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Définition de l'initiation

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Henri Schersch
Le Marcheur
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Définition de l'initiation Empty Définition de l'initiation

Message  Le Marcheur Jeu 10 Avr 2008, 18:20

Je voudrais vous parler de l'initiation, parce que j'ai observé qu'on utilisait souvent ce mot à tort et à travers. Le mot « initiation » est couramment mal compris par la plupart de nos contemporains. Beaucoup attribuent à ce mot une connotation de secret et d’acte magique ; c’est à la fois vrai et faux.

Le mot «initiation» fait référence au début, au commencement, au premier pas. Un nom propre est affecté d’une majuscule initiale ; un projet amorce sa concrétisation suite à une initiative. Au démarrage, un PC doit être initialisé. Etant bébés, sauf handicap, nous avons tous été initiés au langage, à la marche, à l’usage d’une cuiller, etc., puis, avec le temps, nous avons continué notre chemin sur base de ce qui nous avait été initialement enseigné : pour certains, l’initiation au langage a pu se développer en grand talent oratoire (acteurs, conférenciers, avocats…) ou en grand bavardage (c’est selon) ; pour d’autres, l’initiation à la marche a pu se concrétiser à l’extrême (marathoniens, randonneurs, guides de montagne, équilibristes …). Mais pour d’autres non. Question de choix, ou d’opportunités, ou de circonstances de vie. A l’école, nous avons été initiés à des tas de choses que nous nous sommes plus tard empressés d’oublier, parce que devenues inopérantes par rapport aux orientations que nous avons prises : ce n’est pas parce que beaucoup de portes nous ont été ouvertes qu’il nous est possible de les franchir toutes !

Donc, l’initiation est d’abord à concevoir un peu comme une ouverture de porte. Ouverture par quelqu’un qui en détient les clefs, évidemment. Mais ce n’est pas parce qu’une porte est ouverte qu’elle est nécessairement franchie par l’initié, et même si elle l’est, rien ne garantit que ce qui se trouve de l’autre côté de cette porte plaise à celui qui est invité à la franchir. Par exemple, j’ai moi-même été initié à la natation, parce que faire du sport est bon. Eh ben oui, mais non.
Je suis venu, j’ai vu, j’ai bu, j’ai été convaincu : plus jamais ça !
Plutôt rondouillard que noyé !
D’ailleurs, la graisse, ça flotte…

Bon. Passons. Tout ceci pour vous faire comprendre qu’une initiation n’est rien qu’un premier pas, et que ce qui fera qu’un «initié» devienne quelqu’un d’estimable dépendra essentiellement de ce que lui-même aura fait de son initiation. C’est certes le premier pas qui coûte, et il est bon de trouver un initiateur pour savoir comment correctement poser ce premier pas en terrain inconnu et savoir dans quelle direction aller ; mais au-delà, l’initié n’est nulle part s’il ne pose un deuxième pas, puis un troisième… Et personne ne pourra marcher à sa place !

Ni l’empêcher d’errer, d’ailleurs…

Donc, il était bon de démystifier ce concept et constater qu’il ne faut pas nécessairement attribuer de caractère magique aux mots «initiation» et «initié».

Pas «nécessairement», mais parfois… quand même oui !

Ainsi, dans le domaine de l’ésotérisme, l’initiation revêt un caractère particulier, en ce sens qu’elle est progressive mais marquée par une cérémonie soulignée lors d’un rituel à forte connotation émotionnelle, lequel constitue un point focal destiné à bien démarquer la préparation (avant) de la réalisation (après), selon le schéma suivant :

avant ........... préparation, acquisition de connaissances indispensables
pendant ....... cérémonie et/ou expérimentation et/ou épreuve et/ou examen
après ........... acquisition de la maîtrise

Plusieurs traditions ancestrales initiatiques sont encore d’usage courant de nos jours. Le mariage en est un bon exemple : une phase de préparation (fiançailles, accordailles ; parfois associées à des rituels ou des conventions dans certaines cultures tels l’accord du patriarche ou l’offrande d’une bague), puis la cérémonie initiatique elle-même (sensée marquer une rupture par rapport à la situation antérieure et l’accès à un nouvel état, fusion de deux individus en un seul, bipolaire), puis une période de vie commune qui verra grandir et prospérer le nouvel être fusionnel ainsi créé. Bon, dans l’actuelle société post-moderne, le galvaudage des valeurs, la perte du sens sacré et la recherche de la satisfaction immédiate des pulsions égotiques, ont fait que le mariage n’est plus aujourd’hui qu’une parodie creuse de cette ancienne tradition initiatique, mais ça, c’est une autre histoire. Retenons seulement que la cérémonie initiatique a pour but de marquer durablement le moment par lequel les aspirants sont déclarés prêts, reconnus comme tels par la communauté, et accèdent à un état différent (qu’on peut considérer comme «supérieur», du moins selon au moins un point de vue). Remarquons d’ailleurs qu’un examen de fin d’étude avec remise d’un diplôme respecte aussi ce schéma initiatique.

Dans bien des cas donc, l’initiation n’est que ceci : un rite de passage, destiné a marquer l’esprit du néophyte, distinguant un avant et un après.

Mais dans certains cas, il y a encore plus.
Car si la cérémonie initiatique peut prendre la forme d’un examen ou d’une épreuve ayant pour but de tester le candidat sur ses aptitudes, ou sa détermination, ou son niveau de compétence (passage d’un grade à l’armée, intronisation dans une confrérie, changement de ceinture dans un art martial, etc.), dans certains rites ésotériques, la cérémonie s’accompagne d’un rituel destiné à provoquer une expérience de la part du candidat, et cette expérience peut parfois s’avérer délicate, raison pour laquelle une longue préparation a pu être nécessaire.
Contrairement aux rituels creux, exclusivement symboliques, qui sont souvent pratiqués par des groupements religieux ou ésotériques déconnectés de leurs préceptes originels, il existe des rituels qui sont l’occasion pour l’aspirant de découvrir par lui-même des aspects de l’Univers auxquels le commun des mortels n’accède jamais. L’aspirant a été longuement préparé, aussi bien que possible par ses guides et instructeurs, mais lorsque vient le moment de lui ouvrir la porte, il est seul à pouvoir la franchir. Ces rituels présentent parfois des risques physiques ou physiologiques réels : utilisation de substances toxiques ou hallucinogènes chez les Amérindiens et probablement aussi chez les Egyptiens (champignons, herbes fumées, venins de serpents…), ou bien épreuve de combat chez les chevaliers. Toutes ces situations de mises en danger réelles (contrôlées mais néanmoins risquées) ont pour effet de provoquer l’apparition de modes de conscience non ordinaires, un peu comme dans le cas d’une NDE, apportant ainsi à l’aspirant un point de vue expérimental par rapport à la théorie qui lui avait été jusqu’alors proposée uniquement sur le plan intellectuel. Et donc, dans ce genre de rituel, là, il y a nettement un avant et un après la cérémonie, car il est clair qu’on ne peut plus avoir le même regard sur le monde, les gens et les choses après avoir vécu une expérience d’un tel ordre.

Il existe plusieurs rituels, dans bien des traditions, ouvrant sur bien des aspects de «l’autre réalité» ; nous n’allons pas ici nous étendre sur eux, en soulignant cependant que certaines expériences conduisent à des rencontres avec des êtres de lumières, que d’autres provoquent des sorties hors-corps (OBE) telles que les fusions des Nord-Amérindiens avec leur animal-totem ou les immersions jusqu’à suffocation lors du baptème essénien. Mais les SS de la section Totenkopf pratiquaient aussi des rituels initiatiques ; il est bon de le savoir.

Un exemple intéressant d’une initiation par intoxication est proposé dans le film Blueberry, avec Vincent Cassel. Un contre-exemple : les lamas tibétains sont conduits à l’illumination par des techniques méditatives presque exclusivement mentales.

La Grande Initiation est donc accessible par bien des voies, selon bien des modes, et certains pourraient mieux que moi vous parler du tantrisme, de la Wicca, des voies alchimiques, entre autres.

Mais sachons aussi que bien des voies proposées au public sont des impasses ! Indépendamment du rituel affiché, et malgré la réputation du groupement initiatique, il y a initiation et Initiation. Tout dépend de qui fait quoi, et comment. Bref, c’est surtout une question de qualité de l’initiateur. Certaines initiations ne sont que des caricatures de véritables Initiations. Dans trop de cas, ceux qui proposent l’initiation s’imaginent (et parfois en toute bonne foi) qu’une initiation consiste à prononcer quelques paroles et effectuer quelques gestes, comme oindre, dessiner des croix dans l’air, imposer les mains, poser une épée sur l’épaule, verser un peu d’eau sur la tête, coucher le postulant dans un cercueil, lui passer une corde au cou, lui faire relever une jambe du pantalon, etc. ; il s’agit là de résurgences de croyances magiques influencées par des légendes mal interprétées, comme si le simple fait de prononcer un mot ou effectuer un geste conduisait à l’Initiation ! Non, bien sûr : il s’agit là certes de parties de rituels étant bel et bien efficaces dans certaines conditions, mais lorsque ces dernières sont ignorées, on est plus proche du théâtre que d’un processus d’éveil. On raconte même que certaines loges maçonniques américaines engagent des acteurs pour scénariser le rituel initiatique, auquel les postulants ne font qu’assister ! On est là loin de l’objectif visé !
Et le comble, c’est que bien des cérémonies initiatiques sont prétextes à libations, le tout aux frais du postulant, ce qui peut se monter à plusieurs centaines d’euros…
Comme quoi, avant de se laisser guider vers une initiation, il est bon d’être vigilent, et de développer sa perspicacité. Bon, ceci dit, il existe aussi des Guides authentiques...
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Message  Le Marcheur Dim 25 Mai 2008, 20:21

Bonjour à tous,

Dans mon post ci-dessus, lors de ma démarche initiale, je vous décrivais sommairement la nature, l’objet, le sens de l’Initiation. Je ne vous avais pas encore détaillé son modus operandi.

Cerner la manière dont fonctionne un initiation est relativement simple, si l’on regarde les choses schématiquement :

MISE A MORT => RESURRECTION


Dit comme ça, c’est assez brutal, évidemment…
Mais je précise bien qu’il s’agit là d’un schéma simplifié !
Pas de quoi s’effrayer au vu de quelques mots : une initiation n’est bien sûr pas une tentative de meurtre justifiée par l’espérance que la « victime sacrificielle » accédera ainsi à la connaissance totale et à la sublime félicité. Sauf, évidemment, dans Tintin et le Lotus Bleu !

Pourtant, à bien y regarder, l’Initiation (avec une Majuscule ; celle qu’on pourrait appeler la « Grande Initiation », celle évoquée en fin de mon premier post), l’Initiation, donc, correspond bien à ce schéma. Expliquons-nous.

Je vous avais précédemment décrit l’initiation comme un moment charnière entre un avant et un après, distinguant donc trois périodes :
avant ........... préparation, acquisition de connaissances indispensables
pendant ....... cérémonie et/ou expérimentation et/ou épreuve et/ou examen
après ........... acquisition de la maîtrise

C’est de la période du milieu dont je voudrais vous parler ici. Ce « pendant » ; ce bref moment entre l’avant et l’après ; ce moment où « tout » se passe ; ce moment qui est un point de basculement entre deux paradigmes.

Pour bien comprendre le processus initiatique, autorisons-nous une digression et penchons-nous d’abord sur l’évolution de la compréhension du monde chez un tout petit enfant, tel que me l’ont apprise de distingués savants professeurs, jadis, lorsque je fréquentais l’université.

Quelques jours avant sa naissance, le fœtus a déjà une conscience du monde. Plusieurs sensations (sons, balancements, goûts, chaleur, humidité…) lui ont déjà apporté des informations sur son environnement immédiat (= le ventre de maman), et il s’est construit une représentation mentale de son petit univers et des lois qui le régissent.

La naissance est une Initiation : des événement préparatoires (soubresauts, étroitesse, perte des eaux…) conduisent bébé vers un passage étroit dont la traversée est difficile (et périlleuse) et qui donne accès à un univers radicalement différent de ce qu’il a connu auparavant (froid, déchirement, lumière…). Toutes les naissances ne sont pas douloureuses (pour le bébé) ni traumatisantes, vu que des techniques d’accouchement sont plus efficaces que d’autres ; néanmoins, du point de vue de bébé, ce moment correspond toujours à une rupture définitive entre ce qui était et ce qui va être : pas question, comme le bébé kangourou, d’envisager retourner dans maman pour y retrouver chaleur, douceur et protection. Une nouvelle vie commence. De nos jours, et en Occident, peu de bébés succombent lors de ce processus initiatique, mais dans les siècles passés, ce moment représentait un péril réel (pour la maman aussi).

Le petit enfant naît généralement avec les yeux insuffisamment développés : une semaine lui sera nécessaire avant d’y voir clair. Entre-temps, une fois passée la surprise qu’a constitué son irruption forcée dans notre monde, bébé se construit une nouvelle représentation de son univers, un nouveau paradigme. Dans son petit cerveau, son psychisme élémentaire reconstruit un nouveau schéma mental en accord avec toutes les informations qui lui parviennent (sein, téter, bon/pas bon, chaud/froid, sommeil, voix, mains qui touchent, odeurs, respirer…). Par essais et erreurs, il étudie et analyse son nouvel environnement et ses lois (par exemple : la nourriture vient-elle plus vite lorsqu’on pleure plus fort ?). Fort de ses découvertes, il se construit, dans sa tête, une représentation mentale de l’univers. Il est loin de se douter de ce qui l’attend…

Lorsque sa vue s’épanouit, son champ de perception s’étend brusquement, et c’est la catastrophe : bien des éléments perçus visuellement sont en désaccord avec le modèle d’univers qu’il s’était construit dans sa tête ! Là commence la phase préparatoire à une nouvelle initiation. Phase préparatoire faite d’instabilité, de tourments, d’angoisses, de désorientation, d’incompréhension… Puis va venir un moment-clé, correspondant au processus initiatique (mort / résurrection) où l’ancien schéma mental, obsolète, explose sous la pression des nouvelles informations contradictoires. Un peu comme un ballonnet d’enfant qu’on gonfle en soufflant, le schéma conceptuel du bébé a une capacité limitée ; et comme le ballonnet, si on met trop d’éléments dedans, c’est l’éclatement ! Bébé pleure, fait des cauchemars, tous ses repères l’abandonnent. Mais le terrain est vierge pour une reconstruction, pour l’apparition d’un nouveau schéma mental : un nouveau paradigme, une nouvelle représentation de l’univers va assez rapidement émerger, intégrant adéquatement les informations nouvellement acquises dans une conception plus large intégrant aussi les anciennes informations, mais relativisées. Un nouveau ballonnet, tout neuf, plus grand, plus souple, est prêt à recueillir de nouveaux apports. A partir de cette « renaissance » une nouvelle vie commence.

Après quelques mois, une autre Initiation va avoir lieu, selon un schéma similaire, lorsque viendra la mobilité (sur quatre pattes, puis deux) : il faudra abandonner l’ancien schéma mental pour pouvoir intégrer tant de nouvelles données (chutes, bobos, pas par-là, pas vers l’escalier, où est doudou, c’est quoi cette bête pleine de poils, touche pas au couteau, touche pas à la prise, mange ta soupe, etc.).

D’autres initiations viendront plus tard encore : séparation maternelle lors de l’entrée à l’école, puberté, examens scolaires, adolescence, etc. A chaque fois, mais dans des proportions moindres et sous une forme affectant plutôt le psychique que le physique, correspondront des processus mort + résurrection, généralement traumatisants, conduisant parfois l’enfant à des crises extrêmes où il peut se mettre réellement en péril si la guidance externe n’est pas adéquate (analogie avec le maître initiateur).

Arrêtons ici notre digression périnatale : son but était de montrer que le processus initiatique est inhérent à l’évolution du psychisme d’un être humain, puisque au lieu d’évoluer de manière continue, progressivement, il évolue par paliers : alternance de périodes de stabilité (mise en place durable d’un paradigme) et d’instabilité (initiation avec passage à un paradigme plus large).

Il s’ensuit que les périodes de stabilité, confortables pour l’esprit, sont plus attrayantes que les soubresauts initiatiques traumatisants ; c’est pourquoi bien des humains ont une naturelle tendance à refuser de prendre en considération les informations susceptibles de remettre en question leurs schémas mentaux !
Symboliquement, il y a une analogie très nette entre ce refus de la déstabilisation menant à l’initiation, et la peur de la mort.

La bible des chrétiens catholiques, dans sa dernière partie (Nouveau Testament) fait explicitement appel à un changement à opérer en soi, à faire mourir le « vieil homme » en soi pour laisser place à un « homme nouveau », transformé. Cette allusion au processus de mort + résurrection est clairement une incitation à un changement de paradigme, comme une initiation peut l’induire. Cependant, cet appel est souvent interprété comme une figure de style : une image destinée à faire comprendre aux fidèles qu’un changement de comportement les conduira vers Dieu. Or, par le passé, il n’en fut pas toujours ainsi, et les techniques initiatiques s’accompagnaient de rituels mettant réellement en danger la vie du postulant. Il ne s’agissait pas d’images, d’allusions, de figures de style ou de symboles, mais d’actes à poser, authentiquement périlleux !

Le but du processus était d’amener l’aspirant dans un état proche de la mort, à un stade où le corps et l’ego se sentent perdus et lâchent prise, permettant le surgissement d’une forme de conscience non égotique, non localisée, non individuelle. Bien entendu, l’Initiateur a la délicate responsabilité de ramener indemne le postulant au contact de notre réalité habituelle. Après une telle expérience, vécue non pas symboliquement, mais « avec ses tripes », le nouvel initié renaît forcément différent : impossible de redevenir celui qu’on était auparavant lorsqu’on a touché au sublime…

L’initiation par le biais de ce processus Mort + Résurrection remonte aux débuts de l’histoire de l’humanité : Osiris, Odin, Jésus…

On raconte que Jean, le Baptiste, procédait par immersion complète dans les eaux du fleuve Jourdain (en Israël). Avec ses assistants, en maintenant sous l’eau la tête du postulant durant un laps de temps suffisant pour amener suffocation et/ou sentiment de mort par noyade, il provoquait les prémices d’une EMI (Expérience de Mort Imminente ; en anglais : NDE). Les participants en revenaient transformés.

Aux âges médiévaux, ou tout au moins à certaines périodes et dans certaines régions, l’adoubement d'un jeune chevalier n’était pas pris à la légère. Après une longue période préparatoire (éducation technique et morale), la nuit précédent l’adoubement était passée en veillée de prière. Puis au matin venait l’épreuve décisive. Parfois il y avait combat pour prouver sa valeur ; parfois il y avait seulement une cérémonie durant laquelle le seigneur local posait la lame de son épée sur le cou du postulant, pouvant donner la mort d’un simple mouvement du poignet si tel était son désir. Le postulant risquait sa tête. Là encore, la proximité de la mort imminente conduisait au « lâcher-prise » nécessaire à la mise en place d’une compréhension autre, d’un nouveau paradigme. Ce procédé s’est perpétué jusqu’à nos jours dans certaines unités militaires dites « d’élite », même s’il ne s’agit plus aujourd’hui que de bizutages vexatoires destinés à briser l’individu , de le soumettre à l’esprit de corps, et de le rendre malléable aux ordres. On raconte que vers 1935, certaines unités SS faisaient subir aux recrues des épreuves telles que creuser rapidement un trou protecteur pour échapper à l’écrasement par une rangée de chars approchants, ou se tenir bien droit avec une grenade dégoupillée posée sur le casque (protégé par son casque, le postulant en sortait presque indemne, mais s’il tremblait, la grenade explosait à ses pieds).

De nos jours, les mises à mort ne sont plus que simulées. En un sens, l’idée est bonne : nul besoin de mettre réellement le postulant en danger si une simulation est suffisamment réaliste pour que, subjectivement, il se croie réellement en danger de mort imminente, mais généralement, les cérémonies initiatiques actuelles ne sont plus que des simulacres dénués de sens, puisque sans effet physiologique réel. Certes, dans certaines obédiences maçonniques, on retrouve des symboles de mort comme une corde de pendu ou un cercueil dans lequel le postulant est invité à se coucher, mais que se passe-t-il réellement dans la tête du postulant au-delà d’une compréhension intellectuelle de ces symboles ? Parmi les néo-templiers, on manipule encore l’épée, mais seulement comme allusion à une tradition de valeurs nobles et non comme arme menaçante ; chez les catholiques, le baptême par immersion est remplacée par un mince filet d’eau dont on ne pourrait même plus remplir un verre. Bref, la plupart des cérémonies initiatiques ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles furent jadis. Elles sont physiologiquement et psychologiquement inopérantes ; l’aspect essentiel du processus de mise à mort + résurrection est ramené à quelques symboles pervertis par le temps, et le tout n’est plus que prétexte à réjouissances, moments de bonne humeur et de partage entre frères des victuailles qui attendent dans la pièce à côté…

Ceci dit, maintenant que vous avez compris qu’une vieille bonne vraie Initiation consiste en une réelle mise en danger de mort, n’allez pas prétexter de mes propos pour initier votre belle-mère à je ne sais quel rite, avec le secret espoir de rater « accidentellement » la phase de retour ! Je ne suis pas sûr que la Justice acceptât pareil alibi…
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Message  Le Marcheur Jeu 27 Nov 2008, 22:51

En complément de la définition de l’initiation que j’ai tenté de cerner ci-dessus, suite à la lecture de l’extraordinaire poème-fleuve « Chercheur d’Or » que le Joker de Carreau a posté dans la section Poèmes (ici), il y a lieu d’évoquer aussi le voyage initiatique, ou la quête de l’initiation.

Qu’on évoque Jason et les Argonautes, le voyage à Compostelle, Jonathan Livingstone le goéland, ou John (le héros mis en scène par le Joker), il y a de nombreux points de convergence. Même le voyage d’Ulysse peut entrer dans le schéma défini par Joseph Campbell (1904-1987) dans son ouvrage "Le Héros aux Mille Visages" (1949) :
Le Héros est une figure archétypale qui s’engage dans une quête initiatique en commençant par s’extraire de la société. Ensuite il est initié aux Mystères, puis il revient à son point de départ. Le Héros partage alors les fruits de son accomplissement, ce qui produit des transformations positives dans son environnement.
Les 12 étapes de ce voyage initiatique sont efficacement synhétisées chez Wikipédia sur cette page.

Ce schéma est aussi le fil conducteur de bien des aventures modernes : Tintin, Bob Morane, Luke Skywalker, Néo (Matrix), et peut être aussi Barak Obama selon certains, effectuent tous un voyage qui les met en péril et dont ils sortent différents, grandis, et que je souhaite à chacun d'entre vous de pouvoir vivre un jour, à sa façon propre, si ce n'est déjà fait.
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Message  Henri Schersch Ven 28 Nov 2008, 23:07

Bonsoir. Parmi les triomphes du tarot, sachant que la lame Le Mat (Le Fou) représente quelquefois le chercheur dans sa quête, pourrait-on aussi assimiler son voyage à travers les étapes alchimiques représentées par les autres lames - depuis la position "zéro" (avant le Bateleur) jusqu'en position 22 (après Le Monde) - comme un voyage initiatique symbolique ?
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Message  Charly Alverda Ven 28 Nov 2008, 23:40

Bonsoir

Jean Luc Flornoy le cartier a écrit un livre s'appelant (curieusement parce qu'il est fixe !) lLe pèlerinage du bateleur. Je ne l'ai pas lu, mais l'auteur est intéressant, il propose sa vision sur son site.
Bateleur, Monde et Mat sont trois des sept tarots, c'est pourquoi je considère leur unité et les enlèvent des triomphes. Il nous reste 19 triomphes et 19 est le nombre du soleil pour les anciens grecs. L'art du soleil étant l'alchimie on peut voir le processus du grand-oeuvre dans les 78 cartes, les 4 autres tarots déclinant la (les) marche(s) des 4 éléments.

Cordialement

C...a

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Message  Henri Schersch Sam 19 Sep 2009, 12:22

Bonjour. Voici une vidéo très bien réalisée par Daimonax qui démontre que "Le Bateleur" est Dionysos.
Idée interessante que je viens de découvrir. Vrai ou pas ? Je ne connais pas assez le tarot pour répondre à cette question.

CheminCroisé http://www.bacchos.org/tarothtm/multimedia/tarotbacchos.htm
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Message  Ludivine Dim 05 Juin 2011, 09:46

Bonjour,

J'ai trouvé cette citation intrigante concernant la définition de l'initiation :
René Alleau a écrit:On oublie trop souvent que le verbe "initier" signifie littéralement selon le sens premier de cette expression, "faire mourir". Un "initié" n'est pas moins séparé du monde profane qu'un mort.
in "Aspects de l'alchimie traditionnelle", Les Editions de Minuit, Paris, 1953, page 32.
Définition intrigante, en porte-à-faux par rapport aux dictionnaires. Pourtant, cette notion de "faire mourir" semble en adéquation avec ce qu'écrit Le Marcheur ici plus haut : il est nécessaire de mourir pour mieux ressusciter différent, tout comme il est parfois préférable de raser complètement une bicoque insalubre pour rebâtir solidement au lieu de s'acharner à la restaurer, vaille que vaille, pour retarder, en pure perte, l'effondrement inéluctable.

Pour nous éclairer quelque peu, René Alleau apporte lui-même une clé de lecture importante, en note de bas de page située un peu auparavant. Elle a une portée générale sur tout l'ouvrage :
Nous mettons entre guillemets tous les termes qui sont pris dans des acceptions différentes des sens philosophique et scientifique habituels. L'élucidation de ces termes constituant l'objet de cet ouvrage, on comprendra que nous ne puissions les définir en quelques mots.
Amicalement,
Ludy.
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Message  Hiram Dim 24 Juil 2011, 03:44

Je ma baladais par ici
et j'ai fais un petit arrêt...

Le prophète Mohamed disait:
'' Apprends à mourir si tu veux vivre."

Mourir à quoi, au monde ?
À l'égo ?
Sommes-nous mort à notre être véritable ?
Une réssurection,
une re-naissance,
par quoi cela ?
Une mort à ce que l'on croit être,
pour naître à ce que l'on est vraiment ?
L'aurore naissante après la nuit la plus noire.
Et pourquoi pas le soufre rouge ?

Dans la Fraternité,

Hiram

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Message  Charly Alverda Dim 24 Juil 2011, 17:37

Hiram a écrit:L'aurore naissante après la nuit la plus noire.
Et pourquoi pas le soufre rouge ?
Certes ! :

“La terre noire endormie.
La vivante lumière du monde.
Le Sauveur rouge très parfait.”

“La terre pure séparée de sa mort.
La lune blanche sortie de son ombre.
Le soleil rouge lavé de ses taches.”

“Le blanc dans le noir et le rouge dans le blanc, voilà toute la création présente.” (Le Message Retrouvé, de Louis Cattiaux)

Cordialement,

C..a



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Message  Henri Schersch Dim 01 Jan 2012, 15:15

Bonjour,

Je vous souhaite une bonne année sur les chemins que vous parcourrez et croiserez en 2012.

Cette semaine, j'ai trouvé un paragraphe qui apporte de l'eau au moulin du Marcheur. L'initiation, quelle qu'elle soit, implique, fut-ce de manière allégorique, une phase de mort suivie d'une phase d'éveil à… autre chose ! Cette autre chose étant généralement une autre manière de percevoir le monde qui nous entoure, ou la manière dont nous nous le représentons, ou encore carrément l'accès à un autre monde. Voici un extrait de l'ouvrage "Enquête sur l'existence des fées et des esprits de la nature", par Edouard Brasey (Editions Filipacchi, 1996), dans l'Introduction (sous-titre : "Il était une fois… les fées"):
En vérité, le royaume de Féerie – le Fairyland des Anglo-Saxons – n'est pas très éloigné de nous; il est même à portée de main. Il suffit, pour y pénétrer, de changer sa façon de regarder les choses. Le seul sésame, c'est le regard – le regard émerveillé de l'enfance.
.
Le monde des fées et des élémentaux offre à qui veut l'aborder une voie dans laquelle il faut savoir se perdre avant de se trouver. Tous les contes insistent sur cette notion d'égarement, de perte totale de ses certitudes et du sens de sa propre vie avant de trouver le bon chemin – celui qui conduit au centre de soi-même. En cela, les contes sont en accord avec tous les rituels initiatiques, qui exigent toujours une phase de mort et de renaissance.
.
La « noyade » au sein des eaux primordiales de l'inconscient forme la trame de nombreux récits folkloriques – jusqu'à l'histoire d'Ophélie. L'être humain plongeant dans le monde irréel de son propre imaginaire prend le risque de se perdre dans les profondeurs effrayantes de sa propre ombre, remplie de terreurs et d'archétypes démoniaques. Mais il peut aussi renaître à lui-même au sortir de cette onde, comme après un baptême.
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Message  Garfield Mar 10 Juil 2012, 12:12

Etre initié c'est réaliser la présence de l'existence du Soi, c'est vaincre toutes les peurs existentielles, ce n'est pas fondre le Moi au Soi mais l'annihiler dans une sorte de creuset alchimico-spirituel en lequel renaîtra la splendeur de l'Unité Primordiale. Bref, le but de l'initiation est d'atténuer la conscience du Moi. Voilà en quelques mots la définition de l'initiation pour Roger-Luc Mary détaillée dans son ouvrage" L'Initiation – Mystères, histoire et symboles" dont je vous livre un extrait ici :
Si on cherche vraiment l'Unité de toutes choses, et d'abord la sienne propre, ne doit-on pas renoncer ? Il y a dans le renoncement une connotation privative que l'on doit à l'ensemble des religions. Or, la frustration n'a jamais été et ne sera jamais le fruit de la spiritualité : le véritable renoncement ne consiste pas à repousser, à s'auto-punir, à se priver. Un jour arrive où l'initié découvre que ses sens sont trompeurs et qu'au-delà (ou en deçà) de ceux-ci existent des perceptions plus profondes, plus larges, plus subtiles. C'est ainsi que disparaissent les choses anciennes (qui n'ont pas été inutiles) dans une véritable évaporation. On en arrive à renoncer à toute orthodoxie puisque la réalisation de l'être implique et la libération et une totale liberté. L'initié devient son propre guide, il dépasse, transcende ce qu'il sait par les livres, la tradition, il ira jusqu'à récuser sa propre mémoire pour ne plus habiter que le Soi qui ne connaît ni angoisse, ni peine, ni découragement, parce que le Soi est libre et que le Moi s'emprisonne dans l'ego, car : qu'il soit matérialiste ou spirituel l'ego reste l'EGO.

Dès lors que l'initié réussit à établir le bilan de ses contradictions, et qu'il parvient sinon à les résoudre du moins à les accepter, il approche, cerne ou pénètre le Soi qui se confond avec l'Amour, l'honnêteté, le détachement, le sens des réalités. Mais l'évidence révèle que les réalités du Soi ne sont pas celles du Moi.
Les préjugés de la morale conventionnelle, l'étroitesse d'esprit pour tout dire, procèdent du Moi ignorant l'énorme capacité du Soi.
La " mentalité" du Moi n'a rien à voir avec l'Intelligence du Soi qui est Silence, car s'il se mettait à parler il deviendrait nécessairement subversif en formulant qu'il appartient à chacun de se re-construire sans se complaire dans une analyse introspective qui sacrifie au Moi. Ce dernier attend qu'une autorité expose et impose la Vérité, mais comment le Soi pourrait-il la recevoir puisqu'il est l'essence même de la Réalité Véridique ?
C'est parce que ces conceptions n'entrent pas dans le cadre de la psychologie et du raisonnement intellectuel que l'initiation s'avère nécessaire, non pour en débattre : pour les vivre.
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Message  loup Ven 13 Juil 2012, 13:40

bj, quoiqu'on en dise le passé, notre passé, se trouve être nos racines de notre "arbre", et grâce à lui nous pouvons avoir des branches "attirées vers le ciel" et surtout espérer des fruits qui feront d'autres arbres...
Eliminer le passé est une erreur, l'avoir compris (car c'est grâce à lui que de nouvelles expériences se font) dans la paix pour se situer dans notre but... L'union CONSCIENT (donc vivant) de l'Esprit (nous dans le futur) de l'âme (expériences de la matière) et corps (véhicule sans lequel rien ne se fait pour expérinenter ce plan) donc la "libération" consciente d'être... L'Alchimie est l'une des voies qui permet cela plus rapidement (pour ceux qui y arrivent )... Très heureux

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