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Le Mystère Fulcanelli (Henri Lœvenbruck)

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Antoine de L'Aigle
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Le Mystère Fulcanelli (Henri Lœvenbruck) Empty Le Mystère Fulcanelli (Henri Lœvenbruck)

Message  Garfield Mer 09 Oct 2013, 20:49

Aujourd'hui, 9 octobre 2013, sort de presse un nouveau roman d'Henri Lœvenbruck intitulé "Le Mystère Fulcanelli". Vu que ce thème est très présent sur notre BlogForum et agite actuellement beaucoup le petit monde des para-alchimistes, il m'a paru nécessaire de vous en faire part.

Le Mystère Fulcanelli (Henri Lœvenbruck) 1310090803153850011625643

Comprenons-nous bien : ce livre est un roman, et non pas un essai ou une étude. Pourtant, ce livre s'appuie partiellement sur des éléments concrets, appartenant à l'Histoire, et a bénéficié du soutient de quelques chercheurs très actifs dans le milieu alchimique. Je pense en particulier à Archer, dont le @ blog spécialisé sur la biographie de Jean-Julien Champagne a aidé l'auteur à construire la trame de son thriller. Ceci dit, ce roman est – bien sûr – une fiction. Il s'agit d'une aventure d'Ari Mackenzie, un héros qu'Henri Lœvenbruck a déjà mis en scène dans des romans publiés antérieurement (Le Rasoir d'Ockham, Les Cathédrales du Vide). L'éditeur, Flammarion (tiens, tiens… Flammarion… un nom qui n'est pas étranger au petit monde fulcanellien…) ne nous en apprend que bien peu de choses :
Après plusieurs meurtres mystérieux et le vol d'un manuscrit, Ari Mackenzie accepte de mener l'enquête dans les milieux ésotériques afin de percer le mystère de l'identité du plus mystérieux alchimiste du XXe siècle : Fulcanelli.
ISBN : 9782081246294
Heureusement, nous savons par ailleurs que le commandant Mackenzie est un ancien analyste à la Direction centrale des Renseignements généraux français, fonction dont il a pris ses distances suite à une légère dépression et une aventure tragique. Nous disposons aussi (déjà !) de la critique littéraire dithyrambique publiée par Jean-michel Lecocq :
Un meurtre survient dans une église de Séville. A Paris, un érudit décède dans des circonstances troubles. Un carnet contenant des notes précieuses disparaît. Ces événements qui laissent très vite apparaître entre eux des liens évidents constituent le point de départ d’une nouvelle aventure d’Ari Mackenzie. Après « Le rasoir d’Ockham » et « Les cathédrales du vide », notre ex-agent des renseignements intérieurs va se trouver entraîné dans une nouvelle enquête, complexe et dangereuse, sur la piste de l’un des plus mystérieux et des plus controversés personnages de l’histoire de l’alchimie et de l’ésotérisme : Fulcanelli. Depuis un siècle, des milliers de chercheurs ont tenté de percer le secret de son œuvre, sans jamais y parvenir. Ces morts qui surviennent à Paris et à Séville sont la preuve que des hommes sont prêts à tout pour parvenir à percer ce mystère. Y a-t-il derrière tout cela un enjeu réel et, si oui, lequel ? Assisté de ses traditionnels amis, Ari Mackenzie va s’employer à trouver une réponse à ces questions.
Au terme d’un impressionnant travail de documentation, Henri Lœvenbruck se livre, avec ce nouvel opus, à un éblouissant numéro d’érudition. On retrouve, dans « Le mystère Fulcanelli » le brio qu’en son temps on a su reconnaître chez un Arturo Pérez-Reverte. « Le mystère Fulcanelli » n’a rien à envier au « Club Dumas ». Je dirai même qu’il le dépasse par la capacité de l’auteur à intégrer de façon harmonieuse les passages didactiques qui servent l’intrigue, l’éclairent et l’aident à progresser. On découvre, brillamment distillé, un pan insoupçonné de l’histoire de notre société qui met en scène des célébrités du monde des sciences, des arts et des lettres des XIXe et XXe siècles. Ce faisant, Henri Lœvenbruck greffe sur une réalité historique des personnages imaginaires, les uns nouveaux, les autres récurrents, parmi lesquels on retrouve avec plaisir des familiers des précédentes aventures d’Ari Mackenzie : Krysztov, le garde du corps sur lequel on peut toujours compter, Iris, l’ancienne collègue des RG toujours prête à coopérer et surtout Lola, l’amour enfui d’Ari qui renvoie un peu à la Camille d’Adamsberg, le héros de Fred Vargas. Et la greffe prend, pour donner à l’ensemble tous les aspects de la vraisemblance. Le personnage d’Ari Mackenzie prend aussi de l’épaisseur.
A noter les pointes d’humour qui émaillent cette histoire, que ce soit dans les dialogues ou encore dans certains personnages comme le brigadier Jacquet qui fait, par certains côtés, penser au Bérurier de Frédéric Dard. Le style est toujours aussi enlevé, s’agissant de la narration, et les passages didactiques relèvent d’un travail d’orfèvre. L’intrigue est savamment construite, ménage habilement le suspense et débouche sur un dénouement totalement inattendu.
Au final, on peut dire que « Le mystère Fulcanelli » est une alchimie réussie entre une érudition parfaitement maîtrisée et un talent romanesque de premier ordre. Les inconditionnels ne seront pas déçus et les autres pourront découvrir avec plaisir un récit passionnant et un auteur qui vaut le détour.
Et puis, cerise sur le gâteau, Henri Lœvenbruck et les Editions Flammarion nous offrent un superbe site promotionnel empli de liens cliquables et de compléments documentaires de qualité, à savourer à profusion :
@ http://www.mystere-fulcanelli.com/

Ari Mackenzie parviendra-t-il à remonter la piste jusqu'à CheminCroisé Paul Decœur, comme l'ont fait CheminCroisé Walter Grosse, CheminCroisé Filostène Jr., ou CheminCroisé Ad.N. ?
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Message  Montaléchel Sam 02 Nov 2013, 12:05

Eh bien non, Garfield. En fin de compte, Ari Mackenzie ne remontera pas la piste jusqu'à CheminCroisé Paul Decœur. Pourtant, dans ce roman, les travaux de CheminCroisé Walter Grosse sont cités, mais éludés, en quelques lignes, sous le prétexte que les documents sur lesquels il se base (communément appelés "Fonds Filostène") seraient probablement des faux !

Paradoxalement, c'est en inventant un document imaginaire, un carnet manuscrit de quelques pages écrit de la main même de Fulcanelli, qu'Henri Lœvenbruck construira son intrigue qui conduira ses héros à attribuer l'identité de Fulcanelli à un négociant fortuné d'origine juive, le très mondain Léon Fould. C'est ici que j'aurais un reproche à adresser à l'auteur de ce thriller passionnant que j'ai dévoré en quelques heures : la superficialité, à certains égards du moins. Ainsi, si le milieu dans lequel évoluent les alchimistes est bien décrit, si nombre de leurs ouvrages sont cités, l'Alchimie elle-même est absente, ce qui conduit à des conclusions erronées. Ainsi, la contradiction entre le style de vie du "fulcanellisable" Léon Fould et le comportement nécessaire à la réussite du Grand-Œuvre ne semble pas gêner l'auteur. Cette superficialité, on la retrouve à maints endroits dans le roman, dans des conclusions étonnantes auxquelles aboutissent les enquêteurs, contraires au bon sens ; aussi dans cette fixation quasi pathologique sur l'année 1924 qui devrait être l'année de la mort de Fulcanelli : cette date permet certes de coller à la biographie de Léon Fould, mais fait alors l'impasse tant sur la nature de l'Adeptat que sur les affirmations du préfacier CheminCroisé Eugène Canseliet. Superficialité encore dans cette note de bas de page (p.196) qui attribue les tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban à Mohamed Merah, désigné comme "un terroriste islamiste franco-algérien" : cette anodine note supposée aider le lecteur, bien qu'elle évoque "des soupçons" de liens entre Merah et la DCRI, trahit en réalité le manque d'analyse en profondeur de l'auteur.

Pourtant, il est clair que Lœvenbruck a étudié son sujet, qu'il s'est longuement documenté et a rencontré bien des gens connaissant la question du mystère de l'identité de Fulcanelli. Alors, peut-on décemment lui reprocher un manque de connaissance approfondie du dossier, alors qu'il a dû le constituer en quelques mois à peine ? Bien sûr que non : c'est précisément par ce moyen que l'Alchimie se protège des curieux ; il était fatal que notre auteur ne puisse en découvrir la quintessence ! Alors, ne boudons pas notre plaisir à la lecture de ce roman d'aventure qui, bien qu'il s'ancre partiellement dans notre réalité, laisse aussi la part belle à l'imaginaire.

Tout commence par un cadavre, bien sûr. Celui d'un vieil érudit qui conservait jalousement une bibliothèque riche en rares et précieux ouvrages d'ésotérisme vient de trépasser dans son fauteuil. Quoi de plus naturel pour une personne de 91 ans au cœur fragile ? Sinon que son héritière remarque l'absence d'un précieux carnet contenant quelques pages manuscrites signées du nom de Fulcanelli. Cette anomalie implique alors une question : décès naturel, ou meurtre pour faciliter le vol ? Les enquêteurs vont alors relier cette affaire au meurtre commis très peu de temps après à Séville, dans l'église de la Santa Caridad, précisément devant le tableau peint par Juan de Valdés Leal intitulé Finis Gloriæ Mundi. S'ensuit alors une double quête : identifier le meurtrier (ou les meurtriers, car chaque suspect devient rapidement lui-même victime), et identifier qui fut Fulcanelli afin de reconstituer le contenu du carnet volé et comprendre les mobiles des meurtres. L'enquête mènera Ari Mackenzie de Paris à Séville, dans les Yvelines, à Jersey, croisant les traces des de Lesseps, de Victor Hugo ou du révolutionnaire, poète et peintre Paul Harro Harring, mais aussi renouant avec son vieux père, tout comme avec son ex-compagne désormais mère. Tout ce périple trépidant pour finalement résoudre avec succès non pas le mystère de l'identité de Fulcanelli, mais bien celle des assassins de la presque totalité des membres de la très étrange société secrète des F.C.H., réussissant au passage à mettre la main sur le manuscrit inédit du troisième ouvrage écrit par Fulcanelli.
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Message  Antoine de L'Aigle Jeu 07 Nov 2013, 15:00

Bonjour à tous,

Bien laborieux, ce "Mystère Fulcanelli". Je découvre Lœvenbruck que je ne connaissais pas... Une intrigue alambiquée (normal, quand on "surfe" sur l'alchimie) et un style pompeux et lourdingue. Beaucoup de mal à passer les dix premières pages. Je me suis forcé à aller jusqu'au bout parce que les soirées d'automne commencent à être longues... Bref, de la bien petite littérature et du roman de gare à deux balles... N'est pas Eco qui veut et comme H.L. le dit lui-même : "C’est chiant un bouquin où tu sens trop que le mec s’est documenté comme un malade…"

AdlA

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Message  loup Sam 09 Nov 2013, 13:47

bj, il y en a un autre, qui n'est pas un roman, sur le même sujet, de M. Allamanche, qui s'appuie sur la vie de Louise Barbe (liaison avec Decoeur), Alchimiste, morte dans "l'explosion" de son labo, très "proche" de Charles de Lesseps (1840/1923) et dont le frère Paul a continué les mêmes recherches et qui a versé une rente à vie à Champagne... (1880/1955). Il pense que ce sont les DEUX Lesseps qui sont derrière ce "mythe"...

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Message  Sherlock Lun 30 Déc 2013, 19:21

Hum…
Par curiosité, après avoir lu vos commentaires, je me suis à mon tour plongé dans ce roman policier présenté, en jaquette, comme "La plus grande énigme de l'histoire de l'alchimie", fruit de plusieurs années de recherches, levant le voile sur un des plus grands mystères de l'ésotérisme moderne. Bigre ! Titillé par l'envie de compulser cette enquête, il me fallait à tout prix cette aventure d'Ari Mackenzie sans attendre l'édition pocket ! J'avoue aujourd'hui que ce n'était pas une bonne intuition…

Antoine de L'Aigle a écrit:Une intrigue alambiquée (normal, quand on "surfe" sur l'alchimie) et un style pompeux et lourdingue. Beaucoup de mal à passer les dix premières pages. Je me suis forcé à aller jusqu'au bout parce que les soirées d'automne commencent à être longues... Bref, de la bien petite littérature et du roman de gare à deux balles...
Bien d'accord avec vous, Antoine. Il ne m'a pas non plus été facile d'aller jusqu'au bout de ce roman, non pas tant à cause du style qu'à cause du manque de cohérence de l'intrigue. Ce livre me semble plutôt être un essai sur l'identité de la personne qui se cache derrière le pseudo de Fulcanelli, essai mal étayé que H. Lœuvenbruck tente de nous faire avaler en le noyant dans une enquête policière dont le héros est déjà connu des lecteurs grâce à deux de ses précédents romans. Mais la sauce ne prend pas, car si les personnages sont crédibles dans l'expression de leurs sentiments torturés (le héros, Ari Mackenzie, est un être mal dans sa peau, divorcé, démissionné, sans boulot, en conflit avec son père), "l'enquête" ferait blêmir n'importe quel flic digne de ce nom, à cause de son manque de rigueur et de méthodologie. Au fil du roman, combien d'hypothèses hasardeuses ne voit-on pas subitement se muer en faits établis sans qu'aucune preuve ne vienne jamais les étayer ? La liberté imaginative de l'auteur et la poésie enfantine du "on disait que" ne pourront que décevoir les amateurs de romans policiers férus de logique et de démonstrations "à la Colombo".

Montaléchel a écrit: Ainsi, la contradiction entre le style de vie du "fulcanellisable" Léon Fould et le comportement nécessaire à la réussite du Grand-Œuvre ne semble pas gêner l'auteur. Cette superficialité, on la retrouve à maints endroits dans le roman, dans des conclusions étonnantes auxquelles aboutissent les enquêteurs, contraires au bon sens ; aussi dans cette fixation quasi pathologique sur l'année 1924 qui devrait être l'année de la mort de Fulcanelli : cette date permet certes de coller à la biographie de Léon Fould, mais fait alors l'impasse tant sur la nature de l'Adeptat que sur les affirmations du préfacier CheminCroisé Eugène Canseliet
En effet, Montaléchel. Pour être retenu comme "fulcanellisable", la personnalité de Léon Fould devrait au moins coller avec l'attitude morale des Adeptes ! On est loin du compte avec ce personnage mondain, bon vivant, très éloigné de la rigueur quasi monastique nécessaire pour accéder à l'Adeptat.
Pour contourner l'incontournable, l'auteur joue vaille que vaille avec la phonétique des mots, utilisant le langage des oiseaux selon des règles qui lui conviennent pour trouver de vagues assonances qui ne peuvent être retenues comme des preuves. Par exemple, il insinue que le nom de famille des épouses (espagnoles) de deux des fils de Lesseps, Ferdinand-Ismaël (1871-1915) et Mathieu-Pierre (1870-1953), Valentine et Jeanne de la Fontaine-Solare est à l'origine du pseudonyme Fulcanelli. Ceci suffirait, selon l'auteur, à identifier Léon Fould, en considérant le montage tarabiscoté suivant, construit sur des approximations d'approximations :
(P. 227) Ce nom entrait étrangement en résonance avec le pseudonyme de l'alchimiste. En outre, il était d'origine ibérique ; or nombreux analystes affirmaient que Fulcanelli, s'il était né en France, était issu d'une famille espagnole, ce qui aurait expliqué son séjour à Séville…
Fontaine – étant entendu qu'une "fontaine de lave" était un type de formation volcanique – faisait aisément penser au préfixe Fulcan. Il pouvait d'ailleurs expliquer pourquoi celui-ci avait été orthographié Fulcan plutôt que Vulcan, comme un rappel à l'initiale de Fontaine.
Quant à Solare, il s'agissait évidemment de la traduction du mot "solaire" en catalan, à rapprocher du mot Hélios, suffixe de Fulcanelli. Dès lors, nul besoin d'être un alchimiste farfelu pour voir un lien potentiel entre Fulcanelli (Volcan Solaire) et Fontaine-Solare.

(P.262) – Eh bien, figure-toi que la famille Fontaine-Solare est une famille espagnole, et que l'une des formes originelles du nom est Folo de Soliers, mais aussi Foulques ! Et en espagnol, Foulques, ça s'écrivait Fulco.
[…]Les Fontaine-Solare descendent des Fulco. […] De Fulco à Fulcanelli…

(P. 350) Ensuite, la société que Léon fonda avec son frère Henri-Jules – et qu'il dirigea seul après la mort de celui-ci – s'appelait Fould & Cie.
[…] En dehors du fait que, prononcé rapidement, Fould & Cie comporte de nombreuses consonances avec Fulcanelli et que, prononcé à l'italienne, Fulcanelli commence par la même syllabe "FOUL", les huit lettres qui composent le pseudonyme sont présentes dans FoULd et CompAgNIE, et que les six premières, FULCAN, y apparaissent même dans le bon ordre !
Et voilà comment Lœuvenbruck fait d'un faisceau d'approximations phonétiques, une preuve !

Cependant, 2 problèmes majeurs surgissent, contraires à ce que nous savons de Fulcanelli : d'abord, Léon Fould est père de famille ; ensuite, il ne semble pas s'intéresser outre mesure à l'alchimie, sinon intellectuellement, car il possède une riche bibliothèque (4000 livres) d'ouvrages en tous genres, dont, bien sûr, d'alchimie aussi. Et donc, pour l'auteur, suffirait-il que Léon Fould possédât des livres d'alchimie dans sa bibliothèque pour prouver qu'il ait réussi la Pierre Philosophale ? Autant affirmer que tout possesseur de bouquins d'aviation soit pilote !

Reconnaissons toutefois que le romancier est conscient de la fragilité de son argumentaire :
(P.359) […] Seul bémol, rien ne le rapproche de l'alchimie pour l'instant, et rien ne permet de penser qu'il se soit en effet intéressé à l'art d'Hermès. Et je dois bien avouer que c'est un peu ennuyeux…
(P. 376) […] ce cher Léon réunit à lui tout seul plus de critères positifs que tous les autres fulcanellisables réunis, mais il nous manquait l'essentiel : un lien avec l'alchimie.
Pour se sortir de cette impasse, Lœvenbruck ose la diffamation : feu Eugène Canseliet aurait dit la vérité sur tout… mais aurait menti en prétendant que Fulcanelli serait resté sans descendance ! Et voilà comment on s'arrange avec l'Histoire pour faire tenir l'hypothèse que Fould = Fucanelli…
(P.279) – L'Amour de la vérité n'est-il pas la première qualité d'un authentique chercheur ?
– Si, vous avez raison. Et puis, après tout, aujourd'hui, cela n'a plus beaucoup d'importance, alors je peux vous le confier : Canseliet a affirmé un jour que Fulcanelli n'avait pas de descendants. C'est faux.
– Pourquoi aurait-il menti à ce sujet ?
Eichendorff haussa les épaules.
– Je n'ai jamais su si c'était par ignorance ou bien pour protéger le secret de son maître. Peut-être Canseliet voulait-il épargner aux descendants de Fulcanelli ce que ses propres enfants ont eu à subir, à savoir le harcèlement des chercheurs indiscrets. Et… Tout me laisse penser que Fulcanelli lui-même n'avait pas révélé son identité secrète à ses enfants. Sans doute préférait-il que son travail alchimique reste inconnu de sa famille. Ce qui s'explique parfaitement.
– Il en avait honte ?
– Dans le milieu dans lequel il évoluait, à l'époque, cela n'aurait pas été pris au sérieux…
– Et donc, selon vous, Fulcanelli aurait eu des enfants ?
– Oui, plusieurs.
– Et Canseliet aurait menti à ce sujet, mais tout le reste est vrai ? L'année de naissance ? La Légion d'honneur, la guerre de 1870, la barbe blanche, l'enterrement d'Anatole France ?
– Oui. Tout cela est rigoureusement exact et vérifiable pour qui, comme moi, connaît la vérité.
Certes, un roman n'est pas une étude, et l'auteur est libre d'inventer les dialogues qu'il veut. Mais vu les bases historiques qui sous-tendent ce roman, il y a fort à craindre que le lecteur inattentif puisse mélanger Histoire et fiction, mémorisant ainsi en toute bonne foi qu'Eugène Canseliet aurait été un menteur, non pas par omission (car ne pas tout dire n'est pas mentir), mais en affirmant une contre-vérité !

Autre chose : Fould possédait une résidence au numéro 13 du Quai de Conti à Paris VI, située dans les parages où Fulcanelli avait une maison et un laboratoire. Cette maison de Fould ne serait, toujours d'après l'auteur, rien de moins que le laboratoire de Fulcanelli. Quoique cette assimilation soit suspecte, à cause de quelques anomalies :
(P. 353) Dans le numéro 7 de la revue La Tourbe des Philosophes, Canseliet livre, dans ses Alchimiques Mémoires, une description de la maison où il visitait Fulcanelli : "qui comportait huit grandes pièces éclairées d'abondance par douze fenêtres, et harmonieusement réparties entre le rez-de-chaussée en surélévation et le premier étage. Le laboratoire était installé dans le sous-sol.
[…] Je ne peux affirmer que Fould résida bien à cette adresse, mais il semble être propriétaire en 1880, et il faut reconnaître qu'elle ressemble beaucoup, tant physiquement que géographiquement, à la demeure de Fulcanelli décrite par Canseliet ! A un détail près, toutefois : il a deux étages, et non pas un, mais il faut que j'aille vérifier sur place, car peut-être ce qui semble être le premier étage côté rue n'est, côté impasse (où se trouve l'entrée), que le fameux rez-de-chaussée en surélévation. L'étage inférieur était peut-être réservé à la librairie Maire-Nyon.
Voilà beaucoup de "peut-être"… qui resteront en suspens ad vitam aeternam, car la vérification escomptée ne sera jamais plus évoquée dans la suite de ce roman.

Notons encore une épine dans le pied dont Henri Lœvenbruck se débarrasse avec une légèreté inélégante. L'auteur détaille longuement la plupart des "fulcanellisables". Or seulement quelques lignes lui permettent d'écarter notre "suspect n° 1", CheminCroisé Paul Decœur :
(P. 323) Paul Decœur (1839-1923) : ingénieur, récemment cité comme fulcanellisable par plusieurs chercheurs (dont le plus sérieux est un certain Walter Grosse), mais incohérences (pas seulement la date de †) et documents "miraculeux" peu fiables fournis par d'autres prétendus chercheurs, trop pressés sans doute d'accréditer cette thèse… très certainement des faux ! Decœur semble plus intéressé par l'ingénierie des ponts et chaussées que par l'alchimie. En réalité, seule vraie correspondance étayée : il participe à la défense de Paris sous les ordres de Viollet-le-Duc. Un peu léger.
 Suspect Aussi léger que l'hypothèse de ce Léon Fould, décrété intéressé par l'alchimie uniquement parce qu'il possède des bouquins sur ce sujet !

Enfin, comme dit l'auteur dans son "Avant-propos", ce roman est le résultat d'une longue enquête. Toutefois, l'affaire Fulcanelli est bien réelle, et la plupart des évènements et des protagonistes rencontrés dans cette aventure le sont donc aussi. Ce qui amène le chercheur à confirmer ou non ce qui est énoncé dans ce roman qui se veut plus réel qu'une fiction !
Pour ma part, j'observe que les éléments d'information produits ne prouvent nullement que Léon Fould ait pu être un Adepte ayant réussi la Pierre Philosophale. Bien au contraire ! J'espère toutefois que la vigilance et l'analyse critique des lecteurs de cette fiction, que d'aucuns voudraient faire passer pour LA Vérité, éclairera les chercheurs sincères.
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Message  L'aspirant Dim 26 Jan 2014, 19:44

Bonjour à tous.
J'ai lu moi aussi le livre d'Henri Loevenbruck et je suis allé voir les liens internet qu'il nous donne.
Comme vous le savez peut-être, l'auteur fait partie de la "Ligue de l'imaginaire".
l'URL permettant d'y accéder est :   @ Ligue de l'imaginaire
Lorsque j'essaie d'y accéder, j'arrive à une page entièrement blanche.
Ce n'est pas "page non trouvée", c'est seulement une page vide.
Qui saurait m'expliquer ce qui est un mystère pour moi ?

L'aspirant

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Message  Henri Schersch Dim 26 Jan 2014, 22:08

En effet, L'aspirant : une page blanche pour moi aussi.
Original, lorsqu'on sait quelle peut être "l'angoisse de la page blanche" pour un écrivain en panne d'inspiration !
Original aussi, dans la mesure où, précisément, cette page blanche pourrait être une invitation au lecteur à y projeter son propre imaginaire...
Etonnant, toutefois, car l'adresse est "http://www.la-ldi.com", avec ".com" à la fin, indiquant un site commercial. Un site commercial qui n'a rien à vendre ? Etrange...
Je me suis tourné vers @ Wikipedia pour en apprendre plus, mais, à la date d'aujourd'hui, rien là non plus pour nous expliquer le pourquoi de cette page blanche. Site en travaux ? Mystère...

Henri Schersch
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Message  L'aspirant Dim 26 Jan 2014, 23:17

Merci à vous Henri.

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