Notre relation à l'Univers, un être vivant

La plupart des scientifiques, encore de nos jours, n'envisagent que l'aspect visible de l'univers comme réel et refusent de mêler la spiritualité et la psychologie au monde physique.

Cependant quelques scientifiques, comme par exemple Jean Charon, physicien et philosophe, ont franchi le pont et considèrent l'Univers comme un être vivant.
Jean-Emile Charon a déjà été évoqué sur ce forum par Henri Schersch au sujet de la psychomatière, expliquant que l'Univers n'est pas uniquement fait de matière et d'énergie mais d'une substance composée à la fois de matière et de psychisme.

Dans son dernier ouvrage "Et le Divin dans tout ça ?", considéré comme son testament spirituel (Editions Albin Michel 1998), Jean Charon pense que chacun d'entre nous est le Tout. Il ne prétend pas qu'il peut avoir la perception de l'Univers entier, il est l'Univers entier.

Pour moi, le plus important est en tout premier lieu de faire comprendre à chacun que l'Univers n'est pas une masse morte, froide et informe, survenue un beau jour par hasard au milieu du Rien. L'Univers, c'est un être vivant. Intensément vivant. Il n'existe pas une seule des particules qui le composent qui ne soit vivante. Et cet Etre vivant se meut, comme un seul corps, comme une seule âme, dans une symbiose parfaite entre le corps et l'âme. C'est d'ailleurs pourquoi je ne crois pas un seul instant qu'il n'y ait pas de vie ailleurs. Bien d'autres planètes doivent, elles aussi, être peuplées. Vouloir croire que seule la Terre, dans cette minuscule région de l'Univers, ait vu se développer la vie me paraît impensable aujourd'hui. En tout cas, ceux qui persistent dans cette voie témoignent que l'homme n'a pas perdu son goût pour l'anthropocentrisme. De plus, cette attitude, qui consiste à refuser que le Vivant, et par conséquent l'être humain, soit un phénomène largement répandu dans tout l'Univers est tout à fait propre à générer l'intolérance.

La Sagesse Ancienne nous enseignait déjà que l'univers était un être vivant. Teilhard de Chardin disait que l'Univers va toujours vers plus de conscience. Nous possédons deux grands moyens pour communiquer avec l'Univers vivant qui nous entoure : la Raison et l'Intuition.
En résumé, Jean Charon nous l'expose dans son ouvrage cité ci-dessus :

Ce qui nous limite le plus pour appréhender l'Univers dans son ensemble, c'est surtout que notre Raison est incapable de le percevoir de manière absolue. Or on ne peut percevoir une chose que si on lui attribue d'abord une signification. C'est-à-dire un Verbe. Mais ce Verbe est en définitive toujours arbitraire, car il n'y a aucun autre moyen de croire à une signification qu'en la tenant, au moins au départ, pour vraie. De telle sorte que tout ce qui est affirmé par la Raison – et donc tout ce que l'on exprime – ne peut jamais être que relatif. Evidemment, par rapport à ce que l'on a accepté de croire, et sans aucune preuve. C'est pourquoi on dit qu'à la base de la Raison, il y a toujours des postulats.

En résumé, la Raison n'est donc jamais absolue, mais toujours relative, et ceci doit être à la base de notre comportement dans l'Univers. L'Intuition, qui nous rend solidaires du Tout, nous permet au contraire d'avoir une sorte de sensation de ce Tout, mais une sensation seulement, et non une perception : aucun de nos organes des sens ne nous donne d'information. Nous sommes l'Univers entier, mais nous ne pouvons percevoir de lui qu'une sorte d'image virtuelle, une représentation de cet Univers par l'intermédiaire des sens dont nous disposons. Nous avons conscience de la totalité de l'Univers, nous le sentons, mais nous n'en percevons rien, ou alors très peu de chose. C'est pourquoi chacun d'entre nous est un univers complet dont nous pouvons avoir conscience, mais qui échappe à toute description. C'est ici plus que jamais l'idée qui compte, et non seulement le sens littéral. L'Intuition s'appuie essentiellement sur une vraie création, et toute création, par définition, fait usage d'un Verbe qui n'a pas encore vu le monde, un Verbe naissant qui ne peut être interprété par quiconque. Ce qui ne lui enlève rien de sa valeur, bien au contraire. L'Intuition, c'est la conscience de l'Univers, la Raison ne peut nous offrir qu'une représentation de cet univers. La Raison, c'est le provisoire, le temporaire, ce qui meurt. L'Intuition, c'est la conscience, l'éternel, l'universel. Sans doute la Vie.

L'auteur en conclut que l'Intuition ne peut provenir que d'une seule source : le Silence

Car seul le Silence peut être à l'origine de Rien. Pourtant il produit un résultat : une création ! J'avais d'ailleurs un excellent ami biologiste, Henri Laborit, qui, au cours d'un congrès qui se déroulait à Fès, au Maroc, ne voulait nullement croire à ce que les psychologues et psychanalystes nomment l'inconscient, parce que notre esprit ne saurait construire les pensées qu'à partir d'images que notre tête a déjà formées. L'inconscient serait donc une simple réminiscence de quelque chose que nous avons déjà vécu, dont notre mémoire "se souvient", ne serait-ce qu'inconsciemment.

Mais communiquer par le silence n'est pas chose aisée. Jean Charon nous suggère de comprendre le langage du cœur :

Voilà pourquoi la communication par la Conscience, par l'Intuition seule, est tellement difficile : on va devoir devenir silencieux (et même arrêter de penser si c'est possible), ou bien il nous faudra créer un message complètement imaginaire, qui ne pourra pas se confondre avec le langage du rationnel, et qui ne représentera nullement ce que la Raison accepte de représenter autour de nous. Il saura parler à notre cœur, et non à notre Raison. Ce ne sera une véritable communication que pour ceux qui seront capables de comprendre le langage du cœur. Ce langage ne dira rien à la Raison, sauf peut-être ce que ces mots ne veulent pas signifier. Le langage de l'Intuition est donc celui des musiciens, des poètes, des peintres : c'est le langage de l'Art. Mais combien rares sont ceux qui peuvent le comprendre et le transmettre.

Bonjour. J'ai trouvé la vidéo d'une interview de Jean Charon réalisée en 1963 par l'O.R.T.F. à l'occasion de la sortie de son livre "Du Temps, de l'Espace et des Hommes", où il se laisse aller à une rêverie (scientifiquement étayée !) sur la possibilité d'une pluralité de mondes habités par des formes de vie intelligentes. Thème qui, s'il paraît aujourd'hui quasi universellement admis, était plutôt audacieux à l'époque !