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Le Corps de Gloire

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Message  Garfield Dim 28 Déc 2008, 10:05

Dans le fil "Le Grand Secret" (ici), Charly Alverda a écrit :
Le but de la pierre n'est pas la transmutation des métaux mais l'acquisition d'une médecine qui régénère le corps physique non pour une survie en bonne santé de quelques années supplémentaires - l'alchimiste est dans ce monde mais pas de ce monde - mais pour l'obtention du " corps de gloire "
Ce " corps de gloire " est pour moi une notion un peu floue. Je sais qu’on en parle dans la Bible à propos de la Transfiguration, mais de quoi s’agit-il vraiment ?

Manifestement, si l’obtention de ce Corps de Gloire est un des buts fondamentaux de l’alchimie, cette voie n’est pas la seule y conduisant, puisque d’autres traditions en parlent. Mais comment se fixer un but évolutif si on ne sait même pas ce vers quoi il serait bon d’aller ?
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Message  Abbé+Pierre Lun 09 Mar 2009, 15:18

La réussite de la pierre philosophale permettrait un changement d'apparence corporelle, une métamorphose qui révèlerait notre nature divine.

Eugène Canseliet a rencontré Fulcanelli en mai 1953 dans la région de Séville, en Andalousie, soit plus de 20 ans après son décès (vers 1930). Ne l’a-t-il pas revu dans son corps de gloire ? Cela signifierait que Fulcanelli aurait réussi la pierre philosophale.

Eugène Canseliet dit au sujet de sa rencontre avec Fulcanelli en Espagne :
Je voyageais en Espagne, avouera-t-il, non loin de Séville, où j'étais l'hôte d'amis possédant une belle demeure avec terrasse et double escalier donnant sur le parc. Je sentis tout de suite Fulcanelli dans l'ambiance. Surtout lorsque je découvris de ma fenêtre - ajoutant encore au charme du tableau - la présence d'un bambin d'environ dix ans et d'une petite fille, qui semblaient descendus d'un tableau de Vélasquez. Un poney et deux lévriers les accompagnaient. Mais, après une de ces longues nuits de travail dont je suis coutumier, la découverte que je fis me parut plus persuasive encore : dans une grande allée au feuillage dense, une jeune femme, une reine s'avançait, portant le collier de la Toison d'or et suivie d'une duègne. Tout cela très vif, très lumineux. La jeune femme me fit un chaud signe de tête, et j'étais sûr que Fulcanelli me soufflait : "Tu me reconnais ?" A quoi je répondis : "oui." Mais comment traduire de telles certitudes...
Ce ne fut pas l’unique fois qu’Eugène Canseliet aurait revu Fulcanelli après sa mort. Il en parla également avec Robert Amadou comme ce dernier le relate dans son livre Le Feu du Soleil - Entretien sur l'Alchimie avec Eugène Canseliet (Editions Pauvert) :
Il (Fulcanelli) n'est plus là. Il est sur la terre, mais c'est le Paradis terrestre. Qu'est-ce qu'il fait maintenant ? Je n'ai rien vu. Je l'ai vu en arrivant, quand il m'a reçu en complet-veston... Et puis, je l'ai vu quand je travaillais au laboratoire. Il est venu me voir où je travaillais, au laboratoire, et je l’'ai vu, je l'ai vu deux fois.
Etrange, non ? Ne dirait-on pas qu'il ne s'agissait là pas de Fulcanelli en chair et en os, mais d'une émanation de lui sous une autrre forme ?
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Message  Myriam Lun 09 Mar 2009, 16:07

Bonjour à tous,

Selon Omraam Mikhaël Aïvanhov :
le corps de gloire, comme l'aura, est une émanation de l'être humain, mais, alors que l'aura reflète aussi bien les défauts que les qualités de l'homme, le corps de gloire est l'expression de la vie spirituelle la plus intense.

La résurrection, ce n'est pas le corps physique qui ressuscite après la mort, mais… le corps de gloire, c'est-à-dire le corps physique, tellement purifié, vivifié par l'esprit… C'est grâce à ce corps que les Initiés peuvent voyager dans l'espace, traverser les montagnes, et même pénétrer jusqu'au centre de la terre, car il n'est arrêté par aucun obstacle matériel. Il peut même agir à distance sur les créatures pour les aider.
(source : Omraam Mikhaël Aïvanhov – Vous êtes des dieux)

Bien amicalement.
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Message  Aube-Aurore Lun 09 Mar 2009, 18:24

Bonjour ! Ensoleillé

Le corps de gloire, n’est-ce pas ce que l’iconographie nous montre sous forme d’auréole autour de la tête ou de tout le corps ? N’est-ce pas en rapport avec la photographie Kirlian ? Et les fantômes ?
Angelot
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Message  Aube-Aurore Ven 18 Sep 2009, 18:22

Bonjour à tous Ensoleillé !

C'est dans le sujet CheminCroisé Ora et Labora que je lis ceci :
Charly Alverda, citant Frère Elie, a écrit:On disait au Moyen âge que la lune (lumière réfléchie) symbolisait la raison, et le soleil (lumière directe), l'intuitus, ou la vue directe (intellectuelle) de la vérité.
Percevoir ce soleil directement, ça me rappelle avoir entendu dire un jour qu'il y avait comme une incompatibilité entre notre nature humaine incarnée, imparfaite, et cette perception directe de la vérité "solaire", tellement pure et intense. De même qu'une exposition exagérée face au soleil physique brûle la peau, une perception directe de la connaissance du soleil mystique userait le lien entre notre organisme et la conscience qui l'habite.

Non pas que ce soit "mal" d'accéder à une fusion au divin, mais cette relation transcendante, d'un niveau "non physique", peu compatible avec notre nature charnelle, provoquerait un "décollement" entre corps physique et âme. Donc, la mort du corps physique.

Comme quoi, réaliser son corps de gloire en ce bas-monde, pourrait déboucher sur la fin du séjour terrestre.
Faire ce choix ou non serait affaire de chacun, mais alors, en pleine connaissance de cause.

Amitiés. Fleur
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Message  Charly Alverda Sam 19 Sep 2009, 21:22

Bonjour

Aube-Aurore écrit :

" De même qu'une exposition exagérée face au soleil physique brûle la peau, une perception directe de la connaissance du soleil mystique userait le lien entre notre organisme et la conscience qui l'habite."
... réaliser son corps de gloire en ce bas-monde, pourrait déboucher sur la fin du séjour terrestre.
...Faire ce choix ou non serait affaire de chacun, mais alors, en pleine connaissance de cause."

Selon moi (rires) nous sommes cette conscience/soleil mystique, il n'y a rien d'autre que cette unité. Notre perception d'une dualité sujet percevant / objet perçu et donc du "multiple" est basée sur notre identification aux données de nos sens, il n'y a pas de bas-monde, il n'y a que des visions basses ! Aux purs tout est pur. Cependant il y a la voie du jivan-mukti, le libéré-vivant, qui n'est plus identifié à son corps/mental et la voie de régénération du corps et de l'esprit, que j'identifie comme celle de l'acquisition du Graal ou de la Pierre philosophale.

" Il y a deux voies de retour en Dieu: soit la dissolution dans
la vie universelle et libre, soit la coagulation en elle.

La première est enseignée par beaucoup et réalisée par
quelques-uns. La seconde voie est enseignée par quelques-uns
et réalisée par bien peu.

Celui qui les sépare est ignorant.
Celui qui les unit est sage.

Redevenir non né ou naître deux fois, sinon demeurer
prisonnier des alternatives des morts et des naissances dans
les mondes mixtes.

Vaincre ou mourir, telle est l'alternative qui nous est
proposée par Dieu. Le ciel salue par ses chants les
renoncés-libérés, mais il adore les vainqueurs-incarnés."

Ceci est extrait du Message Retrouvé qui dit en outre :

" La voie du Très-Haut est une voie qui lave et qui ensemence. Le saviez-vous?

C'est aussi une voie qui fait croître et qui multiplie dans l'incorruptibilité de l'Unique."

Dans le Message, Dieu est : " Lui, le feu secret qui sucite les Univers, qui les entretient, et qui les consume. "

Saint Paul a abondamment parlé du "corps de gloire", " en connaissance de cause " il ne peut y avoir de choix car il dit : " Ce n'est plus moi qui agit, mais le Christ en moi, étant lié je suis libre ' Je cite de mémoire ! Mais je n'écris pas en connaissance de cause (rire)

Cordialement,

C...a

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Message  Myriam Sam 10 Oct 2009, 10:26

Bonjour à tous,

Je viens de repérer un paragraphe sur le corps de gloire dans le livre de Jean Deleuvre :
. . . . . N'oublions pas cependant que s'il existe trois voies opératives en alchimie, dont la dernière n'est cependant accessible qu'à de très rares missionnés, certains adeptes tels qu'Alexander von Bernus (considéré actuellement comme l'un des derniers grands alchimistes connus du vingtième siècle) en ont pressenti une quatrième, presque inaccessible, celle du "corps de gloire".
. . . . . Le Taoïsme précise qu'il fallait passer du Wouei Tan (cinabre) au Nei Tan. Après la réalisation de la Pierre au rouge, après s'être affranchi du matérialisme et des faiblesses humaines, quelques rares élus pouvaient essayer de se constituer un corps de gloire ou d'immortalité.
. . . . . L'alchimie intérieure comme l'alchimie opérative devait suivre les mêmes processus de purification, afin de provoquer une transformation spirituelle et corporelle.
. . . . . Seuls, certains aspects du taoïsme ont réellement fait allusion à cette transmutation de l'alchimie interne pouvant aboutir à la création du corps de gloire. Un traité du XIème siècle intitulé "Procédés Secrets du Joyau Magique" précise :
. . . . . "Qu'ayant atteint l'immortalité, l'homme peut monter au ciel en plein jour avec son corps de gloire".
. . . . . Donc, l'obtention de la Pierre au rouge peut n'être encore qu'une étape. Cette forme peu connue de l'alchimie intérieure se serait développée en Chine, particulièrement entre les VIIIème et Xème siècles.
Jean Deleuvre, "Alchimie, Science divine", Ramuel, 2000.
Deleuvre considère CheminCroisé Alexander von Bernus comme un des plus grands alchimistes. Cependant, sa biographie laisse entendre qu'il était plutôt spagyriste, ce qui n'est pas la même chose.

On pourrait aussi critiquer l'expression "quelques rares élus", parce que si ceux qui atteignent ce stade sont effectivement "quelques rares", dire qu'ils ont été élus (choisis) réduit leur travail personnel à rien face à une décision divine, extérieure. Malgré ces bémols, retenons que Jean Deleuvre signale que la Pierre au rouge est une étape vers la démarche suivante, l'obtention du corps de gloire, le grand-œuvre final poussé au plus haut point de réalisation.

Bien amicalement.
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Message  Abbé+Pierre Mar 20 Oct 2009, 15:00

De l'ouvrage " Qu’est-ce que l’Alchimie ?" d'André Savoret (voir dans la CheminCroisé Thèque), je retiens ce chapitre formidable intitulé "De l'OEuvre mystique et de l'OEuvre physique" :
En résumé, l'homme régénéré est la pierre philosophale de la nature déchue, de même que l'homme non régénéré est la materia bruta de ce Grand-OEuvre dont le Verbe divin est l'Alchimiste et l'Esprit Saint le feu secret : il y a deux Voies dans l'OEuvre, mais il n'y a qu'un Agent : l'Amour ! Et tous les vrais hermétistes chrétiens - non les souffleurs - sont unanimes sur ce point comme sur celui de la subordination de l'OEuvre physique à l'OEuvre mystique.

Quant à l'homme « physique », son Grand-OEuvre est sa transformation en « corps glorieux », en corps régénéré et incorruptible. Et cette transformation (d'une absolue rareté) n'est possible que parce qu'il n'en diffère que du fait de cet accident, de cet obscurcissement que la tradition chrétienne nomme la Chute. Le corps glorieux, c'est le corps de l'homme tel qu'il était avant la Chute (et ceci touche à un des aspects de la « résurrection de la chair ») ; le corps physique, c'est le corps glorieux tel que l'a transformé la Chute, rendu corruptible par les impuretés hétérogènes de tous les lieux traversés par lui lors de sa descente ici-bas (impuretés dont la racine est le « gluten » ou matière du péché dont parle à diverses reprises ce véritable alchimiste que fut d'Eckhartshausen).

Comme dans l'interne des métaux, il y a dans l'interne de l'homme une certaine « terre vierge », que les Aphorismes Basiliens nomment avec Paracelse le « limbe du grand et du petit monde » et que doit dégager des « immondices de la terre » et revivifier un « esprit tant du grand que du petit monde », pour suivre la même terminologie. Comme le dit Jacob (Révélation alchimique) : « La fin du grand oeuvre est (pour l'adepte) de se débarrasser quand il voudra de la chair corruptible sans passer par la mort ».
Et St Paul ne nous dit-il pas que ce qui est semé corruptible est fait pour renaître incorruptible ? Non pour être « détruit » mais pour être « transfiguré ». Et ceci vaut universellement.

Le Grand-OEuvre physique et le Grand-OEuvre mystique sont analogues mais point identiques. Avoir réalisé le dernier c'est pouvoir réaliser souverainement le premier ; avoir réalisé le premier, c'est savoir quel chemin peut conduire à la réalisation du dernier mais ce n'est pas forcément avoir parcouru ce chemin. La nuance est de première importance.
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Message  aliboron Ven 15 Jan 2010, 12:53

Bonjour à tous,

Pour prolonger (sur le papier) la balade à Séville de Mr Canseliet, ou les longévités inquiètantes façon Federico Gualdi, qui trouvent toujours des émules en certains cénacles s'adonnant à une "magie" dite rouge (?), ou, beaucoup plus inspiré : Gustav Meyrinck en son roman "Le dominicain blanc".... la seule tradition vivante (à ma connaissance) susceptible de prétendre à ce type de "prodiges" est tibétaine : le Dzogchen.
Et sans passer par la case Dracula.

Donc, obtention de "corps de gloire" sur le toit du monde, avec ou sans Tintin.

Il semblerait que de telles réalisations, quoique rarissimes, soient encore attestées de nos jours y compris par des observateurs peu supects de sympathie pour la cause (geoliers chinois... etc...). Elles peuvent être le fait de moines ou de laîcs, même si concernant ces contrées parfois "reculées" dans le temps, il conviendrait peut-être d'adapter cette dernière notion de laïcité...
Quoiqu'il en soit, il est établi que les uns et les autres s'inscrivent dans une branche très particulière du lamaïsme, (ou du Bönpo, religion antérieure au bouddhisme) avec son corpus de textes remontant apparemment jusqu'au XIème siècle.

Pour résumer, si l'Opus s'est déroulé jusqu' à son terme, on ne retrouve rien du corps, si ce n'est parfois ongles et cheveux. Durant le processus, se déroulant toujours dans l'isolement total, (une tente peut suffire) l'entourage éventuel, de loin, ne perçoit que... des arcs en ciel et autres "météores" venant accompagner, quasi systématiquement, le labeur.

L'aspiration au dit corps glorieux n'étant pas tout à fait étrangère à notre alchimie, ainsi que vous en débattez plus haut, il peut être interressant de confronter (sommairement au moins) les "visions du monde" suggérant cette possibilité. D'autant plus que le gros de notre chymie s'inscrivait il y a peu encore, dans l'ombre portée du Christ... en gloire.

La première considération à prendre en compte me semble être le fait que l'architectonique de la cosmologie tibétaine (et plus encore celle du Dzogchen qui la "simplifie" à l'extrème) ne doive rien au platonisme-aristotélicien qui prévaut chez nous, avec ou sans échappées stoiciennes...ou scientistes, et qui soustend nos postulats de base.
Celà étant valable aussi bien pour leur "physique" que pour le versant "spirituel", à première vue complémentaire. A dire vrai, cette dialectique ou opposition, inexorablement binaire chez nous malgrè nos contorsions rhéthoriques, n'a guère de sens dans leur approche du réel.

Non point qu'ils soient des martiens, mais parce que les prétendants à cette voie (souvent considérée comme la quintessence des reli-gions en place) sont supposés pouvoir l'emprunter si ils sont déjà bien établis dans le... nirvana; qualifié par eux d'état naturel... comme le rappelle Aube-Aurore sur son fil consacré à cette voie.

Le nirvana en question n'ayant aucun rapport, même pas de similitude, avec celui du new-age, avec ou sans caution "orientale", vu que la référence plus ou moins explicite au Védenta ne permet pas cette approche du réel.

D'après ce que j'en sais, mieux vaut se fier pour s'en faire une idée potable à nos apophatiques : de Denis l'Aéropagite à... Stephen Jourdain, (ou Roger Godel.... Le Corps de Gloire Rolleyes-1622 ) pour la version "laïque", en quelque sorte plus proche parce qu'allégée du style "religieux"qui nous incommode tant.
Même si, à mon humble point de vue, la "mystique sauvage" ne bénéficie pas des mêmes perspectives (opératives) que celles offertes par une lignée.
Quoiqu'il en soit, à ce niveau-là d'entendement, on se trouve à des années-lumière des lieux communs se nourrissant du binome éso-exotérique.


"L'esprit va se purifier dans la nature du réel, il n'est point d'autre solution".

Ou, plus en phase avec nos préoccupations alchimiques, un poète :

"Nous ne connaissons du feu que cette part qui éclaire ou embrase; mais qui interroge la flamme où elle est verte, où elle se perd ?"

Aussi, le tiers exclu, (pierre du coignet ou, rejetée par les batisseurs : "luz" comme état naturel virtuel) que notre hermétisme peine parfois à caser dans sa machine-célibataire, et sans lequel il n'y a ni sens ni hypothèses de travail satisfaisantes (oratoire inclus), semble se porter comme un charme dans ce Dzogchen. Au point de dévorer les deux autres (en civil....ou en soutane) qui l'encadrent. Le Corps de Gloire Icon_bounce

On observe de plus dans leurs enseignements que les poncifs religieux et les ésotérismes les compensant tant bien que mal n'y ont pas cours. Au point que les mauvaises langues du toit du monde ne se sont jamais privé de les qualifier de nihilistes !
De fait, la transmission et l'enseignement s'opèrent essentiellement en silence. De coeur à coeur, disent-ils.

Par chez nous, Maitre Eckart et sa "famille" spirituelle" ont rencontré des problèmes voisins avec les autorités, même si (sauf exception) ils se contentèrent d'approfondir "l'état naturel"... sans pousser le bouchon plus loin...
A l'exception peut-être de Jacob Boehme et de quelques uns des "siens", témoignant de la vraisemblance, théorique au moins, d'une cosmologie habitable, antée sur cette "station" sapientiale : corps de gloire ou pas loin...

Je n'ai malheureusement ni les compétences, ni la place ici, de vous retracer et situer les grandes lignes des philosophales recommandations orientant la pratique du Dzogchen. A défaut, quelques citations qui peut-être en disent long, (ou pas trop court), sachant que les auteurs des textes de référence de cette tradition furent des adeptes connaissant d'expérience le sujet.




Citations :
"Le samsara est le nirvana".

"Le créé est l'ornement du vide".

"Parce que le principe de la grande perfection naturelle transcende les avantages et les inconvénients des vertus et des vices, s'est une grande merveille qu'il dépende uniquement des sens."

"Les choses ne sont pas sacrées parce qu'elles transcendent notre imagination, mais bien parce qu'elles sont tellement manifestes".

"La réalité n'est pas ce qu'elle semble, elle n'est pas autre non plus".

"L'innanimé expose la Loi".

"A l'extérieur, prendre pour modèle la nature; à l'intérieur, capter la source du coeur".

"Etre, ne pas être, c'est l'intellect. Au delà c'est le Corps Absolu".


Voilà pour l'ambiance... en pratique bien sûr ça se corse.
Disons pour aller vite que l'alchimie corporelle aboutissant à cette transfiguration opère sur une optique : non pas visualisations comme dans le taoisme, ou dans certain soufisme d'asie centrale qui s'en rapprochent néanmoins singulièrement, mais visions directes, d'une simplicité basique, à la fois externes (perceptions visuelles) et internes. Simultanement.

La lumière solaire et la lunaire y jouent un rôle clef. Ainsi que l'usage de cristaux et autres dispensateurs de réfractions. Des mantras spécifiques à cette voie peuvent parfois accompagner certaines pratiques, mais en général c'est un silence (abyssal...) qui est requis.
Visions toujours colorées comme en témoigne ce morceau choisit à votre bienveillante attention :




Citation:
"La vision de l'Epuisement de la Réalité est totalement incréée
Puisque la lumière jaune de l'élément Terre sans solidité,
Les lueurs blanches de l'eau sans humidité,
La lumière rouge du feu sans chaleur,
La lumière verte de l'Air sans mouvement et
L'immense azur éclatant du Ciel sans déploiement
Se purifient naturellement dans l'espace propre à l'Epuisement de la Réalité,
l'Essence de cette vision est totalement incréée. (....)."


A l'examen, cette approche "optique" des fondamentaux, et de la lumière, ne me parait pas totalement inconnue par l'occident. Mon petit doigt me dit que ceux que désigne René Alleau (dans son article sur l'alchimie de l'encyclopedia universalis) n'étaient pas en reste. Je me dois de le citer :




Citation:
"La troisième branche, à peu près inconnue, non seulement des historiens, mais de la plupart des alchimistes eux-mêmes, n'a laissé aucune trace écrite. Transmise toujours oralement, elle n'est pas essentiellement différente de la tradition chinoise archaïque. Elle n'est ni préchimique, ni philosophique, ni mystique. On peut la nommer "magique", à condition d'admettre qu'il existe une magie "naturelle" et qu'elle ne présente pas de rapports avec la sorcellerie. La source arabe la plus proche de cette tradition secrète est l'oeuvre de Ya'kub ibn Ishâk ibn Sabbâh al Kindi, le Liber de radiis stellicis; traité dans lequel le mouvement des étoiles et "la collision de leurs rayons" (Thorndyke) produisent, selon cet auteur une infinie variété de combinaisons. Le feu, la couleur et le son émettent aussi des radiations. Ces théories furent connues de Roger Bacon. Elles semblent avoir été ignorées d'Albert le Grand. Bacon y fut initié oralement par un adepte inconnu qu'il nomme "le maître des expériences" et que Humbldt a supposé être Pierre de Maricourt".


Et plus loin, Mr Alleau d'ajouter :


Citation:
"La troisième orientation, principalement magique, ressemblait, techniquement, à la précédente,
mais à vrai dire, elle commençait là où l'autre se terminait. La "pierre philosophale" était en quelque sorte, la matière première de cette "haute science" dont les multiples applications s'étendaient à l'ensemble du savoir humain. En ce sens, son but était, symboliquement, l'Absolu ou l'Universel."


Ce pourrait être là, le chainon manquant entre ces pratiques Dzogchen et l'alchimie que nous connaissons.
En effet, ce que désigne cet article, semble être une "application" directe, à un niveau intermédiaire si l'on veut (et donc plus complexe, tout au moins si l'on s'en tient à ce qu'en décrit al Kindi et, à la "spécialisation" en optique attribuée à de Maricourt) de cette possibilité.

Je me permettrais d'ajouter, protégé par mon ignorance crasse, que messieurs Alleau, Trojani, (G. Heym dans une moindre mesure) me semblent avoir parsemé ici et là dans leurs écrits quelques indications allant dans ce sens. Notamment tout ce qui a trait à l'importance de la géométrie : disposition "talismanique" des ingrédients en présence... ennéagramme... Etc...

Une autre réflexion, suscitée par cette conclusion en gloire, comparable à la pierre multipliée jusqu'à l'état radiant.

Il semblerait que les adeptes tibétains en question (avant tout départ de ce bas-monde, régulier ou "miraculeux", ce dernier mode n'étant pas obligatoire) soient aussi en mesure d'effectuer une projection.... de leur "état naturel" sur des disciples.

Permettant ainsi à ces derniers de connaitre, ne serait-ce que temporairement, ce qui jusque là n'était, au mieux, que du registre de la foi ou de l'espoir. Il en résulte, entre autre émerveillement, celui de constater (de visu...), une différence sidérante entre le "menu" (ce qu'ils en comprenaient ou croyaient)... et ce qu'il y a effectivement dans "l'assiette"... où micro et macrocosme se fondent, sans confusion.

Ensuite, il leur faut persévérer certes, mais en connaissance de Cause.
Première à souhait... puisqu'à ce niveau c'est l'Unicité de l'Existence, comme dit le soufisme, qui est entrevue.
Voie brève par excellence donc.

Pour en finir avec cet "exotisme", il me faut préciser que dans les corpus de textes chariés par nos tibétains, on rencontre ici et là des traités alchimiquement fort voisins des nôtres. Malheureusement pas ou peu traduits; nos orientalistes n'admettant pas que de telles 'fantaisies" viennent roder dans la queue de comètes si ..."spirituelles".

Plus près de chez nous, il y a dans la même perspective, les figures emblématiques d'Elie et du Christ; passés sur un autre plan d'existence sans toutefois passer par les portes de la mort. Et il peut etre interessant de scruter attentivement ce que désigne l'alchimie occidentale à partir de Parascelse (en gros) quand elle se place sous la régence d'"Elie-artiste".

Si le Christ doit dire qu'il est la porte, Elie, "artiste" ou non, semble étre la clef, surtout si l'on n'oublie pas son lien étroit avec la Vierge.
Telle que la présente Grillot de Givry, par exemple. Ou Gichtel, pour le versant "interne" du parcours.
Le baptème au Jourdain éclairé par H.Coton Avard semble se situer sous le meme éclairage.

Le cas du prophète Khidr dans l'islam, équivalent en quelque sorte d'Elie, est des plus interressants ne serait-ce parce qu'il est, en tant qu'immortel, le maître de ceux qui n'en ont pas.
Mais plus encore, parce que le "style" et la teneur de ses interventions montre qu'il participe des grands mystères, non-humains si l'on peut dire, en ce sens qu'elles désignent "ce qui est" d'une manière affranchie de toutes représentations !

Comme disent les chinois, "la grande intelligence englobe, la petite discrimine".
Sans oublier toutefois que la grande englobe (entre autre chose), la petite... qui passe ainsi à son service. Le Corps de Gloire 160143

On sous-entend par là que l'affranchissement de toutes représentations, (conséquences de l'Adeptat au sens fort du terme), loin d'entraver l'entendement sur les "articulations" du monde, nature et "surnature" confondues, le rend particulièrement pertinent et efficient.

Par conséquent, il se peut que les "applications" que nos adeptes en font bousculent considérablement nos notions de causalité...

C'est en ce sens que j'entends la qualification de "magique" donnée par Mr Alleau à cette 3ème voie. Un tel réalisme, conciliantpar exemple les angles et les anges, sans recourir au "comme".... à l'analogie magicienne (dans l'acception ésotérisante du terme), peut donner le vertige...
Pour l'éprouver, à défaut, au moins en imagination, je me permets d'attirer l'attention sur la partie de l' ouvrage de René Alleau "les sociétés secrètes", consacrée à la géométrie symbolique.
Il y suggère l'usage imaginal, de la géométrie euclidienne.
Entre les lignes s'y laisse deviner, à mon sens, le mystère de l'élévation des maitres d'oeuvre médiévaux, entre autres passage du plan au volume, ou du temps à l'espace. Un travail plus récent et plus ouvertement hermétique de G.R. Doumayrou (les 5 paradigmes de la géométrie sacrée), peut le prolonger.
Il y apparait avant tout que l'exercice est rigoureux, que le n'importe quoi ne tolère pas le n'importe comment. Imaginatio vera, disait Parascelse pour la distinguer de la "folle du logis" qui parasite nos cervelles.

Il y a d'autres passages dans ses oeuvres, (composées à l'ancienne), qui, l'air de rien donc, enrichissent le sujet. Je me ferai un plaisir de les désigner à l'attention de ceux que ça interresse.

Quant aux valences fondamentales et apparemment abstraites de cette démarche, il me semble que les alchimistes taoistes, pour la part qui les concerne, ont particulièrement bien énoncé le fait qu'en cet art, la conscience n'est pas (que) la pensée, fut elle intellectio plutôt que ratio.

"Retournement de la lumière, celà consiste à "mentalement" tourner le "regard", l'attention en soi, vers la source de la conscience, sa propre source. Il faut souligner le caractère purement abstrait de ces sublimes expériences éprouvées dans le coeur, le centre. Ici, rien de physique et rien de subtil dans le moyen employé."
Le centre ou coeur mentionné étant, insistent-ils, aucunement localisable.

Ailleurs : "Cette vérité est l'expérience du retour au primal, "visage originel" atteinte par l'abstraction profonde".

Ceci pour l'incontournable réincrudation, située nulle-part... et favorisant de manière paradoxale à souhait, un traffic d'influences entre abstrait et concret...permettant d'opérer dans la 3ème voie.
A savoir la "mort du vieil homme", passé dans le châs de l'aiguille évangélique.

La première "apparition" du Christ ressuscité, à Marie Madeleine, lui valu d'etre pris pour un "jardinier"... ça me rappelle un poème taoiste flirtant avec le non-sens comme Lewis Carroll avec Alice :

"Si un jour j'avais un tout petit verger,
je planterais côte à côte
des prunes bleues
et des prunes vertes".

Cordialement
aliboron.

aliboron
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