Melencolia I (Albrecht Dürer)
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Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Chers DürerZauFil,
Débat sans débatteurs ? M'oui, c'est l'air du temps, atomiseur... Pour ma part, j'ai juste dû attendre que MORPH abatte plus de cartes pour me faire un avis, c'est quasiment fait. Coté Yvo Jacquier, pas vraiment; vu qu' il réserve ses scientifiques révélations pour l'apocalypse « maya »; espérons qu'il les fera juste avant, qu'on ait un peu de temps pour les apprécier...
Mon entendement n'étant pas doté d'une prothèse infographique, je suis contraint d'en rester à des questions plutôt qu'à des réponses « factuelles », supposéees magiquement.... probantes (tautologiques ?). Donc, je persiste à supputer sans compas, en mode « littéraire » comme dit Jacquier. Black, mais d'équerre, melencolia y invitant malgrè tout.
Ainsi, autant j'apprécie les talismaniques démonstrations de MORPH, autant je ne suis pas convaincu par l'occulte ou allusif « pourquoi » (dessein subliminal) qu'en donne notre valeureux chercheur. De l'efficience perfide de ces graphes sur notre quart d'heure de cerveau disponible ? Mandalas en filigranne, à destination de confrères initiés; pour leur apprendre ce qu'ils savent déjà ??? Pourtant le sujet mériterait qu'on s'y penchât d'avantage et surtout en profondeur, j'y viendrai plus bas si possible.
Une méditation de plus, venant à la suite des innombrables commises depuis Hippocrate, sur les 4 tempéraments ? Why not ? Mais qu'est-ce donc qui alors la nécessitait ? Simple exercice de style ?
M'est avis que la réponse est à chercher dans le courant intensément gnostique qui, par exemple, relie l'Hildegarde de Bingen (proposée par MORPH) à Paracelse.
La sainte (dont par ailleurs les visions s'articulent sur une numérosophie et des proportions fort précises), voyait dans ces 4 humeurs autant de reflets passifs des énergies divines véhiculées par les « vents » animant le cosmos. B. Gorceix, dans sa lumineuse préface au « Livre des oeuvres divines », poursuit : « L'homme étant placé au centre, vers lui convergent toutes les lignes de force de l'univers; ces signes l'embrassent comme un réseau, l'enferment comme un filet. » Donc, un Adam totalement dépendant d'elles et à la merci de leurs incessantes fluctuations.
Mais, pour notre sainte visionnaire, l'homme n'est pas seulement au centre, il est (potentiellement) le centre de l'univers. Situation actualisable par l'imitation du Christ et, ayant pour conséquence « para-médicale » une régulation harmonieuse des dites « humeurs », inféodées de ce fait à des lois ontologiquement supérieures à celles semblant régir le monde chuté. Bénéfice de cette synthonisation internelle du micro et macrocosme :
« L'homme, « clôture des merveilles divines », "vêtement de la Sagesse divine " peut assurer l'épanouissement du monde. Regardant Dieu, célébrant Dieu, il permet à toute la création aussi de « regarder » Dieu. Célébrant la création, la regardant, il permet à Dieu de jeter un nouveau regard sur l'insigne beauté du cosmos. Ainsi se restaure la parfaite unité de l'univers créé et incréé ».
Voilà qui est merveilleusement hermésien, non ?
Quoiqu'il en soit, je reconnais qu'ainsi appliqué aux Meisterstiche l'hypothèse se tient bien mieux que dans le cas de son dernier tableau, « les quatres apôtres », objet de semblables hypothèses. Premier tableau religieux qui, dans l'histoire de l'art occidental, fut offert à un édifice civil. Rendu à César devenu... luthérien?
On y remarquera que le Livre est fermé dans les mains de Paul, mais ouvert dans celles de Jean... « In Anfang war das Wort ». Bref, Dürer resta catholique, comme Trithème resta moine, profondément attachés à l'ouverture de ce Livre... duquel déborde un récit malheureusement plus « littéraire » que scientifique... C'est ballot, mais on n'a pas toujours le « sacré » qui nous arrangerait. Le «G» de grammaire semble prévaloir sur celui de géométrie...
Dans cette veine, où le Verbe-Logos initie la suite, j'ai donc du mal à me satisfaire de dé-monstrations profanes, aussi rigoureuses soient-elles. Sans pour autant en minimiser l'apport, ne s'en remettre qu'à elles pour deviner le dessein de ce type de chef d'oeuvre, me paraît similaire au fait d'examiner les composants d'un poste de TV, pour saisir le sens de... la sitcom présentée sur l'autre face de l'appareillage. Encore que là, depuis MORPH, ça paraîsse plus subtil : ici la trame animerait le motif ?
Comme le dit bien MORPH, avec Dürer, il y a une déconcertante superposition de niveaux :
« réservant Melencolia, la plus célèbre, pour la mesure des édifices où, sous couvert d'une allégorie de la mélancolie, doublée d'un traité pratique de géométrie, il nous transmet sa connaissance la plus intime de la géométrie de l'âme »
Ce que Jeanne Pfeiffer contribua jadis à recadrer, en partie :
« Ceux qui ont étudié les Eléments d’Euclide n’y trouveront rien de neuf, croit-il bon d’avertir au début. Pourtant, c’est tout autre chose qu’une compilation de propositions euclidiennes qu’on trouve dans le corps de son ouvrage.
Sa géométrie n’est pas démonstrative, mais constructive. Le but de Dürer est de construire des formes utiles aux artisans, par des procédés faciles à exercer à l’aide des instruments couramment utilisés, la règle et le compas notamment, et aisément répétables. »
Bref, ce Dürer là ne paraît guère se soucier des vertus théo-sophiques de la Divine Proportion, antées sur l'équi-valence entre la médiété géométrique et la « fonction » du Logos, intermédiaire entre la nature incrée et la créée; synthèse vivante de toutes les proportions... Equivalence qui, il convient de le rappeler encore et en corps, transmute les « évidences » euclidiennes au point de leur conférer, sans arbitraire, une portée véritablement initiatique. A éprouver, plus qu'à prouver... étant donné qu'il s'agirait, en dernière instance, de la... géométrie de l'âme, ainsi que le suggère MORPH.
Voilà donc, plus haut, un constructivisme qui donnerait son eau au moulin pré-scientifique de Jacquier (qui, pour des raisons qui décidement m'échappent, nous fait un gros mystère sacré de « cette véritable culture avant la science »). Mais pour ce faire il faudrait ne tenir aucun compte de la « chair » des oeuvres, de ce que, semble-t-il, elles incarnent, évoquent, désignent, voilent et révèlent...(en étroite complicité avec les idées-forces de l'époque) et, s'en tenir obstinément à leurs seuls squelettes... abordés, de plus, avec des lunettes fâcheusement contemporaines.
Bref, le contraire de ce qui fait que depuis la nuit des temps il y a de l'Art et pas seulement des « trucs » à portée utilitaire... Les acousticiens sont rarement musiciens, ce qui ne les empêchent pas d'en faire du bruit. Comme dit Sarko, l'important c'est de participer....
Certes, techniques et desseins forment un couple peu dissociable, mais pour entrevoir le mystère de leur commune racine (Logos-Thôt-Hermes-Veilleurs-etc...) il faut recourir à une méditation, voire une contemplation (theoria) d'une qualité apparement désertée aujourd'hui. Le seul qui ait charitablement Un-formé sur la question reste Jean Borella in « La crise du symbolisme religieux ».
En revanche, il est flagrant que pour Dürer et les siens, la revivification inspirée du Trait, effectuée par une christique providence, via Pacioli, N. de Cues, ou Naymus Grecus, n'était pas parole gelée.
Mes supputations quant à son appartenance probable à une confrérie initiatique (au sens qu'il convenait d'accorder à ces termes au XVème siècle) ne participent pas d'une récupération « occultiste »; ce sont ses oeuvres qui le chuchottent... comme les chênes de Dodonne murmuraient. Faut prêter, voire donner l'oreille à l'église intérieure, seule absolvante confrérie dans l'absolu, pour voir ce qu'elle veut dire (voix de fin silence...) en cette gravure. Les incidences « magick » que MORPH et Hiram lui prètent me paraissent aussi secondaires que sujettes à caution.
Voir à ce propos, dans l'excellente étude (« Eros et magie à la renaissance ») que fit Couliano, le passage consacré à la mutation, translation « psychologisante» effectuée par G. Bruno de la magique sapience d'Al Kindi, laquelle se voulait objective et; n'avait pas pour but « d'influencer » ses contemporains. Internellement objective, c'est-à-dire prenant en compte les réalités aussi bien intérieures qu'externes, en vue d'activer et orienter, en toute Conscience, des « liaisons » entre ces domaines, au lieu de seulement les subir.
La mise en oeuvre visant l'universel et non le collectif; distingo et méprise restant toujours d'actualité... si j'en juge d'après les dégoulinades contemporaines de l'Amour Cosmique, sur fond de dictatures et démocratures aggravées. Y a pas de mal à se faire du bien, la tête dans le sable; et le reste en offrande aux pouvoirs.
On notera aussi que le très savant Al Kindi mentionne et souligne la condition nécessaire à l'activation efficace de quelques-unes des innombrables correspondances « ondulatoires » entre micro-macrocosme, laquelle, (avec ou sans schémas « magiques »), exige une intentionnalité peu ordinaire.
« Mais, dans une si grande diversité de choses, il n'est pas de science compréhensible à l'homme, excepté dans un petit nombre de cas; et de ce petit nombre font partie les choses que peut évaluer la prévoyance humaine : c'est seulement ce qui procède de la volonté humaine qu'il nous faut à présent étudier, en laissant de coté les mouvements que, sans intervention humaine, différentes choses élémentaires produisent, grâce à leurs rayons, dans d'autres choses dont elles sont distantes.
L'homme, donc, par sa complexion équilibrée, ressemble au monde lui-même. Ainsi est-il un microcosme et s'explique-t-on pourquoi il reçoit, tout comme en possède le monde, un pouvoir d'induire par ses propres efforts des mouvements dans une matière adéquate, à condition toutefois qu'une imagination, une intention et une foi se soient au préalable formées dans l'âme humaine. » G. Bruno parlait quant à lui de « fureurs héroïques »...
Je vous fais grâce de la copieuse suite, mais il s'agit bien d'en venir à une situation, ou état, où « l'esprit de l'imagination possède des rayons conformes aux rayons du monde ».
Et, précision indispensable en « talismanie » ou Archidoxe magique (Paracelse) :
« En outre, lorsque l'homme conçoit une chose matérielle par l'imagination, cette chose acquiert une existence actuelle selon l'espèce dans l'esprit de l'imagination. Aussi cet esprit émet-il des rayons qui meuvent les choses extérieures tout comme la chose dont il est l'image ».
On devine aisément que l'appelation « homme » concerne ici ceux que le taoisme qualifie d'hommes « véritables »; faute de ce niveau de synthonisation, garant de l'actualité et conformité d'une re-présentation « dans l'esprit de l'imagination », tout ceci relève de « croyances » aussi débiles qu'innefficientes. Ce qui fit dire à R. Alleau que cette physique (chymique à merveille) est celle de l'état d'éveil...
Chymique ? Au hasard Balthazar, pour ceux qui doutent de tout sauf de leur doute : dans le « Traité des choses naturelles et surnaturelles » de Basile Valentin.
« Tenez pour certain que le ciel s’épanche dans la terre et que la terre à son tour répond au ciel, et en effet la terre couvre aussi sept planètes, engendrées par les sept célestes au moyen d’une certaine impression vraiment spirituelle, car les astres engendrent tous les Minéraux. Et tout cela se fait d’une manière incompréhensible et spirituelle, et semble par suite surnaturel : voyez deux êtres humains qui s’aiment mutuellement, le corps humain est visible et physique, tandis que l’amour est invisible, spirituel, incompréhensible et surnaturel et ne peut se comparer qu’à l’attraction magnétique. Et en effet l’amour invisible, introduit dans l’imagination spirituelle par un désir ardent, s’apaise uniquement par l’assouvissement de cette soif. »
Bref, ne pouvant m'étendre d'avantage, j'invite les curieux de nature à lire de F. Trojani « Une médecine pour demain »; globalement et, mis à jour scientifiquement, il s'agit des mêmes « choses » que celles d' Al Kindi; cum grano salis.
Pour ceux qui ne daigneraient prendrent en considération l'humilité et le désintéressement faisant de cette science une action de grâce, voir, par ex., d'Ernst Meckelburg, « Les armes secrètes psi ».
Ça date, le titre est manifestement dû à un commercial, mais les « choses » abordées ont un rapport sinistre, quoiqu'en rien rien chimérique, avec ce qui précède. On y constate encore que ça ne marche pas tout seul, et que vu le peu de qualité et de « pêche » des intentions, il faut y suppléer en branchant les « dispositifs » sur secteur...
Pour être honnête, il conviendrait cependant de reconnaître que l'Art (dont l'Opus qui en serait le faîte), a un statut particulier. Mésocosme reliant et combinant par surcroît et, de façon inédite dans la nature comme dans la surnature, le donné et le construit. Il en résulte une « magie » particulière ne nécessitant, pour s'activer, que la qualité du regard.
Alleau, dans un article rédigé pour « l'Art magique » d'A. Breton, nous renseigne.
Il y analyse et distingue via trois catégories, et avec sa pertinence habituelle, cette « magie de l'art » des images ou motifs proprement magiques.
Ces derniers peuvent être définis « en fonction de la connaissances des temps et de la science des matrices. En général, les images artistiques ne sont pas élaborées à partir de données relatives à l'ordre du cosmos et aux propriétés de la matière. Dans ces conditions, la magie apparaît comme un ensemble d'opérations dont l'image est le véhicule et l'instrument tandis que l'art exprime un ensemble de conceptions dont l'image est le symbole ».
Analysant succintement les images alors proposées à sa sagacité, il dira des magiques présentées : qu'elles « doivent être considérées comme des instruments de captation et de transmissions d'énergies subtiles. Ce sont, en quelque sorte, des pièges à esprits. »
« Si leurs lignes et formes peuvent être appréciées esthétiquement, ce jugement ne saurait nous éclairer en rien quant à la nature essentielle d'appâts et de condensateurs de puissances non-humaines »
On en trouve en grand nombre dans l'art proto-chinois, amérindien, celte, etc... et qui présentent beaucoup de flagrantes similitudes. La nécessité crée l'organe... Le moins que l'on puisse dire, c'est que, malgré leur aura chtonienne, elles sont plus proches de l'abstraction que de la figuration. Leur tellurique genèse transparaît dans leur lovecraftien tracé, qui n'a rien d'euclidien. Le Liber Corax en approche quelques-unes, aux racines plus fondamentales (ouraniennes) que ce seul usage, avec les précautions requises.
Quant à l'art, et aux images en relation (en majorité d'apparence énigmatique ou sacrée) soumises à son attention, il dira ceci :
« Quant bien même leur sujet et leurs effets pouraient être comparés, en raison de leur nature énigmatique et mystérieuse, aux conceptions et aux résultats supposés de la magie, il s'agit là d'une transposition, littéralement d'une métaphore, qui résulte de l'impossibilité où se trouve le langage d'exprimer tous les états de conscience par autant de termes différents. Dans ces conditions, l'expression « art magique » signifie toujours, à propos de ces images, « magie de l'art ».
De la différence entre l'art traditionnel concerné et l'art actuel, il remarque que si les images de l'art actuel transmettent parfois le sens du mystère, « elles n'enseignent pas à déchiffrer celui de l'univers. A ce jeu qui peut être un drame, l'esprit et le coeur se lassent de tant de genèses individuelles qui prétendent refaire à notre oeil une virginité depuis toujours perdue.
L'artiste traditionnel respectait assez le public pour ne pas lui apprendre les lettres de l'alphabet du monde. Supposant leurs formes admises et non pas réelles, il les ordonnait de façon à les faire disparaître sous le foudroiement de la beauté, grâce à la seule magie qui, au-delà de toutes les illusions des magiciens et des prêtres, des savants et des techniciens, fait deviner à l'homme la réalité même de l'Absolu ».
Une 3ème catégorie, plus complexe, existe cependant, qui réjouira MORPH.
Celles d' « images centaures », essentiellement doubles « en ce sens précis qu'elles enseignent et transposent des vérités initiatiques et des énergies magiques. Elles se relient d'une part à la fonction opérative de la magie, et, d'autre part, au rôle didactique de l'art. Elles ne doivent pas être confondues avec images magico-religieuses car elles ne sont pas destinées à l'utilisation de puissances non-humaines.
Elles empruntent leurs pouvoirs à des égrégores, constitués au cours des temps, par l'accumulation des expériences et du savoir de nombreuses générations humaines qui ont médité sur leurs symboles, retrouvant, grâce à ces signes de « reconnaissance », les voies de la connaissance antique et de la tradition primordiale.
Enfin, qu'il s'agisse de monnaies, de lames du Tarot ou de figures alchimiques, la valeur magique de ces images est liée à des manipulations ou à des opérations précises. Ceci est évident quant à la cartomancie et à l'alchimie.
Toutefois, ces images-là ne sont pas réductibles à leur seule applications techniques. Différentes des images archaïques, magico-religieuses, elles s'en distinguent non seulement par leur valeur didactique de véhicules d'un enseignement secret mais aussi par la liberté d'interprétation dont elles témoignent par rapport aux formules précises et rigoureuses de la magie pure.
Avec cette liberté apparaît clairement leur nature d'oeuvres d'art. L'imagination créatrice de variations indéfinies sur un thème mélodique simple, composé seulement d'un nombre très limité d'archétypes, caractérise ces formes traditionnelles de l'art. »
En passant et à l'attention d'Hiram : tu cites « Les Épîtres des frères de la pureté » (Rasâ'il al-Ikhwân as-Safâ' ), soit 52 livres. As-tu remarqué, outre ce nombre, qu'il ne s'agit là que d'une table des matières ? Bien malin celui qui, à partir de ses têtes de chapîtres, vaguement annotées, saura en reconstituer les corps. Sauf ismaèlienne assistance (laquelle de nos jours laisse fortement à désirer), mieux vaut suivre la piste faisant réapparaitre cette gnose dans le... Bahîr. Cette surprenante transmission ayant fait l'objet de quelques rares études (P. Duval et A. de Dànann), je t'y renvoie.
En rapport ici avec un paragraphe précédent, on remarque que ce sepher ose méditer deux énoncés vertigineux.
Deutéronome IV, 12 : « Pas d'image, rien qu'une voix ! »
Exode XX, 18 : « Les voix ont été vues ».
Pas les 10, seulement 7 d'entre elles; les 3 autres restant voilées, Triangle d'Or... Mystère déjà évoqué par mes soins sur ce fil, et qui pourrait être la clef de voute de notre artistique sujet.
Je vais gentiment tenter de l'approcher au plus près, aussi ne vous formalisez pas si, comme chaque fois que l'humain blabla flirte « pédagogiquement » avec l'indicible du Réel, ça a l'air abstrait. C'est ainsi. Ne tirez pas sur le pianiste, i' fait c'qu'i' peut....
- Petit a : « Philosophie : le combat contre l'ensorcellement de notre entendement par le langage » (Wittgenstein). Soit les « mots-maux » de la tribu.... Préliminaire plus qu'indispensable par les temps qui courent.
- Gros b : « si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui-même est l'intelligence en acte. » (Cité par Charly). Intellectio plutôt que ratio à sa source, même si la 1ère se sert de la seconde pour s'ex-primer.
Or, sans rapports, pas de géométrie, isn't it ? Initiatique parfois, dit-on; mais pourquoi di-able cette vertu ?
- Collossal c : « Le monde est représentation pure (motawahham), il n'a pas d'existence substancielle; c'est cela le sens d'Imagination. Comprends alors qui tu es, comprends ce qui est ton ipséité, quel est ton rapport avec l'Etre Divin; prends conscience par quoi tu es Lui, et par quoi tu es autre que Lui, le monde ou quel que soit le mot que tu préfères. » Ibn'Arabi.
De ce rapport bien sentu dans le noir le plus noir (en moyenne et extrème raison par exemple), découlera en mode arborescent, hologrammique, avec ou sans sauts quantiques... la perception subtile des causes secondes, ou rapports cosmo-logiques « des choses entre elles », comme dit Cattiaux.
N'en déplaise à Godel ou à d'autres, ce logos-là se situe au niveau du Muthos, « avant » la chute. Chez les titans, pas les olympiens ! Il y est logé comme le lingam issant de la yoni (sym-bole tantrique remarquable); ou, plus cochon et en langue verte, corporelle à souhait : Iakkos issant de Baubô... Filius Macrocosmi de Kunrath.
Les séparer, sous pré-texte de spiritualité pure et dure, ou, de retour à la seule Sensation (?) en marchant comme une fleur, c'est scier la seule branche sur laquelle les deux oiseaux de la Mundaka Upanishad ont une chance de se rencontrer. Lien ou branche hermésienne, s'il en est, tabernacle !
Le piège en cette matière ( motawahham) : traduire-trahir cette Parole en la réduisant par trouille ou commodités égotiques à de la « philo », au sens usuel et creux du terme, et du contenu. Dommage collatéral et subséquent : du dit Muthos ne restera qu'une flaque nauséabonde, le fumeux subconscient. Les pitoyables noces de ce dernier avec l'ectoplasme-résidu du logos : c'est nous, les « moi-je »... Youpi ! Là, je suis d'accord, mieux vaut ne pas penser.
- Géomaîtrise, intro : « On peut constater qu'existent chez l'homme des besoins qui ne relèvent ni de l'intellectualité ni de l'affectivité et que ne sauraient satisfaire ni la science ni l'art. Ce sont ces exigences d'ordre spirituel qui s'expriment à travers les rites initiatiques des sociétés secrètes traditionnelles.
Ceux-ci, dans la mesure où ils situent l'homme par rapport au non-humain selon la perspective d'une tradition sacrée, impliquent nécessairement l'existence d'un savoir de la position de notre esprit dans l'esprit et une connaissance des relations formelles par lesquelles les structures de l'univers ont été, sont et seront créées à l'image de leur principe initial et final.
Dans ces conditions, l'on peut découvrir entre l'esprit et l'espace des rapports analogiques assez profonds pour que s'édifient dans l'éternité même du sans-forme des formes temporelles. Celles-ci rendent manifeste à travers les lois de leur construction l'harmonie essentielle qui les relie toutes entre elles en un même ordre que seul peut contempler totalement celui qui l'a conçu dans le mystère de son unité infinie ». R. Alleau.
Les « littéraires », néanmoins intéressés à la géométrie (dans quel état j'erre ?), apprécieront la sublime et précise rigueur de l'énoncé.
- Géo-maîtise, plat principal par le même auteur : « Mais comme il a été donné à l'esprit humain par son essence incréée de participer de cette puissance divine de contemplation, c'est, en réalité, l'esprit qui se reconnaît soi-même à travers notre esprit et qui sonde ses propres mystères dans les limites de notre manifestation.
La géométrie symbolique est ainsi nécessairement bornée physiquement, d'où le rôle qu'y joue l'espace euclidien, tout en demeurant illimitée logiquement dans ses possibilités d'extension et de compréhension des rapports qu'elle conçoit et qu'elle appréhende, par l'intermédiaire des formes et figures, entre le connu et l'inconnu.
La géométrie peut donc être définie comme la haute science de la position dans l'esprit, étudiée par la méthode de la relation ou du « moyen terme ».
Mais revenons-en à nos mélancoliques moutons, déguisés en lévriers.
Question talismanie et efficience, en lien avec cette melencolia, il y aurait à creuser le résumé idoinement composé (plus haut ici) par MORPH. Quel rapport possible, voire nécessaire, entre « les mesures des édifices », cette melencolia et la géométrie de l'âme ?
Le grand Architecte (pantocrator : matricule 2368) comme le rapella Charly ? Soit, mais comment participer à Sa science comme semble en attester la possiblité cet autoportrait, christique à souhait, où Dürer érige son chardon comme James Bond son pétard ?
Un peu d'histoire de l'art et des idées d'alors nous enseigne que la préoccupation initiale de l'artiste, se dégageant du statut d'artisan en même temps que du prêt à penser de la trop dogmatique Eglise, relève à sa manière d'une « imitatio dei », en tout cas de son versant créateur. Le pî de l'Un coïncidant parfois avec le coeur de ses autres, « faits » à son image... L'individualisme forcené, vaniteux et... paumé, n'en étant que le ratage.
L'origine de cette émancipation de tutelles devenues carcérales consonne fortement avec le néo-platonisme d'une part, mais plus intimement encore avec la quintessence du christianisme, étonnement sortie de sous le boisseau peu avant. Soit, les abîmes de la contemplation rhénane (ceux de l'Ile Verte inclus) mis à la portée des bonnes volontés averties des « avantages » de l'anéantissement.
M'est avis que se tient là le coeur, où rose croît, de la pré-maçonnerie. Rappellons, à la ,suite de B. Roger (« A la découverte de l'alchimie », chap.6), que le gâteau F.M. a bien la forme du moule R.C. ; quoique pour la saveur, ce ne soit pas au point. Non pas les rosicruciens d'après Andreae, claironnant leur incognito, mais ceux d'avant : nobles voyageurs utilisant la Renaissance (et les imprimeries...) pour tenter de sauver le Jardin que le moyen-âge avait, discrètement, amoureusement cultivé.
L'équerre et son compas tenant lieu de chapelet ou d'AVM... il s'agissait de re-trouver et plus encore d'actualiser, au-dedans comme au-dehors, les justes proportions, les vivantes harmoniques qui gisent sous notre déficiente perception des apparences, dont la nôtre propre pour commencer.
En rien gît tout...
Comme le définit Corbin, dans son « paradoxe du monothéisme », l'idolâtrie métaphysique (devenue lourdingue à l'époque de Dürer) consiste à faire de Dieu non pas l'Acte pur d'être, mais un « étant » suprême situé à des années-lumières de notre indignité et, seul doté de Réalité. Les autres « étants » (choses ou êtres) s'en trouvant du même coup relever de la pure illusion, ou tellement insignifiants en eux-mêmes qu'ils ne sont dignes d'intérêt que comme illustrations de ce qu'il ne faut pas être.
La variante contemporaine (via un advaïta vedanta simpliste) de cette idôlatrie se nichera dans le statut tout aussi ex-orbitant et a-cosmique, attribué par des égos se considérant comme illusoires (sic).... à une Conscience dite suprême et, seule réelle ! A coté de cette investiture, d'une invalidité ubuesque, la quadrature du cercle a l'air logique... Mais bon, à chacun ses dogmes.
Par contre, la théologie négative (de nos rhénans, entre autres amis de dieu) est justement présupposée par l'investissement de l'être dans tous les étants, de l'Un dans tous les multiples. « Ontologie intégrale dépassant toute antinomie de l'Un et du Multiple, par l'intégration du Tout intégrant au Tout diversifié. L'Un-Unique transcende les « uns », parce qu'ils les unifient; l'Etre transcende les étants parce qu'il les essencifie; la Vie transcende les vivants parce qu'elle les vivifie ».
Bref, pas besoin d'être grand clerc pour entrevoir que cette dernière perspective, formulée à partir d'éveils ( témoins et bénéficiaires privilégiés du dit « investissement ») valant largement ceux des orientaux à la mode, ne pouvait que favoriser une attention hermésienne envers des apparences sur lesquelles une institution éclésiale, en perte d'esprit saint, projetait totalitairement sa débilité.
On retrouve là, une chute plus loin et l'air de rien, la préférence accordée d'emblée par Saint Bernard et son Ordre du Temple (un Bernard qui, du reste, correspondait avec Hildegarde) à Denis l'Aéropagyte, car permettant un regard plus avisé sur la Nature.
Dans cette optique, il va de soi, l'Opus chymique et les beaux arts présentent beaucoup d'affinités. Charly nous avait opportunément raffraîchi la mémoire :
« Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. La confidence est loin d'être banale... et suggère, qu'en plus du chardon, y a du pélican dans l'R.
Mais je m'égare une fois de plus, au lieu de vous révéler enfin « tout ce que vous avez envie de savoir sur la géométrie, sans oser le demander ».
Voilà ce que l'on peut trouver : ses formes ou figures s'originent, comme on peut s'en douter (sauf à tabler sur un enseignement d'origine « martienne ») à la fois au-delà et en-deça des « grilles culturelles » héritées, inculquées, permettant, sans vision venues d'en-bas ou d'en-haut, de repérer des formes significatives, voire sym-boliques, dans la bouillie de nos Sensations... post-natales.
Concernant l'en-haut ou eaux de-là, il y aurait comme une 4ème catégorie à envisager, celles dont maître Alleau n'a pas parlé... et pour Cause.
La suite au prochain numéro.
Studieusement vôtre
alirapport
« Cloquet haïssait la réalité, mais il convenait que c'était le seul endroit possible où faire cuire un bon steack ». Woody Allen.
Débat sans débatteurs ? M'oui, c'est l'air du temps, atomiseur... Pour ma part, j'ai juste dû attendre que MORPH abatte plus de cartes pour me faire un avis, c'est quasiment fait. Coté Yvo Jacquier, pas vraiment; vu qu' il réserve ses scientifiques révélations pour l'apocalypse « maya »; espérons qu'il les fera juste avant, qu'on ait un peu de temps pour les apprécier...
Mon entendement n'étant pas doté d'une prothèse infographique, je suis contraint d'en rester à des questions plutôt qu'à des réponses « factuelles », supposéees magiquement.... probantes (tautologiques ?). Donc, je persiste à supputer sans compas, en mode « littéraire » comme dit Jacquier. Black, mais d'équerre, melencolia y invitant malgrè tout.
Ainsi, autant j'apprécie les talismaniques démonstrations de MORPH, autant je ne suis pas convaincu par l'occulte ou allusif « pourquoi » (dessein subliminal) qu'en donne notre valeureux chercheur. De l'efficience perfide de ces graphes sur notre quart d'heure de cerveau disponible ? Mandalas en filigranne, à destination de confrères initiés; pour leur apprendre ce qu'ils savent déjà ??? Pourtant le sujet mériterait qu'on s'y penchât d'avantage et surtout en profondeur, j'y viendrai plus bas si possible.
Une méditation de plus, venant à la suite des innombrables commises depuis Hippocrate, sur les 4 tempéraments ? Why not ? Mais qu'est-ce donc qui alors la nécessitait ? Simple exercice de style ?
M'est avis que la réponse est à chercher dans le courant intensément gnostique qui, par exemple, relie l'Hildegarde de Bingen (proposée par MORPH) à Paracelse.
La sainte (dont par ailleurs les visions s'articulent sur une numérosophie et des proportions fort précises), voyait dans ces 4 humeurs autant de reflets passifs des énergies divines véhiculées par les « vents » animant le cosmos. B. Gorceix, dans sa lumineuse préface au « Livre des oeuvres divines », poursuit : « L'homme étant placé au centre, vers lui convergent toutes les lignes de force de l'univers; ces signes l'embrassent comme un réseau, l'enferment comme un filet. » Donc, un Adam totalement dépendant d'elles et à la merci de leurs incessantes fluctuations.
Mais, pour notre sainte visionnaire, l'homme n'est pas seulement au centre, il est (potentiellement) le centre de l'univers. Situation actualisable par l'imitation du Christ et, ayant pour conséquence « para-médicale » une régulation harmonieuse des dites « humeurs », inféodées de ce fait à des lois ontologiquement supérieures à celles semblant régir le monde chuté. Bénéfice de cette synthonisation internelle du micro et macrocosme :
« L'homme, « clôture des merveilles divines », "vêtement de la Sagesse divine " peut assurer l'épanouissement du monde. Regardant Dieu, célébrant Dieu, il permet à toute la création aussi de « regarder » Dieu. Célébrant la création, la regardant, il permet à Dieu de jeter un nouveau regard sur l'insigne beauté du cosmos. Ainsi se restaure la parfaite unité de l'univers créé et incréé ».
Voilà qui est merveilleusement hermésien, non ?
Quoiqu'il en soit, je reconnais qu'ainsi appliqué aux Meisterstiche l'hypothèse se tient bien mieux que dans le cas de son dernier tableau, « les quatres apôtres », objet de semblables hypothèses. Premier tableau religieux qui, dans l'histoire de l'art occidental, fut offert à un édifice civil. Rendu à César devenu... luthérien?
On y remarquera que le Livre est fermé dans les mains de Paul, mais ouvert dans celles de Jean... « In Anfang war das Wort ». Bref, Dürer resta catholique, comme Trithème resta moine, profondément attachés à l'ouverture de ce Livre... duquel déborde un récit malheureusement plus « littéraire » que scientifique... C'est ballot, mais on n'a pas toujours le « sacré » qui nous arrangerait. Le «G» de grammaire semble prévaloir sur celui de géométrie...
Dans cette veine, où le Verbe-Logos initie la suite, j'ai donc du mal à me satisfaire de dé-monstrations profanes, aussi rigoureuses soient-elles. Sans pour autant en minimiser l'apport, ne s'en remettre qu'à elles pour deviner le dessein de ce type de chef d'oeuvre, me paraît similaire au fait d'examiner les composants d'un poste de TV, pour saisir le sens de... la sitcom présentée sur l'autre face de l'appareillage. Encore que là, depuis MORPH, ça paraîsse plus subtil : ici la trame animerait le motif ?
Comme le dit bien MORPH, avec Dürer, il y a une déconcertante superposition de niveaux :
« réservant Melencolia, la plus célèbre, pour la mesure des édifices où, sous couvert d'une allégorie de la mélancolie, doublée d'un traité pratique de géométrie, il nous transmet sa connaissance la plus intime de la géométrie de l'âme »
Ce que Jeanne Pfeiffer contribua jadis à recadrer, en partie :
« Ceux qui ont étudié les Eléments d’Euclide n’y trouveront rien de neuf, croit-il bon d’avertir au début. Pourtant, c’est tout autre chose qu’une compilation de propositions euclidiennes qu’on trouve dans le corps de son ouvrage.
Sa géométrie n’est pas démonstrative, mais constructive. Le but de Dürer est de construire des formes utiles aux artisans, par des procédés faciles à exercer à l’aide des instruments couramment utilisés, la règle et le compas notamment, et aisément répétables. »
Bref, ce Dürer là ne paraît guère se soucier des vertus théo-sophiques de la Divine Proportion, antées sur l'équi-valence entre la médiété géométrique et la « fonction » du Logos, intermédiaire entre la nature incrée et la créée; synthèse vivante de toutes les proportions... Equivalence qui, il convient de le rappeler encore et en corps, transmute les « évidences » euclidiennes au point de leur conférer, sans arbitraire, une portée véritablement initiatique. A éprouver, plus qu'à prouver... étant donné qu'il s'agirait, en dernière instance, de la... géométrie de l'âme, ainsi que le suggère MORPH.
Voilà donc, plus haut, un constructivisme qui donnerait son eau au moulin pré-scientifique de Jacquier (qui, pour des raisons qui décidement m'échappent, nous fait un gros mystère sacré de « cette véritable culture avant la science »). Mais pour ce faire il faudrait ne tenir aucun compte de la « chair » des oeuvres, de ce que, semble-t-il, elles incarnent, évoquent, désignent, voilent et révèlent...(en étroite complicité avec les idées-forces de l'époque) et, s'en tenir obstinément à leurs seuls squelettes... abordés, de plus, avec des lunettes fâcheusement contemporaines.
Bref, le contraire de ce qui fait que depuis la nuit des temps il y a de l'Art et pas seulement des « trucs » à portée utilitaire... Les acousticiens sont rarement musiciens, ce qui ne les empêchent pas d'en faire du bruit. Comme dit Sarko, l'important c'est de participer....
Certes, techniques et desseins forment un couple peu dissociable, mais pour entrevoir le mystère de leur commune racine (Logos-Thôt-Hermes-Veilleurs-etc...) il faut recourir à une méditation, voire une contemplation (theoria) d'une qualité apparement désertée aujourd'hui. Le seul qui ait charitablement Un-formé sur la question reste Jean Borella in « La crise du symbolisme religieux ».
En revanche, il est flagrant que pour Dürer et les siens, la revivification inspirée du Trait, effectuée par une christique providence, via Pacioli, N. de Cues, ou Naymus Grecus, n'était pas parole gelée.
Mes supputations quant à son appartenance probable à une confrérie initiatique (au sens qu'il convenait d'accorder à ces termes au XVème siècle) ne participent pas d'une récupération « occultiste »; ce sont ses oeuvres qui le chuchottent... comme les chênes de Dodonne murmuraient. Faut prêter, voire donner l'oreille à l'église intérieure, seule absolvante confrérie dans l'absolu, pour voir ce qu'elle veut dire (voix de fin silence...) en cette gravure. Les incidences « magick » que MORPH et Hiram lui prètent me paraissent aussi secondaires que sujettes à caution.
Voir à ce propos, dans l'excellente étude (« Eros et magie à la renaissance ») que fit Couliano, le passage consacré à la mutation, translation « psychologisante» effectuée par G. Bruno de la magique sapience d'Al Kindi, laquelle se voulait objective et; n'avait pas pour but « d'influencer » ses contemporains. Internellement objective, c'est-à-dire prenant en compte les réalités aussi bien intérieures qu'externes, en vue d'activer et orienter, en toute Conscience, des « liaisons » entre ces domaines, au lieu de seulement les subir.
La mise en oeuvre visant l'universel et non le collectif; distingo et méprise restant toujours d'actualité... si j'en juge d'après les dégoulinades contemporaines de l'Amour Cosmique, sur fond de dictatures et démocratures aggravées. Y a pas de mal à se faire du bien, la tête dans le sable; et le reste en offrande aux pouvoirs.
On notera aussi que le très savant Al Kindi mentionne et souligne la condition nécessaire à l'activation efficace de quelques-unes des innombrables correspondances « ondulatoires » entre micro-macrocosme, laquelle, (avec ou sans schémas « magiques »), exige une intentionnalité peu ordinaire.
« Mais, dans une si grande diversité de choses, il n'est pas de science compréhensible à l'homme, excepté dans un petit nombre de cas; et de ce petit nombre font partie les choses que peut évaluer la prévoyance humaine : c'est seulement ce qui procède de la volonté humaine qu'il nous faut à présent étudier, en laissant de coté les mouvements que, sans intervention humaine, différentes choses élémentaires produisent, grâce à leurs rayons, dans d'autres choses dont elles sont distantes.
L'homme, donc, par sa complexion équilibrée, ressemble au monde lui-même. Ainsi est-il un microcosme et s'explique-t-on pourquoi il reçoit, tout comme en possède le monde, un pouvoir d'induire par ses propres efforts des mouvements dans une matière adéquate, à condition toutefois qu'une imagination, une intention et une foi se soient au préalable formées dans l'âme humaine. » G. Bruno parlait quant à lui de « fureurs héroïques »...
Je vous fais grâce de la copieuse suite, mais il s'agit bien d'en venir à une situation, ou état, où « l'esprit de l'imagination possède des rayons conformes aux rayons du monde ».
Et, précision indispensable en « talismanie » ou Archidoxe magique (Paracelse) :
« En outre, lorsque l'homme conçoit une chose matérielle par l'imagination, cette chose acquiert une existence actuelle selon l'espèce dans l'esprit de l'imagination. Aussi cet esprit émet-il des rayons qui meuvent les choses extérieures tout comme la chose dont il est l'image ».
On devine aisément que l'appelation « homme » concerne ici ceux que le taoisme qualifie d'hommes « véritables »; faute de ce niveau de synthonisation, garant de l'actualité et conformité d'une re-présentation « dans l'esprit de l'imagination », tout ceci relève de « croyances » aussi débiles qu'innefficientes. Ce qui fit dire à R. Alleau que cette physique (chymique à merveille) est celle de l'état d'éveil...
Chymique ? Au hasard Balthazar, pour ceux qui doutent de tout sauf de leur doute : dans le « Traité des choses naturelles et surnaturelles » de Basile Valentin.
« Tenez pour certain que le ciel s’épanche dans la terre et que la terre à son tour répond au ciel, et en effet la terre couvre aussi sept planètes, engendrées par les sept célestes au moyen d’une certaine impression vraiment spirituelle, car les astres engendrent tous les Minéraux. Et tout cela se fait d’une manière incompréhensible et spirituelle, et semble par suite surnaturel : voyez deux êtres humains qui s’aiment mutuellement, le corps humain est visible et physique, tandis que l’amour est invisible, spirituel, incompréhensible et surnaturel et ne peut se comparer qu’à l’attraction magnétique. Et en effet l’amour invisible, introduit dans l’imagination spirituelle par un désir ardent, s’apaise uniquement par l’assouvissement de cette soif. »
Bref, ne pouvant m'étendre d'avantage, j'invite les curieux de nature à lire de F. Trojani « Une médecine pour demain »; globalement et, mis à jour scientifiquement, il s'agit des mêmes « choses » que celles d' Al Kindi; cum grano salis.
Pour ceux qui ne daigneraient prendrent en considération l'humilité et le désintéressement faisant de cette science une action de grâce, voir, par ex., d'Ernst Meckelburg, « Les armes secrètes psi ».
Ça date, le titre est manifestement dû à un commercial, mais les « choses » abordées ont un rapport sinistre, quoiqu'en rien rien chimérique, avec ce qui précède. On y constate encore que ça ne marche pas tout seul, et que vu le peu de qualité et de « pêche » des intentions, il faut y suppléer en branchant les « dispositifs » sur secteur...
Pour être honnête, il conviendrait cependant de reconnaître que l'Art (dont l'Opus qui en serait le faîte), a un statut particulier. Mésocosme reliant et combinant par surcroît et, de façon inédite dans la nature comme dans la surnature, le donné et le construit. Il en résulte une « magie » particulière ne nécessitant, pour s'activer, que la qualité du regard.
Alleau, dans un article rédigé pour « l'Art magique » d'A. Breton, nous renseigne.
Il y analyse et distingue via trois catégories, et avec sa pertinence habituelle, cette « magie de l'art » des images ou motifs proprement magiques.
Ces derniers peuvent être définis « en fonction de la connaissances des temps et de la science des matrices. En général, les images artistiques ne sont pas élaborées à partir de données relatives à l'ordre du cosmos et aux propriétés de la matière. Dans ces conditions, la magie apparaît comme un ensemble d'opérations dont l'image est le véhicule et l'instrument tandis que l'art exprime un ensemble de conceptions dont l'image est le symbole ».
Analysant succintement les images alors proposées à sa sagacité, il dira des magiques présentées : qu'elles « doivent être considérées comme des instruments de captation et de transmissions d'énergies subtiles. Ce sont, en quelque sorte, des pièges à esprits. »
« Si leurs lignes et formes peuvent être appréciées esthétiquement, ce jugement ne saurait nous éclairer en rien quant à la nature essentielle d'appâts et de condensateurs de puissances non-humaines »
On en trouve en grand nombre dans l'art proto-chinois, amérindien, celte, etc... et qui présentent beaucoup de flagrantes similitudes. La nécessité crée l'organe... Le moins que l'on puisse dire, c'est que, malgré leur aura chtonienne, elles sont plus proches de l'abstraction que de la figuration. Leur tellurique genèse transparaît dans leur lovecraftien tracé, qui n'a rien d'euclidien. Le Liber Corax en approche quelques-unes, aux racines plus fondamentales (ouraniennes) que ce seul usage, avec les précautions requises.
Quant à l'art, et aux images en relation (en majorité d'apparence énigmatique ou sacrée) soumises à son attention, il dira ceci :
« Quant bien même leur sujet et leurs effets pouraient être comparés, en raison de leur nature énigmatique et mystérieuse, aux conceptions et aux résultats supposés de la magie, il s'agit là d'une transposition, littéralement d'une métaphore, qui résulte de l'impossibilité où se trouve le langage d'exprimer tous les états de conscience par autant de termes différents. Dans ces conditions, l'expression « art magique » signifie toujours, à propos de ces images, « magie de l'art ».
De la différence entre l'art traditionnel concerné et l'art actuel, il remarque que si les images de l'art actuel transmettent parfois le sens du mystère, « elles n'enseignent pas à déchiffrer celui de l'univers. A ce jeu qui peut être un drame, l'esprit et le coeur se lassent de tant de genèses individuelles qui prétendent refaire à notre oeil une virginité depuis toujours perdue.
L'artiste traditionnel respectait assez le public pour ne pas lui apprendre les lettres de l'alphabet du monde. Supposant leurs formes admises et non pas réelles, il les ordonnait de façon à les faire disparaître sous le foudroiement de la beauté, grâce à la seule magie qui, au-delà de toutes les illusions des magiciens et des prêtres, des savants et des techniciens, fait deviner à l'homme la réalité même de l'Absolu ».
Une 3ème catégorie, plus complexe, existe cependant, qui réjouira MORPH.
Celles d' « images centaures », essentiellement doubles « en ce sens précis qu'elles enseignent et transposent des vérités initiatiques et des énergies magiques. Elles se relient d'une part à la fonction opérative de la magie, et, d'autre part, au rôle didactique de l'art. Elles ne doivent pas être confondues avec images magico-religieuses car elles ne sont pas destinées à l'utilisation de puissances non-humaines.
Elles empruntent leurs pouvoirs à des égrégores, constitués au cours des temps, par l'accumulation des expériences et du savoir de nombreuses générations humaines qui ont médité sur leurs symboles, retrouvant, grâce à ces signes de « reconnaissance », les voies de la connaissance antique et de la tradition primordiale.
Enfin, qu'il s'agisse de monnaies, de lames du Tarot ou de figures alchimiques, la valeur magique de ces images est liée à des manipulations ou à des opérations précises. Ceci est évident quant à la cartomancie et à l'alchimie.
Toutefois, ces images-là ne sont pas réductibles à leur seule applications techniques. Différentes des images archaïques, magico-religieuses, elles s'en distinguent non seulement par leur valeur didactique de véhicules d'un enseignement secret mais aussi par la liberté d'interprétation dont elles témoignent par rapport aux formules précises et rigoureuses de la magie pure.
Avec cette liberté apparaît clairement leur nature d'oeuvres d'art. L'imagination créatrice de variations indéfinies sur un thème mélodique simple, composé seulement d'un nombre très limité d'archétypes, caractérise ces formes traditionnelles de l'art. »
En passant et à l'attention d'Hiram : tu cites « Les Épîtres des frères de la pureté » (Rasâ'il al-Ikhwân as-Safâ' ), soit 52 livres. As-tu remarqué, outre ce nombre, qu'il ne s'agit là que d'une table des matières ? Bien malin celui qui, à partir de ses têtes de chapîtres, vaguement annotées, saura en reconstituer les corps. Sauf ismaèlienne assistance (laquelle de nos jours laisse fortement à désirer), mieux vaut suivre la piste faisant réapparaitre cette gnose dans le... Bahîr. Cette surprenante transmission ayant fait l'objet de quelques rares études (P. Duval et A. de Dànann), je t'y renvoie.
En rapport ici avec un paragraphe précédent, on remarque que ce sepher ose méditer deux énoncés vertigineux.
Deutéronome IV, 12 : « Pas d'image, rien qu'une voix ! »
Exode XX, 18 : « Les voix ont été vues ».
Pas les 10, seulement 7 d'entre elles; les 3 autres restant voilées, Triangle d'Or... Mystère déjà évoqué par mes soins sur ce fil, et qui pourrait être la clef de voute de notre artistique sujet.
Je vais gentiment tenter de l'approcher au plus près, aussi ne vous formalisez pas si, comme chaque fois que l'humain blabla flirte « pédagogiquement » avec l'indicible du Réel, ça a l'air abstrait. C'est ainsi. Ne tirez pas sur le pianiste, i' fait c'qu'i' peut....
- Petit a : « Philosophie : le combat contre l'ensorcellement de notre entendement par le langage » (Wittgenstein). Soit les « mots-maux » de la tribu.... Préliminaire plus qu'indispensable par les temps qui courent.
- Gros b : « si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui-même est l'intelligence en acte. » (Cité par Charly). Intellectio plutôt que ratio à sa source, même si la 1ère se sert de la seconde pour s'ex-primer.
Or, sans rapports, pas de géométrie, isn't it ? Initiatique parfois, dit-on; mais pourquoi di-able cette vertu ?
- Collossal c : « Le monde est représentation pure (motawahham), il n'a pas d'existence substancielle; c'est cela le sens d'Imagination. Comprends alors qui tu es, comprends ce qui est ton ipséité, quel est ton rapport avec l'Etre Divin; prends conscience par quoi tu es Lui, et par quoi tu es autre que Lui, le monde ou quel que soit le mot que tu préfères. » Ibn'Arabi.
De ce rapport bien sentu dans le noir le plus noir (en moyenne et extrème raison par exemple), découlera en mode arborescent, hologrammique, avec ou sans sauts quantiques... la perception subtile des causes secondes, ou rapports cosmo-logiques « des choses entre elles », comme dit Cattiaux.
N'en déplaise à Godel ou à d'autres, ce logos-là se situe au niveau du Muthos, « avant » la chute. Chez les titans, pas les olympiens ! Il y est logé comme le lingam issant de la yoni (sym-bole tantrique remarquable); ou, plus cochon et en langue verte, corporelle à souhait : Iakkos issant de Baubô... Filius Macrocosmi de Kunrath.
Les séparer, sous pré-texte de spiritualité pure et dure, ou, de retour à la seule Sensation (?) en marchant comme une fleur, c'est scier la seule branche sur laquelle les deux oiseaux de la Mundaka Upanishad ont une chance de se rencontrer. Lien ou branche hermésienne, s'il en est, tabernacle !
Le piège en cette matière ( motawahham) : traduire-trahir cette Parole en la réduisant par trouille ou commodités égotiques à de la « philo », au sens usuel et creux du terme, et du contenu. Dommage collatéral et subséquent : du dit Muthos ne restera qu'une flaque nauséabonde, le fumeux subconscient. Les pitoyables noces de ce dernier avec l'ectoplasme-résidu du logos : c'est nous, les « moi-je »... Youpi ! Là, je suis d'accord, mieux vaut ne pas penser.
- Géomaîtrise, intro : « On peut constater qu'existent chez l'homme des besoins qui ne relèvent ni de l'intellectualité ni de l'affectivité et que ne sauraient satisfaire ni la science ni l'art. Ce sont ces exigences d'ordre spirituel qui s'expriment à travers les rites initiatiques des sociétés secrètes traditionnelles.
Ceux-ci, dans la mesure où ils situent l'homme par rapport au non-humain selon la perspective d'une tradition sacrée, impliquent nécessairement l'existence d'un savoir de la position de notre esprit dans l'esprit et une connaissance des relations formelles par lesquelles les structures de l'univers ont été, sont et seront créées à l'image de leur principe initial et final.
Dans ces conditions, l'on peut découvrir entre l'esprit et l'espace des rapports analogiques assez profonds pour que s'édifient dans l'éternité même du sans-forme des formes temporelles. Celles-ci rendent manifeste à travers les lois de leur construction l'harmonie essentielle qui les relie toutes entre elles en un même ordre que seul peut contempler totalement celui qui l'a conçu dans le mystère de son unité infinie ». R. Alleau.
Les « littéraires », néanmoins intéressés à la géométrie (dans quel état j'erre ?), apprécieront la sublime et précise rigueur de l'énoncé.
- Géo-maîtise, plat principal par le même auteur : « Mais comme il a été donné à l'esprit humain par son essence incréée de participer de cette puissance divine de contemplation, c'est, en réalité, l'esprit qui se reconnaît soi-même à travers notre esprit et qui sonde ses propres mystères dans les limites de notre manifestation.
La géométrie symbolique est ainsi nécessairement bornée physiquement, d'où le rôle qu'y joue l'espace euclidien, tout en demeurant illimitée logiquement dans ses possibilités d'extension et de compréhension des rapports qu'elle conçoit et qu'elle appréhende, par l'intermédiaire des formes et figures, entre le connu et l'inconnu.
La géométrie peut donc être définie comme la haute science de la position dans l'esprit, étudiée par la méthode de la relation ou du « moyen terme ».
Mais revenons-en à nos mélancoliques moutons, déguisés en lévriers.
Question talismanie et efficience, en lien avec cette melencolia, il y aurait à creuser le résumé idoinement composé (plus haut ici) par MORPH. Quel rapport possible, voire nécessaire, entre « les mesures des édifices », cette melencolia et la géométrie de l'âme ?
Le grand Architecte (pantocrator : matricule 2368) comme le rapella Charly ? Soit, mais comment participer à Sa science comme semble en attester la possiblité cet autoportrait, christique à souhait, où Dürer érige son chardon comme James Bond son pétard ?
Un peu d'histoire de l'art et des idées d'alors nous enseigne que la préoccupation initiale de l'artiste, se dégageant du statut d'artisan en même temps que du prêt à penser de la trop dogmatique Eglise, relève à sa manière d'une « imitatio dei », en tout cas de son versant créateur. Le pî de l'Un coïncidant parfois avec le coeur de ses autres, « faits » à son image... L'individualisme forcené, vaniteux et... paumé, n'en étant que le ratage.
L'origine de cette émancipation de tutelles devenues carcérales consonne fortement avec le néo-platonisme d'une part, mais plus intimement encore avec la quintessence du christianisme, étonnement sortie de sous le boisseau peu avant. Soit, les abîmes de la contemplation rhénane (ceux de l'Ile Verte inclus) mis à la portée des bonnes volontés averties des « avantages » de l'anéantissement.
M'est avis que se tient là le coeur, où rose croît, de la pré-maçonnerie. Rappellons, à la ,suite de B. Roger (« A la découverte de l'alchimie », chap.6), que le gâteau F.M. a bien la forme du moule R.C. ; quoique pour la saveur, ce ne soit pas au point. Non pas les rosicruciens d'après Andreae, claironnant leur incognito, mais ceux d'avant : nobles voyageurs utilisant la Renaissance (et les imprimeries...) pour tenter de sauver le Jardin que le moyen-âge avait, discrètement, amoureusement cultivé.
L'équerre et son compas tenant lieu de chapelet ou d'AVM... il s'agissait de re-trouver et plus encore d'actualiser, au-dedans comme au-dehors, les justes proportions, les vivantes harmoniques qui gisent sous notre déficiente perception des apparences, dont la nôtre propre pour commencer.
En rien gît tout...
Comme le définit Corbin, dans son « paradoxe du monothéisme », l'idolâtrie métaphysique (devenue lourdingue à l'époque de Dürer) consiste à faire de Dieu non pas l'Acte pur d'être, mais un « étant » suprême situé à des années-lumières de notre indignité et, seul doté de Réalité. Les autres « étants » (choses ou êtres) s'en trouvant du même coup relever de la pure illusion, ou tellement insignifiants en eux-mêmes qu'ils ne sont dignes d'intérêt que comme illustrations de ce qu'il ne faut pas être.
La variante contemporaine (via un advaïta vedanta simpliste) de cette idôlatrie se nichera dans le statut tout aussi ex-orbitant et a-cosmique, attribué par des égos se considérant comme illusoires (sic).... à une Conscience dite suprême et, seule réelle ! A coté de cette investiture, d'une invalidité ubuesque, la quadrature du cercle a l'air logique... Mais bon, à chacun ses dogmes.
Par contre, la théologie négative (de nos rhénans, entre autres amis de dieu) est justement présupposée par l'investissement de l'être dans tous les étants, de l'Un dans tous les multiples. « Ontologie intégrale dépassant toute antinomie de l'Un et du Multiple, par l'intégration du Tout intégrant au Tout diversifié. L'Un-Unique transcende les « uns », parce qu'ils les unifient; l'Etre transcende les étants parce qu'il les essencifie; la Vie transcende les vivants parce qu'elle les vivifie ».
Bref, pas besoin d'être grand clerc pour entrevoir que cette dernière perspective, formulée à partir d'éveils ( témoins et bénéficiaires privilégiés du dit « investissement ») valant largement ceux des orientaux à la mode, ne pouvait que favoriser une attention hermésienne envers des apparences sur lesquelles une institution éclésiale, en perte d'esprit saint, projetait totalitairement sa débilité.
On retrouve là, une chute plus loin et l'air de rien, la préférence accordée d'emblée par Saint Bernard et son Ordre du Temple (un Bernard qui, du reste, correspondait avec Hildegarde) à Denis l'Aéropagyte, car permettant un regard plus avisé sur la Nature.
Dans cette optique, il va de soi, l'Opus chymique et les beaux arts présentent beaucoup d'affinités. Charly nous avait opportunément raffraîchi la mémoire :
« Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. La confidence est loin d'être banale... et suggère, qu'en plus du chardon, y a du pélican dans l'R.
Mais je m'égare une fois de plus, au lieu de vous révéler enfin « tout ce que vous avez envie de savoir sur la géométrie, sans oser le demander ».
Voilà ce que l'on peut trouver : ses formes ou figures s'originent, comme on peut s'en douter (sauf à tabler sur un enseignement d'origine « martienne ») à la fois au-delà et en-deça des « grilles culturelles » héritées, inculquées, permettant, sans vision venues d'en-bas ou d'en-haut, de repérer des formes significatives, voire sym-boliques, dans la bouillie de nos Sensations... post-natales.
Concernant l'en-haut ou eaux de-là, il y aurait comme une 4ème catégorie à envisager, celles dont maître Alleau n'a pas parlé... et pour Cause.
La suite au prochain numéro.
Studieusement vôtre
alirapport
« Cloquet haïssait la réalité, mais il convenait que c'était le seul endroit possible où faire cuire un bon steack ». Woody Allen.
aliboron- Nombre de messages : 208
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Date d'inscription : 15/07/2009
Abattre son jeu ?
Bonsoir,
Il y a longtemps que je voulais répondre à Aliboron. Il m’est toujours difficile de répondre à ses envois, tant ceux-ci sont denses et complexes. Et celui-ci est, entre tous, particulièrement soigné par le fait qu'il apporte, plus qu'il n'effleure, quelques éléments de réponse. Par ailleurs, Aliboron risque d’attendre en vain que j’abatte plus de cartes, car il ne s’agit pas d’un jeu et je ne détiens pas d’arcanes cachées... Le sujet est si vaste que j’ai des réticences à imposer mon seul point de vue. Je cherche plutôt à susciter une «disputation», du moment que l’interlocuteur est prêt à répondre avec des arguments visibles et démontrables. Cela dit, je suis curieux de connaître cet avis "quasiment fait". Oui, Aliboron, la trame anime le motif, cela est très justement résumé par cette formule et vous avez raison de citer les quatre apôtres qui, aux dires du peintre lettriste employé par Dürer pour écrire les versets tirés des Evangiles qui accompagnaient le diptyque, représentent aussi les quatre tempéraments. Il y a une rupture manifeste entre les gravures qui nous occupent et son dernier style. Tout comme il y a rupture entre le saint Jérôme dans sa cellule et le Jérome ascétique ci-dessous, plus saturnien que solaire. Celui-ci correspond à la grille de Saturne. Là aussi le point de fuite se trouve sur l'horizontale médiane et l'une des lignes de fuite coïncide avec l'oblique du diagramme, le long des pieds gauches de la table. A remarquer : la double estrade, comme faite pour élever la scène à la hauteur voulue.
Quant à sa "Géométrie" il est évident que Dürer était astreint au secret car jamais il ne révèle quoi que ce soit sur la proportion dorée alors qu'il en faisait un usage courant. " Donne du foin au boeuf et du sucre au perroquet" voila textuellement ce qu'a répondu Trithème à Agrippa.
Procédons par étapes. Il m'est impossible de tout dire ou de répondre point par point à ce dernier post. Ce qui compte c’est de susciter une interaction. Cela peut prendre du temps. Tout dépend des réactions.
Ainsi je réponds aujourd'hui à un fil posté en avril par Logos, en le remerciant de m’avoir rendu attentif à cette curieuse symétrie inhérente au nombre 17.
L’approche qui m’est propre et dont je cherche à comprendre le système ne se limite pas aux quatre humeurs. En s’appuyant sur cette tétralogie qu’illustrent, entre autres, les 4 tempéraments ainsi que les carrés planétaires qui leur correspondent, celle-ci me conduit à travers le paysage fascinant de la Renaissance, vers une connaissance nouvelle qui, autrement, me serait restée étrangère. Le but n'est jamais qu'un prétexte. Ce qu’il y a de fou dans ce système (et la folie est une chose sérieuse qui la rend prisonnière de ce qu’elle croit), c'est qu'il est parfaitement logique.
Cela dit, voici quelques visuels qui tentent d’éclairer cette approche, "en ajoutant quelques pages à l’histoire de l’art" (la formule n’est pas de moi mais d’un ami à qui j’adresse ce clin d’oeil reconnaissant).Le fait du hasard est le croisement de séries indépendantes, et quant il se produit il paraît inévitable, il a toutes les allures de la nécessité ; quant il se répète il commence à dessiner du sens, à forger un destin et la trame sur laquelle il se dessine risque de ressembler à la grille d’une prison...
Jean Frémon
D’ailleurs, je l’ai déjà mentionné en guise d’entrée en matière : je considère ces «recherches» avant tout comme un exercice artistique personnel, fondé sur l’intuition que je soumets par la suite à un travail d’investigation conceptuel et rationnel. Celui-ci procède alors d’un questionnement à la confluence des sciences, des mathématiques, de la philosophie, de l’histoire de l’art et de l’histoire des idées. Sans pour cela nuire à la poésie de l'ensemble.
Une de mes préoccupations majeures a trait à la question des «brisures de symétrie», brisures qui engendrent souvent une mutation. Or le carré attribué au Soleil, dont la somme totalise le chiffre fatidique 666, est un carré d’ordre pairement impair et l’on peut se demander pourquoi on a fait du dimanche, Sontag ou sunday, le jour du Seigneur. Voici pour illustrer cette question, une petite réflexion ana-morphique menée avec des collégiens dans le cadre d’une récente intervention plastique dans leur établissement.
«Saint Jérôme dans sa cellule» correspond au carré du soleil. Je vous livre quelques images en vrac, en précisant toutefois que la grille du carré du soleil, d’ordre 6, reportée sur cette gravure, se superpose exactement par sa médiane horizontale à la ligne d’horizon dont les lignes de fuite dessinent un soleil radiant qui fait écho aux rayons que déverse sur la table la grande fenêtre. Saint Jérôme, avec le lion pour emblème, animal solaire par exellence, ne peut qu’être assimilé à cet astre.
Il semble indéniable que la grille qui partage en 6x6 cases cette gravure, et dont la verticale médiane, à l’instar de l’horizontale, correspond à l’arête de la deuxième fenêtre, ne peut être purement et simplement le fait du hasard. Car cela fait quatre fois de suite qu’une singulière série de «hasards» interfère à chaque fois que l’on superpose à l’une de ces gravures la grille du carré planétaire qui lui correspond.
Concernant encore Hyeronimus, je ne peux que m'étonner, comme l'a déjà fait remarquer Panofsky, du singulier contraste entre l'apparent désordre de Melencolia §I et le confortable intérieur de la cellule du saint où tout semble être immuablement à sa place dans un ordre qui va de pair avec l'inébranlable conviction du saint qui repose dans le "confort de sa foi" en opposition avec le désordre construit que nous livre Melencolia. Or ce désordre est à l'image du carré d'ordre 4 qui dans l'apparente dispersion anarchique des nombres répond en définitive à un ordre beaucoup plus complexe que celui que laisserait présager l'ordre commun de leur suite naturelle. Par contre, le carré du soleil, dont la signature fait montre d'un élégant diagramme, présente dans son parcours graphique un étonnant désordre qui contraste totalement avec l'harmonie de son arrangement numérique. Il y a brisure de symétrie et c'est là le plus étrange, ce total contraste entre les chiffres et l'espace.
De même qu'il y a une corrélation manifeste dans la suite chronologique de leur éxecution (hormis l'écart entre les dates d'Adam et Eve et le Cavalier, écart auquel je crois avoir trouvé une explication). Disposés en croix et parcourus selon le dessin du chiffre 4, Vénus (7) est en complémentarité avec Mars (5) et Saturne (3) avec le Soleil (6) sous l'égide séculaire de Jupiter (signe 4).
De même, dans Melencolia §I, il y a dans la relation diamétralement opposée, entre le carré, en haut à droite, et la sphère tracée au compas, en bas à gauche, une allusion à la quadrature du cercle.
Jeanne Peiffer, dans son introduction de l'Underweyssung der Messung, nous rend attentifs au problème de la quadrature du cercle. Problème posé par Dürer qui «... dans un style singulièrement "incantatoire" (c'est moi qui mets les guillemets) tente de trouver une justification à son procédé ou, du moins, de le rendre plausible. Pour cela, il superpose le cercle et le carré sensés avoir la même aire comme dans la figure ci-dessous, et constate que les deux se dépassent mutuellement.
Le papier sur lequel figurent ces notes et dessins sont (selon Strauss, 6 p. 2806, se fondant sur le filigrane) de fabrication italienne et dateraient de 1506. Ce qui laisse à penser, toujours d'après Jeanne Peiffer, que le problème de la quadrature du cercle trouve son origine en Italie, plutôt que dans les loges allemandes. Ce simple indice nous confirme les préoccupations de Dürer, peu de temps après l'exécution du burin d'Adam et d'Eve. Préoccupations toujours passées sous silence ou esquissées à demi-mots dans l'Underweysung à l'usage des apprentis.Les angles du quadrilatère, (écrit Dürer), dépassent le rond, et celui-ci dépasse les côtés du quadrilatère... Car ce qui est ajouté est aussi retranché... C'est pourquoi cherche et tu trouveras. Car ce qui est ajouté ou retranché l'est à l'aide d'une même circonférence, et il faut comparer les lignes par lesquelles on ajoute ou retranche, car elles sont droites et courbes. Si tu trouves, tu pourras dire dès cette heure : si on te donne un diamètre d'une circonférence, tu pourras dire : la diagonale de la quadrature (du carré) ayant même aire que le cercle est plus longue de tant…(citée et traduit par Jeanne Peiffer, Albrecht Dürer, Géométrie, page 81, édition du Seuil, Paris 1995)
La figure quasi androgyne du grand ange de la mélancolie, qui peut être perçue comme mâle ou femelle, relève du même dessein qui tente d'unir Mars à Vénus, espérant concilier l'eau et le feu. Or cette formidable attirance qu'atteste la foudroyante énergie d'un éclair ou la mortelle étreinte d'un arc électrique, au simple contact de l'eau, révèle le sens caché de cette gravure, sous les auspices de Jupiter le modérateur.
Pour réaliser une sphère parfaite, le tailleur de pierre doit obligatoirement partir d'un cube dont il ampute les coins et c'est par troncatures successives de tous les angles qu'il s'approchera de la sphère avec mesure et méthode.
Le carré magique d'ordre 4, dont la constante est 34, présente, nous l'avons vu, cette même conciliation des contraires dont la somme des deux extrêmes, diamétralement opposés, égale 17.
Toujours dans une note relevée par Jeanne Peiffer (note 80, page 87, dans sa Géométrie) : "De inquisicione capacitatis figurarum", un manuscrit anonyme du XVe siècle, pour trouver le côté du carré, et non sa diagonale, il faut retrancher de son diamètre, de part et d'autre, un segment compris entre 1/17 et 1/18. Cette récurrence du nombre 17, n'a pas fini de nous intriguer (comme l'a déjà judicieusement fait remarquer Logos dans son envoi d'avril dernier).
Le nombre 17, lorsqu'on le divise, présente d'étonnantes décimales symétriquement et indéfiniment répétées.
1/17 : 0,0588235294117647 / 0588235294117647
Celles-ci se réitèrent sans fin par groupe de 16 nombres (le 4 x 4 du carré de Jupiter). Ces seize nombres sont à chaque fois régis par un ordre de symétrie soumis au principe de complémentarité des contraires. Par exemple, si on coupe cette suite en son milieu et qu'on additionne les chiffres ainsi disposés, le produit obtenu est immanquablement une série de 9 :
05882352 + 94117647 = 99999999 |
Cela fonctionne à l'identique pour toutes les autres décimales possibles de 17.Logos a écrit:Une curieuse étude de Zanoni :
Je voudrais commencer une étude sur le nombre 17 en publiant ici une partie d'un message que j'ai envoyé à un ami.
Le nombre 17 a fait couler beaucoup d'encre dernièrement, notamment par les chercheurs qui ont parlé de Rennes le Château ou du Prieuré de Sion.
A ma manière et selon ma formation, je voudrais ici exposer certaines particularités mathématiques de ce nombre.
Le nombre 17 quand on le divise propose de curieuses décimales :
.
1/17 : 0,0588235294117647 0588235294117647 ................
.
2/17 : 0,1176470588235294 1176470588235294 ................
.
3/17 : 0,1764705882352941 1764705882352941 ................
.
4/17 : 0,2352941176470588 2352941176470588 ................
.
5/17 : 0,2941176470588235 2941176470588235 ................
.
6/17 : 0,3529411764705882 3529411764705882 ................
.
7/17 : 0,4117647058823529 4117647058823529 ................
.
8/17 : 0,4705882352941176 4705882352941176 ................
.
9/17 : 0,5294117647058823 5294117647058824 ................
.
10/17 : 0,5882352941176470 5882352941176471 ................
.
11/17 : 0,6470588235294117 6470588235294118 ................
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12/17 : 0,7058823529411764 7058823529411765 ................
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13/17 : 0,7647058823529411 7647058823529412 ................
.
14/17 : 0,8235294117647058 8235294117647059 ................
.
15/17 : 0,8823529411764705 8823529411764706 ................
.
16/17 : 0,9411764705882352 9411764705882353 ................
Ces décimales se répètent à l’infini par groupes de 16 nombres…. Ce sont toujours les mêmes nombres qui les composent dans le même ordre
Dans un groupe, par ex : 0588235294117647, il y a une symétrie par rapport à 9 :
05882352
94117647
Constatons que 9 = 0+9 = 5+4 = 8+1 = 8+1 = 2+7 = 3+6 = 5+4 = 2+7.
On pourra comprendre que l’on peut tracer une rosace étoilée à 16 points (formée de 2 roues à 8 points de centre 9…)
Dans un premier temps par exemple, cela me fait penser à l'étoile à 16 branches de Baux en Provence
Mini commentaire : si on écrit la séquence : a b c d e f g h a' b' c' d' e' f' g' h' ; telle que x + x' = 9,
alors quel que soit le groupe choisi (parmi les 16 possibilités) la propriété de symétrie par rapport à 9 est conservée.
Par contre je ne comprends pas comment tracer une rosace étoilée à partir de ces informations ?
Dommage car les 2 roues à 8 points font penser à la double étoile à 8 branches présente sur certaines Etoiles du tarot.
Le plus beau, ce sont les rythmes qu'engendrent la lecture en colonnes de ces mêmes suites. Ainsi la première colonne, après la virgule derrière le 0, donne :
0 11 22 3 44 55 6 77 88 9
C'est-à-dire, un chiffre seul, deux couples, puis à nouveau un chiffre seul, alternativement suivi de deux couples... et ainsi de suite.
Tout cela nous ramène, selon Jeanne Peiffer, à Nicolas de Cues, en quoi elle a entièrement raison. Nicolas de Cues a fait de la concinitas, la pierre d'achoppement de toute sa philosophie. Sur ce point, il a été suivi encore plus radicalement par Pic de la Mirandolle, surnommé par ses amis : Prince de la Concorde, tant pour ses origines familiales que par un constant souci de syncrétisme, cherchant à réconcilier Platon et Aristote, Averroes et Avicenne, sans tourner le dos aux scholastiques ni s’écarter des modernes.
Très cordialement, avec mes meilleurs voeux de bonheur pour l'année à venir à tous ceux qui nous lisent et plus particulièrement à ceux qui participent activement à ce forum.
Morf
P. S. à l’attention d’Usagi, une copie du «De viribus quantitatis» (vers 1498) avec les carrés de Jupiter, connu sous l’appelation carré de Dürer, et celui de Mars, couplés avec leurs cousins présentés par Agrippa en 1533. Copie qui démontre que ni Agrippa ni Dürer n'en sont les inventeurs, et encore moins Pacioli.
Frank Morzuch- Nombre de messages : 15
Date d'inscription : 06/10/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
L'étude que je vous propose à présent sera, désolé, quelque peu « kilométrique » comme dit l'économe Montaléchel; mais les réalités abordées (ici en exclusivité intergalactique) ne peuvent être plus résumées. J'ai essayé, ça ne marche pas; on dirait du « martien »... et c'est dommage, vu que ça peut valoir son pesant d'OR. La numinosité ici dépassera la dose habituellement prescrite... au point que j'ai longuement hésité avant d'oser entrouvrir cette lucarne. Mais je ne suis que scribe et l'avancement du sujet de ce fil me semble l'exiger; et comme dit E. Wind :
On sait déjà, grâce aux géométries non euclidiennes, que les parallèles, en réalité, se rencontrent... sur une sphère. Et on devine de même, non sans bonnes raisons, que l'existence de cristaux aussi "impossibles" que pentadiques (de Schechtman), présuppose des arrangements d'atomes nécessitant des liaisons passant par un hyperespace, d'un nombre de dimensions forcément supérieur au nôtre. Dans les 2 cas, la cohérence passe donc par un "passage à la limite", voir à l'intangible, même si dans ces illustrations c'est, au moins, mathématisable... Le rapport avec la choucroute nurembourgeoise ? Le sens que je prête à cette gravure : cet "instant" hors du temps, prélude à une naissance non sans rapport (direct) avec la "lueur bleue et admirable" qui s'ensuit, telle que repérée par B. Biebel..."jusqu'à ce que la lumière diffuse dans la masse vile et grossière, se sépare des ténèbres, et, que surgisse l'étoile du matin" (Canseliet).
De fait, la présence de l'ourobourique toutou (symbole du Soufre, germe fixe ou embryon latent), appuie cette hypothèse. Le "métal mort" devant être réanimé par un "esprit", emprunté à une "racine métallique", pour être revitalisé et le rendre ainsi utilisable par l'alchimiste. "Cave canem"... car, pour ce qu'on en sait en ce bas monde, les seuls "cristaux" vivants et, repérés pour le moment, sont les virus. Celà dit, la science des cycles (qui me semble être le sujet traité et mis en oeuvre ici) se dévoilant dans le même "miroir des sages", la quadrature du cercle que tu as judicieusement révélée me parait en illustrer ce moment clef. L'incontournable Guénon (cosmologue malgrè lui) nous informe :
.
Que voilà une progression pouvant donner 3 fois à méditer ! Je ne m'étendrai pas sur les affinités connues entre Elie et Jean-Baptiste ("l'homme des bois" de Fulcan-elli), mais sachez juste qu'il y a un troublant parallélisme entre les faits et gestes du duo Elie-Elisée et ceux de celui formé par Jean Baptiste et Jésus. On notera de plus que le nombre du cycle d'Elie est le 3 : sécheresse de 3 ans - il souffle 3 fois sur l'enfant - et fait verser 3 fois de l'eau pour le sacrifice. Et que celui du cycle d'Elisée est le 7 : sécheresse de 7 ans - il se courbe 7 fois sur le fils de la Sulamite - et invite Naaman a se plonger 7 fois dans le Jourdain. Episode crucial pour l'Aesh Mezareph.... En ce qui concerne la cyclologie qui nous interresse ici, retenons surtout la dimension anté-christique d'Elie (ante = avant, pas anti...). Soit, la connotation "éliaque" d'une ambiance cosmique en annonçant et permettant une autre, ultime : christique donc. Apocalypse...
L'indispensable René Alleau, parlant de notre très merdique époque et de la montée croissante de ses égouts, m'aidera à établir l'occulte transition :
Ca ne vous rappelle toujours rien ? Mais le fameux Miqwe voyons, objet de mon précédent post ! Lequel effectue bien, en toute discrétion, une quadrature du cercle, en ce sens que son « lieu » est celui du rassemblement des eaux célestes descendant à terre. Pour ceux qui n'auraient pas tout saisi, voiçi un éclairage beaucoup plus charitable, quoique moins ciblé, donné par Ibn Arabi :
Dans la même veine médiévale, la "prophétie" de saint Malachie énonce deux devises précédant immédiatement la fermeture du cycle : "par l'intermédiaire de la lune" et, "par le travail du soleil". Soit, d'après certaine survivance récente de l'hermétisme chrétien : "du double rôle de l'islam et du lamaïsme, constitués tous deux au VIIe siècle, dans les événements (qualitatifs, précise-je....) de la fin du cycle actuel". Lune et soleil non sans lien avec le tarot...
Mon petit doigt me chuchotte que cette assistance n'est peut-être pas sans rapport avec les modes de transmissions silencieuses ("multiplicatio") que je vous ai présenté sur le fil l'amour, le pur amour...Because quand la lyre d'Orphée est désaccordée, quand les voies basées sur les "consonnances" Ciel-Terre voient leurs portées couvertes et parasitées par la cacophonie ambiante, reste le Silence, (dans l'oeil du Typhon). Hors d'atteinte, par (sur-)nature... En rapport aussi, et plus manifestement, avec la recrudescence, l'étonnante, voire pléthorique émergence d'éveils "sauvages", ici et là... Même si ça donne plutôt des bonzaïs bavards que des chênes sous lesquels rendre Justice, y a de quoi se réjouir.
Qu'est-ce qu'un Juste pour la kabbale ? Sacrée question ! Kabbale, dont le maître par excellence n'est autre qu'Elie... Et de se poser une vraie question : si les anciens ont pu "prédir" ce Miqwe, en quoi les éveils actuels se démarqueraient-ils (comme tend à le supposer la mouvance labellisée "développement personnel"), en essence, des leurs ? Question de nature, ou de degrés ?
En passant, je me permets de signaler aux rosicruciens ou assimilés, de passage ici, qu'il y a des chances pour que l'initiation Rose+Croix originelle relève de ce même Silence; de plus, il se pourrait bien qu'elle soit toujours, très discrètement, en vigueur. Voyez l'ouvrage (en espagnol), intitulé "La Gnose de Jean". Il a pour sous-titre "Introduction á l'interprétation ésotérique et traditionnelle du quatrième évangile"; signé Fr. A. Arakilah. En particulier ses indications sur le Hashmal, ou Silence parlant... que n'aurait pas contredites Benito Arias Montano, par exemple.
En regard de notre melencolia et de l'éventuelle pertinence à réquisitionner large, des Templiers à la kabbale; cette indication donnée par R.T. Prinke. Il s'est livré à une scrupuleuse recherche iconographique sur l'association de rose et de croix antérieure à ce qu'on en connait habituellement. Il commence par mentionner que cette iconographie apparaît fin XIII ème siècle « in a Templar ceremonial sword, which later served as the coronation sword of Polish kings, and that a plant known as the Rose of Jericho was known to Templars and used as a symbol by them » (1).
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Mais il convient que c'est un peu léger et guère convaincant... Poursuivant sa traque, il en rapporte un morceau de choix : rose et croix bien combinées « on the central panel of Herbaville Triptych, which is Byzantine and comes from the 10th or 11th century » (2).
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Notre auteur, qui n'en est pas à sa 1ère investigation en ces sujets, y voit la confirmation d'une de ses hypothèses de travail, à savoir : « the Templar origin of the symbol, as the Order of the Temple had connections with the Byzantine Empire » (3).
A ce propos du reste, il pourrait s'avérer fructueux d'explorer plus avant les indices laissés ça et là par G. Heym.
Celui-ci pour commencer :
Heym, énochéen distingué, explique :
Pour en finir avec les byzantines (et coptes) émanations, plus ou moins survivantes et, en bonne ou piètre santé, on peut aller fouiner du coté des R.+C. d'Orient, de l' « Ordre du Lys et de l'Aigle» censé avoir été fondé en 1054 par Photius, patriarche de Constantinople, et déclarant avoir reçu « un apport rosicrucien asiatique » par le dernier maïtre de la branche grecque, Elie-Marius. Ça vaut largement son poids de FARC...
Dans les parages, tardivement martinistes... comme le fut aussi J. Calmels, on y croisera les trajectoires des dénommés Psellos, Sémélas, Ambelain, etc. avec, pour finir, une interressante bifurcation sur l'Egypte de Ferdinand De Lesseps et.... Fulcanelli. Mais je m'égare une fois de plus en omettant de vous dire que l'enquète iconographique du sieur Prinke avait levé un lièvre d'importance, qui aurait pu être croqué par Dürer ! La plus fiable antériorité de ce symbole R.+C. se trouve ainsi dans une oeuvre de Jacob Lochter parue en 1517. L'exécution en fut effectuée en 1515 par Hans Suess von Kulmbach, ami et, pour un temps, élève de Dürer...
L'interprétation qu'en offre Prinke est peu discutable, vu qu'il s'agit surtout d'une description; mais voyez vous même :
Ça le fait ! Youpi !
La suite, plutôt consacrée à une solution (triangulaire) de la quadrature de ce cercle, au prochain épisode.
Cordialement aliboron
__________________________
(1). ...dans une épée cérémonielle templière, laquelle servit ultérieurement d'épée de couronnement des rois de Pologne, et qu'une plante dénommée Rose de Jéricho était connue des Templiers et utilisée par eux en tant que symbole...
(2). ...sur le panneau central du Triptyque d'Herbaville, qui est byzantin et remonte au 11ème ou 12ème siècle...
(3). ...l'origine templière du symbole, puisque l'Ordre du Temple entretenait des liens avec l'Empire byzantin...
L'étude que je vous propose à présent sera, désolé, quelque peu « kilométrique » comme dit l'économe Montaléchel; mais les réalités abordées (ici en exclusivité intergalactique) ne peuvent être plus résumées. J'ai essayé, ça ne marche pas; on dirait du « martien »... et c'est dommage, vu que ça peut valoir son pesant d'OR. La numinosité ici dépassera la dose habituellement prescrite... au point que j'ai longuement hésité avant d'oser entrouvrir cette lucarne. Mais je ne suis que scribe et l'avancement du sujet de ce fil me semble l'exiger; et comme dit E. Wind :
A l'attention de Morph particulièrement, cette réponse me taraudait mais, vue la difficulté des sujets soulevés, elle nécessitait une longue rumination. "Il ne faut pas devenir fou n'importe comment », disait un poète... Tout d'abord, en disant qu'au vu de tes cartes déjà abattues, j'ai pu me faire un avis sur "l'orientation" de ta recherche concernant Dürer, celà ne préjugeait de rien d'arrêter. Juste qu'il m'a fallut du temps pour piger vers où allait ton enquête. Pas d'arcanes cachés de supposés; relax... Oui pour la disputation, ce plaisir est devenu trop rare ! A ce propos, considérant que ces échanges semblent, à 1ère vue, suivre leurs propres cours parallèles, une analogie m'a séduit tant elle me parait consonner avec ce qui se joue, en 2ème vue.la méthode qui convient aux petits travaux mais non aux grands a de toute évidence commencé par le mauvais bout... Le lieu commun peut être compris comme une réduction de l'exceptionnel, mais l'exceptionnel ne peut être compris en amplifiant le lieu commun. (...) l'exceptionnel est primordial parce qu'il introduit la catégorie la plus vaste.
On sait déjà, grâce aux géométries non euclidiennes, que les parallèles, en réalité, se rencontrent... sur une sphère. Et on devine de même, non sans bonnes raisons, que l'existence de cristaux aussi "impossibles" que pentadiques (de Schechtman), présuppose des arrangements d'atomes nécessitant des liaisons passant par un hyperespace, d'un nombre de dimensions forcément supérieur au nôtre. Dans les 2 cas, la cohérence passe donc par un "passage à la limite", voir à l'intangible, même si dans ces illustrations c'est, au moins, mathématisable... Le rapport avec la choucroute nurembourgeoise ? Le sens que je prête à cette gravure : cet "instant" hors du temps, prélude à une naissance non sans rapport (direct) avec la "lueur bleue et admirable" qui s'ensuit, telle que repérée par B. Biebel..."jusqu'à ce que la lumière diffuse dans la masse vile et grossière, se sépare des ténèbres, et, que surgisse l'étoile du matin" (Canseliet).
De fait, la présence de l'ourobourique toutou (symbole du Soufre, germe fixe ou embryon latent), appuie cette hypothèse. Le "métal mort" devant être réanimé par un "esprit", emprunté à une "racine métallique", pour être revitalisé et le rendre ainsi utilisable par l'alchimiste. "Cave canem"... car, pour ce qu'on en sait en ce bas monde, les seuls "cristaux" vivants et, repérés pour le moment, sont les virus. Celà dit, la science des cycles (qui me semble être le sujet traité et mis en oeuvre ici) se dévoilant dans le même "miroir des sages", la quadrature du cercle que tu as judicieusement révélée me parait en illustrer ce moment clef. L'incontournable Guénon (cosmologue malgrè lui) nous informe :
Mais il y a un autre aspect canin, propre à ce stellaire "feltro" accompagnant Elie-artiste, qui a retenu mon attention. Jacques Bonnet fait remarquer que :La division du Manvantara s'effectue donc suivant la formule 10 = 4+3+2+1, qui est, en sens inverse, celle de la Tétraktys pythagoricienne : 1+2+3+4=10 ; cette dernière formule correspond à ce que le langage de l'hermétisme occidental appelle la « circulature du quadrant», et l'autre au problème inverse de la « quadrature du cercle », qui exprime précisément le rapport de la fin du cycle à son commencement, c'est-à-dire, l'intégration de son développement total.
D'autre part, 52 est la valeur de BEN, le fils. 17 - 51(+1) - 153.Dans le monde sémitique, en babylonien, comme en hébreu et en arabe, le nom du chien était fait de trois consonnes KLB (Kaleb, Kalb, Klebs) dont la somme numérique est 52, c’est-à-dire le nombre de BAKOL, la Fille. Cette fille, est la Shekhinah, la parèdre de Metatron, prince des anges, dont le nom ancien était YAHOEL. Yahoel, comme Élie, unit les noms divins YAH et EL et son nombre est également 52. . . . (...) . . . 52 est le nombre du Tétragramme répété deux fois, comme dans la déclaration d'amour de IHWH au moment du veau d'or, donc de la Canicule.
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Que voilà une progression pouvant donner 3 fois à méditer ! Je ne m'étendrai pas sur les affinités connues entre Elie et Jean-Baptiste ("l'homme des bois" de Fulcan-elli), mais sachez juste qu'il y a un troublant parallélisme entre les faits et gestes du duo Elie-Elisée et ceux de celui formé par Jean Baptiste et Jésus. On notera de plus que le nombre du cycle d'Elie est le 3 : sécheresse de 3 ans - il souffle 3 fois sur l'enfant - et fait verser 3 fois de l'eau pour le sacrifice. Et que celui du cycle d'Elisée est le 7 : sécheresse de 7 ans - il se courbe 7 fois sur le fils de la Sulamite - et invite Naaman a se plonger 7 fois dans le Jourdain. Episode crucial pour l'Aesh Mezareph.... En ce qui concerne la cyclologie qui nous interresse ici, retenons surtout la dimension anté-christique d'Elie (ante = avant, pas anti...). Soit, la connotation "éliaque" d'une ambiance cosmique en annonçant et permettant une autre, ultime : christique donc. Apocalypse...
L'indispensable René Alleau, parlant de notre très merdique époque et de la montée croissante de ses égouts, m'aidera à établir l'occulte transition :
" Elie, qui, (comme le dit fort justement le mystérique J. Reyor, kabbalisant à ses heures) : "manifeste la mystérieuse Pensée ontologiquement antérieure au mystérieux Verbe".Il ne faut pas voir le rapport de forces, mais le rapport qualitatif. Nous sommes contraints à un accroissement de la qualité, du point de vue spirituel, qui n'aura peut-être jamais été atteint dans l'histoire. C'est pourquoi, d'ailleurs, il a été prédit qu'à la fin des temps, Elie et Hénoch témoigneront contre la Bête, contre le règne de l'Antichrist. Il a été dit qu'une dispensation se ferait au pire moment de l'obscurité de cet âge, et elle se fera comme elle figure sur la grande rose de Notre Dame, où elle n'a pas été montré sans raison.
Ca ne vous rappelle toujours rien ? Mais le fameux Miqwe voyons, objet de mon précédent post ! Lequel effectue bien, en toute discrétion, une quadrature du cercle, en ce sens que son « lieu » est celui du rassemblement des eaux célestes descendant à terre. Pour ceux qui n'auraient pas tout saisi, voiçi un éclairage beaucoup plus charitable, quoique moins ciblé, donné par Ibn Arabi :
Ainsi benoîtement présentée, une étrange économie divine... Cela étant, le texte ci-dessus contient moult subtilités que je vous laisse évaluer. En contrepoint, ceci d'une toute autre tradition et concernant une voie d'accès, jadis plutôt réservée à des yogis surdiplomés, mais à présent accessible aux bonnes volontés : "En cet âge sombre, l'essence du coeur de Samantabhadra s'embrasera comme un feu". Bouddhisme tibétain, courant dzogchen. On y reviendra plus loin.Cependant le temps aujourd'hui n'est pas le même qu'autrefois car il se rapproche de la demeure de l'au-delà. Le dévoilement se multiplie chez les hommes de notre époque. Les scintillements des lumières commencent à briller et à paraitre. (...) Ce que nous venons d'évoquer tient à l'approche du Temps et à la manifestation des conditions du monde intermédiaire (barzakh). (...) La science, à la fois unique et diffuse, a besoin d'hommes qui la portent. Quand ceux-ci sont nombreux en raison de leur sainteté, car il s'agit de la science des saints, la science est partagée entre eux. C'est pourquoi elle n'abondent pas chez ceux qui nous ont précédés. Ceux qui la détenaient, ne le laissait pas paraitre car ils la dominaient. Mais quand sont peu nombreux ceux qui peuvent porter la science du fait de la corruption du commun des hommes, le saint la reçoit en abondance, car la part de chaque homme corrompue lui échoit et il en devient l'héritier. Aussi la science, l'ouverture spirituelle et le dévoilement abondent-ils chez les hommes des époques ultérieures.
Dans la même veine médiévale, la "prophétie" de saint Malachie énonce deux devises précédant immédiatement la fermeture du cycle : "par l'intermédiaire de la lune" et, "par le travail du soleil". Soit, d'après certaine survivance récente de l'hermétisme chrétien : "du double rôle de l'islam et du lamaïsme, constitués tous deux au VIIe siècle, dans les événements (qualitatifs, précise-je....) de la fin du cycle actuel". Lune et soleil non sans lien avec le tarot...
Mon petit doigt me chuchotte que cette assistance n'est peut-être pas sans rapport avec les modes de transmissions silencieuses ("multiplicatio") que je vous ai présenté sur le fil l'amour, le pur amour...Because quand la lyre d'Orphée est désaccordée, quand les voies basées sur les "consonnances" Ciel-Terre voient leurs portées couvertes et parasitées par la cacophonie ambiante, reste le Silence, (dans l'oeil du Typhon). Hors d'atteinte, par (sur-)nature... En rapport aussi, et plus manifestement, avec la recrudescence, l'étonnante, voire pléthorique émergence d'éveils "sauvages", ici et là... Même si ça donne plutôt des bonzaïs bavards que des chênes sous lesquels rendre Justice, y a de quoi se réjouir.
Qu'est-ce qu'un Juste pour la kabbale ? Sacrée question ! Kabbale, dont le maître par excellence n'est autre qu'Elie... Et de se poser une vraie question : si les anciens ont pu "prédir" ce Miqwe, en quoi les éveils actuels se démarqueraient-ils (comme tend à le supposer la mouvance labellisée "développement personnel"), en essence, des leurs ? Question de nature, ou de degrés ?
En passant, je me permets de signaler aux rosicruciens ou assimilés, de passage ici, qu'il y a des chances pour que l'initiation Rose+Croix originelle relève de ce même Silence; de plus, il se pourrait bien qu'elle soit toujours, très discrètement, en vigueur. Voyez l'ouvrage (en espagnol), intitulé "La Gnose de Jean". Il a pour sous-titre "Introduction á l'interprétation ésotérique et traditionnelle du quatrième évangile"; signé Fr. A. Arakilah. En particulier ses indications sur le Hashmal, ou Silence parlant... que n'aurait pas contredites Benito Arias Montano, par exemple.
En regard de notre melencolia et de l'éventuelle pertinence à réquisitionner large, des Templiers à la kabbale; cette indication donnée par R.T. Prinke. Il s'est livré à une scrupuleuse recherche iconographique sur l'association de rose et de croix antérieure à ce qu'on en connait habituellement. Il commence par mentionner que cette iconographie apparaît fin XIII ème siècle « in a Templar ceremonial sword, which later served as the coronation sword of Polish kings, and that a plant known as the Rose of Jericho was known to Templars and used as a symbol by them » (1).
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Mais il convient que c'est un peu léger et guère convaincant... Poursuivant sa traque, il en rapporte un morceau de choix : rose et croix bien combinées « on the central panel of Herbaville Triptych, which is Byzantine and comes from the 10th or 11th century » (2).
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Notre auteur, qui n'en est pas à sa 1ère investigation en ces sujets, y voit la confirmation d'une de ses hypothèses de travail, à savoir : « the Templar origin of the symbol, as the Order of the Temple had connections with the Byzantine Empire » (3).
A ce propos du reste, il pourrait s'avérer fructueux d'explorer plus avant les indices laissés ça et là par G. Heym.
Celui-ci pour commencer :
Et celui-là pour continuer :Venise fut pendant de longs siècles une des villes les plus importantes de l’Europe et des liens étroits avec Byzance ont conféré à cette cité adriatique le grand honneur d’être réputée gardienne de l’Art et de la Science byzantins. Ainsi, Venise était-elle le canal par lequel l’Alchimie hellénistique et byzantine purent pénétrer en Europe. Cette Alchimie byzantine ne fut, en réalité, pas autre chose qu’un prolongement (plutôt qu’un développement) de l’ancienne tradition. Venise devint, pour ainsi dire, la dépositaire des manuscrits alchimiques de langue grecque ; “dépositaire”, disons-nous, parce que, d’une part, nous avons à peine entendu parler d’Alchimie grecque avant la fin du XVe siècle, et que, d’autre part, à cette époque, la technique des étudiants vénitiens avait déjà été profondément influencée par la Tradition orale arabe.
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La plupart des savants européens sont peu au courant du fait de l’Alchimie grecque et byzantine, et ce pour deux raisons : d’abord, on ne disposait que de très peu de manuscrits, autant jadis que de nos jours ; ensuite, on n’a publié qu’un nombre infime de ces rares écrits. Le célèbre manuscrit de la Bibliothèque de Saint-Marc, publié par Berthelot avec des commentaires, est incomplet ; quelques fragments seulement en ont été imprimés, qui se trouvent éparpillés dans certaines collections européennes importantes. L’auteur du présent article eut une fois l’occasion d’examiner une collection particulière de manuscrits alchimiques grecs composée de plusieurs milliers de volumes dont plusieurs finement illustrés. Les dessins représentaient, soit des sujets mythologiques grecs, soit des allégories chrétiennes à la manière byzantine et n’ont rien de commun avec ceux que nous possédons ailleurs. Certains sont peut-être exécutés de manière un peu crue, mais ces manuscrits, soigneusement reliés, se caractérisent par une fort belle calligraphie en ce qui concerne les lettres et les illustrations. Autant qu’il a été possible de l’observer, le texte, dans chaque cas, ne constituait qu’un commentaire des illustrations. Il était surtout intéressant de constater que nous nous trouvions apparemment en présence de la source d’un grand nombre de gravures symboliques que l’on trouve dans les livres européens, exemple : celles de l’Atalanta Fugiens qui semblent n’être autre chose qu’une version européenne “moderne” d’un ensemble de dessins byzantins. Serions-nous donc en face du problème d’une origine grecque de la majorité de nos dessins alchimiques, tandis que les commentaires seraient vraisemblablement et dans chaque cas basés sur la Tradition arabe ? Venise, dit-on, aurait connu l’Alchimie byzantine dès les environs de l’an 900 ; la Tradition et la pratique étaient cependant limitées à certaines familles.
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À Byzance, l’Alchimie fut pratiquée jusqu’à la catastrophe finale et ne prit pas fin à l’époque du moine Stéphanos pendant le règne de l’empereur Héraclius. Son origine se situe dans la période de l’Hellénisme avancé ; son langage symbolique et ses dessins sont très difficiles à interpréter ; elle était basée sur l’emploi de formules secrètes, beaucoup plus que ne l’était la technique arabe d’Alchimie ; bref, elle était essentiellement “personnelle” selon une Tradition familiale. Néanmoins, il y a un mystère qui demeure : que sont devenus tous les manuscrits ?
Cette étude est intitulée « Aperçus sur les sociétés secrètes dans l'allemagne du XVIIè siècle », avec en dessert une rare gravure hermétique sur laquelle figure notemment un obélisque assez semblable à celui que Philosthène, F.C.H. , situe à proximité du tertre d'Héliopolis... De plus sur cet obélisque (ou triangle très « étiré », on y viendra plus loin) est inscrit un mot étr-ange.Un autre ordre fort intéressant et absolument ignoré est celui des Frères Asiatiques ou Chevaliers et Frères de Saint Jean l'Evangéliste venus d'Asie en Europe. Sans doute fondé vers 1750, il fut réorganisé de 1780 à 1784 par von Eckhoffen. Bientôt après, l'ordre « disparut » complètement. Son origine orientale fut toujours attestée par ses membres et dans ses statuts il est fait mention des « Fondateurs et Mandatés des sept églises inconnues d'Asie » (Apocalypse de Jean, I, 2), ainsi que du « Grand Synedrion », dont le siège serait situé à Thessalonique.
Heym, énochéen distingué, explique :
En attendant cette belle au bois dormant déguisée en licorne, voilà des mantrams rappellant fortement ceux que Gustav Meyrinck disait provenir, non pas de Sebbotendorf (indigne bektashi...), mais de son ami (à Gustav) Paul Schwidtal. Mais que les occultistes friands d'énigmes à la Dan Brown se rassurent, ce n'est pas si inaccessible que ça ! Il suffit de se rendre en Inde chez les yogis nommés « agori » ; une science étonnamment similaire s'y est maintenue depuis l'aube des temps. Elle combine carrés magiques (de neuf cases principalement, et des triangles de 9 tout aussi « magiques » pour les périodes situées entre équinoxes et solstices) où sont disposées les planètes selon les moments-clef retenus. L'activation de l'ensemble, destiné à parfaire une synthonisation, convoquant les éléments, s'effectue aux moyen de mantras. Différence notable, ce ne sont pas les signes zodiacaux qui y sont à l'honneur, mais les 7 astres + 2.Les signes qui mènent à la lumière sont ce que l'on appelle en anglais des « words of power », mantrams de la mutation et de la transmutation qui mène à l'immortalité. Le mot ORAIM, au sommet de l'obélisque, est un sigle cabalistique dont chacune des lettres est l'initiale d'un autre mot, qu'il faut prononcer d'une certaine façon. Mais que sont ces signes, ces mantrams ? Ils sont tout d'abord en relation avec les douze signes zodiacaux et ne doivent être modulés que dans leur secteur zodiacal. C'est pourquoi ce travail dure douze mois. On ne trouve ces mantrams zodiacaux que dans les manuscrits magiques arabes, ainsi que leur épellation et leur décomposition en consonnes et en voyelles. Au-dessus de l'obélisque flotte le symbole de la lumière divine et, au-dessus encore, dans un petit cercle, sont trois mantrams supplémentaires nécessaires à l'engendrement du corps immortel, du corps clarifié. Ainsi nous retrouvons à nouveau l'exposition symbolique des profondes connaissances ésotériques d'une Loge inconnue. Cette science secrète a presque entièrement disparu, et c'est en vain que l'on se demande pourquoi. Peut être sera-t-elle prochainement réveillée.
Pour en finir avec les byzantines (et coptes) émanations, plus ou moins survivantes et, en bonne ou piètre santé, on peut aller fouiner du coté des R.+C. d'Orient, de l' « Ordre du Lys et de l'Aigle» censé avoir été fondé en 1054 par Photius, patriarche de Constantinople, et déclarant avoir reçu « un apport rosicrucien asiatique » par le dernier maïtre de la branche grecque, Elie-Marius. Ça vaut largement son poids de FARC...
Dans les parages, tardivement martinistes... comme le fut aussi J. Calmels, on y croisera les trajectoires des dénommés Psellos, Sémélas, Ambelain, etc. avec, pour finir, une interressante bifurcation sur l'Egypte de Ferdinand De Lesseps et.... Fulcanelli. Mais je m'égare une fois de plus en omettant de vous dire que l'enquète iconographique du sieur Prinke avait levé un lièvre d'importance, qui aurait pu être croqué par Dürer ! La plus fiable antériorité de ce symbole R.+C. se trouve ainsi dans une oeuvre de Jacob Lochter parue en 1517. L'exécution en fut effectuée en 1515 par Hans Suess von Kulmbach, ami et, pour un temps, élève de Dürer...
L'interprétation qu'en offre Prinke est peu discutable, vu qu'il s'agit surtout d'une description; mais voyez vous même :
Il poursuit en montrant que l'interprétation kabbalistique est, de plus, épaulée par la division en 4 parties du cercle englobant l'ensemble ; soit les 4 « mondes » de la kabbale juive. Donc qu'en chacun de ces « niveaux » de l'Arbre, apparaissent les séphirotiques roses... Au dessus de Dieu le père (Kether) et en dehors du cercle de roses, on voit une « véronique » soutenue par deux anges; ce qui correspond certainement aux voiles de l'En-Soph; conclut-il. Puis, inquiet du fait que l'on puisse ne voir en tout cela qu'hazardeuse coincidence en l'histoire de l'art, il compare l'agencement qui précède avec une version, certes un peu simplifiée (4 roses pour une croix), figurant en 1ère page du "Speculum Sophicum Rhodo-Stauroticum", 4ème manifeste R.C.Le calvaire représenté est à l'évidence une image de l'Arbre de Vie paradisiaque, mais il peut aussi être une interprétation de l'arbre de vie de la kabbale. Il y a trois petites roses au dessus du Christ : l'une sur la poitrine de Dieu le Père (Kether) et une à chaque extrémité des bras horizontaux de la croix (Chokmah et Binah), formant un triangle céleste de Sephiroth. Les trois roses juste en dessous des pieds du Christ forment le triangle inférieur ; et la grande, avec une croix à l'intérieur, indique probablement Malkuth. Il reste encore 4 roses ; aussi on peut supposer que, pour des raisons de symétrie, les deux, proches des pieds du Christ, désignent Tiphereth. La figure entière peut être comparée avec le dessin proposé au frontispice de l'ouvrage de Waite, « Secret Tradition in Israel », c'est quasiment identique.
Ça le fait ! Youpi !
La suite, plutôt consacrée à une solution (triangulaire) de la quadrature de ce cercle, au prochain épisode.
Cordialement aliboron
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(1). ...dans une épée cérémonielle templière, laquelle servit ultérieurement d'épée de couronnement des rois de Pologne, et qu'une plante dénommée Rose de Jéricho était connue des Templiers et utilisée par eux en tant que symbole...
(2). ...sur le panneau central du Triptyque d'Herbaville, qui est byzantin et remonte au 11ème ou 12ème siècle...
(3). ...l'origine templière du symbole, puisque l'Ordre du Temple entretenait des liens avec l'Empire byzantin...
aliboron- Nombre de messages : 208
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Date d'inscription : 15/07/2009
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Mais quel lien entre tout ça, la quadrature du cercle, Elie-Jean Baptiste et ce chien endormi ? Une simple assonance, en langue arabe, entre Kalb (chien) et Qalb (coeur)... m'a mis ses puces à l'oreille; ceci aussitôt confirmé, en choeur, par mes 3 shitzous. Le coeur en hébreux se dit LEB, valeur 33.
La permutation du carré en cercle, ou l'inverse, relève d'un retournement de « situation », ou metanoïa, que ni la géométrie, ni la nature ne sont en mesure d'accomplir toutes seules.
Or, dans le même champ sémantique et sémitique, en arabe coranique la racine trilitère QLB, qui donne le mot qalb-coeur, signifie retourner. Et Dieu est dit être « Celui qui retourne les coeurs ». Comme nous en instruit J. Canteins, ce coeur, si on le schématise par un triangle, celui-çi est renversé, pointe en bas. L'indication est loin d'être aussi anodine qu'elle n'y paraît; on le verra mieux plus loin.
Bref, on commence à flairer des 3 partout... manque plus que de lever la bonne triplicité, pour passer du cercle au carré.
Ecumant paresseusement le net à la recherche de copiés-collés étayant mes élucubrations, je trouve ceci (ici : http://cheminement-vers-la-lumiere.com/htm/textestheoriques.htm), p 95.
Le « frère », auteur de ce blog reluquant le Bahir, s'y fend d'une exégèse.
« Le Leb, le Coeur : L'Univers tout entier se compose donc de trois régions: le Téli en haut, de forme cubique; le galgal en bas, de forme sphérique; et, constituant un plan de démarcation entre les deux, le Leb, zone intermédiaire qui tient à la fois du carré et du cercle,
(il aurait dû s'arreter là, mais il achève ): pour rappeler une fois de plus l'indifférenciation du volume originel. La forme du coeur humain, qui allie la courbe et l'angle, suggère en effet l'alliance du cercle et du polygone. »
Ca commençait kabbalistiquement réglo mais ça se finit près d'un tohu bohu d'où... on lui tend un bistouri et de mauvaise binocles, zut ! Le sacré graal des Monthy Pythons n'est pas loin alors qu'on frôlait la solution... Mais c'est comme pour la rentrée dans l'atmosphère des navettes spatiales : si c'est pas exactement le bon angle de pénétration, ça rebondit... S'intéresser aux angles (ex anges) est une chose; la réciproque, parfois moins probante de nos jours.
S'il avait lu notre cher Corbin, il aurait peut etre tilté à la mention, par Rûzbehân, du « cône du coeur ». Ou, du même cône, parfois dédoublé en losange (rhombe) qu'on trouve ça et là, l'air de rien, dans les textes d'Alleau ou, dans "Dialogues avec l'ange". Ou mieux encore, un (vrai) yoga lui aurait permis de constater, à la suite d'Abhinavagupta par exemple, que le coeur en cause, le sien en l'occurence (raremment à gauche), "est une vibration subtile triangulaire qui se contracte et se dilate sans arrêt bien que demeurant toujours en repos dans le séjour de la suprême béatitude".
Que "ce triangle apparait lorsque la vibration initiale de la Conscience, unie à l'énergie de félicité, pénètre dans l'énergie de volonté pour donner le germe triangulaire." (Vatulanatha sutra).
Faute de place pour papotter sur cette internelle "manifestation des conditions du monde intermédiaire (barzakh)", on se contentera de rapporter que ce triangle symbolise l'équilibre des énergies encore indivises. Que le point lumineux (bindu) au centre, assimilé au phonème E, représente l'union indissoluble entre Shiva et son énergie; et que c'est "le sanctuaire des noms et des formes".
"Lorsqu'Il est prêt à désirer, à connaïtre et à créer l'univers, c'est Lui l'épanouissement fort et doux du triangle du Coeur qu'on dit avoir l'énergie pour essence". (Maharthamanjari).
Que ce triangle se développera en 3 lignes ou 3 fonctions qui seront à l'origine de la triple différenciation, dont la triplicité : création-existence-destruction. Rien que ça...
Bref, il est identifié à la Science immaculée, ce qui fait de lui "le grand mystère qui accomplit tous les pouvoirs magiques, la lumière unique de la Conscience sous-jacente au connaisseur et au connu".
Comme le dit l'alchimiste R. Alleau, en soutane pour une fois, (in « Tradition et invention »), « Nous avons hérité d'un prodigieux symbole, du symbole des symboles, la Trinité. Nous l'avons regardé, il est sous nos yeux, nous ne le voyons point et pourtant son triple rayonnement et ses flammes devraient nous éclairer ».
Et que nous chante cette joueuse Co-naissance sous nos cieux abrahamiques, si ce n'est « Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon »... Noire et belle, comme la « nox corporis » du Philalèthe ? Allez savoir...
Qui accomplit tous les pouvoirs "magiques", est il dit ? Comme les talismans par exemple ? Ben ouai... encore que ce qu'on range habituellement dans cette brumeuse catégorie ne sont que des « diffractions », si ce n'est des trâces résiduelles très secondaires, souvent altérées, de ce qui nous regarde ici.. Si Dûrer appartenait bien à « une société templière allemande en relation avec des confréries écossaises », il y a des chances pour que sa talismanie soit d'un niveau infiniment supérieur aux bidouillages d'Agrippa, isn't it ?
Reconsidèrons attentivement ce qu'affirmait G. Heym (déjà cité) : la science de la balance repose « sur un système de nombres dont le potentiel était symbolisé sous forme de carrés magiques ». On y repère une distinction (pas une séparation !) entre nombres en présence et, géométrie rendant compte de leurs rapports « dynamiques » entre eux.
Vue que dans une perspective opérative, ici et maintenant, ce sont ces rapports vivants qui prîment, on peut alors affirmer comme Trojani : « que la géométrie des champs est plus importante que les champs eux-même. » Même si ce binome n'est en réalité qu'un seul évênement à la fois fixe et volatil, précis et nébuleux.
Par contre, si l'on n'est pas (ou pas assez) dans cette juste perception : en présence de ces numérales présences...., l'ombre portée (seule perceptible alors) de leur « géométrique » colloque ne relèvera que de l'inerte, de l'impuissance et de la supputation. Un peu comme la danse nuptiale des grues; si l'on arrive trop tard on n'en verra plus que les trâces laissées sur l'aire. Les nombres, envolés; n'en subsistent qu' indices figés de... l'art d'aimer. La carte n'est plus le territoire, the game is over...
Mais qu'est-ce donc qu'un nombre ? Je vous ai trouvé un indice chez M.L. Von Franz, à vous de poursuivre ou non vers « le monde magique des héros » :
« Cette association des archétypes et des nombres se manifestent de la façon la plus claire dans la religion des Maya, où les dieux individuels et les nombres sont purement et simplement identiques. Le dieu primordial, insaisissable, planant au dessus de tout est Hunabku : l'Unique (de hun = un). Les grands héros s'appellent Chasseur-Un, Chasseur-Sept, etc. Ces nombres sont également des « Nombres du Temps », puisque chaque jour du calendrier maya est attribué à un dieu. »
Talismanie possible ?
M'est avis que pour y entrevoir quelque chose, ou quelqu'Un, mieux vaut se situer en amont du Picatrix, une pirouette (ou metanoïa) plus "avant" que celle rapportée par Morph.
Le renversement (anagramme sur la racine t-l-sm, d'où vient talasm, et en grec telesma : talisman) mentionné par le Picatrix fut, à l'origine, énoncé par Ja'far Sâdiq à l'attention de son cher disciple Jabir ibn Hayyaân. Or, le talisman par excellence nous enseigne Ibn Arabi (fidèle au sens sous-entendu par l'îmam) donne plein pouvoir à ceux qui s'en remettent à lui : "par là même, l'adepte qui est sous le pouvoir du talisman divin n'est pas soumis au pouvoir des intellects humains", dit-il.
Conclusion :il ne s'agit pas du minable pouvoir sur les autres...variantes du « moi m'aime ».
Ce talisman, matrice ou épicentre fractal de tous les autres, est d'une plus noble ambition, par Toutatis ! On se trouve ici un étage (maqam) plus oultre que celui, débilitant (« humain, trop humain... »), envisagé par le Picatrix. Le renversement qui compte est celui du coeur. Ici on est logé sous le manteau de la Sophia, à la source même. Delta ou dauphiné...cher au sophianique saint Bernard.
« C'est li cercles trianguliers, c'est li triangles circuliers, qui en la vierge s'ostella – (se logea) » Roman de la rose.
Comment se présente t'il ce talisman suprême ? Bref retour au Bahir qui ose méditer deux énoncés aussi bibliques que vertigineux, relevant de cet hyperespace "antérieur" d'où... tu vois ce que Je veux dire. Et qui est le non-lieu du Hashmal où se déploie l'effarante vision d'Ezéquiel.
Deutéronome IV, 12 : « Pas d'image, rien qu'une voix ! »
Exode XX, 18 : « Les voix ont été vues ».
Mais le niveau en-visagé et « sonorisé » abordé par le Bahir ne concerne pas les 10 de l'arbre séphirotique, seulement 7 d'entre elles (mundus imaginalis); les 3 autres, hors jeu, restant muettes et voilées dans la baphométique « tête » qui ne sera ré-vèlée que par le Siphra di-Tzeniutha, coeur du Zohar.
Siphra di-Tzeniutha, 1er paragraphe :
« Nous avons appris : le Livre du Secret est celui de l'équilibre de la Balance. Nous avons appris ; avant qu'il n'y ait eu « Balance », la face n'était point tournée vers la face. Les Rois primitifs sont morts, faute de nourriture; la terre a été dévastée jusqu'à ce que la Tête la plus désirable, de vêtements précieux l'ait ornée et fortifiée.
Cette Balance a été suspendue en un lieu qui n'est pas. Furent pesés par elle ceux qui n'ont pas été retrouvés. La Balance est stabilisée sans son corps, n'adhérant à rien, invisible. Dans la Balance, on fit monter, et dans la Balance montent :ceux qui existent et ceux qui seront.Mystère dans le Mystère; il fut disposé et préparé une sorte de crâne, rempli de rosée crystalline; une membrane éthéréenne, limpide et fermée; de la laine pure tombant en équilibre; la Volonté des Volontés se manifestant à la prière d'en bas; vue prévoyante de celui qui ne s'endort point et observe continuellement; la vision d'en bas par la vision lumineuse d'en haut ».
Je vous fais grâce de sa suite. Disons que d'après la tradition (Qabbala = réception, en hébreux) , il est ensuite question d'une « irradiance » décisive descendant de ce Grand Visage (arik anpin), vers le « Petit » (zeir anpin) constitué des 7 sephira restante. Et dont tiphereth marque le centre; lequel, unis à la Shekinah (présence divine) accomplit l'union de la gloire et de l'esprit. L'époux et l'epouse du quantique des cantiques.
Perpétuelle immaculée conception.... de l'Un en son autre.
Déjà que le Zohar n'est pas d'un abord facile, que dire de son coeur....Par chance d'autres traditions semblent avoir eu la même révélation.
Mais, de même que pour l'exemple précédant celui-ci emprunté au soufisme, il s'agit là d'une co-naissance appréhendée au stade dit de la « science innée »; au delà ou en deça (allez savoir...) de tous conditionnements culturels (ou « anneaux boroméens » de Stelio...). Mieux vaut le préciser.
Le « livre des théophanies » d'Ibn Arabi s'ouvre, en mode visionnaire, sur la contemplation d'un triangle « descendu », rendu manifeste à l'ami de Dieu (wali) par révélation.
Il est qualifié de « talisman dévoilant la nature et la finalité de la connaissance mystique ». S'ensuit une exégèse métaphysique de ses angles et cotés, « imprimés » sur le coeur du wali, et qui se réfèrent aux trois mondes intelligible, imaginal, sensible et, donc aux trois voies convergentes : celles de la transcendance, de la clairvoyance et de la sagesse salutaire.
Cette figure, commente S. Ruspoli, « récapitulant la connaissance qu'il est appelé à actualiser au cours de sa progression; n'est autre que lui-même tel que Dieu veut le voir se réaliser en sa divine providence ». La puissance de ce suprême talisman s'applique à la purification totale ou dépouillement complet requis qui le libérera de toute détermination et contrainte pour ne laisser que la force lumineuse de l'essence créatrice.
Son commentaire étant trop inspiré, je vais vous fourni des indices.
L'aller : « Tout être dépouillé est une Parole, car il est issu du monde de l'Ordre (al-amr) : Sois ! »
Le retour : « Ce que tu peux Lui demander de mieux, c'est ce qu'Il demande de toi ».
En réalité : l'être, ainsi dépouillé, vit dans la simultanéité ces deux « mouvements » qui ne sont qu'une seule vibration-élan-acte. Ibda ismaëlienne, spanda tantrique, grande compassion dzogchen, charité christique...
Au présent de la création perpétuelle, là oû le don se donne... L'être en question se trouve, du fait de sa « perfection passive », à l'ombre de l'Essence suprême, « dans » l'hyperespace, nommé barzakh al-barazikh.
De ce réalisé, Ibn' Arabi dit ceci : « (...) il connait son origine et trouve son repos en ce qui est éternel. Il sait que l'être contingent ne sort jamais de sa contingence, ni quand il est manifesté, ni quand il ne l'est pas. La théophanie l'escorte à tous moment; les états passagers se modifient et se succèdent; il est en permanence entre un état d'irréalité et un état de réalité, mais son essence particulière demeure telle qu'elle est. »
En contrepoint, façon aphorisme ou poétik, pour ceux qui supposent que cela doive se dire obligatoirement de façon brève et nébuleuse, une cuiellèrée de bouddhisme :
« Sans cesse les nuages de la Compassion se forment et foulent la querelle de l'être et du non-être. Le merveilleux a surgi au milieu du ciel. » .
Y a bon ?
Pour en revenir à l'espace de Shengen, F. Trojani terminera ses « commentaires sur 17 figures attribuées à J.C. Barchusen » en consonnance avec la permanence d'Ibn'Arabi :
« La mort n'est que l'effacement des disharmonies et l'esprit libéré se reconstruit aussitôt une autre forme plus subtile et plus apte à répondre à la nouvelle dignité de l'habitant; jusqu'au moment enfin où, eu égard au volume, une « quantité » considérable de ce que les alchimistes appelent l'esprit habite l'espace aux limites fluctuantes, littéralement infusé dans l'Universel; point de convergence d'une multitude de « lignes » qui sous-tendent l'Univers.
Il poursuit. « Ce qui faisait dire à Tiphaigne de la Roche que dans le laboratoire (...) se voyait « une petite boëte très jolie et très riche, qui renferme les Principes des trois Règnes et la Pierre philosophale.
Cette boëte n'est visible que de loin : plus on s'en approche, plus elle devient diaphane, et enfin elle disparaît entièrement, dans l'instant même qu'on se croit à portée de la saisir ».
Et Trojani d'achèver : « La pierre n'est visible qu'à sa limite naturelle, qu'au point de jonction d'une certaine spiritualisation du corps, corrolairement à une coagualition de l'esprit. Aussi, faut-il, pour la VOIR de près dans sa petite boëte, une si radicale transformation de nos « limites » - nous les avons rendues tellement rigides, nous allions dire tellement « objectives »- que peu de gens en sont capables ».
Voir ? Curieusement, la très ancienne « physique » indienne d'origine yogique, le Samkya, attribue à la vibration lumineuse, en son mode subtil ou Tejas Tattva, la forme d'un... triangle.
Pour en finir (momentanément) avec cet hyperespace, voici, résumé par son traducteur S. Lilian, un bref aperçu shivaïte des « effets » qu'il procure.
Même niveau exempt de la temporalité instaurée « au moment où le moi se pose et, ce faisant, cache le Soi en déroulant le cycle temporel ».
« Par delà ce qui se pose comme un Je dont on prendrait encore conscience, il n'y a plus que l'indicible Splendeur (...). Le temps s'est à jamais arrêté, et pourtant l'Energie consciente présente simultanément de libres cycles à l'intérieur de son essence indifférenciée. »
« Dégradation et transfiguration, contrainte et liberté, tout se ramène en définitive, à une seule et même énergie. Le temps et sa nécessité sous forme de l'énergie qui voile et rend esclave, et, face au facteur de lien, le facteur de libération : l'énergie se révèlant en son rôle de souveraine. L'énergie apparaît ainsi comme une plaque tournante dont l'envers serait la nécessité temporelle et l'endroit, la liberté. La vraie liberté ne se comprend bien que par rapport à la nécessité, car la nécessité consiste à ne rien repousser, pureté radicale dans le négatif, une pureté telle que la dualité s'évanouit ainsi que le pivotement envers-endroit, et qu'il n'y a même plus de négatif.
La nécessité se montre efficace du fait qu'elle n'est ni oui ni non : « c'est » tout simplement, au-delà des fluctuations. On atteint de la sorte la racine du temps qui est celle de la nécessité-liberté et on baigne dans le spontané (sahaja), abandon à l'ordre universel, mais un ordre qui n'a rien d'astreignant. Chaque chose se trouve justifiée puisque la totalité, qui est l'ordre même, réside en chaque chose et à chaque instant. Ce qui était nécessité n'est plus, dès lors, que plénitude et perfection. »
Hommage à la Souveraine, pur amour...
La dernière manifestation « exotique » de ce triangle relevée par votre serviteur, se trouve dans la tradition dzogchen. Pointe en haut, c'est vrai, mais doté du même sens puisqu'il figure la totalité ou qunintessence de cet enseignement censé amener à l'éveil, dans une âme et un corps, comme dit Rimbaud.
Mandala du chant du Vajra (= foudre) dont la seule contemplation est dite efficiente, il se présente sous forme d'un triangle inclus dans un cercle. Cercle agrémenté de six syllabes calligraphiées en « langue des Dakinis » (créatures invisibles gardiennes de la tradition), et concernant le triangle, ce dernier s'y voit doté à chacune de ses pointes d'une voyelle, humaines celles-ci. On notera juste que, comme pour Dante, c'est le A qui figure au sommet.
Je me permettrais juste une remarque. Sans parler du pouvoir qu'il a en lui-même, étrangement, ce triangle (quelque soit le lieu « culturel » de son émergence) semble particulièrement aimanter, ou laisser rayonner, des énergies, couleurs ou entités qualifiables de « magiques ».
Tout au moins par l'étrangeté de leurs sillage, charitablemement crystallisés sous forme d'écritures « bizarres ». Il en va de même pour sa variante R.C. que j'aborderai à la fin de cette mini étude... kilométrique.
« Ho ! Comme les bulles jaillissent de l'eau, les déités s'élèvent de l'espace de la Sagesse primordiale »; nous en dit un Adepte dzogchen. Qu'en penser ?
Rien, je crois; c'est ainsi; le réel est fantastique. Ne m'en vient qu'un passage du Tao Te King. Je le livre à votre effarement.
« Vague ! Insaisissable ! Au centre il y a des Images. Profond ! Obscur ! Au centre il y a des Essences, des Essences très réelles... »
Mais redescendons d'une chute pour pouvoir continuer à papoter.
Au niveau de la théophanie triangulée, on a déjà pu remarquer que l'ouïr et le voir coincident, cordialement.
Et c'est bien ce qui rend indissociables les noms et les formes, mantras et yantras : même sanctuaire, comme dit Abhinavagupta (cité plus haut).
Mais qu'en est-il de ce triangle (pointe en bas) dans l'hermétisme chrétien auquel Dürer, en son temps, pouvait accéder ?
C'est un maçon, bien nommé P. Stables, qui nous servira de renifleur. Dans son étude sur « les phonèmes et leurs correspondances dans le système à quatres éléments » (in Tradition initiatique et franc-maçonnerie chrétienne, tome 1 ») il se livre à d'intéressantes acrobaties. Etude quelque peu désordonnée et chauvine, mais ayant le mérite d'exister et de nous rappeller que jadis les voyelles I A E O U étaient, non sans raisons majeures, mise en relation avec les 4 éléments et leur quintessence.
Dante, dont les liens avec l'ésotérisme templier firent l'objet d'une magistrale approche par Guénon, donne en son « Banquet » (4, 6) un diagramme en forme de noeud en huit où il répartit ces voyelles, réservant le centre au I... (celui en bout de notre phylactère). Cinq éléments donc, à la répartition tout aussi pentagonale, et c'est l'étoile du matin, « vue en orient » par Dante, emblème des Antients du Royal Arch. Considérations en liaison directes avec les polyèdres platoniciens.
En passant, je crois qu'il ne convient pas de négliger ici la piste dantesque des « Fidèles d'amour ». Elle n'était pas plus vouée à se cantonner à la botte italique que le néo-platonisme ultérieur, qui parfois la voile ou la ré-vèle. Appliquée à notre gravure, elle enseigne que « l'invariable milieu », origine du Temps représentée par la Balance, l'est également, parmi les cieux planétaires, par le Ciel de Jupiter (Tsedek), comme le remarque A. Gillis A mettre en rapport, conseille t'il, avec « le jugement de la terre » mentionné dans une vision de Dante.
D'où, à mes yeux, ce sceau de Jupiter figurant dans notre gravure; arithmétiquement si bien « équilibré » et, disposé à l'aplomb de ce qui donne l'Heure. Voir la méditation sur le thème du Juste (en kabbale), que je vous préconisais un post plus haut. « L'exactitude est la politesse des rois »....
Aussi, et bien que cette dernière perspective soit d'une évidence aveuglante, il se pourrait donc qu'il y ait un lien profond entre, cette vision du Dante (in Paradiso, XVIII, 91-93) où les lettres du premier verset du Livre de la Sagesse lui sont apparu (successivement) et, notre phylactère.
« Aimez la Justice, vous qui jugez la terre ».
Verset qui en latin se termine par le mot TERRAM; avec un bonus (pour Dante), son « M » final se changeant en aigle.
Soit une créature volante dont notre chauve-souris serait, en quelque sorte, l'amorce... ou précurseur.
En équation = Terra-M-elencolia, avec ce M pour interface ou barzakh.
La 1ère invitation a considérer de la sorte cet arcane fut faite par M. de Corberon, de l'ordre de l'Etoile internelle. Il y ajoutait une précision d'importance que son indélicat plagiaire omit de rapporter.
«L'aigle de Jupiter se trouve, vis à vis du lion auquel Dante fait allusion dans sa description du Ciel de Saturne (chant XXI, 14) , dans le même rapport que le mercure alchimique vis à vis du soufre; c'est à dire de l'âme vis à vis de l'Esprit ou Volonté divine. Aussi bien, l'aigle, dans la symbolique alchimique, est-il précisément l'une des désignations techniques du mercure en ses divers états ».
De plus, il se trouve que le « voisin » de Dürer, l'abbé Trithème, en sa « Sténographie » accorde un rôle privilégié à cette même lettre que, sur un mandala, il disposera, diamétralement en vis à vis de la copule « § »... laquelle a visiblement aussi sur notre phylactère une place remarquable...
L'axe orphique ainsi convoqué pourait être en rapport avec celui des noms divins Yah et Yavhé, ou : Balance et Bélier....
Téfilah Tal, (prière de la rosée) qui est dite du printemps à l'automne :
« Atha Guibor Leolam Adonaï Meh'ayéh métim Atha Rav LeHoshiyâ,Morid haTal » (Tu es puissant pour l'éternité YHWH, tu ressuscites les morts. Tu es fort pour secourir, tu fais descendre la rosée).
Et Virya de nous instruire : « Pour les kabbalistes, la résurrection consiste en la sortie du Guilgoul, en accédant au monde prophétique de la H'ayah, à la source des 4 fleuves de l'Eden ». Kabbale tout aussi sexo-logue que notre chymie puisqu'elle accorde, semblablement, à la « rosée » de printemps un caractère féminin et, un masculin, à la « pluie » d'automne... Synchronicité acausale ?
Reprenons notre fil.
Or, nous sommes là, (avec ces voyelles chères à Rimbaud), dans le G de g-rammaire, à la source du G de g-éométrie puisque pour ces anciens, ce dispositif figure la dialectique, ce d'Apulée à Pierre d'Espagne et Dante en passant par Boëce. Dialectique qu'il serait facheux de réduire à la rhétorique d'antan, et plus encore au verbiage fumigène de nos modernes déconstructeurs.
Ceci relève d'une métaphysique de la parole ou Verbe... qui s'est fait chair... pour que la réciproque soit (chymiquement...) possible.
Et, pour ma part, je vois là la raison profonde de l' intéret, témoigné par les cénacles aux origines de la F.M. comme de la R.+ C, pour la kabbale juive. Les modes de représentations spatiales (pythagoriques ou platonisant à l'excès) étant moins idoines pour laisser deviner, épouser, la dynamique du Vivant. Etrangement, c'est à une même Parole, parfois suivie d'une géométrique distribution de ses phonèmes (a minima : triangulaire), que s'origine le sublime shivaïsme mentionné plus haut.
Je vous passe les péripéties de l'enquète de frère Stables, pour vous focaliser sur le point suivant qui en émerge : que ces 5 voyelles se réduisent (ou réincrudent) immanquablement à 3, disposées ainsi... en triangle : A en haut, I et U en bas. Piobb fera de même avec le « floram patere » de Nostradamus.
Une exemplification remarquable, quoique non voyellée et donc silencieuse, nous en est donné par une « apparition de la Vierge », celle de Pontmain. J'en devine déjà lisant celà avec un sourire en coin, vaguement condescendant. A leur attention ceci : « ne méprisez pas les petites gens, c'est sur eux que repose le monde », mais poursuivons.
Les enfants bénéficiaires de cette théophanie virent d'abord notre Sainte Vierge au centre d'un triangle formé de trois étoiles; après quoi la Vierge s'effaça et se confondit avec le bleu immaculé enclos en ce triangle.
Immaculé parce que dépourvu de toute lumière stellaire, pendant que continuaient à scintiller les trois étoiles; comme si la Vierge s'identifiait avec le fond même de l'Essence trinitaire. Voilà qui n'est pas sans évoquer certaine théo-sophia attribuée à l'AGLA... hérésie que n'aurait désavouée ni Grillot de Givry, ni l'abbé Boon.
Quoiqu'il en soit, force est de reconnaître que ce sont les guénolâtres qui rodent au plus près du delta, même s'ils ne peuvent se départir de cette amusante tendance, si bien résumé par un ancien : « ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les instigateurs »
- Denys Roman, in « Réflexions d'un chrétien sur la F.M ». (Tome 2, p. 154), devine aussi quelque chose quand, dans ses considérations sur le nombre 3, en rapport avec la Création ex nihilo (Dieu a créé le monde de rien qui lui soit extérieur...), il désigne la pierre cubique du 14ème degré écossais, sur le coté droit de laquelle figure une représentation géométrique combinant le carré, le cercle et le triangle. Il écrit : « Tout cela nous rappelle un des textes hermétiques les plus remarquables (et dans une certaine mesure les plus « clairs ») que nous aient transmis les Rose-Croix : « l'Atalante fugitive » de Michel Maier. La planche XXI de ce traité évoque le rôle d'intermédiaire entre le carré et le cercle que le triangle joue dans la « circulature du quadrant ».
Ok, et après ? La clarté de D. Roman sèche en route, dommage car dans son propre bouquin une piste se propose. Il cite un extrait d'une lettre de Guénon à Lepage : « L'importance du « tonnerre » dans les épreuves d'initiation est beaucoup plus grande qu'on ne pourrait le croire (...) Il semble bien qu'il y ait là, dans les rituels français, quelque chose qui ne peut que remonter directement à une source opérative très antérieure à 1717... »
L'honorable A. Bachelet, qui en commis la préface y assure pourtant que « sans un élément supra-individuel, représenté notemment par des rites fulguraux, qui assurent la transmission de l'influence spirituelle, il n'est point d'initiation, même virtuelle »... Faculty of abrac du manuscrit maçonnique « Leland-Locke », de 1753...que notre R.G, inspiré, interprète par ha baraq (hébreux) ou el barq (arabe) : l'éclair ou la foudre. A ce sujet, les curieux de nature (ex surnature) verront cette même foudre zigzaguer et relier (pour de vrai...comme disent les enfants) les triangles figurant dans les « Dialogues avec l'ange », déjà mentionnés.
Pour rester dans la rosicrucienne et chymique mouvance, (voir, « sous un Ciel jamais couvert » en compagnie d'Albrecht), on signalera que le dit triangle, pointe en bas, comme il se doit, semble tenir un rôle essentiel, opératif au vrai sens du terme, chez les Roses Croix allemands du XVII ème, si férus d'alchimie.
De Madathanus à la Villa Palombara, en passant par les manuscripts rassemblés par De Danann sous le titre « La magie de la rose-croix d'or », tout commence ou re-commence par... notre triangle !
L'alchimiste Madathanus (lequel est lui-même cité dans un ouvrage attribué à Trithème, et traduit par Basile Valentin) cite un texte paracelsien, « Le secret magique des trois pierres bénies et magiques ».
(...) Etant donné qu'ils (les très anciens philosophes) n'ont pas reconnu le centre suprême, à partir duquel tous les cercles doivent être tracés et découverts, comme ils ont fondés tous leurs écrits et toutes les oeuvres donc sur des recherches ambigües sur les différents mouvements qui animent les éléments, ils n'ont pas atteint le centre, moins encore le gracieux triangle qui jaillit en ce cercle. Or, et Dieu soit loué, nombreux ont été par la suite les philosophes chrétiens qui ont eu la révélation spontanée et la connaissance de ce centre unique, origine de toute chose, dans le triangle du centre ou bien dans la trinité de la vérité chrétienne... »
On en trouvera un écho des plus interressants dans le compagnonnage. J. Loubatière, in « Du point à la quadrature du cercle p.230 », attire l'attention sur une méthode de résolution de cette quadrature et qui figure au portail sud de l'église Notre-Dame-du-Port, à Clermond-Ferrand.
Elle « permet d'associer un triangle isocèle à un cercle et un carré, tous trois ayant une surface pratiquement égale à Pî, quand le rayon du cercle est égal à l'unité. » Et il finit en chanson : « Un point qui va dans le cercle, qui est dans le carré et le triangle : connais-tu le point, alors tout est bien; ne le connais-tu pas, alors tout est vain ».
Le point, dites-vous ? Oui, à condition de ne pas oublier l'antériorité ponctuelle, la suprématie dira F. Bonardel, « de la cordialité sur la simple centralité géométrique ».
Voilà, j'espère vous avoir bien balladé et fait tourner, presqu'en rond : en triangle. Si vous n'avez rien pigé, pas grave, moi non plus.
boronalis
Mais quel lien entre tout ça, la quadrature du cercle, Elie-Jean Baptiste et ce chien endormi ? Une simple assonance, en langue arabe, entre Kalb (chien) et Qalb (coeur)... m'a mis ses puces à l'oreille; ceci aussitôt confirmé, en choeur, par mes 3 shitzous. Le coeur en hébreux se dit LEB, valeur 33.
La permutation du carré en cercle, ou l'inverse, relève d'un retournement de « situation », ou metanoïa, que ni la géométrie, ni la nature ne sont en mesure d'accomplir toutes seules.
Or, dans le même champ sémantique et sémitique, en arabe coranique la racine trilitère QLB, qui donne le mot qalb-coeur, signifie retourner. Et Dieu est dit être « Celui qui retourne les coeurs ». Comme nous en instruit J. Canteins, ce coeur, si on le schématise par un triangle, celui-çi est renversé, pointe en bas. L'indication est loin d'être aussi anodine qu'elle n'y paraît; on le verra mieux plus loin.
Bref, on commence à flairer des 3 partout... manque plus que de lever la bonne triplicité, pour passer du cercle au carré.
Ecumant paresseusement le net à la recherche de copiés-collés étayant mes élucubrations, je trouve ceci (ici : http://cheminement-vers-la-lumiere.com/htm/textestheoriques.htm), p 95.
Le « frère », auteur de ce blog reluquant le Bahir, s'y fend d'une exégèse.
« Le Leb, le Coeur : L'Univers tout entier se compose donc de trois régions: le Téli en haut, de forme cubique; le galgal en bas, de forme sphérique; et, constituant un plan de démarcation entre les deux, le Leb, zone intermédiaire qui tient à la fois du carré et du cercle,
(il aurait dû s'arreter là, mais il achève ): pour rappeler une fois de plus l'indifférenciation du volume originel. La forme du coeur humain, qui allie la courbe et l'angle, suggère en effet l'alliance du cercle et du polygone. »
Ca commençait kabbalistiquement réglo mais ça se finit près d'un tohu bohu d'où... on lui tend un bistouri et de mauvaise binocles, zut ! Le sacré graal des Monthy Pythons n'est pas loin alors qu'on frôlait la solution... Mais c'est comme pour la rentrée dans l'atmosphère des navettes spatiales : si c'est pas exactement le bon angle de pénétration, ça rebondit... S'intéresser aux angles (ex anges) est une chose; la réciproque, parfois moins probante de nos jours.
S'il avait lu notre cher Corbin, il aurait peut etre tilté à la mention, par Rûzbehân, du « cône du coeur ». Ou, du même cône, parfois dédoublé en losange (rhombe) qu'on trouve ça et là, l'air de rien, dans les textes d'Alleau ou, dans "Dialogues avec l'ange". Ou mieux encore, un (vrai) yoga lui aurait permis de constater, à la suite d'Abhinavagupta par exemple, que le coeur en cause, le sien en l'occurence (raremment à gauche), "est une vibration subtile triangulaire qui se contracte et se dilate sans arrêt bien que demeurant toujours en repos dans le séjour de la suprême béatitude".
Que "ce triangle apparait lorsque la vibration initiale de la Conscience, unie à l'énergie de félicité, pénètre dans l'énergie de volonté pour donner le germe triangulaire." (Vatulanatha sutra).
Faute de place pour papotter sur cette internelle "manifestation des conditions du monde intermédiaire (barzakh)", on se contentera de rapporter que ce triangle symbolise l'équilibre des énergies encore indivises. Que le point lumineux (bindu) au centre, assimilé au phonème E, représente l'union indissoluble entre Shiva et son énergie; et que c'est "le sanctuaire des noms et des formes".
"Lorsqu'Il est prêt à désirer, à connaïtre et à créer l'univers, c'est Lui l'épanouissement fort et doux du triangle du Coeur qu'on dit avoir l'énergie pour essence". (Maharthamanjari).
Que ce triangle se développera en 3 lignes ou 3 fonctions qui seront à l'origine de la triple différenciation, dont la triplicité : création-existence-destruction. Rien que ça...
Bref, il est identifié à la Science immaculée, ce qui fait de lui "le grand mystère qui accomplit tous les pouvoirs magiques, la lumière unique de la Conscience sous-jacente au connaisseur et au connu".
Comme le dit l'alchimiste R. Alleau, en soutane pour une fois, (in « Tradition et invention »), « Nous avons hérité d'un prodigieux symbole, du symbole des symboles, la Trinité. Nous l'avons regardé, il est sous nos yeux, nous ne le voyons point et pourtant son triple rayonnement et ses flammes devraient nous éclairer ».
Et que nous chante cette joueuse Co-naissance sous nos cieux abrahamiques, si ce n'est « Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon »... Noire et belle, comme la « nox corporis » du Philalèthe ? Allez savoir...
Qui accomplit tous les pouvoirs "magiques", est il dit ? Comme les talismans par exemple ? Ben ouai... encore que ce qu'on range habituellement dans cette brumeuse catégorie ne sont que des « diffractions », si ce n'est des trâces résiduelles très secondaires, souvent altérées, de ce qui nous regarde ici.. Si Dûrer appartenait bien à « une société templière allemande en relation avec des confréries écossaises », il y a des chances pour que sa talismanie soit d'un niveau infiniment supérieur aux bidouillages d'Agrippa, isn't it ?
Reconsidèrons attentivement ce qu'affirmait G. Heym (déjà cité) : la science de la balance repose « sur un système de nombres dont le potentiel était symbolisé sous forme de carrés magiques ». On y repère une distinction (pas une séparation !) entre nombres en présence et, géométrie rendant compte de leurs rapports « dynamiques » entre eux.
Vue que dans une perspective opérative, ici et maintenant, ce sont ces rapports vivants qui prîment, on peut alors affirmer comme Trojani : « que la géométrie des champs est plus importante que les champs eux-même. » Même si ce binome n'est en réalité qu'un seul évênement à la fois fixe et volatil, précis et nébuleux.
Par contre, si l'on n'est pas (ou pas assez) dans cette juste perception : en présence de ces numérales présences...., l'ombre portée (seule perceptible alors) de leur « géométrique » colloque ne relèvera que de l'inerte, de l'impuissance et de la supputation. Un peu comme la danse nuptiale des grues; si l'on arrive trop tard on n'en verra plus que les trâces laissées sur l'aire. Les nombres, envolés; n'en subsistent qu' indices figés de... l'art d'aimer. La carte n'est plus le territoire, the game is over...
Mais qu'est-ce donc qu'un nombre ? Je vous ai trouvé un indice chez M.L. Von Franz, à vous de poursuivre ou non vers « le monde magique des héros » :
« Cette association des archétypes et des nombres se manifestent de la façon la plus claire dans la religion des Maya, où les dieux individuels et les nombres sont purement et simplement identiques. Le dieu primordial, insaisissable, planant au dessus de tout est Hunabku : l'Unique (de hun = un). Les grands héros s'appellent Chasseur-Un, Chasseur-Sept, etc. Ces nombres sont également des « Nombres du Temps », puisque chaque jour du calendrier maya est attribué à un dieu. »
Talismanie possible ?
M'est avis que pour y entrevoir quelque chose, ou quelqu'Un, mieux vaut se situer en amont du Picatrix, une pirouette (ou metanoïa) plus "avant" que celle rapportée par Morph.
Le renversement (anagramme sur la racine t-l-sm, d'où vient talasm, et en grec telesma : talisman) mentionné par le Picatrix fut, à l'origine, énoncé par Ja'far Sâdiq à l'attention de son cher disciple Jabir ibn Hayyaân. Or, le talisman par excellence nous enseigne Ibn Arabi (fidèle au sens sous-entendu par l'îmam) donne plein pouvoir à ceux qui s'en remettent à lui : "par là même, l'adepte qui est sous le pouvoir du talisman divin n'est pas soumis au pouvoir des intellects humains", dit-il.
Conclusion :il ne s'agit pas du minable pouvoir sur les autres...variantes du « moi m'aime ».
Ce talisman, matrice ou épicentre fractal de tous les autres, est d'une plus noble ambition, par Toutatis ! On se trouve ici un étage (maqam) plus oultre que celui, débilitant (« humain, trop humain... »), envisagé par le Picatrix. Le renversement qui compte est celui du coeur. Ici on est logé sous le manteau de la Sophia, à la source même. Delta ou dauphiné...cher au sophianique saint Bernard.
« C'est li cercles trianguliers, c'est li triangles circuliers, qui en la vierge s'ostella – (se logea) » Roman de la rose.
Comment se présente t'il ce talisman suprême ? Bref retour au Bahir qui ose méditer deux énoncés aussi bibliques que vertigineux, relevant de cet hyperespace "antérieur" d'où... tu vois ce que Je veux dire. Et qui est le non-lieu du Hashmal où se déploie l'effarante vision d'Ezéquiel.
Deutéronome IV, 12 : « Pas d'image, rien qu'une voix ! »
Exode XX, 18 : « Les voix ont été vues ».
Mais le niveau en-visagé et « sonorisé » abordé par le Bahir ne concerne pas les 10 de l'arbre séphirotique, seulement 7 d'entre elles (mundus imaginalis); les 3 autres, hors jeu, restant muettes et voilées dans la baphométique « tête » qui ne sera ré-vèlée que par le Siphra di-Tzeniutha, coeur du Zohar.
Siphra di-Tzeniutha, 1er paragraphe :
« Nous avons appris : le Livre du Secret est celui de l'équilibre de la Balance. Nous avons appris ; avant qu'il n'y ait eu « Balance », la face n'était point tournée vers la face. Les Rois primitifs sont morts, faute de nourriture; la terre a été dévastée jusqu'à ce que la Tête la plus désirable, de vêtements précieux l'ait ornée et fortifiée.
Cette Balance a été suspendue en un lieu qui n'est pas. Furent pesés par elle ceux qui n'ont pas été retrouvés. La Balance est stabilisée sans son corps, n'adhérant à rien, invisible. Dans la Balance, on fit monter, et dans la Balance montent :ceux qui existent et ceux qui seront.Mystère dans le Mystère; il fut disposé et préparé une sorte de crâne, rempli de rosée crystalline; une membrane éthéréenne, limpide et fermée; de la laine pure tombant en équilibre; la Volonté des Volontés se manifestant à la prière d'en bas; vue prévoyante de celui qui ne s'endort point et observe continuellement; la vision d'en bas par la vision lumineuse d'en haut ».
Je vous fais grâce de sa suite. Disons que d'après la tradition (Qabbala = réception, en hébreux) , il est ensuite question d'une « irradiance » décisive descendant de ce Grand Visage (arik anpin), vers le « Petit » (zeir anpin) constitué des 7 sephira restante. Et dont tiphereth marque le centre; lequel, unis à la Shekinah (présence divine) accomplit l'union de la gloire et de l'esprit. L'époux et l'epouse du quantique des cantiques.
Perpétuelle immaculée conception.... de l'Un en son autre.
Déjà que le Zohar n'est pas d'un abord facile, que dire de son coeur....Par chance d'autres traditions semblent avoir eu la même révélation.
Mais, de même que pour l'exemple précédant celui-ci emprunté au soufisme, il s'agit là d'une co-naissance appréhendée au stade dit de la « science innée »; au delà ou en deça (allez savoir...) de tous conditionnements culturels (ou « anneaux boroméens » de Stelio...). Mieux vaut le préciser.
Le « livre des théophanies » d'Ibn Arabi s'ouvre, en mode visionnaire, sur la contemplation d'un triangle « descendu », rendu manifeste à l'ami de Dieu (wali) par révélation.
Il est qualifié de « talisman dévoilant la nature et la finalité de la connaissance mystique ». S'ensuit une exégèse métaphysique de ses angles et cotés, « imprimés » sur le coeur du wali, et qui se réfèrent aux trois mondes intelligible, imaginal, sensible et, donc aux trois voies convergentes : celles de la transcendance, de la clairvoyance et de la sagesse salutaire.
Cette figure, commente S. Ruspoli, « récapitulant la connaissance qu'il est appelé à actualiser au cours de sa progression; n'est autre que lui-même tel que Dieu veut le voir se réaliser en sa divine providence ». La puissance de ce suprême talisman s'applique à la purification totale ou dépouillement complet requis qui le libérera de toute détermination et contrainte pour ne laisser que la force lumineuse de l'essence créatrice.
Son commentaire étant trop inspiré, je vais vous fourni des indices.
L'aller : « Tout être dépouillé est une Parole, car il est issu du monde de l'Ordre (al-amr) : Sois ! »
Le retour : « Ce que tu peux Lui demander de mieux, c'est ce qu'Il demande de toi ».
En réalité : l'être, ainsi dépouillé, vit dans la simultanéité ces deux « mouvements » qui ne sont qu'une seule vibration-élan-acte. Ibda ismaëlienne, spanda tantrique, grande compassion dzogchen, charité christique...
Au présent de la création perpétuelle, là oû le don se donne... L'être en question se trouve, du fait de sa « perfection passive », à l'ombre de l'Essence suprême, « dans » l'hyperespace, nommé barzakh al-barazikh.
De ce réalisé, Ibn' Arabi dit ceci : « (...) il connait son origine et trouve son repos en ce qui est éternel. Il sait que l'être contingent ne sort jamais de sa contingence, ni quand il est manifesté, ni quand il ne l'est pas. La théophanie l'escorte à tous moment; les états passagers se modifient et se succèdent; il est en permanence entre un état d'irréalité et un état de réalité, mais son essence particulière demeure telle qu'elle est. »
En contrepoint, façon aphorisme ou poétik, pour ceux qui supposent que cela doive se dire obligatoirement de façon brève et nébuleuse, une cuiellèrée de bouddhisme :
« Sans cesse les nuages de la Compassion se forment et foulent la querelle de l'être et du non-être. Le merveilleux a surgi au milieu du ciel. » .
Y a bon ?
Pour en revenir à l'espace de Shengen, F. Trojani terminera ses « commentaires sur 17 figures attribuées à J.C. Barchusen » en consonnance avec la permanence d'Ibn'Arabi :
« La mort n'est que l'effacement des disharmonies et l'esprit libéré se reconstruit aussitôt une autre forme plus subtile et plus apte à répondre à la nouvelle dignité de l'habitant; jusqu'au moment enfin où, eu égard au volume, une « quantité » considérable de ce que les alchimistes appelent l'esprit habite l'espace aux limites fluctuantes, littéralement infusé dans l'Universel; point de convergence d'une multitude de « lignes » qui sous-tendent l'Univers.
Il poursuit. « Ce qui faisait dire à Tiphaigne de la Roche que dans le laboratoire (...) se voyait « une petite boëte très jolie et très riche, qui renferme les Principes des trois Règnes et la Pierre philosophale.
Cette boëte n'est visible que de loin : plus on s'en approche, plus elle devient diaphane, et enfin elle disparaît entièrement, dans l'instant même qu'on se croit à portée de la saisir ».
Et Trojani d'achèver : « La pierre n'est visible qu'à sa limite naturelle, qu'au point de jonction d'une certaine spiritualisation du corps, corrolairement à une coagualition de l'esprit. Aussi, faut-il, pour la VOIR de près dans sa petite boëte, une si radicale transformation de nos « limites » - nous les avons rendues tellement rigides, nous allions dire tellement « objectives »- que peu de gens en sont capables ».
Voir ? Curieusement, la très ancienne « physique » indienne d'origine yogique, le Samkya, attribue à la vibration lumineuse, en son mode subtil ou Tejas Tattva, la forme d'un... triangle.
Pour en finir (momentanément) avec cet hyperespace, voici, résumé par son traducteur S. Lilian, un bref aperçu shivaïte des « effets » qu'il procure.
Même niveau exempt de la temporalité instaurée « au moment où le moi se pose et, ce faisant, cache le Soi en déroulant le cycle temporel ».
« Par delà ce qui se pose comme un Je dont on prendrait encore conscience, il n'y a plus que l'indicible Splendeur (...). Le temps s'est à jamais arrêté, et pourtant l'Energie consciente présente simultanément de libres cycles à l'intérieur de son essence indifférenciée. »
« Dégradation et transfiguration, contrainte et liberté, tout se ramène en définitive, à une seule et même énergie. Le temps et sa nécessité sous forme de l'énergie qui voile et rend esclave, et, face au facteur de lien, le facteur de libération : l'énergie se révèlant en son rôle de souveraine. L'énergie apparaît ainsi comme une plaque tournante dont l'envers serait la nécessité temporelle et l'endroit, la liberté. La vraie liberté ne se comprend bien que par rapport à la nécessité, car la nécessité consiste à ne rien repousser, pureté radicale dans le négatif, une pureté telle que la dualité s'évanouit ainsi que le pivotement envers-endroit, et qu'il n'y a même plus de négatif.
La nécessité se montre efficace du fait qu'elle n'est ni oui ni non : « c'est » tout simplement, au-delà des fluctuations. On atteint de la sorte la racine du temps qui est celle de la nécessité-liberté et on baigne dans le spontané (sahaja), abandon à l'ordre universel, mais un ordre qui n'a rien d'astreignant. Chaque chose se trouve justifiée puisque la totalité, qui est l'ordre même, réside en chaque chose et à chaque instant. Ce qui était nécessité n'est plus, dès lors, que plénitude et perfection. »
Hommage à la Souveraine, pur amour...
La dernière manifestation « exotique » de ce triangle relevée par votre serviteur, se trouve dans la tradition dzogchen. Pointe en haut, c'est vrai, mais doté du même sens puisqu'il figure la totalité ou qunintessence de cet enseignement censé amener à l'éveil, dans une âme et un corps, comme dit Rimbaud.
Mandala du chant du Vajra (= foudre) dont la seule contemplation est dite efficiente, il se présente sous forme d'un triangle inclus dans un cercle. Cercle agrémenté de six syllabes calligraphiées en « langue des Dakinis » (créatures invisibles gardiennes de la tradition), et concernant le triangle, ce dernier s'y voit doté à chacune de ses pointes d'une voyelle, humaines celles-ci. On notera juste que, comme pour Dante, c'est le A qui figure au sommet.
Je me permettrais juste une remarque. Sans parler du pouvoir qu'il a en lui-même, étrangement, ce triangle (quelque soit le lieu « culturel » de son émergence) semble particulièrement aimanter, ou laisser rayonner, des énergies, couleurs ou entités qualifiables de « magiques ».
Tout au moins par l'étrangeté de leurs sillage, charitablemement crystallisés sous forme d'écritures « bizarres ». Il en va de même pour sa variante R.C. que j'aborderai à la fin de cette mini étude... kilométrique.
« Ho ! Comme les bulles jaillissent de l'eau, les déités s'élèvent de l'espace de la Sagesse primordiale »; nous en dit un Adepte dzogchen. Qu'en penser ?
Rien, je crois; c'est ainsi; le réel est fantastique. Ne m'en vient qu'un passage du Tao Te King. Je le livre à votre effarement.
« Vague ! Insaisissable ! Au centre il y a des Images. Profond ! Obscur ! Au centre il y a des Essences, des Essences très réelles... »
Mais redescendons d'une chute pour pouvoir continuer à papoter.
Au niveau de la théophanie triangulée, on a déjà pu remarquer que l'ouïr et le voir coincident, cordialement.
Et c'est bien ce qui rend indissociables les noms et les formes, mantras et yantras : même sanctuaire, comme dit Abhinavagupta (cité plus haut).
Mais qu'en est-il de ce triangle (pointe en bas) dans l'hermétisme chrétien auquel Dürer, en son temps, pouvait accéder ?
C'est un maçon, bien nommé P. Stables, qui nous servira de renifleur. Dans son étude sur « les phonèmes et leurs correspondances dans le système à quatres éléments » (in Tradition initiatique et franc-maçonnerie chrétienne, tome 1 ») il se livre à d'intéressantes acrobaties. Etude quelque peu désordonnée et chauvine, mais ayant le mérite d'exister et de nous rappeller que jadis les voyelles I A E O U étaient, non sans raisons majeures, mise en relation avec les 4 éléments et leur quintessence.
Dante, dont les liens avec l'ésotérisme templier firent l'objet d'une magistrale approche par Guénon, donne en son « Banquet » (4, 6) un diagramme en forme de noeud en huit où il répartit ces voyelles, réservant le centre au I... (celui en bout de notre phylactère). Cinq éléments donc, à la répartition tout aussi pentagonale, et c'est l'étoile du matin, « vue en orient » par Dante, emblème des Antients du Royal Arch. Considérations en liaison directes avec les polyèdres platoniciens.
En passant, je crois qu'il ne convient pas de négliger ici la piste dantesque des « Fidèles d'amour ». Elle n'était pas plus vouée à se cantonner à la botte italique que le néo-platonisme ultérieur, qui parfois la voile ou la ré-vèle. Appliquée à notre gravure, elle enseigne que « l'invariable milieu », origine du Temps représentée par la Balance, l'est également, parmi les cieux planétaires, par le Ciel de Jupiter (Tsedek), comme le remarque A. Gillis A mettre en rapport, conseille t'il, avec « le jugement de la terre » mentionné dans une vision de Dante.
D'où, à mes yeux, ce sceau de Jupiter figurant dans notre gravure; arithmétiquement si bien « équilibré » et, disposé à l'aplomb de ce qui donne l'Heure. Voir la méditation sur le thème du Juste (en kabbale), que je vous préconisais un post plus haut. « L'exactitude est la politesse des rois »....
Aussi, et bien que cette dernière perspective soit d'une évidence aveuglante, il se pourrait donc qu'il y ait un lien profond entre, cette vision du Dante (in Paradiso, XVIII, 91-93) où les lettres du premier verset du Livre de la Sagesse lui sont apparu (successivement) et, notre phylactère.
« Aimez la Justice, vous qui jugez la terre ».
Verset qui en latin se termine par le mot TERRAM; avec un bonus (pour Dante), son « M » final se changeant en aigle.
Soit une créature volante dont notre chauve-souris serait, en quelque sorte, l'amorce... ou précurseur.
En équation = Terra-M-elencolia, avec ce M pour interface ou barzakh.
La 1ère invitation a considérer de la sorte cet arcane fut faite par M. de Corberon, de l'ordre de l'Etoile internelle. Il y ajoutait une précision d'importance que son indélicat plagiaire omit de rapporter.
«L'aigle de Jupiter se trouve, vis à vis du lion auquel Dante fait allusion dans sa description du Ciel de Saturne (chant XXI, 14) , dans le même rapport que le mercure alchimique vis à vis du soufre; c'est à dire de l'âme vis à vis de l'Esprit ou Volonté divine. Aussi bien, l'aigle, dans la symbolique alchimique, est-il précisément l'une des désignations techniques du mercure en ses divers états ».
De plus, il se trouve que le « voisin » de Dürer, l'abbé Trithème, en sa « Sténographie » accorde un rôle privilégié à cette même lettre que, sur un mandala, il disposera, diamétralement en vis à vis de la copule « § »... laquelle a visiblement aussi sur notre phylactère une place remarquable...
L'axe orphique ainsi convoqué pourait être en rapport avec celui des noms divins Yah et Yavhé, ou : Balance et Bélier....
Téfilah Tal, (prière de la rosée) qui est dite du printemps à l'automne :
« Atha Guibor Leolam Adonaï Meh'ayéh métim Atha Rav LeHoshiyâ,Morid haTal » (Tu es puissant pour l'éternité YHWH, tu ressuscites les morts. Tu es fort pour secourir, tu fais descendre la rosée).
Et Virya de nous instruire : « Pour les kabbalistes, la résurrection consiste en la sortie du Guilgoul, en accédant au monde prophétique de la H'ayah, à la source des 4 fleuves de l'Eden ». Kabbale tout aussi sexo-logue que notre chymie puisqu'elle accorde, semblablement, à la « rosée » de printemps un caractère féminin et, un masculin, à la « pluie » d'automne... Synchronicité acausale ?
Reprenons notre fil.
Or, nous sommes là, (avec ces voyelles chères à Rimbaud), dans le G de g-rammaire, à la source du G de g-éométrie puisque pour ces anciens, ce dispositif figure la dialectique, ce d'Apulée à Pierre d'Espagne et Dante en passant par Boëce. Dialectique qu'il serait facheux de réduire à la rhétorique d'antan, et plus encore au verbiage fumigène de nos modernes déconstructeurs.
Ceci relève d'une métaphysique de la parole ou Verbe... qui s'est fait chair... pour que la réciproque soit (chymiquement...) possible.
Et, pour ma part, je vois là la raison profonde de l' intéret, témoigné par les cénacles aux origines de la F.M. comme de la R.+ C, pour la kabbale juive. Les modes de représentations spatiales (pythagoriques ou platonisant à l'excès) étant moins idoines pour laisser deviner, épouser, la dynamique du Vivant. Etrangement, c'est à une même Parole, parfois suivie d'une géométrique distribution de ses phonèmes (a minima : triangulaire), que s'origine le sublime shivaïsme mentionné plus haut.
Je vous passe les péripéties de l'enquète de frère Stables, pour vous focaliser sur le point suivant qui en émerge : que ces 5 voyelles se réduisent (ou réincrudent) immanquablement à 3, disposées ainsi... en triangle : A en haut, I et U en bas. Piobb fera de même avec le « floram patere » de Nostradamus.
Une exemplification remarquable, quoique non voyellée et donc silencieuse, nous en est donné par une « apparition de la Vierge », celle de Pontmain. J'en devine déjà lisant celà avec un sourire en coin, vaguement condescendant. A leur attention ceci : « ne méprisez pas les petites gens, c'est sur eux que repose le monde », mais poursuivons.
Les enfants bénéficiaires de cette théophanie virent d'abord notre Sainte Vierge au centre d'un triangle formé de trois étoiles; après quoi la Vierge s'effaça et se confondit avec le bleu immaculé enclos en ce triangle.
Immaculé parce que dépourvu de toute lumière stellaire, pendant que continuaient à scintiller les trois étoiles; comme si la Vierge s'identifiait avec le fond même de l'Essence trinitaire. Voilà qui n'est pas sans évoquer certaine théo-sophia attribuée à l'AGLA... hérésie que n'aurait désavouée ni Grillot de Givry, ni l'abbé Boon.
Quoiqu'il en soit, force est de reconnaître que ce sont les guénolâtres qui rodent au plus près du delta, même s'ils ne peuvent se départir de cette amusante tendance, si bien résumé par un ancien : « ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les instigateurs »
- Denys Roman, in « Réflexions d'un chrétien sur la F.M ». (Tome 2, p. 154), devine aussi quelque chose quand, dans ses considérations sur le nombre 3, en rapport avec la Création ex nihilo (Dieu a créé le monde de rien qui lui soit extérieur...), il désigne la pierre cubique du 14ème degré écossais, sur le coté droit de laquelle figure une représentation géométrique combinant le carré, le cercle et le triangle. Il écrit : « Tout cela nous rappelle un des textes hermétiques les plus remarquables (et dans une certaine mesure les plus « clairs ») que nous aient transmis les Rose-Croix : « l'Atalante fugitive » de Michel Maier. La planche XXI de ce traité évoque le rôle d'intermédiaire entre le carré et le cercle que le triangle joue dans la « circulature du quadrant ».
Ok, et après ? La clarté de D. Roman sèche en route, dommage car dans son propre bouquin une piste se propose. Il cite un extrait d'une lettre de Guénon à Lepage : « L'importance du « tonnerre » dans les épreuves d'initiation est beaucoup plus grande qu'on ne pourrait le croire (...) Il semble bien qu'il y ait là, dans les rituels français, quelque chose qui ne peut que remonter directement à une source opérative très antérieure à 1717... »
L'honorable A. Bachelet, qui en commis la préface y assure pourtant que « sans un élément supra-individuel, représenté notemment par des rites fulguraux, qui assurent la transmission de l'influence spirituelle, il n'est point d'initiation, même virtuelle »... Faculty of abrac du manuscrit maçonnique « Leland-Locke », de 1753...que notre R.G, inspiré, interprète par ha baraq (hébreux) ou el barq (arabe) : l'éclair ou la foudre. A ce sujet, les curieux de nature (ex surnature) verront cette même foudre zigzaguer et relier (pour de vrai...comme disent les enfants) les triangles figurant dans les « Dialogues avec l'ange », déjà mentionnés.
Pour rester dans la rosicrucienne et chymique mouvance, (voir, « sous un Ciel jamais couvert » en compagnie d'Albrecht), on signalera que le dit triangle, pointe en bas, comme il se doit, semble tenir un rôle essentiel, opératif au vrai sens du terme, chez les Roses Croix allemands du XVII ème, si férus d'alchimie.
De Madathanus à la Villa Palombara, en passant par les manuscripts rassemblés par De Danann sous le titre « La magie de la rose-croix d'or », tout commence ou re-commence par... notre triangle !
L'alchimiste Madathanus (lequel est lui-même cité dans un ouvrage attribué à Trithème, et traduit par Basile Valentin) cite un texte paracelsien, « Le secret magique des trois pierres bénies et magiques ».
(...) Etant donné qu'ils (les très anciens philosophes) n'ont pas reconnu le centre suprême, à partir duquel tous les cercles doivent être tracés et découverts, comme ils ont fondés tous leurs écrits et toutes les oeuvres donc sur des recherches ambigües sur les différents mouvements qui animent les éléments, ils n'ont pas atteint le centre, moins encore le gracieux triangle qui jaillit en ce cercle. Or, et Dieu soit loué, nombreux ont été par la suite les philosophes chrétiens qui ont eu la révélation spontanée et la connaissance de ce centre unique, origine de toute chose, dans le triangle du centre ou bien dans la trinité de la vérité chrétienne... »
On en trouvera un écho des plus interressants dans le compagnonnage. J. Loubatière, in « Du point à la quadrature du cercle p.230 », attire l'attention sur une méthode de résolution de cette quadrature et qui figure au portail sud de l'église Notre-Dame-du-Port, à Clermond-Ferrand.
Elle « permet d'associer un triangle isocèle à un cercle et un carré, tous trois ayant une surface pratiquement égale à Pî, quand le rayon du cercle est égal à l'unité. » Et il finit en chanson : « Un point qui va dans le cercle, qui est dans le carré et le triangle : connais-tu le point, alors tout est bien; ne le connais-tu pas, alors tout est vain ».
Le point, dites-vous ? Oui, à condition de ne pas oublier l'antériorité ponctuelle, la suprématie dira F. Bonardel, « de la cordialité sur la simple centralité géométrique ».
Voilà, j'espère vous avoir bien balladé et fait tourner, presqu'en rond : en triangle. Si vous n'avez rien pigé, pas grave, moi non plus.
boronalis
aliboron- Nombre de messages : 208
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Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Un nouvel ouvrage consacré à "Dürer & ses Tarot" a été récemment publié par Yvo Jacquier sous forme électronique (e-book au format PDF).
Nous l'avons répertorié dans notre Thèque.
Nous l'avons répertorié dans notre Thèque.
Henri Schersch- Nombre de messages : 330
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