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Des planètes selon Basile Valentin

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Message  Logos Jeu 28 Oct 2010, 16:39

Du magistère des sept planètes, de leur essence, propriétés, vertus

De Saturne – De Jupiter – De Mars – Du Soleil – De Vénus – Du Mercure – De la Lune

Des planètes selon Basile Valentin Basile_valentin


1 – De Saturne

Je viens du plus haut du Ciel
Et je suis d’en haut fort loin
Qu’on ne me peut presque connaître
Selon le sens je suis un merveilleux homme
J’ai un naturel fort mélancolique
Dont j’ai ma barbe grise
Le Samedi me fut donné
Car il tire son nom de moi
Mon cours est rond comme un cercle
Je l’achève en trente ans
Avec cinq jours et six heures
Je ne puis pas encore avoir cequoy
Le Capricorne et l’Aquarius
Sont mes deux sujets
Mon Ange Raphaël me donna
Un beau et luisant grenat,
J’assis, calcule et rationne
Jour et nuit comme je saurais
Acquérir beaucoup de richesses
Comme font les vieux avaricieux
Qui ne peuvent jamais être heureux
Mon Art s’appelle Astronomie
Pour inventer de quelle couleur je suis
Tu y trouves noir, blanc, jaune et rouge
Mais il ne consiste en nécessité
Mon Esprit est doux et froid comme une glace
J’emporte le prix et larcins et fourrages
Mais l’Esprit étant lié
Je sais alors ce que je promets
Je puis douter changer ce lieu
Que tout autre métal à la demande en arrive
La vertueuse foi enseigne cela
Quand je fus en ma vieillesse converti
Je jetais mes échasses de moi
J’allais sans aller mon chemin
Il en devint donc alors une huile rouge
Manifestée par l’extraction
Etant distillée puis après
Cela lie le Mercure subitement
Et son Esprit se fixe en constant
Semblable comme blanc argent
Quand il fut réduit en poudre
Et échappé de tout danger
Mais ne pense pas en ton sens
Que je sois le Plomb commun
Mais plutôt d’une autre nature
Comme mon livre te le manifeste
Car je suis fait et préparé d’un minéral
Si tu comptes justement tu trouveras le nombre
Je suis élu pour éprouver
Qui me souffre est constant
Je ne puis acquérir le Ciel
D’où je suis sorti
Je somme à la justice le fugitif
Renvoyer en moi vieux compagnons
Je suis la mort aux métaux
Qui ne sont pas fixes
Mais qui me connaît et cherche justement
A celui-là je donne assez jusqu’à la fin
Ma faux aiguë tranche tout
Avec ceci je dis adieu à tous.

2 – De Jupiter

Anciennement je fis beaucoup de doctes
Dont on me célébrait pour un Dieu
Et principalement au jeudi
Je fus honoré devant les autres
J’élis encore ces jours-là
Mon Ange s’appelle Zachariel
J’ai beaucoup de gens en ma cour
Qui désirent avoir de moi richesse
Pour conserver leurs maisons et tables
L’Archer et les Poissons sont mes sujets
Je prononce la sentence aux riches et pauvres
Quand je suis à l’audience
A cause de cela le Sceptre m’appartient
La rhétorique gouverne ma langue
Et ma couronne de lauriers
Avec beaucoup de fleurs
Et une belle couronne dorée
Là il y a la noble pierre Topaze
Afin qu’on voit que je suis un seigneur
L’espérance ne me délaisse jamais
Je l’habille en blanc, jaune et bleu
En hiver aussi en gris
En douze ans j’achève mon cours
Qui a connaissance des lieux lointains
Trouve mon trésor en Angleterre
Il faut que je passe par la mer
L’eau y est fort salée
Par l’art subtilement séparé
Mon Esprit, mon Ame et mon Corps
Et les conjoint en un derechef
Fait en une poudre
Mêle adonc suivant la mesure
Avec autres métaux préparés
Tu expérimenteras alors
Que je suis un seigneur non un cerf
Mais que je puis faire semblablement
Ce que Dieu et la fortune m’ont donné.

3 – De Mars

Quand je passe par tout le monde
Avec ma haute lance
Quand j’avais été en beaucoup de guerres
J’apportais avec moi de bons butins
Tous les gens d’armes m’élevèrent
Pour un capitaine aux compagnons
Un chacun demanda mon argent
Ce qui causa beaucoup de tumultes
J’endurais beaucoup de bonheur et malheur
Si Samuel le bon Ange
Ne m’eut gardé pour lors
Il y a longtemps que je serais mort
Et fusse descendu en Enfer
Mais j’en remercie Dieu
Qui m’envoya son Ange
Encore que Aries et le Scorpion
Ces guerriers me soient compagnons
Toutefois ils ont fait adresser
Contre moi beaucoup d’embûches
Et s’ils ne se fussent échappés
Je les eusse fait pendre aux arbres
Mon Glaive est de pur acier
Et étincelle comme un Rubis clair
Qui est aussi imposé
Il mange beaucoup d’hommes
Il pénètre violemment
Et ne fait compte d’aucun homme
Je ne suis pas joyeux en temps de paix
Ma vertu s’appelle Force,
Quand la vie de mon corps est ôtée
Je veux bailler pour mes biens
A ma femme Reine illustre
Vénus douce et aimable
Elle les pourra donner de même
A celui qu’elle aime le plus
Mon plus beau vêtement est fort rouge
Comme la haute couleur de pourpre
L’on en fait une médecine
Utile à beaucoup de choses
Mais moi seul ne peut rien faire
Si mes compagnons ne m’assistent,
En deux ans je fais mon cours,
Ma puissance est au mardi
Ce que peu d’hommes observent
Que je m’élève en l’air et au vent
Là sont les montagnes les plus hautes
Et aussi le Ciel a sa fin
Et m’abaisse derechef
Fais de moi un vent et Esprit
Et me promette totalement Vénus
Tu verras si c’est mensonge
Que le Soleil et la Lune sont trompés
Mais il faut que je sois fait constant
Pour faire connaître ma vertu efficace.

4 – Du Soleil

A tout le monde je donne lumière
Aux bons et aux mauvais
Je parachève bientôt mon cours
Ce qu’on ne peut voir
Qu’en trois cent soixante cinq jours
Je le peux parfaire
L’on peut aussi de mon vêtement
Préparer une eau bonne excellemment
Qui fait en peu d’heures
Beaucoup d’hommes allègres
La clef de tous mystères
Est cachée seulement en moi
Laquelle de grâce a été donnée à moi
Par l’Ange Michaël
A mon art appartient la grammaire
Les instances dans le livre tu l’y trouveras
Et alors tu me concéderas
Que la justice est encore en vie
Qu’elle surmonte toujours
Encore qu’elle soit souvent trompée
Quand je me délibère avec les potentats
Le dimanche est mon jour
Résous mon corps fixe
Et en chasse un Mercure
Et lui donne le sang de sa femme
Nourris nous tous deux justement avec le Sel
Comme cela appartient à ma race
Et tu y trouveras en mon sang
Si je ne suis pas un véritable roy
O Lune c’est ma plus grande prière
Que tu ne me veuilles pas délaisser
Puisque Vénus est déjà prête
Et s’habille avec ton ornement
Encore que nous tous deux
Ornés d’elle et devenu riches
Pour l’adieu te donner je te laisse.

5 – De Vénus

L’étoile de Vénus est mon nom
Je montre toujours mon opération
A ceux qui sont mes fils
Et qui sont de mon aveugle fils
Qui au commencement fut nommé Cupidon
Ses traicts volaient en toute région
Ce que témoignent fille et garçon
La musique est mon art libéral
Qui se gouverne par l’ardeur de l’amour
Je le montre aux instruments musical
Et à cause de ce ma vertu est charité
Je me nourris avec bon vin
Et faut que je sois toujours en liesse
Tous les passe-temps de l’amour
Sont très bons en ma cour,
Mes maisons du Ciel sont la Balance et Taureau
Lesquelles je porte en mes armoiries
J’achève mon cours en trois cent cinquante jours
Anaël est mon Ange
Qui me garde de toute outrance
Il m’a donné une noble pierre
Qui s’appelle Emeraude communément
Transparente et verte
Je suis en couleur totalement
Toutefois est en moi un Esprit rouge
Que je reçois de mon mari et chevalereux Mars
Quand je suis encore un minéral
Toute semblable à la terre
Mais maintenant je suis un feu chaud
Une médecine vertueuse et puissante
La force m’y a contrainte
Que j’ai acquise une nouvelle puissance
Si le vieux Dragon boit de cette haleine
Que je souffle avec force
Je lui donne une nouvelle âme
En sorte que devient une excellente Huile
De laquelle on prépare une teinture
Qui peut colorer le blanc en rouge
Une telle poudre fixe aide en nécessité
Mon fiancé est le clair Soleil
De lui je reçois liesse et joie
Et lui aussi de moi force efficace et richesses
Un tel héritage reçoit mon fils
Qui s’aime avec palme froide
Afin que cette femme devienne grosse
Et puisse laisser une génération
Avec beaucoup de fruits bons
De mille un n’en sera digne
Des mystères en moi cachés
Le vendredi est son propre jour
Laisse donc sa femme Vénus passer
Elle te pourra en richesse mener.

6 – Du Mercure

Quand je fus né au commencement
Je donnais l’adieu à la terre
Et je désirais un état plus haut
Je l’ai quittée alors totalement
Encore qu’elle fut ma mère
Et je cherche amitié en l’air
Ma mère m’a donné toutes les couleurs du monde
Pourtant Raphaël me donna un cristal
Pour en faire ce que je voudrais
Puisqu’il joint toutes les couleurs
Qu’on ne peut raconter
La Vierge, la Jachère avec les Jumeaux
Qui coagulés sont les cristaux
Raphaël donna derechef sa puissance
Et me réduisit en Mercure
Froid et chaud tout est en moi
Je demeure, je cours tantôt ça tantôt là
Je suis un homme fort admirable
Qu’on ne peut totalement savoir
Car quand je tiens une discipline
Qui n’a que de moi son art
J’achève mon cours en trois cent cinquante huit jours
Encore que le monde fut si spacieux
Ave toute sorte d’arts
Nul homme pourra faire le grand Œuvre
Si je ne lui suis pas présent
Observe à cette heure ce que je dis
Regarde justement mon essence
Je ne suis pas Mercure vulgal
Mais d’une plus noble race
Avant que je devienne Aigle
J’ai maintenant ailes merveilleuses
Aux mains, pieds, têtes et cheveux
Je suis vêtu entièrement de plumes
Si donc aucun homme était si sage
De me les pouvoir ôter
Il profiterait beaucoup de moi
Et il posséderait beaucoup de richesses
Que tout le monde ne saurait croire
Mais beaucoup négligeront cet Esprit
Et ne sauront
Que c’est le commencement, le milieu et la fin
Avant qu’ils connaissent ce que j’ai fait
Je me veux élever à cette heure
D’ici en la haute demeure
Et descendre derechef à l’enfer
Vers mes autres six compagnons
Je verrai comment un chacun se porte
S’il veut bien endurer le froid et le chaud
Aussi s’ils me veulent assister
Afin que je puisse faire le plus haut
Et si le Roy me conserve
Je serai un seigneur de tout le monde
Ce que peut bien succéder au repère
Chante donc et crédote

7 – De la Lune

Si je n’étais une femme ordonnée
Favorablement au roy
Ou sa génération demeurait
Laquelle je soutiens,
Que mon corps froid est merveilleux
Que le roy clair échauffe
Gabriel m’annonça que j’étais fiancé au roy
Et m’apporta une pierre précieuse
Enchâssée en or, c’était un Saphir
Transparent et bleu
Et me l’a donné à cause du roy
Et me dit en bonne foi
Que je serais la femme du roy
Ce que je m’y dus résoudre
Car le roy me voudrait bien
Même en toutes ses richesses
J’usais pour lors de mon meilleur art
Qui s’appelle dialectique
Je parlais comme il convient à une femme
La prudence m’institua
Je lui promis mon propre corps
Jusqu’à ce que nous sépare la mort
Et que je parachève mon cours
Qui se fait en vingt sept jours
Sept heures et vingt trois minutes
Je parcours le cercle totalement en dix neuf ans
Adonc je recommence de nouveau
Et si je veux compter tout justement
Je fais tous les mois le tour
Mon Ame, mon Esprit et mon Corps
Je les ai dédiés au roy, comme promis je les avais
J’apporte beaucoup de forces l’homme
Quand je suis faite potable je suis intérieurement bleue
Extérieurement blanche
Ayant acquis le prix fixe
Adonc m’habille incontinent Vénus
En écarlate et beau pourpre
Ce qu’elle a toutefois reçu
De Mars par prières
Et si l’on devait demander l’Antimoine
Le Soufre dirait aussi quelque chose
Avec ceci je m’en vais d’ici
A la fin on voit
Que l’issue prouve les actes
Et que toujours a été ma rime
Durant le jour et la nuit
Je vole droit par le firmament.

*

Ce texte est publié par les éditions Ramuel dans Le Macrocosme ou traité des Minéraux, Basile Valentin

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