Melencolia I (Albrecht Dürer)
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Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bon jour à tous,
Je suis Hiram le petit nouveau à la "Croisée des Chemins".
Je suis artiste peintre de Tradition Optique et de formation Académique du Québec.
L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie.
Ludivine m'a indiqué la porte de ce site, et je la remercie.
Il y a ici de belles paroles qui dépassent le plan de la raison et élèvent l'esprit.
Je vais en faire le tour afin de me mettre au diapason.
Comme introduction de ma part,
d'entrée de jeu,
je prendrai l'ami Albrecht Dürer comme point de départ
puisqu'il m'est familier.
Je l'aborderai du point de vue de l'artisan,
puisqu'il en était un,
et des Guildes du Saint Empire Germanique,
desquels il faisait partie.
Je prolongerai "MELENCOLIA I",
le débat étant lancé.
Livres de base intéressant sur le sujet
pour voir le monde de l'Atelier de Dürer:
Albrecht Dürer
"Géométrie à la règle et au compas"
traduction de Jeanne Peiffer
Seuil
Matla Ghyka
"Le nombre d'or"
Gallimard
Fra Luca Pacioli
"Divina Proportione"
Presses du Compagnonnage
avec illustration de Léonard de Vinci
Tons Brunés
"The Secret of Ancient Geometry and its use"
V. I & II
Rhodos
Le dessin de Dürer est selon le Timée de Platon,
son tracé selon les guildes d'artisans et de bâtisseurs.
Je vous propose un petit voyage différent
qui s'ajoutera humblement
à fortune critique
du très bel itinéraire par vous tous initié.
Et nous cheminerons ensemble sur ce sublime chemin.
À ce soir donc,
où dans la pénombre de la canicule qui recouvre le Québec,
je débuterai avec joie mon tour de compagnons avec vous.
Fraternellement,
Hiram
Je suis Hiram le petit nouveau à la "Croisée des Chemins".
Je suis artiste peintre de Tradition Optique et de formation Académique du Québec.
L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie.
Ludivine m'a indiqué la porte de ce site, et je la remercie.
Il y a ici de belles paroles qui dépassent le plan de la raison et élèvent l'esprit.
Je vais en faire le tour afin de me mettre au diapason.
Comme introduction de ma part,
d'entrée de jeu,
je prendrai l'ami Albrecht Dürer comme point de départ
puisqu'il m'est familier.
Je l'aborderai du point de vue de l'artisan,
puisqu'il en était un,
et des Guildes du Saint Empire Germanique,
desquels il faisait partie.
Je prolongerai "MELENCOLIA I",
le débat étant lancé.
Livres de base intéressant sur le sujet
pour voir le monde de l'Atelier de Dürer:
Albrecht Dürer
"Géométrie à la règle et au compas"
traduction de Jeanne Peiffer
Seuil
Matla Ghyka
"Le nombre d'or"
Gallimard
Fra Luca Pacioli
"Divina Proportione"
Presses du Compagnonnage
avec illustration de Léonard de Vinci
Tons Brunés
"The Secret of Ancient Geometry and its use"
V. I & II
Rhodos
Le dessin de Dürer est selon le Timée de Platon,
son tracé selon les guildes d'artisans et de bâtisseurs.
Je vous propose un petit voyage différent
qui s'ajoutera humblement
à fortune critique
du très bel itinéraire par vous tous initié.
Et nous cheminerons ensemble sur ce sublime chemin.
À ce soir donc,
où dans la pénombre de la canicule qui recouvre le Québec,
je débuterai avec joie mon tour de compagnons avec vous.
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Ainsi donc, Dürer se serait inspiré de travaux de guildes d'artisans, de compagnonnages ? Et sa pratique serait inspirée d'une tradition remontant aussi loin que Platon ?Hiram a écrit:Le dessin de Dürer est selon le Timée de Platon,
son tracé selon les guildes d'artisans et de bâtisseurs.
Voilà qui est intéressant...
Par-delà Dürer, ce serait donc toute une tradition antique qu'il nous faudrait redécouvrir pour appréhender l'oeuvre "MELENCOLIA I" !
Henri Schersch- Nombre de messages : 330
Age : 54
Date d'inscription : 21/07/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonsoir,
Et bienvenue Hiram.
Dürer est un homme de la Renaissance qui, comme tous les artistes et “intellectuels” de son époque, s’était rendu en Italie pour partager avec les humanistes la merveilleuse redécouverte de l’Antiquité. La culture humaniste était un mélange de néoplatonisme, de néopythagorisme et d’hermétisme, on peut ranger le tout sous le vocable d’hermésisme selon le mot d’Antoine Faivre.
C’est la vision de la “tradition antique” qu’avait la Renaissance, qu’il suffit d’étudier pour comprendre les oeuvres de la fin XVe au milieu XVIIe siècle; Frances Yates, s’inspirant du grand mage de l’époque Agrippa, la nomma : la philosophie occulte de la Renaissance, de même que Pierre Béhar par son livre : Les langues occultes de la Renaissance.
Dürer s’était rendu chez Alde l’Ancien, le maître-imprimeur de Venise, où toute l’élite artistique et intellectuelle se réunissait, car c’était bien sûr par les réseaux d’imprimeurs que circulaient les traductions du grec en latin des textes anciens récupérés après la chute de Constantinople, et Alde et son Académie-atelier était de loin le mieux placé.
Dürer lui acheta d’ailleurs, pour un ducat d’or, le fameux Hypnerotomachia Poliphili, qui deviendra en français le fameux Songe de Poliphile; ce livre est un condensé de la connaissance humaniste. Il étudia lors de ce voyage l’Art du Trait, mais selon l’acception des artistes italiens du temps, car pour Michel Ange : "C’est le dessin, ou trait, car on lui donne ces deux noms, qui constitue, qui est la source et le corps de la peinture, de la sculpture, de l’architecture et de tout autre art plastique, et la racine de toutes les sciences."
Pour Vasari, le dessin est premier, "le père des trois arts majeurs", à savoir l’architecture, la sculpture et la peinture, ainsi qu’il l’exprime dans son œuvre, les “Vies des plus excellents peintres sculpteurs et architectes” : "Celui qui maîtrise la ligne atteindra la perfection en chacun de ces arts". Le terme italien disegno signifiant à la fois dessin et projet, l’art du trait est donc à la fois : dessein et dessin, les deux champs sémantiques qui étaient réunis dans “dessein” seront disjoints en français au XVIIIe siècle.
C’est le lieu de noter que lorsqu’on évoque l'architecture médiévale, on parle parfois de "l'art du trait", en le situant principalement à l'époque de l'art gothique. Le document de 66 planches, conservé à la Bibliothèque Nationale et écrit en dialecte picard, de Villard de Honnecourt, maître d'œuvre du XIIIème siècle, a consigné les tracés de quelques églises et écrit : “Ici commence la méthode du trait pour dessiner les figures ainsi que l'art de géométrie l'enseigne, pour facilement travailler...“. La science du dessin nommée "stéréotomie" semble depuis nommée "Art du trait" par les bâtisseurs, Dürer eut des contacts avec les maçons opératifs et apprit d’eux des techniques, mais, selon ses propres mots, il repartit à Bologne chercher une "perspective secrète".
“Après son second séjour en Italie (1505-1507) le style de Durer changea, car il avait assimilé la théorie italienne de l'art, basée sur l'harmonie du macrocosme et du microcosme, et avait interprété, en des termes géométriques subtils, les proportions du corps humain en relations avec les lois gouvernant le cosmos, telles que ces dernières furent établies par l'Architecte de l'univers. Dürer devint le chef de file septentrional de cette théorie, dans laquelle la proportion est un lien entre l'homme et l'univers, exprimé par la proportion en architecture, telle qu'elle fut établie par Vitruve, et dans tous les arts.... Dürer considérait l'art comme une puissance, et l'essence du pouvoir esthétique se trouvait dans les nombres.”
Cordialement,
C...a
Et bienvenue Hiram.
Euh ? Pas vraiment antiqueHenri a écrit:Par-delà Dürer, ce serait donc toute une tradition antique qu'il nous faudrait redécouvrir pour appréhender l'oeuvre "MELENCOLIA I" !
Dürer est un homme de la Renaissance qui, comme tous les artistes et “intellectuels” de son époque, s’était rendu en Italie pour partager avec les humanistes la merveilleuse redécouverte de l’Antiquité. La culture humaniste était un mélange de néoplatonisme, de néopythagorisme et d’hermétisme, on peut ranger le tout sous le vocable d’hermésisme selon le mot d’Antoine Faivre.
C’est la vision de la “tradition antique” qu’avait la Renaissance, qu’il suffit d’étudier pour comprendre les oeuvres de la fin XVe au milieu XVIIe siècle; Frances Yates, s’inspirant du grand mage de l’époque Agrippa, la nomma : la philosophie occulte de la Renaissance, de même que Pierre Béhar par son livre : Les langues occultes de la Renaissance.
Dürer s’était rendu chez Alde l’Ancien, le maître-imprimeur de Venise, où toute l’élite artistique et intellectuelle se réunissait, car c’était bien sûr par les réseaux d’imprimeurs que circulaient les traductions du grec en latin des textes anciens récupérés après la chute de Constantinople, et Alde et son Académie-atelier était de loin le mieux placé.
Dürer lui acheta d’ailleurs, pour un ducat d’or, le fameux Hypnerotomachia Poliphili, qui deviendra en français le fameux Songe de Poliphile; ce livre est un condensé de la connaissance humaniste. Il étudia lors de ce voyage l’Art du Trait, mais selon l’acception des artistes italiens du temps, car pour Michel Ange : "C’est le dessin, ou trait, car on lui donne ces deux noms, qui constitue, qui est la source et le corps de la peinture, de la sculpture, de l’architecture et de tout autre art plastique, et la racine de toutes les sciences."
Pour Vasari, le dessin est premier, "le père des trois arts majeurs", à savoir l’architecture, la sculpture et la peinture, ainsi qu’il l’exprime dans son œuvre, les “Vies des plus excellents peintres sculpteurs et architectes” : "Celui qui maîtrise la ligne atteindra la perfection en chacun de ces arts". Le terme italien disegno signifiant à la fois dessin et projet, l’art du trait est donc à la fois : dessein et dessin, les deux champs sémantiques qui étaient réunis dans “dessein” seront disjoints en français au XVIIIe siècle.
C’est le lieu de noter que lorsqu’on évoque l'architecture médiévale, on parle parfois de "l'art du trait", en le situant principalement à l'époque de l'art gothique. Le document de 66 planches, conservé à la Bibliothèque Nationale et écrit en dialecte picard, de Villard de Honnecourt, maître d'œuvre du XIIIème siècle, a consigné les tracés de quelques églises et écrit : “Ici commence la méthode du trait pour dessiner les figures ainsi que l'art de géométrie l'enseigne, pour facilement travailler...“. La science du dessin nommée "stéréotomie" semble depuis nommée "Art du trait" par les bâtisseurs, Dürer eut des contacts avec les maçons opératifs et apprit d’eux des techniques, mais, selon ses propres mots, il repartit à Bologne chercher une "perspective secrète".
“Après son second séjour en Italie (1505-1507) le style de Durer changea, car il avait assimilé la théorie italienne de l'art, basée sur l'harmonie du macrocosme et du microcosme, et avait interprété, en des termes géométriques subtils, les proportions du corps humain en relations avec les lois gouvernant le cosmos, telles que ces dernières furent établies par l'Architecte de l'univers. Dürer devint le chef de file septentrional de cette théorie, dans laquelle la proportion est un lien entre l'homme et l'univers, exprimé par la proportion en architecture, telle qu'elle fut établie par Vitruve, et dans tous les arts.... Dürer considérait l'art comme une puissance, et l'essence du pouvoir esthétique se trouvait dans les nombres.”
( Frances A. Yates : la philosophie occulte à l’époque élisabéthaine )
Il me vient à l’idée que nous considérons normalement que la fonction du compas est de tracer des cercles, mais pour le Compagnonnage un compas ne sert qu’à mesurer et l’on trace un cercle avec l’équerre ! C’était du moins encore vrai au début du XVIIe siècle. Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
La géométrie de Dürer
Bon Soir du Québec,
Vous dites très bien Charly Alverda :
« Dürer est un homme de la Renaissance qui comme tous les artistes et “intellectuels” de son époque
s’était rendu en Italie pour partager avec les humanistes la merveilleuse redécouverte de l’Antiquité. »
Et vous citez admirablement Frances Yates
qui illustre le tour de Dürer à travers la “tradition antique”
vue par l’homme de la Renaissance qu’il est.
« …lorsqu’on évoque l'architecture médiévale, on parle parfois de "l'art du trait", … »
et encore :
« Villard de Honnecourt, maître d'œuvre du XIIIeme siècle, a consigné les tracés… »
On ouvre ici le débat,
et pour reprendre Henri Schersch
« Dürer se serait inspiré de travaux de guildes d'artisans, de compagnonnages ? »
Je réponds oui,
mais, comme le dit si bien France Yates et vous-même,
à travers ses yeux d’homme de la Renaissance.
Une Tradition immémoriale,
car les civilisations ont bâti avant la Renaissance
et avec des connaissance cosmologiques
et des sciences qui datent de bien avant Nemrod.
Je m’explique donc :
(Nous conservons toujours « MELENCOLIA I » comme tableau de bord)
La question de la Géométrie,
nous préoccupera dans le dessin de Dürer.
Le dessein du dessin est la voie des hommes du Timée,
tel Léonard, Michel-Ange et, bien sûr, Dürer.
Une vision du monde,
de mesure du monde
et d’écriture du monde,
guide l’esprit de ces chevaliers,
qui veulent rendre visible l’invisible.
Avec la vision des anciens,
comme perchoir,
ils exprime la symbolique avec le réel,
ayant comme épée l’analogie,
la géométrie comme arc et flèches
et des chercheurs comme Marcil Ficin,
Pico de la Mirandole et Cornélius Agrippa comme Phares.
Ils conservent les procédés géométriques
(les tracés existants)
et leur dimension ésotérique.
La Géométrie a toujours été un support privilégié
aux spéculations ésotériques.
Et ce jusqu’à la magie talismanique.
Cornélius Agrippa
écrit une science du talisman
et des carrés magiques,
basée sur la liaison aux plans subtils
par la connaissances et le savoir d’une magie
ordonnée sur la Haute Lumière
par le Tracé de la Géométrie :
les Tracés de Lumière.
C’est le pentacle qui est important et non le pentagone seul.
« Melencolia I » n’y échappe pas.
Cette science était de toute antiquité.
(Signes magiques, Rhune, Clavicules de Salomon, textes sacrés, symbole hermétiques…)
Beaucoup de rêveries ont été engendrées par le nombre d’or.
Mais s’il n’est pas senti et ressenti par l’artiste, l’architecte,
il demeure lettre morte.
C’est le trait qui pousse le chiffre et non l’inverse.
Une grille, oui, mais ce qui l’habite doit exprimer la croissance et la vie.
Cette grille en peinture, en dessin et en gravure
doit représenter en surface ce qui se passe
dans l’espace derrière le tableau.
C’est cela qui a guidé les études de perspective
et de compréhension du dessein dans le dessin
dans la perception stéréotomique (la forme, l’espace)
et dans l’écriture et ce,
jusque dans le trompe-l’œil et l’anamorphose.
La stéréotomie, science du trait et de la coupe de pierre, (aussi pour la charpente)
(traçage à l’échelle 1:1 de toutes les parties du travail pour son exécution)
se poursuit et se poursuivra avec Girard Desargues
et éventuellement quantifié par Monge avec la descriptive.
Mais le strict et droit réseau fondamental,
valable pour l’architecture
et utilisé en surface d’images
se perpétue.
Les organisations initiatiques opératives du Moyen Âge et antérieures,
ont laissé peu de traces
sur leurs aspect rituel et symbolique.
Et pour Dürer,
puisque c’est à lui qu’on s’intéresse,
les organisations fédérant en loges,
les Guildes de métiers,
du saint Empire Germanique.
La Géométrie était aussi un système de grilles.
Une publication en date de 1486
de Matthias Roriczer, maître maçon et architecte,
« Le livre de la rectitude » parle du tracé
ad quadratum (octogonale) et ad triangulum (hexagonale) mais aussi de l’heptagone et du pentagone.
Ces réseaux sont doubles dans la pratique,
réticulation du tableau (selon sa forme et ses proportions)
et passage de l’espace à celui-ci.
Les carnets de Villard de Honnecourt en sont un exemple.
Une autre publication de l’orfèvre (métier du père de Dürer)
Hans Schmuttermayer en 1488 sur le même thème.
De nombreux documents prouvent l’utilisation de tels tracés.
Dürer en connaissait l’existence, car dans sa Géométrie (ref. : Jeanne Peiffer)
il y fait référence plusieurs fois avec grande vénération.
« Les principes du style gothique à l’usage des ouvriers et des artistes »
publié vers le milieu du dix-neuvième siècle,
par Friedrich Hoffstadt, en apporte un bon survol.
Cette géométrie ainsi que les outils
étaient essentiels dans les Rites des différentes guildes,
ainsi que le côté ésotérique; et pour les peintres, l’aspect talismanique.
L’Ordre du Temple avait fait un excellent travail
pour orchestrer les connaissances ésotériques (Islam, Perse, Ismaéliens)
les ordres de métiers, ainsi que de consteller l’Europe
de dolmens spécialisés : les Cathédrales gothiques.
La Melencolia de Dürer,
joue à plusieurs niveaux le rôle de talisman.
Elle le fait très bien
en intrigant plus d’un depuis sa création.
Et dans le même sens que Dante, Rabelais et d’autres,
le souvenir de la destruction des Templiers
dont ils en ont la nostalgie : 1314.
Et la date de l’icône : 1514.
Deux centième anniversaire du tragique évènement.
(1914 six cents ans plus tard, la deuxième guerre mondiale.)
Ma prochaine envoie fera état des symboles,
du talisman et de la position (la pensée) de l’artiste
dans l’exécution de l’oeuvre.
Un commentaire en terminant sur votre paragraphe de clôture :
« Il me vient à l’idée que nous considérons normalement
que la fonction du compas est de tracer des cercles,
mais pour le Compagnonnage
un compas ne sert qu’à mesurer
et l’on trace un cercle avec l’équerre !
C’était du moins encore vrai au début du XVIIe siècle. »
Le compas sert pour moi à mesurer, comparer, faire des rotations
et des changements de plans.
Et je crois que les anciens étaient de la partie.
Faudrait m’expliquer.
Et tracer des cercles avec l’équerre,
3, 4, et 5 (la cordes à 12 noeuds)
vérifie l’équerre,
et l’équerre se construit sur le diamètre du cercle.
Je suis votre élève pour l’explication.
C’est sûrement très simple, je ne le vois pas.
Au plaisir du dialogue avec vous.
Fraternellement,
Hiram
Vous dites très bien Charly Alverda :
« Dürer est un homme de la Renaissance qui comme tous les artistes et “intellectuels” de son époque
s’était rendu en Italie pour partager avec les humanistes la merveilleuse redécouverte de l’Antiquité. »
Et vous citez admirablement Frances Yates
qui illustre le tour de Dürer à travers la “tradition antique”
vue par l’homme de la Renaissance qu’il est.
« …lorsqu’on évoque l'architecture médiévale, on parle parfois de "l'art du trait", … »
et encore :
« Villard de Honnecourt, maître d'œuvre du XIIIeme siècle, a consigné les tracés… »
On ouvre ici le débat,
et pour reprendre Henri Schersch
« Dürer se serait inspiré de travaux de guildes d'artisans, de compagnonnages ? »
Je réponds oui,
mais, comme le dit si bien France Yates et vous-même,
à travers ses yeux d’homme de la Renaissance.
Une Tradition immémoriale,
car les civilisations ont bâti avant la Renaissance
et avec des connaissance cosmologiques
et des sciences qui datent de bien avant Nemrod.
Je m’explique donc :
(Nous conservons toujours « MELENCOLIA I » comme tableau de bord)
La question de la Géométrie,
nous préoccupera dans le dessin de Dürer.
Le dessein du dessin est la voie des hommes du Timée,
tel Léonard, Michel-Ange et, bien sûr, Dürer.
Une vision du monde,
de mesure du monde
et d’écriture du monde,
guide l’esprit de ces chevaliers,
qui veulent rendre visible l’invisible.
Avec la vision des anciens,
comme perchoir,
ils exprime la symbolique avec le réel,
ayant comme épée l’analogie,
la géométrie comme arc et flèches
et des chercheurs comme Marcil Ficin,
Pico de la Mirandole et Cornélius Agrippa comme Phares.
Ils conservent les procédés géométriques
(les tracés existants)
et leur dimension ésotérique.
La Géométrie a toujours été un support privilégié
aux spéculations ésotériques.
Et ce jusqu’à la magie talismanique.
Cornélius Agrippa
écrit une science du talisman
et des carrés magiques,
basée sur la liaison aux plans subtils
par la connaissances et le savoir d’une magie
ordonnée sur la Haute Lumière
par le Tracé de la Géométrie :
les Tracés de Lumière.
C’est le pentacle qui est important et non le pentagone seul.
« Melencolia I » n’y échappe pas.
Cette science était de toute antiquité.
(Signes magiques, Rhune, Clavicules de Salomon, textes sacrés, symbole hermétiques…)
Beaucoup de rêveries ont été engendrées par le nombre d’or.
Mais s’il n’est pas senti et ressenti par l’artiste, l’architecte,
il demeure lettre morte.
C’est le trait qui pousse le chiffre et non l’inverse.
Une grille, oui, mais ce qui l’habite doit exprimer la croissance et la vie.
Cette grille en peinture, en dessin et en gravure
doit représenter en surface ce qui se passe
dans l’espace derrière le tableau.
C’est cela qui a guidé les études de perspective
et de compréhension du dessein dans le dessin
dans la perception stéréotomique (la forme, l’espace)
et dans l’écriture et ce,
jusque dans le trompe-l’œil et l’anamorphose.
La stéréotomie, science du trait et de la coupe de pierre, (aussi pour la charpente)
(traçage à l’échelle 1:1 de toutes les parties du travail pour son exécution)
se poursuit et se poursuivra avec Girard Desargues
et éventuellement quantifié par Monge avec la descriptive.
Mais le strict et droit réseau fondamental,
valable pour l’architecture
et utilisé en surface d’images
se perpétue.
Les organisations initiatiques opératives du Moyen Âge et antérieures,
ont laissé peu de traces
sur leurs aspect rituel et symbolique.
Et pour Dürer,
puisque c’est à lui qu’on s’intéresse,
les organisations fédérant en loges,
les Guildes de métiers,
du saint Empire Germanique.
La Géométrie était aussi un système de grilles.
Une publication en date de 1486
de Matthias Roriczer, maître maçon et architecte,
« Le livre de la rectitude » parle du tracé
ad quadratum (octogonale) et ad triangulum (hexagonale) mais aussi de l’heptagone et du pentagone.
Ces réseaux sont doubles dans la pratique,
réticulation du tableau (selon sa forme et ses proportions)
et passage de l’espace à celui-ci.
Les carnets de Villard de Honnecourt en sont un exemple.
Une autre publication de l’orfèvre (métier du père de Dürer)
Hans Schmuttermayer en 1488 sur le même thème.
De nombreux documents prouvent l’utilisation de tels tracés.
Dürer en connaissait l’existence, car dans sa Géométrie (ref. : Jeanne Peiffer)
il y fait référence plusieurs fois avec grande vénération.
« Les principes du style gothique à l’usage des ouvriers et des artistes »
publié vers le milieu du dix-neuvième siècle,
par Friedrich Hoffstadt, en apporte un bon survol.
Cette géométrie ainsi que les outils
étaient essentiels dans les Rites des différentes guildes,
ainsi que le côté ésotérique; et pour les peintres, l’aspect talismanique.
L’Ordre du Temple avait fait un excellent travail
pour orchestrer les connaissances ésotériques (Islam, Perse, Ismaéliens)
les ordres de métiers, ainsi que de consteller l’Europe
de dolmens spécialisés : les Cathédrales gothiques.
La Melencolia de Dürer,
joue à plusieurs niveaux le rôle de talisman.
Elle le fait très bien
en intrigant plus d’un depuis sa création.
Et dans le même sens que Dante, Rabelais et d’autres,
le souvenir de la destruction des Templiers
dont ils en ont la nostalgie : 1314.
Et la date de l’icône : 1514.
Deux centième anniversaire du tragique évènement.
(1914 six cents ans plus tard, la deuxième guerre mondiale.)
Ma prochaine envoie fera état des symboles,
du talisman et de la position (la pensée) de l’artiste
dans l’exécution de l’oeuvre.
Un commentaire en terminant sur votre paragraphe de clôture :
« Il me vient à l’idée que nous considérons normalement
que la fonction du compas est de tracer des cercles,
mais pour le Compagnonnage
un compas ne sert qu’à mesurer
et l’on trace un cercle avec l’équerre !
C’était du moins encore vrai au début du XVIIe siècle. »
Le compas sert pour moi à mesurer, comparer, faire des rotations
et des changements de plans.
Et je crois que les anciens étaient de la partie.
Faudrait m’expliquer.
Et tracer des cercles avec l’équerre,
3, 4, et 5 (la cordes à 12 noeuds)
vérifie l’équerre,
et l’équerre se construit sur le diamètre du cercle.
Je suis votre élève pour l’explication.
C’est sûrement très simple, je ne le vois pas.
Au plaisir du dialogue avec vous.
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour Hiram !
C'est un réel plaisir de te retrouver ici parmi nous.
Je réagis à deux de tes citations, qui, toutes deux, concernent ces années 1314 / 1514 / 1914 .
1) Pour moi, qui vis en Europe, 1914 ne correspond pas au début de la deuxième guerre mondiale, mais au début de la première.
Lapsus? visions transatlantique différente de l'Histoire ? ou message codé ?
2) Si on considère que Dürer, en 1514, a délibérément fait référence au bicentenaire de la fin officielle des Templiers en 1314, alors, ne tiendrions-nous pas l'explication (ou "une" explication, une de plus) de ce 5 étrangement inversé dans le carré magique présent sur la gravure "MELENCOLIA I", et qui nous intrigua dès le début du présent topic ( page 1) ?
Amitiés Fraternelles.
C'est un réel plaisir de te retrouver ici parmi nous.
Je réagis à deux de tes citations, qui, toutes deux, concernent ces années 1314 / 1514 / 1914 .
1) Pour moi, qui vis en Europe, 1914 ne correspond pas au début de la deuxième guerre mondiale, mais au début de la première.
Lapsus? visions transatlantique différente de l'Histoire ? ou message codé ?
2) Si on considère que Dürer, en 1514, a délibérément fait référence au bicentenaire de la fin officielle des Templiers en 1314, alors, ne tiendrions-nous pas l'explication (ou "une" explication, une de plus) de ce 5 étrangement inversé dans le carré magique présent sur la gravure "MELENCOLIA I", et qui nous intrigua dès le début du présent topic ( page 1) ?
Amitiés Fraternelles.
Ludivine- Nombre de messages : 220
Date d'inscription : 04/04/2010
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Vous dites Hiram (abi ?)
“L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie.”
J’entends là une réminiscence guénonienne ? Ce qui serait excellent car Guénon a considérablement déblayé le fatras de l’ésotérisme engendré par la pensée dominante occultiste, et la rigueur est de toute nécessité dans ce domaine !
Si je suis en accord avec vous sur votre vision de la Renaissance, je ne peux vous suivre dans ceci :
“La Melencolia de Dürer,
joue à plusieurs niveaux le rôle de talisman.
Elle le fait très bien
en intrigant plus d’un depuis sa création.
Et dans le même sens que Dante, Rabelais et d’autres,
le souvenir de la destruction des Templiers
dont ils en ont la nostalgie : 1314.
Et la date de l’icône : 1514.
Deux centième anniversaire du tragique événement.
(1914 six cents ans plus tard, la deuxième guerre mondiale.)”
Je suppose que vous avez lu mon point de vue de la Melencolia qu’on ne peut étudier sans son pendant (selon la volonté de Dürer) : son Saint Jérôme.
De notre point de vue naturaliste depuis plus de 300 ans, Dürer exprime une pensée qui nous apparaît magique, en fait elle est simplement vivante alors que la nôtre est selon sa froide raison, morte. On peut justement admirer dans la Melencolia cette coupure épistémologique où la vieille vision saturnienne (satanique) du Moyen-âge se tire... d’aile
Cette “coupure” est évidemment manifeste en tout premier en “architecture”, et l’architecte (à l’étymologie grecque) n’a aucune formation de constructeur, c’est un peintre, un orfèvre, un sculpteur qui reprenant le livre de Vitruve établit sur le papier avec règle et compas les nouveaux édifices. Le maître d’oeuvre du Moyen-âge avec sa règle et son compas (d’appareilleur) qui édifiait sur le sol à la craie et au charbon par projection disparaît, il n’y a plus dès ce temps que deux “grades” : Compagnon et apprenti, le maître est dès lors le client. Évidemment ces “compagnons” et “apprentis” sont utilisés par l’architecte et leur rapports furent longtemps (jusqu’à Désargues) houleux car basés sur l’incompréhension des premiers. Il y a une énorme “littérature” à ce sujet.
(N. B.) C’est ainsi que pour garder le ternaire du “Compagnonnage” a été créé le “grade” de Compagnon-reçu.
Quant au tracé du cercle par l’équerre et non le compas, c’est justement Désargues, très lié au “Compagnonnage”, qui exposant pour la première fois la pratique de l’Art du trait “compagnonnique” relate cette pratique dans son livre.
(N. B.) Je mets “Compagnonnage” entre guillemets puisqu’il n’avait pas ce nom à cette époque.
La chute des Templiers ! Elle nourrit depuis le XVIIIe siècle les thèmes les plus délirants de la F:. M:., pour des raisons qui seraient trop longues à exposer dans ce cadre, il suffit d’étudier la lettre “écossaise” du Chevalier de Ramsay pour s’en faire une bonne idée.
Les textes publiés par les Maçons “occultistes” ont fait fantasmer sur le Temple, or, de cet ordre d’abord religieux, dont le vrai nom était la Milice du Christ (militia Christi), que savons-nous ? En dehors des textes fondateurs et des “minutes” du procès évidemment partial, seules de rares lettres de templiers en Orient nous sont restées.
Il n’a jamais été question d’un “baphomet” ni du côté accusateur, ni du côté templier. En Europe, les templiers si riches étaient méprisés à cause de leurs débauches, jurer ou boire comme un templier était uniquement ce qui leur a survécu pendant longtemps.
Et l’on retrouve Agrippa qui distinguant - en son temps et quel temps ! - la bonne de la mauvaise magie mentionna la « détestable hérésie » des Templiers, « si ce qui a été lu à leur sujet est exact ». Cela suffit à la Maçonnerie du XVIIIe siècle pour développer les thèses maintenant répandues ! Le délire atteint son apogée avec la Stricte Observance templière et le manuscrit maçonnico-rosicrucien de 1760 trouvé à Strasbourg, intitulé “Deuxième Section, de la Maçonnerie parmi les Chrétiens.”
Dürer et la chute des templiers et la date de 1914, pardonnez-moi, mais on ne sort pas du Da Vinci Code et des mystères de Gisors et de Rennes le Château !
La réalité est infiniment plus belle que le rêve !
Cordialement,
C..a
Vous dites Hiram (abi ?)
“L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie.”
J’entends là une réminiscence guénonienne ? Ce qui serait excellent car Guénon a considérablement déblayé le fatras de l’ésotérisme engendré par la pensée dominante occultiste, et la rigueur est de toute nécessité dans ce domaine !
Si je suis en accord avec vous sur votre vision de la Renaissance, je ne peux vous suivre dans ceci :
“La Melencolia de Dürer,
joue à plusieurs niveaux le rôle de talisman.
Elle le fait très bien
en intrigant plus d’un depuis sa création.
Et dans le même sens que Dante, Rabelais et d’autres,
le souvenir de la destruction des Templiers
dont ils en ont la nostalgie : 1314.
Et la date de l’icône : 1514.
Deux centième anniversaire du tragique événement.
(1914 six cents ans plus tard, la deuxième guerre mondiale.)”
Je suppose que vous avez lu mon point de vue de la Melencolia qu’on ne peut étudier sans son pendant (selon la volonté de Dürer) : son Saint Jérôme.
De notre point de vue naturaliste depuis plus de 300 ans, Dürer exprime une pensée qui nous apparaît magique, en fait elle est simplement vivante alors que la nôtre est selon sa froide raison, morte. On peut justement admirer dans la Melencolia cette coupure épistémologique où la vieille vision saturnienne (satanique) du Moyen-âge se tire... d’aile
Cette “coupure” est évidemment manifeste en tout premier en “architecture”, et l’architecte (à l’étymologie grecque) n’a aucune formation de constructeur, c’est un peintre, un orfèvre, un sculpteur qui reprenant le livre de Vitruve établit sur le papier avec règle et compas les nouveaux édifices. Le maître d’oeuvre du Moyen-âge avec sa règle et son compas (d’appareilleur) qui édifiait sur le sol à la craie et au charbon par projection disparaît, il n’y a plus dès ce temps que deux “grades” : Compagnon et apprenti, le maître est dès lors le client. Évidemment ces “compagnons” et “apprentis” sont utilisés par l’architecte et leur rapports furent longtemps (jusqu’à Désargues) houleux car basés sur l’incompréhension des premiers. Il y a une énorme “littérature” à ce sujet.
(N. B.) C’est ainsi que pour garder le ternaire du “Compagnonnage” a été créé le “grade” de Compagnon-reçu.
Quant au tracé du cercle par l’équerre et non le compas, c’est justement Désargues, très lié au “Compagnonnage”, qui exposant pour la première fois la pratique de l’Art du trait “compagnonnique” relate cette pratique dans son livre.
(N. B.) Je mets “Compagnonnage” entre guillemets puisqu’il n’avait pas ce nom à cette époque.
La chute des Templiers ! Elle nourrit depuis le XVIIIe siècle les thèmes les plus délirants de la F:. M:., pour des raisons qui seraient trop longues à exposer dans ce cadre, il suffit d’étudier la lettre “écossaise” du Chevalier de Ramsay pour s’en faire une bonne idée.
Les textes publiés par les Maçons “occultistes” ont fait fantasmer sur le Temple, or, de cet ordre d’abord religieux, dont le vrai nom était la Milice du Christ (militia Christi), que savons-nous ? En dehors des textes fondateurs et des “minutes” du procès évidemment partial, seules de rares lettres de templiers en Orient nous sont restées.
Il n’a jamais été question d’un “baphomet” ni du côté accusateur, ni du côté templier. En Europe, les templiers si riches étaient méprisés à cause de leurs débauches, jurer ou boire comme un templier était uniquement ce qui leur a survécu pendant longtemps.
Et l’on retrouve Agrippa qui distinguant - en son temps et quel temps ! - la bonne de la mauvaise magie mentionna la « détestable hérésie » des Templiers, « si ce qui a été lu à leur sujet est exact ». Cela suffit à la Maçonnerie du XVIIIe siècle pour développer les thèses maintenant répandues ! Le délire atteint son apogée avec la Stricte Observance templière et le manuscrit maçonnico-rosicrucien de 1760 trouvé à Strasbourg, intitulé “Deuxième Section, de la Maçonnerie parmi les Chrétiens.”
Dürer et la chute des templiers et la date de 1914, pardonnez-moi, mais on ne sort pas du Da Vinci Code et des mystères de Gisors et de Rennes le Château !
La réalité est infiniment plus belle que le rêve !
Cordialement,
C..a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Bonjour Ludivine,
Je suis très content d'avoir le privilège d'être sur ce site.
Il y a du calibre ici.
Tu as raison oups!!! j''ai fais un lapsus,
1914 est la première
mais sans doute que 1314 est une guerre mondiale contre l'Esprit.
Je reviens demain car ici au Québec,
45 degrés avec l'humidex dans le plafond.
Les doigts collent sur le clavier.
Je garde la surprise du 5 renversé pour demain.
Ça vaut la peine.
À demain donc,
et fraternels bonjours à tous,
Hiram
Bonjour Ludivine,
Je suis très content d'avoir le privilège d'être sur ce site.
Il y a du calibre ici.
Tu as raison oups!!! j''ai fais un lapsus,
1914 est la première
mais sans doute que 1314 est une guerre mondiale contre l'Esprit.
Je reviens demain car ici au Québec,
45 degrés avec l'humidex dans le plafond.
Les doigts collent sur le clavier.
Je garde la surprise du 5 renversé pour demain.
Ça vaut la peine.
À demain donc,
et fraternels bonjours à tous,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour Hiram !Hiram a écrit:Tu as raison oups!!! j''ai fais un lapsus,
1914 est la première
mais sans doute que 1314 est une guerre mondiale contre l'Esprit.
Une guerre mondiale contre l’Esprit ?
Le concept est intéressant.
Je pense qu’effectivement il y a une guerre contre l’Esprit qui est en cours : on la voit pleinement à l’œuvre de nos jours, Rüdolf Steiner l’avait évoquée, St-Jean l’envisageait aussi dans son Apocalypse, Charly Alverda et Sakado Wan rappelaient dans le post 4 éléments / 5 mouvements que l’abandon, par les Princes, des règles de gérance inscrite dans le Yi-King amènerait le chaos, etc.
Pourtant, est-il judicieux de citer 1314 comme date-clé ? J’ai un doute !
Les Templiers (ou plutôt : quelques-uns parmi eux) étaient-ils vraiment les gardiens d’une ancienne sagesse ? Ou bien est-ce l’impression que nous en avons aujourd’hui, en projetant sur le passé notre compréhension actuelle de l’Histoire d’alors ?
On sait que la survivance d’une filiation templière est un délicat mélange de faits historiques peu documentés, de traditions orales invérifiables, de légendes à décoder, mais aussi d’affabulations fantasques. Restons donc prudents, tout en constatant (comme Charly le souligne souvent) que c’est au cours du 16ème siècle que la façon d’interpréter le monde change profondément, conséquence probable de cette guerre contre l’Esprit débutée antérieurement. Le 11 septembre 2001 marquerait alors une autre bataille de cette même guerre séculaire.
Car cette guerre n’est-elle pas éternelle ? N’a-t-elle pas commencé avec la « Chute d’Adam », dont H. Coton-Alvart propose une interprétation originale ? Et – pour aller plus loin dans la remise en question – demandons-nous si le Temps n’est pas une sorte d’illusion, au même titre que la matière ?
Bref, toutes ces questions métaphysiques nous entraînent probablement loin du présent sujet traitant de la gravure de Dürer…
Amitiés Fraternelles.
Ludivine- Nombre de messages : 220
Date d'inscription : 04/04/2010
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Pourquoi cette date de 1314 ? C’est avoir la vision bien matérialiste et romantique de la plupart des "historiens" que de la retenir, car c’est le vendredi 13 octobre 1307 que le pape Clément V fulmina la bulle “Vox in excelso” officialisant la dissolution de l'ordre du Temple, et dès 1312 des rejetons avaient poussé en Espagne, souvenez-vous de la couleur des voiles des bateaux de Christopher Colombus !
Un vendredi 13 ? Slurp ! Voire (voére), dirait Rabelais
Attention aux dates pour ces époques !
Extrait du livre d'Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, 2005 , Seuil, page 28 : « À partir d'une minutieuse analyse des documents existants, Rudolf Hiestand a proposé une autre date pour le concile de Troyes et, en conséquence, une autre date pour la fondation de l'ordre. Les chartes du nord-est de la France sont alors datées dans le style (florentin) de l'Annonciation, qui fait débuter l'année non pas le 1er janvier, comme dans notre actuel calendrier, mais le 25 mars. L'année 1129 commence donc le 25 mars de notre année 1129, mais jusqu'au 24 mars les hommes d'alors vivaient toujours en 1128. Le concile de Troyes, réuni le 13 janvier 1128 selon les textes de l'époque, s'est donc tenu le 13 janvier 1129 de notre actuel calendrier.[....] La démonstration a convaincu et la correction de date proposée pour le concile de Troyes est désormais acceptée par les historiens.»
Précision pour Ludivine, c’est au cours de la deuxième moitié du XVe siècle que la pensée de l’élite intellectuelle et artistique changea en Italie ; plus précisément quand Cosme de Médicis demanda à Ficin le chef de son Academia d’interrompre la traduction de Platon pour effectuer celle du “corpus hermeticum”. On sait le choc que ce texte produisit sur Ficin, et grâce à l’imprimerie naissante la pensée analogique prit son essor et se répandit dans tout l’Occident (24 éditions entre 1471 et 1641 !).
Note à l’attention d’Hiram : je n’interviens pas en “briseur de rêves” !
Quand je dis que la réalité est infiniment plus belle que le rêve, il me faut bien préciser que cette réalité n’est pas accessible par le mental raisonnant ! Sinon le rêve, apparemment le produit vivant et chaleureux des données de nos sens, s’oppose à la frigide raison. Ne doutons pas qu’une fois levé le soleil du coeur, les rêves n’apparaissent plus que ce qu’ils sont, de pitoyables oripeaux masquant nos manques affectifs... et par “compensation” nos besoins de puissance et de séduction.
«Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil.» ( William Shakespeare - La tempête)
Cordialement,
C..a
Pourquoi cette date de 1314 ? C’est avoir la vision bien matérialiste et romantique de la plupart des "historiens" que de la retenir, car c’est le vendredi 13 octobre 1307 que le pape Clément V fulmina la bulle “Vox in excelso” officialisant la dissolution de l'ordre du Temple, et dès 1312 des rejetons avaient poussé en Espagne, souvenez-vous de la couleur des voiles des bateaux de Christopher Colombus !
Un vendredi 13 ? Slurp ! Voire (voére), dirait Rabelais
Attention aux dates pour ces époques !
Extrait du livre d'Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, 2005 , Seuil, page 28 : « À partir d'une minutieuse analyse des documents existants, Rudolf Hiestand a proposé une autre date pour le concile de Troyes et, en conséquence, une autre date pour la fondation de l'ordre. Les chartes du nord-est de la France sont alors datées dans le style (florentin) de l'Annonciation, qui fait débuter l'année non pas le 1er janvier, comme dans notre actuel calendrier, mais le 25 mars. L'année 1129 commence donc le 25 mars de notre année 1129, mais jusqu'au 24 mars les hommes d'alors vivaient toujours en 1128. Le concile de Troyes, réuni le 13 janvier 1128 selon les textes de l'époque, s'est donc tenu le 13 janvier 1129 de notre actuel calendrier.[....] La démonstration a convaincu et la correction de date proposée pour le concile de Troyes est désormais acceptée par les historiens.»
Précision pour Ludivine, c’est au cours de la deuxième moitié du XVe siècle que la pensée de l’élite intellectuelle et artistique changea en Italie ; plus précisément quand Cosme de Médicis demanda à Ficin le chef de son Academia d’interrompre la traduction de Platon pour effectuer celle du “corpus hermeticum”. On sait le choc que ce texte produisit sur Ficin, et grâce à l’imprimerie naissante la pensée analogique prit son essor et se répandit dans tout l’Occident (24 éditions entre 1471 et 1641 !).
Note à l’attention d’Hiram : je n’interviens pas en “briseur de rêves” !
Quand je dis que la réalité est infiniment plus belle que le rêve, il me faut bien préciser que cette réalité n’est pas accessible par le mental raisonnant ! Sinon le rêve, apparemment le produit vivant et chaleureux des données de nos sens, s’oppose à la frigide raison. Ne doutons pas qu’une fois levé le soleil du coeur, les rêves n’apparaissent plus que ce qu’ils sont, de pitoyables oripeaux masquant nos manques affectifs... et par “compensation” nos besoins de puissance et de séduction.
«Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil.» ( William Shakespeare - La tempête)
Cordialement,
C..a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Le petit Hiram arrive sur le forum Melencolia I (Albert Dürer),
qui date de janvier 2010,
que dans le présent tropique du cancer.
Le temps qu’il se fasse une idée de cette Somme de Savoir...
C’est un jardin alchimique qui demande réflexion
pour entrer dans la danse de si magnifiques Derviches.
Hé oui Charly vous entendez bien une réminiscence Guénonienne dans :
« L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie. »
puisque c’est tiré du titre du livre :
« L’Ésotérisme comme principe et comme voie »
de Frithjof Schuon.
J’ai une question :
On peut étudier Melencolia I en comparaison avec le St Jérôme
ou avec d’autres des œuvres de Dürer
si l’on s’appelle Irwin Panofsky,
que l’on suit la méthode historique,
ou pour pousser la méthode du dessein du dessin;
mais écoutons-nous la cinquième de Beethoven
en même temps que sa neuvième ?
Ce n’est pas du cynisme,
Mais une suggestion à l’écoute d’une œuvre
qui a sûrement pris autant de temps à créer
que les symphonies.
Se laisser avaler par un dessin aussi parfait,
rentrer dans son monde de la sensation
se laisser enlever vers le plan mental
et si la grâce nous touche jusqu’à l’Esprit.
Le dessin et la peinture sont une porte de l’invisible.
Oui je suis un rêveur,
c’est mon métier de créer des images.
L’homme (ou la femme) crée le rêve
et le rêve crée l’homme (ou la femme).
Mais ce Rêve est un monde qui est pour moi
comme le décrit Henry Corbin :
l’imaginale, l’Hurqualia des Perses et de Sohravardî,
où la matière devient esprit et où l’esprit devient matière.
Le non-où, (Na Kôja Abad).
Aristote : « La Fantasia qui est une manière de peindre,
est aussi une faculté humaine
intermédiaire entre la sensation et la pensée. »
Mais en suivant Van Eyck qui était verrier on touche le matière,
et en suivant Dürer le graveur on fréquente la Géométrie
et on fait en dessin de l’orfèvrerie.
En jouant avec un réseau géométrique choisi
Dürer ramène l’image au plan, l’espace au tableau.
Un tracé du mandala occidentale.
Aliboron fait une excellente introduction à cette pièce d’Architecture.
Et il résume très bien le Dessein de Dürer
(une très belle planche à tracer) :
« Bref, avec ce cinq, on est au coeur de la Vie, ou pas loin.
En tout cas dans un lieu obscur...avec plein de tournants.»
Revenons à la charpente de cette toile d’araignée (si elle en est une)
le pentalpha, l’Étoile Flamboyante, le pentagone étoilé
5 cotés prolongés.
Mais pas nécessairement réguliers.
(Référence :
Tons Brunés
"The Secret of Ancient Geometry and its use"
Rhodos)
Où il est question de “Sacred Cut”,
Une étoile à cinq branches qui semble irrégulière.
Cette structure fait de l’œuvre un pentacle
qui active la pensée imaginale de l’artiste
dans sa rêverie dans une hallucination
et où tout en dessinant et ce faisant il se transforme lui-même.
L’artisan par le travail de ses mains, de ses émotions et de sa pensée
et autre chose (peut-être) se transforme lui-même.
Il polit sa Pierre, comme on dit.
Et ce dessin se poursuit dans l’œil de celui qui la regarde.
Voici un exemple du tracé directeur de Melencolia I :
Une pensée scolastique :
« .. c’est tout l’univers matériel qui devient une grande lumière,
composée d’une infinité de petites lumières…;
chaque chose perceptible,
quelle soit l’œuvre de l’homme ou naturelle,
devient un symbole de ce qui n’est pas perceptible,
une marche pour l’ascension vers le ciel;
l’esprit humain, lorsqu’il s’abandonne à l’harmonie
au rayonnement,
qui sont le critère de la beauté terrestre ,
se sent lui-même guidé vers la Cause transcendante… »
Maintenant pour Ludivine, qui attend patiemment,
et pour vous tous bien sûr,
voici le 5 renversé.
C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.
L’Échelle à sept (7) échelons nous rappelle le 7 Arts Libéraux :
1.- la Grammaire,
2.- la Rhétorique,
3.- la Logique,
4.- l’Arithmétique,
5.- la Géométrie,
6.- la Musique
et 7.- l’Astronomie.
(le Trivium et le Quadrivium)
Le cinquième échelon est la Géométrie.
Par Analogie,
Dürer nous suggère-t’il une autre Géométrie ?
ou une autre lecture de la Géométrie ?
ou une Géométrie inversée ?
Nous invite-t-il à contempler l’Hexagramme,
avec ses triangles inversés, entrelacés ?
À faire une lecture du monde
en inversant les symboles reflets d’un autre monde?
René Guénon ne le contredirait pas.
Voie à explorer…
Ludivine nous interroge sagement :
« Les Templiers (ou plutôt : quelques-uns parmi eux) étaient-ils vraiment les gardiens d’une ancienne sagesse ? »
C’est une intéressante question, et elle rajoute :
« la survivance d’une filiation templière est un délicat mélange de faits historiques peu documentés,
de traditions orales invérifiables, de légendes à décoder, mais aussi d’affabulations fantasques. »
René Guénon a lui-même participé à une résurgence templière qui n'a pas duré.
Un point moins fréquenté
est la fréquentation qu’ils ont eu avec d’autres Traditions.
Tel les Soufis, les Ismaéliens, les Druzes, etc…
Le Vieux de la Montagne…
Les Templiers de Perses… (appeler Assassins d’Hassan ben Sabbah)…
Et un livre intéressant des « Frères de la pureté »
reliés à Jabir ibn Ayyan (Geber) :
Rasâ'il al-Ikhwân as-Safâ' (Les Épîtres des frères de la pureté).
Pour référence :
« Islamic Pattern »
de Keit Critchlow
avec introduction de Seyyed Hossein Nasr (un Guénonien)
Où l’on retrouve toutes sortes de bonnes idées
(les tracés, les carrés magiques)
Attention à la Balance…
La balance, telle que présente ici,
Vient de la pensée de Jaffar as-Sadik
Le cinquième imam chiite.
et des Ismaéliens.
Il préconise un équilibre entre l’ésotérique (al-batin) et l’exotérique (al-zahir)
un désé quilibre est dangereux, explosif.
Une sur-exploitation du at-tassawuf (la gnose)
dans le plan physique attire la force contraire.
Ce qui a peut-être perdu les Templiers, les Ismaéliens et l’École de Métaponte.
Qui ont tour à tour été avalés par le tourbillon de l’ignorance
et de la brutalité béotienne.
Ce qui donne raison à la question de Ludivine :
« Car cette guerre n’est-elle pas éternelle ? »
Du moins dans le présent Kali Yuga.
Un signe du Phoenix…
Le petit et le grand Ange,
Des créatures ailées, terrestres-célestes et volatiles.
Les petits mystères et les grands mystères.
Le grand Ange détient les Clefs et les richesses des grands mystères.
Le chien qui dort:
la Fidélité.
Mais : "je dors mais mon coeur veille."
Fidélité à la "Sophia Perenis".
« En Europe, les templiers si riches étaient méprisés
à cause de leurs débauches,
jurer ou boire comme un templier
était uniquement ce qui leur a survécu pendant longtemps. »
Une citation de Charly.
Mais René Guénon comparait « boire comme un Templier »
à l’expression des soufis :
l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.
Oui il faut penser autrement
je suis d’accord avec Charly.
Il faut être soufis :
« Oublions ce que l’on sait,
effaçons ce que l’on a écrit. »
pour penser comme ces hommes simples
que sont les anciens.
La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage,
bien que d’apparence moderne,
sont reconnus par Guénon
comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.
Tout les Maçons ne sont pas à sa hauteur,
mais la F. M. a survécu
« …jusqu'à ce que temps ou les circonstances,
nous fasse découvrir les véritables… » secrets... à la croisés des chemins.
Avec Fraternité,
Hiram
P. S. J’ai une suggestion amicale pour vous, Charly,
comme tous les Frères et les Soeurs réunis à ce carrefour
qui n’ont pas les œuvres de Desargues,
je ne les ai pas non plus,
peut-être pourriez-vous nous faire la démonstration
de l’équerre construisant le cercle.
Je propose que nous puissions être vos disciples pour cette manoeuvre.
Le petit Hiram arrive sur le forum Melencolia I (Albert Dürer),
qui date de janvier 2010,
que dans le présent tropique du cancer.
Le temps qu’il se fasse une idée de cette Somme de Savoir...
C’est un jardin alchimique qui demande réflexion
pour entrer dans la danse de si magnifiques Derviches.
Hé oui Charly vous entendez bien une réminiscence Guénonienne dans :
« L'Ésotérisme est pour moi un principe et une voie. »
puisque c’est tiré du titre du livre :
« L’Ésotérisme comme principe et comme voie »
de Frithjof Schuon.
J’ai une question :
On peut étudier Melencolia I en comparaison avec le St Jérôme
ou avec d’autres des œuvres de Dürer
si l’on s’appelle Irwin Panofsky,
que l’on suit la méthode historique,
ou pour pousser la méthode du dessein du dessin;
mais écoutons-nous la cinquième de Beethoven
en même temps que sa neuvième ?
Ce n’est pas du cynisme,
Mais une suggestion à l’écoute d’une œuvre
qui a sûrement pris autant de temps à créer
que les symphonies.
Se laisser avaler par un dessin aussi parfait,
rentrer dans son monde de la sensation
se laisser enlever vers le plan mental
et si la grâce nous touche jusqu’à l’Esprit.
Le dessin et la peinture sont une porte de l’invisible.
Oui je suis un rêveur,
c’est mon métier de créer des images.
L’homme (ou la femme) crée le rêve
et le rêve crée l’homme (ou la femme).
Mais ce Rêve est un monde qui est pour moi
comme le décrit Henry Corbin :
l’imaginale, l’Hurqualia des Perses et de Sohravardî,
où la matière devient esprit et où l’esprit devient matière.
Le non-où, (Na Kôja Abad).
Aristote : « La Fantasia qui est une manière de peindre,
est aussi une faculté humaine
intermédiaire entre la sensation et la pensée. »
Mais en suivant Van Eyck qui était verrier on touche le matière,
et en suivant Dürer le graveur on fréquente la Géométrie
et on fait en dessin de l’orfèvrerie.
En jouant avec un réseau géométrique choisi
Dürer ramène l’image au plan, l’espace au tableau.
Un tracé du mandala occidentale.
Aliboron fait une excellente introduction à cette pièce d’Architecture.
Et il résume très bien le Dessein de Dürer
(une très belle planche à tracer) :
« Bref, avec ce cinq, on est au coeur de la Vie, ou pas loin.
En tout cas dans un lieu obscur...avec plein de tournants.»
Revenons à la charpente de cette toile d’araignée (si elle en est une)
le pentalpha, l’Étoile Flamboyante, le pentagone étoilé
5 cotés prolongés.
Mais pas nécessairement réguliers.
(Référence :
Tons Brunés
"The Secret of Ancient Geometry and its use"
Rhodos)
Où il est question de “Sacred Cut”,
Une étoile à cinq branches qui semble irrégulière.
Cette structure fait de l’œuvre un pentacle
qui active la pensée imaginale de l’artiste
dans sa rêverie dans une hallucination
et où tout en dessinant et ce faisant il se transforme lui-même.
L’artisan par le travail de ses mains, de ses émotions et de sa pensée
et autre chose (peut-être) se transforme lui-même.
Il polit sa Pierre, comme on dit.
Et ce dessin se poursuit dans l’œil de celui qui la regarde.
Voici un exemple du tracé directeur de Melencolia I :
Une pensée scolastique :
« .. c’est tout l’univers matériel qui devient une grande lumière,
composée d’une infinité de petites lumières…;
chaque chose perceptible,
quelle soit l’œuvre de l’homme ou naturelle,
devient un symbole de ce qui n’est pas perceptible,
une marche pour l’ascension vers le ciel;
l’esprit humain, lorsqu’il s’abandonne à l’harmonie
au rayonnement,
qui sont le critère de la beauté terrestre ,
se sent lui-même guidé vers la Cause transcendante… »
Maintenant pour Ludivine, qui attend patiemment,
et pour vous tous bien sûr,
voici le 5 renversé.
C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.
L’Échelle à sept (7) échelons nous rappelle le 7 Arts Libéraux :
1.- la Grammaire,
2.- la Rhétorique,
3.- la Logique,
4.- l’Arithmétique,
5.- la Géométrie,
6.- la Musique
et 7.- l’Astronomie.
(le Trivium et le Quadrivium)
Le cinquième échelon est la Géométrie.
Par Analogie,
Dürer nous suggère-t’il une autre Géométrie ?
ou une autre lecture de la Géométrie ?
ou une Géométrie inversée ?
Nous invite-t-il à contempler l’Hexagramme,
avec ses triangles inversés, entrelacés ?
À faire une lecture du monde
en inversant les symboles reflets d’un autre monde?
René Guénon ne le contredirait pas.
Voie à explorer…
Ludivine nous interroge sagement :
« Les Templiers (ou plutôt : quelques-uns parmi eux) étaient-ils vraiment les gardiens d’une ancienne sagesse ? »
C’est une intéressante question, et elle rajoute :
« la survivance d’une filiation templière est un délicat mélange de faits historiques peu documentés,
de traditions orales invérifiables, de légendes à décoder, mais aussi d’affabulations fantasques. »
René Guénon a lui-même participé à une résurgence templière qui n'a pas duré.
Un point moins fréquenté
est la fréquentation qu’ils ont eu avec d’autres Traditions.
Tel les Soufis, les Ismaéliens, les Druzes, etc…
Le Vieux de la Montagne…
Les Templiers de Perses… (appeler Assassins d’Hassan ben Sabbah)…
Et un livre intéressant des « Frères de la pureté »
reliés à Jabir ibn Ayyan (Geber) :
Rasâ'il al-Ikhwân as-Safâ' (Les Épîtres des frères de la pureté).
Pour référence :
« Islamic Pattern »
de Keit Critchlow
avec introduction de Seyyed Hossein Nasr (un Guénonien)
Où l’on retrouve toutes sortes de bonnes idées
(les tracés, les carrés magiques)
Attention à la Balance…
La balance, telle que présente ici,
Vient de la pensée de Jaffar as-Sadik
Le cinquième imam chiite.
et des Ismaéliens.
Il préconise un équilibre entre l’ésotérique (al-batin) et l’exotérique (al-zahir)
un désé quilibre est dangereux, explosif.
Une sur-exploitation du at-tassawuf (la gnose)
dans le plan physique attire la force contraire.
Ce qui a peut-être perdu les Templiers, les Ismaéliens et l’École de Métaponte.
Qui ont tour à tour été avalés par le tourbillon de l’ignorance
et de la brutalité béotienne.
Ce qui donne raison à la question de Ludivine :
« Car cette guerre n’est-elle pas éternelle ? »
Du moins dans le présent Kali Yuga.
Un signe du Phoenix…
Le petit et le grand Ange,
Des créatures ailées, terrestres-célestes et volatiles.
Les petits mystères et les grands mystères.
Le grand Ange détient les Clefs et les richesses des grands mystères.
Le chien qui dort:
la Fidélité.
Mais : "je dors mais mon coeur veille."
Fidélité à la "Sophia Perenis".
« En Europe, les templiers si riches étaient méprisés
à cause de leurs débauches,
jurer ou boire comme un templier
était uniquement ce qui leur a survécu pendant longtemps. »
Une citation de Charly.
Mais René Guénon comparait « boire comme un Templier »
à l’expression des soufis :
l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.
Oui il faut penser autrement
je suis d’accord avec Charly.
Il faut être soufis :
« Oublions ce que l’on sait,
effaçons ce que l’on a écrit. »
pour penser comme ces hommes simples
que sont les anciens.
La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage,
bien que d’apparence moderne,
sont reconnus par Guénon
comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.
Tout les Maçons ne sont pas à sa hauteur,
mais la F. M. a survécu
« …jusqu'à ce que temps ou les circonstances,
nous fasse découvrir les véritables… » secrets... à la croisés des chemins.
Avec Fraternité,
Hiram
P. S. J’ai une suggestion amicale pour vous, Charly,
comme tous les Frères et les Soeurs réunis à ce carrefour
qui n’ont pas les œuvres de Desargues,
je ne les ai pas non plus,
peut-être pourriez-vous nous faire la démonstration
de l’équerre construisant le cercle.
Je propose que nous puissions être vos disciples pour cette manoeuvre.
Calcédoine : Un fil spécifique a été ouvert pour explorer ce sujet : Tracer le cercle avec l'équerre. |
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Si Dûrer tenait à offrir Melencolia et Saint Jérôme “par paires”, c’est une invitation à les regarder toutes deux, et que voyons nous ? Une harmonie à établir dans le premier cas et un ordre parfait dans le second.
Les deux gravures mettent en relief les fruits de son apprentissage des techniques de la perspective issues de ses deux voyages en Italie.
S’il fait un deuxième voyage en Italie à la “recherche d’une nouvelle perspective”, après son enquête dans le milieu “oeuvrier”, c’est bien parce qu’il acquiert de plus en plus toutes les dimensions de la vision humaniste. Son oeuvre exprime donc cette nouvelle “vision”, et la Melencolia est exemplaire du choc de cette pensée que Ficin affronta le tout premier.
Je lis dans Wiki que “son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas (1538, De Symmetria... and Underweysung der Messung mit dem Zirkel und Richtscheit)”, je ne l’ai pas lu mais au vu du titre et des gravures il apparaît comme pur produit des spéculations de la Renaissance ayant complètement tourné le dos à la scolastique :
Il “développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d'Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l'épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l'angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l'ombre et de la perspective. Il laissera son nom sur un perspectographe simple à œilleton.” Il ne pouvait manquer de s’intéresser aux anamorphoses !
Ce sont les travaux de Alberti et de Pacioli et leur redécouverte de Vitruve qui l’ont fasciné lors de ses voyages, comme tous les humanistes il a vu en quoi l’architecture - conçue sur le papier à partir de la règle et du compas - était le premier des arts avec le dessin.
L’humanisme est d’abord anti-scolastique, les Academiae fleurissent au détriment de l’Université, on a vu Dürer chez Alde et il avait des amis imprimeurs qui étaient les plus grands lettrés de l’époque. Il y a vraiment peu de chances de voir dans l’échelle de la Melencolia le trivium et le quadrivium des sept Arts Libéraux, mais plus sûrement l’échelle des innombrables correspondances reliant les étoiles de la terre (les 7 métaux) à celles du ciel (7)
Une nouvelle lumière jaillit dissipant l’obscurité scolastique, et l’ancienne vision saturnienne de la mélancolie s’enfuit pour laisser place à l’autre Saturne, celui du Ciel de la créativité, l’étoile la plus brillante.
Le carré de Jupiter dans cet espace saturnien ? C’est l’harmonisateur parfait, le battant de la cloche, par prolongement, détermine deux rectangles qui se répondent parfaitement en jouant sur les chiffres 15 et 19, des chiffres pas des nombres.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier%3ADurers_Solid_Square.PNG
Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15.
J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
19 - 15
15 - 19
15 - 19
19 - 15
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
On comprend l’inversion pour le cinq (quintessence de Vie) et le 9 (spirale de Vie) voilà le pouvoir du nombre qui apparaît. Harmonie en haut de la gravure, dans le ciel, et désordre sur la terre, l’influence de l’ange de la planète Saturne peut y remédier. Cette spirale de vie nous la retrouvons dans le fruit dont j’ai oublié le nom (genre courge !), fruit qui est au-dessus du Saint Jérôme.
Pour un hermétiste, le Ciel est rond et la Terre carrée, le ciel rond est bien marqué par Dürer, mais la terre carrée ? C’est le carré magique, et par sa puissance intrinsèque il/elle apparaîtra cubique.
Le polyèdre est composé de 2 triangles équilatéraux - eau et feu dont l’union est le symbole de la pierre philosophale - et de 6 pentagones irréguliers - les six “frères lépreux” les métaux non-nobles. Ce polyèdre dont P. Schreiber en 1999 a démontré qu’il pouvait être obtenu à partir d'un cube a 8 faces et 12 sommets, nombres en rapport avec le Christ/Hermès.
On admire bien sûr la conception du “polyèdre de Dürer”, mais là n’est pas le Chef d’Oeuvre ; il faut non pas le considérer comme pierre taillée mais au contraire le “voir” comme pierre brute, pierre “velue” selon les anciens “oeuvriers”, cette pierre, lapis, est Hermès “Celui du milieu” et le Christ. Son visage est parfaitement “inscrit” dans le polyèdre, le voyez-vous sur la “face” éclairée ?
“La vie dans l'ombre de la mort.
La pierre cubique et la pierre triangulaire cachées dans la sphère du chaos.”
“La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de
faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous?” (Message Retrouvé, Louis Cattiaux)
Je reproduis cette interrogation hilarante de Chèvre imaginant Dürer ! Je ne m’enlace pas :
Vous dites, Hiram : “C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.”
Comme tout hermétiste véritable, il ne cache rien et donne avec une générosité incroyable l’accès à ce monde merveilleux de l’Esprit. Par le seul pouvoir du raisonnement analogique nous ouvrons ce livre, à sept sceaux dit la Tradition.
Alors parlons de cette tradition à laquelle Guénon eut si peu accès. J’ai dit l’avoir apprécié pour la mise en ordre du foutoir de l’occultisme installé par la Théosophie et la F. M., de plus, je lui suis grandement redevable (jusqu’à un certain point) d’avoir mis l’accent sur la confusion du psychique d'avec le spirituel, il a eu tort cependant d’ironiser sur Bergson, qui estimait devoir approfondir “expérimentalement” l'existence de la survie.
Je ne veux pas faire là le procès de Guénon, mais qu’on sache bien le nombre de faussetés et d’approximations qu’il a distillé, car sa plume redoutable occulte beaucoup l’inconsistance de certaines de ses affirmations.
Je prends votre exemple : “René Guénon comparait « boire comme un Templier » à l’expression des soufis : l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.”
Ben voyons ! J’ai usé d’un euphémisme en évoquant les pratiques templières - en Europe, en France - d’où vient cette expression. Louis VI le Gros, ou le Batailleur, les a décrits négativement, et il faut savoir que ces orgies allaient jusqu’aux viols, ils étaient sûrs de l’impunité. Évidemment, ils ne pouvaient tous être ainsi, il y avait une élite, mais si les soudards désoeuvrés furent saoulards, ils ont laissé leur empreinte et leur haleine dans l’imaginaire collectif !
Guénon et les templiers Hé ! Hé !
Il a trahi Gérard d’Encausse (Papus), qui l’avait reçu à bras ouverts, en prétendant donner des cours dans le local de ce dernier, des cours dans le cadre de la Faculté des Sciences Hermétiques (ouiiiiche !) ; alors qu’il créait très secrètement en ce lieu (33 rue Jacob) l'Ordre du Temple Rénové. Il était en ce temps en pleine mouvance spirite (eh, oui, l’Erreur Spirite !) et faisait tourner les tables avec cinq confrères où se matérialisaient Cagliostro ou Frédéric le Grand ! Jacques de Molay accepta de leur transmettre tout le savoir templier (ah, ben voui, sympa le gus !) : les Evangiles mélangés aux mystères d'Osiris, de la kabbale et bien sûr de la synarchie. Ce fut Charles Blanchard qui fut sacré Commandeur de l'Ordre du Temple Rénové.
Alors les commentaires de ce grand tome de Blois ! sur les connaissances des templiers... Pour évoquer les Tontons Flingueurs je conseille aux aficionados de se les mettre en suppositoires.
Vous dites : “ La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, bien que d’apparence moderne, sont reconnus par Guénon comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.”
Etait-il qualifié pour s’en rendre compte ! Il n’a jamais reconnu l’hermétisme occidental et sa place originelle dans la F.M., il n’a pas reconnu les plus anciennes initiations chrétiennes données par les Chevaliers du Paraclet ou la confrérie de l’Estoile Internelle, cette dernière, que je considère comme morte depuis que la F. M. l’a fagot-citée datait de la fin du XVe siècle.
Si Guénon avait eu plus de discernement, il ne serait pas entré en Islam !
La F. M. n’a jamais eu de “véritables secrets”, ou plutôt si : on lui a confié celui de l’alchimie au milieu du XVIIe siècle; cent ans plus tard, elle n’en savait plus rien ! (lire Tschoudy)
Cordialement,
C...a
J’ai aimé Panofsky pour son style d’écriture et pour ses recherches, mais pas du tout pour ses conclusions, mais là n’est pas le propos.Hiram a écrit:J’ai une question :
On peut étudier Melencolia I en comparaison avec le St Jérôme
ou avec d’autres des œuvres de Dürer
si l’on s’appelle Irwin Panofsky,
que l’on suit la méthode historique,
ou pour pousser la méthode du dessein du dessin;
mais écoutons-nous la cinquième de Beethoven
en même temps que sa neuvième ?
Si Dûrer tenait à offrir Melencolia et Saint Jérôme “par paires”, c’est une invitation à les regarder toutes deux, et que voyons nous ? Une harmonie à établir dans le premier cas et un ordre parfait dans le second.
Les deux gravures mettent en relief les fruits de son apprentissage des techniques de la perspective issues de ses deux voyages en Italie.
S’il fait un deuxième voyage en Italie à la “recherche d’une nouvelle perspective”, après son enquête dans le milieu “oeuvrier”, c’est bien parce qu’il acquiert de plus en plus toutes les dimensions de la vision humaniste. Son oeuvre exprime donc cette nouvelle “vision”, et la Melencolia est exemplaire du choc de cette pensée que Ficin affronta le tout premier.
Je lis dans Wiki que “son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas (1538, De Symmetria... and Underweysung der Messung mit dem Zirkel und Richtscheit)”, je ne l’ai pas lu mais au vu du titre et des gravures il apparaît comme pur produit des spéculations de la Renaissance ayant complètement tourné le dos à la scolastique :
Il “développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d'Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l'épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l'angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l'ombre et de la perspective. Il laissera son nom sur un perspectographe simple à œilleton.” Il ne pouvait manquer de s’intéresser aux anamorphoses !
Ce sont les travaux de Alberti et de Pacioli et leur redécouverte de Vitruve qui l’ont fasciné lors de ses voyages, comme tous les humanistes il a vu en quoi l’architecture - conçue sur le papier à partir de la règle et du compas - était le premier des arts avec le dessin.
L’humanisme est d’abord anti-scolastique, les Academiae fleurissent au détriment de l’Université, on a vu Dürer chez Alde et il avait des amis imprimeurs qui étaient les plus grands lettrés de l’époque. Il y a vraiment peu de chances de voir dans l’échelle de la Melencolia le trivium et le quadrivium des sept Arts Libéraux, mais plus sûrement l’échelle des innombrables correspondances reliant les étoiles de la terre (les 7 métaux) à celles du ciel (7)
Une nouvelle lumière jaillit dissipant l’obscurité scolastique, et l’ancienne vision saturnienne de la mélancolie s’enfuit pour laisser place à l’autre Saturne, celui du Ciel de la créativité, l’étoile la plus brillante.
Le carré de Jupiter dans cet espace saturnien ? C’est l’harmonisateur parfait, le battant de la cloche, par prolongement, détermine deux rectangles qui se répondent parfaitement en jouant sur les chiffres 15 et 19, des chiffres pas des nombres.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier%3ADurers_Solid_Square.PNG
Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15.
J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
19 - 15
15 - 19
15 - 19
19 - 15
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
On comprend l’inversion pour le cinq (quintessence de Vie) et le 9 (spirale de Vie) voilà le pouvoir du nombre qui apparaît. Harmonie en haut de la gravure, dans le ciel, et désordre sur la terre, l’influence de l’ange de la planète Saturne peut y remédier. Cette spirale de vie nous la retrouvons dans le fruit dont j’ai oublié le nom (genre courge !), fruit qui est au-dessus du Saint Jérôme.
Pour un hermétiste, le Ciel est rond et la Terre carrée, le ciel rond est bien marqué par Dürer, mais la terre carrée ? C’est le carré magique, et par sa puissance intrinsèque il/elle apparaîtra cubique.
Le polyèdre est composé de 2 triangles équilatéraux - eau et feu dont l’union est le symbole de la pierre philosophale - et de 6 pentagones irréguliers - les six “frères lépreux” les métaux non-nobles. Ce polyèdre dont P. Schreiber en 1999 a démontré qu’il pouvait être obtenu à partir d'un cube a 8 faces et 12 sommets, nombres en rapport avec le Christ/Hermès.
On admire bien sûr la conception du “polyèdre de Dürer”, mais là n’est pas le Chef d’Oeuvre ; il faut non pas le considérer comme pierre taillée mais au contraire le “voir” comme pierre brute, pierre “velue” selon les anciens “oeuvriers”, cette pierre, lapis, est Hermès “Celui du milieu” et le Christ. Son visage est parfaitement “inscrit” dans le polyèdre, le voyez-vous sur la “face” éclairée ?
“La vie dans l'ombre de la mort.
La pierre cubique et la pierre triangulaire cachées dans la sphère du chaos.”
“La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de
faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous?” (Message Retrouvé, Louis Cattiaux)
Je reproduis cette interrogation hilarante de Chèvre imaginant Dürer ! Je ne m’enlace pas :
Je reconnais tout à fait leur fonction sacrificielle ici... et maintenant.“Ma gravure est finie, qu'est ce que je vais bien pouvoir mettre pour combler ce petit coin vide, là... Voyons...
Pout pout pout... Hmm hmm hmm. Voyons vouère..."
(Pour le plaisir de tous, je continue en allemand, façon Grande Vadrouille)
"Ach, za y est, che vais mettre des glous!! Guelgues klous!
Zest choli, les glous, et za blait douchours!!
Ach... Aber... Es schreibt ein Khi!! Los!! Drop Dard !
Vous dites, Hiram : “C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.”
Comme tout hermétiste véritable, il ne cache rien et donne avec une générosité incroyable l’accès à ce monde merveilleux de l’Esprit. Par le seul pouvoir du raisonnement analogique nous ouvrons ce livre, à sept sceaux dit la Tradition.
Alors parlons de cette tradition à laquelle Guénon eut si peu accès. J’ai dit l’avoir apprécié pour la mise en ordre du foutoir de l’occultisme installé par la Théosophie et la F. M., de plus, je lui suis grandement redevable (jusqu’à un certain point) d’avoir mis l’accent sur la confusion du psychique d'avec le spirituel, il a eu tort cependant d’ironiser sur Bergson, qui estimait devoir approfondir “expérimentalement” l'existence de la survie.
Je ne veux pas faire là le procès de Guénon, mais qu’on sache bien le nombre de faussetés et d’approximations qu’il a distillé, car sa plume redoutable occulte beaucoup l’inconsistance de certaines de ses affirmations.
Je prends votre exemple : “René Guénon comparait « boire comme un Templier » à l’expression des soufis : l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.”
Ben voyons ! J’ai usé d’un euphémisme en évoquant les pratiques templières - en Europe, en France - d’où vient cette expression. Louis VI le Gros, ou le Batailleur, les a décrits négativement, et il faut savoir que ces orgies allaient jusqu’aux viols, ils étaient sûrs de l’impunité. Évidemment, ils ne pouvaient tous être ainsi, il y avait une élite, mais si les soudards désoeuvrés furent saoulards, ils ont laissé leur empreinte et leur haleine dans l’imaginaire collectif !
Guénon et les templiers Hé ! Hé !
Il a trahi Gérard d’Encausse (Papus), qui l’avait reçu à bras ouverts, en prétendant donner des cours dans le local de ce dernier, des cours dans le cadre de la Faculté des Sciences Hermétiques (ouiiiiche !) ; alors qu’il créait très secrètement en ce lieu (33 rue Jacob) l'Ordre du Temple Rénové. Il était en ce temps en pleine mouvance spirite (eh, oui, l’Erreur Spirite !) et faisait tourner les tables avec cinq confrères où se matérialisaient Cagliostro ou Frédéric le Grand ! Jacques de Molay accepta de leur transmettre tout le savoir templier (ah, ben voui, sympa le gus !) : les Evangiles mélangés aux mystères d'Osiris, de la kabbale et bien sûr de la synarchie. Ce fut Charles Blanchard qui fut sacré Commandeur de l'Ordre du Temple Rénové.
Alors les commentaires de ce grand tome de Blois ! sur les connaissances des templiers... Pour évoquer les Tontons Flingueurs je conseille aux aficionados de se les mettre en suppositoires.
Vous dites : “ La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, bien que d’apparence moderne, sont reconnus par Guénon comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.”
Etait-il qualifié pour s’en rendre compte ! Il n’a jamais reconnu l’hermétisme occidental et sa place originelle dans la F.M., il n’a pas reconnu les plus anciennes initiations chrétiennes données par les Chevaliers du Paraclet ou la confrérie de l’Estoile Internelle, cette dernière, que je considère comme morte depuis que la F. M. l’a fagot-citée datait de la fin du XVe siècle.
Si Guénon avait eu plus de discernement, il ne serait pas entré en Islam !
La F. M. n’a jamais eu de “véritables secrets”, ou plutôt si : on lui a confié celui de l’alchimie au milieu du XVIIe siècle; cent ans plus tard, elle n’en savait plus rien ! (lire Tschoudy)
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour !
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.Bonne déduction, Charly. J'ajoute donc ce tableau à notre petite collection.
En ce qui concerne le fruit qui surplombe Saint Jérôme, il semble en effet qu'il s'agisse d'une forme particulière de courge, appelée calebasse gourde, ou calebasse pélerine :
Il est amusant de trouver sur cette gravure, suspendue au-dessus du saint, ce fruit qui sert de réservoir d'eau à emporter en pélerinage (pélerinage = symbole initiatique). Symbole initiatique qu'on retrouve aussi comme rite de passage en Amérique du Sud hispanophone sous la forme du jeu de la piñata (aujourd'hui dénaturée en fête pour enfants).
Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non. On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?
Charly Alverda a écrit:Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15. J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
En ce qui concerne le fruit qui surplombe Saint Jérôme, il semble en effet qu'il s'agisse d'une forme particulière de courge, appelée calebasse gourde, ou calebasse pélerine :
Il est amusant de trouver sur cette gravure, suspendue au-dessus du saint, ce fruit qui sert de réservoir d'eau à emporter en pélerinage (pélerinage = symbole initiatique). Symbole initiatique qu'on retrouve aussi comme rite de passage en Amérique du Sud hispanophone sous la forme du jeu de la piñata (aujourd'hui dénaturée en fête pour enfants).
Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non. On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?
Laposse- Nombre de messages : 242
Age : 55
Date d'inscription : 05/04/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Votre article en date du 24 janvier 2010,
que j'ai beaucoup apprécié, Charly,
"Quelques réflexions et questions supplémentaires :"
Je me suis délecté.
Vous savez beaucoup de faits intéressants
qui nous permettent de faire des liens, des recoupements.
Vous lire est un plaisir intellectuel.
Pour l'image du Christ sur la pierre,
qu'en penser...
Laposse dit: "P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non."
Serait-ce le genre de Dürer...?
Comme Laposse j'aime votre dernière approche du carré magique, génial.
Pour ma part
je sais bien que Dürer a tavaillé plusieurs gravures ensemble
et spécialement Mélécolia I & St-Jérôme et deux autres.
(les artistes travaillent souvent plusieurs chevalets simultanément)
mais ce que je voulais apporter
c'était de savourer une oeuvre,
de la délecter en épicurien,
de rentrer dans elle seule
se laisser enlever,
et seul avec elle se laisser parler par elle
une relation amoureuse avec l'oeuvre,
le côté "magique", "tallismaique".
Comme la Musique... où les Plans supérieurs peuvent intervenir.
(point de vu d'artite)
Que désirait Albrecht Dürer pour ses lecteurs ?
Fraternellement,
Hiram
Votre article en date du 24 janvier 2010,
que j'ai beaucoup apprécié, Charly,
"Quelques réflexions et questions supplémentaires :"
Je me suis délecté.
Vous savez beaucoup de faits intéressants
qui nous permettent de faire des liens, des recoupements.
Vous lire est un plaisir intellectuel.
Pour l'image du Christ sur la pierre,
qu'en penser...
Laposse dit: "P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non."
Serait-ce le genre de Dürer...?
Comme Laposse j'aime votre dernière approche du carré magique, génial.
Pour ma part
je sais bien que Dürer a tavaillé plusieurs gravures ensemble
et spécialement Mélécolia I & St-Jérôme et deux autres.
(les artistes travaillent souvent plusieurs chevalets simultanément)
mais ce que je voulais apporter
c'était de savourer une oeuvre,
de la délecter en épicurien,
de rentrer dans elle seule
se laisser enlever,
et seul avec elle se laisser parler par elle
une relation amoureuse avec l'oeuvre,
le côté "magique", "tallismaique".
Comme la Musique... où les Plans supérieurs peuvent intervenir.
(point de vu d'artite)
Que désirait Albrecht Dürer pour ses lecteurs ?
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Ah ! Il fallait être costaud pour transporter sur les chemins, remplie d’eau, cette courge à la clef de Sol(eil). Je plaisante ! celle-ci était le modèle familial.
Dürer : “L´erreur est dans la perception, l´obscurité étant si grande au fond de nous que notre tentative est déjà vouée à l´échec. »
Ce cher Laposse écrit : “Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?”
Question ô combien légitime ! Mais peut-être pas de l’ordre des tests de Rorschach, car de prime j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un effet voulu de lumière par le graveur sur la “coupe” de la pierre, or c’est - de même que la pierre de la Lune de Vieville - le pur raisonnement analogique qui m’a “montré” ce visage du Christ/Hermès.
Il y a quelque temps j’étudiais ainsi le Pendu (XII) du Tarot de Conver, le faisceau de convergence des éléments de la carte pointait vers le “en haut” et “au milieu” de la carte, le quaternaire des “éléments” m’apparaissait suspendu par le ternaire de l’instrument de supplice, c’est alors que je vis dans la carte retournée la corde dessinant un 4. Je développais plus tard devant des amis le raisonnement analogique conduisant à la connaissance de cette carte, en prenant garde de ne pas projeter mes fantasmes en indiquant cette corde que je ne pouvais plus voir désormais que dessinant un 4 ! C’est alors qu’un enfant traversant la pièce s’arrêta pour regarder cette carte avec nous et dit :”oh ! il y a un 4 dessiné dans la corde” ! Je le félicitai de cette découverte, mais ses parents mirent un certain temps à “assimiler” ce fait ! (NOTE : Godel, en fin de post)
Regardant ce matin le polyèdre qu’a isolé Laposse, je le vis sans image nette, j’ai pensé que cette isolation du contexte rendait l’expérience moins concluante, j’allais pour chercher l’image sur Wiki, mais ce fut inutile, penser à l’image totale rendit immédiatement le visage en “perspective”, je ne verrais plus jamais le polyèdre de Dürer sans visage. Il reste à montrer en quoi cette nouvelle vision est source désaliènante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_de_D%C3%BCrer
Subjectivité ? Ni subjectivité, ni objectivité, mais les deux “confondus” en trois ! Personne (sur ce fil) n’a “vu” le carré de Dürer comme moi de manière analogique, DONC personne ne pouvait voir ce visage ; mais le processus qui m’a amené à “voir” (et non à interpréter), correctement mené à son terme ne peut que montrer un visage dans la pierre. Amenez-moi un enfant de 4 ans !
C’est une autre type d’image que bâtit le cerveau avec le raisonnement analogique, il dissout l’empreinte de la première image vue de manière naturaliste et place la première en mémoire. Les nouvelles connections induites dans le cerveau sont en rapport (si je puis dire !) avec “l’intelligence en acte” selon Paul Mouy :
« si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui même est l'intelligence en acte. »
(Les mathématiques et l'idéalisme philosophique, in « Les grands courants de la pensée mathématique », Cahiers du Sud 1948)
J’écrivis naguère que cette “intelligence en acte“ résout dans l’unité tous les modes de vision possibles dans ce système appelé “perspective“ qui transforme la matière en mesures et nombres; l’espace nécessaire à ces transformations s’exprimant dans toute sa valeur par les figures de la géométrie.
Mon postulat de départ pour déchiffrer Melencolia-I était que Dürer n’était pas un homme de la tradition scolastique mais un humaniste, cela était évident : il signe ses oeuvres en les datant et multiplie les autoportraits. Toute compréhension d’une oeuvre qui, comme celle-ci, s’exprime par le "langage occulte" se fera donc dans un premier temps par la re-création de tous les liens symboliques qui ont tissé les analogies, ensuite par l’organisation de ces liens en harmonisant les concordances et les similarités de l’oeuvre. En reliant toutes les ressemblances unissant les concepts ou les réalités, une synthèse signifiante apparaît alors.
Ernst Bloch écrit que Paracelse accomplira l’apothéose de cette pensée analogique :
« Au commencement de la doctrine : le dedans et le dehors vont toujours ensemble. Le mot « dedans » ne s'entend pas chez Bruno et Campanella, parce que continu. Le beau regard italien sur le monde, sur ici-bas, n'est certes pas méprisé par le médecin philosophe, mais la face interne de l'ici-bas, le côté concave, pour ainsi dire, est maintenant perçu et mis en évidence, et de telle manière que ni le dedans ne fait oublier le dehors, ni le dehors le dedans. Ce qui est dehors est dedans et ce qui est dedans est dehors ; et plus encore : au « dedans » correspond un en-bas, et surtout au « dehors » l'au-dessus de l'en-voûte cosmique : ce qui est en-bas est également en haut, ce qui 'est en haut est également en bas. Le monde est donc un grand réseau de correspondances de l'intérieur à l'extérieur et inversement. Et le monde n'est reconnaissable que lorsque l'homme, donc l'intérieur, le subjectif, est saisi comme son premier, et simultanément comme le fruit du monde. Non pas que l'extérieur eût été engendré par l'intérieur ; mais sans l'intérieur nous manque la clef pour ouvrir l'extérieur. Cette pensée, Paracelse la projette maintenant sur l'immensité de l'univers extérieur, car bien plus encore l'intérieur de l'homme n'est intelligible qu'induit du monde comme le fruit de la semence. Ainsi la philosophie a pour seul objet la Nature. La philosophie elle-même, pense Paracelse. n'est rien d'autre que la Nature invisible, et la Nature la philosophie devenue visible, manifeste. » Ernst Bloch, Vorlesungen zur Philosophie der Renaissance, Francfort, 1972, p. 60; Philosophie de la Renaissance, Paris, 1974.
Dürer était un précurseur :
« Regarde attentivement la nature, dirige-toi d'après elle et ne t'en écarte pas, t'imaginant que tu trouveras mieux par toi-même. Ce serait une illusion; l'art est vraiment caché dans la nature; celui qui peut l'en tirer le possédera. Plus la forme de ton œuvre est semblable à la forme vivante, plus ton oeuvre parait bonne. Cela est certain. N'aie donc jamais la pensée de faire quelque chose de meilleur que ce que Dieu a fait, car ta puissance est un pur néant en face de l'activité créatrice de Dieu... Aucun homme ne peut exécuter une belle figure en ne consultant que son imagination, à moins qu'il n’ait peuplé sa mémoire d'une multitude de souvenirs. L'art cesse d'être uniquement le produit du sentiment individuel; transmis et appris, il se féconde lui-même. »
La mémoire ! C’est le lieu de rappeler que l’Art de mémoire si nécessaire avant la découverte de l’imprimerie curieusement ne disparaît pas à la Renaissance mais bien au contraire sert de support à la “pensée magique”, il est utile de se rapporter au beau livre éponyme de Frances Yates sur ce sujet.
Il est aisément démontrable, que la découverte (et non la re-découverte) de la perspective, support d’une géométrisation de l’espace, par les humanistes, a ouvert cette “parenthèse analogique” (trop brièvement refermée à mon goût) qui a bouleversé la culture occidentale. Le processus qui a mené à son terme l’élaboration de l’anamorphose fut une opération intellectuelle certainement plus importante pour la géométrie et la philosophie que pour le domaine de l'art, car dès lors l’univers n’apparut plus à l’homme qu’en fonction de distances mesurées par ce dernier, le transformant en spectateur.
Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. Je crois qu’il a inscrit celui-ci et celle-la dans ses gravures et c’est un signe pour ceux qui “voient”, pour nous qui sommes sensiblement dans la même fin de cycle que lui - mais peut-être dans la spire ultime - de retrouver le fil créateur de beauté, par la grâce de “Celui du milieu”, avant que Fukushima et ses soeurs n’aient “raison” de nous !
Merci pour vos encouragements Hiram ! je ne doute pas, au vu de votre style littéraire, que vous êtes véritablement un artiste, il serait intéressant que vous nous présentiez quelques unes de vos oeuvres ?
Point de modestie ! Dürer en pleine possession de son art n’écrivait-il pas “Ce qu’est la beauté, je l’ignore” !
Pour revenir à “son” polyèdre : Le Rosaire des Philosophes dit : "Ce qui a le moindre nombre d'angles est ce qui est plus près de la beauté et de la simplicité" et Cattiaux : “La perfection de la sphère engendre une moindre friction.”
Je retrouve dans mes notes qu’une inscription de Dürer figure en marge d'une feuille d'esquisses pour le putto : « Les clefs signifient le pouvoir, la bourse signifie la richesse » et que les clefs sur ses schémas étaient au nombre de 7. L’ange est donc bien l’anthropomorphisation du Saturne céleste.
Il est temps que je prenne congé !
Note Godel : “
CLAUDE. - Que veulent dire les mots dont vous faites, tour à tour, les pivots de votre définition ? Assimiler, saisir, absorber ?
MENON. - Ils désignent une évidence intérieure, indéfinissable par nature. absorber, assimiler une substance, c'est la rendre semblable à soi. Ainsi en est-il des aliments, lorsque nous les avons incorporés dans l'intimité de nos cellules. Ils s'intègrent dans notre structure.
CLAUDE. - Votre comparaison me parait étrange. Comment l'intelligence s'y prend-elle pour "assimiler" un objet intelligible ?
MENON. - Observez donc le procédé tel qu'il s'accomplit en vous quand, par exemple, un théorème de géométrie vous est démontré. A mesure que les phases de la démonstration se déroulent, votre attention en attire à elle l'argument, l'examine et l'absorbe ou le refuse - au moins provisoirement.
CLAUDE. - Ma question vous est soumise de nouveau. Elle exige impérieusement une réponse, car je présume que la clef de la connaissance est cachée derrière elle. Que se passe-t-il en nous lorsqu'un argument est absorbé et assimilé ? Est-il possible de définir la nature de cet étrange phénomène dont la simplicité nous déconcerte : la conscience d'avoir compris - conscience pure, semble-t-il, et sans forme ?
MENON. - A l'instant exact où s'éclaire la conscience d'avoir compris -
donnez à ce fait le nom qui vous plaira : connaissance, intelligibilité -
l'argument, avec sa forme, ses articulations, cesse de flotter devant nous. Qu'est-il devenu ? Serait-il, maintenant, en quelque sorte inhérent à notre nature au point d'être indissociable de nous-mêmes ? Aussitôt qu'une formulation logique s'est imposée comme vérité intelligible par la force de l'évidence qu'elle porte en elle, nous la faisons nôtre. Elle est incorporée, pour un temps, dans l'intimité de notre conviction. En conséquence, elle a disparu du champ objectif de la conscience - bien qu'elle puisse y reparaître sous une figure nouvelle pour être reconsidérée.
Assimiler un théorème, c'est l'introduire dans le plan d'une évidence intérieure où cessent les oppositions du sujet et de son objet.
CLAUDE. - Si l'univers nous devenait, un jour, entièrement intelligible dans une formulation des lois qui l'ordonnent, comment nous apparaîtrait-il ?
MENON. - Transformé en connaissance l'univers cesse de nous apparaître, la loi dont il est l'expression significative se substituant aux phénomènes et aux formes. Et cette loi cosmique - si elle est correctement formulée - s'évanouit à son tour quand elle a fini de remplir sa fonction qui est d'éveiller la connaissance.
CLAUDE. - Mon cher Menon, vous défiez le sens commun. Je refuse de laisser le monde aller au néant. Un flot d'objections me monte à l'esprit.
MENON. - Présentez-les, je vous prie, une par une, dans l'ordre où elles apparaissent.
CLAUDE. - Le cosmos doit-il se volatiliser par le seul fait qu'il est devenu intelligible ? Quand bien même j'aurais inclus dans une loi compréhensive. la totalité des relations possibles à l'intérieur de l'univers, mes yeux, mes mains continueraient de témoigner qu'il existe des phénomènes, des formes concrètes.
MENON. - Eh bien, accueillez leur témoignage. Les yeux, les mains, l'audition et les autres sens remplissent leurs rôles lorsqu'ils réfèrent à un informateur, en éveil derrière eux, les signes impliqués dans les formes. Je m'explique à l'aide d'un exemple. Une silhouette oblongue, aux tons verts et bruns, surgit contre la lumière d'un fond bleu dans le cadre de votre vision. Qui donc l'identifie et le reconnaît pour être un cyprès devant le ciel ? Est-ce la fonction visuelle brute ? Non pas, certainement. Le mérite en revient à un observateur sensible à la dynamique informative des formes, à un témoin prompt à connaître. Ainsi, toutes les activités sensorielles tendent vers la connaissance et atteignent en elle leur foyer. Elles la rejoignent pour s'y éteindre sur divers plans d'intégration.
Imaginez qu'un enquêteur veuille exploiter à fond les ressources de ses sens accrus par l'instrumentation scientifique pour atteindre une connaissance intégrale dans ses structures et infrastructures de l'univers. A mesure que la recherche progresse, les formes visibles et tangibles en usage dans la vie familière cèdent à des configurations abstraites; que l'intelligence seule saisit. Les lois succèdent aux lois. La pensée investigatrice se fait impersonnelle et son acuité croît. Quand sera atteinte la source initiale d'intelligibilité l'univers sera résolu, à la manière d'une énigme, dans sa pure réalité intelligible.
CLAUDE. - Sera-t-il, pour autant, amené à disparaître ?
MENON. - Lorsqu'un message secret, transmis dans la formule du code, a été déchiffré, qu'advient-il de la formulation ?
CLAUDE. - Elle reste bien visible en noir sur blanc.
MENON. - L'écriture est inséparable, dès après la lecture, de l'intelligibilité du message, car c'est du message que les caractères écrits détiennent leur valeur d'existence. Vous ne pouvez voir en eux, à la suite du déchiffrement, qu'un moyen de communication ; tel est leur sens, noir sur blanc.
CLAUDE. - Vous déclarez - sans en fournir aucune preuve - que l'univers est intelligible, qu'il se laissera un jour réduire entièrement en connaissance. Je suis loin de partager votre espoir. L'investigation scientifique nous conduit d'énigmes en énigmes jusqu'à un état de profond désarroi. Les modalités les plus hardies, les plus subtiles de la pensée sont impuissantes - vous l'avez vous-même reconnu - à nous faire dépasser un certain niveau d'intelligibilité. L'esprit d'investigation se débat sans fin entre l'analyse et la synthèse au milieu des formes qu'il a lui-même sécrétées.
Il n'existe pas, et il n'existera jamais un système rationnel susceptible d'évoquer la somme totale des relations contenues dans l'univers.
MENON. - Je vous demande de rendre justice à nos entretiens précédents. Ils nous ont ouvert une voie au-dessus des frontières de la pensée investigatrice, vers la source d'intelligibilité, elle est en nous, source de vérité, à chaque instant présente et vérifiable par expérience. C'est donc dans l'abîme - ou semblablement à la cime - de notre être que se trouve la solution au problème de l'univers. L'univers, c'est nous.
CLAUDE. - Un bien petit univers, un microcosme !
MENON. - ... sans petitesse, ni grandeur. Un monde de signes, irréductible aux paramètres d'espace-temps.
CLAUDE. - Vous faites évanouir le temps et l'espace en les niant, tout simplement. Ce n'est qu'un tour d"acrobatie verbale ! J'en appelle à l'autorité des astronomes. D'après leurs observations et leurs calculs, l'univers étend son rayon à des milliards d'années-lumières. Contesterez-vous cela aussi ?
MENON. - Je n'aurai pas cette impertinence. Si vous m'y autorisez, j'ajouterai d'autres dimensions aux paramètres en usage. L'univers en expansion, ai-je entendu, est une hyper-sphère, il faut lui accorder les nombreuses coordonnées qu'il exige. Cela ne me trouble aucunement. Je suis prêt à assimiler autant de créations mesurables qu'on en voudra invoquer. Je m'en remets pour cela au jugement des savants dont le credo se transforme et progresse d'année en année.
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
CLAUDE. - Qu'importent à celui-là les milliards d'années-lumière. Sont-elles faites réellement d'espace et de durée ou apparaissent-elles à son regard lucide comme une pensée éphémère, un signe évocateur de distances irréelles, inimaginables ?
MENON. - J'incline à croire que le suprême mesureur ignore les embarras de votre dilemme. La question dont vous faites votre souci -l'espace-temps - existe-t-il en réalité ou n'est-ce qu'une valeur abstraite applicable à la mesure du monde empirique ? Ce problème n'offre aucun sens pour lui.
CLAUDE. - Je renonce pour le moment à vous harceler de mes objections. Répondez à une seule demande : quand Socrate se laissait absorber dans cet état singulier dont la puissance l'immobilisait parfois d'une aube à l'aube suivante, l'univers lui apparaissait-il encore ? Ma question est peut-être insolite. A-t-il fait part de son expérience au cours des dialogues avec ses disciples ?
MENON. - Tous ses entretiens avec nous préparaient cette fin : éveiller en ses auditeurs l'expérience. Ses paroles, je ne sais comment, perçaient la brume du sommeil. Les regards devenaient clairs devant lui et la pupille s'élargissait.
CLAUDE. - Par l'ouverture de cette pupille, quel paysage de l'univers aperceviez-vous ?
MENON. - Un univers sans paysage ni couleurs.
CLAUDE.- Quelle triste vision, appauvrie et sans beauté !
MENON. - Ne consultez pas votre imagination, elle vous tromperait grossièrement. Sa fonction se déroule dans un monde de formes et l'incite à créer une diversité d'images et d'émotions. Incapable, par conséquent, d'accéder à l'altitude de l'expérience, elle bâtira pour vous satisfaire un décor de fantaisie, une mise en scène, une vision faussement mystique.
Or l'expérience refuse toute vision de forme, de substance, de couleur. Sa nature est indescriptible. Aucune parole ne la qualifie authentiquement. On la trahirait à vouloir la nommer Savoir, Harmonie, Beauté, Joie ou Amour. Leurs majuscules n'ajoutent rien à la petitesse des mots.
La réalité de l'expérience absorbe en elle et inclut le balbutiement enfantin de tant de vaines paroles. Elle établit aussi leur suprême consécration et les justifie.”
Cordialement,
C...a
Ah ! Il fallait être costaud pour transporter sur les chemins, remplie d’eau, cette courge à la clef de Sol(eil). Je plaisante ! celle-ci était le modèle familial.
Dürer : “L´erreur est dans la perception, l´obscurité étant si grande au fond de nous que notre tentative est déjà vouée à l´échec. »
Ce cher Laposse écrit : “Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?”
Question ô combien légitime ! Mais peut-être pas de l’ordre des tests de Rorschach, car de prime j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un effet voulu de lumière par le graveur sur la “coupe” de la pierre, or c’est - de même que la pierre de la Lune de Vieville - le pur raisonnement analogique qui m’a “montré” ce visage du Christ/Hermès.
Il y a quelque temps j’étudiais ainsi le Pendu (XII) du Tarot de Conver, le faisceau de convergence des éléments de la carte pointait vers le “en haut” et “au milieu” de la carte, le quaternaire des “éléments” m’apparaissait suspendu par le ternaire de l’instrument de supplice, c’est alors que je vis dans la carte retournée la corde dessinant un 4. Je développais plus tard devant des amis le raisonnement analogique conduisant à la connaissance de cette carte, en prenant garde de ne pas projeter mes fantasmes en indiquant cette corde que je ne pouvais plus voir désormais que dessinant un 4 ! C’est alors qu’un enfant traversant la pièce s’arrêta pour regarder cette carte avec nous et dit :”oh ! il y a un 4 dessiné dans la corde” ! Je le félicitai de cette découverte, mais ses parents mirent un certain temps à “assimiler” ce fait ! (NOTE : Godel, en fin de post)
Regardant ce matin le polyèdre qu’a isolé Laposse, je le vis sans image nette, j’ai pensé que cette isolation du contexte rendait l’expérience moins concluante, j’allais pour chercher l’image sur Wiki, mais ce fut inutile, penser à l’image totale rendit immédiatement le visage en “perspective”, je ne verrais plus jamais le polyèdre de Dürer sans visage. Il reste à montrer en quoi cette nouvelle vision est source désaliènante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_de_D%C3%BCrer
Subjectivité ? Ni subjectivité, ni objectivité, mais les deux “confondus” en trois ! Personne (sur ce fil) n’a “vu” le carré de Dürer comme moi de manière analogique, DONC personne ne pouvait voir ce visage ; mais le processus qui m’a amené à “voir” (et non à interpréter), correctement mené à son terme ne peut que montrer un visage dans la pierre. Amenez-moi un enfant de 4 ans !
C’est une autre type d’image que bâtit le cerveau avec le raisonnement analogique, il dissout l’empreinte de la première image vue de manière naturaliste et place la première en mémoire. Les nouvelles connections induites dans le cerveau sont en rapport (si je puis dire !) avec “l’intelligence en acte” selon Paul Mouy :
« si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui même est l'intelligence en acte. »
(Les mathématiques et l'idéalisme philosophique, in « Les grands courants de la pensée mathématique », Cahiers du Sud 1948)
J’écrivis naguère que cette “intelligence en acte“ résout dans l’unité tous les modes de vision possibles dans ce système appelé “perspective“ qui transforme la matière en mesures et nombres; l’espace nécessaire à ces transformations s’exprimant dans toute sa valeur par les figures de la géométrie.
Mon postulat de départ pour déchiffrer Melencolia-I était que Dürer n’était pas un homme de la tradition scolastique mais un humaniste, cela était évident : il signe ses oeuvres en les datant et multiplie les autoportraits. Toute compréhension d’une oeuvre qui, comme celle-ci, s’exprime par le "langage occulte" se fera donc dans un premier temps par la re-création de tous les liens symboliques qui ont tissé les analogies, ensuite par l’organisation de ces liens en harmonisant les concordances et les similarités de l’oeuvre. En reliant toutes les ressemblances unissant les concepts ou les réalités, une synthèse signifiante apparaît alors.
Ernst Bloch écrit que Paracelse accomplira l’apothéose de cette pensée analogique :
« Au commencement de la doctrine : le dedans et le dehors vont toujours ensemble. Le mot « dedans » ne s'entend pas chez Bruno et Campanella, parce que continu. Le beau regard italien sur le monde, sur ici-bas, n'est certes pas méprisé par le médecin philosophe, mais la face interne de l'ici-bas, le côté concave, pour ainsi dire, est maintenant perçu et mis en évidence, et de telle manière que ni le dedans ne fait oublier le dehors, ni le dehors le dedans. Ce qui est dehors est dedans et ce qui est dedans est dehors ; et plus encore : au « dedans » correspond un en-bas, et surtout au « dehors » l'au-dessus de l'en-voûte cosmique : ce qui est en-bas est également en haut, ce qui 'est en haut est également en bas. Le monde est donc un grand réseau de correspondances de l'intérieur à l'extérieur et inversement. Et le monde n'est reconnaissable que lorsque l'homme, donc l'intérieur, le subjectif, est saisi comme son premier, et simultanément comme le fruit du monde. Non pas que l'extérieur eût été engendré par l'intérieur ; mais sans l'intérieur nous manque la clef pour ouvrir l'extérieur. Cette pensée, Paracelse la projette maintenant sur l'immensité de l'univers extérieur, car bien plus encore l'intérieur de l'homme n'est intelligible qu'induit du monde comme le fruit de la semence. Ainsi la philosophie a pour seul objet la Nature. La philosophie elle-même, pense Paracelse. n'est rien d'autre que la Nature invisible, et la Nature la philosophie devenue visible, manifeste. » Ernst Bloch, Vorlesungen zur Philosophie der Renaissance, Francfort, 1972, p. 60; Philosophie de la Renaissance, Paris, 1974.
Dürer était un précurseur :
« Regarde attentivement la nature, dirige-toi d'après elle et ne t'en écarte pas, t'imaginant que tu trouveras mieux par toi-même. Ce serait une illusion; l'art est vraiment caché dans la nature; celui qui peut l'en tirer le possédera. Plus la forme de ton œuvre est semblable à la forme vivante, plus ton oeuvre parait bonne. Cela est certain. N'aie donc jamais la pensée de faire quelque chose de meilleur que ce que Dieu a fait, car ta puissance est un pur néant en face de l'activité créatrice de Dieu... Aucun homme ne peut exécuter une belle figure en ne consultant que son imagination, à moins qu'il n’ait peuplé sa mémoire d'une multitude de souvenirs. L'art cesse d'être uniquement le produit du sentiment individuel; transmis et appris, il se féconde lui-même. »
La mémoire ! C’est le lieu de rappeler que l’Art de mémoire si nécessaire avant la découverte de l’imprimerie curieusement ne disparaît pas à la Renaissance mais bien au contraire sert de support à la “pensée magique”, il est utile de se rapporter au beau livre éponyme de Frances Yates sur ce sujet.
Il est aisément démontrable, que la découverte (et non la re-découverte) de la perspective, support d’une géométrisation de l’espace, par les humanistes, a ouvert cette “parenthèse analogique” (trop brièvement refermée à mon goût) qui a bouleversé la culture occidentale. Le processus qui a mené à son terme l’élaboration de l’anamorphose fut une opération intellectuelle certainement plus importante pour la géométrie et la philosophie que pour le domaine de l'art, car dès lors l’univers n’apparut plus à l’homme qu’en fonction de distances mesurées par ce dernier, le transformant en spectateur.
Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. Je crois qu’il a inscrit celui-ci et celle-la dans ses gravures et c’est un signe pour ceux qui “voient”, pour nous qui sommes sensiblement dans la même fin de cycle que lui - mais peut-être dans la spire ultime - de retrouver le fil créateur de beauté, par la grâce de “Celui du milieu”, avant que Fukushima et ses soeurs n’aient “raison” de nous !
Merci pour vos encouragements Hiram ! je ne doute pas, au vu de votre style littéraire, que vous êtes véritablement un artiste, il serait intéressant que vous nous présentiez quelques unes de vos oeuvres ?
Point de modestie ! Dürer en pleine possession de son art n’écrivait-il pas “Ce qu’est la beauté, je l’ignore” !
Pour revenir à “son” polyèdre : Le Rosaire des Philosophes dit : "Ce qui a le moindre nombre d'angles est ce qui est plus près de la beauté et de la simplicité" et Cattiaux : “La perfection de la sphère engendre une moindre friction.”
Je retrouve dans mes notes qu’une inscription de Dürer figure en marge d'une feuille d'esquisses pour le putto : « Les clefs signifient le pouvoir, la bourse signifie la richesse » et que les clefs sur ses schémas étaient au nombre de 7. L’ange est donc bien l’anthropomorphisation du Saturne céleste.
Il est temps que je prenne congé !
Note Godel : “
CLAUDE. - Que veulent dire les mots dont vous faites, tour à tour, les pivots de votre définition ? Assimiler, saisir, absorber ?
MENON. - Ils désignent une évidence intérieure, indéfinissable par nature. absorber, assimiler une substance, c'est la rendre semblable à soi. Ainsi en est-il des aliments, lorsque nous les avons incorporés dans l'intimité de nos cellules. Ils s'intègrent dans notre structure.
CLAUDE. - Votre comparaison me parait étrange. Comment l'intelligence s'y prend-elle pour "assimiler" un objet intelligible ?
MENON. - Observez donc le procédé tel qu'il s'accomplit en vous quand, par exemple, un théorème de géométrie vous est démontré. A mesure que les phases de la démonstration se déroulent, votre attention en attire à elle l'argument, l'examine et l'absorbe ou le refuse - au moins provisoirement.
CLAUDE. - Ma question vous est soumise de nouveau. Elle exige impérieusement une réponse, car je présume que la clef de la connaissance est cachée derrière elle. Que se passe-t-il en nous lorsqu'un argument est absorbé et assimilé ? Est-il possible de définir la nature de cet étrange phénomène dont la simplicité nous déconcerte : la conscience d'avoir compris - conscience pure, semble-t-il, et sans forme ?
MENON. - A l'instant exact où s'éclaire la conscience d'avoir compris -
donnez à ce fait le nom qui vous plaira : connaissance, intelligibilité -
l'argument, avec sa forme, ses articulations, cesse de flotter devant nous. Qu'est-il devenu ? Serait-il, maintenant, en quelque sorte inhérent à notre nature au point d'être indissociable de nous-mêmes ? Aussitôt qu'une formulation logique s'est imposée comme vérité intelligible par la force de l'évidence qu'elle porte en elle, nous la faisons nôtre. Elle est incorporée, pour un temps, dans l'intimité de notre conviction. En conséquence, elle a disparu du champ objectif de la conscience - bien qu'elle puisse y reparaître sous une figure nouvelle pour être reconsidérée.
Assimiler un théorème, c'est l'introduire dans le plan d'une évidence intérieure où cessent les oppositions du sujet et de son objet.
CLAUDE. - Si l'univers nous devenait, un jour, entièrement intelligible dans une formulation des lois qui l'ordonnent, comment nous apparaîtrait-il ?
MENON. - Transformé en connaissance l'univers cesse de nous apparaître, la loi dont il est l'expression significative se substituant aux phénomènes et aux formes. Et cette loi cosmique - si elle est correctement formulée - s'évanouit à son tour quand elle a fini de remplir sa fonction qui est d'éveiller la connaissance.
CLAUDE. - Mon cher Menon, vous défiez le sens commun. Je refuse de laisser le monde aller au néant. Un flot d'objections me monte à l'esprit.
MENON. - Présentez-les, je vous prie, une par une, dans l'ordre où elles apparaissent.
CLAUDE. - Le cosmos doit-il se volatiliser par le seul fait qu'il est devenu intelligible ? Quand bien même j'aurais inclus dans une loi compréhensive. la totalité des relations possibles à l'intérieur de l'univers, mes yeux, mes mains continueraient de témoigner qu'il existe des phénomènes, des formes concrètes.
MENON. - Eh bien, accueillez leur témoignage. Les yeux, les mains, l'audition et les autres sens remplissent leurs rôles lorsqu'ils réfèrent à un informateur, en éveil derrière eux, les signes impliqués dans les formes. Je m'explique à l'aide d'un exemple. Une silhouette oblongue, aux tons verts et bruns, surgit contre la lumière d'un fond bleu dans le cadre de votre vision. Qui donc l'identifie et le reconnaît pour être un cyprès devant le ciel ? Est-ce la fonction visuelle brute ? Non pas, certainement. Le mérite en revient à un observateur sensible à la dynamique informative des formes, à un témoin prompt à connaître. Ainsi, toutes les activités sensorielles tendent vers la connaissance et atteignent en elle leur foyer. Elles la rejoignent pour s'y éteindre sur divers plans d'intégration.
Imaginez qu'un enquêteur veuille exploiter à fond les ressources de ses sens accrus par l'instrumentation scientifique pour atteindre une connaissance intégrale dans ses structures et infrastructures de l'univers. A mesure que la recherche progresse, les formes visibles et tangibles en usage dans la vie familière cèdent à des configurations abstraites; que l'intelligence seule saisit. Les lois succèdent aux lois. La pensée investigatrice se fait impersonnelle et son acuité croît. Quand sera atteinte la source initiale d'intelligibilité l'univers sera résolu, à la manière d'une énigme, dans sa pure réalité intelligible.
CLAUDE. - Sera-t-il, pour autant, amené à disparaître ?
MENON. - Lorsqu'un message secret, transmis dans la formule du code, a été déchiffré, qu'advient-il de la formulation ?
CLAUDE. - Elle reste bien visible en noir sur blanc.
MENON. - L'écriture est inséparable, dès après la lecture, de l'intelligibilité du message, car c'est du message que les caractères écrits détiennent leur valeur d'existence. Vous ne pouvez voir en eux, à la suite du déchiffrement, qu'un moyen de communication ; tel est leur sens, noir sur blanc.
CLAUDE. - Vous déclarez - sans en fournir aucune preuve - que l'univers est intelligible, qu'il se laissera un jour réduire entièrement en connaissance. Je suis loin de partager votre espoir. L'investigation scientifique nous conduit d'énigmes en énigmes jusqu'à un état de profond désarroi. Les modalités les plus hardies, les plus subtiles de la pensée sont impuissantes - vous l'avez vous-même reconnu - à nous faire dépasser un certain niveau d'intelligibilité. L'esprit d'investigation se débat sans fin entre l'analyse et la synthèse au milieu des formes qu'il a lui-même sécrétées.
Il n'existe pas, et il n'existera jamais un système rationnel susceptible d'évoquer la somme totale des relations contenues dans l'univers.
MENON. - Je vous demande de rendre justice à nos entretiens précédents. Ils nous ont ouvert une voie au-dessus des frontières de la pensée investigatrice, vers la source d'intelligibilité, elle est en nous, source de vérité, à chaque instant présente et vérifiable par expérience. C'est donc dans l'abîme - ou semblablement à la cime - de notre être que se trouve la solution au problème de l'univers. L'univers, c'est nous.
CLAUDE. - Un bien petit univers, un microcosme !
MENON. - ... sans petitesse, ni grandeur. Un monde de signes, irréductible aux paramètres d'espace-temps.
CLAUDE. - Vous faites évanouir le temps et l'espace en les niant, tout simplement. Ce n'est qu'un tour d"acrobatie verbale ! J'en appelle à l'autorité des astronomes. D'après leurs observations et leurs calculs, l'univers étend son rayon à des milliards d'années-lumières. Contesterez-vous cela aussi ?
MENON. - Je n'aurai pas cette impertinence. Si vous m'y autorisez, j'ajouterai d'autres dimensions aux paramètres en usage. L'univers en expansion, ai-je entendu, est une hyper-sphère, il faut lui accorder les nombreuses coordonnées qu'il exige. Cela ne me trouble aucunement. Je suis prêt à assimiler autant de créations mesurables qu'on en voudra invoquer. Je m'en remets pour cela au jugement des savants dont le credo se transforme et progresse d'année en année.
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
CLAUDE. - Qu'importent à celui-là les milliards d'années-lumière. Sont-elles faites réellement d'espace et de durée ou apparaissent-elles à son regard lucide comme une pensée éphémère, un signe évocateur de distances irréelles, inimaginables ?
MENON. - J'incline à croire que le suprême mesureur ignore les embarras de votre dilemme. La question dont vous faites votre souci -l'espace-temps - existe-t-il en réalité ou n'est-ce qu'une valeur abstraite applicable à la mesure du monde empirique ? Ce problème n'offre aucun sens pour lui.
CLAUDE. - Je renonce pour le moment à vous harceler de mes objections. Répondez à une seule demande : quand Socrate se laissait absorber dans cet état singulier dont la puissance l'immobilisait parfois d'une aube à l'aube suivante, l'univers lui apparaissait-il encore ? Ma question est peut-être insolite. A-t-il fait part de son expérience au cours des dialogues avec ses disciples ?
MENON. - Tous ses entretiens avec nous préparaient cette fin : éveiller en ses auditeurs l'expérience. Ses paroles, je ne sais comment, perçaient la brume du sommeil. Les regards devenaient clairs devant lui et la pupille s'élargissait.
CLAUDE. - Par l'ouverture de cette pupille, quel paysage de l'univers aperceviez-vous ?
MENON. - Un univers sans paysage ni couleurs.
CLAUDE.- Quelle triste vision, appauvrie et sans beauté !
MENON. - Ne consultez pas votre imagination, elle vous tromperait grossièrement. Sa fonction se déroule dans un monde de formes et l'incite à créer une diversité d'images et d'émotions. Incapable, par conséquent, d'accéder à l'altitude de l'expérience, elle bâtira pour vous satisfaire un décor de fantaisie, une mise en scène, une vision faussement mystique.
Or l'expérience refuse toute vision de forme, de substance, de couleur. Sa nature est indescriptible. Aucune parole ne la qualifie authentiquement. On la trahirait à vouloir la nommer Savoir, Harmonie, Beauté, Joie ou Amour. Leurs majuscules n'ajoutent rien à la petitesse des mots.
La réalité de l'expérience absorbe en elle et inclut le balbutiement enfantin de tant de vaines paroles. Elle établit aussi leur suprême consécration et les justifie.”
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Mais oui : Ménon, quel talent !
J'admire sa capacité à décrire comment intégrer en soi des perceptions non évidentes.
Pour en revenir au polyèdre, je constate qu'il est effectivement plus aisé d'apercevoir un visage christique sur l'image originale, en prenant un certain recul (petite échelle).
J'avais tenté une mise en évidence en modifiant le contraste et la luminosité, en isolant cette face (du polyèdre / du Christ) et en lui imprimant une rotation, et - de fait - le résultat n'est pas formidable. Après traitement par mes soins, ce Christ ressemblerait plutôt vaguement à Jean Rochefort dans le rôle de Richelieu (après avoir percuté le chambranle d'une porte) !
Restons-en donc à l'original, en notant une fois de plus que c'est le changement de perspective (ou d'échelle, telle celle représentée à l'arrière-plan de la gravure) qui fait voir les choses différemment.
Nous avions déjà rencontré ce cas de figure dans le sujet Fulcanelli, où Henri Schersch prenait l'exemple de la peinture de Salvador Dali "Abraham Lincoln" pour démontrer qu'un recul (changement de perspective, changement d'échelle) nous faisait voir les choses autrement :
Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité".
J'admire sa capacité à décrire comment intégrer en soi des perceptions non évidentes.
Pour en revenir au polyèdre, je constate qu'il est effectivement plus aisé d'apercevoir un visage christique sur l'image originale, en prenant un certain recul (petite échelle).
J'avais tenté une mise en évidence en modifiant le contraste et la luminosité, en isolant cette face (du polyèdre / du Christ) et en lui imprimant une rotation, et - de fait - le résultat n'est pas formidable. Après traitement par mes soins, ce Christ ressemblerait plutôt vaguement à Jean Rochefort dans le rôle de Richelieu (après avoir percuté le chambranle d'une porte) !
Restons-en donc à l'original, en notant une fois de plus que c'est le changement de perspective (ou d'échelle, telle celle représentée à l'arrière-plan de la gravure) qui fait voir les choses différemment.
Nous avions déjà rencontré ce cas de figure dans le sujet Fulcanelli, où Henri Schersch prenait l'exemple de la peinture de Salvador Dali "Abraham Lincoln" pour démontrer qu'un recul (changement de perspective, changement d'échelle) nous faisait voir les choses autrement :
Henri Schersch a écrit:Cette monumentale peinture (4,20m de haut !) est exposée au Musée Dali, à Figueras (Catalogne). Il en existe plusieurs versions.
Mais pourquoi donc cette peinture est-elle intitulée Lincoln, alors qu’on voit en réalité Gala, l’épouse du peintre, nue, de dos, regardant la mer au travers d’une fenêtre en forme de croix, depuis une pièce carrelée de faïences ? A cause du petit carrelage en bas à gauche représentant Abraham Lincoln ?
Non. Pas du tout. La réponse se trouve loin de votre ordinateur : prenez du recul ! Beaucoup de recul ! Enormément de recul : cinq mètres au moins ; encore plus si possible. Et alors vous aurez tout compris.
Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité".
Laposse- Nombre de messages : 242
Age : 55
Date d'inscription : 05/04/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Toujours un humour décapant Laposse ! Messie, messie.
perspective = échelle, chaTpeau ! Un chapeau avec un Tau, c’est plus rigolo.
“Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité"”, euh ? Petite forme sur ce COUP, le chambranle de la porte ne t’as épargné non plus !
L’essentiel est dans l’accès à la conscience sans objet non dans la compréhension forcément limitée que l’intellect se fait : conscience de... l’objet, il n’y pas de lien entre le mental et la conscience, si ce n’est qu’il en est un produit mais ne peut le “réaliser”, d’où l’impasse du Développement pépèresonnel. Le recul physique procure le basculement du mental dans l’exemple de Henri Schersch à la condition que nous “réalisions” que c’est dans l’intention de l’auteur de nous faire déplacer physiquement pour qu’une autre image apparaisse au mental.
Avec Dürer, on est sur un tout autre plan, une fois le “théorème” produit par les liens analogiques, dont les plus intenses sont ceux qui relient le carré de Jupiter à la taille de la pierre, une fois que le “théorème” est assimilé une image apparaît dans le polyèdre, une fois pour toutes. La distance avec la gravure (toute entière) ne joue pas plus que pour les dimensions de n’importe quelle imageu, elle n’est pas la condition.
Je me suis posé la question de la nature de cette image. J’ai repensé aux phrases de Dûrer citées en amont, cette “nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible” doit lui ressembler, il s’est déjà représenté en Christ ai-je lu quelque part, enfin j’ai trouvé cet autoportrait assez convaincant... pour moi !
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
Waow ! Pas de doute ça l’fait !
Amicalement,
Charly
perspective = échelle, chaTpeau ! Un chapeau avec un Tau, c’est plus rigolo.
“Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité"”, euh ? Petite forme sur ce COUP, le chambranle de la porte ne t’as épargné non plus !
L’essentiel est dans l’accès à la conscience sans objet non dans la compréhension forcément limitée que l’intellect se fait : conscience de... l’objet, il n’y pas de lien entre le mental et la conscience, si ce n’est qu’il en est un produit mais ne peut le “réaliser”, d’où l’impasse du Développement pépèresonnel. Le recul physique procure le basculement du mental dans l’exemple de Henri Schersch à la condition que nous “réalisions” que c’est dans l’intention de l’auteur de nous faire déplacer physiquement pour qu’une autre image apparaisse au mental.
Avec Dürer, on est sur un tout autre plan, une fois le “théorème” produit par les liens analogiques, dont les plus intenses sont ceux qui relient le carré de Jupiter à la taille de la pierre, une fois que le “théorème” est assimilé une image apparaît dans le polyèdre, une fois pour toutes. La distance avec la gravure (toute entière) ne joue pas plus que pour les dimensions de n’importe quelle imageu, elle n’est pas la condition.
Je me suis posé la question de la nature de cette image. J’ai repensé aux phrases de Dûrer citées en amont, cette “nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible” doit lui ressembler, il s’est déjà représenté en Christ ai-je lu quelque part, enfin j’ai trouvé cet autoportrait assez convaincant... pour moi !
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
Waow ! Pas de doute ça l’fait !
Amicalement,
Charly
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Charly je trouve très intéressant
d'associer le portrait de la pierre
à un autoportrait de Dürer.
Point très perspicace que vous apportez:
"Avec Dürer, on est sur un tout autre plan..."
Vous annoncez la gravure comme Porte.
Je pars pour deux (2) semaines
dans la forêt avec mon chien Phoenix,
pour dessiner et découvrir les enseignements du chien en pleine nature.
J’essaierai par le village (où il y a un ordinateur) de rester en contact avec le site.
Inch Allah !
Pour un minimum de contact. De retour au plus tard le 12 août.
Fraternelles Salutations à tous et proffitez de l'Été,
Hiram
Le Soufre Rouge
Charly je trouve très intéressant
d'associer le portrait de la pierre
à un autoportrait de Dürer.
Point très perspicace que vous apportez:
"Avec Dürer, on est sur un tout autre plan..."
Vous annoncez la gravure comme Porte.
Je pars pour deux (2) semaines
dans la forêt avec mon chien Phoenix,
pour dessiner et découvrir les enseignements du chien en pleine nature.
J’essaierai par le village (où il y a un ordinateur) de rester en contact avec le site.
Inch Allah !
Pour un minimum de contact. De retour au plus tard le 12 août.
Fraternelles Salutations à tous et proffitez de l'Été,
Hiram
Le Soufre Rouge
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour Charly,
Tempus fugit…
Vous lire est un plaisir,
et je m’excuse pour le peu de dialogue de ces derniers jours.
Les préparatifs pour le retour en forêt
ne devraient pas être un prétexte pour ne pas interréagir
après l’énergie fraternelle que vous mettez à vos posts,
ils sont remplis de générosité.
Le dialogue Godel est très instructif, socratique,
Il fait accoucher l’âme.
Le visage de Dürer dans et sur la pierre…
La citation de Paracelse, juste à point.
Etc..
Je vais vous préparer une réponse plus élaborée
et j’essaierai d’être à la hauteur;
les artistes et le coq à l’âne vous savez…
Est-ce de l'hermétisme ?
Il me fait plaisir d’acquiescer à votre demande
et de joindre quelques œuvres.
Vous avez le droit de vous prononcer.
Dessein du dessin
espace, forme,
la forme par en-dedans...
L'Oeil entre les pointes du compas.
Fraternellement,
Hiram
Tempus fugit…
Vous lire est un plaisir,
et je m’excuse pour le peu de dialogue de ces derniers jours.
Les préparatifs pour le retour en forêt
ne devraient pas être un prétexte pour ne pas interréagir
après l’énergie fraternelle que vous mettez à vos posts,
ils sont remplis de générosité.
Le dialogue Godel est très instructif, socratique,
Il fait accoucher l’âme.
Le visage de Dürer dans et sur la pierre…
La citation de Paracelse, juste à point.
Etc..
Je vais vous préparer une réponse plus élaborée
et j’essaierai d’être à la hauteur;
les artistes et le coq à l’âne vous savez…
Est-ce de l'hermétisme ?
Il me fait plaisir d’acquiescer à votre demande
et de joindre quelques œuvres.
Vous avez le droit de vous prononcer.
Dessein du dessin
espace, forme,
la forme par en-dedans...
L'Oeil entre les pointes du compas.
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Pour le plaisir de tous
voici le feu de Zoroastre :
Le feu de zoroastre - Iran, Voyage aux Confins de la Terre
(En langue anglaise - haute qualité, visualisation plein écran conseillée)
Hiram
voici le feu de Zoroastre :
Le feu de zoroastre - Iran, Voyage aux Confins de la Terre
(En langue anglaise - haute qualité, visualisation plein écran conseillée)
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Joli coup de crayon Hiram ! Bonnes vacances forestières, et bonnes vacances à tous ceux qui partent en août.
Dürer hermétiste ?
John Dee sur les traces d’Agrippa et de Trithème avait suivi la filière des imprimeurs et l’un de ceux-ci Wilhem Sylvius (“my singular good friend Sylvio” dixit Dee) avait publié la Monas Hiroglyphica avec un frontispice signé des symboles de la “rosée croissante” ou de la “ rosée cuite” des décennies avant la parution des manifestes R + C. L’étude des marques d’imprimeurs est très intéressante, elle révèle le plus souvent de hautes connaissances en hermétisme. Dürer avait des amis imprimeurs et dessina même celle de Friedrich Rieder en 1493 à Freiburg.
Son goût pour l’héraldisme l’a conduit après son anoblissement à graver sur bois diverses déclinaisons de ses armoiries, celle dite “au coq” est digne d’intérêt :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951303t
Sur un curieux heaume est juché un coq, symbole d’Hermès/Mercure, Dürer a écrit qu’il devait à ce signe son don pour la peinture. Sur l’écu allemand est étrangement représenté non pas le lion allemand mais le lion italien qui a 3 queues et des pattes à seulement 3 griffes. Au coq volatil(e) en haut correspond en bas le lion ardent et fixe, puissant dissolvant qui est vert pâteux au début de l’oeuvre, et rouge et solide à la fin. Le nombre 3 est intentionnel ; il est sur le heaume décliné par le signe de l’eau, triangle pointe en bas. De ce heaume qui unit le haut et le bas sortent des volutes et des arabesques qui peuvent le qualifier d’athanor (a-thanatos) et de fait, au bord de la collerette sont deux demi-trous en-dessous du triangle d’eau, cette quinte-essence peut évoquer visuellement la mort dissolvante, source d’une nouvelle vie.
Dans les “armoiries de la mort”, Dürer place l’écu allemand à la tête de mort sur une pierre taillée avec sa marque, et 3 pierres, 3 cailloux, sont montrés plus loin :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69513047.r=.langFR
On notera dans les Armoiries de la famille Behaim (cliquez que l’image) le gôut très prononcé du graveur pour les arabesques et la spirale en bas de gravure.
Ce qui nous ramène à Melencolia I, le signe entre le mot et la lettre (ou le nombre) est constiuté d’une point fixe sur lequel tournent une spirale dextrogyre et une levogyre.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Dans l’Antiquité la spirale dextrogyre était dédiée à Pallas/Minerve, sagesse et vie éternelle, et la spirale lévogyre à son adversaire Poséidon/Neptune le dieu au trident des océans en furie, ainsi que l'« ébranleur du sol » porteur de mort et responsable des tremblements de terre.
Les cartiers tels que Dodal (1701) ont décliné la spirale sur le trône du Roy d’espée, c’est la production de la nature symbolisée par une plante ; de plus le Deux de Deniers du Tarot est la double spirale génératrice de vie par excellence, y alternent les motifs quaternaires et des arabesques et des deux extrémités sortent des feuilles et/ou des boutons de fleurs . La tardive tradition dite de Marseille redouble le symbolisme, sur le trône du Roi d’Epée on voit une spirale avec un “fer” se terminant par un H et deux feuilles sur la tige, on ne peut être plus clair ! Le Deux de Deniers reproduit deux double spirales sur le circuit serpentiforme :
Deux de Deniers
Certains commentateurs relèvent le très haut niveau de culture de Dürer et insistent pour dire que le “e” de Melencolia est intentionnel, ayant déjà relevé des occurrences de ce mot dans des lettres du peintre/graveur correctement orthographié avec un “a”. Il est proposé une anagramme latine signifiant “la porte du ciel”, le nom de Dürer d’origine hongroise signifierait : porte, et il a souvent dessiné des portes dans ses armoiries.
Pour les amateurs voici d’admirables spirales :
http://www.pileface.com/sollers/plugins/zenphoto/spirale/
Cordialement,
C...a
Joli coup de crayon Hiram ! Bonnes vacances forestières, et bonnes vacances à tous ceux qui partent en août.
Dürer hermétiste ?
John Dee sur les traces d’Agrippa et de Trithème avait suivi la filière des imprimeurs et l’un de ceux-ci Wilhem Sylvius (“my singular good friend Sylvio” dixit Dee) avait publié la Monas Hiroglyphica avec un frontispice signé des symboles de la “rosée croissante” ou de la “ rosée cuite” des décennies avant la parution des manifestes R + C. L’étude des marques d’imprimeurs est très intéressante, elle révèle le plus souvent de hautes connaissances en hermétisme. Dürer avait des amis imprimeurs et dessina même celle de Friedrich Rieder en 1493 à Freiburg.
Son goût pour l’héraldisme l’a conduit après son anoblissement à graver sur bois diverses déclinaisons de ses armoiries, celle dite “au coq” est digne d’intérêt :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951303t
Sur un curieux heaume est juché un coq, symbole d’Hermès/Mercure, Dürer a écrit qu’il devait à ce signe son don pour la peinture. Sur l’écu allemand est étrangement représenté non pas le lion allemand mais le lion italien qui a 3 queues et des pattes à seulement 3 griffes. Au coq volatil(e) en haut correspond en bas le lion ardent et fixe, puissant dissolvant qui est vert pâteux au début de l’oeuvre, et rouge et solide à la fin. Le nombre 3 est intentionnel ; il est sur le heaume décliné par le signe de l’eau, triangle pointe en bas. De ce heaume qui unit le haut et le bas sortent des volutes et des arabesques qui peuvent le qualifier d’athanor (a-thanatos) et de fait, au bord de la collerette sont deux demi-trous en-dessous du triangle d’eau, cette quinte-essence peut évoquer visuellement la mort dissolvante, source d’une nouvelle vie.
Dans les “armoiries de la mort”, Dürer place l’écu allemand à la tête de mort sur une pierre taillée avec sa marque, et 3 pierres, 3 cailloux, sont montrés plus loin :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69513047.r=.langFR
On notera dans les Armoiries de la famille Behaim (cliquez que l’image) le gôut très prononcé du graveur pour les arabesques et la spirale en bas de gravure.
Ce qui nous ramène à Melencolia I, le signe entre le mot et la lettre (ou le nombre) est constiuté d’une point fixe sur lequel tournent une spirale dextrogyre et une levogyre.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Dans l’Antiquité la spirale dextrogyre était dédiée à Pallas/Minerve, sagesse et vie éternelle, et la spirale lévogyre à son adversaire Poséidon/Neptune le dieu au trident des océans en furie, ainsi que l'« ébranleur du sol » porteur de mort et responsable des tremblements de terre.
Les cartiers tels que Dodal (1701) ont décliné la spirale sur le trône du Roy d’espée, c’est la production de la nature symbolisée par une plante ; de plus le Deux de Deniers du Tarot est la double spirale génératrice de vie par excellence, y alternent les motifs quaternaires et des arabesques et des deux extrémités sortent des feuilles et/ou des boutons de fleurs . La tardive tradition dite de Marseille redouble le symbolisme, sur le trône du Roi d’Epée on voit une spirale avec un “fer” se terminant par un H et deux feuilles sur la tige, on ne peut être plus clair ! Le Deux de Deniers reproduit deux double spirales sur le circuit serpentiforme :
Deux de Deniers
Certains commentateurs relèvent le très haut niveau de culture de Dürer et insistent pour dire que le “e” de Melencolia est intentionnel, ayant déjà relevé des occurrences de ce mot dans des lettres du peintre/graveur correctement orthographié avec un “a”. Il est proposé une anagramme latine signifiant “la porte du ciel”, le nom de Dürer d’origine hongroise signifierait : porte, et il a souvent dessiné des portes dans ses armoiries.
Pour les amateurs voici d’admirables spirales :
http://www.pileface.com/sollers/plugins/zenphoto/spirale/
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Votre avis sur ce que ça peut representer ?
Boral- Nombre de messages : 43
Date d'inscription : 20/01/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
C’est un creuset des plus “classiques”, ce qui est intéressant c’est qu’il soit présenté de manière à voir le symbole de l’eau, une eau ardente ?
Mais sa principale fonction est vraisemblablement de figurer l’élément du feu dans la composition.
Cordialement,
C...a
C’est un creuset des plus “classiques”, ce qui est intéressant c’est qu’il soit présenté de manière à voir le symbole de l’eau, une eau ardente ?
Mais sa principale fonction est vraisemblablement de figurer l’élément du feu dans la composition.
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
pour une note (beaucoup !) plus légère, les amateurs de Spirales et de Manga goûteront Gurren Lagann, où toute la série d'une petite trentaine d'épisodes tourne autour (graphiquement et narrativement) de la notion de spirale, dans un enroulement de matriochkas inversées.
C'est un des joyaux du genre - à réserver toutefois aux amateurs de manga explosifs à fort taux d'adrénaline et d'humour gras !
Bertrand
pour une note (beaucoup !) plus légère, les amateurs de Spirales et de Manga goûteront Gurren Lagann, où toute la série d'une petite trentaine d'épisodes tourne autour (graphiquement et narrativement) de la notion de spirale, dans un enroulement de matriochkas inversées.
C'est un des joyaux du genre - à réserver toutefois aux amateurs de manga explosifs à fort taux d'adrénaline et d'humour gras !
Bertrand
Dernière édition par Bertrand le Ven 29 Juil 2011, 12:08, édité 1 fois (Raison : orthographe !)
Bertrand- Nombre de messages : 78
Date d'inscription : 25/04/2010
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Charly, merci pour ta réponse.
Je remarque que le creuset et l’échelle sont sur un même plan et moitié cachées par cette pierre.
Cordialement,
Antonio A.
Je remarque que le creuset et l’échelle sont sur un même plan et moitié cachées par cette pierre.
Cordialement,
Antonio A.
Boral- Nombre de messages : 43
Date d'inscription : 20/01/2011
Masterstische
Bonjour à tous,
Veuillez visiter www.melencoliai.org et particulièrement la page qui concerne le triptyque de gravure.
Bienvenue à vous,
Yvo Jacquier
Veuillez visiter www.melencoliai.org et particulièrement la page qui concerne le triptyque de gravure.
Bienvenue à vous,
Yvo Jacquier
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
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