Le pèlerinage de Compostelle
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Charly Alverda
Logos
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Le pèlerinage de Compostelle
Source : http://merelle.net/notes/compostelle.php
Le pèlerinage de Compostelle, allégorie de l'individuation
Invitation au voyage
Le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle remonte au X° siècle. La grande époque s'étend sur les XI° et XII° siècles. Durant un millénaire, les chemins de Saint Jacques de Compostelle ont été des grands lieux de passage et d'échange, ils sont imprégnés de toute notre culture. Deux autres routes sacrées, dans le monde chrétien, valaient toutes sortes de bénédictions et d'indulgences à quiconque les parcourait : c'était celle de Rome qui menait au tombeau de Saint Pierre, son symbole était une croix et c'était celle de Jérusalem qui menait au Saint Sépulcre du Christ, son symbole était les palmes qui saluèrent le Christ quand il entra dans la ville.
Un pèlerinage peut être abordé de différentes manières et chacun l'aborde avec la culture qui est la sienne, et avec sa propre problématique religieuse, sportive, culturelle, psychologique ou mystique. Mais un pèlerinage, c'est d'abord une quête, une aventure intérieure et personnelle. Chaque étape du chemin, comme chaque fait de l'existence, revêt une valeur initiatique qu'il importe de découvrir. Le pèlerinage est une épreuve de détachement - d'arrachement de la quotidienneté - qu'il importe de vivre en tant que telle, de manière à trouver un nouvel équilibre de vie, mieux, un nouvel art de vivre. C'est également, en ce sens, du fait de tout ce que l'on abandonne, un rite de purification. Et ce dont on se purifie, c'est essentiellement de la banalité qui étouffe la conscience sous les routines. L'illumination et la révélation sont la récompense promise au terme du voyage. Le pèlerin revenant de Compostelle est souvent représenté avec un livre ouvert, symbole de la connaissance révélée. C'est le troisième aspect du pèlerinage : la conquête d'un état nouveau.
Notre pèlerinage part du Puy en Velay, célèbre par sa Vierge noire, forme christianisée de l'ancienne déesse Isis qui parcourut toute la Terre à la recherche des débris du corps de son frère et époux Osiris. Isis est l'initiatrice, celle qui détient le secret de la vie, de la mort et de la résurrection ; la croix ansée est le symbole de sa puissance. Isis nous invite à rechercher, au cours de notre pérégrination, les vestiges d'une connaissance perdue ou voilée et à en réaliser une synthèse vivante. C'est à un éveil de conscience que nous sommes invités. La symbolique de la Vierge noire est identique : c'est la terre avant sa fécondation, celle qui doit enfanter, la mère des dieux. La Vierge noire désigne la terre primitive, la materia prima, celle que l'artiste alchimiste doit choisir pour sujet de son grand ouvrage, c'est-à-dire sa propre transmutation.
La Vierge est souvent représentée nimbée d'étoiles. Et l'étoile, c'est le sens de Compostelle : le champ de l'étoile ou encore celui qui a reçu ou qui possède l'étoile. Le chemin de Compostelle est appelé la "voie lactée" ou encore la route étoilée.
L'étoile, c'est le signe qui annonce la naissance du 'Sauveur' et montre le chemin jusqu'à lui, signe à prendre pour nous au sens figuré de signe annonciateur et prometteur d'une nouvelle naissance, d'une régénération. Le 'Sauveur' est le symbole de la conscience nouvelle, de l'Homme total. Jacques le Majeur, Saint Jacques ou Maître Jacques, est un disciple du Sauveur, il ne le quitte pas ; avec la calebasse, le bourdon bénit et la coquille, il possède les attributs nécessaires à l'enseignement caché des pèlerins du Grand Oeuvre. C'est le porteur de l'Esprit, le Pèlerin dans la Nature. Pour nous, c'est le guide intérieur et personnel qu'il importe de découvrir sur notre sentier. C'est l'intermédiaire qui peut rendre intelligible la révélation du silence. Il est ce témoin immobile qui, en chacun de nous, regarde notre nature agir. C'est l'état intérieur dans lequel on peut se situer pour regarder le mental opérer.
L'objet du pèlerinage est donc clairement annoncé : "Conscience et Régénération".
C'est la première étape alchimique. Tous les alchimistes à leur début, dit-on, doivent en passer par là. Il leur faut accomplir, avec la calebasse pour viatique, le bourdon pour guide et la mérelle pour enseigne, ce long et dangereux parcours de régénération. Au figuré du moins, car c'est un voyage symbolique et celui qui veut en profiter ne doit pas quitter son laboratoire. Il lui faut veiller sans trêve sur le vase, la matière et le feu. Il doit, jour et nuit, demeurer sur la brèche. Pour l'alchimiste, Compostelle, cité emblématique, n'est point située en terre espagnole, mais dans la terre même du sujet philosophique, c'est la préparation initiale et délicate de la matière première. Route longue et fatigante par laquelle "le potentiel devient actuel et l'occulte manifeste" ! En arrivant à Compostelle la coquille, portée au chapeau, se transforme en astre éclatant, en auréole de lumière, car le premier but de transformation de la conscience est atteint. L'Adepte sait lire le Grand Livre de la Nature.
Les attributs de Saint Jacques et du pèlerin de Compostelle, avons-nous dit, sont au nombre de 3 : la calebasse, le bâton et la coquille.
La calebasse, qui renferme le breuvage du pérégrinant, est le signe de la purification par l'eau ; pour l'alchimiste, c'est l'image des vertus dissolvantes du mercure.
Le bâton, ou bourdon, symbolise l'endurance et le dépouillement. Il soutient la marche sur ce chemin rude et pénible ; mais c'est également une arme utile sur ce chemin plein d'imprévu et de danger. C'est une arme magique capable de mettre en oeuvre les forces vitales. Lorsqu'il devient sceptre enfin, c'est un symbole de souveraineté, de puissance et de commandement, c'est l'axe du monde.
La coquille Saint-Jacques ou Mérelle de Compostelle est le symbole le plus connu. Elle est portée mystiquement par tous ceux qui entreprennent le travail et cherchent à obtenir l'étoile. On rencontre fréquemment dans les églises de grandes coquilles qui contiennent l'eau bénite. Mérelle signifie mère de la lumière. Elle sert à désigner le principe Mercure, appelé encore Voyageur ou Pèlerin, ou encore "l'eau benoîte" des Philosophes.
Pour conclure ces quelques explications, nous retiendrons que le Chemin de Saint Jacques de Compostelle est celui de la quête de l'intériorité. Il part de chacun de nous, tel que nous sommes - notre matière première - et nous conduit de dépouillement en dépouillement, de révélation en révélation, jusqu'à notre centre, source d'une vie nouvelle. Un guide intérieur nous accompagne dans ce voyage, il est symbolisé par Saint Jacques.
Se mettre à l'écoute de sa propre voix intérieure, donner vie à sa propre Présence, c'est déjà, sur la Terre, cheminer dans l'immortalité.
Le pèlerinage de Compostelle, allégorie de l'individuation
Invitation au voyage
Le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle remonte au X° siècle. La grande époque s'étend sur les XI° et XII° siècles. Durant un millénaire, les chemins de Saint Jacques de Compostelle ont été des grands lieux de passage et d'échange, ils sont imprégnés de toute notre culture. Deux autres routes sacrées, dans le monde chrétien, valaient toutes sortes de bénédictions et d'indulgences à quiconque les parcourait : c'était celle de Rome qui menait au tombeau de Saint Pierre, son symbole était une croix et c'était celle de Jérusalem qui menait au Saint Sépulcre du Christ, son symbole était les palmes qui saluèrent le Christ quand il entra dans la ville.
Un pèlerinage peut être abordé de différentes manières et chacun l'aborde avec la culture qui est la sienne, et avec sa propre problématique religieuse, sportive, culturelle, psychologique ou mystique. Mais un pèlerinage, c'est d'abord une quête, une aventure intérieure et personnelle. Chaque étape du chemin, comme chaque fait de l'existence, revêt une valeur initiatique qu'il importe de découvrir. Le pèlerinage est une épreuve de détachement - d'arrachement de la quotidienneté - qu'il importe de vivre en tant que telle, de manière à trouver un nouvel équilibre de vie, mieux, un nouvel art de vivre. C'est également, en ce sens, du fait de tout ce que l'on abandonne, un rite de purification. Et ce dont on se purifie, c'est essentiellement de la banalité qui étouffe la conscience sous les routines. L'illumination et la révélation sont la récompense promise au terme du voyage. Le pèlerin revenant de Compostelle est souvent représenté avec un livre ouvert, symbole de la connaissance révélée. C'est le troisième aspect du pèlerinage : la conquête d'un état nouveau.
Notre pèlerinage part du Puy en Velay, célèbre par sa Vierge noire, forme christianisée de l'ancienne déesse Isis qui parcourut toute la Terre à la recherche des débris du corps de son frère et époux Osiris. Isis est l'initiatrice, celle qui détient le secret de la vie, de la mort et de la résurrection ; la croix ansée est le symbole de sa puissance. Isis nous invite à rechercher, au cours de notre pérégrination, les vestiges d'une connaissance perdue ou voilée et à en réaliser une synthèse vivante. C'est à un éveil de conscience que nous sommes invités. La symbolique de la Vierge noire est identique : c'est la terre avant sa fécondation, celle qui doit enfanter, la mère des dieux. La Vierge noire désigne la terre primitive, la materia prima, celle que l'artiste alchimiste doit choisir pour sujet de son grand ouvrage, c'est-à-dire sa propre transmutation.
La Vierge est souvent représentée nimbée d'étoiles. Et l'étoile, c'est le sens de Compostelle : le champ de l'étoile ou encore celui qui a reçu ou qui possède l'étoile. Le chemin de Compostelle est appelé la "voie lactée" ou encore la route étoilée.
L'étoile, c'est le signe qui annonce la naissance du 'Sauveur' et montre le chemin jusqu'à lui, signe à prendre pour nous au sens figuré de signe annonciateur et prometteur d'une nouvelle naissance, d'une régénération. Le 'Sauveur' est le symbole de la conscience nouvelle, de l'Homme total. Jacques le Majeur, Saint Jacques ou Maître Jacques, est un disciple du Sauveur, il ne le quitte pas ; avec la calebasse, le bourdon bénit et la coquille, il possède les attributs nécessaires à l'enseignement caché des pèlerins du Grand Oeuvre. C'est le porteur de l'Esprit, le Pèlerin dans la Nature. Pour nous, c'est le guide intérieur et personnel qu'il importe de découvrir sur notre sentier. C'est l'intermédiaire qui peut rendre intelligible la révélation du silence. Il est ce témoin immobile qui, en chacun de nous, regarde notre nature agir. C'est l'état intérieur dans lequel on peut se situer pour regarder le mental opérer.
L'objet du pèlerinage est donc clairement annoncé : "Conscience et Régénération".
C'est la première étape alchimique. Tous les alchimistes à leur début, dit-on, doivent en passer par là. Il leur faut accomplir, avec la calebasse pour viatique, le bourdon pour guide et la mérelle pour enseigne, ce long et dangereux parcours de régénération. Au figuré du moins, car c'est un voyage symbolique et celui qui veut en profiter ne doit pas quitter son laboratoire. Il lui faut veiller sans trêve sur le vase, la matière et le feu. Il doit, jour et nuit, demeurer sur la brèche. Pour l'alchimiste, Compostelle, cité emblématique, n'est point située en terre espagnole, mais dans la terre même du sujet philosophique, c'est la préparation initiale et délicate de la matière première. Route longue et fatigante par laquelle "le potentiel devient actuel et l'occulte manifeste" ! En arrivant à Compostelle la coquille, portée au chapeau, se transforme en astre éclatant, en auréole de lumière, car le premier but de transformation de la conscience est atteint. L'Adepte sait lire le Grand Livre de la Nature.
Les attributs de Saint Jacques et du pèlerin de Compostelle, avons-nous dit, sont au nombre de 3 : la calebasse, le bâton et la coquille.
La calebasse, qui renferme le breuvage du pérégrinant, est le signe de la purification par l'eau ; pour l'alchimiste, c'est l'image des vertus dissolvantes du mercure.
Le bâton, ou bourdon, symbolise l'endurance et le dépouillement. Il soutient la marche sur ce chemin rude et pénible ; mais c'est également une arme utile sur ce chemin plein d'imprévu et de danger. C'est une arme magique capable de mettre en oeuvre les forces vitales. Lorsqu'il devient sceptre enfin, c'est un symbole de souveraineté, de puissance et de commandement, c'est l'axe du monde.
La coquille Saint-Jacques ou Mérelle de Compostelle est le symbole le plus connu. Elle est portée mystiquement par tous ceux qui entreprennent le travail et cherchent à obtenir l'étoile. On rencontre fréquemment dans les églises de grandes coquilles qui contiennent l'eau bénite. Mérelle signifie mère de la lumière. Elle sert à désigner le principe Mercure, appelé encore Voyageur ou Pèlerin, ou encore "l'eau benoîte" des Philosophes.
Pour conclure ces quelques explications, nous retiendrons que le Chemin de Saint Jacques de Compostelle est celui de la quête de l'intériorité. Il part de chacun de nous, tel que nous sommes - notre matière première - et nous conduit de dépouillement en dépouillement, de révélation en révélation, jusqu'à notre centre, source d'une vie nouvelle. Un guide intérieur nous accompagne dans ce voyage, il est symbolisé par Saint Jacques.
Se mettre à l'écoute de sa propre voix intérieure, donner vie à sa propre Présence, c'est déjà, sur la Terre, cheminer dans l'immortalité.
Logos- Nombre de messages : 551
Date d'inscription : 23/12/2009
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Bonjour
Très belle évocation, Logos, du mythe de Saint Jacques “pourtraitisé” en guide intérieur, et la phrase conclusive sonne très agréablement aux oreilles : “ Se mettre à l'écoute de sa propre voix intérieure, donner vie à sa propre Présence, c'est déjà, sur la Terre, cheminer dans l'immortalité.” La voie est la voix, voila TOUT.
Dommage cependant que l’auteur se soit cru obligé (certes brièvement) d’y inclure une approche jungienne d’une alchimie qui me semble fortement fulcanellienne (ref : le laboratoire) !
Je me suis rendu à l’accueil de ce site pour voir l’étendue des dégâts, je ne connais pas la psychologie jungienne, mais j’espère qu’elle n’est pas ce qu’on veut nous faire croire ici : Billet d’humeur n° 29 - 10 février 2007
L’expérience du Soi :
http://merelle.net/accueil/
Remontons sur notre "cavale" favorite ! L’égo cache le Soi qui est le seul conscient et ne contient pas la moindre ombre. C’est seulement le mental, support de l’égo, qui porte sur ces manifestations du Soi l’ombre et la lumière et toutes les couleurs intermédiaires par l'ignorance due à sa peur de disparaître.
Il est absolument impossible d’ “ Établir le dialogue entre le Moi et le Soi”, n’ayant aucun point de liaison, le “moi” ne connaissant que des états de rêve appelés “états de conscience” et le Soi - conscience sans objet - étant la source de tous ces “états”, attendant sans aucun “état d’âme” que l’égo se calme pour le laisser apparaître.
Il ne peut y avoir de compétition entre deux "protagonistes". C’est la pensée, dualisante par nature, qui crée l’illusion d’un sujet connu et d’un objet à connaître, d’un pélerin et d’un but de pélerinage, mais sujet et objet ne sont que les deux moitiés de cette pensée matrice de l’espace/temps à laquelle nous nous identifions.
La conclusion de l’auteur de ce “billet” est bien évidemment aussi dépourvue de sens (elle n’en connaît que cinq !) :
“ Et, … progressivement, … ce qui vient, c’est qu’on découvre que, bien plus qu’un concept limite, le Soi est une expérience, une expérience très sensible, une expérience empreinte de numinosité. Ainsi va l’aventure, et … finalement … une marche en avant se produit.”
Non ! En aucun cas, “on” peut faire l’expérience du Soi, mais seuls ceux qui en ont fait (véritablement) la non-expérience peuvent “voir” cela, hélas !
Saint Jacques de Compostelle ou Jérusalem (célestes tous deux), est une belle image de l’arrêt de la dé-marche, l’arrêt des illusions, dues à l’avidité générée par la peur de la mort.
Le billet suivant sur le “concept limite” du Soi, est beaucoup plus intéressant :
“ Pour Jung, « devenir conscient » signifie « devenir entier ». Le soi objectif ne prend tout son sens que dans l’accomplissement du moi sujet.”
C’est en effet lorsque le mental abandonne, par fatigue, par désespoir, l’idée d’un but, que le Soi se révèle “le miracle d’une seule chose” qui les produit toutes, y compris ce que nous appelions "nous-même" avec toutes ses illusions et ses peurs.
“Cheminer dans l’immortalité” n’est qu’une image poétique pointant vers la réalité, car il n’y a nul chemin à parcourir puisque personne pour le faire.
Cordialement,
C...a
Très belle évocation, Logos, du mythe de Saint Jacques “pourtraitisé” en guide intérieur, et la phrase conclusive sonne très agréablement aux oreilles : “ Se mettre à l'écoute de sa propre voix intérieure, donner vie à sa propre Présence, c'est déjà, sur la Terre, cheminer dans l'immortalité.” La voie est la voix, voila TOUT.
Dommage cependant que l’auteur se soit cru obligé (certes brièvement) d’y inclure une approche jungienne d’une alchimie qui me semble fortement fulcanellienne (ref : le laboratoire) !
Je me suis rendu à l’accueil de ce site pour voir l’étendue des dégâts, je ne connais pas la psychologie jungienne, mais j’espère qu’elle n’est pas ce qu’on veut nous faire croire ici : Billet d’humeur n° 29 - 10 février 2007
L’expérience du Soi :
http://merelle.net/accueil/
Remontons sur notre "cavale" favorite ! L’égo cache le Soi qui est le seul conscient et ne contient pas la moindre ombre. C’est seulement le mental, support de l’égo, qui porte sur ces manifestations du Soi l’ombre et la lumière et toutes les couleurs intermédiaires par l'ignorance due à sa peur de disparaître.
Il est absolument impossible d’ “ Établir le dialogue entre le Moi et le Soi”, n’ayant aucun point de liaison, le “moi” ne connaissant que des états de rêve appelés “états de conscience” et le Soi - conscience sans objet - étant la source de tous ces “états”, attendant sans aucun “état d’âme” que l’égo se calme pour le laisser apparaître.
Il ne peut y avoir de compétition entre deux "protagonistes". C’est la pensée, dualisante par nature, qui crée l’illusion d’un sujet connu et d’un objet à connaître, d’un pélerin et d’un but de pélerinage, mais sujet et objet ne sont que les deux moitiés de cette pensée matrice de l’espace/temps à laquelle nous nous identifions.
La conclusion de l’auteur de ce “billet” est bien évidemment aussi dépourvue de sens (elle n’en connaît que cinq !) :
“ Et, … progressivement, … ce qui vient, c’est qu’on découvre que, bien plus qu’un concept limite, le Soi est une expérience, une expérience très sensible, une expérience empreinte de numinosité. Ainsi va l’aventure, et … finalement … une marche en avant se produit.”
Non ! En aucun cas, “on” peut faire l’expérience du Soi, mais seuls ceux qui en ont fait (véritablement) la non-expérience peuvent “voir” cela, hélas !
Saint Jacques de Compostelle ou Jérusalem (célestes tous deux), est une belle image de l’arrêt de la dé-marche, l’arrêt des illusions, dues à l’avidité générée par la peur de la mort.
Le billet suivant sur le “concept limite” du Soi, est beaucoup plus intéressant :
“ Pour Jung, « devenir conscient » signifie « devenir entier ». Le soi objectif ne prend tout son sens que dans l’accomplissement du moi sujet.”
C’est en effet lorsque le mental abandonne, par fatigue, par désespoir, l’idée d’un but, que le Soi se révèle “le miracle d’une seule chose” qui les produit toutes, y compris ce que nous appelions "nous-même" avec toutes ses illusions et ses peurs.
“Cheminer dans l’immortalité” n’est qu’une image poétique pointant vers la réalité, car il n’y a nul chemin à parcourir puisque personne pour le faire.
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Merci Logos et Charly
A propos de Compostelle et d'Alchimie, Bernard Roger écrit (dans 'Paris et l'Alchimie'), que Raymond Lulle fit le pèlerinage de la Vierge Noire de Rocamadour vers I265, puis, peu après, celui de Compostelle.
Bernard Roger :
[...]Il n'est pas interdit [...]d'essayer d'expliquer en partie la formation du "mythe lullien". En effet le récit de la vie de Raymond Lulle, dans sa version la plus orthodoxe, ferait très bonne figure parmi les traités acroamatiques d'alchimie. Comme le "sujet" du Grand Oeuvre, Raymond est d'origine noble, mais, libertin et débauché, il est vil et méprisable, jusqu'au moment de sa conversion provoquée - ici la légende aide un peu l'histoire - par la vue d'un sein en putréfaction. Il va dès lors consacrer sa vie à suivre la voie du Christ; Christos qui équivaut à Chrysos : "l'or des sages". Il fait le pélerinage de la Vierge Noire de Rocamadour, puis celui de Saint-Jacques-de-Compostelle dont le nom associe celui de Iacchos ou Bacchos, Dionysos ou le "Mercure des Sages", à celui de l'"étoile du compost", compos stella : "qui a obtenu l'étoile". Il sera désormais le voyageur qui porte la "parole", c'est à dire la lumière destinée à éclairer les "infidèles", dans la "guerre sainte" qu'il entend mener contre les ténèbres de la matière.
(page 64)
Puis quelques pages plus loin, à propos de Nicolas Flamel :
Dans les Demeures philosophales, Fulcanelli a longuement interprété le soi-disant "pèlerinage" de Flamel à Saint-Jacques-de-Compostelle, établissant que c'était en fait un récit allégorique couvrant la description voilée d'une phase de l'oeuvre. Rappelons que ce récit est en relation avec l'"ouverture du livre", puisque c'est à l'issue de son voyage que le "pèlerin" réussit à comprendre le sens du texte et des figures contenues dans ce "volume" qui jusqu'alors se trouvait pour lui totalement fermé. Le livre fermé étant l'image de la matière brute et le livre ouvert celle de la matière "préparée", le "voyage" effectué par l'alchimiste comme les événements qui l'accompagnent constituent une représentation dramatisée de l'opération préliminaire, au terme de laquelle est obtenue la vraie matière première, point de départ du travail proprement alchimique. Il s'agit en effet, pour Flamel, de découvrir le "premier agent" dont le livre "ne parloit point".
La Vierge Noire de Rocamadour, "Nostre Dame debsous Terre", que Ramon Lul visita avant Compostelle, n'évoque-t-elle pas la matière brute? "Visita Interiora Terrae..."
Et puisque le livre d'Abraham juif, "Livre doré, fort vieux et beaucoup large" qui tomba entre les mains de Flamel "pour la somme de deux florins" comportait, selon Vicot, 3 fois 7 pages, il n'est pas interdit non plus d'évoquer un autre livre d'images de 3 fois 7 pages (+ 1, comme un joker...) : le Tarot. Et d'en comparer la deuxième feuille avec ces symboles libriformes de la matière, brute ou préparée.
Car la Papesse, deuxième atout, très sainte femme et cependant féconde, se tient assise: trois points parmi d'autres qui la rapprochent de la Vierge Noire et de la Matière brute.
Cependant, le livre qu'elle tient sur les genoux est ouvert, ce qui, comme le rappelle Bernard Roger, évoque la matière préparée.
La Papesse évoque bien à la fois ces deux 'aspects' de la matière; et reliant ces deux 'états' : LE MAT, comme toujours... comme toujours partout à la fois... seule carte en marche du tarot, et, dans ce contexte: Maistre Jacques, et véritable pèlerin de Compost-Elle.
A propos de Compostelle et d'Alchimie, Bernard Roger écrit (dans 'Paris et l'Alchimie'), que Raymond Lulle fit le pèlerinage de la Vierge Noire de Rocamadour vers I265, puis, peu après, celui de Compostelle.
Bernard Roger :
[...]Il n'est pas interdit [...]d'essayer d'expliquer en partie la formation du "mythe lullien". En effet le récit de la vie de Raymond Lulle, dans sa version la plus orthodoxe, ferait très bonne figure parmi les traités acroamatiques d'alchimie. Comme le "sujet" du Grand Oeuvre, Raymond est d'origine noble, mais, libertin et débauché, il est vil et méprisable, jusqu'au moment de sa conversion provoquée - ici la légende aide un peu l'histoire - par la vue d'un sein en putréfaction. Il va dès lors consacrer sa vie à suivre la voie du Christ; Christos qui équivaut à Chrysos : "l'or des sages". Il fait le pélerinage de la Vierge Noire de Rocamadour, puis celui de Saint-Jacques-de-Compostelle dont le nom associe celui de Iacchos ou Bacchos, Dionysos ou le "Mercure des Sages", à celui de l'"étoile du compost", compos stella : "qui a obtenu l'étoile". Il sera désormais le voyageur qui porte la "parole", c'est à dire la lumière destinée à éclairer les "infidèles", dans la "guerre sainte" qu'il entend mener contre les ténèbres de la matière.
(page 64)
Puis quelques pages plus loin, à propos de Nicolas Flamel :
Dans les Demeures philosophales, Fulcanelli a longuement interprété le soi-disant "pèlerinage" de Flamel à Saint-Jacques-de-Compostelle, établissant que c'était en fait un récit allégorique couvrant la description voilée d'une phase de l'oeuvre. Rappelons que ce récit est en relation avec l'"ouverture du livre", puisque c'est à l'issue de son voyage que le "pèlerin" réussit à comprendre le sens du texte et des figures contenues dans ce "volume" qui jusqu'alors se trouvait pour lui totalement fermé. Le livre fermé étant l'image de la matière brute et le livre ouvert celle de la matière "préparée", le "voyage" effectué par l'alchimiste comme les événements qui l'accompagnent constituent une représentation dramatisée de l'opération préliminaire, au terme de laquelle est obtenue la vraie matière première, point de départ du travail proprement alchimique. Il s'agit en effet, pour Flamel, de découvrir le "premier agent" dont le livre "ne parloit point".
La Vierge Noire de Rocamadour, "Nostre Dame debsous Terre", que Ramon Lul visita avant Compostelle, n'évoque-t-elle pas la matière brute? "Visita Interiora Terrae..."
Et puisque le livre d'Abraham juif, "Livre doré, fort vieux et beaucoup large" qui tomba entre les mains de Flamel "pour la somme de deux florins" comportait, selon Vicot, 3 fois 7 pages, il n'est pas interdit non plus d'évoquer un autre livre d'images de 3 fois 7 pages (+ 1, comme un joker...) : le Tarot. Et d'en comparer la deuxième feuille avec ces symboles libriformes de la matière, brute ou préparée.
Car la Papesse, deuxième atout, très sainte femme et cependant féconde, se tient assise: trois points parmi d'autres qui la rapprochent de la Vierge Noire et de la Matière brute.
Cependant, le livre qu'elle tient sur les genoux est ouvert, ce qui, comme le rappelle Bernard Roger, évoque la matière préparée.
La Papesse évoque bien à la fois ces deux 'aspects' de la matière; et reliant ces deux 'états' : LE MAT, comme toujours... comme toujours partout à la fois... seule carte en marche du tarot, et, dans ce contexte: Maistre Jacques, et véritable pèlerin de Compost-Elle.
Chèvre- Nombre de messages : 350
Date d'inscription : 06/06/2009
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Bonjour à tous. Dans "Les Demeures Philosophales", partie "L' Homme des Bois, héraut mystique de Thiers", j'ai retrouvé le passage où Fulcanelli décrit le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il considère ce récit comme une allégorie.
L'Homme des Bois : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Thiers_-_l%27Homme_des_Bois_-_JPG1.jpg
Maison de l'Homme des bois à Thiers : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/eb/Thiers_-_l%27Homme_des_Bois_-_JPG0.jpgLe Pèlerin, notre voyageur, sans aucun doute, a longtemps cheminé ; pourtant, son sourire dit assez combien il est joyeux et satisfait d’avoir accompli son voeu. Car la besace vide, le bourdon sans calebasse indiquent que ce digne fils de l’Auvergne n’a plus désormais à se préoccuper du boire et du manger. Par surcroît la coquille fixée au chapeau, insigne spécial de pèlerins de Saint-Jacques, prouve qu’il nous revient tout droit de Compostelle. il rapporte, l’infatigable piéton, le livre ouvert, — ce livre orné de belles images que Flamel ne savait expliquer, — qu’une révélation mystérieuse lui permet à présent de traduire et de mettre en action. Ce livre, bien qu’il soit fort commun, que chacun le puisse aisément acquérir, ne peut cependant être ouvert, c’est-à-dire compris, sans révélation préalable. Dieu seul, par l’intercession de « monsieur saint Jacques » accorde seulement à ceux qu’il en juge dignes le trait de lumière indispensable. C’est le livre de l’Apocalypse, aux feuillets fermés de sept sceaux, le livre initiatique que nous présentent les personnages chargés d’exposer les hautes vérités de la science. Saint Jacques, disciple du Sauveur, ne le quitte point ; avec la calebasse, le bourdon bénit et la coquille, il possède les attributs nécessaires à l’enseignement caché des pèlerins du Grand Oeuvre. C’est là le premier secret, celui que les philosophes ne révèlent point et qu’ils réservent sous l’expression énigmatique du Chemin de Saint-Jacques.
l'Homme des Bois représenté sur la maison construite au XVème siècle.
Ce pèlerinage, tous les alchimistes sont obligés de l’entreprendre. Au figuré du moins, car c’est là un voyage symbolique, et celui qui désire en tirer profit ne peut, fût-ce un seul instant, quitter le laboratoire. Il lui faut veiller sans trêve le vase, la matière et le feu. Il doit, jour et nuit, demeurer sur la brèche. Compostelle, cité emblématique, n’est point située en terre espagnole, mais dans la terre même du sujet philosophique. Chemin rude, pénible, plein d’imprévu et de danger. Route longue et fatigante que celle par laquelle le potentiel devient actuel et l’occulte manifeste ! C’est cette opération délicate de la première matière, ou mercure commun, que les sages ont voilée sous l’allégorie du pèlerinage de Compostelle.
Notre mercure, nous croyons l’avoir dit, est ce pèlerin, ce voyageur auquel Michel Maïer a consacré l’un de ses meilleurs traités. Or, en utilisant la voie sèche, représentée par le chemin terrestre que suit, au départ, notre pérégrin, on parvient à exalter peu à peu la vertu diffuse et latente, transformant en activité ce qui n’était qu’en puissance. L’opération est achevée lorsque paraît à la surface une étoile brillante, formée de rayons émanant d’un centre unique, prototype des grandes roses de nos cathédrales gothiques. C’est là le signe certain que le pèlerin est parvenu heureusement au terme de son premier voyage. Il a reçu la bénédiction mystique de saint Jacques, confirmée par l’empreinte lumineuse qui rayonnait, dit-on, au dessus du tombeau de l’apôtre. L’humble et commune coquille qu’il portait au chapeau s’est changée en astre éclatant, en auréole de lumière. Matière pure, dont l’étoile hermétique consacre la perfection : c’est maintenant notre compost, l’eau bénite de Compostelle (lat. Compos, qui a reçu, possède, — stella, l’étoile), et l’albâtre des sages (albastrum, contraction de alabastrum, étoile blanche). C’est aussi le vase aux parfums, le vase d’albâtre et le bouton naissant de la fleur de sapience, rosa hermetica.
De Compostelle, le retour peut s’effectuer soit par la même voie, suivant un itinéraire différent, soit par la voie humide ou maritime, la seule que les auteurs indiquent dans leurs ouvrages. En ce cas, le pèlerin, choisissant la route maritime, s’embarque sous la conduite d’un pilote expert médiateur éprouvé, capable d’assurer la sauvegarde du vaisseau durant toute la traversée. Tel est le rôle ingrat qu’assume le Pilote de l’onde vive, car la mer est semée d’écueils et les tempêtes y sont fréquentes.
Ces suggestions aident à comprendre l’erreur dans laquelle quantité d’occultistes sont tombés, en prenant le sens littéral de récits purement allégoriques, écrits avec l’intention d’enseigner aux uns ce qu’il fallait cacher aux autres. Albert Poisson lui-même s’est laissé prendre au stratagème. Il a cru que Nicolas Flamel, quittant sa dame Perrenelle, sa femme, son école et ses enluminures, avait réellement accompli, à pied et par la route ibérique, le vœu formé devant l’autel de Saint-Jacques-la-Boucherie, sa paroisse. Or, nous certifions, — et l’on peut avoir confiance en notre sincérité, — que jamais Flamel ne sortit de la cave où ardaient ses fourneaux. Celui qui sait ce qu’est le bourdon, la calebasse et la mérelle du chapeau de saint Jacques, sait aussi que nous disons la vérité. En se substituant aux matériaux et en prenant modèle sur l’agent interne, le grand Adepte observait les règles de la discipline philosophique et suivait l’exemple de ses prédécesseurs. Raymond Lulle nous dit qu’il fit, en 1267, aussitôt après sa conversion et à l’âge de trente-deux ans, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Tous les maîtres ont donc employé l’allégorie ; et ces relations imaginaires, que les profanes prendraient pour des réalités ou des contes ridicules, selon le sens des versions, sont précisément celles où la vérité s’affirme avec le plus de clarté.
L'Homme des Bois : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Thiers_-_l%27Homme_des_Bois_-_JPG1.jpg
Nelly Foulcat- Nombre de messages : 108
Date d'inscription : 03/10/2008
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Bonsoir,
Je suis très intéressé par ce sujet ayant commencé ce pèlerinage l'année dernière.
Je suis parti du Puy en Velay jusqu'à Cahors et je suis rentré il y a quelque jours de la continuation qui m'a emmené de Cahors à Saint Jean Pied de Port.
Malgré beaucoup d'aspect très positifs (éloignement du quotidien, rencontres, la nature, la prière, le silence, l'effort, même la douleur ressentie comme positive ...) le sentiment qui domine est la frustration de ne pas pouvoir aller au bout par manque de temps.
Chaque fois j'ai marché deux semaines et certains témoignages ont évoqué l'idée que les notions d'espace et de temps devenaient différentes après trois semaines de marches, ce que je compte bien expérimenter.
J'espère donc faire la partie espagnole en une fois (plus d'un mois de marche).
La vie comme un long et unique pèlerinage qui mène à Dieu.
J'ai plusieurs livre en cours et il me faudra un peu de temps mais je pense que je reparlerai de Compostelle une fois que j'aurai fini "Les Jacques et le mystère de Compostelle" de Louis Charpentier qui semble indiquer que "cet antique chemin était aussi celui des druides".
Je suis très intéressé par ce sujet ayant commencé ce pèlerinage l'année dernière.
Je suis parti du Puy en Velay jusqu'à Cahors et je suis rentré il y a quelque jours de la continuation qui m'a emmené de Cahors à Saint Jean Pied de Port.
Malgré beaucoup d'aspect très positifs (éloignement du quotidien, rencontres, la nature, la prière, le silence, l'effort, même la douleur ressentie comme positive ...) le sentiment qui domine est la frustration de ne pas pouvoir aller au bout par manque de temps.
Chaque fois j'ai marché deux semaines et certains témoignages ont évoqué l'idée que les notions d'espace et de temps devenaient différentes après trois semaines de marches, ce que je compte bien expérimenter.
J'espère donc faire la partie espagnole en une fois (plus d'un mois de marche).
La vie comme un long et unique pèlerinage qui mène à Dieu.
J'ai plusieurs livre en cours et il me faudra un peu de temps mais je pense que je reparlerai de Compostelle une fois que j'aurai fini "Les Jacques et le mystère de Compostelle" de Louis Charpentier qui semble indiquer que "cet antique chemin était aussi celui des druides".
FreedomForKingKong- Nombre de messages : 109
Age : 46
Date d'inscription : 21/09/2011
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Bonjour FreedomForKingKong,
Bienvenue, et merci pour ce partage. Je te souhaite d'un jour prochain trouver le temps pour réaliser cette expérience de cheminement sur un sacré sentier de grande randonnée.
On raconte que ce n'est pas arriver à destination qui compte le plus, mais bien le cheminement lui-même, celui par lequel on entre en contact avec la Nature et... Soi-même. J'ignore si cette marche prolongée te permettra de percevoir autrement les notions d'espace et de temps, mais ce n'est pas impossible, eu égard à l'expérience rapportée de la part de ceux qui se sont impliqués intensément dans des tâches répétitives et physiquement astreignantes.
Malgré l'aspect profondément intime de cette démarche, j'espère que tu pourras nous relater tes impressions vécues lors de ce cheminement.
Bienvenue, et merci pour ce partage. Je te souhaite d'un jour prochain trouver le temps pour réaliser cette expérience de cheminement sur un sacré sentier de grande randonnée.
On raconte que ce n'est pas arriver à destination qui compte le plus, mais bien le cheminement lui-même, celui par lequel on entre en contact avec la Nature et... Soi-même. J'ignore si cette marche prolongée te permettra de percevoir autrement les notions d'espace et de temps, mais ce n'est pas impossible, eu égard à l'expérience rapportée de la part de ceux qui se sont impliqués intensément dans des tâches répétitives et physiquement astreignantes.
Malgré l'aspect profondément intime de cette démarche, j'espère que tu pourras nous relater tes impressions vécues lors de ce cheminement.
Calcédoine- Admin
- Nombre de messages : 325
Date d'inscription : 02/04/2008
Expérience vécue
Bonjour,
Calcédoine a écrit:
Bon, j'ai commencé par faire une longue réponse bien détaillée, façon carnet de voyage, mais après tout, où est l'intérêt ?
Je me suis souvenu que je m'étais abstenu de lire l'expérience d'autres personnes avant de le débuter, de la même manière, je ne veux pas influencer une possible expérience future d'un membre ici sur ce qu'on peut y vivre au quotidien.
Je me contenterait de dire que sur le chemin il y a une sorte "d'esprit du pèlerin" qui fait qu'en général l'ambiance est bonne et ce qui est appréciable est qu'on peut rencontrer aussi des étrangers de provenance très diverse.
Voici une vidéo qui m'a influencée sur mon choix de faire ce pèlerinage :
(plutôt contemplative, beaucoup d'images, assez peu de commentaires)
Je me contenterai donc de partager mon expérience personnelle au niveau spirituel, elle n'engage que moi (et elle sera sûrement maladroite), je ferai aussi court que possible.
D'abord, d'après ce que j'y ai entendu, le chemin agit sur les gens de façon très diverse, certains ne font que profiter du paysage et continuent leur vie "normalement", mais pour une minorité, une fois rentrés, ils réorganisent leur vie entièrement.
J'ai ainsi pu discuter avec une personne qui possède un gîte sur le trajet du GR qui a fait le chemin et qui a quitté son travail bien payé d'antiquaire, son mari et ses enfants pour ouvrir ce gîte.
Entre ces deux extrêmes, il y a bien des expériences plus ou moins riches, plus ou moins radicales, je vous invite à la tenter.
Pour peu qu'on en fasse la démarche d'une recherche, on trouve sur le chemin surtout une partie de ce que l'on porte déjà en soi (plus ou moins connue) qui évolue et se transforme au fil des pas, si vous en faites l'expérience elle sera sûrement très différente de ce que je vais décrire, je suppose.
Pour ma part, parti seul, au bout de quelques jours (pour des raisons physiques, on est mieux à son rythme, mais aussi spirituelles, plus libre de penser) j'ai préféré laisser mon camarade trouvé sur le chemin et profiter des bienfaits du mélange de la solitude, de la nature et du silence.
Je prie assez peu de manière générale, j'y ai trouvé une capacité de prière dont je m'ignorais capable.
"La méditation marchée", un principe des moines zen, je l'estime excellente pour l'esprit.
L'effort, le dépassement de la fatigue, l'indifférence pour le poids du sac, le dépassement de soi, que du positif il me semble au final.
On m'a parlé de la variante de Roccamadour, autrefois empruntée par les pèlerins, maintenant délaissée par le tracé du GR 65.
J'ai pris la décision de suivre cette variante (deux jours de marche pour y arriver, deux jours pour retrouver le GR 65, le tout sur un autre tracé).
Seul sur le chemin, je n'ai croisé aucun pèlerin.
J'y ai ressenti comme un appel, j'avais les mots inscrits sur la crédential qui résonnaient en moi : "Viens et suis moi" ...
Je n'avais plus envie que ça s'arrête, une intense volonté de marcher jusqu'à Compostelle et refaire le trajet retour à pied comme les pèlerins du Moyen-Age est apparue en moi.
Problème : je n'avais que trois semaines de vacances.
La paix que j'avais ressentie m'a quittée, me laissant tourmenté, ne sachant que décider.
J'ai été très près de quitter mon travail (j'ai eu le doigt sur la touche du téléphone), j'ai préféré prendre le temps de la réflexion, comme ma réflexion ne m'apportait pas de réponse, j'ai cherché à rencontrer un prêtre à Roccamadour (site magnifique au demeurant) pas moyen ...
En désespoir de cause, j'ai allumé le plus gros cierge disponible dans le sanctuaire et j'ai demandé un signe.
En déambulant dans les lieux, j'ai trouvé un petit présentoir un peu à l'écart et j'y ai lu ces mots : "écoute ce que le Père Kolbe à a te dire".
J'ai compris en lisant ses lignes que quitter mon travail serait de l’égoïsme, laissant une désorganisation complète, mais que je devais tenter de suivre le Christ plutôt dans ma vie, quitte à reprendre le pèlerinage plus tard.
Réfléchir sur ma vie m'a, entre autre, poussé à demander, au retour, un changement de poste dont je n'ai depuis qu'à me féliciter malgré les difficultés inhérentes au changement.
Ça c'était l'année dernière.
Entre les deux, j'ai commencé à moins prier au début de l'année, à avoir des difficultés avec la pratique, au point même de faire d'autres projets que celui de continuer le pèlerinage.
Finalement, j'ai recommencé à marcher vers Compostelle cette année, encore limité à deux semaines, et je n'ai ressenti que de la paix sur le chemin.
Depuis que je suis revenu, c'est comme si j'avais encore été relancé pour la prière et la pratique.
Rien de notable cette année, à part une meilleure ambiance, des pèlerins que je vais peut-être revoir, une vision de l'esprit du chemin plus précise, et une rencontre furtive avec "L'alchimiste de Navarrenx".
Si vous lisez mes messages, vous avez peut-être noté des citations que j'ai trouvées chez lui.
Il en a laissé d'autres au long du GR à disposition pour la réflexion des pèlerins.
Vous l'aurez compris, cette rencontre est en grande partie responsable de ma présence ici (j'avais découvert "Le message retrouvé" avant de commencer le pèlerinage) , même si le peu de moment de dialogue échangé n'a pas porté sur l'alchimie, c'est plus l'exemple qu'il m'a montré ...
Bon, hum ... voilà, en espérant qu'en me lisant vous ayez eu envie vous aussi de vivre cette expérience par vous-même.
PS : J'avais décidé de faire court, désolé, finalement, en me relisant c'est plutôt long !
Quand on commence à parler de ce qu'on aime, on ne s'arrête plus; voici quelques citations portant sur le pèlerinage pour conclure :
"La démarche de pèlerin revêt une grande importance.
Le pèlerinage symbolise notre vie.
Il signifie que vous ne voulez pas vous installer, que vous résistez à tout ce qui tend à émousser vos énergies, à étouffer vos questions, à fermer votre horizon.
Il s'agit de se mettre en route en acceptant le défi des intempéries, d'affronter les obstacles – et d'abord ceux de notre fragilité – , de persévérer jusqu'au bout."
Jean Paul II pape et pèlerin
"Bonnes gens, écoutez-moi tous ! Croyez-vous éternels vos chemins quotidiens ? Ce que vous possédez vous possède.
Détachez-vous des choses et d'abord de vous-même. Découvrez les rudes chemins de l'Amour sans mesure. Soyez libres enfin pour aimer envers et contre tout ! Dieu est Amour ! "
St Benoît-Joseph Labre
"Le voyage à pied est une ouverture au monde qui invite à l'humilité et à la saisie avide de l'instant."
[Philippe Montillier]
Calcédoine a écrit:
"Malgré l'aspect profondément intime de cette démarche, j'espère que tu pourras nous relater tes impressions vécues lors de ce cheminement."
Bon, j'ai commencé par faire une longue réponse bien détaillée, façon carnet de voyage, mais après tout, où est l'intérêt ?
Je me suis souvenu que je m'étais abstenu de lire l'expérience d'autres personnes avant de le débuter, de la même manière, je ne veux pas influencer une possible expérience future d'un membre ici sur ce qu'on peut y vivre au quotidien.
Je me contenterait de dire que sur le chemin il y a une sorte "d'esprit du pèlerin" qui fait qu'en général l'ambiance est bonne et ce qui est appréciable est qu'on peut rencontrer aussi des étrangers de provenance très diverse.
Voici une vidéo qui m'a influencée sur mon choix de faire ce pèlerinage :
(plutôt contemplative, beaucoup d'images, assez peu de commentaires)
Je me contenterai donc de partager mon expérience personnelle au niveau spirituel, elle n'engage que moi (et elle sera sûrement maladroite), je ferai aussi court que possible.
D'abord, d'après ce que j'y ai entendu, le chemin agit sur les gens de façon très diverse, certains ne font que profiter du paysage et continuent leur vie "normalement", mais pour une minorité, une fois rentrés, ils réorganisent leur vie entièrement.
J'ai ainsi pu discuter avec une personne qui possède un gîte sur le trajet du GR qui a fait le chemin et qui a quitté son travail bien payé d'antiquaire, son mari et ses enfants pour ouvrir ce gîte.
Entre ces deux extrêmes, il y a bien des expériences plus ou moins riches, plus ou moins radicales, je vous invite à la tenter.
Pour peu qu'on en fasse la démarche d'une recherche, on trouve sur le chemin surtout une partie de ce que l'on porte déjà en soi (plus ou moins connue) qui évolue et se transforme au fil des pas, si vous en faites l'expérience elle sera sûrement très différente de ce que je vais décrire, je suppose.
Pour ma part, parti seul, au bout de quelques jours (pour des raisons physiques, on est mieux à son rythme, mais aussi spirituelles, plus libre de penser) j'ai préféré laisser mon camarade trouvé sur le chemin et profiter des bienfaits du mélange de la solitude, de la nature et du silence.
Je prie assez peu de manière générale, j'y ai trouvé une capacité de prière dont je m'ignorais capable.
"La méditation marchée", un principe des moines zen, je l'estime excellente pour l'esprit.
L'effort, le dépassement de la fatigue, l'indifférence pour le poids du sac, le dépassement de soi, que du positif il me semble au final.
On m'a parlé de la variante de Roccamadour, autrefois empruntée par les pèlerins, maintenant délaissée par le tracé du GR 65.
J'ai pris la décision de suivre cette variante (deux jours de marche pour y arriver, deux jours pour retrouver le GR 65, le tout sur un autre tracé).
Seul sur le chemin, je n'ai croisé aucun pèlerin.
J'y ai ressenti comme un appel, j'avais les mots inscrits sur la crédential qui résonnaient en moi : "Viens et suis moi" ...
Je n'avais plus envie que ça s'arrête, une intense volonté de marcher jusqu'à Compostelle et refaire le trajet retour à pied comme les pèlerins du Moyen-Age est apparue en moi.
Problème : je n'avais que trois semaines de vacances.
La paix que j'avais ressentie m'a quittée, me laissant tourmenté, ne sachant que décider.
J'ai été très près de quitter mon travail (j'ai eu le doigt sur la touche du téléphone), j'ai préféré prendre le temps de la réflexion, comme ma réflexion ne m'apportait pas de réponse, j'ai cherché à rencontrer un prêtre à Roccamadour (site magnifique au demeurant) pas moyen ...
En désespoir de cause, j'ai allumé le plus gros cierge disponible dans le sanctuaire et j'ai demandé un signe.
En déambulant dans les lieux, j'ai trouvé un petit présentoir un peu à l'écart et j'y ai lu ces mots : "écoute ce que le Père Kolbe à a te dire".
J'ai compris en lisant ses lignes que quitter mon travail serait de l’égoïsme, laissant une désorganisation complète, mais que je devais tenter de suivre le Christ plutôt dans ma vie, quitte à reprendre le pèlerinage plus tard.
Réfléchir sur ma vie m'a, entre autre, poussé à demander, au retour, un changement de poste dont je n'ai depuis qu'à me féliciter malgré les difficultés inhérentes au changement.
Ça c'était l'année dernière.
Entre les deux, j'ai commencé à moins prier au début de l'année, à avoir des difficultés avec la pratique, au point même de faire d'autres projets que celui de continuer le pèlerinage.
Finalement, j'ai recommencé à marcher vers Compostelle cette année, encore limité à deux semaines, et je n'ai ressenti que de la paix sur le chemin.
Depuis que je suis revenu, c'est comme si j'avais encore été relancé pour la prière et la pratique.
Rien de notable cette année, à part une meilleure ambiance, des pèlerins que je vais peut-être revoir, une vision de l'esprit du chemin plus précise, et une rencontre furtive avec "L'alchimiste de Navarrenx".
Si vous lisez mes messages, vous avez peut-être noté des citations que j'ai trouvées chez lui.
Il en a laissé d'autres au long du GR à disposition pour la réflexion des pèlerins.
Vous l'aurez compris, cette rencontre est en grande partie responsable de ma présence ici (j'avais découvert "Le message retrouvé" avant de commencer le pèlerinage) , même si le peu de moment de dialogue échangé n'a pas porté sur l'alchimie, c'est plus l'exemple qu'il m'a montré ...
Bon, hum ... voilà, en espérant qu'en me lisant vous ayez eu envie vous aussi de vivre cette expérience par vous-même.
PS : J'avais décidé de faire court, désolé, finalement, en me relisant c'est plutôt long !
Quand on commence à parler de ce qu'on aime, on ne s'arrête plus; voici quelques citations portant sur le pèlerinage pour conclure :
"La démarche de pèlerin revêt une grande importance.
Le pèlerinage symbolise notre vie.
Il signifie que vous ne voulez pas vous installer, que vous résistez à tout ce qui tend à émousser vos énergies, à étouffer vos questions, à fermer votre horizon.
Il s'agit de se mettre en route en acceptant le défi des intempéries, d'affronter les obstacles – et d'abord ceux de notre fragilité – , de persévérer jusqu'au bout."
Jean Paul II pape et pèlerin
"Bonnes gens, écoutez-moi tous ! Croyez-vous éternels vos chemins quotidiens ? Ce que vous possédez vous possède.
Détachez-vous des choses et d'abord de vous-même. Découvrez les rudes chemins de l'Amour sans mesure. Soyez libres enfin pour aimer envers et contre tout ! Dieu est Amour ! "
St Benoît-Joseph Labre
"Le voyage à pied est une ouverture au monde qui invite à l'humilité et à la saisie avide de l'instant."
[Philippe Montillier]
Dernière édition par FreedomForKingKong le Dim 02 Oct 2011, 19:47, édité 1 fois
FreedomForKingKong- Nombre de messages : 109
Age : 46
Date d'inscription : 21/09/2011
Re: Le pèlerinage de Compostelle
Merci pour ce partage, FreedomForKingKong.
Tu as bien perçu que ma demande était relative au ressenti et au vécu spirituel relatif à ce pèlerinage, et non pas les aspects matériels tels que l'itinéraire, la météo, la cuisine locale ou les cors aux pieds.
Je trouve formidable d'avoir vécu une telle expérience "avec ses pieds". J'ai déjà rencontré des pèlerins qui ont fait le trajet à cheval (c'est parfois presque aussi dur, bien que les douleurs se situent ailleurs), d'autres qui l'ont fait en groupe (spirituellement, c'est moins une rencontre avec soi-même), ou qui l'ont fait dans un esprit sportif (sans intérêt ici). Certains, en fonction de leur peu de disponibilité, optent pour un tronçon différent chaque année. Par contre, d'autres effectuent un "voyage à Compostelle" statique, purement intérieur. Ainsi parle-t-on du voyage mythique à Compostelle de Nicolas Flamel (lui-même partiellement mythique) : une démarche spirituelle équivalente, symboliquement analogique, aussi riche en termes d'évolution mais sans déplacement dans l'espace.
Ton expérience t'a mené sur ces chemins arides, j'espère que les lecteurs du forum trouveront eux aussi le GR qui leur convient, le leur propre.
Tu as bien perçu que ma demande était relative au ressenti et au vécu spirituel relatif à ce pèlerinage, et non pas les aspects matériels tels que l'itinéraire, la météo, la cuisine locale ou les cors aux pieds.
Je trouve formidable d'avoir vécu une telle expérience "avec ses pieds". J'ai déjà rencontré des pèlerins qui ont fait le trajet à cheval (c'est parfois presque aussi dur, bien que les douleurs se situent ailleurs), d'autres qui l'ont fait en groupe (spirituellement, c'est moins une rencontre avec soi-même), ou qui l'ont fait dans un esprit sportif (sans intérêt ici). Certains, en fonction de leur peu de disponibilité, optent pour un tronçon différent chaque année. Par contre, d'autres effectuent un "voyage à Compostelle" statique, purement intérieur. Ainsi parle-t-on du voyage mythique à Compostelle de Nicolas Flamel (lui-même partiellement mythique) : une démarche spirituelle équivalente, symboliquement analogique, aussi riche en termes d'évolution mais sans déplacement dans l'espace.
Ton expérience t'a mené sur ces chemins arides, j'espère que les lecteurs du forum trouveront eux aussi le GR qui leur convient, le leur propre.
Calcédoine- Admin
- Nombre de messages : 325
Date d'inscription : 02/04/2008
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