Jean de La Fontaine (1621 - 1695)
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Jean de La Fontaine (1621 - 1695)
L'astrologue qui se laisse tomber dans un puits.
Le titre de la fable évoque Thalès de Milet (-625 ; -547) philosophe qui a étudié l'astronomie et qui tombe dans un trou ouvert sous ses pieds parce qu'il regarde les étoiles.
L'astrologie passionnait les cours au XVIIème siècle. Dans cette fable, Jean de La Fontaine critique les astrologues charlatans (les faiseurs d'horoscopes, pas les astronomes) ainsi que les alchimistes (les souffleurs).
Un Astrologue un jour se laissa choir
Au fond d'un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ?
Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
Il en est peu qui fort souvent
Ne se plaisent d'entendre dire
Qu'au Livre du Destin les mortels peuvent lire.
Mais ce Livre qu'Homère et les siens ont chanté,
Qu'est-ce, que le hasard parmi l'Antiquité,
Et parmi nous la Providence ?
Or du hasard il n'est point de science :
S'il en était, on aurait tort
De l'appeler hasard, ni fortune, ni sort,
Toutes choses très incertaines.
Quant aux volontés souveraines
De celui qui fait tout, et rien qu'avec dessein,
Qui les sait, que lui seul ? Comment lire en son sein ?
Aurait-il imprimé sur le front des étoiles
Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ?
A quelle utilité ? Pour exercer l'esprit
De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ?
Pour nous faire éviter des maux inévitables ?
Nous rendre dans les biens de plaisir incapables ?
Et causant du dégoût pour ces biens prévenus,
Les convertir en maux devant qu'ils soient venus ?
C'est erreur, ou plutôt c'est crime de le croire.
Le firmament se meut ; les astres font leur cours,
Le soleil nous luit tous les jours,
Tous les jours sa clarté succède à l'ombre noire,
Sans que nous en puissions autre chose inférer
Que la nécessité de luire et d'éclairer,
D'amener les saisons, de mûrir les semences,
De verser sur les corps certaines influences.
Du reste, en quoi répond au sort toujours divers
Ce train toujours égal dont marche l'univers ?
Charlatans, faiseurs d'horoscope,
Quittez les Cours des Princes de l'Europe ;
Emmenez avec vous les souffleurs tout d'un temps.
Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.
Je m'emporte un peu trop ;: revenons à l'histoire
De ce Spéculateur qui fut contraint de boire.
Outre la vanité de son art mensonger,
C'est l'image de ceux qui bâillent aux chimères
Cependant qu'ils sont en danger,
Soit pour eux, soit pour leurs affaires.
Au fond d'un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ?
Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
Il en est peu qui fort souvent
Ne se plaisent d'entendre dire
Qu'au Livre du Destin les mortels peuvent lire.
Mais ce Livre qu'Homère et les siens ont chanté,
Qu'est-ce, que le hasard parmi l'Antiquité,
Et parmi nous la Providence ?
Or du hasard il n'est point de science :
S'il en était, on aurait tort
De l'appeler hasard, ni fortune, ni sort,
Toutes choses très incertaines.
Quant aux volontés souveraines
De celui qui fait tout, et rien qu'avec dessein,
Qui les sait, que lui seul ? Comment lire en son sein ?
Aurait-il imprimé sur le front des étoiles
Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ?
A quelle utilité ? Pour exercer l'esprit
De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ?
Pour nous faire éviter des maux inévitables ?
Nous rendre dans les biens de plaisir incapables ?
Et causant du dégoût pour ces biens prévenus,
Les convertir en maux devant qu'ils soient venus ?
C'est erreur, ou plutôt c'est crime de le croire.
Le firmament se meut ; les astres font leur cours,
Le soleil nous luit tous les jours,
Tous les jours sa clarté succède à l'ombre noire,
Sans que nous en puissions autre chose inférer
Que la nécessité de luire et d'éclairer,
D'amener les saisons, de mûrir les semences,
De verser sur les corps certaines influences.
Du reste, en quoi répond au sort toujours divers
Ce train toujours égal dont marche l'univers ?
Charlatans, faiseurs d'horoscope,
Quittez les Cours des Princes de l'Europe ;
Emmenez avec vous les souffleurs tout d'un temps.
Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.
Je m'emporte un peu trop ;: revenons à l'histoire
De ce Spéculateur qui fut contraint de boire.
Outre la vanité de son art mensonger,
C'est l'image de ceux qui bâillent aux chimères
Cependant qu'ils sont en danger,
Soit pour eux, soit pour leurs affaires.
Aube-Aurore- Nombre de messages : 238
Age : 44
Date d'inscription : 15/04/2008
Re: Jean de La Fontaine (1621 - 1695)
Bonjour
Ce texte de La Fontaine fait écho en moi à la curieuse histoire suivante. J'ai un ami qui est "voyant" et ce n'est pas un charlatan ! Le lundi de Pâques, sur I'autoroute il a été soudainement aveuglé par la perte de la cargaison d'un camion roulant devant lui. J'ai vu la photo de sa voiture, une épave, le toit à l'avant touche presque au capot, c'est un miracle que le "voyant" soit vivant ! Les experts vantent la solidité de la voiture : une PRIUS ! La cargaison : baies vitrées et portes-fenêtres, humour cosmique, comique cosmique.
Cordialement,
C...a
Ce texte de La Fontaine fait écho en moi à la curieuse histoire suivante. J'ai un ami qui est "voyant" et ce n'est pas un charlatan ! Le lundi de Pâques, sur I'autoroute il a été soudainement aveuglé par la perte de la cargaison d'un camion roulant devant lui. J'ai vu la photo de sa voiture, une épave, le toit à l'avant touche presque au capot, c'est un miracle que le "voyant" soit vivant ! Les experts vantent la solidité de la voiture : une PRIUS ! La cargaison : baies vitrées et portes-fenêtres, humour cosmique, comique cosmique.
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Jean de La Fontaine (1621 - 1695)
Ne dit-on pas que ce sont souvent les cordonniers les plus mal chaussés ?
Très bon, cette histoire du voyant qui n'avait rien vu venir et qui s'est trouvé aveuglé.
Humour cosmique, comique cosmique : ce cosmos-là est mon maître à penser !
Si on veut bien se donner la peine d'être sérieux sans se prendre au sérieux, la vie la plus difficile peut être vécue comme un grand éclat de rire !
Oui, le Cosmos a un sacré humour ! Pour qui cherche à rejoindre la Source, parvenir à découvrir ça, c'est faire un grand pas sur le chemin qui mène à la fontaine.
Très bon, cette histoire du voyant qui n'avait rien vu venir et qui s'est trouvé aveuglé.
Humour cosmique, comique cosmique : ce cosmos-là est mon maître à penser !
Si on veut bien se donner la peine d'être sérieux sans se prendre au sérieux, la vie la plus difficile peut être vécue comme un grand éclat de rire !
Oui, le Cosmos a un sacré humour ! Pour qui cherche à rejoindre la Source, parvenir à découvrir ça, c'est faire un grand pas sur le chemin qui mène à la fontaine.
Laposse- Nombre de messages : 242
Age : 55
Date d'inscription : 05/04/2008
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