Le gnome
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Le gnome
Selon Fulcanelli, le gnome est un être fictif. Il l'écrit noir sur blanc. J'ignore s'il envisage d'autres êtres qui peuplent nos contes comme les fées, les trolls, ou les lutins (le Petit Peuple) comme pouvant éventuellement interagir avec notre monde ordinaire, mais si le gnome est fictif, l'étymologie de son nom est précieuse, car il attirerait notre attention sur la présence d'un indice. Et, plus précisément, dans ce cas-ci, l'indice de l'identité des substances nécessaires à la réalisation du Grand'Œuvre.
Voici ce que nous pouvons lire dans "Les Demeures Philosophales" (tome 1), au chapitre "Louis d'Estissac", dans un passage où Fulcanelli décrypte un bas-relief figurant sur le panneau central d'une cheminée monumentale actuellement visible au château de Terre-Neuve (Vendée).
Les deux gnomes1 qui se font vis-à-vis traduisent, — le lecteur l’aura deviné, — nos deux principes métalliques, corps ou natures premières, à l’aide desquels l’Œuvre se commence, se parfait et s’achève.
1 Le grec γνομα (gnoma), équivalent phonétique du français gnome, signifie l'indice, ce qui sert à faire connaître, à classer, à identifier une chose ; c’est son signe distinctif. Γνομον (Gnomon) est également le signe indicateur de la marche solaire, l’aiguille des cadrans solaires et notre gnomon. A méditer. Un important secret se cache sous cette cabale.
Ce sont les génies sulfureux et mercuriel préposés à la garde des trésors souterrains, artisans nocturnes de l’ouvrage hermétique, familiers au sage qu’ils servent, honorent, enrichissent de leur labeur incessant. Ce sont les possesseurs des secrets terrestres, les révélateurs des mystères minéraux. Le gnome, créature fictive, difforme mais active, est l’expression ésotérique de la vie métallique, du dynamisme occulte des corps bruts que l’art peut condenser en une substance pure.
La tradition rabbinique rapporte, dans le Talmud, qu’un gnome coopéra à l’édification du temple de Salomon, ce qui signifie que la pierre philosophale dut y entrer pour une certaine part.
[...]
Ainsi, la vie obscure, latente et potentielle des deux substances minérales primitives, se développe par le contact, la lutte, l’union de leurs natures contraires, l’une ignée, l’autre aqueuse. Ce sont là nos éléments, et il n’en existe point d’autres.
[...]
Nous certifions donc, avec les meilleurs auteurs, que deux corps, suffisent pour accomplir le Magistère du début à la fin. « Il n’est pas possible d’acquérir la possession de notre mercure, dit l’Ancienne guerre des Chevaliers, autrement que par le moyen de deux corps, dont l’un ne peut recevoir sans l’autre la perfection qui lui est requise. »
[...]
Car vous aurez beau chercher, multiplier les essais, vous ne trouverez jamais d’autres parents de la pierre que les deux corps susdits, qualifiés principes.
[...]
Ce point important méritait d’être précisé. Or, ces deux principes, hostiles parce que contraires, sont si expressifs sur la cheminée de Louis d’Estissac, que le débutant même les reconnaîtra sans peine.
Nous retrouvons là, humanisés, les dragons hermétiques décrits par Nicolas Flamel, l’un ailé, — le monstre bec-de-lièvre, — l’autre aptère, — le gnome au torse velu.
« Contemple bien ces deux dragons, nous dit l’Adepte, car se sont les vrays principes de la philosophie, que les Sages n’ont pas osé monstrer à leurs enfans propres. Celuy qui est dessoubs sans aisles, c’est le fixe ou le masle, et celuy qui est au-dessus, c’est le volatil ou bien la femelle noire et obscure, qui va prendre la domination par plusieurs mois. Le premier est appelé soulfre ou bien calidité et siccité, et le dernier argent vif ou frigidité et humidité. Ce sont le soleil et la lune, de source mercurielle et d’origine sulfureuse, qui par le feu continuel, s’ornent d’ornements roïaux pour vaincre, estans unis, et puis changez en quintessence, toute chose métallique solide, dure et forte. Ce sont ces serpens et dragons que les anciens Egyptiens ont peint en un rond, la teste mordant la queue, pour dire qu’il estoient sortis d’une mesme chose et qu’elle seule se suffisoit, et qu’en son contour et circulation elle se parfaisoit.»
Cette dernière analogie nous ramène évidemment au sujet Dragons et Ouroboros.
Plus loin, toujours en décortiquant le symbolisme du gnome, Fulcanelli nous livre encore un indice qui pourra aiguiller les chercheurs :
Quant au second corps, — patient et féminin, — Louis d’Estissac l’a fait représenter sous l’aspect du gnome bec-de-lièvre, pourvu de mamelles et coiffé d’un casque écailleux. Nous savions déjà par les descriptions qu’en ont laissées les auteurs classiques, que cette substance minérale, telle qu’on l’extrait de sa mine, est écailleuse, noire, dure et sèche.
J'espère avoir fait œuvre utile en mettant en évidence ces indices fournis dans un texte ardu, peu accessible aux profanes en l'Art d'Alchimie.
Voici ce que nous pouvons lire dans "Les Demeures Philosophales" (tome 1), au chapitre "Louis d'Estissac", dans un passage où Fulcanelli décrypte un bas-relief figurant sur le panneau central d'une cheminée monumentale actuellement visible au château de Terre-Neuve (Vendée).
Les deux gnomes1 qui se font vis-à-vis traduisent, — le lecteur l’aura deviné, — nos deux principes métalliques, corps ou natures premières, à l’aide desquels l’Œuvre se commence, se parfait et s’achève.
1 Le grec γνομα (gnoma), équivalent phonétique du français gnome, signifie l'indice, ce qui sert à faire connaître, à classer, à identifier une chose ; c’est son signe distinctif. Γνομον (Gnomon) est également le signe indicateur de la marche solaire, l’aiguille des cadrans solaires et notre gnomon. A méditer. Un important secret se cache sous cette cabale.
Ce sont les génies sulfureux et mercuriel préposés à la garde des trésors souterrains, artisans nocturnes de l’ouvrage hermétique, familiers au sage qu’ils servent, honorent, enrichissent de leur labeur incessant. Ce sont les possesseurs des secrets terrestres, les révélateurs des mystères minéraux. Le gnome, créature fictive, difforme mais active, est l’expression ésotérique de la vie métallique, du dynamisme occulte des corps bruts que l’art peut condenser en une substance pure.
La tradition rabbinique rapporte, dans le Talmud, qu’un gnome coopéra à l’édification du temple de Salomon, ce qui signifie que la pierre philosophale dut y entrer pour une certaine part.
[...]
Ainsi, la vie obscure, latente et potentielle des deux substances minérales primitives, se développe par le contact, la lutte, l’union de leurs natures contraires, l’une ignée, l’autre aqueuse. Ce sont là nos éléments, et il n’en existe point d’autres.
[...]
Nous certifions donc, avec les meilleurs auteurs, que deux corps, suffisent pour accomplir le Magistère du début à la fin. « Il n’est pas possible d’acquérir la possession de notre mercure, dit l’Ancienne guerre des Chevaliers, autrement que par le moyen de deux corps, dont l’un ne peut recevoir sans l’autre la perfection qui lui est requise. »
[...]
Car vous aurez beau chercher, multiplier les essais, vous ne trouverez jamais d’autres parents de la pierre que les deux corps susdits, qualifiés principes.
[...]
Ce point important méritait d’être précisé. Or, ces deux principes, hostiles parce que contraires, sont si expressifs sur la cheminée de Louis d’Estissac, que le débutant même les reconnaîtra sans peine.
Nous retrouvons là, humanisés, les dragons hermétiques décrits par Nicolas Flamel, l’un ailé, — le monstre bec-de-lièvre, — l’autre aptère, — le gnome au torse velu.
« Contemple bien ces deux dragons, nous dit l’Adepte, car se sont les vrays principes de la philosophie, que les Sages n’ont pas osé monstrer à leurs enfans propres. Celuy qui est dessoubs sans aisles, c’est le fixe ou le masle, et celuy qui est au-dessus, c’est le volatil ou bien la femelle noire et obscure, qui va prendre la domination par plusieurs mois. Le premier est appelé soulfre ou bien calidité et siccité, et le dernier argent vif ou frigidité et humidité. Ce sont le soleil et la lune, de source mercurielle et d’origine sulfureuse, qui par le feu continuel, s’ornent d’ornements roïaux pour vaincre, estans unis, et puis changez en quintessence, toute chose métallique solide, dure et forte. Ce sont ces serpens et dragons que les anciens Egyptiens ont peint en un rond, la teste mordant la queue, pour dire qu’il estoient sortis d’une mesme chose et qu’elle seule se suffisoit, et qu’en son contour et circulation elle se parfaisoit.»
Cette dernière analogie nous ramène évidemment au sujet Dragons et Ouroboros.
Plus loin, toujours en décortiquant le symbolisme du gnome, Fulcanelli nous livre encore un indice qui pourra aiguiller les chercheurs :
Quant au second corps, — patient et féminin, — Louis d’Estissac l’a fait représenter sous l’aspect du gnome bec-de-lièvre, pourvu de mamelles et coiffé d’un casque écailleux. Nous savions déjà par les descriptions qu’en ont laissées les auteurs classiques, que cette substance minérale, telle qu’on l’extrait de sa mine, est écailleuse, noire, dure et sèche.
J'espère avoir fait œuvre utile en mettant en évidence ces indices fournis dans un texte ardu, peu accessible aux profanes en l'Art d'Alchimie.
Nelly Foulcat- Nombre de messages : 108
Date d'inscription : 03/10/2008
Re: Le gnome
Oui, en effet, le gnome est un indice, une indication que quelque chose doit être compris au-delà des apparences. Et les gnomes peuplent nos traditions depuis des siècles.
Pensons par exemple aux contes. Ceux-ci sont bien plus que des historiettes "imaginaires" destinées à amuser les enfants, mais bien des occasions de véhiculer des bribes de la Tradition. Ces contes sont effectivement destinés aux enfants, mais pas pour les aider à s'endormir le soir ! Bien au contraire, ils sont là pour les éveiller. Et éveiller l'enfant qui dort parfois encore trop intensément en nous.
Prenons en tant qu'exemple l'histoire "Blanche-Neige et les 7 nains". Et pour en parler mieux que je ne pourrais le faire moi-même, je cède la parole à un auteur au style efficace, Jean-Pierre Favard, en empruntant les propos qu'il prête à un des protagonistes de son roman "L'Asch Mezareph", un érudit hermétiste, occulte gardien d'un savoir alchimique multiséculaire, s'adressant à l'héroïne, l'initiable Emilie :
Pensons par exemple aux contes. Ceux-ci sont bien plus que des historiettes "imaginaires" destinées à amuser les enfants, mais bien des occasions de véhiculer des bribes de la Tradition. Ces contes sont effectivement destinés aux enfants, mais pas pour les aider à s'endormir le soir ! Bien au contraire, ils sont là pour les éveiller. Et éveiller l'enfant qui dort parfois encore trop intensément en nous.
Prenons en tant qu'exemple l'histoire "Blanche-Neige et les 7 nains". Et pour en parler mieux que je ne pourrais le faire moi-même, je cède la parole à un auteur au style efficace, Jean-Pierre Favard, en empruntant les propos qu'il prête à un des protagonistes de son roman "L'Asch Mezareph", un érudit hermétiste, occulte gardien d'un savoir alchimique multiséculaire, s'adressant à l'héroïne, l'initiable Emilie :
Pour ma part, je n'adhère pas aux équivalences proposées par l'auteur, particulièrement en ce qui concerne les "sept temps du processus alchimique", lesquels ne sont pas nécessairement sept (selon les auteurs et leurs pratiques). Par contre, ce passage expose bien l'importance des contes anciens en matière de transmission d'une connaissance dans laquelle les gnomes en sont l'indice à repérer.– [...] Les contes de Perrault sont avant tout des histoires écrites par un initié. Tout comme ce fut le cas pour les frères Grimm, Jacob et Wilhelm. Nous sommes en face de textes hermétiques de la plus haute portée symbolique. Des textes truffés d'allusions, plus ou moins dissimulées, au Grand Œuvre. Prenez Blanche-Neige et les sept nains par exemple, dont vous sembliez si moqueuse à l'instant. Ici, les références au Grand Œuvre sont si nombreuses qu'il me faudrait des heures pour réussir à toutes vous les expliquer. Blanche-Neige et les sept nains... Un plus sept égale huit. Nous sommes en face d'une ogdoade telle que Basilide et Valentin l'ont décrite dans leurs textes, entre le premier et le troisième siècle de notre ère. En ce sens, Blanche-Neige peut être considérée comme le résultat d'une préparation alchimique. On ne peut l'obtenir sans l'aide des sept nains, de gnomè ou gnosis, qui signifie la connaissance en grec. Chacun des nains du conte figure l'un des principaux métaux, le plomb, l'étain, le fer, le cuivre, le mercure, l'argent et l'or, mais aussi l'une de sept planètes principales, Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure, la Lune et le Soleil. Il s'agit également d'une allusion aux sept temps du processus alchimique que sont la sublimation, la calcination, l'ablution, la solution, la cération, la coagulation et la fixation.
Christian Hersey- Nombre de messages : 100
Date d'inscription : 04/04/2008
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