Melencolia I (Albrecht Dürer)
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Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Si Dûrer tenait à offrir Melencolia et Saint Jérôme “par paires”, c’est une invitation à les regarder toutes deux, et que voyons nous ? Une harmonie à établir dans le premier cas et un ordre parfait dans le second.
Les deux gravures mettent en relief les fruits de son apprentissage des techniques de la perspective issues de ses deux voyages en Italie.
S’il fait un deuxième voyage en Italie à la “recherche d’une nouvelle perspective”, après son enquête dans le milieu “oeuvrier”, c’est bien parce qu’il acquiert de plus en plus toutes les dimensions de la vision humaniste. Son oeuvre exprime donc cette nouvelle “vision”, et la Melencolia est exemplaire du choc de cette pensée que Ficin affronta le tout premier.
Je lis dans Wiki que “son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas (1538, De Symmetria... and Underweysung der Messung mit dem Zirkel und Richtscheit)”, je ne l’ai pas lu mais au vu du titre et des gravures il apparaît comme pur produit des spéculations de la Renaissance ayant complètement tourné le dos à la scolastique :
Il “développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d'Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l'épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l'angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l'ombre et de la perspective. Il laissera son nom sur un perspectographe simple à œilleton.” Il ne pouvait manquer de s’intéresser aux anamorphoses !
Ce sont les travaux de Alberti et de Pacioli et leur redécouverte de Vitruve qui l’ont fasciné lors de ses voyages, comme tous les humanistes il a vu en quoi l’architecture - conçue sur le papier à partir de la règle et du compas - était le premier des arts avec le dessin.
L’humanisme est d’abord anti-scolastique, les Academiae fleurissent au détriment de l’Université, on a vu Dürer chez Alde et il avait des amis imprimeurs qui étaient les plus grands lettrés de l’époque. Il y a vraiment peu de chances de voir dans l’échelle de la Melencolia le trivium et le quadrivium des sept Arts Libéraux, mais plus sûrement l’échelle des innombrables correspondances reliant les étoiles de la terre (les 7 métaux) à celles du ciel (7)
Une nouvelle lumière jaillit dissipant l’obscurité scolastique, et l’ancienne vision saturnienne de la mélancolie s’enfuit pour laisser place à l’autre Saturne, celui du Ciel de la créativité, l’étoile la plus brillante.
Le carré de Jupiter dans cet espace saturnien ? C’est l’harmonisateur parfait, le battant de la cloche, par prolongement, détermine deux rectangles qui se répondent parfaitement en jouant sur les chiffres 15 et 19, des chiffres pas des nombres.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier%3ADurers_Solid_Square.PNG
Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15.
J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
19 - 15
15 - 19
15 - 19
19 - 15
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
On comprend l’inversion pour le cinq (quintessence de Vie) et le 9 (spirale de Vie) voilà le pouvoir du nombre qui apparaît. Harmonie en haut de la gravure, dans le ciel, et désordre sur la terre, l’influence de l’ange de la planète Saturne peut y remédier. Cette spirale de vie nous la retrouvons dans le fruit dont j’ai oublié le nom (genre courge !), fruit qui est au-dessus du Saint Jérôme.
Pour un hermétiste, le Ciel est rond et la Terre carrée, le ciel rond est bien marqué par Dürer, mais la terre carrée ? C’est le carré magique, et par sa puissance intrinsèque il/elle apparaîtra cubique.
Le polyèdre est composé de 2 triangles équilatéraux - eau et feu dont l’union est le symbole de la pierre philosophale - et de 6 pentagones irréguliers - les six “frères lépreux” les métaux non-nobles. Ce polyèdre dont P. Schreiber en 1999 a démontré qu’il pouvait être obtenu à partir d'un cube a 8 faces et 12 sommets, nombres en rapport avec le Christ/Hermès.
On admire bien sûr la conception du “polyèdre de Dürer”, mais là n’est pas le Chef d’Oeuvre ; il faut non pas le considérer comme pierre taillée mais au contraire le “voir” comme pierre brute, pierre “velue” selon les anciens “oeuvriers”, cette pierre, lapis, est Hermès “Celui du milieu” et le Christ. Son visage est parfaitement “inscrit” dans le polyèdre, le voyez-vous sur la “face” éclairée ?
“La vie dans l'ombre de la mort.
La pierre cubique et la pierre triangulaire cachées dans la sphère du chaos.”
“La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de
faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous?” (Message Retrouvé, Louis Cattiaux)
Je reproduis cette interrogation hilarante de Chèvre imaginant Dürer ! Je ne m’enlace pas :
Vous dites, Hiram : “C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.”
Comme tout hermétiste véritable, il ne cache rien et donne avec une générosité incroyable l’accès à ce monde merveilleux de l’Esprit. Par le seul pouvoir du raisonnement analogique nous ouvrons ce livre, à sept sceaux dit la Tradition.
Alors parlons de cette tradition à laquelle Guénon eut si peu accès. J’ai dit l’avoir apprécié pour la mise en ordre du foutoir de l’occultisme installé par la Théosophie et la F. M., de plus, je lui suis grandement redevable (jusqu’à un certain point) d’avoir mis l’accent sur la confusion du psychique d'avec le spirituel, il a eu tort cependant d’ironiser sur Bergson, qui estimait devoir approfondir “expérimentalement” l'existence de la survie.
Je ne veux pas faire là le procès de Guénon, mais qu’on sache bien le nombre de faussetés et d’approximations qu’il a distillé, car sa plume redoutable occulte beaucoup l’inconsistance de certaines de ses affirmations.
Je prends votre exemple : “René Guénon comparait « boire comme un Templier » à l’expression des soufis : l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.”
Ben voyons ! J’ai usé d’un euphémisme en évoquant les pratiques templières - en Europe, en France - d’où vient cette expression. Louis VI le Gros, ou le Batailleur, les a décrits négativement, et il faut savoir que ces orgies allaient jusqu’aux viols, ils étaient sûrs de l’impunité. Évidemment, ils ne pouvaient tous être ainsi, il y avait une élite, mais si les soudards désoeuvrés furent saoulards, ils ont laissé leur empreinte et leur haleine dans l’imaginaire collectif !
Guénon et les templiers Hé ! Hé !
Il a trahi Gérard d’Encausse (Papus), qui l’avait reçu à bras ouverts, en prétendant donner des cours dans le local de ce dernier, des cours dans le cadre de la Faculté des Sciences Hermétiques (ouiiiiche !) ; alors qu’il créait très secrètement en ce lieu (33 rue Jacob) l'Ordre du Temple Rénové. Il était en ce temps en pleine mouvance spirite (eh, oui, l’Erreur Spirite !) et faisait tourner les tables avec cinq confrères où se matérialisaient Cagliostro ou Frédéric le Grand ! Jacques de Molay accepta de leur transmettre tout le savoir templier (ah, ben voui, sympa le gus !) : les Evangiles mélangés aux mystères d'Osiris, de la kabbale et bien sûr de la synarchie. Ce fut Charles Blanchard qui fut sacré Commandeur de l'Ordre du Temple Rénové.
Alors les commentaires de ce grand tome de Blois ! sur les connaissances des templiers... Pour évoquer les Tontons Flingueurs je conseille aux aficionados de se les mettre en suppositoires.
Vous dites : “ La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, bien que d’apparence moderne, sont reconnus par Guénon comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.”
Etait-il qualifié pour s’en rendre compte ! Il n’a jamais reconnu l’hermétisme occidental et sa place originelle dans la F.M., il n’a pas reconnu les plus anciennes initiations chrétiennes données par les Chevaliers du Paraclet ou la confrérie de l’Estoile Internelle, cette dernière, que je considère comme morte depuis que la F. M. l’a fagot-citée datait de la fin du XVe siècle.
Si Guénon avait eu plus de discernement, il ne serait pas entré en Islam !
La F. M. n’a jamais eu de “véritables secrets”, ou plutôt si : on lui a confié celui de l’alchimie au milieu du XVIIe siècle; cent ans plus tard, elle n’en savait plus rien ! (lire Tschoudy)
Cordialement,
C...a
J’ai aimé Panofsky pour son style d’écriture et pour ses recherches, mais pas du tout pour ses conclusions, mais là n’est pas le propos.Hiram a écrit:J’ai une question :
On peut étudier Melencolia I en comparaison avec le St Jérôme
ou avec d’autres des œuvres de Dürer
si l’on s’appelle Irwin Panofsky,
que l’on suit la méthode historique,
ou pour pousser la méthode du dessein du dessin;
mais écoutons-nous la cinquième de Beethoven
en même temps que sa neuvième ?
Si Dûrer tenait à offrir Melencolia et Saint Jérôme “par paires”, c’est une invitation à les regarder toutes deux, et que voyons nous ? Une harmonie à établir dans le premier cas et un ordre parfait dans le second.
Les deux gravures mettent en relief les fruits de son apprentissage des techniques de la perspective issues de ses deux voyages en Italie.
S’il fait un deuxième voyage en Italie à la “recherche d’une nouvelle perspective”, après son enquête dans le milieu “oeuvrier”, c’est bien parce qu’il acquiert de plus en plus toutes les dimensions de la vision humaniste. Son oeuvre exprime donc cette nouvelle “vision”, et la Melencolia est exemplaire du choc de cette pensée que Ficin affronta le tout premier.
Je lis dans Wiki que “son œuvre mathématique majeure reste les Instructions pour la mesure à la règle et au compas (1538, De Symmetria... and Underweysung der Messung mit dem Zirkel und Richtscheit)”, je ne l’ai pas lu mais au vu du titre et des gravures il apparaît comme pur produit des spéculations de la Renaissance ayant complètement tourné le dos à la scolastique :
Il “développe en quatre livres les principales constructions géométriques comme la spirale d'Archimède, la spirale logarithmique, la conchoïde, l'épicycloïde, le limaçon de Pascal, des constructions approchées des polygones réguliers à 5, 7, 9, 11 ou 13 côtés et de la trisection de l'angle et de la quadrature du cercle, des constructions de solides géométriques (cylindre, solides de Platon..), une théorie de l'ombre et de la perspective. Il laissera son nom sur un perspectographe simple à œilleton.” Il ne pouvait manquer de s’intéresser aux anamorphoses !
Ce sont les travaux de Alberti et de Pacioli et leur redécouverte de Vitruve qui l’ont fasciné lors de ses voyages, comme tous les humanistes il a vu en quoi l’architecture - conçue sur le papier à partir de la règle et du compas - était le premier des arts avec le dessin.
L’humanisme est d’abord anti-scolastique, les Academiae fleurissent au détriment de l’Université, on a vu Dürer chez Alde et il avait des amis imprimeurs qui étaient les plus grands lettrés de l’époque. Il y a vraiment peu de chances de voir dans l’échelle de la Melencolia le trivium et le quadrivium des sept Arts Libéraux, mais plus sûrement l’échelle des innombrables correspondances reliant les étoiles de la terre (les 7 métaux) à celles du ciel (7)
Une nouvelle lumière jaillit dissipant l’obscurité scolastique, et l’ancienne vision saturnienne de la mélancolie s’enfuit pour laisser place à l’autre Saturne, celui du Ciel de la créativité, l’étoile la plus brillante.
Le carré de Jupiter dans cet espace saturnien ? C’est l’harmonisateur parfait, le battant de la cloche, par prolongement, détermine deux rectangles qui se répondent parfaitement en jouant sur les chiffres 15 et 19, des chiffres pas des nombres.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier%3ADurers_Solid_Square.PNG
Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15.
J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
19 - 15
15 - 19
15 - 19
19 - 15
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
On comprend l’inversion pour le cinq (quintessence de Vie) et le 9 (spirale de Vie) voilà le pouvoir du nombre qui apparaît. Harmonie en haut de la gravure, dans le ciel, et désordre sur la terre, l’influence de l’ange de la planète Saturne peut y remédier. Cette spirale de vie nous la retrouvons dans le fruit dont j’ai oublié le nom (genre courge !), fruit qui est au-dessus du Saint Jérôme.
Pour un hermétiste, le Ciel est rond et la Terre carrée, le ciel rond est bien marqué par Dürer, mais la terre carrée ? C’est le carré magique, et par sa puissance intrinsèque il/elle apparaîtra cubique.
Le polyèdre est composé de 2 triangles équilatéraux - eau et feu dont l’union est le symbole de la pierre philosophale - et de 6 pentagones irréguliers - les six “frères lépreux” les métaux non-nobles. Ce polyèdre dont P. Schreiber en 1999 a démontré qu’il pouvait être obtenu à partir d'un cube a 8 faces et 12 sommets, nombres en rapport avec le Christ/Hermès.
On admire bien sûr la conception du “polyèdre de Dürer”, mais là n’est pas le Chef d’Oeuvre ; il faut non pas le considérer comme pierre taillée mais au contraire le “voir” comme pierre brute, pierre “velue” selon les anciens “oeuvriers”, cette pierre, lapis, est Hermès “Celui du milieu” et le Christ. Son visage est parfaitement “inscrit” dans le polyèdre, le voyez-vous sur la “face” éclairée ?
“La vie dans l'ombre de la mort.
La pierre cubique et la pierre triangulaire cachées dans la sphère du chaos.”
“La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de
faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous?” (Message Retrouvé, Louis Cattiaux)
Je reproduis cette interrogation hilarante de Chèvre imaginant Dürer ! Je ne m’enlace pas :
Je reconnais tout à fait leur fonction sacrificielle ici... et maintenant.“Ma gravure est finie, qu'est ce que je vais bien pouvoir mettre pour combler ce petit coin vide, là... Voyons...
Pout pout pout... Hmm hmm hmm. Voyons vouère..."
(Pour le plaisir de tous, je continue en allemand, façon Grande Vadrouille)
"Ach, za y est, che vais mettre des glous!! Guelgues klous!
Zest choli, les glous, et za blait douchours!!
Ach... Aber... Es schreibt ein Khi!! Los!! Drop Dard !
Vous dites, Hiram : “C’est un petit futé que ce Albrecht,
il joue, il dévoile en cachant.
Il est comme le Grand Ange au Livre fermé.
Mais il ne l’est pas.”
Comme tout hermétiste véritable, il ne cache rien et donne avec une générosité incroyable l’accès à ce monde merveilleux de l’Esprit. Par le seul pouvoir du raisonnement analogique nous ouvrons ce livre, à sept sceaux dit la Tradition.
Alors parlons de cette tradition à laquelle Guénon eut si peu accès. J’ai dit l’avoir apprécié pour la mise en ordre du foutoir de l’occultisme installé par la Théosophie et la F. M., de plus, je lui suis grandement redevable (jusqu’à un certain point) d’avoir mis l’accent sur la confusion du psychique d'avec le spirituel, il a eu tort cependant d’ironiser sur Bergson, qui estimait devoir approfondir “expérimentalement” l'existence de la survie.
Je ne veux pas faire là le procès de Guénon, mais qu’on sache bien le nombre de faussetés et d’approximations qu’il a distillé, car sa plume redoutable occulte beaucoup l’inconsistance de certaines de ses affirmations.
Je prends votre exemple : “René Guénon comparait « boire comme un Templier » à l’expression des soufis : l’ivresse de la connaissance de la proximité, de l'union à Dieu.”
Ben voyons ! J’ai usé d’un euphémisme en évoquant les pratiques templières - en Europe, en France - d’où vient cette expression. Louis VI le Gros, ou le Batailleur, les a décrits négativement, et il faut savoir que ces orgies allaient jusqu’aux viols, ils étaient sûrs de l’impunité. Évidemment, ils ne pouvaient tous être ainsi, il y avait une élite, mais si les soudards désoeuvrés furent saoulards, ils ont laissé leur empreinte et leur haleine dans l’imaginaire collectif !
Guénon et les templiers Hé ! Hé !
Il a trahi Gérard d’Encausse (Papus), qui l’avait reçu à bras ouverts, en prétendant donner des cours dans le local de ce dernier, des cours dans le cadre de la Faculté des Sciences Hermétiques (ouiiiiche !) ; alors qu’il créait très secrètement en ce lieu (33 rue Jacob) l'Ordre du Temple Rénové. Il était en ce temps en pleine mouvance spirite (eh, oui, l’Erreur Spirite !) et faisait tourner les tables avec cinq confrères où se matérialisaient Cagliostro ou Frédéric le Grand ! Jacques de Molay accepta de leur transmettre tout le savoir templier (ah, ben voui, sympa le gus !) : les Evangiles mélangés aux mystères d'Osiris, de la kabbale et bien sûr de la synarchie. Ce fut Charles Blanchard qui fut sacré Commandeur de l'Ordre du Temple Rénové.
Alors les commentaires de ce grand tome de Blois ! sur les connaissances des templiers... Pour évoquer les Tontons Flingueurs je conseille aux aficionados de se les mettre en suppositoires.
Vous dites : “ La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, bien que d’apparence moderne, sont reconnus par Guénon comme deux formes d’initiation valables pour l’occident.”
Etait-il qualifié pour s’en rendre compte ! Il n’a jamais reconnu l’hermétisme occidental et sa place originelle dans la F.M., il n’a pas reconnu les plus anciennes initiations chrétiennes données par les Chevaliers du Paraclet ou la confrérie de l’Estoile Internelle, cette dernière, que je considère comme morte depuis que la F. M. l’a fagot-citée datait de la fin du XVe siècle.
Si Guénon avait eu plus de discernement, il ne serait pas entré en Islam !
La F. M. n’a jamais eu de “véritables secrets”, ou plutôt si : on lui a confié celui de l’alchimie au milieu du XVIIe siècle; cent ans plus tard, elle n’en savait plus rien ! (lire Tschoudy)
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour !
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.Bonne déduction, Charly. J'ajoute donc ce tableau à notre petite collection.
En ce qui concerne le fruit qui surplombe Saint Jérôme, il semble en effet qu'il s'agisse d'une forme particulière de courge, appelée calebasse gourde, ou calebasse pélerine :
Il est amusant de trouver sur cette gravure, suspendue au-dessus du saint, ce fruit qui sert de réservoir d'eau à emporter en pélerinage (pélerinage = symbole initiatique). Symbole initiatique qu'on retrouve aussi comme rite de passage en Amérique du Sud hispanophone sous la forme du jeu de la piñata (aujourd'hui dénaturée en fête pour enfants).
Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non. On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?
Charly Alverda a écrit:Sur la ligne du haut j’oppose les deux cases de gauche aux deux cases de droite et j’obtiens à gauche la somme de 19 et à droite la somme de 15. J’exécute ces calculs sur les 4 lignes et j’obtiens finalement de haut en bas :
C’est un quadrigramme, “Ce qui est en bas et comme ce qui est en haut pour accomplir le miracle d’une seule chose”.
En ce qui concerne le fruit qui surplombe Saint Jérôme, il semble en effet qu'il s'agisse d'une forme particulière de courge, appelée calebasse gourde, ou calebasse pélerine :
Il est amusant de trouver sur cette gravure, suspendue au-dessus du saint, ce fruit qui sert de réservoir d'eau à emporter en pélerinage (pélerinage = symbole initiatique). Symbole initiatique qu'on retrouve aussi comme rite de passage en Amérique du Sud hispanophone sous la forme du jeu de la piñata (aujourd'hui dénaturée en fête pour enfants).
Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non. On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?
Laposse- Nombre de messages : 242
Age : 55
Date d'inscription : 05/04/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Votre article en date du 24 janvier 2010,
que j'ai beaucoup apprécié, Charly,
"Quelques réflexions et questions supplémentaires :"
Je me suis délecté.
Vous savez beaucoup de faits intéressants
qui nous permettent de faire des liens, des recoupements.
Vous lire est un plaisir intellectuel.
Pour l'image du Christ sur la pierre,
qu'en penser...
Laposse dit: "P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non."
Serait-ce le genre de Dürer...?
Comme Laposse j'aime votre dernière approche du carré magique, génial.
Pour ma part
je sais bien que Dürer a tavaillé plusieurs gravures ensemble
et spécialement Mélécolia I & St-Jérôme et deux autres.
(les artistes travaillent souvent plusieurs chevalets simultanément)
mais ce que je voulais apporter
c'était de savourer une oeuvre,
de la délecter en épicurien,
de rentrer dans elle seule
se laisser enlever,
et seul avec elle se laisser parler par elle
une relation amoureuse avec l'oeuvre,
le côté "magique", "tallismaique".
Comme la Musique... où les Plans supérieurs peuvent intervenir.
(point de vu d'artite)
Que désirait Albrecht Dürer pour ses lecteurs ?
Fraternellement,
Hiram
Votre article en date du 24 janvier 2010,
que j'ai beaucoup apprécié, Charly,
"Quelques réflexions et questions supplémentaires :"
Je me suis délecté.
Vous savez beaucoup de faits intéressants
qui nous permettent de faire des liens, des recoupements.
Vous lire est un plaisir intellectuel.
Pour l'image du Christ sur la pierre,
qu'en penser...
Laposse dit: "P't être ben qu'oui, p't être ben qu'non."
Serait-ce le genre de Dürer...?
Comme Laposse j'aime votre dernière approche du carré magique, génial.
Pour ma part
je sais bien que Dürer a tavaillé plusieurs gravures ensemble
et spécialement Mélécolia I & St-Jérôme et deux autres.
(les artistes travaillent souvent plusieurs chevalets simultanément)
mais ce que je voulais apporter
c'était de savourer une oeuvre,
de la délecter en épicurien,
de rentrer dans elle seule
se laisser enlever,
et seul avec elle se laisser parler par elle
une relation amoureuse avec l'oeuvre,
le côté "magique", "tallismaique".
Comme la Musique... où les Plans supérieurs peuvent intervenir.
(point de vu d'artite)
Que désirait Albrecht Dürer pour ses lecteurs ?
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Ah ! Il fallait être costaud pour transporter sur les chemins, remplie d’eau, cette courge à la clef de Sol(eil). Je plaisante ! celle-ci était le modèle familial.
Dürer : “L´erreur est dans la perception, l´obscurité étant si grande au fond de nous que notre tentative est déjà vouée à l´échec. »
Ce cher Laposse écrit : “Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?”
Question ô combien légitime ! Mais peut-être pas de l’ordre des tests de Rorschach, car de prime j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un effet voulu de lumière par le graveur sur la “coupe” de la pierre, or c’est - de même que la pierre de la Lune de Vieville - le pur raisonnement analogique qui m’a “montré” ce visage du Christ/Hermès.
Il y a quelque temps j’étudiais ainsi le Pendu (XII) du Tarot de Conver, le faisceau de convergence des éléments de la carte pointait vers le “en haut” et “au milieu” de la carte, le quaternaire des “éléments” m’apparaissait suspendu par le ternaire de l’instrument de supplice, c’est alors que je vis dans la carte retournée la corde dessinant un 4. Je développais plus tard devant des amis le raisonnement analogique conduisant à la connaissance de cette carte, en prenant garde de ne pas projeter mes fantasmes en indiquant cette corde que je ne pouvais plus voir désormais que dessinant un 4 ! C’est alors qu’un enfant traversant la pièce s’arrêta pour regarder cette carte avec nous et dit :”oh ! il y a un 4 dessiné dans la corde” ! Je le félicitai de cette découverte, mais ses parents mirent un certain temps à “assimiler” ce fait ! (NOTE : Godel, en fin de post)
Regardant ce matin le polyèdre qu’a isolé Laposse, je le vis sans image nette, j’ai pensé que cette isolation du contexte rendait l’expérience moins concluante, j’allais pour chercher l’image sur Wiki, mais ce fut inutile, penser à l’image totale rendit immédiatement le visage en “perspective”, je ne verrais plus jamais le polyèdre de Dürer sans visage. Il reste à montrer en quoi cette nouvelle vision est source désaliènante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_de_D%C3%BCrer
Subjectivité ? Ni subjectivité, ni objectivité, mais les deux “confondus” en trois ! Personne (sur ce fil) n’a “vu” le carré de Dürer comme moi de manière analogique, DONC personne ne pouvait voir ce visage ; mais le processus qui m’a amené à “voir” (et non à interpréter), correctement mené à son terme ne peut que montrer un visage dans la pierre. Amenez-moi un enfant de 4 ans !
C’est une autre type d’image que bâtit le cerveau avec le raisonnement analogique, il dissout l’empreinte de la première image vue de manière naturaliste et place la première en mémoire. Les nouvelles connections induites dans le cerveau sont en rapport (si je puis dire !) avec “l’intelligence en acte” selon Paul Mouy :
« si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui même est l'intelligence en acte. »
(Les mathématiques et l'idéalisme philosophique, in « Les grands courants de la pensée mathématique », Cahiers du Sud 1948)
J’écrivis naguère que cette “intelligence en acte“ résout dans l’unité tous les modes de vision possibles dans ce système appelé “perspective“ qui transforme la matière en mesures et nombres; l’espace nécessaire à ces transformations s’exprimant dans toute sa valeur par les figures de la géométrie.
Mon postulat de départ pour déchiffrer Melencolia-I était que Dürer n’était pas un homme de la tradition scolastique mais un humaniste, cela était évident : il signe ses oeuvres en les datant et multiplie les autoportraits. Toute compréhension d’une oeuvre qui, comme celle-ci, s’exprime par le "langage occulte" se fera donc dans un premier temps par la re-création de tous les liens symboliques qui ont tissé les analogies, ensuite par l’organisation de ces liens en harmonisant les concordances et les similarités de l’oeuvre. En reliant toutes les ressemblances unissant les concepts ou les réalités, une synthèse signifiante apparaît alors.
Ernst Bloch écrit que Paracelse accomplira l’apothéose de cette pensée analogique :
« Au commencement de la doctrine : le dedans et le dehors vont toujours ensemble. Le mot « dedans » ne s'entend pas chez Bruno et Campanella, parce que continu. Le beau regard italien sur le monde, sur ici-bas, n'est certes pas méprisé par le médecin philosophe, mais la face interne de l'ici-bas, le côté concave, pour ainsi dire, est maintenant perçu et mis en évidence, et de telle manière que ni le dedans ne fait oublier le dehors, ni le dehors le dedans. Ce qui est dehors est dedans et ce qui est dedans est dehors ; et plus encore : au « dedans » correspond un en-bas, et surtout au « dehors » l'au-dessus de l'en-voûte cosmique : ce qui est en-bas est également en haut, ce qui 'est en haut est également en bas. Le monde est donc un grand réseau de correspondances de l'intérieur à l'extérieur et inversement. Et le monde n'est reconnaissable que lorsque l'homme, donc l'intérieur, le subjectif, est saisi comme son premier, et simultanément comme le fruit du monde. Non pas que l'extérieur eût été engendré par l'intérieur ; mais sans l'intérieur nous manque la clef pour ouvrir l'extérieur. Cette pensée, Paracelse la projette maintenant sur l'immensité de l'univers extérieur, car bien plus encore l'intérieur de l'homme n'est intelligible qu'induit du monde comme le fruit de la semence. Ainsi la philosophie a pour seul objet la Nature. La philosophie elle-même, pense Paracelse. n'est rien d'autre que la Nature invisible, et la Nature la philosophie devenue visible, manifeste. » Ernst Bloch, Vorlesungen zur Philosophie der Renaissance, Francfort, 1972, p. 60; Philosophie de la Renaissance, Paris, 1974.
Dürer était un précurseur :
« Regarde attentivement la nature, dirige-toi d'après elle et ne t'en écarte pas, t'imaginant que tu trouveras mieux par toi-même. Ce serait une illusion; l'art est vraiment caché dans la nature; celui qui peut l'en tirer le possédera. Plus la forme de ton œuvre est semblable à la forme vivante, plus ton oeuvre parait bonne. Cela est certain. N'aie donc jamais la pensée de faire quelque chose de meilleur que ce que Dieu a fait, car ta puissance est un pur néant en face de l'activité créatrice de Dieu... Aucun homme ne peut exécuter une belle figure en ne consultant que son imagination, à moins qu'il n’ait peuplé sa mémoire d'une multitude de souvenirs. L'art cesse d'être uniquement le produit du sentiment individuel; transmis et appris, il se féconde lui-même. »
La mémoire ! C’est le lieu de rappeler que l’Art de mémoire si nécessaire avant la découverte de l’imprimerie curieusement ne disparaît pas à la Renaissance mais bien au contraire sert de support à la “pensée magique”, il est utile de se rapporter au beau livre éponyme de Frances Yates sur ce sujet.
Il est aisément démontrable, que la découverte (et non la re-découverte) de la perspective, support d’une géométrisation de l’espace, par les humanistes, a ouvert cette “parenthèse analogique” (trop brièvement refermée à mon goût) qui a bouleversé la culture occidentale. Le processus qui a mené à son terme l’élaboration de l’anamorphose fut une opération intellectuelle certainement plus importante pour la géométrie et la philosophie que pour le domaine de l'art, car dès lors l’univers n’apparut plus à l’homme qu’en fonction de distances mesurées par ce dernier, le transformant en spectateur.
Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. Je crois qu’il a inscrit celui-ci et celle-la dans ses gravures et c’est un signe pour ceux qui “voient”, pour nous qui sommes sensiblement dans la même fin de cycle que lui - mais peut-être dans la spire ultime - de retrouver le fil créateur de beauté, par la grâce de “Celui du milieu”, avant que Fukushima et ses soeurs n’aient “raison” de nous !
Merci pour vos encouragements Hiram ! je ne doute pas, au vu de votre style littéraire, que vous êtes véritablement un artiste, il serait intéressant que vous nous présentiez quelques unes de vos oeuvres ?
Point de modestie ! Dürer en pleine possession de son art n’écrivait-il pas “Ce qu’est la beauté, je l’ignore” !
Pour revenir à “son” polyèdre : Le Rosaire des Philosophes dit : "Ce qui a le moindre nombre d'angles est ce qui est plus près de la beauté et de la simplicité" et Cattiaux : “La perfection de la sphère engendre une moindre friction.”
Je retrouve dans mes notes qu’une inscription de Dürer figure en marge d'une feuille d'esquisses pour le putto : « Les clefs signifient le pouvoir, la bourse signifie la richesse » et que les clefs sur ses schémas étaient au nombre de 7. L’ange est donc bien l’anthropomorphisation du Saturne céleste.
Il est temps que je prenne congé !
Note Godel : “
CLAUDE. - Que veulent dire les mots dont vous faites, tour à tour, les pivots de votre définition ? Assimiler, saisir, absorber ?
MENON. - Ils désignent une évidence intérieure, indéfinissable par nature. absorber, assimiler une substance, c'est la rendre semblable à soi. Ainsi en est-il des aliments, lorsque nous les avons incorporés dans l'intimité de nos cellules. Ils s'intègrent dans notre structure.
CLAUDE. - Votre comparaison me parait étrange. Comment l'intelligence s'y prend-elle pour "assimiler" un objet intelligible ?
MENON. - Observez donc le procédé tel qu'il s'accomplit en vous quand, par exemple, un théorème de géométrie vous est démontré. A mesure que les phases de la démonstration se déroulent, votre attention en attire à elle l'argument, l'examine et l'absorbe ou le refuse - au moins provisoirement.
CLAUDE. - Ma question vous est soumise de nouveau. Elle exige impérieusement une réponse, car je présume que la clef de la connaissance est cachée derrière elle. Que se passe-t-il en nous lorsqu'un argument est absorbé et assimilé ? Est-il possible de définir la nature de cet étrange phénomène dont la simplicité nous déconcerte : la conscience d'avoir compris - conscience pure, semble-t-il, et sans forme ?
MENON. - A l'instant exact où s'éclaire la conscience d'avoir compris -
donnez à ce fait le nom qui vous plaira : connaissance, intelligibilité -
l'argument, avec sa forme, ses articulations, cesse de flotter devant nous. Qu'est-il devenu ? Serait-il, maintenant, en quelque sorte inhérent à notre nature au point d'être indissociable de nous-mêmes ? Aussitôt qu'une formulation logique s'est imposée comme vérité intelligible par la force de l'évidence qu'elle porte en elle, nous la faisons nôtre. Elle est incorporée, pour un temps, dans l'intimité de notre conviction. En conséquence, elle a disparu du champ objectif de la conscience - bien qu'elle puisse y reparaître sous une figure nouvelle pour être reconsidérée.
Assimiler un théorème, c'est l'introduire dans le plan d'une évidence intérieure où cessent les oppositions du sujet et de son objet.
CLAUDE. - Si l'univers nous devenait, un jour, entièrement intelligible dans une formulation des lois qui l'ordonnent, comment nous apparaîtrait-il ?
MENON. - Transformé en connaissance l'univers cesse de nous apparaître, la loi dont il est l'expression significative se substituant aux phénomènes et aux formes. Et cette loi cosmique - si elle est correctement formulée - s'évanouit à son tour quand elle a fini de remplir sa fonction qui est d'éveiller la connaissance.
CLAUDE. - Mon cher Menon, vous défiez le sens commun. Je refuse de laisser le monde aller au néant. Un flot d'objections me monte à l'esprit.
MENON. - Présentez-les, je vous prie, une par une, dans l'ordre où elles apparaissent.
CLAUDE. - Le cosmos doit-il se volatiliser par le seul fait qu'il est devenu intelligible ? Quand bien même j'aurais inclus dans une loi compréhensive. la totalité des relations possibles à l'intérieur de l'univers, mes yeux, mes mains continueraient de témoigner qu'il existe des phénomènes, des formes concrètes.
MENON. - Eh bien, accueillez leur témoignage. Les yeux, les mains, l'audition et les autres sens remplissent leurs rôles lorsqu'ils réfèrent à un informateur, en éveil derrière eux, les signes impliqués dans les formes. Je m'explique à l'aide d'un exemple. Une silhouette oblongue, aux tons verts et bruns, surgit contre la lumière d'un fond bleu dans le cadre de votre vision. Qui donc l'identifie et le reconnaît pour être un cyprès devant le ciel ? Est-ce la fonction visuelle brute ? Non pas, certainement. Le mérite en revient à un observateur sensible à la dynamique informative des formes, à un témoin prompt à connaître. Ainsi, toutes les activités sensorielles tendent vers la connaissance et atteignent en elle leur foyer. Elles la rejoignent pour s'y éteindre sur divers plans d'intégration.
Imaginez qu'un enquêteur veuille exploiter à fond les ressources de ses sens accrus par l'instrumentation scientifique pour atteindre une connaissance intégrale dans ses structures et infrastructures de l'univers. A mesure que la recherche progresse, les formes visibles et tangibles en usage dans la vie familière cèdent à des configurations abstraites; que l'intelligence seule saisit. Les lois succèdent aux lois. La pensée investigatrice se fait impersonnelle et son acuité croît. Quand sera atteinte la source initiale d'intelligibilité l'univers sera résolu, à la manière d'une énigme, dans sa pure réalité intelligible.
CLAUDE. - Sera-t-il, pour autant, amené à disparaître ?
MENON. - Lorsqu'un message secret, transmis dans la formule du code, a été déchiffré, qu'advient-il de la formulation ?
CLAUDE. - Elle reste bien visible en noir sur blanc.
MENON. - L'écriture est inséparable, dès après la lecture, de l'intelligibilité du message, car c'est du message que les caractères écrits détiennent leur valeur d'existence. Vous ne pouvez voir en eux, à la suite du déchiffrement, qu'un moyen de communication ; tel est leur sens, noir sur blanc.
CLAUDE. - Vous déclarez - sans en fournir aucune preuve - que l'univers est intelligible, qu'il se laissera un jour réduire entièrement en connaissance. Je suis loin de partager votre espoir. L'investigation scientifique nous conduit d'énigmes en énigmes jusqu'à un état de profond désarroi. Les modalités les plus hardies, les plus subtiles de la pensée sont impuissantes - vous l'avez vous-même reconnu - à nous faire dépasser un certain niveau d'intelligibilité. L'esprit d'investigation se débat sans fin entre l'analyse et la synthèse au milieu des formes qu'il a lui-même sécrétées.
Il n'existe pas, et il n'existera jamais un système rationnel susceptible d'évoquer la somme totale des relations contenues dans l'univers.
MENON. - Je vous demande de rendre justice à nos entretiens précédents. Ils nous ont ouvert une voie au-dessus des frontières de la pensée investigatrice, vers la source d'intelligibilité, elle est en nous, source de vérité, à chaque instant présente et vérifiable par expérience. C'est donc dans l'abîme - ou semblablement à la cime - de notre être que se trouve la solution au problème de l'univers. L'univers, c'est nous.
CLAUDE. - Un bien petit univers, un microcosme !
MENON. - ... sans petitesse, ni grandeur. Un monde de signes, irréductible aux paramètres d'espace-temps.
CLAUDE. - Vous faites évanouir le temps et l'espace en les niant, tout simplement. Ce n'est qu'un tour d"acrobatie verbale ! J'en appelle à l'autorité des astronomes. D'après leurs observations et leurs calculs, l'univers étend son rayon à des milliards d'années-lumières. Contesterez-vous cela aussi ?
MENON. - Je n'aurai pas cette impertinence. Si vous m'y autorisez, j'ajouterai d'autres dimensions aux paramètres en usage. L'univers en expansion, ai-je entendu, est une hyper-sphère, il faut lui accorder les nombreuses coordonnées qu'il exige. Cela ne me trouble aucunement. Je suis prêt à assimiler autant de créations mesurables qu'on en voudra invoquer. Je m'en remets pour cela au jugement des savants dont le credo se transforme et progresse d'année en année.
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
CLAUDE. - Qu'importent à celui-là les milliards d'années-lumière. Sont-elles faites réellement d'espace et de durée ou apparaissent-elles à son regard lucide comme une pensée éphémère, un signe évocateur de distances irréelles, inimaginables ?
MENON. - J'incline à croire que le suprême mesureur ignore les embarras de votre dilemme. La question dont vous faites votre souci -l'espace-temps - existe-t-il en réalité ou n'est-ce qu'une valeur abstraite applicable à la mesure du monde empirique ? Ce problème n'offre aucun sens pour lui.
CLAUDE. - Je renonce pour le moment à vous harceler de mes objections. Répondez à une seule demande : quand Socrate se laissait absorber dans cet état singulier dont la puissance l'immobilisait parfois d'une aube à l'aube suivante, l'univers lui apparaissait-il encore ? Ma question est peut-être insolite. A-t-il fait part de son expérience au cours des dialogues avec ses disciples ?
MENON. - Tous ses entretiens avec nous préparaient cette fin : éveiller en ses auditeurs l'expérience. Ses paroles, je ne sais comment, perçaient la brume du sommeil. Les regards devenaient clairs devant lui et la pupille s'élargissait.
CLAUDE. - Par l'ouverture de cette pupille, quel paysage de l'univers aperceviez-vous ?
MENON. - Un univers sans paysage ni couleurs.
CLAUDE.- Quelle triste vision, appauvrie et sans beauté !
MENON. - Ne consultez pas votre imagination, elle vous tromperait grossièrement. Sa fonction se déroule dans un monde de formes et l'incite à créer une diversité d'images et d'émotions. Incapable, par conséquent, d'accéder à l'altitude de l'expérience, elle bâtira pour vous satisfaire un décor de fantaisie, une mise en scène, une vision faussement mystique.
Or l'expérience refuse toute vision de forme, de substance, de couleur. Sa nature est indescriptible. Aucune parole ne la qualifie authentiquement. On la trahirait à vouloir la nommer Savoir, Harmonie, Beauté, Joie ou Amour. Leurs majuscules n'ajoutent rien à la petitesse des mots.
La réalité de l'expérience absorbe en elle et inclut le balbutiement enfantin de tant de vaines paroles. Elle établit aussi leur suprême consécration et les justifie.”
Cordialement,
C...a
Ah ! Il fallait être costaud pour transporter sur les chemins, remplie d’eau, cette courge à la clef de Sol(eil). Je plaisante ! celle-ci était le modèle familial.
Dürer : “L´erreur est dans la perception, l´obscurité étant si grande au fond de nous que notre tentative est déjà vouée à l´échec. »
Ce cher Laposse écrit : “Je suis plus dans le doute au sujet d'un visage christique dans la face éclairée du polyèdre :
On est à la limite de l'auto-suggestion. Comme dans les tests psychologiques de Rorschach ("que voyez-vous dans ces taches ?"). Mais pourquoi pas ?”
Question ô combien légitime ! Mais peut-être pas de l’ordre des tests de Rorschach, car de prime j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un effet voulu de lumière par le graveur sur la “coupe” de la pierre, or c’est - de même que la pierre de la Lune de Vieville - le pur raisonnement analogique qui m’a “montré” ce visage du Christ/Hermès.
Il y a quelque temps j’étudiais ainsi le Pendu (XII) du Tarot de Conver, le faisceau de convergence des éléments de la carte pointait vers le “en haut” et “au milieu” de la carte, le quaternaire des “éléments” m’apparaissait suspendu par le ternaire de l’instrument de supplice, c’est alors que je vis dans la carte retournée la corde dessinant un 4. Je développais plus tard devant des amis le raisonnement analogique conduisant à la connaissance de cette carte, en prenant garde de ne pas projeter mes fantasmes en indiquant cette corde que je ne pouvais plus voir désormais que dessinant un 4 ! C’est alors qu’un enfant traversant la pièce s’arrêta pour regarder cette carte avec nous et dit :”oh ! il y a un 4 dessiné dans la corde” ! Je le félicitai de cette découverte, mais ses parents mirent un certain temps à “assimiler” ce fait ! (NOTE : Godel, en fin de post)
Regardant ce matin le polyèdre qu’a isolé Laposse, je le vis sans image nette, j’ai pensé que cette isolation du contexte rendait l’expérience moins concluante, j’allais pour chercher l’image sur Wiki, mais ce fut inutile, penser à l’image totale rendit immédiatement le visage en “perspective”, je ne verrais plus jamais le polyèdre de Dürer sans visage. Il reste à montrer en quoi cette nouvelle vision est source désaliènante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melencolia_de_D%C3%BCrer
Subjectivité ? Ni subjectivité, ni objectivité, mais les deux “confondus” en trois ! Personne (sur ce fil) n’a “vu” le carré de Dürer comme moi de manière analogique, DONC personne ne pouvait voir ce visage ; mais le processus qui m’a amené à “voir” (et non à interpréter), correctement mené à son terme ne peut que montrer un visage dans la pierre. Amenez-moi un enfant de 4 ans !
C’est une autre type d’image que bâtit le cerveau avec le raisonnement analogique, il dissout l’empreinte de la première image vue de manière naturaliste et place la première en mémoire. Les nouvelles connections induites dans le cerveau sont en rapport (si je puis dire !) avec “l’intelligence en acte” selon Paul Mouy :
« si la notion de rapport est une notion très générale et très intellectuelle... Sa valeur vient d'ailleurs que de l'expérience, donc de l'esprit, le rapport lui même est l'intelligence en acte. »
(Les mathématiques et l'idéalisme philosophique, in « Les grands courants de la pensée mathématique », Cahiers du Sud 1948)
J’écrivis naguère que cette “intelligence en acte“ résout dans l’unité tous les modes de vision possibles dans ce système appelé “perspective“ qui transforme la matière en mesures et nombres; l’espace nécessaire à ces transformations s’exprimant dans toute sa valeur par les figures de la géométrie.
Mon postulat de départ pour déchiffrer Melencolia-I était que Dürer n’était pas un homme de la tradition scolastique mais un humaniste, cela était évident : il signe ses oeuvres en les datant et multiplie les autoportraits. Toute compréhension d’une oeuvre qui, comme celle-ci, s’exprime par le "langage occulte" se fera donc dans un premier temps par la re-création de tous les liens symboliques qui ont tissé les analogies, ensuite par l’organisation de ces liens en harmonisant les concordances et les similarités de l’oeuvre. En reliant toutes les ressemblances unissant les concepts ou les réalités, une synthèse signifiante apparaît alors.
Ernst Bloch écrit que Paracelse accomplira l’apothéose de cette pensée analogique :
« Au commencement de la doctrine : le dedans et le dehors vont toujours ensemble. Le mot « dedans » ne s'entend pas chez Bruno et Campanella, parce que continu. Le beau regard italien sur le monde, sur ici-bas, n'est certes pas méprisé par le médecin philosophe, mais la face interne de l'ici-bas, le côté concave, pour ainsi dire, est maintenant perçu et mis en évidence, et de telle manière que ni le dedans ne fait oublier le dehors, ni le dehors le dedans. Ce qui est dehors est dedans et ce qui est dedans est dehors ; et plus encore : au « dedans » correspond un en-bas, et surtout au « dehors » l'au-dessus de l'en-voûte cosmique : ce qui est en-bas est également en haut, ce qui 'est en haut est également en bas. Le monde est donc un grand réseau de correspondances de l'intérieur à l'extérieur et inversement. Et le monde n'est reconnaissable que lorsque l'homme, donc l'intérieur, le subjectif, est saisi comme son premier, et simultanément comme le fruit du monde. Non pas que l'extérieur eût été engendré par l'intérieur ; mais sans l'intérieur nous manque la clef pour ouvrir l'extérieur. Cette pensée, Paracelse la projette maintenant sur l'immensité de l'univers extérieur, car bien plus encore l'intérieur de l'homme n'est intelligible qu'induit du monde comme le fruit de la semence. Ainsi la philosophie a pour seul objet la Nature. La philosophie elle-même, pense Paracelse. n'est rien d'autre que la Nature invisible, et la Nature la philosophie devenue visible, manifeste. » Ernst Bloch, Vorlesungen zur Philosophie der Renaissance, Francfort, 1972, p. 60; Philosophie de la Renaissance, Paris, 1974.
Dürer était un précurseur :
« Regarde attentivement la nature, dirige-toi d'après elle et ne t'en écarte pas, t'imaginant que tu trouveras mieux par toi-même. Ce serait une illusion; l'art est vraiment caché dans la nature; celui qui peut l'en tirer le possédera. Plus la forme de ton œuvre est semblable à la forme vivante, plus ton oeuvre parait bonne. Cela est certain. N'aie donc jamais la pensée de faire quelque chose de meilleur que ce que Dieu a fait, car ta puissance est un pur néant en face de l'activité créatrice de Dieu... Aucun homme ne peut exécuter une belle figure en ne consultant que son imagination, à moins qu'il n’ait peuplé sa mémoire d'une multitude de souvenirs. L'art cesse d'être uniquement le produit du sentiment individuel; transmis et appris, il se féconde lui-même. »
La mémoire ! C’est le lieu de rappeler que l’Art de mémoire si nécessaire avant la découverte de l’imprimerie curieusement ne disparaît pas à la Renaissance mais bien au contraire sert de support à la “pensée magique”, il est utile de se rapporter au beau livre éponyme de Frances Yates sur ce sujet.
Il est aisément démontrable, que la découverte (et non la re-découverte) de la perspective, support d’une géométrisation de l’espace, par les humanistes, a ouvert cette “parenthèse analogique” (trop brièvement refermée à mon goût) qui a bouleversé la culture occidentale. Le processus qui a mené à son terme l’élaboration de l’anamorphose fut une opération intellectuelle certainement plus importante pour la géométrie et la philosophie que pour le domaine de l'art, car dès lors l’univers n’apparut plus à l’homme qu’en fonction de distances mesurées par ce dernier, le transformant en spectateur.
Dürer nous a dit que : “Le mystérieux trésor amassé au fond du cœur se répand alors au moyen des œuvres” et a parlé “de la nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible”. Je crois qu’il a inscrit celui-ci et celle-la dans ses gravures et c’est un signe pour ceux qui “voient”, pour nous qui sommes sensiblement dans la même fin de cycle que lui - mais peut-être dans la spire ultime - de retrouver le fil créateur de beauté, par la grâce de “Celui du milieu”, avant que Fukushima et ses soeurs n’aient “raison” de nous !
Merci pour vos encouragements Hiram ! je ne doute pas, au vu de votre style littéraire, que vous êtes véritablement un artiste, il serait intéressant que vous nous présentiez quelques unes de vos oeuvres ?
Point de modestie ! Dürer en pleine possession de son art n’écrivait-il pas “Ce qu’est la beauté, je l’ignore” !
Pour revenir à “son” polyèdre : Le Rosaire des Philosophes dit : "Ce qui a le moindre nombre d'angles est ce qui est plus près de la beauté et de la simplicité" et Cattiaux : “La perfection de la sphère engendre une moindre friction.”
Je retrouve dans mes notes qu’une inscription de Dürer figure en marge d'une feuille d'esquisses pour le putto : « Les clefs signifient le pouvoir, la bourse signifie la richesse » et que les clefs sur ses schémas étaient au nombre de 7. L’ange est donc bien l’anthropomorphisation du Saturne céleste.
Il est temps que je prenne congé !
Note Godel : “
CLAUDE. - Que veulent dire les mots dont vous faites, tour à tour, les pivots de votre définition ? Assimiler, saisir, absorber ?
MENON. - Ils désignent une évidence intérieure, indéfinissable par nature. absorber, assimiler une substance, c'est la rendre semblable à soi. Ainsi en est-il des aliments, lorsque nous les avons incorporés dans l'intimité de nos cellules. Ils s'intègrent dans notre structure.
CLAUDE. - Votre comparaison me parait étrange. Comment l'intelligence s'y prend-elle pour "assimiler" un objet intelligible ?
MENON. - Observez donc le procédé tel qu'il s'accomplit en vous quand, par exemple, un théorème de géométrie vous est démontré. A mesure que les phases de la démonstration se déroulent, votre attention en attire à elle l'argument, l'examine et l'absorbe ou le refuse - au moins provisoirement.
CLAUDE. - Ma question vous est soumise de nouveau. Elle exige impérieusement une réponse, car je présume que la clef de la connaissance est cachée derrière elle. Que se passe-t-il en nous lorsqu'un argument est absorbé et assimilé ? Est-il possible de définir la nature de cet étrange phénomène dont la simplicité nous déconcerte : la conscience d'avoir compris - conscience pure, semble-t-il, et sans forme ?
MENON. - A l'instant exact où s'éclaire la conscience d'avoir compris -
donnez à ce fait le nom qui vous plaira : connaissance, intelligibilité -
l'argument, avec sa forme, ses articulations, cesse de flotter devant nous. Qu'est-il devenu ? Serait-il, maintenant, en quelque sorte inhérent à notre nature au point d'être indissociable de nous-mêmes ? Aussitôt qu'une formulation logique s'est imposée comme vérité intelligible par la force de l'évidence qu'elle porte en elle, nous la faisons nôtre. Elle est incorporée, pour un temps, dans l'intimité de notre conviction. En conséquence, elle a disparu du champ objectif de la conscience - bien qu'elle puisse y reparaître sous une figure nouvelle pour être reconsidérée.
Assimiler un théorème, c'est l'introduire dans le plan d'une évidence intérieure où cessent les oppositions du sujet et de son objet.
CLAUDE. - Si l'univers nous devenait, un jour, entièrement intelligible dans une formulation des lois qui l'ordonnent, comment nous apparaîtrait-il ?
MENON. - Transformé en connaissance l'univers cesse de nous apparaître, la loi dont il est l'expression significative se substituant aux phénomènes et aux formes. Et cette loi cosmique - si elle est correctement formulée - s'évanouit à son tour quand elle a fini de remplir sa fonction qui est d'éveiller la connaissance.
CLAUDE. - Mon cher Menon, vous défiez le sens commun. Je refuse de laisser le monde aller au néant. Un flot d'objections me monte à l'esprit.
MENON. - Présentez-les, je vous prie, une par une, dans l'ordre où elles apparaissent.
CLAUDE. - Le cosmos doit-il se volatiliser par le seul fait qu'il est devenu intelligible ? Quand bien même j'aurais inclus dans une loi compréhensive. la totalité des relations possibles à l'intérieur de l'univers, mes yeux, mes mains continueraient de témoigner qu'il existe des phénomènes, des formes concrètes.
MENON. - Eh bien, accueillez leur témoignage. Les yeux, les mains, l'audition et les autres sens remplissent leurs rôles lorsqu'ils réfèrent à un informateur, en éveil derrière eux, les signes impliqués dans les formes. Je m'explique à l'aide d'un exemple. Une silhouette oblongue, aux tons verts et bruns, surgit contre la lumière d'un fond bleu dans le cadre de votre vision. Qui donc l'identifie et le reconnaît pour être un cyprès devant le ciel ? Est-ce la fonction visuelle brute ? Non pas, certainement. Le mérite en revient à un observateur sensible à la dynamique informative des formes, à un témoin prompt à connaître. Ainsi, toutes les activités sensorielles tendent vers la connaissance et atteignent en elle leur foyer. Elles la rejoignent pour s'y éteindre sur divers plans d'intégration.
Imaginez qu'un enquêteur veuille exploiter à fond les ressources de ses sens accrus par l'instrumentation scientifique pour atteindre une connaissance intégrale dans ses structures et infrastructures de l'univers. A mesure que la recherche progresse, les formes visibles et tangibles en usage dans la vie familière cèdent à des configurations abstraites; que l'intelligence seule saisit. Les lois succèdent aux lois. La pensée investigatrice se fait impersonnelle et son acuité croît. Quand sera atteinte la source initiale d'intelligibilité l'univers sera résolu, à la manière d'une énigme, dans sa pure réalité intelligible.
CLAUDE. - Sera-t-il, pour autant, amené à disparaître ?
MENON. - Lorsqu'un message secret, transmis dans la formule du code, a été déchiffré, qu'advient-il de la formulation ?
CLAUDE. - Elle reste bien visible en noir sur blanc.
MENON. - L'écriture est inséparable, dès après la lecture, de l'intelligibilité du message, car c'est du message que les caractères écrits détiennent leur valeur d'existence. Vous ne pouvez voir en eux, à la suite du déchiffrement, qu'un moyen de communication ; tel est leur sens, noir sur blanc.
CLAUDE. - Vous déclarez - sans en fournir aucune preuve - que l'univers est intelligible, qu'il se laissera un jour réduire entièrement en connaissance. Je suis loin de partager votre espoir. L'investigation scientifique nous conduit d'énigmes en énigmes jusqu'à un état de profond désarroi. Les modalités les plus hardies, les plus subtiles de la pensée sont impuissantes - vous l'avez vous-même reconnu - à nous faire dépasser un certain niveau d'intelligibilité. L'esprit d'investigation se débat sans fin entre l'analyse et la synthèse au milieu des formes qu'il a lui-même sécrétées.
Il n'existe pas, et il n'existera jamais un système rationnel susceptible d'évoquer la somme totale des relations contenues dans l'univers.
MENON. - Je vous demande de rendre justice à nos entretiens précédents. Ils nous ont ouvert une voie au-dessus des frontières de la pensée investigatrice, vers la source d'intelligibilité, elle est en nous, source de vérité, à chaque instant présente et vérifiable par expérience. C'est donc dans l'abîme - ou semblablement à la cime - de notre être que se trouve la solution au problème de l'univers. L'univers, c'est nous.
CLAUDE. - Un bien petit univers, un microcosme !
MENON. - ... sans petitesse, ni grandeur. Un monde de signes, irréductible aux paramètres d'espace-temps.
CLAUDE. - Vous faites évanouir le temps et l'espace en les niant, tout simplement. Ce n'est qu'un tour d"acrobatie verbale ! J'en appelle à l'autorité des astronomes. D'après leurs observations et leurs calculs, l'univers étend son rayon à des milliards d'années-lumières. Contesterez-vous cela aussi ?
MENON. - Je n'aurai pas cette impertinence. Si vous m'y autorisez, j'ajouterai d'autres dimensions aux paramètres en usage. L'univers en expansion, ai-je entendu, est une hyper-sphère, il faut lui accorder les nombreuses coordonnées qu'il exige. Cela ne me trouble aucunement. Je suis prêt à assimiler autant de créations mesurables qu'on en voudra invoquer. Je m'en remets pour cela au jugement des savants dont le credo se transforme et progresse d'année en année.
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
CLAUDE. - Qu'importent à celui-là les milliards d'années-lumière. Sont-elles faites réellement d'espace et de durée ou apparaissent-elles à son regard lucide comme une pensée éphémère, un signe évocateur de distances irréelles, inimaginables ?
MENON. - J'incline à croire que le suprême mesureur ignore les embarras de votre dilemme. La question dont vous faites votre souci -l'espace-temps - existe-t-il en réalité ou n'est-ce qu'une valeur abstraite applicable à la mesure du monde empirique ? Ce problème n'offre aucun sens pour lui.
CLAUDE. - Je renonce pour le moment à vous harceler de mes objections. Répondez à une seule demande : quand Socrate se laissait absorber dans cet état singulier dont la puissance l'immobilisait parfois d'une aube à l'aube suivante, l'univers lui apparaissait-il encore ? Ma question est peut-être insolite. A-t-il fait part de son expérience au cours des dialogues avec ses disciples ?
MENON. - Tous ses entretiens avec nous préparaient cette fin : éveiller en ses auditeurs l'expérience. Ses paroles, je ne sais comment, perçaient la brume du sommeil. Les regards devenaient clairs devant lui et la pupille s'élargissait.
CLAUDE. - Par l'ouverture de cette pupille, quel paysage de l'univers aperceviez-vous ?
MENON. - Un univers sans paysage ni couleurs.
CLAUDE.- Quelle triste vision, appauvrie et sans beauté !
MENON. - Ne consultez pas votre imagination, elle vous tromperait grossièrement. Sa fonction se déroule dans un monde de formes et l'incite à créer une diversité d'images et d'émotions. Incapable, par conséquent, d'accéder à l'altitude de l'expérience, elle bâtira pour vous satisfaire un décor de fantaisie, une mise en scène, une vision faussement mystique.
Or l'expérience refuse toute vision de forme, de substance, de couleur. Sa nature est indescriptible. Aucune parole ne la qualifie authentiquement. On la trahirait à vouloir la nommer Savoir, Harmonie, Beauté, Joie ou Amour. Leurs majuscules n'ajoutent rien à la petitesse des mots.
La réalité de l'expérience absorbe en elle et inclut le balbutiement enfantin de tant de vaines paroles. Elle établit aussi leur suprême consécration et les justifie.”
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Mais oui : Ménon, quel talent !
J'admire sa capacité à décrire comment intégrer en soi des perceptions non évidentes.
Pour en revenir au polyèdre, je constate qu'il est effectivement plus aisé d'apercevoir un visage christique sur l'image originale, en prenant un certain recul (petite échelle).
J'avais tenté une mise en évidence en modifiant le contraste et la luminosité, en isolant cette face (du polyèdre / du Christ) et en lui imprimant une rotation, et - de fait - le résultat n'est pas formidable. Après traitement par mes soins, ce Christ ressemblerait plutôt vaguement à Jean Rochefort dans le rôle de Richelieu (après avoir percuté le chambranle d'une porte) !
Restons-en donc à l'original, en notant une fois de plus que c'est le changement de perspective (ou d'échelle, telle celle représentée à l'arrière-plan de la gravure) qui fait voir les choses différemment.
Nous avions déjà rencontré ce cas de figure dans le sujet Fulcanelli, où Henri Schersch prenait l'exemple de la peinture de Salvador Dali "Abraham Lincoln" pour démontrer qu'un recul (changement de perspective, changement d'échelle) nous faisait voir les choses autrement :
Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité".
J'admire sa capacité à décrire comment intégrer en soi des perceptions non évidentes.
Pour en revenir au polyèdre, je constate qu'il est effectivement plus aisé d'apercevoir un visage christique sur l'image originale, en prenant un certain recul (petite échelle).
J'avais tenté une mise en évidence en modifiant le contraste et la luminosité, en isolant cette face (du polyèdre / du Christ) et en lui imprimant une rotation, et - de fait - le résultat n'est pas formidable. Après traitement par mes soins, ce Christ ressemblerait plutôt vaguement à Jean Rochefort dans le rôle de Richelieu (après avoir percuté le chambranle d'une porte) !
Restons-en donc à l'original, en notant une fois de plus que c'est le changement de perspective (ou d'échelle, telle celle représentée à l'arrière-plan de la gravure) qui fait voir les choses différemment.
Nous avions déjà rencontré ce cas de figure dans le sujet Fulcanelli, où Henri Schersch prenait l'exemple de la peinture de Salvador Dali "Abraham Lincoln" pour démontrer qu'un recul (changement de perspective, changement d'échelle) nous faisait voir les choses autrement :
Henri Schersch a écrit:Cette monumentale peinture (4,20m de haut !) est exposée au Musée Dali, à Figueras (Catalogne). Il en existe plusieurs versions.
Mais pourquoi donc cette peinture est-elle intitulée Lincoln, alors qu’on voit en réalité Gala, l’épouse du peintre, nue, de dos, regardant la mer au travers d’une fenêtre en forme de croix, depuis une pièce carrelée de faïences ? A cause du petit carrelage en bas à gauche représentant Abraham Lincoln ?
Non. Pas du tout. La réponse se trouve loin de votre ordinateur : prenez du recul ! Beaucoup de recul ! Enormément de recul : cinq mètres au moins ; encore plus si possible. Et alors vous aurez tout compris.
Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité".
Laposse- Nombre de messages : 242
Age : 55
Date d'inscription : 05/04/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Toujours un humour décapant Laposse ! Messie, messie.
perspective = échelle, chaTpeau ! Un chapeau avec un Tau, c’est plus rigolo.
“Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité"”, euh ? Petite forme sur ce COUP, le chambranle de la porte ne t’as épargné non plus !
L’essentiel est dans l’accès à la conscience sans objet non dans la compréhension forcément limitée que l’intellect se fait : conscience de... l’objet, il n’y pas de lien entre le mental et la conscience, si ce n’est qu’il en est un produit mais ne peut le “réaliser”, d’où l’impasse du Développement pépèresonnel. Le recul physique procure le basculement du mental dans l’exemple de Henri Schersch à la condition que nous “réalisions” que c’est dans l’intention de l’auteur de nous faire déplacer physiquement pour qu’une autre image apparaisse au mental.
Avec Dürer, on est sur un tout autre plan, une fois le “théorème” produit par les liens analogiques, dont les plus intenses sont ceux qui relient le carré de Jupiter à la taille de la pierre, une fois que le “théorème” est assimilé une image apparaît dans le polyèdre, une fois pour toutes. La distance avec la gravure (toute entière) ne joue pas plus que pour les dimensions de n’importe quelle imageu, elle n’est pas la condition.
Je me suis posé la question de la nature de cette image. J’ai repensé aux phrases de Dûrer citées en amont, cette “nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible” doit lui ressembler, il s’est déjà représenté en Christ ai-je lu quelque part, enfin j’ai trouvé cet autoportrait assez convaincant... pour moi !
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
Waow ! Pas de doute ça l’fait !
Amicalement,
Charly
perspective = échelle, chaTpeau ! Un chapeau avec un Tau, c’est plus rigolo.
“Changement de point de vue = changement de perception de la "réalité"”, euh ? Petite forme sur ce COUP, le chambranle de la porte ne t’as épargné non plus !
L’essentiel est dans l’accès à la conscience sans objet non dans la compréhension forcément limitée que l’intellect se fait : conscience de... l’objet, il n’y pas de lien entre le mental et la conscience, si ce n’est qu’il en est un produit mais ne peut le “réaliser”, d’où l’impasse du Développement pépèresonnel. Le recul physique procure le basculement du mental dans l’exemple de Henri Schersch à la condition que nous “réalisions” que c’est dans l’intention de l’auteur de nous faire déplacer physiquement pour qu’une autre image apparaisse au mental.
Avec Dürer, on est sur un tout autre plan, une fois le “théorème” produit par les liens analogiques, dont les plus intenses sont ceux qui relient le carré de Jupiter à la taille de la pierre, une fois que le “théorème” est assimilé une image apparaît dans le polyèdre, une fois pour toutes. La distance avec la gravure (toute entière) ne joue pas plus que pour les dimensions de n’importe quelle imageu, elle n’est pas la condition.
Je me suis posé la question de la nature de cette image. J’ai repensé aux phrases de Dûrer citées en amont, cette “nouvelle créature que l'on tire de son sein en lui donnant une forme sensible” doit lui ressembler, il s’est déjà représenté en Christ ai-je lu quelque part, enfin j’ai trouvé cet autoportrait assez convaincant... pour moi !
Cependant permettez-moi, a la fin d'une journée d'épreuve, d'aller retrouver, dans la connaissance de sa paix, le mesureur de l'incommensurable.
Waow ! Pas de doute ça l’fait !
Amicalement,
Charly
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour à tous,
Charly je trouve très intéressant
d'associer le portrait de la pierre
à un autoportrait de Dürer.
Point très perspicace que vous apportez:
"Avec Dürer, on est sur un tout autre plan..."
Vous annoncez la gravure comme Porte.
Je pars pour deux (2) semaines
dans la forêt avec mon chien Phoenix,
pour dessiner et découvrir les enseignements du chien en pleine nature.
J’essaierai par le village (où il y a un ordinateur) de rester en contact avec le site.
Inch Allah !
Pour un minimum de contact. De retour au plus tard le 12 août.
Fraternelles Salutations à tous et proffitez de l'Été,
Hiram
Le Soufre Rouge
Charly je trouve très intéressant
d'associer le portrait de la pierre
à un autoportrait de Dürer.
Point très perspicace que vous apportez:
"Avec Dürer, on est sur un tout autre plan..."
Vous annoncez la gravure comme Porte.
Je pars pour deux (2) semaines
dans la forêt avec mon chien Phoenix,
pour dessiner et découvrir les enseignements du chien en pleine nature.
J’essaierai par le village (où il y a un ordinateur) de rester en contact avec le site.
Inch Allah !
Pour un minimum de contact. De retour au plus tard le 12 août.
Fraternelles Salutations à tous et proffitez de l'Été,
Hiram
Le Soufre Rouge
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour Charly,
Tempus fugit…
Vous lire est un plaisir,
et je m’excuse pour le peu de dialogue de ces derniers jours.
Les préparatifs pour le retour en forêt
ne devraient pas être un prétexte pour ne pas interréagir
après l’énergie fraternelle que vous mettez à vos posts,
ils sont remplis de générosité.
Le dialogue Godel est très instructif, socratique,
Il fait accoucher l’âme.
Le visage de Dürer dans et sur la pierre…
La citation de Paracelse, juste à point.
Etc..
Je vais vous préparer une réponse plus élaborée
et j’essaierai d’être à la hauteur;
les artistes et le coq à l’âne vous savez…
Est-ce de l'hermétisme ?
Il me fait plaisir d’acquiescer à votre demande
et de joindre quelques œuvres.
Vous avez le droit de vous prononcer.
Dessein du dessin
espace, forme,
la forme par en-dedans...
L'Oeil entre les pointes du compas.
Fraternellement,
Hiram
Tempus fugit…
Vous lire est un plaisir,
et je m’excuse pour le peu de dialogue de ces derniers jours.
Les préparatifs pour le retour en forêt
ne devraient pas être un prétexte pour ne pas interréagir
après l’énergie fraternelle que vous mettez à vos posts,
ils sont remplis de générosité.
Le dialogue Godel est très instructif, socratique,
Il fait accoucher l’âme.
Le visage de Dürer dans et sur la pierre…
La citation de Paracelse, juste à point.
Etc..
Je vais vous préparer une réponse plus élaborée
et j’essaierai d’être à la hauteur;
les artistes et le coq à l’âne vous savez…
Est-ce de l'hermétisme ?
Il me fait plaisir d’acquiescer à votre demande
et de joindre quelques œuvres.
Vous avez le droit de vous prononcer.
Dessein du dessin
espace, forme,
la forme par en-dedans...
L'Oeil entre les pointes du compas.
Fraternellement,
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Pour le plaisir de tous
voici le feu de Zoroastre :
Le feu de zoroastre - Iran, Voyage aux Confins de la Terre
(En langue anglaise - haute qualité, visualisation plein écran conseillée)
Hiram
voici le feu de Zoroastre :
Le feu de zoroastre - Iran, Voyage aux Confins de la Terre
(En langue anglaise - haute qualité, visualisation plein écran conseillée)
Hiram
Hiram- Nombre de messages : 41
Age : 76
Date d'inscription : 19/07/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
Joli coup de crayon Hiram ! Bonnes vacances forestières, et bonnes vacances à tous ceux qui partent en août.
Dürer hermétiste ?
John Dee sur les traces d’Agrippa et de Trithème avait suivi la filière des imprimeurs et l’un de ceux-ci Wilhem Sylvius (“my singular good friend Sylvio” dixit Dee) avait publié la Monas Hiroglyphica avec un frontispice signé des symboles de la “rosée croissante” ou de la “ rosée cuite” des décennies avant la parution des manifestes R + C. L’étude des marques d’imprimeurs est très intéressante, elle révèle le plus souvent de hautes connaissances en hermétisme. Dürer avait des amis imprimeurs et dessina même celle de Friedrich Rieder en 1493 à Freiburg.
Son goût pour l’héraldisme l’a conduit après son anoblissement à graver sur bois diverses déclinaisons de ses armoiries, celle dite “au coq” est digne d’intérêt :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951303t
Sur un curieux heaume est juché un coq, symbole d’Hermès/Mercure, Dürer a écrit qu’il devait à ce signe son don pour la peinture. Sur l’écu allemand est étrangement représenté non pas le lion allemand mais le lion italien qui a 3 queues et des pattes à seulement 3 griffes. Au coq volatil(e) en haut correspond en bas le lion ardent et fixe, puissant dissolvant qui est vert pâteux au début de l’oeuvre, et rouge et solide à la fin. Le nombre 3 est intentionnel ; il est sur le heaume décliné par le signe de l’eau, triangle pointe en bas. De ce heaume qui unit le haut et le bas sortent des volutes et des arabesques qui peuvent le qualifier d’athanor (a-thanatos) et de fait, au bord de la collerette sont deux demi-trous en-dessous du triangle d’eau, cette quinte-essence peut évoquer visuellement la mort dissolvante, source d’une nouvelle vie.
Dans les “armoiries de la mort”, Dürer place l’écu allemand à la tête de mort sur une pierre taillée avec sa marque, et 3 pierres, 3 cailloux, sont montrés plus loin :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69513047.r=.langFR
On notera dans les Armoiries de la famille Behaim (cliquez que l’image) le gôut très prononcé du graveur pour les arabesques et la spirale en bas de gravure.
Ce qui nous ramène à Melencolia I, le signe entre le mot et la lettre (ou le nombre) est constiuté d’une point fixe sur lequel tournent une spirale dextrogyre et une levogyre.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Dans l’Antiquité la spirale dextrogyre était dédiée à Pallas/Minerve, sagesse et vie éternelle, et la spirale lévogyre à son adversaire Poséidon/Neptune le dieu au trident des océans en furie, ainsi que l'« ébranleur du sol » porteur de mort et responsable des tremblements de terre.
Les cartiers tels que Dodal (1701) ont décliné la spirale sur le trône du Roy d’espée, c’est la production de la nature symbolisée par une plante ; de plus le Deux de Deniers du Tarot est la double spirale génératrice de vie par excellence, y alternent les motifs quaternaires et des arabesques et des deux extrémités sortent des feuilles et/ou des boutons de fleurs . La tardive tradition dite de Marseille redouble le symbolisme, sur le trône du Roi d’Epée on voit une spirale avec un “fer” se terminant par un H et deux feuilles sur la tige, on ne peut être plus clair ! Le Deux de Deniers reproduit deux double spirales sur le circuit serpentiforme :
Deux de Deniers
Certains commentateurs relèvent le très haut niveau de culture de Dürer et insistent pour dire que le “e” de Melencolia est intentionnel, ayant déjà relevé des occurrences de ce mot dans des lettres du peintre/graveur correctement orthographié avec un “a”. Il est proposé une anagramme latine signifiant “la porte du ciel”, le nom de Dürer d’origine hongroise signifierait : porte, et il a souvent dessiné des portes dans ses armoiries.
Pour les amateurs voici d’admirables spirales :
http://www.pileface.com/sollers/plugins/zenphoto/spirale/
Cordialement,
C...a
Joli coup de crayon Hiram ! Bonnes vacances forestières, et bonnes vacances à tous ceux qui partent en août.
Dürer hermétiste ?
John Dee sur les traces d’Agrippa et de Trithème avait suivi la filière des imprimeurs et l’un de ceux-ci Wilhem Sylvius (“my singular good friend Sylvio” dixit Dee) avait publié la Monas Hiroglyphica avec un frontispice signé des symboles de la “rosée croissante” ou de la “ rosée cuite” des décennies avant la parution des manifestes R + C. L’étude des marques d’imprimeurs est très intéressante, elle révèle le plus souvent de hautes connaissances en hermétisme. Dürer avait des amis imprimeurs et dessina même celle de Friedrich Rieder en 1493 à Freiburg.
Son goût pour l’héraldisme l’a conduit après son anoblissement à graver sur bois diverses déclinaisons de ses armoiries, celle dite “au coq” est digne d’intérêt :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951303t
Sur un curieux heaume est juché un coq, symbole d’Hermès/Mercure, Dürer a écrit qu’il devait à ce signe son don pour la peinture. Sur l’écu allemand est étrangement représenté non pas le lion allemand mais le lion italien qui a 3 queues et des pattes à seulement 3 griffes. Au coq volatil(e) en haut correspond en bas le lion ardent et fixe, puissant dissolvant qui est vert pâteux au début de l’oeuvre, et rouge et solide à la fin. Le nombre 3 est intentionnel ; il est sur le heaume décliné par le signe de l’eau, triangle pointe en bas. De ce heaume qui unit le haut et le bas sortent des volutes et des arabesques qui peuvent le qualifier d’athanor (a-thanatos) et de fait, au bord de la collerette sont deux demi-trous en-dessous du triangle d’eau, cette quinte-essence peut évoquer visuellement la mort dissolvante, source d’une nouvelle vie.
Dans les “armoiries de la mort”, Dürer place l’écu allemand à la tête de mort sur une pierre taillée avec sa marque, et 3 pierres, 3 cailloux, sont montrés plus loin :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69513047.r=.langFR
On notera dans les Armoiries de la famille Behaim (cliquez que l’image) le gôut très prononcé du graveur pour les arabesques et la spirale en bas de gravure.
Ce qui nous ramène à Melencolia I, le signe entre le mot et la lettre (ou le nombre) est constiuté d’une point fixe sur lequel tournent une spirale dextrogyre et une levogyre.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Dans l’Antiquité la spirale dextrogyre était dédiée à Pallas/Minerve, sagesse et vie éternelle, et la spirale lévogyre à son adversaire Poséidon/Neptune le dieu au trident des océans en furie, ainsi que l'« ébranleur du sol » porteur de mort et responsable des tremblements de terre.
Les cartiers tels que Dodal (1701) ont décliné la spirale sur le trône du Roy d’espée, c’est la production de la nature symbolisée par une plante ; de plus le Deux de Deniers du Tarot est la double spirale génératrice de vie par excellence, y alternent les motifs quaternaires et des arabesques et des deux extrémités sortent des feuilles et/ou des boutons de fleurs . La tardive tradition dite de Marseille redouble le symbolisme, sur le trône du Roi d’Epée on voit une spirale avec un “fer” se terminant par un H et deux feuilles sur la tige, on ne peut être plus clair ! Le Deux de Deniers reproduit deux double spirales sur le circuit serpentiforme :
Deux de Deniers
Certains commentateurs relèvent le très haut niveau de culture de Dürer et insistent pour dire que le “e” de Melencolia est intentionnel, ayant déjà relevé des occurrences de ce mot dans des lettres du peintre/graveur correctement orthographié avec un “a”. Il est proposé une anagramme latine signifiant “la porte du ciel”, le nom de Dürer d’origine hongroise signifierait : porte, et il a souvent dessiné des portes dans ses armoiries.
Pour les amateurs voici d’admirables spirales :
http://www.pileface.com/sollers/plugins/zenphoto/spirale/
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Votre avis sur ce que ça peut representer ?
Boral- Nombre de messages : 43
Date d'inscription : 20/01/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
C’est un creuset des plus “classiques”, ce qui est intéressant c’est qu’il soit présenté de manière à voir le symbole de l’eau, une eau ardente ?
Mais sa principale fonction est vraisemblablement de figurer l’élément du feu dans la composition.
Cordialement,
C...a
C’est un creuset des plus “classiques”, ce qui est intéressant c’est qu’il soit présenté de manière à voir le symbole de l’eau, une eau ardente ?
Mais sa principale fonction est vraisemblablement de figurer l’élément du feu dans la composition.
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
pour une note (beaucoup !) plus légère, les amateurs de Spirales et de Manga goûteront Gurren Lagann, où toute la série d'une petite trentaine d'épisodes tourne autour (graphiquement et narrativement) de la notion de spirale, dans un enroulement de matriochkas inversées.
C'est un des joyaux du genre - à réserver toutefois aux amateurs de manga explosifs à fort taux d'adrénaline et d'humour gras !
Bertrand
pour une note (beaucoup !) plus légère, les amateurs de Spirales et de Manga goûteront Gurren Lagann, où toute la série d'une petite trentaine d'épisodes tourne autour (graphiquement et narrativement) de la notion de spirale, dans un enroulement de matriochkas inversées.
C'est un des joyaux du genre - à réserver toutefois aux amateurs de manga explosifs à fort taux d'adrénaline et d'humour gras !
Bertrand
Dernière édition par Bertrand le Ven 29 Juil 2011, 12:08, édité 1 fois (Raison : orthographe !)
Bertrand- Nombre de messages : 78
Date d'inscription : 25/04/2010
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Charly, merci pour ta réponse.
Je remarque que le creuset et l’échelle sont sur un même plan et moitié cachées par cette pierre.
Cordialement,
Antonio A.
Je remarque que le creuset et l’échelle sont sur un même plan et moitié cachées par cette pierre.
Cordialement,
Antonio A.
Boral- Nombre de messages : 43
Date d'inscription : 20/01/2011
Masterstische
Bonjour à tous,
Veuillez visiter www.melencoliai.org et particulièrement la page qui concerne le triptyque de gravure.
Bienvenue à vous,
Yvo Jacquier
Veuillez visiter www.melencoliai.org et particulièrement la page qui concerne le triptyque de gravure.
Bienvenue à vous,
Yvo Jacquier
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Merci pour le lien.
Boral- Nombre de messages : 43
Date d'inscription : 20/01/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonsoir,
On est en outre extrêmement loin des gravures sur bois de Dürer avec le graveur du Tarot de Conver - où on ne trouve pas A.D. sur le Chariot mais bien V.T, Valbrecht Tdürer ? Y-a-t-il un code avec le carré magique de Melencholia ?
On peut admettre que stylistiquement le doute est permis
je ne retrouve pas tellement la main de V.T et vice versa.
Bertrand
C'est apparemment très pointu géométriquement et la reconstitution de la pierre est très convaincante. Je suis assez estomaqué et perplexe sur l'affirmation suivante qui revient dans les pages de votre site :Yvo Jacquier a écrit:Veuillez visiter www.melencoliai.org et particulièrement la page qui concerne le triptyque de gravure.
On peut s'étonner qu'il ait été d'une très grande humilité assez atypique pour ne pas poser son fameux monogramme sur cette création qui sera restée inéditée pendant 250 ans. Quand à affirmer que c'est "la plus belle version", là j'aimerais comprendre, sur quels critères ?l'artiste a choisi cette gravure pour revendiquer sa paternité envers la plus belle version des Tarots de Marseille, celle que Nicolas Conver éditera en 1760
On est en outre extrêmement loin des gravures sur bois de Dürer avec le graveur du Tarot de Conver - où on ne trouve pas A.D. sur le Chariot mais bien V.T, Valbrecht Tdürer ? Y-a-t-il un code avec le carré magique de Melencholia ?
On peut admettre que stylistiquement le doute est permis
je ne retrouve pas tellement la main de V.T et vice versa.
Bertrand
Bertrand- Nombre de messages : 78
Date d'inscription : 25/04/2010
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonsoir !
Que lis-je ?
“l'artiste (Dürer) a choisi cette gravure pour revendiquer sa paternité envers la plus belle version des Tarots de Marseille, celle que Nicolas Conver éditera en 1760”
Non, c’est absolument impossible ! La Tradition compagnonnique des cartiers voulait que le graveur place ses initiales sur l’écu du Chariot, ainsi V.T. est le graveur des 22 triomphes du Conver mais un autre graveur G. M. a placé ses initiales sur le Deux de Coupe, il y a donc deux “chefs d’oeuvre” réunis en seul acheté par Nicolas Conver en 1760, le jeu est un peu plus ancien (les lettres U commencent seulement à remplacer les V). Je confirme les propos de Bertrand et suis aussi dubitatif que lui devant l’idée que le Tarot attribué à Conver soit le plus beau de la tradition de Marseille, vous n’avez jamais vu un Chosson ou un Madenier ?
J’ai hâte de connaître le curieux processus de pensée qui motive ces assertions.
Par ailleurs; félicitations pour les démonstrations géométriques !
Cordialement,
C...a
Que lis-je ?
“l'artiste (Dürer) a choisi cette gravure pour revendiquer sa paternité envers la plus belle version des Tarots de Marseille, celle que Nicolas Conver éditera en 1760”
Non, c’est absolument impossible ! La Tradition compagnonnique des cartiers voulait que le graveur place ses initiales sur l’écu du Chariot, ainsi V.T. est le graveur des 22 triomphes du Conver mais un autre graveur G. M. a placé ses initiales sur le Deux de Coupe, il y a donc deux “chefs d’oeuvre” réunis en seul acheté par Nicolas Conver en 1760, le jeu est un peu plus ancien (les lettres U commencent seulement à remplacer les V). Je confirme les propos de Bertrand et suis aussi dubitatif que lui devant l’idée que le Tarot attribué à Conver soit le plus beau de la tradition de Marseille, vous n’avez jamais vu un Chosson ou un Madenier ?
J’ai hâte de connaître le curieux processus de pensée qui motive ces assertions.
Par ailleurs; félicitations pour les démonstrations géométriques !
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Cher Charly et cher Bertrand,
Vous avez tout à fait raison : une telle affirmation réclame preuves et développements circonstanciés.
Ils/elles sont, rassurez-vous.
Vous avez porté votre attention sur la démonstration du polyèdre, et vous avez raison :
tout ce qui permet d'affirmer la paternité de Dürer est du même niveau : Dürer est précis.
Une publication scientifique va se produire prochainement.
Pour l'instant, je suggère de méditer l'explication des trois gravures.
Bien à vous,
Yvo
Vous avez tout à fait raison : une telle affirmation réclame preuves et développements circonstanciés.
Ils/elles sont, rassurez-vous.
Vous avez porté votre attention sur la démonstration du polyèdre, et vous avez raison :
tout ce qui permet d'affirmer la paternité de Dürer est du même niveau : Dürer est précis.
Une publication scientifique va se produire prochainement.
Pour l'instant, je suggère de méditer l'explication des trois gravures.
Bien à vous,
Yvo
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
“Comme nous allons le découvrir, la gravure la plus célèbre au monde respecte deux systèmes de composition à la fois. La Perspective, et la Géométrie Sacrée. D'autre part, l'artiste a choisi cette gravure pour revendiquer sa paternité envers la plus belle version des Tarots de Marseille, celle que Nicolas Conver éditera en 1760 (Bibliothèque Nationale, Paris).”
Mon cher Yvo Jacquier, vous inversez curieusement la perspective Le scoop n’est pas dans la démonstration que Dürer ait composé une oeuvre selon “deux systèmes de composition à la fois : La Perspective, et la Géométrie Sacrée”, il est allé deux fois en Italie dans ce dessein (disegno) étudier les oeuvres des célébrités locales, et le contenu de son livre de “mathématiques” est édifiant. Non le scoop serait bien dans la démonstration que Melencolia I serait le support de revendication de la paternité d’un Chef d’Oeuvre compagnonnique : un tarot de cartier, alors que Dürer aurait pu produire au mieux un tarot de peintre. J’imagine la tête des spécialistes mondiaux des cartes à jouer en général et aux tarots en particulier s’ils avaient connaissance de votre site car le Chef d’Oeuvre attribué à Conver est très daté (XVIIIe) dans son iconographie, mais la rubrique Tarot du dit site est curieusement vide ? On ne peut différer pendant des semaines une telle “découverte” ?!!
Cordialement,
C...a
“Comme nous allons le découvrir, la gravure la plus célèbre au monde respecte deux systèmes de composition à la fois. La Perspective, et la Géométrie Sacrée. D'autre part, l'artiste a choisi cette gravure pour revendiquer sa paternité envers la plus belle version des Tarots de Marseille, celle que Nicolas Conver éditera en 1760 (Bibliothèque Nationale, Paris).”
Mon cher Yvo Jacquier, vous inversez curieusement la perspective Le scoop n’est pas dans la démonstration que Dürer ait composé une oeuvre selon “deux systèmes de composition à la fois : La Perspective, et la Géométrie Sacrée”, il est allé deux fois en Italie dans ce dessein (disegno) étudier les oeuvres des célébrités locales, et le contenu de son livre de “mathématiques” est édifiant. Non le scoop serait bien dans la démonstration que Melencolia I serait le support de revendication de la paternité d’un Chef d’Oeuvre compagnonnique : un tarot de cartier, alors que Dürer aurait pu produire au mieux un tarot de peintre. J’imagine la tête des spécialistes mondiaux des cartes à jouer en général et aux tarots en particulier s’ils avaient connaissance de votre site car le Chef d’Oeuvre attribué à Conver est très daté (XVIIIe) dans son iconographie, mais la rubrique Tarot du dit site est curieusement vide ? On ne peut différer pendant des semaines une telle “découverte” ?!!
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Ce message s'adresse au premier chef à Charly...
Je ne suis pas sûr que vos propos soient de nature à favoriser les "informations" que vous réclamez car d'emblée, vous escamotez des points historiques essentiels.
1 - Les publications de Dürer ne concernent que les mathématiques pures et la perspective. Il ne livre aucun schéma de composition selon les principes de la géométrie sacrée. Renseignements pris au-près des historiens, il n'y a d'ailleurs à ce jour, sur cette véritable "culture avant la science", aucune publication sérieuse. Le vide des sources ne manque pas de les embarrasser.
2 - Dans ses trois Meisterstiche, Dürer revendique un second système de composition qui n'a rien à voir avec la perspective. Libre à vous de n'y accorder aucune importance, mais ne supposez pas que ce "point de détail" en soit un pour les spécialistes, notamment les historiens d'art. Cette véritable démonstration du maître de Nürenberg leur permet de constater, pour une fois, la concrétude de la pratique des anciens (dont tout le monde parle sans jamais l'exposer formellement). Pour info, l'échelle de Melencolia ne tient pas plus debout que la Vénus de Botticelli, et ce pour des raisons du même ordre.
3 - Albrecht Dürer avait de bonnes raisons d'être discret. Vous pourriez les rappeler . Les rapports tendus entre son empereur Maximilien Ier et le pape Jules II. L'inquisition, qui culmine en Bavière. Le souvenir de quelque Iconoclasme à Byzance, plaque tournante de cette culture iconographique (il y a également beaucoup à comprendre à ce sujet).
4 - Quels sont les peintres que vous placez au rang de "locaux" ?
Comme l'a remarqué Betrand notamment, la reconstitution de cette culture de la composition est très pointue (polyèdre). Son étude réclame une approche véritablement scientifique. Fort heureusement, l'homogénéité des principes comme l'unité de ces mathématiques permettent cette reconstitution. Une publication scientifique à ce propos, toute prochaine, ne manquera pas de vous surprendre. J'entends respecter l'ordre des choses pour nombre de raisons, la principale étant didactique.
Bien cordialement,
Yvo Jacquier
Je ne suis pas sûr que vos propos soient de nature à favoriser les "informations" que vous réclamez car d'emblée, vous escamotez des points historiques essentiels.
1 - Les publications de Dürer ne concernent que les mathématiques pures et la perspective. Il ne livre aucun schéma de composition selon les principes de la géométrie sacrée. Renseignements pris au-près des historiens, il n'y a d'ailleurs à ce jour, sur cette véritable "culture avant la science", aucune publication sérieuse. Le vide des sources ne manque pas de les embarrasser.
2 - Dans ses trois Meisterstiche, Dürer revendique un second système de composition qui n'a rien à voir avec la perspective. Libre à vous de n'y accorder aucune importance, mais ne supposez pas que ce "point de détail" en soit un pour les spécialistes, notamment les historiens d'art. Cette véritable démonstration du maître de Nürenberg leur permet de constater, pour une fois, la concrétude de la pratique des anciens (dont tout le monde parle sans jamais l'exposer formellement). Pour info, l'échelle de Melencolia ne tient pas plus debout que la Vénus de Botticelli, et ce pour des raisons du même ordre.
3 - Albrecht Dürer avait de bonnes raisons d'être discret. Vous pourriez les rappeler . Les rapports tendus entre son empereur Maximilien Ier et le pape Jules II. L'inquisition, qui culmine en Bavière. Le souvenir de quelque Iconoclasme à Byzance, plaque tournante de cette culture iconographique (il y a également beaucoup à comprendre à ce sujet).
4 - Quels sont les peintres que vous placez au rang de "locaux" ?
Comme l'a remarqué Betrand notamment, la reconstitution de cette culture de la composition est très pointue (polyèdre). Son étude réclame une approche véritablement scientifique. Fort heureusement, l'homogénéité des principes comme l'unité de ces mathématiques permettent cette reconstitution. Une publication scientifique à ce propos, toute prochaine, ne manquera pas de vous surprendre. J'entends respecter l'ordre des choses pour nombre de raisons, la principale étant didactique.
Bien cordialement,
Yvo Jacquier
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Bonjour,
“... La Perspective, et la Géométrie Sacrée”, il est allé deux fois en Italie dans ce dessein (disegno) étudier les oeuvres des célébrités locales.”
Je pensais que mon propos était limpide ? Ces “célébrités locales” sont bien évidemment les humanistes qui étaient tout à la fois mathématiciens, peintres, architectes.... Je ne reprends pas la page Wiki.
Vous parlez de la “concrétude de la pratique des anciens (dont tout le monde parle sans jamais l'exposer formellement).”
Vous voulez parler des modernes (pour Dürer) qui ont redécouvert les néoplatoniciens, Pythagore, Vitruve, Hermès... comme Alberti (qui signe d’un caducée) ou Pacioli et sa “Divine proportion” ? L’invention qui a changé pendant plus de 200 ans la vision de l’Europe sur son monde et le “nouveau” est la perspective découverte par les humanistes, et Dürer au premier chef fut fasciné, nous le savons par ses lettres.
Les “secrets” à découvrir ne sont majoritairement pas le fait des auteurs mais de notre système de pensée actuelle qui occulte les oeuvres des humanistes.
Je suis surpris d’apprendre que Dürer ait eu des problèmes relationnels avec l’empereur qui l’a couvert d’honneurs et anobli, mais c’est anecdotique.
Quand pensez-vous nous donner connaissance de cette chose invraisemblable que Dürer serait le père des tarots Conver ?
Cordialement,
C...a
“... La Perspective, et la Géométrie Sacrée”, il est allé deux fois en Italie dans ce dessein (disegno) étudier les oeuvres des célébrités locales.”
Je pensais que mon propos était limpide ? Ces “célébrités locales” sont bien évidemment les humanistes qui étaient tout à la fois mathématiciens, peintres, architectes.... Je ne reprends pas la page Wiki.
Vous parlez de la “concrétude de la pratique des anciens (dont tout le monde parle sans jamais l'exposer formellement).”
Vous voulez parler des modernes (pour Dürer) qui ont redécouvert les néoplatoniciens, Pythagore, Vitruve, Hermès... comme Alberti (qui signe d’un caducée) ou Pacioli et sa “Divine proportion” ? L’invention qui a changé pendant plus de 200 ans la vision de l’Europe sur son monde et le “nouveau” est la perspective découverte par les humanistes, et Dürer au premier chef fut fasciné, nous le savons par ses lettres.
Les “secrets” à découvrir ne sont majoritairement pas le fait des auteurs mais de notre système de pensée actuelle qui occulte les oeuvres des humanistes.
Je suis surpris d’apprendre que Dürer ait eu des problèmes relationnels avec l’empereur qui l’a couvert d’honneurs et anobli, mais c’est anecdotique.
Quand pensez-vous nous donner connaissance de cette chose invraisemblable que Dürer serait le père des tarots Conver ?
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Re-bonjour,
Bellini ? Un peintre local ? (pour ne citer que celui-là)
Je n'ai pas écrit que Dürer ait eu un quelconque problème avec son mécène, mais que les relations de ce mécène, Maximilien, avec le pape étaient pour le moins tendues. Selon quoi Dürer pouvait s'étendre sur la perspective, comme il l'a fait, mais pas prendre le risque d'exposer une vision chargée en outre de notions gnostiques : ça aurait fait désordre, dans cette Europe déjà assez perturbée politiquement...
Concernant l'humanisme auquel vous faites référence, le patchwork des courants de la Renaissance est beaucoup plus complexe. Par exemple, personne ne s'étonne de voir Dürer prendre un réel recul envers son ami Luther alors que ce dernier propose "tout simplement" de supprimer l'image religieuse !
Enfin, la preuve la plus belle de la paternité de Dürer envers les Tarots de Conver est bien évidemment une démonstration géométrique. Mais je dois, avant de poser cette cerise sur le gâteau, expliquer l'origine de cette culture (avec toute une série de démonstrations mathématiques, et dans un contexte strictement scientifique). On n'expose pas cinq millénaires d'une pratique du sacré en deux pages...
Cordialement,
Yvo Jacquier
Bellini ? Un peintre local ? (pour ne citer que celui-là)
Je n'ai pas écrit que Dürer ait eu un quelconque problème avec son mécène, mais que les relations de ce mécène, Maximilien, avec le pape étaient pour le moins tendues. Selon quoi Dürer pouvait s'étendre sur la perspective, comme il l'a fait, mais pas prendre le risque d'exposer une vision chargée en outre de notions gnostiques : ça aurait fait désordre, dans cette Europe déjà assez perturbée politiquement...
Concernant l'humanisme auquel vous faites référence, le patchwork des courants de la Renaissance est beaucoup plus complexe. Par exemple, personne ne s'étonne de voir Dürer prendre un réel recul envers son ami Luther alors que ce dernier propose "tout simplement" de supprimer l'image religieuse !
Enfin, la preuve la plus belle de la paternité de Dürer envers les Tarots de Conver est bien évidemment une démonstration géométrique. Mais je dois, avant de poser cette cerise sur le gâteau, expliquer l'origine de cette culture (avec toute une série de démonstrations mathématiques, et dans un contexte strictement scientifique). On n'expose pas cinq millénaires d'une pratique du sacré en deux pages...
Cordialement,
Yvo Jacquier
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
“le patchwork des courants de la Renaissance est complexe” dites-vous, pour nos yeux aveuglés par le Naturalisme certes, mais quelqu’un comme Pierre Béhar (Les langues occultes de la Renaissance) prend un raccourci et étudie spécifiquement la pensée du grand mage de l’époque : Agrippa. Personnellement j’avais choisi John Dee et je puis vous affirmer que vous vous trompez lourdement en déclarant ceci à propos des “secrets” de Dürer : “prendre le risque d'exposer une vision chargée en outre de notions gnostiques ça aurait fait désordre”, car le gnosticisme est au moyeu de la pensée humaniste. Etudiez Yates, Behar, Garin pour ne citer que les plus pertinents.
La pensée humaniste hermésienne (vocable proposé par Antoine Faivre) est issue de cette coupure épistémologique provoquée par le rejet de la scolastique et la redécouverte de l’Antiquité. Dürer s’inscrit pleinement dans ce courant, il est un de ses plus brillants représentants dans le Nord ; je ne vois pas où vous pourriez trouver une continuité “de cinq millénaires d'une pratique du sacré” ? Les lettrés et les artistes de la Renaissance ne pourraient qu’infirmer vos propos, eux qui espéraient à ce moment du monde sa “renovatio” !
La science dont vous semblez si friand n’est que la résultante de la mise à distance de la Nature par l’homme après que les “hommes en noir” aient allumé les bûchers et la guerre... de Trente Ans, ce qui a eu pour effet le capitalisme, la pollution de la planète et les “colonisations” entreprises qui vont bientôt se terminer... par nécessité.
Mais enfin Aliboron et moi principalement nous nous sommes largement expliqués sur ce sujet, il conviendrait à minima que vous commenciez par réfuter nos assertions et preuves produites... si vous le pouvez.
Cordialement,
C...a
La pensée humaniste hermésienne (vocable proposé par Antoine Faivre) est issue de cette coupure épistémologique provoquée par le rejet de la scolastique et la redécouverte de l’Antiquité. Dürer s’inscrit pleinement dans ce courant, il est un de ses plus brillants représentants dans le Nord ; je ne vois pas où vous pourriez trouver une continuité “de cinq millénaires d'une pratique du sacré” ? Les lettrés et les artistes de la Renaissance ne pourraient qu’infirmer vos propos, eux qui espéraient à ce moment du monde sa “renovatio” !
La science dont vous semblez si friand n’est que la résultante de la mise à distance de la Nature par l’homme après que les “hommes en noir” aient allumé les bûchers et la guerre... de Trente Ans, ce qui a eu pour effet le capitalisme, la pollution de la planète et les “colonisations” entreprises qui vont bientôt se terminer... par nécessité.
Mais enfin Aliboron et moi principalement nous nous sommes largement expliqués sur ce sujet, il conviendrait à minima que vous commenciez par réfuter nos assertions et preuves produites... si vous le pouvez.
Cordialement,
C...a
Charly Alverda- Nombre de messages : 534
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Melencolia I (Albrecht Dürer)
Re-bonjour,
Selon vous, l'église catholique ne pèse d'aucun poids dans le contexte politique de la Renaissance ? Au point qu'un peintre puisse y exhiber des éléments de la gnose sans aucune conséquence ? En pleine Inquisition !
Ensuite, les peintres auraient pratiqué, pendant des millénaires, un art de la composition aussi puissant que complexe, dans l'unique but de se compliquer la vie ? Et seules les idées littéraires auraient fait progresser la vision de l'homme sur le monde ? Au final, la science serait née par pur hasard ?
Enfin, je le répète parce que vous m'y obligez, cette culture doit être expliquée de façon didactique, et par étapes. Bien des gens ont une formation mathématique précaire et c'est pour eux un véritable challenge. Je ne peux pas balancer "net-fret-sec" que le système de composition des Tarots est un héritage de Rublev dont Dürer disposa, et qu'il est la préfiguration des fractales. Les mathématiciens comprennent, mais ce n'est pas à eux que je m'adresse ici.
Cordialement,
Yvo Jacquier
Selon vous, l'église catholique ne pèse d'aucun poids dans le contexte politique de la Renaissance ? Au point qu'un peintre puisse y exhiber des éléments de la gnose sans aucune conséquence ? En pleine Inquisition !
Ensuite, les peintres auraient pratiqué, pendant des millénaires, un art de la composition aussi puissant que complexe, dans l'unique but de se compliquer la vie ? Et seules les idées littéraires auraient fait progresser la vision de l'homme sur le monde ? Au final, la science serait née par pur hasard ?
Enfin, je le répète parce que vous m'y obligez, cette culture doit être expliquée de façon didactique, et par étapes. Bien des gens ont une formation mathématique précaire et c'est pour eux un véritable challenge. Je ne peux pas balancer "net-fret-sec" que le système de composition des Tarots est un héritage de Rublev dont Dürer disposa, et qu'il est la préfiguration des fractales. Les mathématiciens comprennent, mais ce n'est pas à eux que je m'adresse ici.
Cordialement,
Yvo Jacquier
Yvo Jacquier- Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 02/08/2011
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