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Le Seigneur des Anneaux

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Le Seigneur des Anneaux Empty Le Seigneur des Anneaux

Message  Le Marcheur Ven 27 Aoû 2010, 21:20

Gandalf combat le démon

J'ai hésité à poster ce sujet dans le fil consacré aux CheminCroisé dragons, parce que le monstre du film "Le Seigneur des Anneaux" n'est pas un dragon "classique", mais une entité tellurique désignée par Tolkien comme un "balrog". Pourtant, le balrog pourrait, symboliquement, sans trop forcer, représenter une réalité similaire. Alors que le dragon évoque tantôt le feu, tantôt l'air selon qu'il est ailé ou non, le balrog est un être de feu. Ce feu est associé aux forces chtoniennes, aux laves volcaniques, à la chaleur centrale de la terre, au feu dévorant.

Ce balrog est une menace : durant le film, le spectateur est peu à peu informé du risque que courent les héros à vouloir traverser les incommensurablement profondes mines de la Moria; la tension monte donc, jusqu'à la rencontre avec le monstre terrifiant et destructeur. Visiter les mines, dont la traversée est indispensable pour poursuivre la quête, c'est une allusion au CheminCroisé V.I.T.R.I.O.L. : "Visite l'intérieur de la terre…"

Cette "descente aux enfers" qui n'est pas sans rappeler la Divine Comédie, de Dante, est aussi (et surtout) une allusion à une des étapes du processus initiatique : la descente en soi-même pour y combattre ses démons, et les peurs qu'ils font naître en relation avec la dissolution de l'égo. C'est ce combat que va mener Gandalf-le-Gris, un vieux sage, savant, un peu fantasque sur les bords, un peu guérisseur, un peu druide aussi : un connaisseur des anciennes traditions oubliées.

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Gandalf-le-Gris

Lorsque survient le balrog dont la fureur enflammée menace le groupe de héros, Gandalf-le-Gris, fait face, seul, et affronte l'entité, sous les yeux de ses compagnons qu'il exhorte à fuir.

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Gandalf : "Je suis un serviteur du feu secret, détenteur de la flamme d'Anor !
Le feu sombre ne vous servira à rien, flamme D'Udûn! Repartez dans l'ombre!
"


Le combat tourne à l'avantage de Gandalf-le-Gris, et le balrog est précipité dans des abîmes plus insondables encore. Mais - allégoriquement parlant - c'est sans compter sur la capacité qu'a l'égo de laisser croire qu'on l'a dominé pour mieux asseoir sa propre domination : bien qu'en train de chuter vers le fond, le balrog déploie une longue lanière fulgurante qui agrippe Gandalf-le-Gris par une cheville et l'entraîne à sa suite.

Gandalf sombre dans des précipices sans fond à la suite du balrog.
Surgie miraculeusement d'on ne sait où, une longue épée virevolte à portée de main : Gandalf s'en saisit pour continuer à combattre le monstre.

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Et le combat dure, dure, dure, dure…
A travers le roc, jusque dans les eaux souterraines (allusion au fleuve des enfers le plus connu, le Styx ?), puis à travers les airs, sur terre et dans les montagnes…

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Gandalf : "Je combattis le Balrog… jusqu'à ce qu'enfin je pus jeter à bas mon ennemi qui alla se briser sur le flanc de la montagne."


Mais la victoire ne laisse pas Gandalf indemne. Son corps meurtri, laissé pour mort, ne fait plus obstacle à l'expansion de sa conscience :

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Gandalf : "Les ténèbres m'entourèrent, et je pus m'égarer en dehors de la pensée et du temps."

Nous sommes toujours là au cœur de l'expérience initiatique (quasi-mort >>> résurrection), de type NDE qui permet d'accéder à d'autres perceptions non bridées par l'identitaire. Débarrassés des artéfacts qui permettent à l'égo de nous faire croire que nous sommes des individualités séparées du Tout, nous sommes capables de transcender bien des barrières illusoires.

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Gandalf : "Les étoiles tournaient au-dessus de moi, et chaque jour était aussi long qu'une existence sur la terre."

L'expérience n'a qu'un temps. Gandalf en sort transformé. Il réintègre son organisme, mais transfiguré : il rayonne d'une éblouissante lumière, trace physique de son expérience. Là, l'allusion au corps de gloire est plus qu'évidente.

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Gandalf : "Mais ce n'était pas la fin. Je sentis la vie revenir en moi.
Je fus renvoyé, jusqu'à ce que ma tâche fut accomplie.
"


Le processus initiatique est achevé. Revenu dans le monde "ordinaire", le héros retrouve peu à peu la mémoire de son passé, mais s'appelle désormais... Gandalf-le-Blanc !

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Les illustrations proviennent de deux des trois films inspirés de l'œuvre
de John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) "Le Seigneur des Anneaux" :
"Les deux tours", et "Le retour du roi" (2003 – New Line Productions)
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Message  Chèvre Mar 01 Fév 2011, 13:53

Marcheur, en appendice à ton analyse de ce passage crucial du Seigneur des Anneaux... je me permets d'ajouter une donnée linguistique :

c'est dans les mines de la Moria, tu l'as dit, que débute cet affrontement. Le nom même de "Moria" est pour les nains qui accompagnent la troupe un mot terrifiant... synonyme de peste, de fléau... « Le Fléau de Durin ! » : tel est le nom que les nains donnent au Balrog de la Moria.

Or Moria est un terme grec archaïque (noté μορ−yα : le y, ou yod, existait encore en mycénien, mais il a disparu lors de l’évolution de la langue, ne laissant aucune trace dans l’écriture alphabétique ; il permet cependant d’expliquer la formation de nombreux mots et formes grecs).

Ce terme est devenu μοιρα en grec ancien (attique), autrement dit la Moire, le sort, la part réservée à chacun. Les Μοιραι , ce sont les Destinées, en Grèce ; l’équivalent des Parques romaines. La troisième Moire est Atropos (Ἄτροπος , « l'Implacable », celle qui 'coupe le fil'). C'est de ce mot Moria que vient notre mot Mort.

Une résonance mythologique, donc, du mot Moria, que cet archi-spécialiste des langues qu’était John Ronald Reuel Tolkien (Beren, pour les intimes…) ne pouvait ignorer…




Un extrait de Wikipedia sur les Moires ( source Wikipedia )

Leur ascendance est confuse : la Théogonie se contredit elle-même en citant Nyx seule au vers 217 (comme dans l’Hymne orphique qui leur est consacré et les Euménides d'Eschyle), mais Zeus et Thémis plus loin (v. 904, repris par le pseudo-Apollodore). Cet attachement à Nyx se retrouve d'ailleurs chez les auteurs latins (dans la Préface d'Hygin et chez Cicéron), qui citent Érèbe pour père. D'autres traditions existent, qui toutes les rattachent à des divinités primordiales (Ouranos et Gaïa d'après des fragments de Lycophron et d'Athénée, ou Chaos chez Quintus de Smyrne). Quant au poète crétois Épiménide, il les suppose, dans une tradition isolée, nées de Cronos et d'Évonymé et sœurs à la fois d'Aphrodite et des Euménides.
Dans sa République enfin, Platon en fait les filles d'Ananké (la Nécessité), mais cela relève sans doute plus d'une interprétation philosophique.

Elles ne sont citées qu'une seule fois sous le nom collectif de Moĩrai dans l’Iliade (XXIV, 49), mais sont également désignées sous le nom d’αἶσα / aisa dans un autre passage (XX, 127). Cependant au même chant XXIV (v. 209), le terme Μοῖρα / Moĩra est employé au singulier pour désigner une déesse unique. L’Odyssée (VII, 196) associe quant à elle aisa et κλῶθές / klỗthés, « fileuses » ; ce dernier terme est une référence probable aux Moires, même si cette épithète ne se rencontre nulle part ailleurs. Toujours dans l'Odyssée, il semble que le rôle de fileuses du destin ne leur soit pas réservé : Zeus (IV, 207) ou même les dieux tous ensemble (I, 17-18) peuvent être impliqués. De manière générale, si le terme de moïra (« destinée ») est très présent dans les épopées homériques, celle-ci n'est que rarement personnifiée sous des traits divins.
Leur nom apparaît pour la première fois chez Hésiode, qui dénombre trois Moires « qui dispensent aux hommes et les biens et les maux1 » :
Clotho (Κλωθώ / Klôthố, « la Fileuse ») ;
Lachésis (Λάχεσις / Lákhesis, « la Répartitrice », enroule le fil) ;
Atropos (Ἄτροπος, « l'Implacable », coupe le fil).




Sur un autre site, ceci :

Les Moires

Par Demetra Georges ©, traduction & adaptation Moryane

Extrait du livre « Mysteries of the dark moon »

Pour les Grecs, la Destinée était le sort que connaissait chaque humain et était personnifiée par les trois Filles les plus puissantes de Nyx, Déesse de la Nuit Primordiale, les Moires.

Dans sa forme « unique », la Déesse du Destin était appelée Moïra mais dans sa triple forme, les trois Sœurs, les Moires, sont connues sous le nom de Klotho (Celle qui file, qui tisse la destinée), Lachesis (Celle qui mesure, qui équilibre) et Atropos (Celle qui coupe – le fil de la vie).

Le nom Moïra signifie « part » et fait référence aux trois parts de la Lune et au concept que la vie humaine contient trois périodes distinctes. En tant que symbole lunaire, les trois Moires correspondent aux trois phases de la Lune, aux trois saisons de l’année (printemps, été & hiver) ainsi qu’aux trois stades de la vie humaine.

En tant que Tisseuses des destinées, ces trois Déesses tissent le fil de la tapisserie de nos vies. Ce sont Elles qui décident de la longueur du fil. Klotho tire le fil de la vie, qu’Elle tend ensuite à Lachesis qui, Elle, mesure le fil et assigne une Destinée à chacun. Atropos, l’Inévitable – Celle qui ne peut être détournée – est Celle qui coupe le fil de toute vie au moment de la mort. Comme la destinée de chacun est tissée, elle est irrévocable et ne peut être altérée. La longueur de la vie et le temps de la mort sont une part du motif tissé par les Moires. Même Zeus, le Dieu Suprême du Ciel, ne peut rien contre leur décret.

Les Déesses de la Destinée sont une trinité plus vieille que le temps. À Athènes, l’archaïque Grande Déesse de l’amour Aphrodite était appelée « la plus ancienne des Moires ». Robert Graves fait remarquer qu’Aphrodite Urania était la Déesse Nymphe à qui l’on sacrifiait le Roi sacré au solstice d’été dans les temps anciens. Des hymnes funéraires grecs, abandonnant le mort aux soins d’Aphrodite, sont connus sous le nom de Moirologhia, invocation aux Destinés.

Dans les poèmes plus tardifs, les Moires sont dépeintes comme des femmes sévères, inexorables, vieilles et hideuses, vêtues de noir et quelques fois assises aux pieds d’Hadès. Pourtant, les images les plus anciennes les décrivent habitant des sphères célestes, vêtues de robes aux motifs d’étoiles et portant des couronnes sur leur tête, elles sont assises sur des trônes radiant de lumière. Orpheus chantait les Moires comme vivant près d’une source d’eau blanche jaillissant dans une grotte. L’image de la lumière lunaire indiquant leur nature lunaire.

La fonction des Destinés étaient de voir à ce que l’ordre naturel des choses soit respecté. Elles siégeaient dans les assemblées des Dieux et possédaient le don de la prophétie. Elles étaient grandement honorées en Grèce et en Italie avec des offrandes de fleurs et de miel, parfois quelques agnelles leur étaient sacrifiées. À Rome et à Sparte, elles avaient des temples et des autels.

Comme la phase sombre de la Lune, qui est symbole de transition entre la mort et la naissance, la grande triade des Moires était associée avec les trois moments décisifs d’une vie – le début et la fin, naissance et mort, en passant par le mariage, sa 3ème grande saison.

Accompagnant Ilithye, Déesse de la Naissance, les Moires vont au berceau de chaque nouveau-né pour déterminer le destin de l’enfant et répartir sur sa vie leurs lots de bien et de mal. Le folklore et les contes de fées parlent des offrandes faites aux bonnes fées en faveur de l’enfant. Quand une personne se mariait, les Destinées étaient invoquées afin que l’union soit heureuse ; et lorsque la fin de la vie approchait, les Moires venaient en couper le fil.

Un individu qui tentait de changer son destin était puni pour avoir essayer d’outrepasser les limites déterminées par les Moires. Mépriser le destin ou avoir une arrogance excessive et fière envers les Dieux c’était provoquer la colère de Némésis, qui punissait justement les crimes de cette nature.
Une des quelques très rares exceptions fut Apollon, alors jeune Dieu, qui mena les Moires à l’ivresse tour à tour pour sauver la vie de son ami Admetus. La plupart du temps, il est dit que même Zeus craint les Destinées qui agissent fréquemment contre sa volonté. Il est impuissant face à Elles et Il est lié par leurs décisions. Le pouvoir des Moires est plus ancien que Zeus. Leur existence ancienne est une part de l’ordre véritable de l’Univers lui-même.

Les poètes les plus tardifs nomment Zeus « Maître des Destinées » lorsqu’Il assume la souveraineté suprême, mesurant lui-même la vie des hommes, informant les Moires de ses décisions et sauvegardant ce qu’Il lui plait. Pour que Zeus assimile les pouvoirs des Destinées, les Moires deviennent ses filles, nées de son union avec Thémis qui est le principe de la loi, de l’ordre et de la justice dans le monde. Une autre version de ce mythe fait des Moires des gardiennes du mariage venues bénir l’union de Zeus et de Thémis.

De nombreuses cultures ont en commun la notion que la vie est un fil sacré que font tourner une trinité de Déesses qui sont les Tisseuses du Destin. Dans la littérature anglo-saxonne, le destin est une toile tissée. En latin « destino » (destinée) signifie « tissé, fixé par des fils, lié ». Le destin est obligé à se produire, tout comme les sorts des Femmes Fées sont irrévocables. Les trinités du Destin reflètent la triade Vierge, Mère et Ancienne, qui dirige le passé, le présent et le futur, et symbolise les aspects de création, préservation et destruction de la Grande Déesse.

Les couleurs des Destinés sont le blanc, le rouge et le noir. Les mystiques Indiens appellent le fil de la vie « gunas » ou « brin ». Le blanc pur de la Vierge est « sattva », le rouge royal de la Mère est « rajas » et le noir funèbre de la Vieille est « tamas ». Ces couleurs symbolisent le progrès de la vie dans la nature, de la lumière aux ténèbres.

La grecque Moïra était connue des Romains sous le nom de Fortuna, chez les Scandinaves c’était les Nornes qui filaient la Destinée, pour les Anglo-saxons Wyrd et pour les Celtes Morrigan. À Rome, la Déesse Fortuna contrôlait la destinée de chaque commencement humain, ce n’est que plus tard que son rôle a dégénéré en Dame Chance à la roue de fortune invoquée pour les jeux de hasard. Dans les croyances scandinaves, les trois sœurs connues sous le nom des Nornes (Urd, Verdandi et Skuld) siègent au pied de l’Arbre du Monde et sont les Destinées qui dirigent chaque vie. Elles sont les plus puissantes de toutes les Déités et personne, pas même les Dieux, ne peut aller contre leurs décisions


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Message  FreedomForKingKong Dim 02 Oct 2011, 21:06

Bonsoir,

Le film est certes intéressant mais je conseillerai plutôt de lire les livres et de s'immerger en auto-hypnose dans l'univers magique de Tolkien, la progression au fil des pages permet une approche bien meilleure des thèmes que par l'image.
(bon, c'est sûrement un lieu commun des rapports livre / film, mais bon ...)
Plus jeune, j'ai dû lire cette trilogie au moins trois fois.
(sans compter Bilbo le hobbit, très bien pour les enfants)
Un pur régal.

Ce que j'ai lu écrit par Le marcheur, sur le parcours initiatique de Gandalf m'a beaucoup intéressé.
Mais attention, à l'opposé de Gandalf qui devient "le blanc", il y a aussi la déchéance de Saroumane, "l'ancien blanc" qui de son piédestal finit comme un clochard il me semble me souvenir, hum, ça remonte à quelques années ...
C'est un texte très riche, on peut y trouver tellement de choses diverses ! Studieux

Un chef d’œuvre de littérature ! Daccord
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