Pensant reconnaître là la définition de notre Super Ego dont question sur cette page du forum, je lui pose la question
Dans ma conception le "Super Ego" était une manière de parler de ce qu'on appelle plus communément le Soi, tout en soulignant/postulant sa dimension "individuelle"... qu'on retrouve dans le concept d'Ego ultime de Mohammed Iqbal

A propos du livre "L'islam face à la mort de Dieu, actualité de Mohammed Iqbal" de Abdennour Bidar
article de Yoann Collin (source)

L’auteur est un spécialiste de la réflexion sur l’islam et reconnaît sa dette dans ce livre envers la pensée méconnue en Occident de Mohammed Iqbal (1873-1938), père spirituel du Pakistan, poète, philosophe et juriste. Il s’attache à exposer clairement le cœur de la pensée iqbalienne qui se trouve dans les sept conférences prononcées sous le nom de Reconstruire la pensée religieuse de l’Islam. Dans un second temps, il montre quel sens Iqbal essaie de donner à la modernité et quelle place la religion doit avoir dans une modernité bien comprise. Dans un troisième temps, il explique comment Iqbal envisage le futur de l’homme et en quoi cette conception iqbalienne est à prendre en compte avec intérêt dans les questions contemporaines sur le post-humain ou la question de l’avenir de l’humanité.Iqbal part du principe que la pensée islamique s’est pour ainsi dire arrêtée au milieu du XIIIe siècle quand l’islam a cessé de se nourrir de réflexions extérieures et s’est replié sur lui-même, ne songeant plus qu’à "maintenir une vie sociale pour le peuple, en excluant jalousement tout innovation dans la loi de shari’a" . Il faut selon lui penser autrement, penser à nouveau le véritable sens de l’islam et sa lecture du Coran et des soufis lui permet de penser l’islam comme une voie de libération pour l’homme qui, grâce à la religion, parviendrait à atteindre sur terre, et non plus dans un obscur et hypothétique au-delà, son accomplissement ultime. Mais ce renversement dans la compréhension de la religion ne va pas sans une remise en cause en profondeur de ce que sont Dieu, la religion et l’homme. Pour Iqbal, le sens du Coran est, à travers l’observation de la nature et la réflexion, de montrer que Dieu est dans le temps : contre l’esprit grec qui ne verrait dans la succession temporelle des phénomènes sensibles que des illusions qui détournent du divin intelligible, l’esprit coranique, comme l’avait déjà remarqué l’historien Ibn Khaloun, prend au sérieux cette historicité du devenir sensible. Le monde sensible, d’après une juste lecture du Coran, n’est pas une négation de Dieu, absolu intelligible, mais "sa manifestation même et sa métamorphose incessante " . S’appuyant sur les ressources de la pensée islamique (le Coran, la théologie, le soufisme, etc.), Iqbal les dépasse en proposant une sorte de sagesse universelle, valable pour le monde. Cette sagesse se situe à la confluence de la pensée occidentale et d’un islam revisité et débarrassé des scories de son passé ; un tel islam est un islam encore à venir, tourné résolument vers le futur. La sagesse à laquelle voudrait aboutir Iqbal se dégage d’un mouvement de confrontation entre la pensée occidentale et l’islam épuré. Cette sagesse universelle affirme que l’homme – comme la vie en générale - est en continuel progrès, un progrès qui n’a pas le sens du progrès scientifique et technique des Lumières européennes, mais un progrès de l’homme vers son Ego ultime. Cet ego ultime est pour Iqbal ce qui permet de faire redescendre dans le monde l’immortalité personnelle que la religion affirmait mais qu’elle réservait au ciel.

Mohammed Iqbal nous invite ainsi à réfléchir sur notre humanité et se demande si nous l’avons déjà pleinement atteinte. Selon lui, nous n’avons pas encore atteint l’humanité ultime à laquelle nous pouvons légitimement aspirer. Entre ce que nous sommes et ce que nous sommes amenés à devenir se trouve la différence entre notre ego ordinaire et notre ego ultime. L’homme pour Iqbal n’est pas encore ce qu’il doit être. Précisons rapidement que cette volonté d’élever l’humanité de l’homme au-dessus de sa condition actuelle n’est pas chez Iqbal, comme elle l’était dans divers régimes totalitaires, la justification d’un système terrible de coercitions, mais plus une motivation qui devrait habiter chacun d’entre nous et nous permettre de nous élever personnellement et sans contrainte extérieure d’aucune sorte. Il y a comme un progrès qui doit s’accomplir de notre moi ordinaire à notre ego ultime qu’Iqbal appelle aussi Soi créateur. L’homme est avant tout pour Iqbal activité créatrice : tout ce qu’il fait est de l’ordre de la création et c’est en le pensant ainsi qu’on comprend qu’il n’est sans doute pas tout ce qu’il peut être puisque rien n’indique – bien au contraire même – qu’il ait fini de créer tout ce qu’il pouvait créer. Une telle conception de l’homme permet par exemple de comprendre le désir autrement que comme une insatisfaction perpétuelle, c’est un élan vers la création inscrit en l’homme qui le pousse à vouloir créer toujours plus pour accomplir sa nature. L’expérience mystique est d’ailleurs pour Iqbal une façon privilégiée de se rendre compte non pas que le divin existe mais que celui qui vit cette expérience mystique peut devenir Dieu lui-même. Mais si l’homme, après avoir compris par la réflexion sur lui-même, sa nature et l’histoire du vivant et du monde qu’il pouvait aspirer à autre chose qu’à ce qu’il est, doit continuer à s’élever pour devenir ce qu’il est en puissance, jusqu’où peut-il s’élever ? Quel est le terme de son évolution ?

Penser l’homme comme ego ultime, revient à le penser comme réalité suprême, autrement dit pour Iqbal c’est "Allah", Dieu est le nom de l’ego ultime, puisqu’Allah est la réalité suprême dans le Coran. Allah, Dieu ou le divin dans les autres religions sont les noms que l’homme a donnés à ce qu’il devait atteindre. Le verset coranique "en vérité en ton Seigneur est ta limite" est lu par Iqbal comme la justification de sa thèse : la nature divine est la meilleure image que puisse se donner l’homme de son ego ultime, de ce vers quoi il doit tendre. Son intuition est bien que la seule réalité divine qui existe, c’est celle de l’homme ayant cheminé jusqu’à son ego ultime – ce qui est une conception pour le moins fort hétérodoxe de la divinité de Dieu. Il s’appuie également sur une interprétation personnelle de la sourate CXII du Coran, la plus brève, de laquelle il tire l’idée que l’individualité parfaite est stable, indivise et immortelle. Mais si Iqbal pense que la fin de l’homme c’est d’être un ego ultime, un soi créateur, on peut se demander comment parvenir à faire advenir en soi, dans notre ego ordinaire, un progrès vers cet ego ultime. Iqbal propose deux voies qui sont des réinterprétations de pratiques religieuses établies : l’amour et la prière. La prière est pensée comme un effort répété, ritualisé de tension à "l’éveil à une vie plus grande dans la conscience de soi comme Soi" . Celui qui prie doit être amené à prendre conscience de l’infinité de son pouvoir créateur qui le rend capable de dépasser, de transcender ce qu’il est et a été jusqu’alors. L’amour, de son côté, est envisagé comme communion universelle, capacité à agir par amour et à ce titre puissance (créatrice) d’amour. L’amour est vu comme une force qui permet d’agir et d’agir en créant donc en conformité avec l’essence la plus profonde de l’homme. En priant et en aimant, l’ego accroît sa puissance créatrice, qui est la puissance même de la vie. Plus il crée, plus il possède d’énergie vitale ; et à partir d’un certain seuil, c’est une énergie illimitée qu’a à sa disposition le Soi créateur. Cela lui permet l’immortalité, car pour Iqbal, la mort n’est pensée que comme conséquence de l’affaiblissement de l’élan vital. Comme le résume finement A. Bidar, pour convertir sa foi en un ego ultime en expérience, Iqbal conseille de réfléchir puis de prier et d’aimer, ou "après avoir théoriquement compris qui est ce Soi, mets-toi le plus souvent possible en tension intérieure sur lui, et développe sans relâche ta propre puissance créatrice qui te fait ressembler à lui" . On comprend alors que l’homme créateur que découvre Iqbal dans le Coran est un homme libre, agissant – bien loin du Fatum mohametanum dont se moquait Leibniz – et non soumis à un prétendu destin déjà écrit. Plus que coopérer avec Dieu, Iqbal demande à l’homme d’agir de telle sorte que ce soit Dieu qui coopère avec l’homme, dans une action excellemment créatrice. C’est l’initiative de l’homme qui doit être première comme l’affirme Iqbal s’autorisant du passage suivant du Coran : "Dieu ne changera pas la condition des hommes avant qu’ils ne changent ce qui est en eux-mêmes". On voit combien l’image de l’homme diffère de celle qu’on attribue traditionnellement à l’homme musulman, et plus généralement à l’homme religieux.

Après avoir replacé Dieu, la religion et l’homme dans la perspective qu’essaie de dégager Iqbal, on comprend mieux ce que peut avoir de crucial pour sa pensée la question de la modernité. La modernité a été le moment où l’homme a pris conscience de sa nature, et où il pensait qu’il lui suffisait de se tourner vers sa raison pour s’affirmer face à Dieu et devenir pleinement ce qu’il est. La modernité fut le moment décisif où l’homme a cru se libérer de Dieu pour devenir lui-même, pour être ce qu’il devait être. Or aujourd’hui force est de constater que l’homme est déçu de ce tournant pris historiquement par l’Occident. L’homme contemporain vit une épreuve de vide spirituel, un manque de sens. C’est comme s’il s’était émancipé trop tôt, alors qu’il n’était pas encore prêt de la matrice religieuse. Du coup, il aurait pris peur et se serait refermé sur lui-même. La modernité s’est voulue et a été une véritable émancipation de l’homme qui a eu une plus grande maîtrise sur les choses. Mais ce que théorise et explique Iqbal, c’est que l’homme a fait un mauvais usage de sa liberté, car il n’a pensé le progrès qu’en terme de technique et de savoir et non en terme de spiritualité. Dès lors, l’homme est en danger, comme un individu immature ayant à sa disposition des pouvoirs trop grands, dont il ne maîtrise pas la portée. Pour sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes arrivés, il faut absolument un changement spirituel dans l’homme, qui doit s’accompagner d’une évolution de la civilisation, en faveur d’une civilisation qui soit propice au développement de l’ego de l’homme vers l’ego ultime. Cette évolution, qui doit apporter à l’homme de quoi progresser spirituellement, doit se donner à penser comme un dépassement de l’alternative entre la vie religieuse et la vie profane.

Il faut commencer, pour bien comprendre ce qu’est la solution iqbalienne au problème de la modernité, par comprendre qu’il pense l’histoire de la religion en trois étapes valables aussi bien au niveau personnel qu’au niveau historique : l’étape de la foi, celle de la pensée et celle de la découverte. Dans la première, qui concerne encore la majorité des croyants, on croit à l’idée d’un Dieu donnant d’en haut des ordres auxquels on obéit sans s’interroger. Dans la seconde étape, on se pose des questions et on essaie de réfléchir aux tenants et aux aboutissants de la religion : la théologie est un paradigme pour penser cette deuxième étape. A cette deuxième étape devrait succéder une troisième et dernière étape dans laquelle ce qui auparavant était considéré comme transcendant à l’homme (Dieu, le divin) retrouve sa juste place : l’intériorité humaine, et ce dans un sens tout à fait original, puisqu’Iqbal n’invite pas à penser alors quelque chose comme une présence de Dieu en moi (à la façon de l’Augustin des Confessions), mais la découverte de soi à la place de Dieu. Dans cette troisième étape, on observe corrélativement l’idée d’une religion centrée sur un rapport de soi à soi, c’est-à-dire indépendante de toute loi, de toute norme de conduite extérieure à la pensée du croyant. Ce n’est plus de l’extérieur que vient la loi, mais de l’intériorité même de l’ego ultime.

Dès lors se pose la question de savoir comment Iqbal interprète cette troisième étape dans l’islam. A. Bidar remarque dans cette analyse que si Iqbal s’efforce de prôner une interprétation plus moderne et ouverte de la shari’a et du juridisme islamique, il ne va pas jusqu’au bout du programme qu’il semblait s’être fixé en exposant cette troisième étape. En effet, Iqbal, contrairement à ce que son raisonnement laisserait attendre ne va pas jusqu’à essayer de penser un Islam indépendant de tout juridisme. Alors qu’on serait en droit d’attendre une réflexion montrant que le juridisme est une composante de fait et non de droit dans l’Islam (puisque le juridisme a obéi à une histoire contingente), et qu’on pourrait alors penser un Islam non-juridique, Iqbal se contente – et peut-être trahit-il par ce geste le cœur de sa pensée – de suggérer une modernisation de la loi islamique (prenant comme exemple les innovations politiques de la Turquie de M. Kemal qui accordent le droit de vote aux femmes), sans remettre en cause le principe même d’une loi extérieur interprétant le Coran, aux dépens d’une légitimation de l’interprétation personnelle (l’Ijtihâd). Cela pourrait être une invitation à poursuivre et à dépasser la position d’Iqbal grâce à sa pensée : aller au-delà d’Iqbal avec Iqbal.
A la fin de son exposé de la pensée iqbalienne, l’auteur montre en quoi cette réflexion nous permet de trouver des réponses alternatives dans les questionnements que l’homme se pose sur son futur. Il montre ainsi comment la pensée de la progression de l’homme vers lui-même, en quête de son ego ultime n’est pas sans entrer en résonnance avec les questions contemporaines sur le post-humain. L’être humain étant en effet non seulement capable de changer et de dominer le monde par sa science et sa technique, mais encore capable de se changer bientôt lui-même, il y a urgence à penser un autre modèle pour penser l’humain. Et l’actualité d’Iqbal serait alors celle d’une pensée capable de penser l’essence de l’humain, comme progression, comme devenir dynamique, et non comme produit statique, achèvement présumé d’une évolution qui pourtant semble devoir le dépasser. Penser l’avenir dès à présent avec Iqbal serait penser l’évolution de l’homme vers une progression de la spiritualité qu’il recèle en lui par nature, et ce serait penser d’une autre façon le devenir de l’homme que celle que propose la science et qui ne serait qu’une simple parodie de la puissance créatrice de l’homme, simple parodie parce qu’elle perdrait de vue le cœur de la puissance créatrice de l’homme : sa puissance créatrice spirituelle. Autrement dit, il n’y aurait pas besoin de la science pour accéder à l’immortalité : un progrès spirituel permet de faire évoluer l’homme au point de le rendre immortel.
Tout au long de l’excellente présentation de ses analyses, l’auteur enrichit son étude par la mise en rapport entre la pensée d’Iqbal et des auteurs qui l’ont marqué ou dont il pouvait être proche (Nietzsche, Bergson, le sage hindou Sri Aurobindo qui est son contemporain, Jung, etc.) et celle d’auteurs qui permettent de bien comprendre dans quelles impasses la modernité occidentale s’est fourvoyée ou celles vers lesquelles elle s’avance (Einstein, Heidegger, etc.). Cela permet de mettre en perspective l’œuvre d’Iqbal, de voir sur quels fondements spirituels ou philosophiques elle s’appuie et de rendre justice à la formidable puissance questionnante de cette œuvre

Dans les commentaires au billet on trouve cette précision de l'auteur

L’expression d’ « ego ultime » est d’Iqbal. Elle est assez originale tout comme la conception d’Iqbal, car parler d’ego ultime, c’est dire que l’individu parfaitement accompli spirituellement ne vient pas se fondre dans la divinité, mais garde son individualité, sa singularité, presque son ipséité. Aux pages 64-65 de son livre, entre autre, A. Bidar expose ce problème de l’ « ego ultime » en expliquant que le mot « ego » est à prendre en un sens différent de celui qui lui habituellement donné (en anglais comme en persan le mot qu’on traduit par ego est négativement connoté et renvoie aux tendances les plus individualistes et narcissiques du moi) : il faut plutôt l’entendre comme vecteur d’un sens nouveau et positif: il y a deux mois en moi, celui qui est ordinaire et celui vers lequel je tends. L’idée principale étant de souligner, comme l’écrit A. Bidar que « le terme de la vie spirituelle n’est pas notre divinisation dans l’au-delà, mais l’achèvement « terrestre » de notre humanisation » (p65)

Afin de mieux cerner le renversement que propose Iqbal (et qui pourrait nourrir la question de Chèvre sur l'orthodoxie des transmissions) :

Le commentateur Javed Majeed a pu écrire qu’Iqbal "bouleverse considérablement la notion soufi de fana ("extinction de l’homme en Dieu’’) puisqu’il la renverse en extinction de Dieu en l’homme. Tandis que le soufisme considère que l’individualité de l’homme devenu saint s’éteint dans la personnalité suprême de Dieu, Iqbal ose concevoir l’inverse : c’est dieu qui disparaît en l’homme, la personnalité divine qui passe toute entière dans l’individualité de l’homme. Le saint n’a donc pas perdu son Ego, mais il en jouit désormais comme plénitude absolue d’un Soi (Khûdî) qui est la totalité de ce que la religion populaire comme la métaphysique soufie classique appellent "l’être en Dieu" (…) La vie spirituelle chemine ainsi dans le sens de la découverte et de l’appropriation d’un degré suprême d’individuation. »
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