Le Gitan
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Le Gitan
Textes de Stelio
Nous autres caraques suivont les pistes que laissent sur la route les bestioles, où même à l'instar de nos frères du temps du rêve Aborigène les pistes oniriques que tracent nos totems en trainant leurs pattes fatiguées sur le sable derrière nos paupières.
L'impossibilité de jacter, le mutisme c'est être touché par le syndrome Cousteau, nostalgie de l'animalité perdue ou devenir-animal...
"L'homme est un animal dénaturé. Nous sommes des animaux malades du langage. Nous voudrions bien parfois nous soigner.
Mais même la boucler ne nous émancipe pas du langage.
Ne devient pas animal qui veut.
Alors, par consolation, nous regardons les émissions animalières à la télé, pour nous émerveiller d'un monde qui serait inentamé par le langage.
Les animaux nous font entendre une voix de pur silence. C'est la nostalgie de la vie de poisson. L'humanité semble atteinte du syndrome de Cousteau."-Wajcman
L'Animal comme guide, son silence comme métalangage ultra-sophistiqué.
C'est là que certains suggèrent, au saint nom de la science, qu'il nous reste peut-être une chance pour nous orienter, pour nous guider sur notre animalité.
Si les sujets ont une fâcheuse tendance à se tromper tout le temps, il faudrait tenir que la nature ne trompe pas. Le salut serait dans notre animal - le corps, les gènes, les neurones et tout le bazar. C'est ce que quelques cognitivistes viennent murmurer à l'oreille des politiques pour les aider à trouver la voie.
Suivons le corps, Soyons singe !
*
Je pense effectivement que tout est langage. Et que c'est dans l'émission-réception de flux variés, flux articulés, ondulatoires, flux de particules, de marchandises, d'informations que se tissent les structures et les formes qui évoluent au sein de ce qu'on a pris l'habitude de nommer le réel.
Affections, perceptions, sensations, émotions qui fluctuent pour sculter un Sujet dynamique, une personne parmi tant d'autres et qui est pourtant toujours une singularité pure, quelqu'un d'unique et d'éphémère.
Un être tissé de langage et en perpétuelle liaison avec les flux de langages qui grondent à l'extérieur, comme des cascades.
Alors c'est sûr que l'animal, la bestiole qui possède un parallélisme corps-esprit parfaitement équilibré, continu, n'a aucun mal à interagir avec les flux de langage qui composent une situation. A rester en liaison.
L'animal s'adapte à la situation. Il s'y connecte. L'homme, l'animal qui tchatche, lui la traverse sans jamais la voir tant il est fasciné par ses propres créations symboliques qu'il déploie en réseaux infinis dans lesquels il barbote toute sa putain de vie.
Et c'est pour ça que l'animal qui parle, l'Homme, a inventé tout un ensemble de systèmes de langages pour désactiver ces boucles faites de langage, ces paroles articulées pas toujours sonores qui fabriquent des petites et des grandes prisons dans lesquelles le Je ne cesse de tourner.
Ces systèmes de désactivation, ce sont les philosophies, les religions, les thérapies et tout le bazar qui soulage, qui propulse, qui allège, qui accroche des ailes au dos d'un bloc de plomb pour le faire voler et pourquoi pas gazouiller dans la noble langue des oiseaux.
En parallèle l'animal qui parle a aussi inventé toute une série de systèmes de langage pour activer certaines boucles faites elles aussi de langage, mais des boucles ouvertes sur le dehors, des paroles articulées pas toujours sonores qui tracent des petits et de grands chemins sur lesquel le Je ne cesse pas de dériver.
Ces systèmes d'activation sont les arts, les sciences, les pratiques corporelles et toute la rock'n roll attitude qu'adoptent ceux qui créent des formes.
Wild is the wind pour l'animal qui parle, condamné tel un putain de Sisyphe de merde à ne jamais cesser d'activer et de désactiver alternativement des systèmes de langage pour pouvoir enfin, à force de terribles efforts, parvenir à entrevoir un morceau de chair rose et brillant du corps nu et cru de la réalité.
Pourtant l'Homme qui porte en lui des paysages, des pierres et des animaux, des montagnes et des ravins, des pentes et des tremplins s'il suit son corps, s'il suit son animal, il finit par entrer en liaison avec le dedans et le dehors, avec Il et Elle, avec lui et avec les autres.
Il s'adapte à la situation.Tout s'ecoule.
Water no get enemy.
Tout d'abord, l'homme apparut dans le règne des choses inorganiques
Puis de là il passa dans celui des plantes.
Pendant des années, il vécut comme l'une des plantes,
Ne se souvenant en rien de son état inorganique si différent ;
Et lorsqu'il passa de l'état végétal à l'état animal,
Il n'avait pas de souvenir de son état en tant que plante,
Exceptée l'inclination qu'il sentait pour le monde des plantes,
En particulier à l'époque du printemps et des douces fleurs,
Comme l'inclination des petits enfants à l'égard de leur mère,
Qui ne savent pas la raison qui les attire vers leur sein.
Ensuite le grand Créateur, comme vous le savez,
Tira l'homme de l'état animal pour le faire entrer dans l'état humain.
Ainsi l'homme est passé d'un ordre de la nature à un autre,
Jusqu'à ce qu'il devînt sage, et savant, et fort, comme il l'est à présent.
De ses premières âmes il n'a maintenant point de souvenance,
Et il sera, de nouveau, changé à partir de son âme actuelle.
rumi
Nous autres caraques suivont les pistes que laissent sur la route les bestioles, où même à l'instar de nos frères du temps du rêve Aborigène les pistes oniriques que tracent nos totems en trainant leurs pattes fatiguées sur le sable derrière nos paupières.
L'impossibilité de jacter, le mutisme c'est être touché par le syndrome Cousteau, nostalgie de l'animalité perdue ou devenir-animal...
"L'homme est un animal dénaturé. Nous sommes des animaux malades du langage. Nous voudrions bien parfois nous soigner.
Mais même la boucler ne nous émancipe pas du langage.
Ne devient pas animal qui veut.
Alors, par consolation, nous regardons les émissions animalières à la télé, pour nous émerveiller d'un monde qui serait inentamé par le langage.
Les animaux nous font entendre une voix de pur silence. C'est la nostalgie de la vie de poisson. L'humanité semble atteinte du syndrome de Cousteau."-Wajcman
L'Animal comme guide, son silence comme métalangage ultra-sophistiqué.
C'est là que certains suggèrent, au saint nom de la science, qu'il nous reste peut-être une chance pour nous orienter, pour nous guider sur notre animalité.
Si les sujets ont une fâcheuse tendance à se tromper tout le temps, il faudrait tenir que la nature ne trompe pas. Le salut serait dans notre animal - le corps, les gènes, les neurones et tout le bazar. C'est ce que quelques cognitivistes viennent murmurer à l'oreille des politiques pour les aider à trouver la voie.
Suivons le corps, Soyons singe !
*
Je pense effectivement que tout est langage. Et que c'est dans l'émission-réception de flux variés, flux articulés, ondulatoires, flux de particules, de marchandises, d'informations que se tissent les structures et les formes qui évoluent au sein de ce qu'on a pris l'habitude de nommer le réel.
Affections, perceptions, sensations, émotions qui fluctuent pour sculter un Sujet dynamique, une personne parmi tant d'autres et qui est pourtant toujours une singularité pure, quelqu'un d'unique et d'éphémère.
Un être tissé de langage et en perpétuelle liaison avec les flux de langages qui grondent à l'extérieur, comme des cascades.
Alors c'est sûr que l'animal, la bestiole qui possède un parallélisme corps-esprit parfaitement équilibré, continu, n'a aucun mal à interagir avec les flux de langage qui composent une situation. A rester en liaison.
L'animal s'adapte à la situation. Il s'y connecte. L'homme, l'animal qui tchatche, lui la traverse sans jamais la voir tant il est fasciné par ses propres créations symboliques qu'il déploie en réseaux infinis dans lesquels il barbote toute sa putain de vie.
Et c'est pour ça que l'animal qui parle, l'Homme, a inventé tout un ensemble de systèmes de langages pour désactiver ces boucles faites de langage, ces paroles articulées pas toujours sonores qui fabriquent des petites et des grandes prisons dans lesquelles le Je ne cesse de tourner.
Ces systèmes de désactivation, ce sont les philosophies, les religions, les thérapies et tout le bazar qui soulage, qui propulse, qui allège, qui accroche des ailes au dos d'un bloc de plomb pour le faire voler et pourquoi pas gazouiller dans la noble langue des oiseaux.
En parallèle l'animal qui parle a aussi inventé toute une série de systèmes de langage pour activer certaines boucles faites elles aussi de langage, mais des boucles ouvertes sur le dehors, des paroles articulées pas toujours sonores qui tracent des petits et de grands chemins sur lesquel le Je ne cesse pas de dériver.
Ces systèmes d'activation sont les arts, les sciences, les pratiques corporelles et toute la rock'n roll attitude qu'adoptent ceux qui créent des formes.
Wild is the wind pour l'animal qui parle, condamné tel un putain de Sisyphe de merde à ne jamais cesser d'activer et de désactiver alternativement des systèmes de langage pour pouvoir enfin, à force de terribles efforts, parvenir à entrevoir un morceau de chair rose et brillant du corps nu et cru de la réalité.
Pourtant l'Homme qui porte en lui des paysages, des pierres et des animaux, des montagnes et des ravins, des pentes et des tremplins s'il suit son corps, s'il suit son animal, il finit par entrer en liaison avec le dedans et le dehors, avec Il et Elle, avec lui et avec les autres.
Il s'adapte à la situation.Tout s'ecoule.
Water no get enemy.
Tout d'abord, l'homme apparut dans le règne des choses inorganiques
Puis de là il passa dans celui des plantes.
Pendant des années, il vécut comme l'une des plantes,
Ne se souvenant en rien de son état inorganique si différent ;
Et lorsqu'il passa de l'état végétal à l'état animal,
Il n'avait pas de souvenir de son état en tant que plante,
Exceptée l'inclination qu'il sentait pour le monde des plantes,
En particulier à l'époque du printemps et des douces fleurs,
Comme l'inclination des petits enfants à l'égard de leur mère,
Qui ne savent pas la raison qui les attire vers leur sein.
Ensuite le grand Créateur, comme vous le savez,
Tira l'homme de l'état animal pour le faire entrer dans l'état humain.
Ainsi l'homme est passé d'un ordre de la nature à un autre,
Jusqu'à ce qu'il devînt sage, et savant, et fort, comme il l'est à présent.
De ses premières âmes il n'a maintenant point de souvenance,
Et il sera, de nouveau, changé à partir de son âme actuelle.
rumi
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Bon, ça c'est du R. Alleau (Sociétés secrètes) :
"Revenons à la base même de la métaphysique et des sciences, c'est à dire au principe d'identité posé par Leibniz : "A est A" et demandons-nous d'abord ce que c'est que la connaissance. Nous constaterons que son objet le plus général englobe le connu et l'inconnu, car s'il n'y avait pas d'inconnu dans le connu, il n'y aurait pas non plus de connaissance possible.
Or si son objet participe toujours du connu ou de l'inconnu, la connaissance est divisible perpétuellement dans ses existants finis, c'est à dire dans les relations connues qu'elle établit entre les idées intelligibles et entre les faits vérifiables. Par conséquent, la relation est, dans son essence, plus générale que tout principe logique, et le principe d'identité lui-même n'est qu'une relation entre A et A telle que toute valeur donnée à A vérifie sa relation avec A. Ce n'est donc pas un principe, mais une approximation d'identité et qui présuppose l'existence de la relation."
Ce qui rejoint les bases de l'ontologie ensembliste de Badiou, où l'on pose comme principe fondamental : la relation d'appartenance entre multiples/ensembles.
"Tout s'appartient"
"Revenons à la base même de la métaphysique et des sciences, c'est à dire au principe d'identité posé par Leibniz : "A est A" et demandons-nous d'abord ce que c'est que la connaissance. Nous constaterons que son objet le plus général englobe le connu et l'inconnu, car s'il n'y avait pas d'inconnu dans le connu, il n'y aurait pas non plus de connaissance possible.
Or si son objet participe toujours du connu ou de l'inconnu, la connaissance est divisible perpétuellement dans ses existants finis, c'est à dire dans les relations connues qu'elle établit entre les idées intelligibles et entre les faits vérifiables. Par conséquent, la relation est, dans son essence, plus générale que tout principe logique, et le principe d'identité lui-même n'est qu'une relation entre A et A telle que toute valeur donnée à A vérifie sa relation avec A. Ce n'est donc pas un principe, mais une approximation d'identité et qui présuppose l'existence de la relation."
Ce qui rejoint les bases de l'ontologie ensembliste de Badiou, où l'on pose comme principe fondamental : la relation d'appartenance entre multiples/ensembles.
"Tout s'appartient"
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Les Yezidis sont dans la place alors.
Quelle bonne nouvelle. Car les Yezidis comme les Alevis, les Bektashis ou les Yaresans constituent le ferment archaique, le substrat chamanique qui a fécondé la tradition spirituelle occidentale (disons que par tradition occidentale j'entends, à l'instar de Benjamin, la bible (les trois monothéismes) plus les grecs, le développement de la rationalité à travers l'art, la philosophie, les sciences).
En Asie Mineure, les Yezidis sont considérés comme les descendants des chefs spirituels de Medie, les derniers survivants de la religion des mages.
Leur dualisme complexe leur permet de vouer un égal respect aux principes du bien et du mal; la lutte éternelle des Ahouras et des Devas, la danse collé-serré, ou plutôt, coupé-décalé de l'ombre et de la lumière sur la scène primitive (arche, dans le principe, bereshit) où le sorcier maléfique et le gentil guérisseur n'ont pas encore été conceptualisés car ils appartiennent à un dualisme beaucoup plus tardif, un dualisme qui sentira bon l'eau de cologne et le catéchisme et le feu des bûchers.
Le terme même de Yezidis (yesad, ange en persan) révèle la nature de leur relation avec une variété indigène de machine-ailée (certains diront d'êtres-angeliques) articulés autour de Melek Taus, l'Ange-Paon de la tradition.
un extrait du Mes'haf i Resh (le livre noir).
Dans le principe Khuda (Dieu) créa la perle blanche à partir de son essence la plus precieuse; il créa un oiseau nommé Anfar.
Il mit la perle sur le dos de celui-ci et s'y établit pendant 40 000 ans.
Le premier jour de la création, dimanche, Il créa un Yesad (ange) nommé Azazil (Azazel, le veilleur de la bible hébraique) qui est Melek Tawus, l'Ange-Paon, le chef de tous.
(les chiffres utilisés dans le Mes'haf i resh sont liés à des cycles astronomiques trés anciens en relation avec le mouvement de précession des équinoxes)
Anfar c'est le Simorgh de la mystique Persane, le fameux Roi des Oiseaux du texte d'Attar.
Et Azazel, c'est Eblis dans le Cor'an, Lucifer dans la grille chrétienne.
D'aprés le Cor'an, l'Ange déchu fut foutu à la porte des sphères divines pour avoir refusé de s'incliner devant l'Adam, poupée d'argile rouge, alors que lui, Eblis, était directement issu du Feu (certains courants soufis considèrent cette attitude comme juste).
Dans la version traditionelle Azazel(-Eblis-Lucifer) est condamné à trainer sa gueule sur le bitume qui sert de combinaison prés du corps à la Terre, éternellement (conceptualisation mythique des névroses obsessionelles et boucles compulsives).
Dans la version Yezidie, Dieu pardonne à Azazel qui retrouve sa place dans le ciel.
Le Mal n'est donc pas envisagé comme l'enemi, celui qui empêche le processus de subjectivation de se déployer, mais au contraire l'Adversaire qui pris en tant qu'obstacle constitue un moyen d'évoluer, l'Adversaire comme chez les Juifs du bereshit doit être épousé, intégré, embrassé, pour les arabes sheitan ça signifie aussi obstacle, pas impasse mais obstacle.
L'obstacle est ce qui doit être dépassé pour pouvoir avancer.
Concernant ce rapport singulier au Mal, les Yezidis dévelopent un rite du serpent noir, un rite chamanique toujours pratiqué dans certains coins des Balkans.
Pas le temps de développer ce thème, ni celui du Bleu comme couleur sacré qui provoque une attraction-répulsion chez tous les gens d'Asie-Mineure ("peu de mères s'aviseraient d'emmener leurs bébés à l'étranger sans parsemer leurs habits de boutons bleus en forme d'oeil, de cauris, de bribes d'écriture sainte" - Empson - The cult of the peacock angel).
*
Et ce sont les étonnants yeux bleus , noirs et verts de la queue du Paon qui eurent une influence considérable sur sa sacralisation par les Yezidis.
Les yeux bleus provoquent vénération et effroi, stupeurs et trompettes, chez tout le petit peuple de la région.
Enfant, on portait tous des pendentifs avec des billes bleues censés nous protéger de la 'masque', du mauvais oeil. Chez les grecs du Dodécanèse, les personnes aux yeux bleus sont censées porter la masque. Elles possèdent potentiellement le pouvoir de nuire avec leur regard.
Pour se protéger, et surtout protéger les enfants, les vieilles de la famille utilisent leur salive et répètent des formules ancestrales : des mantras qui datent de l'éclosion de Sumer, glorieuse époque où une race à face de serpent séduisait les Filles des hommes entre deux déluges.
Pourquoi le bleu?
Dans le Chahnameh persan, le bleu electrique (turquoise) est la couleur de la souveraineté et de la royauté.
Tradition déjà présente à Sumer où les monarques se fringuaient avec des tuniques recouvertes de Lapis-Lazuli.
Cette couleur est caractéristique de la race déchue, celle des Veilleurs (ceux qui ont tous les yeux ouverts) et cela explique que cette couleur devint par la suite objet de crainte ou de vénération pour l'humanité.
Et si la conscience est partout, si ces yeux s'ouvrent sur chaque point de chaque surface, alors c'est qu'il est temps de muter, de devenir ce que l'on est. C'est une des intuitions de ce chamanisme métaphysique oriental, toujours vivant après plusieurs millénaires de transmissions mais toujours plus ignoré car il n'existe pas de littérature néo-spirituelle sur ces sujets. Les chamanismes et les spiritualités plus exotiques tiennent aujourd'hui les classements des charts de la spiritualité la plus cool. C'est très bien comme ça.
Rilke, en visitant l'atelier de Rodin, a eu une vision proche de celle des yeux de la conscience qui s'ouvrent partout, même sur la pierre.
Ces vers du poème sur le torse d'Apollon en témoignent:
"Et la pierre sinon, écourtée, déformée,
serait soumise sous le linteau diaphane des épaules
et ne scintillerait comme fourrure fauve
ni ne déborderait de toutes ses limites
comme une étoile:
Car il n'y est de point
qui ne te voie.Tu dois changer ta vie."
Car il n'y est de point qui ne te voie...Tu dois changer ta vie.
Face à face avec la queue remplie d'yeux ouverts de l'Ange-Paon, tu es saisi par la verticalité. Rilke et les Yezidis qui font mumuse en contemplant la robe de plume du Simorgh.
La doctrine du retournement.
"De tous ses regards le vivant perçoit l'ouvert" énonce Rilke (encore lui) au début de la huitième Elégie.
Quelle bonne nouvelle. Car les Yezidis comme les Alevis, les Bektashis ou les Yaresans constituent le ferment archaique, le substrat chamanique qui a fécondé la tradition spirituelle occidentale (disons que par tradition occidentale j'entends, à l'instar de Benjamin, la bible (les trois monothéismes) plus les grecs, le développement de la rationalité à travers l'art, la philosophie, les sciences).
En Asie Mineure, les Yezidis sont considérés comme les descendants des chefs spirituels de Medie, les derniers survivants de la religion des mages.
Leur dualisme complexe leur permet de vouer un égal respect aux principes du bien et du mal; la lutte éternelle des Ahouras et des Devas, la danse collé-serré, ou plutôt, coupé-décalé de l'ombre et de la lumière sur la scène primitive (arche, dans le principe, bereshit) où le sorcier maléfique et le gentil guérisseur n'ont pas encore été conceptualisés car ils appartiennent à un dualisme beaucoup plus tardif, un dualisme qui sentira bon l'eau de cologne et le catéchisme et le feu des bûchers.
Le terme même de Yezidis (yesad, ange en persan) révèle la nature de leur relation avec une variété indigène de machine-ailée (certains diront d'êtres-angeliques) articulés autour de Melek Taus, l'Ange-Paon de la tradition.
un extrait du Mes'haf i Resh (le livre noir).
Dans le principe Khuda (Dieu) créa la perle blanche à partir de son essence la plus precieuse; il créa un oiseau nommé Anfar.
Il mit la perle sur le dos de celui-ci et s'y établit pendant 40 000 ans.
Le premier jour de la création, dimanche, Il créa un Yesad (ange) nommé Azazil (Azazel, le veilleur de la bible hébraique) qui est Melek Tawus, l'Ange-Paon, le chef de tous.
(les chiffres utilisés dans le Mes'haf i resh sont liés à des cycles astronomiques trés anciens en relation avec le mouvement de précession des équinoxes)
Anfar c'est le Simorgh de la mystique Persane, le fameux Roi des Oiseaux du texte d'Attar.
Et Azazel, c'est Eblis dans le Cor'an, Lucifer dans la grille chrétienne.
D'aprés le Cor'an, l'Ange déchu fut foutu à la porte des sphères divines pour avoir refusé de s'incliner devant l'Adam, poupée d'argile rouge, alors que lui, Eblis, était directement issu du Feu (certains courants soufis considèrent cette attitude comme juste).
Dans la version traditionelle Azazel(-Eblis-Lucifer) est condamné à trainer sa gueule sur le bitume qui sert de combinaison prés du corps à la Terre, éternellement (conceptualisation mythique des névroses obsessionelles et boucles compulsives).
Dans la version Yezidie, Dieu pardonne à Azazel qui retrouve sa place dans le ciel.
Le Mal n'est donc pas envisagé comme l'enemi, celui qui empêche le processus de subjectivation de se déployer, mais au contraire l'Adversaire qui pris en tant qu'obstacle constitue un moyen d'évoluer, l'Adversaire comme chez les Juifs du bereshit doit être épousé, intégré, embrassé, pour les arabes sheitan ça signifie aussi obstacle, pas impasse mais obstacle.
L'obstacle est ce qui doit être dépassé pour pouvoir avancer.
Concernant ce rapport singulier au Mal, les Yezidis dévelopent un rite du serpent noir, un rite chamanique toujours pratiqué dans certains coins des Balkans.
Pas le temps de développer ce thème, ni celui du Bleu comme couleur sacré qui provoque une attraction-répulsion chez tous les gens d'Asie-Mineure ("peu de mères s'aviseraient d'emmener leurs bébés à l'étranger sans parsemer leurs habits de boutons bleus en forme d'oeil, de cauris, de bribes d'écriture sainte" - Empson - The cult of the peacock angel).
*
Et ce sont les étonnants yeux bleus , noirs et verts de la queue du Paon qui eurent une influence considérable sur sa sacralisation par les Yezidis.
Les yeux bleus provoquent vénération et effroi, stupeurs et trompettes, chez tout le petit peuple de la région.
Enfant, on portait tous des pendentifs avec des billes bleues censés nous protéger de la 'masque', du mauvais oeil. Chez les grecs du Dodécanèse, les personnes aux yeux bleus sont censées porter la masque. Elles possèdent potentiellement le pouvoir de nuire avec leur regard.
Pour se protéger, et surtout protéger les enfants, les vieilles de la famille utilisent leur salive et répètent des formules ancestrales : des mantras qui datent de l'éclosion de Sumer, glorieuse époque où une race à face de serpent séduisait les Filles des hommes entre deux déluges.
Pourquoi le bleu?
Dans le Chahnameh persan, le bleu electrique (turquoise) est la couleur de la souveraineté et de la royauté.
Tradition déjà présente à Sumer où les monarques se fringuaient avec des tuniques recouvertes de Lapis-Lazuli.
Cette couleur est caractéristique de la race déchue, celle des Veilleurs (ceux qui ont tous les yeux ouverts) et cela explique que cette couleur devint par la suite objet de crainte ou de vénération pour l'humanité.
Et si la conscience est partout, si ces yeux s'ouvrent sur chaque point de chaque surface, alors c'est qu'il est temps de muter, de devenir ce que l'on est. C'est une des intuitions de ce chamanisme métaphysique oriental, toujours vivant après plusieurs millénaires de transmissions mais toujours plus ignoré car il n'existe pas de littérature néo-spirituelle sur ces sujets. Les chamanismes et les spiritualités plus exotiques tiennent aujourd'hui les classements des charts de la spiritualité la plus cool. C'est très bien comme ça.
Rilke, en visitant l'atelier de Rodin, a eu une vision proche de celle des yeux de la conscience qui s'ouvrent partout, même sur la pierre.
Ces vers du poème sur le torse d'Apollon en témoignent:
"Et la pierre sinon, écourtée, déformée,
serait soumise sous le linteau diaphane des épaules
et ne scintillerait comme fourrure fauve
ni ne déborderait de toutes ses limites
comme une étoile:
Car il n'y est de point
qui ne te voie.Tu dois changer ta vie."
Car il n'y est de point qui ne te voie...Tu dois changer ta vie.
Face à face avec la queue remplie d'yeux ouverts de l'Ange-Paon, tu es saisi par la verticalité. Rilke et les Yezidis qui font mumuse en contemplant la robe de plume du Simorgh.
La doctrine du retournement.
"De tous ses regards le vivant perçoit l'ouvert" énonce Rilke (encore lui) au début de la huitième Elégie.
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Depuis toujours leur situation est compliquée. Comme l'est celle des Bektashis, Alevis et Yaresans, tous les porteurs de ce lourd fardeau brillant autant que brûlant et qui essaient de le dissimuler derrière des pratiques chi'ites, sunnites, chrétiennes.Un de mes amis avait rencontré des Yezidis d'Irak cet été. Je crois que leur situation n'est vraiment pas terrible...
De plus les Yezidis sont assimilés aux kurdes, et on connait les relations problématiques qu'entretiennent les peuplades kurdes avec leurs voisins Irakiens,Turcs ou Iraniens (et leur influence sous-terraine qui alimente les courants de l'Islam spirituel, de la mystique hébraique et de l'ésoterisme chrétien).
Par contre on connait moins bien les raisons de cette hostilité qui traverse les âges, hostilité nourrie d'histoire de Djins, de races d'anges déchus, et d'ancienne civilisation d'hommes-oiseaux, de chamans orientaux aux traits réptiliens vétus de plumes qui connaissent l'algèbre des catastrophes.
Il existe des transmissions de pouvoir concernant un chamanisme du serpent noir qui s'étendent sur une infinité de générations.Le rite du serpent noir je fais le lien direct avec la société de la couleuvre Noire de Michael Bertiaux
Des scultures de serpent enduites de charbon de bois ornent les sépultures et les lieux de culte.
Ces pratiques sont ratachées au rôle du Serpent comme Adversaire et comme Eclaireur.
Dans les premiers textes du bereshit le serpent Na'ash dévoile la dimension lumineuse et complexe de ce symbole.
Les premiers chrétiens représentaient un serpent crucifié à la place du Christ.
Pour les Yezidis son rôle est similaire à celui de l'Ange-Paon; il représente l'energie spirituelle, le flux du vivant sous sa forme ondulatoire.
Le symbole gnostique autant que chamanique du serpent à plumes trouverait-il son origine dans les montagnes du Caucase?
Car le chamanisme du serpent, autant que le symbole du Roi des oiseaux, sont associés aux Veilleurs.
Le Ciel des petits oiseaux et la Terre du serpent. La tête et le corps. Territoires Ouraniens et Chtoniens. Verticalité et Horizontalité. Le myssstère de la Croix, des croisements, des carrefours, car si la mystique chrétienne a alimenté tous les cultes chamaniques des spécialistes en tuning (une autre manière de parler du syncrétisme) d'Amérique du Sud et d'Afrique, il faut comprendre que sa souce se trouve dans l'ancienne religion qui pulse toujours quelque part où vibre encore le Verbe qui rampe couvert de plumes (et comme le suggère Jean de Patmos, le Verbe se love dans le principe et nulle-part ailleurs... Le Verbe est donc partout partout où le principe cligne des yeux)
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Mouloudji a bien chanté la mentalité "à part" des gitans, trop souvent incompris :
https://www.youtube.com/watch?v=8qz7KWRU1tY
https://www.youtube.com/watch?v=8qz7KWRU1tY
Henri Schersch- Nombre de messages : 330
Age : 54
Date d'inscription : 21/07/2008
Re: Le Gitan
.... 9 photos de hérisson dans ta vidéo, Henri... (Des "niglos", qu'y parait...)
Bon, je sais bien que (comme dit ma femme en rigolant) "c'est parce qu'ils les mangent !!"... Mais n'y aurait-t-il pas une autre raison ? Plus en rapport avec les serpents, peut-être ?...
Dans les symboles chrétiens serpentiformes, Charbonneau Lassay avait aussi relevé les têtes de lions à queue de serpents... me rappelle plus le nom... Et il y a aussi l'amphisbène, serpent à deux têtes, parfois dont l'une est celle du Christ et l'autre celle de Satan. Mais il y a des variantes. (telle l'Amphisbène de l'Estoile Internelle - fin XV siècle, visible ici...)
Plutôt hermétique, tout ça....
Bon, je sais bien que (comme dit ma femme en rigolant) "c'est parce qu'ils les mangent !!"... Mais n'y aurait-t-il pas une autre raison ? Plus en rapport avec les serpents, peut-être ?...
Dans les symboles chrétiens serpentiformes, Charbonneau Lassay avait aussi relevé les têtes de lions à queue de serpents... me rappelle plus le nom... Et il y a aussi l'amphisbène, serpent à deux têtes, parfois dont l'une est celle du Christ et l'autre celle de Satan. Mais il y a des variantes. (telle l'Amphisbène de l'Estoile Internelle - fin XV siècle, visible ici...)
Plutôt hermétique, tout ça....
Chèvre- Nombre de messages : 350
Date d'inscription : 06/06/2009
Re: Le Gitan
est ce que les dragons peuvent etre assimilés au Serpent dont tu parles ?
ou est ce une caste d'entité différente ?
Le dragon peut etre perçu comme un conglomerat qui mixe un reptile avec un oiseau et des flammes.
Pour les Yezidis le serpent et l'Ange-Paon, Melek Taus sont des symboles qui se mélangent, qui fusionnent tout comme dans la tradition judeo-chrétienne Nahash le serpent-tentateur et Lucifer l'ange-déchu incarnent symboliquement deux aspects d'un même truc. Comme le Quetzalcoatl aussi, le serpent à plumes.
Le dragon est donc cette structure qui associe deux machines antagonistes.
- Une machine à voler, à s'élever, un devenir-oiseau, scuse me while i kiss the sky miaule Jimi Hendrix, machine-à-tutoyer le ciel et donc machine dangereuse car il s'agit d'une machine qui s'ouvre sur des espaces infinis, des gouffres vertigineux, des ciels sans cieux où la substance lumineuse pulse comme un coeur gorgé de sang.
- Et une machine à ramper, mais ce qui importe ce n'est pas de ramper mais d'onduler, de se laisser traverser par ces courants électriques, ces fluctuations de fréquences sonores qui a une certaine intensité se figent et deviennent des formes. Et le péril dans cette demeure est la fascination pour les formes reçues ou émises. Etre séduit par la forme et se fixer dans l'horizontalité fertile comme une jeune fille Ouzbek. Se croire Roi de son Territoire alors que la route en forme de croix est encore longue.
Onduler à travers l'infini réseau des connections, à travers le transit d'informations et de stimulations qui dessinent les mondes.
Le dragon, le serpent à plumes, fusionne ces deux machines et crache des flammes.
Il existe au point où la terre et le ciel se percutent et où cette percussion devient groove cosmique et Verbe haut perché qui signe la fin de toute idolâtrie. Au point où Dieu se retourne comme un gant et devient Homme, Ego Ultime. Ce qui fera dire à Hallaj 'ana el hak', Je suis la Vérité.
C'est le corps et l'esprit qui s'équilibrent lorsque l'homme maîtrise sa 'Flamme', ce Feu qui le cuit et qui devient sa Parole, son blablabla plus ou moins inspiré, le temps de cuisson favorisant l'inspiration.
Où je vis, quand quelqu'un dit "je suis cuit" ça veut dire qu'il est foutu.
Celui qui croise le Dragon est cuit.
Il est foutu et quand on est foutu, parfois l'impasse se transforme de manière soudaine en sentier vertical. Comme une piste noire mais qui monte plutôt que descendre. Du Ski Vertical et la Panique comme sport de combat.
En rétrogradant trés trés loin dans le temps, on retrouve des hommes-serpents, des héros civilisateurs ou corrupteurs qui ont fécondé les anciennes sociétés du proche-orient, d'Afrique et d'Amerique du Sud et qui arborent le symbole du serpent à plumes, du Simorgh et du serpent noir. Les Juifs cosmiques les appellent Nephilims, au Mexique on les nomme Votan ou Quetzalcoatl, les annociateurs de la bonne nouvelle, les facteurs de la verticalité foudroyante.
Le Zarathoustra de Nietzsche possède lui aussi deux bestioles. Un serpent et un aigle. Disons plutôt qu'il est possédé par deux bestioles.
Et le clandestin, qu'est-ce qu'il vient faire sur la ligne de fuite, pourquoi est-il clandestin ?
Parce qu'il est imperceptible. C'est le devenir imperceptible. Finalement, les devenirs animaux ont comme issue le devenir imperceptible.
Qu'est-ce que c'est que cette clandestinité-là ? Ce n'est pas du tout un secret, le secret c'est en plein dans les segmentarités dures.
Le clandestin c'est, à la limite, la même chose qu'un devenir moléculaire, c'est lorsqu'il n'y a plus de problème de personne, de personnologie.
Deleuze
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Le Paon, quel étrange volatile. Aristote le nommait l'oiseau-Perse.
Dans la mythologie Hindoue ancienne ce rôle est joué par Garouda, crossover entre un géant et un aigle qui escane l'Amrita, le nectar psychédélique aux Dieux Asouras d'où ils tirent leurs superpouvoirs.
Aprés bien des péripéties, Garouda livre l'Amrita aux 'serpents' en échange de la liberté de sa madre, il devient alors "l'oiseau du soleil doré, l'ennemi mortel de tous les serpents".
Dans les autres récits mythiques qui fleurissent dans la région, le Simorgh s'incarne sous les traits d'un vautour, d'un faucon.
Les symboles entament donc un concert de résonances, Garouda, Simorgh, les hommes-oiseaux du livre d'Enoch, des serpents partout et une boisson psychédélique qui sert de carburant, Haoma, Soma, Ambroisie, Amrita, buvard de LSD bien chargé.
Car ce qui importe si on désire dénouer les faisceaux de signification qui traversent les millénaires, c'est de bien comprendre la structure interne qui permet la diffusion de la connaissance traditionelle.
La description la plus précise de cette structure carnavalesque qui émerge dans le passage de l'apparent à l'occulte se dit en Persan 'Kashf al-Mahjub', le dévoilement du caché, le strip-tease ontologique.
Ce passage se rattache à la devise de la science grecque : 'sozein ta phainomena', sauver les phénomènes.
Le phénomène c'est ce qui se montre, ce qui est apparent et qui dans son apparition montre quelque chose qui ne peut se révéler en lui qu'en restant simultanément caché sous son apparence. Ainsi les mots, les paroles tissent des espaces paradoxaux où le sens se dévoile tout en se cachant.
Le phénomène, c'est le Zahir, l'enveloppe, l'apparent, l'enrobage. Dans la symbolique de l'Islam Shi'ite, le Zahir c'est la coque, la coquille et ce qui se montre dans ce Zahir tout en s'y cachant, c'est le Batin, le noyau, l'interieur, le Verbe qui est Souffle et Groove.
Et donc on sauve le phénomène en dévoilant le caché qui se montre sous cette apparence. En laissant couler le Verbe, pulser le Groove qui résonne dans le noyau.
Dans le soufisme Perse le noyau de connaissance se dévoile dans des histoires banales, dans les agissements des hommes qui ont l'air de bandits de grands chemins ou de clochards célestes, qui jurent et brisent la coquille vide du sacré, qui niquent les dogmes, les règles et qui vomissent sur ce qui apparaît comme étant la tradition mais qui en fait n'est qu'enrobage dogmatique, uniforme de gendarme de la spiritualité de pacotille.
C'est le processus souterrain qui anime le Ta'Wil, ramener une chose à sa source, en la reconduisant, on la fait passer de niveau en niveau de l'être, et par le fait même on dégage la structure (la coquille) d'une essence (son noyau).
Et ramerner une chose à sa source c'est aussi lui faire subir une conversion, un changement allant du successif au simultané.
Swedenborg suggérait un truc dans le genre lorsqu'il écrit :
"Que les choses les plus hautes et originelles dans l'ordre successif deviennent l'intime et le coeur dans l'ordre simultané, tandis que les choses inférieures et les dernières à se produire dans l'ordre successif deviennent les parties extérieures dans la structure simultanée"
Ce que les Gnostiques résumaient en laissant dire à la Sophia "Je suis la première et la Dernière", la coquille et le noyau, je suis le Fruit que produit l'Arbre qui pousse à la verticale après sa mort sous forme de graine dans l'horizontalité de la terre.
Peu importe donc la coquille si elle est vide de noyau, pas besoin d'enrobage dévotionnel, spirituel, pas besoin de signes extérieurs de pureté, de fringues immaculées et d'illumination comme argument de vente, le noyau se révèle en se cachant en prenant la forme d'un oiseau, d'un serpent et d'une défonce qui a le goût du feu, la couleur du feu et qui pourtant n'est pas du feu et c'est pour ça qu'elle désaltère.
Et l'Ange-Paon incarne ce mystère du Verbe, de l'intelligent-agent qui se cache derrière les formes les plus excentriques. Voila ce qu'en dit Jallal-Al-Din-Rumi dans son lumineux Fihi-Ma-Fihi, le livre du dedans (sous-entendu du noyau).
L'intelligence est du genre de l'Ange :
L'Ange a un visage, des ailes et des plumes, l'intelligence n'en a pas, pourtant ils sont en réalité tous deux identiques, ils agissent tous deux de la même façon, et ont tous deux une même nature.
Cette ressemblance ne se reconnaît pas à leur forme, mais en réalité ils ont une action identique.
Si tu écartes leur forme, les Anges deviennent intelligence pure et rien ne reste de leurs ailes et de leurs plumes.
(....)
La condition de l'homme est celle-ci :
On a apporté les plumes de l'Ange et on les a attachées à la queue d'un âne, dans l'espoir que cet âne, par la lumière et la grâce de l'Ange, devienne Ange; car il peut devenir-Ange.
Jésus avait les ailes de l'intelligence et il s'envola au ciel; si son âne avait eu une moitié d'aile, il ne serait pas resté âne.
Et c'est dans cette extreme tension entre l'âne et l'Ange, entre amour et Amour et entre horizontalité et poussée verticale que se joue le jeu de la coquille et du noyau qui n'est que le Grand Jeu que joue le Moi pour que poussent ses ailes.
Dans la mythologie Hindoue ancienne ce rôle est joué par Garouda, crossover entre un géant et un aigle qui escane l'Amrita, le nectar psychédélique aux Dieux Asouras d'où ils tirent leurs superpouvoirs.
Aprés bien des péripéties, Garouda livre l'Amrita aux 'serpents' en échange de la liberté de sa madre, il devient alors "l'oiseau du soleil doré, l'ennemi mortel de tous les serpents".
Dans les autres récits mythiques qui fleurissent dans la région, le Simorgh s'incarne sous les traits d'un vautour, d'un faucon.
Les symboles entament donc un concert de résonances, Garouda, Simorgh, les hommes-oiseaux du livre d'Enoch, des serpents partout et une boisson psychédélique qui sert de carburant, Haoma, Soma, Ambroisie, Amrita, buvard de LSD bien chargé.
Car ce qui importe si on désire dénouer les faisceaux de signification qui traversent les millénaires, c'est de bien comprendre la structure interne qui permet la diffusion de la connaissance traditionelle.
La description la plus précise de cette structure carnavalesque qui émerge dans le passage de l'apparent à l'occulte se dit en Persan 'Kashf al-Mahjub', le dévoilement du caché, le strip-tease ontologique.
Ce passage se rattache à la devise de la science grecque : 'sozein ta phainomena', sauver les phénomènes.
Le phénomène c'est ce qui se montre, ce qui est apparent et qui dans son apparition montre quelque chose qui ne peut se révéler en lui qu'en restant simultanément caché sous son apparence. Ainsi les mots, les paroles tissent des espaces paradoxaux où le sens se dévoile tout en se cachant.
Le phénomène, c'est le Zahir, l'enveloppe, l'apparent, l'enrobage. Dans la symbolique de l'Islam Shi'ite, le Zahir c'est la coque, la coquille et ce qui se montre dans ce Zahir tout en s'y cachant, c'est le Batin, le noyau, l'interieur, le Verbe qui est Souffle et Groove.
Et donc on sauve le phénomène en dévoilant le caché qui se montre sous cette apparence. En laissant couler le Verbe, pulser le Groove qui résonne dans le noyau.
Dans le soufisme Perse le noyau de connaissance se dévoile dans des histoires banales, dans les agissements des hommes qui ont l'air de bandits de grands chemins ou de clochards célestes, qui jurent et brisent la coquille vide du sacré, qui niquent les dogmes, les règles et qui vomissent sur ce qui apparaît comme étant la tradition mais qui en fait n'est qu'enrobage dogmatique, uniforme de gendarme de la spiritualité de pacotille.
C'est le processus souterrain qui anime le Ta'Wil, ramener une chose à sa source, en la reconduisant, on la fait passer de niveau en niveau de l'être, et par le fait même on dégage la structure (la coquille) d'une essence (son noyau).
Et ramerner une chose à sa source c'est aussi lui faire subir une conversion, un changement allant du successif au simultané.
Swedenborg suggérait un truc dans le genre lorsqu'il écrit :
"Que les choses les plus hautes et originelles dans l'ordre successif deviennent l'intime et le coeur dans l'ordre simultané, tandis que les choses inférieures et les dernières à se produire dans l'ordre successif deviennent les parties extérieures dans la structure simultanée"
Ce que les Gnostiques résumaient en laissant dire à la Sophia "Je suis la première et la Dernière", la coquille et le noyau, je suis le Fruit que produit l'Arbre qui pousse à la verticale après sa mort sous forme de graine dans l'horizontalité de la terre.
Peu importe donc la coquille si elle est vide de noyau, pas besoin d'enrobage dévotionnel, spirituel, pas besoin de signes extérieurs de pureté, de fringues immaculées et d'illumination comme argument de vente, le noyau se révèle en se cachant en prenant la forme d'un oiseau, d'un serpent et d'une défonce qui a le goût du feu, la couleur du feu et qui pourtant n'est pas du feu et c'est pour ça qu'elle désaltère.
Et l'Ange-Paon incarne ce mystère du Verbe, de l'intelligent-agent qui se cache derrière les formes les plus excentriques. Voila ce qu'en dit Jallal-Al-Din-Rumi dans son lumineux Fihi-Ma-Fihi, le livre du dedans (sous-entendu du noyau).
L'intelligence est du genre de l'Ange :
L'Ange a un visage, des ailes et des plumes, l'intelligence n'en a pas, pourtant ils sont en réalité tous deux identiques, ils agissent tous deux de la même façon, et ont tous deux une même nature.
Cette ressemblance ne se reconnaît pas à leur forme, mais en réalité ils ont une action identique.
Si tu écartes leur forme, les Anges deviennent intelligence pure et rien ne reste de leurs ailes et de leurs plumes.
(....)
La condition de l'homme est celle-ci :
On a apporté les plumes de l'Ange et on les a attachées à la queue d'un âne, dans l'espoir que cet âne, par la lumière et la grâce de l'Ange, devienne Ange; car il peut devenir-Ange.
Jésus avait les ailes de l'intelligence et il s'envola au ciel; si son âne avait eu une moitié d'aile, il ne serait pas resté âne.
Et c'est dans cette extreme tension entre l'âne et l'Ange, entre amour et Amour et entre horizontalité et poussée verticale que se joue le jeu de la coquille et du noyau qui n'est que le Grand Jeu que joue le Moi pour que poussent ses ailes.
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Qui veut faire l’ange fait la bête dit-on
Voici un extrait du Message Retrouvé, de Louis Cattiaux :
2315
Nous ne cacherons pas à nos enfants qu'ils sont revêtus d'une peau de bête et nous ne leur cacherons pas non plus les appétits et les besoins de la bête, et nous les leur présenterons comme des fonctions naturelles indispensables au maintien de la vie incarnée, fonctions dont nul ne doit être fier et dont nul ne doit avoir honte, car elles sont passagères.
Et surtout, nous ne les mêlerons pas aux mystères de Dieu, afin d'éviter les refoulements honteux, les complexes délirants, les dévoiements misérables, l'hypocrisie unanime et le gâchis épouvantable auxquels aboutit la confusion imbécile de l'ange et de la bête, que nous devons séparer nettement et non pas ridiculiser en niant l'un et en avilissant l'autre du même coup.
Ainsi l'ange, n'étant plus sujet à la bête, pourra demeurer fermement tourné vers le Seigneur et la bête, n'étant plus honnie par l'ange, n'aura plus de révolte ni de vice et le Seigneur pourra nous délivrer sans lutte insensée et sans déchirement de l'une ou de l'autre partie de notre composé déchu et provisoire.
Car la bête ira en diminuant dans les ténèbres du monde et l'ange ira se fortifiant dans la lumière de Dieu et la séparation ultime s'accomplira sans déchirement. Beaucoup reviendront à Dieu quand les hommes de Dieu ne s'occuperont plus que des choses de Dieu, c'est-à-dire quand ils laisseront les choses de la bête à la bête et celles du monde au monde.
Dans le Message, Dieu est : " Lui, le feu secret qui sucite les Univers, qui les entretient, et qui les consume. "
C...a
Voici un extrait du Message Retrouvé, de Louis Cattiaux :
2315
Nous ne cacherons pas à nos enfants qu'ils sont revêtus d'une peau de bête et nous ne leur cacherons pas non plus les appétits et les besoins de la bête, et nous les leur présenterons comme des fonctions naturelles indispensables au maintien de la vie incarnée, fonctions dont nul ne doit être fier et dont nul ne doit avoir honte, car elles sont passagères.
Et surtout, nous ne les mêlerons pas aux mystères de Dieu, afin d'éviter les refoulements honteux, les complexes délirants, les dévoiements misérables, l'hypocrisie unanime et le gâchis épouvantable auxquels aboutit la confusion imbécile de l'ange et de la bête, que nous devons séparer nettement et non pas ridiculiser en niant l'un et en avilissant l'autre du même coup.
Ainsi l'ange, n'étant plus sujet à la bête, pourra demeurer fermement tourné vers le Seigneur et la bête, n'étant plus honnie par l'ange, n'aura plus de révolte ni de vice et le Seigneur pourra nous délivrer sans lutte insensée et sans déchirement de l'une ou de l'autre partie de notre composé déchu et provisoire.
Car la bête ira en diminuant dans les ténèbres du monde et l'ange ira se fortifiant dans la lumière de Dieu et la séparation ultime s'accomplira sans déchirement. Beaucoup reviendront à Dieu quand les hommes de Dieu ne s'occuperont plus que des choses de Dieu, c'est-à-dire quand ils laisseront les choses de la bête à la bête et celles du monde au monde.
Dans le Message, Dieu est : " Lui, le feu secret qui sucite les Univers, qui les entretient, et qui les consume. "
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Le Gitan
Bonjour,
croisement aux tarots en passant :
Un dragon, feu, flammes, fumée et encore des ronds dans les ailes et une pelletée d'ardents (les noeils en argot) :
Je vais me faire taper sur les doigts, on m'a bien dit que ce Dyable n'est pas le Malin de la Bible, donc peut-être pas l'Ange des yezidis, mais ces paons étaient trop tentants.
Il y en a aussi un qui a écrit sur le même sujet dans un autre forum
Bertrand
croisement aux tarots en passant :
Des adorateurs du grand Dieu Paon, un qui aurait des yeux dans les plumes ? Le Panpaon version Tarots de Noblet avec ses acolytes sabotés a-t-il pas lui aussi des yeux dans les ailes (cf Charly à propos d'Argus sur quelque forum) ?Logos a écrit:Le dragon peut etre perçu comme un conglomerat qui mixe un reptile avec un oiseau et des flammes.
Pour les Yezidis le serpent et l'Ange-Paon,Melek Taus sont des symboles qui se mélangent, qui fusionnent tout comme dans la tradition judeo-chretienne Nahash le serpent-tentateur et Lucifer l'ange-dechu incarnent symboliquement deux aspects d'un meme truc.Comme le Quetzacoatl aussi,le serpent a plume.
Un dragon, feu, flammes, fumée et encore des ronds dans les ailes et une pelletée d'ardents (les noeils en argot) :
Je vais me faire taper sur les doigts, on m'a bien dit que ce Dyable n'est pas le Malin de la Bible, donc peut-être pas l'Ange des yezidis, mais ces paons étaient trop tentants.
Il y en a aussi un qui a écrit sur le même sujet dans un autre forum
et du même (ou cité par le même) sur un autre sujet mais qui recoupe aussi :Igbe a écrit:sur le Paon
"Il est symbole de beauté et du pouvoir de transmutation car la beauté de son plumage est supposée produite par la transmutation spontanée des venins qu'il absorbe en détruisant les serpents. Ceci dans le cas de l'identification du serpent à l'élément eau, qui confirme l'apparentement du paon au soleil, à l'élément feu."
et pendant ce temps Logos tricote même dans les marges :Est vigilant celui qui s'efforce de suivre le sens du Vent, du Souffle, du Verbe, de la Parole (ce que j'ai surnommé groove pour lui donner une texture disko) et qui se fraye un chemin à travers les brumes illusoires de l'idolâtrie (fuck spirituality)...
Est vigilant celui qui deale avec l'Adversaire plutôt que d'affronter l'Ennemi... Sagesse des systèmes immunitaires, la seconde discipline aprés celle de l'exégese du Groove/Verbe consiste à créer des systèmes immunitaires symboliques (sentiers empoisonnés) propices à faire danser l'Adversaire, à guerroyer avec lui (et jamais contre lui) pour l'intégrer.
Bertrand
Bertrand- Nombre de messages : 78
Date d'inscription : 25/04/2010
Re: Le Gitan
Oh j'avais pas vu ton message Bertrand !
Oui Igbe c'est mon pseudo sur un autre forum (celui par lequel j'ai rencontré Stelio).
Sinon je vois des yeux de Paon à la surface sphérique des bulles de ma boisson chaude ! Viva l'écume ?
* à titre anecdotique *
"Dans la Bible une traduction erronée dit que l’homme est né de la poussière de la terre, tandis que la vraie traduction, c’est « l’homme est né poussière de la terre, ce qui est différent, le mot poussière qualifiant l’homme et non la terre. En hébreu le mot poussière se dit APHAR qui est constitué de PHAR = taureau, symbole de fécondité et qui préside à toutes les croissances de l’être.Tout ça pour signifier que, ouais, je suis d'accord pour dire que mes réponses visent la poussière (même si elle ne trouve souvent que le vide)."
* toujours dans le thème du Paon *
Disons pour rester dans l'exegese Yezidis, dans la Caucasian-connection, qu'il y existe deux chutes.
Deux pistes noires.
Une qui fait tomber qui amorce une descente, celle qui a permis la Chute et l'Exil hors d'Eden, l'expérience de la souffrance et de l'orgueuil en situation d'Exil (le geste de Judas dans l'evanghelia chrétien).
L'autre qui permet de monter, la verticalisation du processus, le passage au Sept.(la crucifixion-resurrection-ascension)
Evidemment l'une ne va pas sans l'autre, l'une implique l'autre. Collé-serré. Tango et Cash, ou Tom et Jerry.
La première est expérimentation de la contrainte, la contrainte prise au sens ou l'entend Spinoza qui s'y connait plus qu'il ne le laisse paraître en Bereshit.
L'exil comme experience de l'horizontalité des Fils de Cains. L'être-jeté-là, le geworfenheit d'Heidegger.
La contrainte selon Spinoza c'est pour une chose se trouver déterminée par une autre chose à exister et à agir d'une certaine façon. Assumer les devenirs, porter les lignes comme autant de fardeaux, Devenir-Animal en attendant de Devenir-Imperceptible, le crépuscule des Idoles qui dans la verticalisation nous révelera qu'il n'y a que l'Homme qui s'étend à perte de vue et que le futur est le lieu où nous naissons vraiment. Comme Dionysos. Deux fois né.
La première Chute, donc, est celle qui nous entraîne à chevaucher et à être chevauché par les Orixas, les Loas qui font la Loi, ces mouvements telluriques que Deleuze appelle dans sa langue sans dévotion des Devenirs qui tracent les figures contrastées de l'exil. "L’exil qui est cette transition des territorialisations, incommensurable en ce qu’il ressent l’infini, à la recherche de nouveaux territoires, de nos devenirs-révolutionnaires".
La déterritorialisation et la reterritorialisation se croisent dans le double devenir. On ne peut plus guère distinguer l’autochtone de l’étranger, parce que l’étranger devient autochtone chez l’autre qui ne l’est pas, en même temps que l’autochtone devient étranger, à soi-même, à sa propre classe, à sa propre nation, à sa propre langue : nous parlons tous la même langue, et pourtant je ne vous comprends pas… Devenir étranger à soi-même, et à sa propre langue et nation, n’est-ce pas le propre du philosophe et de la philosophie, leur « style », ce qu’on appelle un charabia philosophique ? Bref, la philosophie se reterritorialise trois fois, une fois dans le passé sur les Grecs, une fois dans le présent, une fois sur l’avenir sur le nouveau peuple et la nouvelle terre.
.
— Gilles Deleuze & Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?
Mais l'Exil est avant tout un voyage,un tracé horizontal,l'experience du funambule sur la corde.
« l’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain – une corde au-dessus d’un abîme. Danger de franchir l’abîme – danger de suivre cette route – danger de regarder en arrière – danger d’être saisi d’effroi et de s’arrêter court ! La grandeur de l’Homme, c’est qu’il est un pont et non un terme; ce qu’on peut aimer chez l’Homme, c’est qu’il est transition et perdition »
Transition et perdition...Se perdre dans l'Exil en forme de boucle pour atteindre, à force d'errance et d'enlisement dans la géometrie du monde, ce point où la verticalisation s'impose.
« L’exil est rond
Un cercle, un anneau :
tes pieds en font le tour,
tu traverses la terre,
Et ce n’est pas la terre
Le jour s’éveille et
Ce n’est pas le tien,
la nuit arrive :
Il manque tes étoiles
Tu te trouves des frères,
Mais ce n’est pas ton sang. »
.
— Pablo Neruda, Chants libre d’Amérique latine
Le point où la verticalité dévoile son visage s'appelle Retour, Retournement.
C'est la seconde piste noire, la rupture ascendante.
Celle du septième descendant d'Adam, Lemek (écrasé de douleur) et celle de la Passion du Christ. Le moment où, perclus de douleur, l'exilé lâche un grand Oui à la face des mondes connus et inconnus.
Mais qu’affirmera ce « oui » ? Ce « oui » affirmera ce contre quoi se révoltait la volonté haineuse, à savoir le temps lui-même, en tant que passé déjà écoulé et en tant qu’action de passer, en tant que passage. Il faut que la Volonté de Puissance apprenne à « vouloir en arrière », c’est-à-dire à vouloir si profondément le passé et le passage que le passage s’abolira lui-même comme n’étant que passage, se changera en continuel passage, en passage toujours présent, en Éternel Retour.
Ce retournement indique le départ du voyage des trente oiseaux dans l'Assemblée des oiseaux d'Attar. Le plus beau recit d'inspiration Yezidis.
Les trente oiseaux se cassent chercher le Simorgh, le Roi des oiseaux, celui qui signera le terme du voyage, de l'Exil.
Un voyage qui est liberté et necessité (au sens ou Spinoza encore lui défini la liberté comme nécessité bien comprise), un voyage au terme duquel les trente oiseaux qui ont survécu aux épreuves rencontrent le Simorgh (L'ange-paon) et comprennent que Si-Morgh en Persan c'est trente-oiseaux. Qu'ils sont donc le Simorgh.
Et alors, en un eclair, ils sont cuits, ils sont libres car la liberté c'est n'être déterminé que par la necessité de sa propre nature. Devenir-Simorgh ou Devenir-Dieu pour l'empêcher une bonne fois pour toutes de nuire.
Le retour était donc un retour vers eux-mêmes. L'exil se termine lorsque les idoles se détruisent, lorsque la goutte avale l'océan, lorsque Dieu s'autodétruit comme les messages secrets dans Mission Impossible, lorsqu'il devient le médiateur évanouissant qui, en disparaissant, laisse grand ouvert l'espace des possibles, espace infini où l'Homme peut enfin déployer ses Elle.
Je veux apprendre toujours plus à voir dans la nécessité des choses le beau : je serai ainsi l’un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ce soit dorénavant mon amour !
Oui Igbe c'est mon pseudo sur un autre forum (celui par lequel j'ai rencontré Stelio).
Sinon je vois des yeux de Paon à la surface sphérique des bulles de ma boisson chaude ! Viva l'écume ?
* à titre anecdotique *
"Dans la Bible une traduction erronée dit que l’homme est né de la poussière de la terre, tandis que la vraie traduction, c’est « l’homme est né poussière de la terre, ce qui est différent, le mot poussière qualifiant l’homme et non la terre. En hébreu le mot poussière se dit APHAR qui est constitué de PHAR = taureau, symbole de fécondité et qui préside à toutes les croissances de l’être.Tout ça pour signifier que, ouais, je suis d'accord pour dire que mes réponses visent la poussière (même si elle ne trouve souvent que le vide)."
* toujours dans le thème du Paon *
Disons pour rester dans l'exegese Yezidis, dans la Caucasian-connection, qu'il y existe deux chutes.
Deux pistes noires.
Une qui fait tomber qui amorce une descente, celle qui a permis la Chute et l'Exil hors d'Eden, l'expérience de la souffrance et de l'orgueuil en situation d'Exil (le geste de Judas dans l'evanghelia chrétien).
L'autre qui permet de monter, la verticalisation du processus, le passage au Sept.(la crucifixion-resurrection-ascension)
Evidemment l'une ne va pas sans l'autre, l'une implique l'autre. Collé-serré. Tango et Cash, ou Tom et Jerry.
La première est expérimentation de la contrainte, la contrainte prise au sens ou l'entend Spinoza qui s'y connait plus qu'il ne le laisse paraître en Bereshit.
L'exil comme experience de l'horizontalité des Fils de Cains. L'être-jeté-là, le geworfenheit d'Heidegger.
La contrainte selon Spinoza c'est pour une chose se trouver déterminée par une autre chose à exister et à agir d'une certaine façon. Assumer les devenirs, porter les lignes comme autant de fardeaux, Devenir-Animal en attendant de Devenir-Imperceptible, le crépuscule des Idoles qui dans la verticalisation nous révelera qu'il n'y a que l'Homme qui s'étend à perte de vue et que le futur est le lieu où nous naissons vraiment. Comme Dionysos. Deux fois né.
La première Chute, donc, est celle qui nous entraîne à chevaucher et à être chevauché par les Orixas, les Loas qui font la Loi, ces mouvements telluriques que Deleuze appelle dans sa langue sans dévotion des Devenirs qui tracent les figures contrastées de l'exil. "L’exil qui est cette transition des territorialisations, incommensurable en ce qu’il ressent l’infini, à la recherche de nouveaux territoires, de nos devenirs-révolutionnaires".
La déterritorialisation et la reterritorialisation se croisent dans le double devenir. On ne peut plus guère distinguer l’autochtone de l’étranger, parce que l’étranger devient autochtone chez l’autre qui ne l’est pas, en même temps que l’autochtone devient étranger, à soi-même, à sa propre classe, à sa propre nation, à sa propre langue : nous parlons tous la même langue, et pourtant je ne vous comprends pas… Devenir étranger à soi-même, et à sa propre langue et nation, n’est-ce pas le propre du philosophe et de la philosophie, leur « style », ce qu’on appelle un charabia philosophique ? Bref, la philosophie se reterritorialise trois fois, une fois dans le passé sur les Grecs, une fois dans le présent, une fois sur l’avenir sur le nouveau peuple et la nouvelle terre.
.
— Gilles Deleuze & Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?
Mais l'Exil est avant tout un voyage,un tracé horizontal,l'experience du funambule sur la corde.
« l’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain – une corde au-dessus d’un abîme. Danger de franchir l’abîme – danger de suivre cette route – danger de regarder en arrière – danger d’être saisi d’effroi et de s’arrêter court ! La grandeur de l’Homme, c’est qu’il est un pont et non un terme; ce qu’on peut aimer chez l’Homme, c’est qu’il est transition et perdition »
Transition et perdition...Se perdre dans l'Exil en forme de boucle pour atteindre, à force d'errance et d'enlisement dans la géometrie du monde, ce point où la verticalisation s'impose.
« L’exil est rond
Un cercle, un anneau :
tes pieds en font le tour,
tu traverses la terre,
Et ce n’est pas la terre
Le jour s’éveille et
Ce n’est pas le tien,
la nuit arrive :
Il manque tes étoiles
Tu te trouves des frères,
Mais ce n’est pas ton sang. »
.
— Pablo Neruda, Chants libre d’Amérique latine
Le point où la verticalité dévoile son visage s'appelle Retour, Retournement.
C'est la seconde piste noire, la rupture ascendante.
Celle du septième descendant d'Adam, Lemek (écrasé de douleur) et celle de la Passion du Christ. Le moment où, perclus de douleur, l'exilé lâche un grand Oui à la face des mondes connus et inconnus.
Mais qu’affirmera ce « oui » ? Ce « oui » affirmera ce contre quoi se révoltait la volonté haineuse, à savoir le temps lui-même, en tant que passé déjà écoulé et en tant qu’action de passer, en tant que passage. Il faut que la Volonté de Puissance apprenne à « vouloir en arrière », c’est-à-dire à vouloir si profondément le passé et le passage que le passage s’abolira lui-même comme n’étant que passage, se changera en continuel passage, en passage toujours présent, en Éternel Retour.
Ce retournement indique le départ du voyage des trente oiseaux dans l'Assemblée des oiseaux d'Attar. Le plus beau recit d'inspiration Yezidis.
Les trente oiseaux se cassent chercher le Simorgh, le Roi des oiseaux, celui qui signera le terme du voyage, de l'Exil.
Un voyage qui est liberté et necessité (au sens ou Spinoza encore lui défini la liberté comme nécessité bien comprise), un voyage au terme duquel les trente oiseaux qui ont survécu aux épreuves rencontrent le Simorgh (L'ange-paon) et comprennent que Si-Morgh en Persan c'est trente-oiseaux. Qu'ils sont donc le Simorgh.
Et alors, en un eclair, ils sont cuits, ils sont libres car la liberté c'est n'être déterminé que par la necessité de sa propre nature. Devenir-Simorgh ou Devenir-Dieu pour l'empêcher une bonne fois pour toutes de nuire.
Le retour était donc un retour vers eux-mêmes. L'exil se termine lorsque les idoles se détruisent, lorsque la goutte avale l'océan, lorsque Dieu s'autodétruit comme les messages secrets dans Mission Impossible, lorsqu'il devient le médiateur évanouissant qui, en disparaissant, laisse grand ouvert l'espace des possibles, espace infini où l'Homme peut enfin déployer ses Elle.
Je veux apprendre toujours plus à voir dans la nécessité des choses le beau : je serai ainsi l’un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ce soit dorénavant mon amour !
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Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
L'étymologie et la signification du mot ETOILE ne provient ni de Judée, ni de Samarie mais plutot d'Asie-Mineure, de l'Ancien Pays des Mages Mèdes et des Yezidis.
Dans leur langue, étoile se dit ester, et ce mot signifie dans les langues locales (Perse, Kurde) aussi bien l'étoile que la myrte (qui a une forme en étoile). Il faut associer ce mot aux déesses Ishtar/Astaroth/Astarté, les "brillantes".
Mais on retrouve le prénom Esther dans le Midrach Hebraique où il signifie caché, voilé (Lehastir). Ester se latinisera et donnera Stella. Stella accouchera du français étoile, Ester du français Astre.
Sa signification oscille donc entre ce qui brille et ce qui se cache, entre l'ombre et la lumière.
L'amphibolie et le paradoxe constituent donc des moyens d'exprimer la Vérité impossible à dire et c'est aussi l'arme secrète des Fidèles d'Amour, ce qui rend possible l'impossible.
C'est le passage de l'Amour humain à l'Amour divin, transformation qui ne consiste pas à substituer un objet divin à un objet humain mais plutôt à provoquer cette métamorphose de l'Ame où amour humain et Amour divin deviennent les deux faces d'un même et unique Amour.
Synthèse disjonctive dirait Deleuze.
Un peu comme dans l'histoire du Simorgh, le Roi des oiseaux, raconté par Attar où il se sert de l'amphibolie (lumière/voilement) pour exprimer cet état d'identité dans la différence et de différence dans l'identité, paradoxe qui apparait et se dérobe sans cesse aux moyens d'expression.
Le Soleil de la proximité resplendit sur eux; enveloppée de ses rayons, leur âme est portée à cette incandescence qui va permettre au Mystère de transparaitre.
Dans Détective, de Godard, une jeune fille demande 'c'est quoi la vérité?'. On lui répond : c'est entre apparaitre et disparaitre. C'est transparaitre.
L'étoile tchatche avec ce langage paradoxal qui fait dire au Simorgh 'Abîmez-vous donc en moi, afin de vous retrouver vous-même en moi', et à Maitre Eckhart 'Le regard par lequel je le connais est le regard même par lequel il me connait'.
Et le fidèle d'Amour devient étoile qui danse pour que la Beauté puisse se révéler tout en se cachant et se cacher tout en se révélant, dans le double-sens même du symbole. Transformer le voile en miroir.
Dans leur langue, étoile se dit ester, et ce mot signifie dans les langues locales (Perse, Kurde) aussi bien l'étoile que la myrte (qui a une forme en étoile). Il faut associer ce mot aux déesses Ishtar/Astaroth/Astarté, les "brillantes".
Mais on retrouve le prénom Esther dans le Midrach Hebraique où il signifie caché, voilé (Lehastir). Ester se latinisera et donnera Stella. Stella accouchera du français étoile, Ester du français Astre.
Sa signification oscille donc entre ce qui brille et ce qui se cache, entre l'ombre et la lumière.
Et c'est aussi le symbole de la Vérité. Schurman définit la Vérité comme 'conflictualité sans accord', ce qui rejoint les déclamations de Lacan concernant le Réel qui est impossible, qu'on ne peut pas symboliser.Un peu comme l'aurore et le crépuscule... Vénus du matin (lucifer) et Vénus du soir (vesper).
Peut-être que la notion d'ETOILE est une vision de l'entité soli-lunaire sous l'angle pulsatil, dynamique
L'amphibolie et le paradoxe constituent donc des moyens d'exprimer la Vérité impossible à dire et c'est aussi l'arme secrète des Fidèles d'Amour, ce qui rend possible l'impossible.
C'est le passage de l'Amour humain à l'Amour divin, transformation qui ne consiste pas à substituer un objet divin à un objet humain mais plutôt à provoquer cette métamorphose de l'Ame où amour humain et Amour divin deviennent les deux faces d'un même et unique Amour.
Synthèse disjonctive dirait Deleuze.
Un peu comme dans l'histoire du Simorgh, le Roi des oiseaux, raconté par Attar où il se sert de l'amphibolie (lumière/voilement) pour exprimer cet état d'identité dans la différence et de différence dans l'identité, paradoxe qui apparait et se dérobe sans cesse aux moyens d'expression.
Le Soleil de la proximité resplendit sur eux; enveloppée de ses rayons, leur âme est portée à cette incandescence qui va permettre au Mystère de transparaitre.
Dans Détective, de Godard, une jeune fille demande 'c'est quoi la vérité?'. On lui répond : c'est entre apparaitre et disparaitre. C'est transparaitre.
L'étoile tchatche avec ce langage paradoxal qui fait dire au Simorgh 'Abîmez-vous donc en moi, afin de vous retrouver vous-même en moi', et à Maitre Eckhart 'Le regard par lequel je le connais est le regard même par lequel il me connait'.
Et le fidèle d'Amour devient étoile qui danse pour que la Beauté puisse se révéler tout en se cachant et se cacher tout en se révélant, dans le double-sens même du symbole. Transformer le voile en miroir.
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Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le Gitan
Je connais assez bien les 'sources' de Gurdjieff, le système auquel il s'abreuve provient d'Asie Centrale, de cette antique source qui a fertilisé les gnoses hébraiques, chrétiennes puis musulmanes (et dont j'ai un peu parlé dans le topic consacré aux Yesidis). Ce système de connaissance, un des plus riches et complexes qui soit mais qui reste caché, tout au moins ici en Occident, depuis Averroès (pour des raisons qu'il serait inutile de développer ici).
Sur ce forum de nombreux concepts à paillettes ont circulé, qui proviennent directement de cette vieille fontaine, l'hyperespace qui est le Na-Koja-Abbad Perse ou l'Alam-al-mital arabe, la philosophie de la Puissance qui est celle du Xvarnah des souverains mages de l'ancien Iran (ou de l'Ishraq de Sohrawardi qui, quant à lui, nomme la puissance al khamirat-al azhalia, levain éternel), la croisée des chemins, tranca-rua qui est le Barzakh ou l'entre-deux (l'intermonde).
Cette ancienne tradition (plusieurs dizaines de milliers d'années) est construite autour d'une interpénétration parfaitement équilibrée entre philosophie et expérience mystique, l'une ne pouvant pas avancer sans l'autre. L'une éclairant l'autre (le Ta'wil). Dans ce système aussi vieux que le monde, la connaissance se transmet soit de maitre à disciple, soit de manière plus directe pour les "sans-maitres", ceux que dans le Shi'isme on nomme Owaysis (appellés ici garçons et filles sauvages).
Suivant certains déploiements pétillants comme le Coca Cola de cette tradition (que l'on doit pour l'essentiel à Sadrodin Shirazi) le degré d'existence est proportionnel au degré de présence. Plus intense est l'acte d'exister, plus il est présence à d'autres mondes et plus l'étre est absence à la mort (la conscience forte et sophistiquée de Gurdjieff). La mort est donc Fana (anéantissement) et à la fois aussi surexistence.
Mais la surexistence nécessite l'accomplissement du processus de Subjectivation qui implique une métaphysique de la Présence.
La présence se bricole par le biais du devenir-Homme, car il s'agit d'une métaphysique existentielle, l'Homme devient en traversant une infinité de degrés, une même essence est susceptible de passer par des degrés d'intensification et de dégradation infinis (how much reality) provoqués par des mouvements intrasubstantiels et transubstantiels qui rendent nécessaires l'existence des intermondes (d'où la nécessité d'évaluer les logiques des mondes), qui sont les maillons intermédiaires à même d'assurer les flux continuels aussi bien ascendants que descendants qui permettent le grand Jeu des métamorphoses (tahawwol) qui est aussi Jeu avec les poisons.
Vision d'un monde qui n'est pas en évolution mais en ascension, une ode vibrante à la Verticalité (mi'raj) qui intègre toutes les dimensions de l'horizontalité. Une redéfinition du symbole cruciforme.
Et l'Homme dans l''histoire' de ses mutations (son Retour) récite l'histoire des Formes qu'il accueille en lui, tout comme celles-ci reproduisent l'histoire dont l'âme de l'Homme est elle-même le récit.
Car l'Esprit (le souffle, le Verbe, le Groove, la Parole), le Nafas al Rahman d'Ibn Arabi, constitue des 'voiles' qui sont comme autant d'épreuves sur le chemin du retour.
Et il ne faut pas chercher l'Esprit au-delà du Voile (démence de l'inaccessible ou fuck spirituality) mais faire en sorte que le Voile devienne un miroir.Devenir-Témoin en transformant les voiles en miroir, qui est la signification ultime de ce chemin qui mêne nulle part, le sentier empoisoné. C'est la voie du Fidèle d'Amour, les yeux de l'Esprit ouverts pourqu'Il se contemple lui-même.
'Sans ces yeux, l'Esprit ne verrait le monde, car le monde c'est ce qui n'a pas d'yeux, et sans ce regard le monde ne pourrait pas subsister'
Et le voile est ce qui fait détourner le regard, ce qui empêche l'oeil de transmuer le voile en miroir de beauté. Et l'Homme ne parvient à cette 'transparence du voile' que par la vision de la Vision.(kash'iyan al-iyan).
Il ne peut regarder que ses yeux qui Le regardent
Et il s'agit d'une des conditions qui permettent de regarder la mort en face, conformément à l'archaique réseau de connaissance qui fait dire aux Soufis 'mourez avant de mourir', à Jesus 'N'entre pas au Royaume celui qui n'est pas né deux fois', ou à Platon 'Meurs volontairement, Vis conformement à la Nature'.
Car le vrai mystère de l'outre-tombe ne concerne pas la tombe matérielle mais Al-Qabr Al-Haqiqi, la tombe réelle ou tombe des vérités, ce moment où l'imagination configure en images sa propre essence pendant qu'elle se sépare de ce monde. Mais c'est une très longue et très complexe histoire.
La tombe est soit un verger d'entre les vergers du jardin, soit un gouffre d'entre les gouffres du Feu.
Rien dans ces paroles ne fait référence à un hypothétique enfer ou paradis, plutôt à la puissance estimative (al wahmiyya) permettant à l'animal humain de se débrouiller dans les circonstances les plus diverses et qui devient au moment de mourir caprice de l'imagination et vision spectrale. Mais comme je l'ai écrit plus haut, c'est une très longue histoire (qu'on débroussaillée à leur manière Egyptiens et Bouddhistes dans leurs livres des morts).
Sur ce forum de nombreux concepts à paillettes ont circulé, qui proviennent directement de cette vieille fontaine, l'hyperespace qui est le Na-Koja-Abbad Perse ou l'Alam-al-mital arabe, la philosophie de la Puissance qui est celle du Xvarnah des souverains mages de l'ancien Iran (ou de l'Ishraq de Sohrawardi qui, quant à lui, nomme la puissance al khamirat-al azhalia, levain éternel), la croisée des chemins, tranca-rua qui est le Barzakh ou l'entre-deux (l'intermonde).
Cette ancienne tradition (plusieurs dizaines de milliers d'années) est construite autour d'une interpénétration parfaitement équilibrée entre philosophie et expérience mystique, l'une ne pouvant pas avancer sans l'autre. L'une éclairant l'autre (le Ta'wil). Dans ce système aussi vieux que le monde, la connaissance se transmet soit de maitre à disciple, soit de manière plus directe pour les "sans-maitres", ceux que dans le Shi'isme on nomme Owaysis (appellés ici garçons et filles sauvages).
Suivant certains déploiements pétillants comme le Coca Cola de cette tradition (que l'on doit pour l'essentiel à Sadrodin Shirazi) le degré d'existence est proportionnel au degré de présence. Plus intense est l'acte d'exister, plus il est présence à d'autres mondes et plus l'étre est absence à la mort (la conscience forte et sophistiquée de Gurdjieff). La mort est donc Fana (anéantissement) et à la fois aussi surexistence.
Mais la surexistence nécessite l'accomplissement du processus de Subjectivation qui implique une métaphysique de la Présence.
La présence se bricole par le biais du devenir-Homme, car il s'agit d'une métaphysique existentielle, l'Homme devient en traversant une infinité de degrés, une même essence est susceptible de passer par des degrés d'intensification et de dégradation infinis (how much reality) provoqués par des mouvements intrasubstantiels et transubstantiels qui rendent nécessaires l'existence des intermondes (d'où la nécessité d'évaluer les logiques des mondes), qui sont les maillons intermédiaires à même d'assurer les flux continuels aussi bien ascendants que descendants qui permettent le grand Jeu des métamorphoses (tahawwol) qui est aussi Jeu avec les poisons.
Vision d'un monde qui n'est pas en évolution mais en ascension, une ode vibrante à la Verticalité (mi'raj) qui intègre toutes les dimensions de l'horizontalité. Une redéfinition du symbole cruciforme.
Et l'Homme dans l''histoire' de ses mutations (son Retour) récite l'histoire des Formes qu'il accueille en lui, tout comme celles-ci reproduisent l'histoire dont l'âme de l'Homme est elle-même le récit.
Car l'Esprit (le souffle, le Verbe, le Groove, la Parole), le Nafas al Rahman d'Ibn Arabi, constitue des 'voiles' qui sont comme autant d'épreuves sur le chemin du retour.
Et il ne faut pas chercher l'Esprit au-delà du Voile (démence de l'inaccessible ou fuck spirituality) mais faire en sorte que le Voile devienne un miroir.Devenir-Témoin en transformant les voiles en miroir, qui est la signification ultime de ce chemin qui mêne nulle part, le sentier empoisoné. C'est la voie du Fidèle d'Amour, les yeux de l'Esprit ouverts pourqu'Il se contemple lui-même.
'Sans ces yeux, l'Esprit ne verrait le monde, car le monde c'est ce qui n'a pas d'yeux, et sans ce regard le monde ne pourrait pas subsister'
Et le voile est ce qui fait détourner le regard, ce qui empêche l'oeil de transmuer le voile en miroir de beauté. Et l'Homme ne parvient à cette 'transparence du voile' que par la vision de la Vision.(kash'iyan al-iyan).
Il ne peut regarder que ses yeux qui Le regardent
Et il s'agit d'une des conditions qui permettent de regarder la mort en face, conformément à l'archaique réseau de connaissance qui fait dire aux Soufis 'mourez avant de mourir', à Jesus 'N'entre pas au Royaume celui qui n'est pas né deux fois', ou à Platon 'Meurs volontairement, Vis conformement à la Nature'.
Car le vrai mystère de l'outre-tombe ne concerne pas la tombe matérielle mais Al-Qabr Al-Haqiqi, la tombe réelle ou tombe des vérités, ce moment où l'imagination configure en images sa propre essence pendant qu'elle se sépare de ce monde. Mais c'est une très longue et très complexe histoire.
La tombe est soit un verger d'entre les vergers du jardin, soit un gouffre d'entre les gouffres du Feu.
Rien dans ces paroles ne fait référence à un hypothétique enfer ou paradis, plutôt à la puissance estimative (al wahmiyya) permettant à l'animal humain de se débrouiller dans les circonstances les plus diverses et qui devient au moment de mourir caprice de l'imagination et vision spectrale. Mais comme je l'ai écrit plus haut, c'est une très longue histoire (qu'on débroussaillée à leur manière Egyptiens et Bouddhistes dans leurs livres des morts).
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Re: Le Gitan
L'Etoile est aussi à mettre en relation avec le mot Etre.
Le radical STR (estre) possède un champs d'usage geographique universel que l'on retrouve dans le français astre,le grec astron,le latin astrum,l'anglais star,l'allemand stern et l'assyrien ishtar.
On le retrouve aussi dans l'occitant estron qui signifie 'merde' ce qui èclaire la clameur d'Artaud le momo dans 'pour un finir avec le jugement de Dieu':
La ou ça sent la merde,ça sent l'Etre...
On retrouve ce radical dans la première partie du tetragramme kabbalistique Astaroth.
Selon Van de Kerkove les trois syllabes de l'asatar devoile la dialectique interne de l'Etre:
-L'As est le signe de l'un à la fois cardinal et ordinal.(As-ia nom du continent primordial).
-l'At c'est la lumière qui emane de cette force unique.
-Ar ou Ra exprime le rayonement,la radiation,l'action expensive mais aussi le dieu solaire.
Il faut donc en définitive au foyer As pour se manifester l'émanation lumineuse At soutenue par le rayon Ar mais aussi un receptacle (le Sujet Amoureux,Oth) sur lequel cette émanation tombe.
La jonction des extremes de l'Asataroth donne donc Asoth (d'ou l'azote) et la jonction des moyens Athar (d'ou l'ether).
La relation entre azote et ether est celle du passif et de l'actif.C'est l'axiome ambigu de l'apparaitre.
Le radical STR (estre) possède un champs d'usage geographique universel que l'on retrouve dans le français astre,le grec astron,le latin astrum,l'anglais star,l'allemand stern et l'assyrien ishtar.
On le retrouve aussi dans l'occitant estron qui signifie 'merde' ce qui èclaire la clameur d'Artaud le momo dans 'pour un finir avec le jugement de Dieu':
La ou ça sent la merde,ça sent l'Etre...
On retrouve ce radical dans la première partie du tetragramme kabbalistique Astaroth.
Selon Van de Kerkove les trois syllabes de l'asatar devoile la dialectique interne de l'Etre:
-L'As est le signe de l'un à la fois cardinal et ordinal.(As-ia nom du continent primordial).
-l'At c'est la lumière qui emane de cette force unique.
-Ar ou Ra exprime le rayonement,la radiation,l'action expensive mais aussi le dieu solaire.
Il faut donc en définitive au foyer As pour se manifester l'émanation lumineuse At soutenue par le rayon Ar mais aussi un receptacle (le Sujet Amoureux,Oth) sur lequel cette émanation tombe.
La jonction des extremes de l'Asataroth donne donc Asoth (d'ou l'azote) et la jonction des moyens Athar (d'ou l'ether).
La relation entre azote et ether est celle du passif et de l'actif.C'est l'axiome ambigu de l'apparaitre.
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