Fernando Pessoa
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Fernando Pessoa
Le "Poète de l'événement amoureux" pour Stelio
*
Parfois je me fais presque honte
De croire autant ce que je ne crois pas.
C'est une variété de rêve
Avec le réel au milieu.
*
Je ne pense en ce moment à rien
Et cette chose centrale, qui n'est rien du tout,
M'est aussi agréable que l'air de la nuit,
Frais par contraste avec l'été chaud du jour.
Je ne pense en ce moment à rien, que c'est bon!
*
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile, à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle, à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès! ... Pourquoi l'art est-il beau , parce qu'il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide ? Parce qu'elle est un tissu de buts, de desseins et d'intentions? Tous ses chemins sont tracés pour aller d'un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va... La beauté des ruines ? Celle de ne plus servir à rien.
*
Ce qu'il faut c'est être naturel et calme
Dans le bonheur comme dans le malheur...
Penser comme l'on marche,
Et lorsqu'on va mourir, se rappeler que le jour meurt,
Et que le couchant est beau et belle la nuit qui se fait...
Et que si ainsi sont les choses, c'est que les choses sont ainsi.
*
Nous nous aimons tous les uns les autres, et le mensonge est le baiser que nous échangeons.
L'art nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait d'exister... En art, il n'y a pas de désillusion,
car l'illusion s'est vue admise dés le début. Le plaisir que l'art nous offre ne nous appartient pas, à proprement parler :
nous n'avons donc à le payer ni par des souffrances, ni par des remords...
Par le mot art, il faut entendre tout ce qui est cause de plaisir sans pour autant nous appartenir : la trace d'un passage,
le sourire offert à quelqu'un d'autre, le soleil couchant, le poème, l'univers objectif. Posséder c'est perdre. Sentir sans posséder,
c'est conserver, parce que c'est extraire de chaque chose son essence.
*
Je ne sais quel est le chemin...
... Parce que chemin et route
Sont de terre, et l'important c'est d'avancer;
Il est de peu de poids que la route aille à rien...
Seul vaut celui qui marche : il est celui qui vit
Ainsi, adulte de ce que j'ai voulu faire,
Je vais en cheminant vers tout ce que j'ai eu
Et sais bien que je ne pourrais pas le ravoir.
*
...D'où peut venir cette saudade
Qui ne quitte jamais le cœur
Et qui envahit ma pensée
Sans que j'en sache la raison?
N'est-ce donc que la rue déserte
Et la campagne sans fin
Qui m'ont donné la paix confuse
Qui pleure au fond de moi?
*
Bouche où vient s'ouvrir un sourire
Comme une fleur s'épanouit,
Tes yeux y versent, plein de rires,
Cette rosée d'avoir trop ri.
*
Je te vis dire ton adieu
A quelqu'un qui loin s'en allait :
J'en implorais presque les cieux
D'être un jour celui qui partait.
*
Aime la vérité en toi. N'en use pas.
D'aucuns, par foi ou par habitude, dressent des croix
Sur le bord des chemins, d'autres passent, sans plus.
Je dors, sous les étoiles, ces clartés étrangères.
*
La suite ici :
http://perso.modulonet.fr/~chemin/pessoa.htm
*
Parfois je me fais presque honte
De croire autant ce que je ne crois pas.
C'est une variété de rêve
Avec le réel au milieu.
*
Je ne pense en ce moment à rien
Et cette chose centrale, qui n'est rien du tout,
M'est aussi agréable que l'air de la nuit,
Frais par contraste avec l'été chaud du jour.
Je ne pense en ce moment à rien, que c'est bon!
*
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile, à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle, à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès! ... Pourquoi l'art est-il beau , parce qu'il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide ? Parce qu'elle est un tissu de buts, de desseins et d'intentions? Tous ses chemins sont tracés pour aller d'un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va... La beauté des ruines ? Celle de ne plus servir à rien.
*
Ce qu'il faut c'est être naturel et calme
Dans le bonheur comme dans le malheur...
Penser comme l'on marche,
Et lorsqu'on va mourir, se rappeler que le jour meurt,
Et que le couchant est beau et belle la nuit qui se fait...
Et que si ainsi sont les choses, c'est que les choses sont ainsi.
*
Nous nous aimons tous les uns les autres, et le mensonge est le baiser que nous échangeons.
L'art nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait d'exister... En art, il n'y a pas de désillusion,
car l'illusion s'est vue admise dés le début. Le plaisir que l'art nous offre ne nous appartient pas, à proprement parler :
nous n'avons donc à le payer ni par des souffrances, ni par des remords...
Par le mot art, il faut entendre tout ce qui est cause de plaisir sans pour autant nous appartenir : la trace d'un passage,
le sourire offert à quelqu'un d'autre, le soleil couchant, le poème, l'univers objectif. Posséder c'est perdre. Sentir sans posséder,
c'est conserver, parce que c'est extraire de chaque chose son essence.
*
Je ne sais quel est le chemin...
... Parce que chemin et route
Sont de terre, et l'important c'est d'avancer;
Il est de peu de poids que la route aille à rien...
Seul vaut celui qui marche : il est celui qui vit
Ainsi, adulte de ce que j'ai voulu faire,
Je vais en cheminant vers tout ce que j'ai eu
Et sais bien que je ne pourrais pas le ravoir.
*
...D'où peut venir cette saudade
Qui ne quitte jamais le cœur
Et qui envahit ma pensée
Sans que j'en sache la raison?
N'est-ce donc que la rue déserte
Et la campagne sans fin
Qui m'ont donné la paix confuse
Qui pleure au fond de moi?
*
Bouche où vient s'ouvrir un sourire
Comme une fleur s'épanouit,
Tes yeux y versent, plein de rires,
Cette rosée d'avoir trop ri.
*
Je te vis dire ton adieu
A quelqu'un qui loin s'en allait :
J'en implorais presque les cieux
D'être un jour celui qui partait.
*
Aime la vérité en toi. N'en use pas.
D'aucuns, par foi ou par habitude, dressent des croix
Sur le bord des chemins, d'autres passent, sans plus.
Je dors, sous les étoiles, ces clartés étrangères.
*
La suite ici :
http://perso.modulonet.fr/~chemin/pessoa.htm
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Fernando Pessoa
Que c'est beau!...
Le Pessoa de ce poème est frère de coeur de Yunus Emre et de Lalla.
Le Pessoa de ce poème est frère de coeur de Yunus Emre et de Lalla.
Chèvre- Nombre de messages : 350
Date d'inscription : 06/06/2009
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