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(Al)chimie métallique

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Message  Montaléchel Sam 18 Juin 2011, 11:27

Qu'entend-t-on par "métallique" ?

Certains alchimistes emploient beaucoup ce mot, mais la réponse à la question est vaste. D'une part parce que les alchimistes usent beaucoup d'analogies (c'est leur manière à eux d'être didactiques, à cause de la difficulté à exprimer certains concepts), et d'autre part parce que la signification du mot métallique a évolué au cours des siècles.

Tout le monde connaît quelques métaux usuels, qui sont soit des corps simples (fer, cuivre, étain, zinc, plomb, aluminium, argent, or, nickel…), soit des alliages (acier, bronze, laiton, titane, maillechort…). L'idée générale qu'on s'en fait est qu'il s'agit de corps denses et lourds, résistants, réfléchissant la lumière. Pour les voitures, ne parle-t-on pas de "peinture métallisée" pour évoquer une qualité de brillant ? Pourtant, tout ce qui brille n'est pas or, et seules les pies voleuses s'emparent de n'importe quel objet chatoyant !
LangueDesOiseaux1 'Pie voleuse' se réfère à la fois à ce qui est volatil(e) et au pillage : les 'souffleurs' ne sont pas loin !

De nos jours, la caractéristique métallique d'un corps chimique se définit par sa capacité à céder facilement des électrons, donc à servir de conducteur électrique. On est là assez loin de l'idée habituelle qu'on se fait d'un métal, puisque si tout le monde connaît l'usage du fil de cuivre en électricité, peu de gens savent que les trois quarts des éléments chimiques ont une caractéristique métallique dans les conditions ordinaires. Certains corps plus que d'autres, bien entendu; quelques-uns étant même tellement peu métalliques qu'ils sont utilisés comme isolants électriques (verre, caoutchouc, laine, plastiques…). C'est pourquoi les chimistes classent les corps simples du tableau de Mendeleïev en trois groupes : les métaux, les non-métaux, et, entre les deux, les métalloïdes.

Néanmoins, dans certaines conditions, des corps réputés non métalliques peuvent le devenir ! Ainsi, savez-vous que l'hydrogène – qui est le corps le plus simple et le plus abondant dans l'univers – que nous connaissons à l'état gazeux pour gonfler les ballonnets d'enfants, peut devenir métallique à très basse température et sous une forte pression ? "Tout est relatif", disait Einstein; c'est vrai aussi en chimie moderne ! En conséquence, on pourrait presque résumer en disant que tous les corps sont métalliques, dans une proportion variant de 0% à 100%, selon les cas et les circonstances.

C'est là une vision occidentale moderne de ce qu'est un métal. Dans la mentalité d'un alchimiste, et particulièrement d'un alchimiste des temps anciens, disons d'il y a 5 siècles, ce mot recouvrait une autre signification, sans rapport avec l'électricité. En théorie, du moins, car il s'agit bien d'une capacité énergétique associée aux éléments, mais vue sous un aspect autre que l'électricité. A cette époque-là, il y a 500 ans, le mot 'électron' était connu (depuis l'antiquité grecque), de même que le magnétisme, mais la matière n'était pas perçue selon la représentation de l'atome imaginée au 19ème siècle, à savoir un noyau composé de protons et de neutrons autour duquel gravitent des électrons, dont certains (les plus éloignés du centre) peuvent avoir la bougeotte et générer de l'électricité ou de l'électromagnétisme.

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Mais alors, qu'est donc un corps métallique pour les alchimistes, si l'énergie qu'il contient n'est pas en rapport avec l'électricité ?

Voici une approche de réponse, par élimination, proposée sur le site
@ http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/ASavoret/Poemes/artdered.html
Elle est extraite d'un article intitulé "L'ALCHIMIE, ART DE LA REDEMPTION", paru dans la revue "Le Charivari" (n°16, 1972), et je présume pouvoir l'attribuer à André Savoret :
Pour une telle transformation, un agent dynamique et mystérieux, qui reçut bien des noms, est indispensable, c'est même sa connaissance et son emploi judicieux qui sont requis absolument pour toute opération réellement alchimique. En ce qui concerne l'alchimie spirituelle, il n'y a aucun inconvénient à le nommer : là, cet agent est l'Amour et sa source intarissable est le Verbe, dans sa fonction de Rédempteur, il en va autrement s'il s'agit d'alchimie métallique. En ce domaine, les alchimistes sont excessivement discrets. Aucune des énergies utilisées par les chimistes (y compris l'énergie nucléaire) ne peut lui être substituée.

Cette Eau Ardente, cette Manne Rorante, n'est ni un alcool, ni un acide, ni l'électricité ou le fluide nerveux, comme le conjecturaient occultistes ou magistes du dernier siècle. Ce qui prouve, soit dit en passant, le fossé qui sépare ces trois disciplines. Evidemment, ce n'est pas davantage l'algue appelée Nostoch et, moins encore, la rosée de mai, simple image analogique, laquelle m'abusa pendant les longues années où, m'imaginant "faire de l'alchimie", je ne faisais que de la fort médiocre chimie.

Je dirai seulement que son utilisation aboutit à une résurrection, à une "nouvelle naissance" dans l'ordre minéral ou dans l'ordre physiologique. J'ajouterai que le moindre laboratoire de chimie fourmille d'instruments compliqués et coûteux et regorge d'innombrables produits. Il faut avoir franchi le seuil d'un laboratoire alchimique pour savourer pleinement le contraste : quelques récipients et instruments très simples, un modeste fourneau pour la coction et une douzaine de corps minéraux. Comme l'a écrit le grand alchimiste et mystique chrétien d'Eckhartshausen: "avec les moyens les plus simples peuvent être provoquées les réalisations les plus admirables".
Voilà au moins de quoi nous indiquer ce qui n'est pas métallique pour un alchimiste !
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Message  loup Sam 18 Juin 2011, 14:19

bj, pour ce qui me concerne, lorsque j'emploie le terme oeuvre "métallique", cela correspond à la "transmutation", ou changement d'état, d'un métal en un autre métal. Et pour ce faire, on détourne l'oeuvre Alchimique de son but, l'homme, et on fait le "travail " de "souffleur" (feu violent) pour aller vers un autre but. Donc, pour moi, deux oeuvres différentes ayant une base commune. Et comme l'esprit de la matière est détruit à plus ou moins 50°, ce n'est plus de l'Alchimie, pour moi... Je parlerais plus volontiers d'Agriculture céleste, car cela est plus proche de ce qui est appelé la "spagyrie "... Telle est ma voie et la vision que j'en ai; ma voie est dite "solaire"...

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Message  Chèvre Sam 18 Juin 2011, 14:30

salut Monty, loup
loup a écrit:et pour ce faire, on détourne l'oeuvre Alchimique de son but, l'homme
Au sujet de l'analogie homme / métal, je me permets de signaler l'anagramme METAL // LE MAT

(Al)chimie métallique 100906095209777136699628
LE MAT du Tarot dit "de Nicolas CONVER", I760, édition Camoin de 1960

Seule carte véritablement mobile, 'en marche', du Tarot, CheminCroisé LE MAT est souvent considéré comme celle qui les 'synthétise' toutes.
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Message  Charly Alverda Sam 18 Juin 2011, 17:50

Bonjour,

Chèvre a écrit:Seule carte véritablement mobile, 'en marche', du Tarot, LE MAT...
Sans parler de la mobilité de CheminCroisé la XIII, le CheminCroisé Valet de Coupes compte pour du beurre ? Sourire

“Qui a trouvé le saint calice?
Qui a ouvert le vase scellé?
Qui a regardé dans le secret?
Qui a bu à la source?
Qui est tombé dans le ciel?
Qui est mort dans la vie?
Qui est ressuscité dans l'amour?
Qui est établi dans la connaissance?
Qui repose dans la paix du Parfait?
Qui est devenu UN avec celui qui EST?”
.
(Message Retrouvé, de Louis Cattiaux)


Cordialement,

C...a

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Message  Henri Schersch Sam 18 Juin 2011, 20:58

Bonjour.
loup a écrit:pour ce qui me concerne, lorsque j'emploie le terme oeuvre "métallique", cela correspond à la "transmutation", ou changement d'état, d'un métal en un autre métal.
Si je comprends bien ce que dit loup, le mot "métallique" ne se référerait pas à une caractéristique des matières employées, mais l'alchimie métallique s'appellerait ainsi parce qu'elle s'applique à un corps métallique pour le transmuter en un autre corps métallique. L'expression "alchimie métallique" décrirait donc le domaine d'application. Voilà qui est intéressant.

Malheureusement, cela ne nous aide pas à comprendre ce que les anciens voulaient signifier en parlant du caractère métallique d'une substance.

Quelqu'un a-t-il une idée ? Idée !
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Message  Charly Alverda Dim 19 Juin 2011, 01:13

Bonjour,

Henri a écrit:“le mot "métallique" ne se référerait pas à une caractéristique des matières employées, mais l'alchimie métallique s'appellerait ainsi parce qu'elle s'applique à un corps métallique pour le transmuter en un autre corps métallique. L'expression "alchimie métallique" décrirait donc le domaine d'application.
Ce concept (purement moderne) d’alchimie métallique se réfère aux antiques Chrysopée et Argyropée dont le but était la production d’or ou d’argent : métaux. Il s’agissait d’extraire les “teintures” (âmes) des métaux et de les amener par des “voies” sèche ou humide à maturation - à leur perfection d’or ou d’argent - selon que l’on emploie des métaux à caractéristiques solaire ou lunaire (métaux rouges tel que le fer et métaux blancs tels le plomb).

Les “philosophes” de la Nature des XVIe et XVIIe siècles ont joué sur (avec) les mots en présentant l’alchimie comme une pratique des “receptes métalliques” provenant de l’antiquité. On voit que les modernes ont suivi ceci à la lettre (qui tue) au détriment de l’esprit qui vivifie. Le post du Maçon cité par par Henri dans le topic du CheminCroisé Grand Secret est exemplaire de la démarche “naturaliste” d’un “curieux de Nature” sincère, mais formaté par la prose fulcanellienne, qui cite sur le même plan le cattésien J-M d’Amsembourg et Caro !
.
En alchimie (agriculture céleste) on utilise les propriétés de la “racine” des métaux pour fabriquer l’Aymant des Sages ayant pouvoir de capter l’or céleste, l’énergie vivifiante “informant” les trois plans de la Nature (minéral, végétal et animal). C’est évidemment ce qui a puissance sur le règne animal qui a seul intérêt pour l’alchimiste véritable, l’or “sec” n’ayant aucun intérêt pour le “mystère de la régénération”. Voila la pierre d’ “achoppement”, le grand secret qui nécessite une “divine” révélation. Cattiaux dit avec humour que “Les trop simples prennent le doré pour l'or et les trop intelligents rejettent l'or à cause du doré.”

Mais on ne peut pas vraiment dire que l’alchimie “métallique” soit une impasse, puisque il est possible avec le seul outil de l’intellect de faire de l’or avec les teintures des métaux, mais fort heureusement jamais par ces voieS la Pierre philosophale.

“Il faut dissoudre avant de coaguler.
.
C'est la loi du ciel et de la terre.”
.
(Le Message Retrouvé, de Louis Cattiaux)



Cordialement,

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Message  Henri Schersch Dim 19 Juin 2011, 08:16

Bonjour à tous, et merci à Charly pour ce partage de connaissances au sujet des concepts anciens.

Cependant, pour nous qui avons été formés (formatés ?) aux concepts modernes, cette façon ancienne de percevoir ne va pas de soi.
Charly a écrit:Les “philosophes” de la Nature des XVIe et XVIIe siècles ont joué sur (avec) les mots en présentant l’alchimie comme une pratique des “receptes métalliques” provenant de l’antiquité.
[...]
En alchimie (agriculture céleste) on utilise les propriétés de la “racine” des métaux pour fabriquer l’Aymant des Sages ayant pouvoir de capter l’or céleste, l’énergie vivifiante “informant” les trois plans de la Nature (minéral, végétal et animal).
J'en déduis que le concept d'alchimie "métallique" est donc vraiment ancien (Antiquité), et que les anciens percevaient la matière comme vivante puisque la "racine" des métaux fait immanquablement penser aux végétaux. Ai-je tort d'interpréter alors le caractère métallique des corps minéraux – tels que perçu par les Anciens – comme étant une sorte de Vie latente en eux ? Une graine ? Un embryon ? En effet, le vocabulaire alchimique parle non seulement d'agriculture, mais parfois d'élevage, d'éducation, de croissance, de maturation : tous des mots qui évoquent l'évolution de formes vivantes. Alors, dans cette conception, la fabrication de "l'Aymant des Sages" correspondrait en quelque sorte à un "nourrissage", à la mise en place d'une sorte de système alimentaire, susceptible de faire croître les corps métalliques en leur fournissant un apport "d'or céleste".

Lorsque j'essaie d'imaginer ce que pourrait être cet or céleste, me viennent à l'esprit des analogies, comme le @ prâna des Hindous (l'essence contenue dans l'énergie vitale), ou @ l'EPZ des physiciens actuels (Energie du Point Zéro : oscillation énergétique du vide quantique), c'est-à-dire une sorte de champ d'énergie qui baigne l'univers entier, primordiale, principielle. Cette énergie que les panthéistes assimilent à Dieu; que les rosicruciens appellent "Esprit"; que Henri Cotton-Alvart décrit comme une "Lumière" à ne pas confondre avec la lumière visible ordinaire.

Peut-être que je fantasme, évidemment : j'essaie là d'intégrer des concepts qui sont étrangers à ma culture. Peut-être maladroitement.
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Message  Garfield Dim 19 Juin 2011, 10:05

Bonjour. Intéressante suggestion, Henri. Ceci va dans le sens de ce que nous dit Cyliani dans "Hermès dévoilé" :
Considère bien les travaux de la nature. Elle a formé dans le sein de la terre les métaux, mais il faut quelque chose de plus, leur quintessence. Vois d’où elle tire la quintessence des choses. Ce n’est qu’à la surface de la terre, dans les règnes qui vivent ou végètent : suis donc la nature pas à pas. Considère aussi comme elle opère dans le règne végétal, car ce n’est point un minéral que tu veux faire. Vois-la humectant avec la rosée ou la pluie la semence confiée à la terre, la desséchant à l’aide du feu céleste et réitérant ainsi jusqu’à ce que l’embryon soit formé, développé, bourgeonné, fleuri, et parvenu à sa vertu multiplicative, enfin à la maturité de son fruit. C’est bien simple : dissous et coagule, voilà tout, et donne-toi de garde de te servir d’autre feu que de celui du ciel.
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Message  Charly Alverda Dim 19 Juin 2011, 18:00

Bonjour,

Je vais tout à fait dans le sens de Henri : “... interpréter alors le caractère métallique des corps minéraux – tels que perçu par les Anciens – comme étant une sorte de Vie latente en eux ? Une graine ? Un embryon ?”
D’ailleurs les “modernes” tels Fulcanelli ne pensent pas différemment, seulement ils ne perçoivent pas correctement ce qu’est ce “mercure” : prana chi... Etant persuadé que ce mercure ne se peut prendre que spécifié dans un minéral ou un métal, ils se condamnent ainsi à ignorer les règnes animal et végétal et à ne produire que des “particuliers”.
Avec les seules ressources de l’intellect on ne peut dépasser le niveau de raisonnement du Fulcanelli (des Demeures), mais les livres d’alchimie sont réservés aux seuls qui “croient en l’incroyable”, pour les “intelligents du monde” il ne reste que l’ “or sec” !

Garfield rappelle à propos cet excellent adage : “C’est bien simple : dissous et coagule, voilà tout, et donne-toi de garde de te servir d’autre feu que de celui du ciel.” L’or céleste ne peut résister à une température supérieure à celle du fumier de cheval, cela change considérablement la vision du “laboratoire” ! Seul un petit feu permet en effet de mettre en mouvement le grand “feu du ciel” tel qu’on le voit représenté sur l’athanor/maison de feu des tarots.

http://www.letarot.com/jean-dodal/pages/pages-images/16.html

Cordialement,

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Message  Ludivine Mar 29 Nov 2011, 15:23

Bonjour à tous !

Qu'entendent les Sages lorsqu'ils parlent de métaux ? Dom Pernety donne les définitions suivantes au mot "Métal" dans son Dictionnaire mytho-hermétique :
Lorsque les Sages parlent des métaux, ils n'entendent pas communément ceux qui sont en usage dans le commerce de la vie; il ne faut les expliquer dans ce sens que lorsqu'ils parlent de la transmutation des métaux imparfaits en or ou en argent. Leurs métaux ne sont autres que les différents états de leur mercure pendant les opérations du magistère. Ces états sont au nombre de sept, comme il y a sept Planètes et sept métaux communs; c'est pourquoi ils donnent le régime de leur œuvre aux sept Planètes, qu'ils disent dominer à chaque état, et chaque domination se manifeste par des couleurs différentes.

…Les Souffleurs et les Chymistes vulgaires ne se trompent pas moins lourdement lorsqu'ils travaillent sur les métaux communs, dans la pensée qu'ils parviendront au magistère par leur moyen. Car quoique d'eux soit l'entrée de notre œuvre, dit le bon Trévisan, et que notre matière, par tous les dits des Philosophes, doit être composée de vif-argent, et vif-argent n'est en autres choses qu'es métaux... Toutefois ne sont-ils pas notre pierre tandis qu'ils demeurent en forme métallique; car il est impossible qu'une matière ait deux formes. Notre pierre est une forme digne moyenne entre métal et mercure.

Les métaux des Philosophes sont cette matière de laquelle on extrait l'esprit, et duquel esprit on fait la pierre au blanc et la pierre au rouge. Leurs métaux parfaits sont ces pierres mêmes; souvent ils les appellent Corps.

Les anciens Chymistes ont donné aux métaux les noms de sept Planètes, parce qu'ils ont cru y remarquer des propriétés et des couleurs analogues à celles que l'Astrologue reconnaît dans les Planètes. Ils ont nommé en conséquence le plomb Saturne, l'étain Jupiter, le fer Mars, l'or le Soleil, le cuivre Vénus, l'argent-vif Mercure, et l'argent Lune.

On distingue les métaux en parfaits, qui sont l'or et l'argent; et en imparfaits, qui sont le cuivre, le fer, le plomb, l'étain et le mercure. Les Philosophes appellent aussi Métaux imparfaits la matière de l'œuvre, lorsque pendant les opérations elle est affectée d'autres couleurs que de la blanche et de la rouge. Ces deux dernières composent les règnes du Soleil et de la Lune, les autres sont les règnes des autres Planètes.

La plupart des Chymistes ne comptent pas le mercure parmi les métaux, et prétendent qu'il n'en est que la semence; mais la vraie matière des métaux n'est, à proprement parler, qu'une vapeur, un esprit qui se corporifie dans les entrailles de la terre, à mesure que le feu central la sublime vers la superficie; elle devient une eau visqueuse, qui s'allie avec différans soufres; elle se cuit et se digère avec eux, d'une manière plus ou moins parfaite, suivant le plus ou moins de pureté de la matrice où les métaux se forment.
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Message  Ludivine Mer 04 Avr 2012, 11:52

La plupart des alchimistes ne voient dans l'alchimie que des recettes de chimie avec l'espoir que leur mélange chimique se transforme un jour en Pierre Philosophale. "Il faut bien débuter par quelque chose" rétorqueront certains, "alors pourquoi ne pas débuter par la chimie ?". Or, l'Alchimie ne se résume pas à des recettes de chimie. Elle permet, si Dieu le veut bien sûr, de dépasser les limites imposées par nos scientifiques bien souvent trop rationnels.

Par exemple, j'ai relevé un passage de René Alleau dans son ouvrage "Aspects de l'alchimie traditionnelle" qui nous montre que les auteurs d'alchimie interprètent bien souvent le dissolvant comme une substance purement chimique :
Tous ces auteurs n'ayant en vue que l'interprétation "chimique" du "dissolvant" n'ont pu comprendre, semble-t-il, la réalité "alchimique" ainsi désignée. Le terme d'"alkaest" étant censé représenter, selon la pluralité des maîtres, un "fluide salin" ou un "sel" capable de réduire tous les corps sublunaires en une liqueur homogène qui retient les "vertus séminales" des corps dissous, nous sommes autorisés à voir dans la "dissolution" un symbole alchimique de la mort, dans les trois règnes.

Expérimentalement, le propre du "dissolvant" est de provoquer la "mort" des "métaux" afin de permettre à l'Opérateur d'en extraire les "vertus" ou les "noyaux", en "corporifiant les esprits et en spiritualisant les corps", ce qui constitue la définition de l'opération fondamentale du magistère. Or il n'existe aucun procédé "chimique" connu capable de produire ce phénomène et c'est précisément dans l'artifice de la "dissolution" que l'alchimie présente une originalité essentielle, c'est à partir de cette technique secrète qu'elle s'édifie en tant que science sacrée.
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Message  Montaléchel Mer 04 Avr 2012, 18:02

Ludivine a écrit:Elle permet, si Dieu le veut bien sûr, de dépasser les limites imposées par nos scientifiques bien souvent trop rationnels.
Je ne sais pas s'il est adéquat de reprocher à un scientifique d'être "trop" rationnel...

La rationalité est le propre de celui qui raisonne. Raisonner, en soi, n'est jamais condamnable. Et le scientifique a le devoir d'être rationnel.

Par contre, là où le bât blesse parfois, c'est lorsque des gens qui font profession de science, dérapent, et usent et abusent de leur statut d'homme (ou de femme) de science pour poser un diagnostic péremptoire dans un domaine qui sort de leur compétence. On connaît le triste cas notoire du Prix Nobel @ Georges Charpak qui, amené à prendre position sur le délicat problème de la "CheminCroisé mémoire de l'eau", a oublié de raisonner en scientifique pour laisser libre cours à ses croyances, et discréditer ainsi un domaine novateur prometteur.

Pour un scientifique, fournir une opinion est évidemment légitime. Tout citoyen est libre d'exprimer une opinion, et donc aussi, éventuellement, de dire une connerie. Dans une démocratie, le scientifique n'est pas privé de ce droit : un scientifique est un citoyen, libre de donner un avis, libre aussi de dire des conneries. Ainsi, sur quelques forums où on parle d'alchimie sévissent quelques rares personnages qui se drapent de l'aura lénifiante de leur formation scientifique pour couper court à tout débat et… asséner leurs croyances matérialistes en une alchimie exclusivement chimique ! On voit donc que faire de la science sa profession n'empêche pas de faire profession de foi ! A contre-courant de la raison, du raisonnement, de la rationalité, du rationalisme, bien entendu.

Ce n'est donc pas tant un "excès de rationalité" qui pose problème, que la faillibilité humaine, laquelle pousse inconsciemment certains à "avoir raison parce qu'ils sont scientifiques", donc en fait à imposer leur croyance personnelle comme s'il s'agissait d'une certitude scientifique. Cette attitude, même dans le chef d'un scientifique professionnel, n'est pas scientifique, mais, au fond religieuse et missionnaire : convertir à un credo. C'est de l'ordre de la faute professionnelle.
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Message  Garfield Jeu 05 Juil 2012, 16:17

CheminCroisé Albert Poisson (1868-1893) nous a enseigné que tous les alchimistes n'ont pas travaillé sur la même matière. Toutefois, il nous conseille d'orienter notre choix vers une matière métallique, tout en relativisant l'importance de la matière.

Voici un extrait de son ouvrage "L'initiation alchimique" qui précise ce point :
Au fond la matière matérielle de la pierre importe peu, il est cependant préférable de prendre une matière métallique ; ce qui importe le plus, c'est la force dont on charge la matière. De même peu importe la forme ou la matière d'un appareil électrique : en lui-même, il est inerte, ce qui lui donne la vie, le mouvement, ce qui lui permet d'agir, c'est l'électricité. L'archée de Paracelse ne pourrait transmuer directement un métal fondu, car tel corps est dans un état statique, c'est-à-dire d'équilibre parfait, de même l'âme ne peut agir directement sur le corps. Mais prenons un corps plutôt métallique, ouvrons-le, torturons-le, de façon à dissocier ses molécules, à rompre son équilibre, puis saturons ce corps d'archée, nous aurons dès lors la pierre, c'est-à-dire un moyen d'agir sur les métaux ; ici l'âme est unie à l'esprit et par l'intermédiaire de ce dernier elle peut agir sur le corps.
Je pense que ma comparaison est assez claire, aussi voilà pourquoi la matière de la pierre peut différer. Voilà pourquoi la pierre obtenue par tel adepte transmuait seulement son poids, tandis que celle préparée par tel autre en transmuait dix, cent ou mille parties.
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Message  Nelly Foulcat Mar 07 Aoû 2012, 15:19

Comprendre l'essence de la Nature est fondamentale pour réussir la pratique alchimique et pour ce faire, il faut observer attentivement la Nature. Les anciens ont donné plusieurs noms à l'essence métallique et ont décrit sous une grande variété d’appellations la méthode pour l'obtenir. C'est ce que nous dit un auteur anglais anonyme, en 1677, dans son ouvrage "La seule vraie voie" ou "Un traité pratique, bon, et utile, indiquant le Chemin de Vérité" ("The Only True Way - Or - An Useful, Good, And Helpful Tract, Pointing Out The Path Of Truth")..
Therefore, beloved brother, let me warn you to have nothing to do with sublimations of sulphur and mercury, or the solution of bodies, or the coagulation of spirits, or with all the innumerable alembics, which bear little profit unto veritable art. So long as you do not seek the true essence of Nature, your labours will be doomed to failure – therefore, if you desire success, you must once for all renounce your allegiance to all those old methods, and enlist under the standards of that method which proceeds in strict obedience to the teaching of Nature – in short, the method which Nature herself pursues in the bowels of the earth. For you see that Nature uses only one substance in her work of developing and perfecting the metals, and that this substance includes everything that is required. Now, this substance appears to call for no special treatment, except that of digestion by gentle heat, which must be continued until it has reached its highest possible degree of development. For this simple heating process the cunning sophists have substituted solutions, coagulations, calcinations, putrefactions, sublimations, and other fantastical operations – which are only different names for the same thing; and thereby they have multiplied a thousand-fold the difficulties of this undertaking, and given rise to the popular notion that it is a most arduous, hazardous, and ruinously expensive enterprise.
Ainsi donc, cher frère, laissez-moi vous conseiller de n’avoir aucun rapport avec les sublimations de soufre et de mercure, ni avec la dissolution des corps, ni avec la coagulation d’alcool, ni avec tous les innombrables alambics, qui apportent peu de bénéfice à l’art véritable. Tant que vous ne cherchez pas la vraie essence de la Nature, vos travaux seront condamnés à l’échec – donc, si vous désirez le succès, vous devez une fois pour toutes renoncer à votre allégeance à toutes ces vieilles méthodes et suivre les chemins de cette méthode qui procède de l’obéissance stricte à l’enseignement de la Nature – en résumé, la méthode que la Nature elle-même emploie dans les entrailles de la terre. Car vous voyez que la Nature n'utilise rien qu'une seule substance dans son travail de développement et de perfectionnement des métaux, et que cette substance inclut tout ce qui est nécessaire. Maintenant, cette substance semble ne nécessiter aucun traitement spécial, excepté celui de la digestion par douce chaleur, laquelle doit être continuée jusqu’à ce qu’elle ait atteint son plus haut niveau possible de développement. Car à ce simple réchauffement, les sophistes lui ont substitué des solutions, des coagulations, des calcinations, des putréfactions, des sublimations et autres opérations fantasques – qui sont seulement différents noms pour la même chose; et ainsi ils ont multiplié par mille les difficultés de ce travail et ont fait naître l'idée populaire que c’est une entreprise plus ardue, dangereuse, et ruineuse.


Les anciens, en parlant du feu élémentaire (soufre) et de son liquide (mercure), désignent la racine de toutes les choses créées. Toutefois ces substances élémentaires sont invisibles et donc L'âme est le feu invisible et l’esprit est l’humidité invisible. Les règnes minéraux, végétaux, animaux ont à leur origine une racine commune composée d'un feu élémentaire et de son liquide qui diffèrent par la chaleur selon la sorte de corps naturels où ils ont élu résidence. C'est ce que nous explique l'auteur anonyme dans son ouvrage cité ci-dessus :
.
They point out to you various materials and substances, notwithstanding that there is only one true substance, and one true method. Be sure that their solutions, coagulations, sublimations, calcinations, and putrefactions, do not represent the method of Nature in the heart of the earth, where the metals grow. For pious Nature only heats the elementary fire which is thereby ameliorated and fixed through its liquid; which latter she also changes, by various degrees of heat, into all the various objects which compose the three natural kingdoms-and although now it is differentiated into bodies so different as vegetables, animals, and minerals, yet they have all originally sprung from one common substance, all have one root, which the Ancients denominated the first Matter or Hyle. But it is really nothing but hidden elementary fire, with its liquid, which the Ancients called the root liquid, radical moisture, or humid radical, because it is the root of all created things.

This liquid, with its fire, is differentiated into the various kinds of natural bodies, by the various degrees of heat, or "coction", which take place in them. One thing is more perfectly heated in its elementary fire through its liquid, than another. The vegetable nature is that in which the coction is least perfect. Therefore its essence is easily burned, and its liquid easily separated from its elementary fire, by common fire.
[…]
For as by a heating process the infant is developed in the mother's womb out of the father's seed, and as the chicken is brought forth out of the egg by the natural incubation of the hen, so the metals, too, are developed in a certain way out of a certain substance. Yet I do not say, my Brother, that mercury and sulphur are the first substance of metals. Those juggling deceivers have told you so; but in the veins of the earth, where the metals grow, are found neither mercury nor sulphur. Therefore, when they speak of sulphur, you must understand them to allude to elementary fire, and by mercury you must understand the liquid. In a similar lying spirit they have called fire (elementary) "our Sun", and the liquid "our Moon", or the elementary fire soul, and the elementary liquid spirit, because elementary substances are invisible. The soul is invisible fire, and the spirit invisible moisture: the outward essential fire and water they have called "bodies", because they are visible and palpable. Nay, they try to make you believe that these are metallic bodies, and that you must dissolve them. But do not let them deceive you. Be on your guard against their dishonest tricks, and cunning devices, by which they set you to experiment with metallic bodies, when they really mean the metallic essence.
Ils désignent des matières et des substances diverses, quoiqu'il n'y ait qu'une seule vraie substance et une unique vraie méthode. Soyez certain que leurs solutions, coagulations, sublimations, calcinations, et putréfactions, ne sont pas représentatives de la méthode de la Nature au cœur de la terre, là où les métaux croissent. Car la pieuse Nature réchauffe uniquement le feu élémentaire, qui est ainsi amélioré et fixé au moyen de son liquide ; qu'elle change aussi ultérieurement, par divers niveaux de chaleur, en toutes sortes d'objets différents qui constituent les trois règnes naturels – et quoique désormais différenciés dans des corps aussi différents que des végétaux, des animaux et des minéraux, ils sont pourtant tous originellement issus d'une même substance commune, tous ont une unique racine, que les Anciens ont dénommée la première Matière ou Hyle. Mais ce n'est réellement rien que le feu élémentaire caché, avec son liquide, que les Anciens ont appelé la racine liquide, humidité radicale, ou humide radical, parce qu'il est la racine de toutes les choses créées.

Ce liquide, avec son feu, est différencié en diverses sortes de corps naturels, par différents niveaux de chaleur, ou "coction", qui réside en eux. Une chose est plus parfaitement réchauffée dans son feu élémentaire par son liquide, qu’une autre. La nature végétale est celle dans laquelle la coction est la moins parfaite. Donc son essence est facilement brûlée et son liquide facilement séparé de son feu élémentaire, par le feu ordinaire.
[...]
Car comme par un processus de réchauffement l’enfant en bas âge est développé dans l’utérus de la mère au départ de la graine du père, et comme le poulet éclot de l’œuf par l’incubation naturelle de la poule, de même les métaux, eux aussi, se développent d'une certaine manière au départ d’une certaine substance. Pourtant, je ne dis pas, mon Frère, que le mercure et le soufre sont la première substance des métaux. Ces prestidigitateurs trompeurs vous l'ont dit ainsi ; mais dans les veines de la terre, là où les métaux croissent, ne se trouvent ni mercure, ni soufre. Donc, quand ils parlent de soufre, vous devez comprendre qu'ils font allusion au feu élémentaire, et par le mercure vous devez comprendre le liquide. Dans un état d'esprit semblable, ils ont appelé le feu (élémentaire) "notre Soleil", et le liquide "notre Lune", ou l’âme du feu élémentaire, et l’esprit liquide élémentaire, parce que les substances élémentaires sont invisibles. L’âme est un feu invisible, et l’esprit une humidité invisible : ils ont appelé "corps" le feu et l’eau essentiels extérieurs parce qu’ils sont visibles et palpables. Vraiment, ils essayent de vous faire croire que ceux-ci sont des corps métalliques et que vous devez les dissoudre. Mais ne les laissez pas vous tromper. Méfiez-vous de leurs tours malhonnêtes et de leurs dispositifs rusés, par lesquels ils vous poussent à expérimenter avec des corps métalliques, alors qu'ils veulent en réalité signifier l’essence métallique.
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Message  Montaléchel Dim 19 Aoû 2012, 21:54

Je reviens sur CheminCroisé le post qui a initié le présent sujet qu'est l'alchimie métallique pour tenter d'expliciter ce concept, et évoquer aussi la "véritable essence" des métaux.

Comme nous l'avons dit précédemment, de nos jours, un métal est un corps chimique élémentaire dont la caractéristique essentielle est de pouvoir transférer des électrons. Telle est la définition moderne. Cela revient à dire que les métaux sont de bons conducteurs électriques ; on pense prioritairement au cuivre, dont on fait les fils électriques ou les caténaires ferroviaires, ou à l’étain qui sert à souder des composants électroniques. Pourtant, on sait désormais aussi que la plupart des corps simples stables sont conducteurs métalliques : certains plus, d’autres moins, parfois même très peu (quasi isolants), mais conducteurs quand même. Ils répondent donc à la définition de « corps métalliques ». C’est pourquoi les scientifiques actuels abandonnent l’ancienne classification (métaux / métalloïdes / non métaux) pour préférer des valeurs de "conductance électrique". La conductance, c'est le contraire de la résistance, soit la capacité à laisser passer le courant plutôt que s'y opposer.

Bien. Voilà pour la définition actuelle.

Cependant, dans le passé, à la Renaissance, au Moyen-Âge, et probablement même avant, la définition d’un métal n’avait rien à voir avec ses caractéristiques électriques ! Le caractère métallique d'une matière était envisagé de façon très différente qu'actuellement.

D'abord, il faut se souvenir que nos ancêtres distinguaient les "Règnes". Ils envisageaient notamment le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, le règne humain.

Or, observaient-ils, lorsqu'on brûle un animal ou un végétal, ou bien qu'on laisse ces corps se dessécher, on obtient des cendres ou des matières sèches dont les caractéristiques sont identiques à celles des minéraux. Et de fait, la science moderne, elle aussi, confirme que nos propres corps humains sont constitués, en dernière analyse, de matières minérales simples, dont surtout le carbone et l'eau (oxygène + hydrogène) – pour plus d'anecdotes, consulter par exemple @ ce site. Donc, déduisaient nos ancêtres, le règne minéral est plus basique que les autres règnes que nous considérons comme "supérieurs", puisque toute forme biologique est issue du minéral et y retourne. N'est-ce pas ce principe fondamental qui est rappelé en tout début de la Bible ?
Tu es poussière et tu retourneras en poussière [Genèse 3 : 19]
Le règne minéral est donc en quelque sorte le support des autres règnes. Certes, en apparence, il est inanimé, mais les règnes "plus animés" ne se seraient pas répandus sur Terre s'il n'y avait eu, au départ, le règne minéral comme source et comme substrat. De plus, le règne minéral présente une capacité qu'on ne retrouve plus parmi les autres règnes, à savoir la cristallisation. Puis aussi, il fut observé que si on réduisait un minéral en ses constituants ultimes, par chimie, il était possible de reconstituer un minéral – parfois identique, parfois différent, mais toujours minéral – ce qui n'était pas vrai avec le règne végétal, animal, ou humain. C'est donc pourquoi, aux yeux des Anciens, une place prépondérante fut attribuée au règne minéral : tout découle de lui, et rien n'aurait pu évoluer s'il n'avait été là.

Parmi les minéraux, une catégorie se distinguait particulièrement : les métaux natifs, ces corps élémentaires qu'on trouve tels quels dans la nature, à l'état cristallin, sous forme de pépites. Les métaux natifs les plus courants sont l'or, l'argent, le cuivre, le platine :
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Leur spécificité est qu'une fois fondus, on peut retrouver leur nature intacte après refroidissement ; on peut les allier en les mélangeant à d'autres corps, mais moyennant un traitement chimique approprié, on peut les isoler à nouveau et les retrouver identiques, non pas dans leur forme bien entendu, mais dans leur nature, retrouvant exactement les mêmes propriétés qu'auparavant : couleur, éclat, malléabilité ou dureté, température de fusion, conductivité thermique ou électrique, poids volumique, etc. Ceci n'est pas vrai pour toutes les matières : prenez par exemple du bronze, maltraitez-le avec des acides au laboratoire, et vous retrouverez in fine essentiellement du cuivre, de l'étain, du plomb ou de l'aluminium, mais non du bronze, sauf à refondre un alliage, preuve que le bronze n'a pas ce même caractère de "primitivité" que les métaux natifs. Ainsi, voyez-vous, le bronze est un métal au sens moderne, mais n'en est pas un au sens où l'entendaient les Anciens.

Ainsi donc, les métaux natifs attirèrent l'attention à cause de leur inaltérabilité. De leur "immortalité", en quelque sorte. Tout naturellement, une symbolique particulière leur fut rattachée. Le cuivre s'oxydait-il au fil du temps (vert-de-gris) ? Peu importait : un traitement approprié lui permettait de retrouver son intégrité initiale en éliminant l'oxygène. Ce principe n'était pas vérifié sur d'autres corps tels que l'airain (alliage) le grès, le schiste ou le sable (qui sont des minéraux, mais non composés d'un seul élément).

Tout cela, c'est de la chimie et non de l'alchimie, bien entendu, mais le constat vaut pour les deux disciplines. Là où l'on commence à parler d'alchimie métallique, c'est lorsqu'on se pose la question philosophique de l'origine des métaux.

Nos modernes physiciens répondront que tout dérive de l'hydrogène, présent partout dans l'univers, qui, au cours des millions d'années, s'est agglutiné pour faire naître des étoiles, au sein desquelles une intense chaleur et une forte force de gravitation comprimèrent les atomes de cet élément simple en éléments plus lourds, plus denses : hélium, lithium, bore, carbone, azote, oxygène, etc. Y compris en cuivre, fer, or, etc.

Pour les Anciens, ces concepts cosmologiques étaient inconnus. Ils cherchèrent donc à découvrir ce qui pouvait donner à leurs métaux si particuliers cette capacité à se régénérer perpétuellement, à se retrouver intacts malgré l'épreuve du temps et malgré les traitements chimiques qui, appliqués sur d'autres matières, les altèrent, les corrompent, les détruisent. Quel était donc ce "principe" (= ce qui vient en premier) qui rendait ces métaux "immortels" ?

En d'autres mots, en quoi consiste cette "racine" des métaux ?

Prenons d'abord conscience que nos modernes cosmologistes n'ont en rien répondu à la question de l'origine première des choses en évoquant l'hydrogène présent partout aux premiers temps de l'Univers puisqu'ils n'ont fait que reporter le problème. D'abord, l'hydrogène liquide est… un métal ! Ensuite, quelle est la cause qui a produit l'hydrogène ? Les cosmologistes évoqueront la "soupe primitive", un agglomérat hyper chaud et hyper dense contenant tout l'univers, occupant un volume de la taille d'un ballon de football durant un temps inférieur à une microseconde, bondé de particules qui n'étaient pas encore des atomes, mais quant à préciser quelle est la Cause première, celle qui est la cause de la cause de la cause, là, cause toujours !

Sans remonter aussi loin dans le temps, les Anciens envisageaient une sorte de fluide baignant tout l'Univers. Un fluide impalpable, invisible, indétectable, infinitésimal. Un fluide présent partout et que toute chose contiendrait. Toute chose, c'est-à-dire aussi tout atome, toute particule. Certains l'ont nommé "Lumière", d'autres "Ether", ou "Esprit", ou "humidité radicale", sachant que ce sont là des analogies pour essayer de se faire comprendre, puisqu'il ne s'agit bien sûr pas de lumière photonique, ni d'éther médical si prompt à s'évaporer, ni d'esprit au sens psychologique, ni d'eau. Il s'agit d'une sorte de "champ" universel qui imbibe toute chose matérielle. Et c'est cette sorte de fluide, considéré comme l'essence même des choses (et de la Vie) qui réside au sein des métaux natifs et leur fournit cette capacité d'autorégénération que, par l'art d'alchimie, il s'agit d'extraire de ces métaux, pour l'isoler et transmettre ses propriétés à d'autres corps. C'est là le principe de transmutation, vu par les alchimistes des temps anciens : extraire des métaux ce "fluide" souvent décrit comme huileux, porteur de propriétés vitales, vitalisantes, vivifiantes…
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Message  loup Lun 20 Aoû 2012, 14:13

bj je pense que tu as magnifiquement tout dit !!!! (Al)chimie métallique 160143

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Message  Christian Hersey Mar 02 Oct 2012, 19:22

Bonjour à tous.
Montaléchel a écrit:les Anciens envisageaient une sorte de fluide baignant tout l'Univers. Un fluide impalpable, invisible, indétectable, infinitésimal. Un fluide présent partout et que toute chose contiendrait. Toute chose, c'est-à-dire aussi tout atome, toute particule. Certains l'ont nommé "Lumière", d'autres "Ether", ou "Esprit", ou "humidité radicale", sachant que ce sont là des analogies pour essayer de se faire comprendre, puisqu'il ne s'agit bien sûr pas de lumière photonique, ni d'éther médical si prompt à s'évaporer, ni d'esprit au sens psychologique, ni d'eau. Il s'agit d'une sorte de "champ" universel qui imbibe toute chose matérielle. Et c'est cette sorte de fluide, considéré comme l'essence même des choses (et de la Vie) qui réside au sein des métaux natifs et leur fournit cette capacité d'autorégénération que, par l'art d'alchimie, il s'agit d'extraire de ces métaux, pour l'isoler et transmettre ses propriétés à d'autres corps. C'est là le principe de transmutation, vu par les alchimistes des temps anciens : extraire des métaux ce "fluide" souvent décrit comme huileux, porteur de propriétés vitales, vitalisantes, vivifiantes…
Cette "racine des métaux", ce "fluide" (si l'on peu dire !), cette "énergie", omniprésente dans l'univers bien qu'invisible et non mesurable, est aussi Vie, comme l'a noté Montaléchel. Dans l'esprit des Anciens, il en découlait que les métaux n'étaient pas moins vivants que les êtres classés dans les autres règnes.

Il est vrai que, de nos jours, le matérialisme entretient la confusion entre "la vie" et "les formes de vie". Ne sont considérés comme vivants que les êtres animés (avec une tolérance et le bénéfice du doute pour les entités "presque" animées comme les virus). Pour les anciens, le règne minéral était aussi une forme de vie : le minéral naissait, croissait, évoluait, éventuellement mourait, selon une échelle de temps incommensurablement étirée par rapport à la nôtre. A nos jours et mois correspondraient des millénaires pour les minéraux : impossible alors, pour un humain, de constater la moindre évolution d'un minéral. Mais partant du concept que l'Esprit, la Vie, ce "fluide", imbibe toute chose, métaux et minéraux inclus, il leur était logique de voir la Vie en eux aussi, et d'admettre qu'ils pouvaient subir une évolution, une maturation, du stade infantile au stade adulte, comme tout autre être vivant.

D'où l'idée de tenter d'extraire ce principe basique, cette "racine des métaux", pour la concentrer, l'isoler, et en "nourrir" d'autres êtres minéraux. C'est là l'idée de base du processus alchimique selon la voie métallique. On pourrait, par analogie, prendre l'image de la transfusion sanguine chez les humains : les hôpitaux collectent le sang ou le plasma (fluide vital, indispensable à la vie), par petites doses, auprès d'individus bien portant chez lesquels cette ponction sera anodine. Puis, le sang est traité, conservé avec soin, et prodigué à d'autres individus en déficit, pour leur redonner vie, leur permettre d'évoluer.

La "transmutation d'un métal vil en or" n'est rien d'autre que l'assistance fournie à un métal par un alchimiste pour l'aider à évoluer d'un stade primitif à un stade plus mature, avec comme objectif la perfection sublime : l'Or.
L'Or, Lumière concentrée, vénéré par toutes les civilisations non pas pour sa valeur marchande mais pour sa valeur symbolique et esthétique, le plus dense et le plus lourd des métaux, le minéral le plus abouti.
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Message  VillaChicoubis Dim 17 Mar 2013, 02:17

Ils ont parlé d'alchimie métallique car le métal résonne... Et c'est précisément en résonnance qu'ils sont entrés au cours de leurs expériences....
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Message  Nelly Foulcat Dim 17 Mar 2013, 11:18

Très juste, Villachicoubis ! Résonance !
C'est un mot-clef essentiel !
Il arrive une phase, en Alchimie, où le raisonnement doit laisser place à la résonance, puisque, comme l'affirment les enseignements rosicruciens de façon synthétique : "Tout est vibrations".

Dans son ouvrage "Le laboratoire alchimique" (éd. Guy Trédaniel, Paris, 1981), dans le chapitre 6 intitulé "Le Ciel t'aidera", Atorène nous parle de résonance et de "La Loi du Synchronisme". Cette loi n'est évidemment pas sans rapport avec les découvertes de C.G. Jung sur la synchronicité, mais elle se rapporte aussi à des concepts physiques élémentaires qu'on rencontre en physique des ondes, en mécanique ondulatoire. Voici quelques extraits choisis, très à-propos.
Atorène a écrit:
Rappelons que tout corps capable de vibrer possède une fréquence propre : si on lui transmet – même faiblement – une énergie ondulant à un multiple de cette période, les vibrations acquièrent une grande amplitude ; il résonne.
.
[...]
.
Nous appellerons loi du synchronisme, – ou si l'on préfère, loi de synchronicité – les phénomènes, biologiques et autres, d'approche par résonance. Le synchronisme, ou "la jubilation des hasards" selon Claudel, est donc la relation qui s'établit entre une pensée, – la pensée n'est-elle pas vibration ? – et un résonateur inconnu.
.
En pratique, si une pensée que l'on émet rencontre un résonateur dans sa sphère d'influence, elle resurgit dans notre champ de perception, amplifiée, accompagnée des éléments de réponse que livre le résonateur, ce qui nous laisse parfois quelque peu abasourdi.
.
C'est probablement pourquoi en alchimie,les vieux Maîtres classiques se montrèrent si avares de précisions ; ils savaient que le chercheur sincère, intelligent, intuitif, trouverait des résonateurs pour éclaircir les points obscurs...
.
[...]
.
Il peut cependant s'établir des résonances parasites, humainement difficiles à filtrer. Ainsi Fulcanelli buta-t-il plus de vingt-cinq ans sur l'identification de l'or des Sages – ou terre dont Dieu fit Adam, nous exposera-t-il plus tard – alors que les auteurs sont assez nombreux à en parler, même Figuier, en toute innocence…
.
[...]
.
Si l'on se met en état de réceptivité, on peut traiter quantité de problèmes par synchronicité, et cela n'a rien de magique. Il suffit d'oublier la logique habituelle, et vaincre la répugnance que l'on éprouve presque toujours à accorder quelque attention à divers détails insignifiants. Naturellement, il n'est pas question de se laisser submerger par les détails, on apprend vite à tomber juste.
.
La fréquente présence du détail s'avère particulièrement remarquable, elle n'est d'ailleurs pas sans une certaine analogie avec les signatures, marques de la Nature que l'on observe aux trois règnes.
.
[...]
.
Ne vous y trompez pas, c'est la plus grande Clef que nous venons de vous proposer, applicable à tous les domaines, une autre conception de la vie. D'ailleurs, comment ce livre vous est-il venu entre les mains ?
.
Si vous n'êtes pas "synchronisé", notre traité ne vous apportera pas plus que n'importe quel autre ; et ceci rassurera les Sages. Nous avons personnellement rencontré des passionnés, à la culture alchimique impressionnante, malheureusement ils tournent désespérément en rond, incapables de saisir le moindre synchronisme ; s'imaginant qu'ils n'ont pas encore étudié assez pour que surgisse la lumière, ils ne peuvent plus discerner la sincérité de l'envieuse finesse, et sont tout juste dignes de figurer dans le catalogue de Jung. D'autres par contre, ridicules qui n'ont rien étudié, expliquent qu'ils ont tout découvert
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Message  VillaChicoubis Lun 18 Mar 2013, 02:59

Chère Nelly les suggestions de votre auteur sont pertinentes...


Et si on doit tirer cela vers le macro cosmos cela nous donne un peu comme une sorte de théorie des cordes, dont les notes pourraient être plomb, fer, bronze, airain, mercure, argent, or.


Et si on doit tirer cela vers le micro cosmos cela donne l'ADN qui pour rappel est un cristal. Or le cristal est naturellement vibratoire...


Il est bien votre auteur ; je copie colle pour mon propre forum.

Bien à vous
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Message  Aube-Aurore Lun 18 Mar 2013, 10:21

Bonjour VillaChicoubis Ensoleillé

Tu nous écris :
Et si on doit tirer cela vers le macro cosmos cela nous donne un peu comme une sorte de théorie des cordes, dont les notes pourraient être plomb, fer, bronze, airain, mercure, argent, or.
Quels indices te font choisir ces 7 métaux-là plutôt que d'autres ?
Pourquoi citer le bronze et l'airain, qui sont deux mots synonymes pour le même alliage de cuivre ?
Pourquoi pas @ les sept métaux traditionnels des Anciens (or, argent, mercure, cuivre, étain, plomb, fer) ?

Amitiés. Fleur


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Message  VillaChicoubis Lun 18 Mar 2013, 11:06

Parce que dans mon expérience alchimique l'airain a remplacé l'étain...



Je n'ai pas connu l'étain...
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Message  Dark Night 14 Dim 14 Aoû 2016, 12:12

Bonjour à toutes et à tous.

Il me parait difficile d’évoquer l’alchimie métallique sans aborder la question des métaux. Traditionnellement, on en distingue sept qui sont le plomb, le cuivre, l’étain ou l’électrum, le mercure, le fer, l’argent et l’or. Chaque métal est associé à une divinité de la mythologie gréco-romaine ainsi qu’à une planète.

Les correspondances sont les suivantes :
Apollon = Soleil = Or
Diane (Artémis) = Lune = Argent
Mars (Arès) = Mars = Fer
Mercure (Hermès) = Mercure = Mercure
Jupiter (Zeus) = Jupiter = étain / électrum
Vénus (Aphrodite) = Vénus = Cuivre
Saturne (Chronos) = Saturne = Plomb

Dans l’hymne homérique à Hermès, l’auteur indique qu’Apollon est le meilleur de tous les dieux et que tous les autres s’inclinent devant lui. A ce titre, il occupe une place centrale dans l’assemblée des dieux, c’est-à-dire dans les cieux. Il bénéficie de la prérogative exclusive de pouvoir lire dans les pensées de son père (Zeus), ce qui lui permet de connaître l’au-delà et de délivrer des oracles. En cela, Apollon est le véritable héritier de Zeus et il marque en quelque sorte un aboutissement. Bien qu’il soit le premier enfant mâle né d’une épouse légitime, Arès (Mars) n’est qu’un faux prophète car il est mauvais, violent et incroyablement stupide… Rappelez-vous que la pierre au rouge possède l’apparence de la pierre philosophale mais qu’elle n’en a aucune des qualités. Apollon ne peut divulguer la méthode lui permettant de lire l’avenir car il a juré de la garder secrète. Le Soleil est donc analogue à la sphère de KETHER puisque celle-ci est placée au sommet de l’Arbre et qu’elle est la seule à être connectée à l’au-delà (l’EN-SOF). Par ailleurs, elle est la gardienne du SOD (le secret).

Saturne quant à lui est l’antithèse d’Apollon. Il est considéré comme le plus faible (mais le plus fourbe) des enfants de Gaïa. Il se situe à la base de l’arbre et non au sommet de l’arbre généalogique des dieux. Il est analogue à la sphère de MALKHOUT. Il est d’ailleurs le premier roi de la terre. Son animal est la chèvre, qui est réputée pouvoir s’adapter à toute forme de terrain rocailleux. Contrairement à Apollon dont les pensées sont tournées vers l’avenir et l’au-delà (c’est-à-dire vers Ouranos), Saturne se préoccupe essentiellement du présent et monde terrestre (Gaïa). Dans les Métamorphoses, Ovide indique que le règne de Saturne se caractérise par l’abolition de la propriété (privée) de la terre. En l’absence de propriétaires terriens, il n’existait plus aucune distinction entre les hommes et tous étaient égaux. Il n’est donc pas étonnant que les communistes aient figuré la faucille en bonne place sur leur étendard puisque c'est l’arme qui fut utilisée par Saturne pour amputer Ouranos d’une partie de son corps à laquelle il devait certainement tenir beaucoup. La figure géométrique correspondant au règne de Saturne est le carré ou le cube car tous les côtés, toutes les faces et toutes les arrêtes de ces deux figures ont une longueur ou une surface égale. Rappelons qu’en astrologie, le carré entre deux planètes est une figure extrêmement maléfique.

En alchimie, le règne de Saturne se caractérise essentiellement par la disparition de toutes les couleurs dans le ballon. Tout devient noir et, de ce fait, il n’existe plus aucune distinction entre les différents éléments qui sont enfermés dans le récipient. En hermétisme, chaque impétrant doit laisser ses métaux à l’entrée du temple s’il souhaite être admis. Ainsi, il n’existe plus aucune distinction entre les membres, qui peuvent dès lors être qualifiés de « frères ». Cette tradition égalitariste se retrouve également dans d’autres institutions. Je ne citerai que le cas de la piraterie. A bord du vaisseau pirate, dont le pavillon est noir orné d’une tête de mort, tous les membres de l’équipage ont droit à une part égale du butin car ils sont réputés être égaux les uns aux autres. La tête de mort nous rappelle que la mortification de la matière est une opération essentielle de l’œuvre au noir. C’est pas la mort mais ça y ressemble…

Finalement, transformer le plomb en or revient à transformer Saturne en Apollon !

Dark Night 14

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